◟retreating, heart barely beating◝

@Pandora Smith@Hera Kingsnorth
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j'irais brûler le filtre de mes lèvres. je vois que les flammes, l'explosion, le sourire à peine satisfait, soufflé dans la fumée de ma clope. une vingtaine de minutes à peine, et ça flambe. feu de camp minable, rien de satisfaisant, juste un deal pathétique avec ce que j'appelle le client. quitte à être avocat, autant plaidoyer pour sa gueule parfois. c'est ridicule, de garder l'image en tête, quand y'a eu bien plus spectaculaire. c'est sûrement ma jubilation, mon coup en plus dans l'égo, fierté nourrie par le simple fait que personne n'osera suspecter notre trace. mais ça reste, trop bien, trop fort. ancré dans mon esprit, alors que je bois encore cette boisson immonde, ce goût trop chimique que j'avale. puis y'a plus personne à cette heure, à me faire chier en plein milieu d'un foutu restaurant qui me prend la tête. l'huile monte à la tête, et les clients avec elle. de leurs conneries jusqu'aux sourires que j'sais plus leur balancer. j'attends deux heures. deux heures du matin. comme presque tous les soirs. deux heures du matin, et je me répète ça en boucle. parce que ce soir, y'a pas rien. parce que ce soir, j'suis pas seule. pas bouffée dans ma profonde solitude, comblée de bruits électroniques, et de canette qui pète. à bouffer la paille, je crois que l'anxiété persiste, ça me casse la peau, ça me fait chier, me fait soupirer. y'a rien de plus énervant que l'enfer des neurones. j'pourrais péter les plombs au beau milieu de la salle, foutre le feu à cet endroit qui me réduit au rien, en à peine quelques secondes. l'idée fait sourire, c'est criminel, tellement insensé, mais y'a ce besoin affreux de me changer les idées. d'oublier. d'être ailleurs. et peut-être que je pourrais l'appeler. a.d. l'idée me colle aux yeux, comme son numéro que je compose machinalement sur l'écran de mon portable. mauvaise idée. trop. tentante. ça me fait chier. parce que ça tourne, le temps, et que j'finis par me casser de là, clope au bout du bec. à marcher, dans les rues dont je m'amuse à taguer la criminalité sur les bords des trottoirs. puis t'as la musique qui me nique les tympans, transe soudaine, agréable, y'a rien de plus vrai que ça. à marcher jusqu'au parc pour enfants, à venir bousiller les sièges de la balançoire. pas retomber dans les souvenirs d'avant, parce qu'ils existent plus. mais avec elle, c'est plus simple. la plus jeune, le visage doux, l'air trop innocent pour se laisser crever dans ce monde de putes. j'y pense quand j'approche. et peut être au final, que je m'y attache, à cette gamine, et ça, ça me fait soupirer. à jeter le mégot après l'avoir éteint, dans cette poubelle pas loin, avant de venir m'asseoir au spot habituel. balançoire, avant de sortir le précieux. l'adoré. le désiré. rien de plus qu'un regard, perché entre deux doigts. y'a plus personne dans les rues à cette heure. et moi, je veux juste sa silhouette. et une autre sans comprendre pourquoi la haine pousse au désir. je me fous dans la merde. à me préparer pour une nouvelle partie sans savoir quand elle arrivera. puis je m'en fous pour ce soir, qu'il creuse la supplication en moi, que j'en gueule à ce qu'on s'effrite. pour ce soir, c'est pandora dont je veux la compagnie.

