she just needs a little place { with theodore

she just needs a little placew/ @Theodore Lewis

Le trajet lui semble être une éternité. E-ter-ni-té. Pourtant la ville n’est pas grande, à son grand désarroi. Klamath Falls a plusieurs fois ruiné ses rêves de grandeur. Comment peut-on s’élevé lorsque l’on vient d’une telle ville ? C’est à se poser la question, vraiment. C’est sans doute la pire excuse qu’elle puisse trouver, puisque l’on sait que quelques acteurs ou chanteurs sont natifs de ce trou paumé de l’Oregon. Peut-être que se cacher derrière des excuses bidons c’est bien plus facile, on n’a pas à regarder son reflet dans le miroir en se disant que tout vient de soi. Jo a tendance à ne pas vouloir voir en face de genre de faiblesses. Elle les met de côté, elle est rangée à double tour dans un coin de son esprit et elle continue à avancer de façon bancale. Ne parle-t-on pas de survie d’ailleurs dans ce genre de cas ? Un peu, peut-être.

A trop penser, elle manque de justesse l’arrêt qui l’intéresse. Le chauffeur est à deux doigts de repartir, elle parvient à se frayer un passage entre les portes qui se referment. L’un de ses bagages se coincent dedans, il lui faut lancer un regard noir au conducteur pour qu’il les rouvre. Ses sacs libérés, elle peut avancer sur le trottoir. Un regard vers le ciel dégagé, l’arrivée du printemps adoucit la température extérieure, il fait encore frais mais on sent que le soleil tente de revenir. Joan a hâte de pouvoir en profiter. Encore un peu de patience. Patience ? En est-elle réellement capable ? La voilà qui s’agace déjà parce que sa valise à roulettes n’avance pas correctement. Elle percute un passant qui n’a aucune compassion, se retient de l’insulter mais elle ne se gêne pas pour lui offrir un doigt d’honneur lorsqu’il a le dos tourné. Une inspiration pour faire redescendre ses nerfs, elle a tendance à s’emballer pour plein de choses.

Elle marche encore quelques pas avant de se retrouver devant la devanture d’un salon de tatouage. Non, elle n’a pas l’intention d’en faire un nouveau. En fait, ce qui l’intéresse se trouve à l’intérieur, l’un des tatoueurs. Elle reste plantée quelques instants, elle fixe le nom de l’enseigne, elle hésite. Il faut sacrément qu’elle mette sa fierté de côté pour pousser la porte de l’échoppe. Le bruit des aiguilles résonne, c’est relativement familier, cela rappelle quelques souvenirs. Elle prend place dans le canapé pour attendre, un peu trop à son aise peut-être. Un magasine sur le tatouage dans les mains, elle attend que son (ancien ?) ami ne termine. Ce n’est pas un rendez-vous programmé, tout est dans l’improvisation pour ce qui va se dérouler dans quelques instants. Est-ce que Théodore sera content de la voir ? Rien n’est moins sûr.

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w/ @Joan Oswald
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01/04

L'arrivée à taton du printemps sur Klamath Falls lui faisait du bien, Théo ayant enfin un peu plus d'énergie et l'occasion de prendre le soleil. Suite à son opération il n'avait pas encore repris le whiskey mais la cigarette faisait exception à son régime de nouvelle année. Les 2 mois sans sa dose quotidienne avaient extrêmement long et quand il put se poser sur son balcon ce matin là pour fumer sa première cigarette de l'accident en janvier, le brun su que cette journée serait particulière. Ni en bien, ni en mal, mais il y avait quelque chose dans l'air qui dépassait la simple odeur de tabac. Et cette sensation le suivi toute la journée. Après une semaine et demi de coupure du travail. L'opération avait été un succès et il revenait l'esprit léger et avec toujours son bonnet sur la tête pour masquer les sutures sur son crâne, mais sinon tout allait bien...

