only need the light when it's burning low (hera)

only need the light when it's burning low
w/ @hera marsh
tw - pensées sombres
Jeudi 28 mars, 21h - outfit

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Weird ou pas weird ? Mieux valait ne pas se poser trop de questions. C'était fatiguant, de toute façon, toutes ces questions. Elles tourbillonnaient dans sa tête, le soir, la nuit, la journée. Tout le temps. Épuisant. Il n'avait pas trouvé le bouton off. Pas un bouton off qui n'impliquait pas un comportement autodestructeur. Au vu de la dernière fois où il s'était retrouvé dans cette situation, à peine quelques mois auparavant, Milo savait qu'il ne lui en faudrait pas beaucoup, pour tomber dans ces travers. Pour se laisser sombrer. Il s'efforçait de résister. La stratégie du déni, plus sage. Pas plus sain. Mais plus sage. Devant Hera, il doutait d'être capable de conserver son déni. Il pouvait toujours essayer. Mais elle le cernait un peu trop bien. A peine un message envoyé, déjà démasqué. Était-il si évident ? Où était-ce seulement avec elle ? D'autres questions. Elle avait toujours semblé lire en lui comme dans un livre ouvert et ça depuis leur toute première rencontre au détour d'une nuit agitée. Spéciale, Hera. Ça irait avec le reste des questions qui tourbillonnaient, tout ça.
Milo passa la porte des lieux. Il faisait sombre. Mais la pénombre était parsemée d'une multitude de couleurs. Des lumières, rouges, roses, vertes, bleus. Néons. Certaines clignotaient. Il plissa les yeux, laissant ses pupilles s'habituer à l'obscurité. Il avait accepté sans hésiter la proposition d'Hera. Elle avait demandé, il avait eu envie d’accepter. Ça ne s’expliquait pas vraiment. Comme son envie initiale de lui envoyer un message. Weird ? Il était venu. Était-ce une bonne idée ? Encore une putain de question. Son regard se promena sur la salle. Du monde, du brouhaha. Pas de blonde caustique en vue. Il resta planté, à quelques pas de l'entrée, sans bouger. Était-ce une bonne idée ? Deux fois la même question, toujours pas de réponse.

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w/ @Milo Ashford
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Jeudi 28 mars, 21h - outfit

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papier humidifié, ma langue glisse dessus, y'a la précaution, le regard qui louche pour pas voir les bouts de shit se casser la gueule. pas avoir froid, pourtant, y'a un truc qui souffle, les restes d'un hiver à rester coincé dans cette poudreuse pas forcément plus alléchante qu'une autre. mais j'ai pas froid, effort vestimentaire obligatoire, le ventre pour une fois pas à découvert, se cache sous le tissu. c'est pas forcément agréable, impression d'une prison, mais ça vaut mieux que l'uniforme à chier de ce tas de graisse quelques rues plus loin. comprenez que je cause du wendy's. allumer le précieux, prendre une inspiration longue, me niquer les poumons comme apaiser mon cerveau, relâcher le coup après de longues secondes. à me rendre malade. enfin, ça devrait. accroupie au-dessus du sol, je joue du téléphone autant que du joint qui reste suspendu à mes lèvres quand je tape. y'a plusieurs personne, faut croire que le temps fait évoluer les choses. mais y'a surtout milo. il aligne des mots, des émotions, puis moi je fais le lien avec l'été dernier. avec les choses qu'il a pas montré, ou celles que j'ai pas voulu voir, en vrai. il rappelle salem. moi, je veux me rappeler adé et l'baiser de ce matin. il rappelle salem, l'erreur d'après, l'erreur pendant, paris. puis soudainement y'a luka. vouloir soutenir l'idée du manque qui existe pas, mais c'est qu'une putain de connerie. alors je fume, les taffes, les enchaîne comme si ma vie en dépendait, là, accrochée au filtre. pour oublier, faut s'occuper. alors je lui propose, au bousillé, de passer ici, quand je crève d'envie de me re-niquer la main. alastair qui soigne, ça fait oublier les galères. écraser la fin du joint, jeter son reste, avant de rentrer, balancer un coup de parfum. y'a du monde, y'a des gosses qui rient. ça rappelle mikey et akira l'autre fois. attendre la venue, en m'occupant d'la dernière machine cassée. y'a un gars qui est planté à l'entrée, je sais pas s'il va bien, tu crois qu'on doit lui demander ? pas un mot, juste un regard, l'outil balancé dans la boîte. ça fiat du bruit, y'en a qui se retournent, d'autres qui captent pas le son strident. je bouge, dans la salle, approche l'entrée. ouais, milo a juste l'air d'un bug sur image d'un virus permanent. reste pas planté là. mon collègue s'demande si t'es une statue, ou je sais pas trop quoi. léger coup de tête, pour qu'il me suive. l'amener à ce dont on a discuté, le jeu adoré, le jeu qui rappelle l'enfance. le flipper. à rester appuyée contre la machine les bras croisés. et c'est perturbant, comme le regard le lâche d'une seule seconde. c'est flippant comme il fixe pour tenter de comprendre ce qui va si mal. éclate toi, mais coince pas la bille, sinon tu restes après la fermeture pour réparer les deux machines. l'ton est monotone, y'a aucune émotion là-dedans. mais putain, je sais pas le lâcher du regard, ça doit clairement être l'inquiétude qui parle.