◟retreating, heart barely beating◝

@Hera Kingsnorth
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il y a ces soirs. où c'est peut-être un peu trop. ou pas assez. dans ton estomac. dans ta tête. pas assez de place, trop de pensées. trop mangé, ou pas assez d'envie de le faire. alors tu prétextes. un sourire au visage pour pas inquiéter daddy, des mots rassurants que tu maîtrises comme une reine, depuis le temps. un repas trop copieux, une soudaine douleur ou fatigue, une sortie avec des amis dont tu inventes les noms ou que tu utilises sans leur accord. le donnerait-il, s'ils connaissaient tes raisons ? bien sûr que non. ils s'inquièteraient. comme ton père. comme toutes ces personnes qui t'entourent. mais la fille colorée et souriante ne doit pas inquiéter, c'est son rôle d'être le rayon de soleil. la source de toute la joie. le réconfort constant. des fois, tu te dis que t'es pas supposée ressentir tout ça, quand ta vie est si belle. quand t'as aucune raison de te sentir mal, quand t'y penses.
alors tu t'enfuies. le temps d'une soirée. dans un parc pour enfants, l'innocence du lieu rendue toxique le temps d'une nuit. et tu restes là jusqu'à ce que tout le monde t'oublie. au début, c'était quelques minutes. puis quelques heures. maintenant, tu pars avant les repas et rentres quand les oiseaux commencent à se réveiller et chanter. et un jour elle est arrivée. cette étoile dans la nuit. étoile sombre, mais brillante par l'incandescence de ce qu'elle fumait. juste le bout de ce que tu pensais être une clope, au départ. puis t'en as senti l'odeur, douce, appréciable, reconnaissable quand c'est ton pêché mignon. quand c'est ce que tu fumes au même moment. l'odeur de vos joints qui se sont mélangés. et rencontre fortuite est devenue rendez-vous. ce soir, tu l'attends. tu joues avec la petite boîte où tu ranges les joints que mikey te roule en râlant toujours plus. au fond, tu sais qu'il aime bien ça. ou peut-être qu'il aime juste rouler, montrer ses talents dans cette forme d'art. parce que c'est un art, un spectacle en soi, quand il s'y attèle. la concentration, le petit bout de langue qui sort. il finit toujours par t'en rouler une dizaine. tu retiens ce sourire tendre qui gâcherait le moment, s'il le voyait. mais malgré les insultes, malgré les piques et ses majeurs solitaires dans ta direction, vous avez vos moments tendres. rares, mais là. et tu les chéris autant que ceux que tu partages avec tout le monde. dans une sorte d'album photo souvenirs de ton coeur trop tendre. cette boîte qui contient tes joints, tu l'ouvres et la refermes, encore et encore. te confortes un peu dans le bruit répétitif. c'est ta musique à toi, un peu. et c'est avec cette douce musique que tu vois sa silhouette, sombre, comparée à la tienne. vous créez une drôle de paire, toutes les deux. la joie de vivre et le manque de raison de le faire. les couleurs et le noir. la lumière et les ténèbres. tu l'accueilles d'un sourire, alors que tu te balances doucement sur la balançoire. tu l'observes jeter le mégot de sa cigarette pour te rejoindre. sur la seconde balançoire du set. depuis que c'est devenu une sorte de rendez-vous, compromis ou promesse non-dite entre vous, tu fais toujours attention de prendre celle qui couine le plus. pour pas qu'elle ait à supporter ça. parce qu'une fois qu'elle arrive, t'arrêtes de bouger le plus possible. tu la vois sortir son joint. tu ouvres ta boîte une bonne fois pour toute. sors le tien. le briquet que tu coinces dans le coin. rose bonbon. avec un design enfantin, coloré, un sticker en forme de coeur que t'as collé dessus. tu le tends à hera avant même qu'elle ne dise un mot. "t'as besoin d'un feu ?" premier mots de la nuit. du matin. tu sais plus trop quand s'arrête l'un et quand commence l'autre. tu étires les jambes un instant, comme une enfant qui ne veut plus toucher le sol. "tu veux parler de ta journée ?" que tu demandes presque innocemment. parce que t'aimes qu'elle te parle de ce qu'elle ressent. le bon, le mauvais. t'aimes les confidences des gens, leur confiance aveugle en toi. parce que t'es l'épaule sur laquelle on se repose. parce que t'es l'oreille attentive. parce que t'es l'amie qui réconforte pendant que tu pleures, à coup de tapes sur le dos et de ça va aller, tout s'arrangera. et des fois, t'aimerais trouver quelqu'un comme toi, pour vivre ça. enfin non, pas exactement comme toi. juste comme toi sur ce point. pas sur tous les autres. jamais sur tous les autres...