En tout cas jusqu'à ce qu'il finisse sa séance et accompagne son client de l'après midi à l'entrée du salon de tatouage. Il avait pu déplacer plusieurs rendez vous et enchaînait les clients depuis 9h ce matin quand il tomba sur un visage qu'il ne pensait pas recroiser. Une superposition d'images, enfant curieuse et pleine d'énergie, ado artiste et rebelle, jeune femme séductrice et distante... puis celle qui se tient dans l'entrée du parloir, assise avec un des magasines à dispo. Et des bagages.. il pince les lèvres le tatoueur, peur de comprendre ce qu'il se passe. Le visage fermé, il l'évite du regard et se concentre sur la fin de sa séance, offrant un prospectus avec les indications d'entretien du tatouage à son client avant de finir d'encaisser et l'accompagner à la sortie.

Seulement quand l'homme est sorti, Théo se tourne-t-il enfin vers la jeune femme affalée dans le canapé de l'accueil du parloir. Il sait qu'Idgy est entrain de bosser dans sa salle et quelque part un des apprentis travaille aussi. Le brun est sûr d'avoir le temps de la jeter dehors avant que qui que ce soit ne la voit Joan. Si t'es là pour un tatouage, y a un autre studio en ville. Si t'es là pour me parler, sors d'ici. Tout de suite. sa voix est basse et dure, il en a conscience mais tous les voyants rouges sont en alerte dans la tête du tatoueur. Le visage de Joan lui vient, Richard, Alastair, les derniers jours à la colocation, la marque dans son âme plus d'un an après avoir quitté ce qu'il décrirait à la fois comme la période la plus libre et la plus inavouable de sa vie. Bras croisés, il se tient près de la porte en fixant la jeune femme.. pourquoi sa tête lui crie d'écouter ce qu'elle aura à lui dire tout en le prévenant de ne pas lui faire confiance après tout ce qu'ils ont vécu ?

(man of his word) les options sont sans limite mais pas la vie. il faut donc faire un choix pour l'existence qu'on veut mener. l'honnêteté voudrait que je choisisse le chemin qui vous va. mais suis-je honnête ?

Spoiler:

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Est-ce que la réaction de Theodore était prévisible ? Évidemment. Évidemment que tout était prévisible, seulement cela fait tout de même mal. N’ont-il pas grandi ensemble ? L’abandon de Theo vis-à-vis de Joan est compliqué, elle ne le vit pas bien, elle se remet en question, n’est-ce pas une bonne chose ? Si, mais son ami va-t-il comprendre ? Accepter ? C’est moins sûr. Ok, c’est sûr que non. Elle bugue un moment en le regardant lui demander de partir. Elle referme vivement le magasin pour le laisser sur la table basse devant elle. Tables basse qu’elle contourne. Un long soupir, agacée, blessée, elle tente d’expulser l’impulsivité qu’elle ressent. Elle vient d’arrêter de fumer et voilà qu’elle ressent bien le tabac pouvait être apaisant. Elle est sur les nerfs un peu mais elle tente de se maîtriser. « - Sérieusement Theo ? C’est tout ce que tu trouves à me dire ? » Elle se pince les lèvres. Il est vrai qu’elle ne lui a jamais donné de raison d’avoir confiance. Pourtant, elle fournit des efforts, beaucoup d’efforts. « - St’eu plait, laisse-moi cinq minutes, on discute... » C’est le moment d’être convaincante ma petite. Elle inspire encore, elle calme le tourbillon d’émotions qui fait rage en elle. Ses bras se croisent sur sa poitrine, elle protège son cœur, ce petit cœur en miettes depuis tant d’années. Impossible de recoller tous les morceaux, personne n’a ce pouvoir. Elle aimerait, mais non, impossible, il manque des bouts maintenant, impossible de les retrouver.