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w/ @hera marsh
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Rester planté là, incapable de bouger. Le regard devant lui. Un bug dans la matrice. Pas au bon endroit. Rien à faire là ? Tout est trop bruyant. Y a trop de lumières, trop de mouvements. Pourquoi est-ce qu'il est là, déjà ? Une proposition. Peut-être une bonne idée, peut-être pas. Trop de questions. Une proposition. Acceptée. Une voix s'élève à côté de lui, le sort de sa torpeur. Hera. Il cligne des yeux et pose son regard sur elle. Une bonne idée. C'était une bonne idée, oui. Il est venu pour ça. Pour elle. Une statue ? Merde, combien de temps est-il resté, planté, immobile devant l'entrée ? Trop longtemps, surement. Sans dire un mot, il emboite le pas à la blonde. Ils naviguent entre les machines, dans le grouillement de vie qui anime les lieux. Le flipper. Ça arrache un sourire à Milo, la vue du jeu et encore plus le commentaire de la fille. "C'est celui qui est pas cassé, alors ? T'as pas envie de me voir m'énerver à essayer de faire descendre la bille ?" Le ton est ironique car c'est toujours le plus beau masque à porter, celui qui pique gentiment plutôt que de montrer ses fissures. Alors qu'Hera est appuyée dessus, il s'avance doucement, jette un œil à la machine. Ça doit faire des années qu'il n'a pas joué. "Faut mettre des sous, c'est ça ?" Question con, surement, et tout en parlant, il plonge une main dans sa poche, à la recherche de quelques pièces. Bonne pioche. "Ça enregistre les meilleurs scores ?" qu'il demande, vilain esprit de compétition qui ressort, penser à battre le record, déjà, avant même d'avoir appuyé sur le moindre bouton. Aimer être le meilleur quand il a pourtant trop souvent détesté qu'on le pousse à l'être. Esprit de contradiction ou conséquences d'une éducation foireuse, au choix. Il sent le regard de la blonde sur lui, elle le lâche pas et c'est presque un peu flippant mais il suppose que c'est là qu'il doit savoir lire entre les lignes. Comprendre ce qu'elle ne dit pas avec les mots. Inquiétude.