◟retreating, heart barely beating◝

@Pandora Smith@Hera Kingsnorth
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tout s'embrouille dans ma tête, et la sensation du filtre sur le bout de mes doigts irait presque m'irriter. comme le son crissant des pneus dans la rue d'à côté, parce qu'ils sont jamais foutus de bien démarrer par l'ivresse. à boire autant, je crève d'envie de les enfermer chez eux, qu'ils se taisent, qu'ils arrêtent leurs conneries, quand pourtant je me sens libre des miennes. alors ça me prend le crâne, ça me crame encore quelques neurones, juste parce que je sens au fond de moi que ça cloche. mais ça fait des mois. au final, je suis peut-être déjà morte. juste une enveloppe charnelle qui se nourrit par de multiples vices. rien de plus qu'une âme en perdition, une connerie dans ce style. un truc poétique pour un état aussi pitoyable, et j'suis sûre que dans un coin de rue, je ferais presque pitié. à réfléchir finalement, que l'autre princesse kingsnorth a peut-être raison. finir sous un pont, quémander la moindre substance contre un peu de paix. clope, shit, alcool, tendresse. donner mon corps pour nourrir mon esprit. pourvu qu'il existe encore. et pour ça, j'en suis même plus sûre, parce que ça sonne creux, à cogner contre ma poitrine pour tenter de capter les sons d'une horloge qui a lâché depuis un bail. un cœur de bois, pour un mécanisme qui a enraillé depuis une quinzaine d'années. je crois que je finis par essuyer des larmes qui existent même pas, ou j'essaie juste d'effacer les cernes, comme-ci je m'étais éclatée à juste les peindre, histoire d'appâter les prudes de venir se faire mal sur moi. putain de ridicule. ça me fait rire, mais même ça, ça sonne faux. je fais juste qu'expulser la fumée de la clope par un autre moyen. pas un soupir, pas un souffle, rien d'autres que le rejet de ma merde. puis pendant un instant, j'ai oublié cette gosse qui se balance déjà, assise sur les traces de cendre. on a brûlé le plastique, mais les gosses s'doutent jamais de rien. on ira leur parler des traces de fées, des stupides farfadets qui s'amusent tard le soir. ils y croiront, et la vérité, c'est juste deux poupées cassées, qui fument pour oublier. juste l'image que j'me fais. je sais jamais pour elle. alors ouais, dans le silence, je viens juste m'asseoir sur le pseudo trône. je sais jamais pourquoi elle me laisse le mieux. c'est presque irritant. mécanisme. sortir le joint, le porter à mes lèvres, et prendre son briquet trop coloré. le regarder, une, deux, ou trois secondes trop longues. c'est bien elle, le petit cœur, quand moi, j'suis la vieille école avec ses allumettes. merci. y'a un truc dans ma voix, qui vient de se péter. peut-être juste la nicotine qui pique ma gorge, qui fait déraille le bruit merdique. le feu illumine, juste un peu, avant de s'éteindre. elle parle de journée, et moi je parle d'à peine quelques heures. parce que j'ai crevé avant le taff, pendant, et là, je sais plus si je bouge comme un mort-vivant forcé à bouffer son propre cerveau. emballer des commandes, les donner avec un sourire aux lèvres parce que faut bien leur mentir, adorer ton taff, c'est faux, c'est juste vivre dans la graisse. première bouffée, gardée, avalée, recrachée, quand je penche la tête en arrière. je veux que ça fasse effet sur l'instant, à chaque fois. que je puisse oublier comme ça fait mal, aux poumons, partout. fermer les yeux, histoire de dévorer le goût. et rouvrir, pour me rappeler qu'on doit toujours causer. et toi ? rassure moi, t'as pas une vie aussi merdique que bosser dans un fastfood. parce qu'à poser mon regard sur cette gamine, je trouve qu'elle mérite mieux, une vie bien meilleure qu'une aînée qui fout en l'air la sienne - c'est pas ma faute. pas dans son entièreté. alors à prendre la deuxième bouffée, je pose mon regard ailleurs, je fixe pas, j'attends juste qu'elle me raconte, ce que c'est d'avoir encore pile vingt ans.