« - Ok, je suis sobre, je suis clean... » Elle cherche ce qui pourrait essayer de le convaincre. « - J’ai même arrêté la clope, enfin j’essaie mais vraiment c’est en bonne voie » Elle déglutit, elle ne le lâche pas du regard. « - Attends, r’gardes ! » Elle lève son genou droit pour passer son bras dessous et toucher son nez, le test que font faire les flics en cas d’ivresse. Elle tient parfaitement sur une jambe, bon ce n’est pas compliqué, n’est-elle pas un peu danseuse ? L’équilibre c’est son truc presque au quotidien. « - Tu vois, je tiens, je n’ai rien bu, j’ai consommé, je tente de m’améliorer » Tente oui, parce qu’elle n’est pas encore au top du top mais on note des progrès, il y a une certaine volonté, on ne sait pas réellement d’où elle vient mais elle est là. « - Theo, tu ne peux pas me lâcher comme ça, j’ai besoin de toi... » Et là elle joue la carte sentimentale. A-t-elle le choix ? Si elle ne veut pas dormir dehors ? « - Allez, laisse moi le temps d’un thé, ou je ne sais pas un verre... tu me dois bien ça ? Au nom de notre magnifique amitié ? » Regard de chien battu ? Peut-être un peu. « - S’il te plait... » Insiste-t-elle encore un peu.

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01/04

Il la regarde et Théo se demande si c'est le début d'une mauvaise blague. Joan Oswald, en chair et en os, face à lui. Théodore ne se rappelle pas vraiment de quand ils ont arrêté de parler, mais il se rappelle la dernière fois qu'il a claqué la porte de la coloc. La dernière fois qu'ils les a vu là, autour de lui, avec ce regard qui lui criait qu'il était l'erreur dans la matrice, celui qui n'avait rien à faire là. Il faisait tâche, jamais totalement dans le groupe, la variable d'ajustement qu'Alastair a évincé sans hésitation quand il a eu à le faire. En même temps, tout s'était enchaîné si vite. Richard, l'arrestation, les soirées, l'embrouille, Juliet... Théo ne supportait plus cette léthargie collective et le bordel dans lequel ils se tiraient les uns les autres. Il n'avait pas trop d'espoir pour lui même à l'époque mais il avait l'esprit clair quand même : s'il risquait c'était à ses risques et périls.

Puis la voilà. Comme un fantôme du passé. C'est pas Noël pourtant. Il s'appelle pas Scrooge non plus. Les lèvres pincées il lui demande de partir. Théo a besoin qu'elle sorte de là, avant qu'il craque, avant qu'il tende la main, avant qu'il l'aide. Ouais sérieusement. T'es sur mon lieu de travail Joan.. tu peux pas.. débarquer comme ça. Il fait la conversation, merde. Il sait que c'est le début de la fin mais plus il la fixe plus il veut savoir pourquoi aujourd'hui ? pourquoi là ? pourquoi ces valises ? pourquoi cette mine ?. Et voilà qu'elle veut parler. Merde. Il secoue la tête, pas fort mais d'un autre côté Théo ne sait pas comment réagir. Bordel il aimerait retourner 10 ans en arrière. Quand ils étaient jeunes, cons, proches et sans ce bordel entre eux. Quand ils avaient la vie devant eux. Pas ce goufre d'incompréhension Non, j'ai pas envie de .. arrête ça. Tu vas te faire mal Jo ! instinctif, il s'avance, veut la rattraper. Mais elle tient. Bon, c'est une danseuse lui crie son esprit, ça veut rien dire. Mais c'est vrai qu'elle a l'air moins... moins comme il l'a vu trop de fois. Lui c'était l'alcool son vice, donc il pouvait montrer une bonne face. Jusqu'à récemment, personne dans son entourage n'avait noté son addiction. Mais Joan.. il avait souvenir de choses qu'il n'oserait toucher. et donc ? c'est cool pour toi, félicitations. mais j'peux rien pour toi Jo. J'ai pas envie.. pars. La corde sensible est frottée, son coeur se serre. Bordel il se rappelait pas ce que les yeux de la miss Oswald était capable de faire son âme. Sur l'âme de tout homme. Mais il se pensait au dessus... est-ce que ce sont ses yeux ou une amitié qui date de l'école primaire ? il ne sait pas. Moitié de vie partagée, amitié bouleversée, confiance brisée et un manque pas assumé.. c'est tout ce qui lui passe par la tête en regardant la jeune femme Jo.. Magnifique... j'espère que tu rigoles ? vas-y sort d'ici. Sobre pas sobre, j'veux pas t'aider. J'veux pas de vous, de vos conneries, j'ai un semblant de vie moi maintenant ! Aucun d'entre vous viendra pourrir ça okay ? il ouvre la porte et essaie de garder son ton mesuré. Pas de client à l'accueil mais malgré le son des machines, les aiguilles qui sifflent, il sait qu'Idgy n'est pas loin et si sa patronne le trouve dans cet état, agacé, touché, elle réagira au quart de tour. Et il ne sait pas, dans ce moment d'éviction, s'il se protège lui ou protège Joan. vraiment Jo.. je veux plus de vous.