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w/ @Milo Ashford
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fait plus rien, pourri même plus le crâne, juste une fumée qui vient tabasser les poumons dans une couleur grisâtre, opaque, crachée dans l'air. ça noie même plus le souvenir, le parfum qui revient aux narines. shit suffit plus. il bousille plus assez les neurones. la dose est une routine, s'est enregistrée dans l'sang pour plus jamais faire bouger les choses. alors y'a ce putain de visage qui revient à répétition, la voix qui hurle dans ce micro pour faire vibrer tout un public que s'jette à ses pieds. y'a les mèches blondes qui se font bouffer dans le noir des derniers temps. la dernière fois que j'expire, ça s'appelle luka. le crâne qui l'appelle, la poitrine qui chiale de plus avoir les hoquets d'un rire que je tente d'étouffer sur sa dernière connerie. alors ouais, causer à l'ex petit-ami, ça rappelle l'absence d'une seule personne, pas des autres. j'suis presque désolée, salem, de savoir t'oublier plus qu'un autre. luka danse dans le crâne, ose causer encore. sa voix ? je l'entends se plaindre juste à côté, c'est pas ces gosses arrogants que j'entends se plaindre d'avoir perdu à un jeu simple. mais c'est pas si grave, nan ? parce qu'on essaie d'occuper mon esprit ailleurs sans même capter qu'il est déjà plus là. milo dans sa paralysie. planté au milieu de la salle comme s'il se demandait franchement ce qu'il foutait ici. alors j'le réveille, le pousse à se bouger, à pas se faire bouffer par le sol. l'amène au précieux, le jeu qui va occupe son crâne. pas le mien, j'veux revoir luka. vas-y, essaie, déchaîne toi sur la machine. mais évite de la péter un peu plus, parce que bon... lever ma main niquée, abîmée, coupée, arrachée par l'horreur de l'autre machine deux rangées derrières. mais ça rappelle les souvenirs, alastair, aiguille, sexe... je suis dans un entre-deux immonde. du manque d'un fantôme, et de celui que je retrouve ce soir. hocher la tête quand il demande. ouais, faut mettre des pièces. ouais, faut payer, pour cette merde. ouais, ça enregistre le score. je montre ça du regard. avant de fixer ses mains. avoir du mal à déglutir, les dents qui viennent bouffer ma lèvre, les doigts qui viennent appuyer sur le bandage, s'enfoncer dans la plaie. envoyer des électrochocs. avoir arrêté de fixer son visage pour ses mains. et ça fait mal, les souvenirs qui reviennent. l'impression d'le revoir, à ce fameux festival. comment tu peux vivre avec le manque ? que j'demande sans même m'en rendre compte. ça m'échappe, et je relève le visage vers lui, avant d'approcher un peu. t'veux un truc ? n'importe quoi, qui puisse me changer les idées, comme les siennes. avoir ce putain d'égoïsme mêlé à l'inquiétude pour lui. c'est putain de maladroit, c'est immonde en bouche, mais j'peux pas faire mieux que tout ça.

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Pas trop sûr d'être à sa place, en cet instant, Milo. Pourquoi ? C'est peut-être l'endroit. Trop bruyant. Trop lumineux. Trop de monde. C'est peut-être le fait de venir pour la rejoindre, elle. Hera. Hera qui sera toujours trop... spéciale. C'est bizarre, leur relation. Amis ? Peut-être. C'est surement le mot qui s'en rapproche le plus. Pourtant, ça cadre pas complètement. Pas vraiment. C'est unique. Mais c'est mieux que rien. Mieux que sans elle. Plus naturel. Plus dans l'ordre des choses. Paradoxalement. Car ça ne devrait pas l'être ? L'ordre des choses, est-ce que c'est ça ? Garder la première fille qu'on a aimé dans sa vie, dans une relation platonique sans étiquette précise ? Peut-être. Il ne sait pas, Milo. Il est fatigué. Il peut presque sentir son cerveau irrité physiquement, à force de penser. Ces derniers jours, il n'a pas eu l'occasion de se torturer à propos du caractère judicieux ou étrange de sa relation avec Hera. Il a déjà bien assez de choses qui lui torturent l'esprit. Alors, il laisse filer. Il a accepté immédiatement l'invitation à venir ici. Ne reste que ce vague sentiment de malaise alors qu'il franchit les portes des lieux. Pas sûr d'être à sa place. Mais Hera le sort de sa torpeur et il se met en mouvement pour suivre la blonde, contemple la machine désignée. Il s'anime, Milo, sourit, parle. Distraction. Il regarde la main blessée levée devant ses yeux. "C'est plus risqué que ce qu'on pense, taffer dans une arcade." dit-il, l'air éternellement moqueur. Sa propre main plongée dans sa poche, il récupère quelques pièces qu'il insère dans la machine. C'est parti. La bille lancée, les doigts sur les boutons, l'attention sur le plateau. Et vient la question. Inattendue. Comment tu peux vivre avec le manque ? Il fronce les sourcils, Milo, glisse un regard vers la blonde, quitte la bille des yeux quelques secondes. Elle tombe. Merde. Il appuie brusquement sur les boutons, la rattrape de justesse. Il regarde encore Hera, une seconde. "Le manque... de quelqu'un ?" articule-t-il par dessus les bruits de la machine. Elle s'approche. T'veux un truc ? Il quitte encore la bille des yeux. Elle tombe une nouvelle fois. Cette fois-ci, ses doigts quittent les boutons. Il se tourne vers la blonde. La machine avale la bille. Tant pis. "Un truc ? Du genre ?" demande-t-il, son regard croisant celui de la jeune femme.

