there's just no time to die

@Nathanael Weaver+@Milo Ashford

tw : alcool, agression, violence.
Mardi 2 avril - environ minuit
Ça faisait beaucoup. Beaucoup, en peu de temps. Milo s’en voulait. Il n’arrivait pas à en vouloir à quelqu’un d’autre. Il n’en voulait pas à Haley. Pas vraiment. Pas encore, peut-être. Il n’en voulait pas à l’univers, au destin ou une quelconque autre connerie de lover. À quoi bon ? Il ne pouvait qu’en vouloir à lui même. De n’avoir rien vu venir. De s’être laissé tomber, aussi facilement, aussi aisément, à peine quelques mois après avoir juré qu’on ne l’y reprendrait plus. Quel imbécile. Et puis, non content de s’être rendu vulnérable une nouvelle fois, il n’avait pas su voir. Pas su prédire qu’elle allait partir. Qu’elle allait toujours mal, manifestement. Il avait cru qu’il avait réussi à aider Haley, l’aider à surmonter ses démons. Il n’avait rien aidé du tout. Il n’avait pas su voir qu’elle était toujours assez mal pour être capable de partir, du jour au lendemain. C’était sa faute. Il s’en voulait.

Depuis le départ de la blonde, Milo avait plus ou moins réussi à maintenir les apparences. À prétendre que tout allait bien, ou du moins que tout n’allait pas mal. Qu’il n’allait pas s’effondrer ou bien péter un câble et faire quelque chose de complètement stupide. Comme la dernière fois où il s’était retrouvé dans cette situation. Cette fois-ci, il tentait une stratégie différente. Enfin… Pas ce soir. Ce soir, Milo était complètement soûl. La nuit dernière, il l’avait passée à fixer le plafond dans son lit, les yeux grands ouverts. Une nuit infernale, peuplée de cauchemars les quelques heures où il avait réussi à trouver le sommeil. Le jour venu, il avait passé la journée enfermé chez lui. Avait tenté de dormir un peu plus, sans succès. Il n’avait envie de rien. Même le piano qui trônait dans sa chambre d’amis ne lui faisait pas de l’œil. À vrai dire, il ne supportait plus son appartement. Tout ici lui rappelait Haley. Tout ici criait Haley. Les décorations dans le salon qui avaient survécu au rangement post-Noël. La deuxième brosse à dent dans la salle de bain. Il restait même quelques habits à elle. Il n’avait pas eu le cœur de s’attaquer à un tri. Il ne savait pas s’il en était capable. Il avait juste envie de claquer la porte de l’appartement et d’y foutre le feu. En fumée, tous les souvenirs. Toute la douleur. Sur les coups de vingt heures, il avait donc claqué la porte. Mais l’option pyromanie semblant un peu extrême en terme d’effacement de souvenirs, il s’était contenté de se diriger vers le bar. Seul. Et de commander un verre. Et puis un deuxième. Un troisième. Il allait rentrer soûl. Et avec un peu de chance, s’endormir directement. Bon plan.

Il ne savait plus combien de verres il avait bu. Un peu trop, dirait sa vision légèrement floue et son pas chancelant lorsqu’il décida enfin de se remettre sur ses deux pieds. Un peu trop, dirait son portefeuille. Juste assez, dirait son cerveau. Il sortit du bar, décidé à ramener sa carcasse à bon port et enfin, peut-être, dormir. L’air frais de la nuit lui caressa le visage alors qu’il progressait lentement sur le trottoir, hermétique à toute conscience de son environnement. La ville était déserte. Mardi soir. Pas un soir habituel pour se mettre une murge. Une voix retentit. « Bonsoir. » Milo releva la tête. Devant lui, un homme. Il tourna la tête et constata rapidement qu’il n’était pas seul. Deux autres s’avancèrent. Un à droite. Un à gauche. Il n’avait pas d’autre choix que de s’arrêter. Son cerveau était embrumé par les valeurs d’alcool mais Milo comprit que la situation puait. Il plissa les yeux, tentant d’avoir l’air le plus sobre possible. « Un problème ? » demanda-t-il. Le mec à sa gauche pris la parole. « J’te reconnais, t’es le fils des Ashford. » Les yeux de Milo roulèrent au ciel et il grimaça. Génial. Une mention de ses parents, c’était tout ce dont il avait besoin en cet instant. « Ils sont pétés de thunes. » ajouta l’inconnu à l’intention de ses compagnons. « C’est le gros lot ! » dit le premier en rigolant. Son visage redevint brutalement sérieux. « Ton téléphone et ton portefeuille. Maintenant. Fais pas le con et tout ira bien. » Milo fixa l’homme devant lui, considérant la situation avec beaucoup trop d’alcool dans son sang. Qu’il aille se faire foutre. « Non. » répondit-il d’un ton neutre. Les hommes échangèrent un regard, puis celui en face de lui, manifestement le meneur, haussa les épaules. Sans un mot, il asséna un violent coup de poing dans l’abdomen de Milo, le faisant vaciller. Il se plia en deux, le souffle coupé.
Merde.