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Elle fronce les sourcils. Il voulait qu’elle le trouve où, elle n’a pas la moindre idée d’où il crèche maintenant et surtout elle est un peu près sûre qu’il n’aurait pas répondu si elle avait envoyé un message. « - Oui, sur ton lieu de travail ça va, t’es pas ministre non plus ! » C’est un tatoueur et elle n’est pas en train de faire un scandale non plus. Elle vient réclamer de l’aide à un ami. Oui ami, c’est comme ça qu’elle voit les choses, c’est comme ça qu’elle le voit. Elle réclame du temps à cet ami mais il faut se faire une raison Joan, il n’est pas prêt à te l’offrir. Il tente de la faire renoncer. Ses bras se croisent sur sa poitrine, c’est sa façon de se protéger, elle se referme. Pourquoi c’est si compliqué alors que cela a été si facile ? Elle déteste ce qui est en train de se passer, déteste l’idée de quémander quelque chose, de le supplier ? Va-t-elle devoir le faire ? Elle va d’abord tenter de lui montrer qu’elle vaut la peine. Qu’il peut lui accorder un peu de temps, cinq minutes, elle n’a pas besoin de plus. Si ? Elle l’ignore, il faut l’avouer, elle ne sait pas de quoi elle est capable. Le manque de la nicotine se fait sentir, le manque de tout à vrai dire. Pourtant, elle tente sincèrement de reprendre sa vie en main. Jusqu’à quand ? Elle l’ignore, elle se veut forte mais il est aussi vrai que tout peut rechuter en une seconde. Son cœur bat fort dans sa poitrine, la voilà qui tente un exercice pour lui prouver sa sobriété. Elle ne tangue pas. C’est peut-être un peu trop facile pour une danseuse mais quand même. Mais rien. Rien ne se passe, cela ne déclenche rien chez Theodore. Il continue de vouloir son départ. Elle continue dans une fausse persuasion. Qui tente-t-elle de convaincre ? On peut presque se le demander.

Rapidement dans les paroles véhémentes de son (ex) ami, elle comprend qu’il fait référence aux autres. La troupe. Le groupe. Le passé. Elle fait claquer sa langue sur son palais, agacée parce qu’elle n’est pas une entité attachée aux mecs, elle est une personne à part entière. « - Tu les vois les autres ? Tu vois quelqu’un d’autre que moi ? » Elle est seule. Seule avec ses valises. Elle s’agace de son égoïsme soudain, elle n’est pas certaine de le comprendre. « - Un semblant de vie ? Sérieusement Theo ? Parce que je fais quoi ? Je ne vis pas, je n’existe pas ? Apparemment plus pour toi, tu oublies vite d'où tu viens ! » Elle s’empêche de faire monter le ton, parce qu’elle sait qu’il ne tient pas à attirer l’attention. Peut-être devrait-elle lui faire une scène pour qu’il accepte d’écouter. « - C’est tout ce que je représente maintenant ? Un truc qui pourrit ton petit train train quotidien ? » Elle soupire. Oui c’est profondément blessant. Elle ne part pourtant pas. Pas encore. Il parle encore au pluriel mais elle est bien au singulier pour l’heure. « - Arrête de dire vous, tu vois quelqu’un d’autre que moi là ? A ton avis, pourquoi je suis là ? » Parce qu’elle est seule, parce qu’elle cherche à ne plus l’être. « - Est-ce que je peux avoir cinq minutes ? » Elle retente.