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w/ @Milo Ashford
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c'est ça ? heureux. l'fantôme comme compagnie des vivants, des mortels qui s'baladent entre les tombes des souvenirs qui savent même plus causer assez fort. j'ai tranché leur gorge, couper les cordes vocales. sa voix qui parle encore dans la playlist. il rappelle cet été là, à le présenter au musicien, sa renommée qui tombe avec le masque. l'a jamais été une métaphore, juste une putain de lâcheté. c'est faux. préférer l'insulter plutôt que l'idolâtrer, mais m'demander si ça rime à ça, ce qu'on appelle le bonheur, ce qu'on tente de me foutre en étiquette sur le front quand je me balade avec le petit copain. se casser, jamais ouvrir la bouche pour donner le dernier au revoir. on se reverra plus jamais lundi. ça fout un coup, et le shit il éteint qu'un quart de ce qui se trame entre les nervosités d'un cerveau trop complexe. à jouer la gentille fille, l'amie trop bien, elle changer les idées, hera. elle s'en fout, hera. elle laisse pas crever, hera. elle est déjà morte, hera. cultiver l'vivant pour donner un peu de sens au mort. ça pue, c'est putride. juste un amas de chair en décomposition, un petit coup de neuf à coup d'herbe séchée. un coup de vie dans ces fêtes à se retourner le crâne. et lécher l'sang d'une main ouverte et refermée par les doigts d'un scientifique fou, enferme sa proie sous l'aiguille. proie adore, proie réclame, la gueule ouverte, qu'il fasse revivre les organes qui sont en déclin, prêts à sauter d'une falaise, prêts à chuter pour plus respirer. ça recommence. le regard, il dévie, ailleurs. c'est plus lui, qui est regardé. c'est un détail, auquel je me raccroche. une repousse de barbe, une cicatrice que personne veut remarquer, un grain de beauté dont il connaît sûrement pas l'existence. se regarde plus assez dans le miroir pour disparaître dans la réalité. ça fait sourire, l'genre qui est pas bon, celui qui s'est pris des coups pour plus savoir le refaire naître pendant quelques jours. cette insolence pure, cet air moqueur à en baver des insultes. c'est putain d'hypocrite, la manière dont je le ramène à la réalité, alors que j'y suis plus. ou que j'y suis trop. et c'est plus dangereux que ça, quand tu veux que ça recommence, que l'entaille soit plus profonde, plus vicelarde, qu'elle y laisse des échardes et une odeur pourrissante de métal. on peut crever ici sans avoir besoin de chercher à l'faire. c'est simple, de se laisser bouffer par les machines. y rentrer. s'faire charcuter. balancer comme chair fraîche pour un quelconque animal répugnant. à y penser, c'est comme cette bille, l'envoyer sur ce terrain de guerre, frappée jusqu'à plus s'en lasser, rattrapée de justesse quand on veut pas l'envoyer dans la gueule du grand méchant loup. elle finira toujours bouffée, c'est son funeste destin. c'est merdique, mais c'est sa réalité, destinée un peu à chier. l'destin a jamais été plus moche. et moi, je pose la question stupide, secoue la tête, désapprobation de ma personne, de sa question en retour. lui demander d'oublier. et j'hausse un sourcil, a ce petit rire soufflé, du nez, de la bouche, de quelque part qui le rend à peine audible. calme toi petit prince, je sais ce que t'imagines mais c'est sûrement pas ça que j'vais te donner. un truc pour oublier, un truc qui irait le laminer à terre quand j'ai doublé la dose habituelle. coup de tête pour qu'il suive, marcher entre les gosses qui me donnent la gerbe. jamais été comme eux. rejoindre l'accueil, sortir un soda, bouteille en verre. adieu capsule, bouteille glissée vers lui. juste ça. j't'ai dit que t'allait pas te retourner le crâne avec moi. limiter les dégâts, j'veux pas assumer les conséquences d'une histoire désastreuse. pas cette fois. et nouveau signe de tête, j'lui demande de me suivre encore, pars m'asseoir dans un coin, nouvelle pause, y'a personne de toute manière. le sol est confortable. t'as l'impression d'pas être à ta place ? ici, pour être resté planté là-bas comme si le choix de fuir était le plus judicieux à prendre. et je le regarde, j'ai plus vraiment peur parfois, de fixer les gens. on prend juste l'habitude quand les autres nous regarde comme la plus horrible des peintures.