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01/04

La fuite est une tentation à laquelle Théo aurait succombé s'il n'était pas sur son propre lieu de travail. Mais il faut le comprendre, devant lui se trouve une des rares personnes qu'il a jamais eu l'impression d'abandonner tout en se sentant trahi par son seul comportement. La blessure est profonde, Théo l'admettra aisément. Il ne se remet que difficilement de la césure qu'il a subi quand il a quitté la colocation suite à l'arrestation de Richard. Comme si soudain, le vrai visage de ceux qu'il avait un jour appelé ses amis lui avait sauté aux yeux. Et même s'il savait que le coupable, le vrai monstre, celui qui les avait séparé, était Alastair et non pas chacun de ses amis, il leur en voulait. Il leur en voulait de l'avoir laissé parce qu'il n'était pas d'accord.. il leur en voulait d'avoir choisi ce cercle de débauche plutôt que leur amitié. Alors il a mal le brun, il fixe la jeune femme en face de lui et malgré la peine qu'il voit dans les yeux de Joan, il souffre d'avoir perdu son groupe parce qu'il ne s'y conformait et ne peut pas, ne veut pas, craquer. « Non mais qui.. qui m'dit qu'ils seront pas juste derrière je.. j'peux pas Jo.» Théo lui ouvre la porte en pinçant les lèvres, coeur lourd et esprit tiraillé. Elle a l'air sincère, bordel elle a l'air honnête mais la voix dans sa tête lui hurle C'est Joan, c'est eux, tu peux pas leur faire confiance. Il se braque quand elle s'agace, voyant bien qu'elle est heurtée aussi, « Jo je.. » il s'excuserait presque mais il ne veut pas tomber dans le panneau. Puis ses yeux naviguent vers les bagages et un instant il se demande s'il devrait, juste un instant l'écouter. Oui elle est seule. Oui elle a l'air sobre. Oui elle a l'air d'être désespérée... Mais le risque vaut-il d'être pris ? Le tatoueur la fixe, entendre ses propres mots dans la bouche de la jeune femme pique plus qu'il ne pensait. Okay il a été un peu insensible, mais faut le comprendre.. non ? « Sors. 2 minutes. Le temps de ma clope puis tu te barres. Pas de jérémiade, pas de supplication, tu vas droit au but et tu rentres chez toi Joan. » Il fouille sa poche pour en sortir une cigarette et se la cale entre les lèvres. C'est peut être con, peut être qu'inconsciemment il la teste ? ou juste il ne peut pas faire ça sobre lui. Lui parler. Faire face. La regarder... ils étaient si proches à une époque, puis tout s'est effondré. Une amitié aussi fragile qu'un château de cartes. Et le tatoué sait qui a soufflé sur la structure, fait valser des années partagées. Et c'était pas Joan; donc avec toute l'aigreur qu'il peut avoir en lui il la laisse dire sa part puis il retournera à sa vie à lui. Sans elle. Il en est convaincu. Elle ne peut pas être assez convaincante pour que ça se passe autrement.

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Comment convaincre un ami qui vous déteste de vous aider en dix leçons. Un ami ? Qui vous déteste. Il n’y a rien qui va dans cette phrase, littéralement rien du tout. Comme il n’y a rien qui va dans cette amitié, tout va à vau-l’eau. Les bras croisés sur sa poitrine, la vérité c’est qu’elle est blessée. Le petit oiseau ne vole plus vraiment, blessé parce qu’elle se rend compte qu’elle a perdu la confiance de son ami, qu’elle a franchi une limite... et qu’elle ne sait pas comment elle va pouvoir arranger les choses, si un jour elle y parvient. La confiance, n’est-ce pas la pire des choses à perdre ? Cela vaut pour les couples, comme pour l’amitié. Évidemment qu’elle est triste de savoir qu’elle est si bas dans le level de l’amitié mais elle s’accroche à l’infime espoir qu’il puisse encore éprouver un peu d’attachement pour elle. « - Regarde par toi-même, personne ne va surgir, personne. » Parce que tout le monde se fiche d’elle. N’est-ce pas la raison de sa présence ici ? Elle a perdu l’appartement, elle n’a plus les moyens de le payer... et elle a dû décamper avant qu’on lui demande plus de compte. La vérité c’est que Richard est en prison... Alastair en couple et amoureux... Et Theodore a sans doute eu la bonne idée de les fuir avant qu’il ne se perde définitivement. Elle veut s’en sortir Joan, elle veut juste réussir là où l’on pense qu’elle échouera. Elle veut montrer qu’elle peut essayer, se battre. Le souci c’est que si elle tombe, elle n’est pas certaine de parvenir à se relever, mais elle y va.