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w/ @hera marsh
tw - pensées sombres, drogue, alcool.
Jeudi 28 mars, 21h - outfit

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Vivre avec le manque. De quelqu'un, il suppose. Non pas qu'elle confirmera ça, Hera. Il le sait déjà en prononçant les mots, qu'elle ne répondra pas. L'impulsion qui l'a amené à poser la question déjà évaporée. Vulnérabilité furtive. Question qu'elle n'a surement pas su tuer avant qu'elle ne franchisse ses lèvres. Elle la tue maintenant, secoue la tête simplement. Oublie, Milo. Il regarde la bille danser sur le plateau du flipper. Qu'aurait-il répondu, de toute manière ? Comme s'il avait des conseils à donner sur la manière saine de vivre avec le manque. Leçon numéro une. Remplacer ce qui nous manque. Avec tout et n'importe quoi. De préférence des choses considérées comme peu raisonnables. Rester dans le déni, le plus possible. Tout va bien. Convaincre les autres, se convaincre soi-même. Marteler son propre esprit avec cette conviction, jusqu'à que, avec l'aide de trop d'alcool et autres joyeusetés, parfois, un bref instant, il y croit. Tout enfouir. Au fond de soi. Ignorer le mal. Ignorer le manque. Espérer que ça passe. Que ça passe avant que ça ne casse. Ouais. Pas de conseil précieux à donner. Elle pose une deuxième question, Hera, et cette fois-ci Milo laisse la bille se faire avaler par la machine. C'est même pas si fun que ça. Pas surprenant. Il hausse les épaules. Il ne sait pas ce qu'il a imaginé. La phrase sonnait un peu comme un guetteur qu'on croiserait en bas d'un immeuble, au détour d'un quartier peu recommandable, qui chercherait à refiler sa dernière came au naïf petit prince. Mais il doute que ce soit ce qu'Hera lui propose. Une nouvelle fois, elle lui fait signe. Et il la suit. Il la regarde, sortir la bouteille, enlever la capsule, poser le soda devant lui. Il sourit ironiquement en réponse à ses paroles. Automatisme. "J'aurais essayé." dit-il. Même pas, en fait. "Merci." Il pose ses doigts sur le verre froid, porte la bouteille à ses lèvres alors qu'elle se remet en mouvement, encore. Elle s'assoit. Il la regarde, une seconde, sur le sol. Puis la rejoint, s'assoit à son tour. Pourquoi pas. Genoux repliés contre son torse, mur dans le dos. Il soupire devant la question et son regard croise celui de la blonde un bref instant. Une demi seconde. Il le reporte aussitôt sur la bouteille qu'il tient entre ses doigts. "Ici ? Ou tout court ?" murmure-t-il. Il hausse les épaules, encore. "Je sais pas. J'suis... fatigué." Il dort mal. Mais la fatigue va au delà du manque de sommeil. C'est un état d'esprit général. Il se passe une main dans la nuque. "Je..." Il réfléchit. Que dire ? Il se sent ridicule. Ridicule de tomber si bas, pour la deuxième fois, à cause d'une peine de cœur. Il ne se sent pas légitime. Pas légitime à être si mal. "Je sais pas..." Et en plus, il en perd ses mots. Il ferme les yeux. Ridicule, Milo.