Il tente des mots, rien ne sort. Elle attend Jo est explication à ce comportement fermé, elle n’est pas sûre de vouloir les entendre. Et la chance lui ait donné. Pas cinq minutes, qu’elle a techniquement déjà perdu...mais deux, le temps d’une clope. Aie, elle va devoir supporter l’odeur de la nicotine qu’elle tente en vain d’arrêter. Elle sent même la petite pression dans son ventre lorsqu’il prononce le terme. Elle tente une désintoxe pour rééquilibrer le tout, cela ne veut pas dire qu’elle ne refumera plus, ne reboira plus mais son corps a besoin d’une pause, elle le sent...

Elle le fuit dehors, ses yeux n’ont pas manqué de rouler lorsqu’il lui a demandé d’éviter les jérémiades. Comment elle fait alors pour le convaincre de lui prêter son canapé ? La clope ne tarde pas à être allumer, la pression dans ses tripes, elle le regarde, elle s’empêche de sentir l’odeur frustrant d’un réconfort toxique. « - Je suis partie de l’appartement » Elle n’offre pas plus de détail. Elle ne parle pas des loyes impayés et du fait qu’elle ne pouvait plus payer seule les charges d’un aussi grand appartement. Elle s’est raccrochée à celui-ci parce qu’il comptait, il avait de l’importe à ses yeux, elle espérait tous les voir franchir à nouveau la porte de la Tower mais forcée de constater que cette existence n’existe plus. « - Je... je cherche un endroit où dormir, juste le temps de me retourner... je te promets que ça ne sera pas long » Elle ne devrait pas promettre, parce qu’elle n’a aucune idée de si elle pourra la tenir... Elle attend un retour... « - Pas longtemps... vraiment ! » Elle insiste sur l’importance du temporaire... au cas où il n’aurait pas bien compris, espérant qu’il ne la vire pas définitivement.

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01/04

Théo garde une distance physique mais surtout émotionnelle avec la plupart des gens qui tentent de rentrer dans sa vie, c'est ainsi, il le sait, son coeur balance trop facilement pour ceux qui ont besoin d'une épaule et avec la bande ça lui a fait défaut. La douleur qu'il a ressenti en sortant de là était si vive qu'il s'est promis de ne jamais retomber là dedans. Hors de question de souffrir gratuitement à nouveau. Il ne laisserait personne venir et détruire l'équilibre qu'il s'est construit avec le temps. Aussi dur qu'il doit être avec les nouveaux venus, il ne se laissera pas détruire une deuxième fois. Les mois après avoir quitté la colocation lui avaient donné la sensation de n'avoir aucun repère mais surtout de ne pas compter. C'était faux bien sûr, il avait sa soeur, ses amis d'enfance et un groupe plus sain qui l'entourait, puis il avait même eu Cassia.. mais quelque chose en lui c'était brisé en réalisant à quel point son groupe d'origine, sa maison, The Tower, n'étaient finalement plus qu'un souvenir et qu'il avait été expulsé de là à une vitesse incroyable. Il passe une main dans ses cheveux en observant Joan, ouvertement septique. Sors. il ne lui laisse pas le temps de parler qu'il se concentre sur l'allumage de la cigarette mais alors qu'il tire sa première bouffée, profitant de l'effet de la nicotine sur son système, Théo jette un regard circonspect à la jeune femme. Ce n'est pas tant qu'il ne la croit pas mais c'est difficile de savoir comment prendre l'information. The Tower était plus qu'un appartement... C'était un espace qui leur appartenait et contenait autant de souvenirs que de secrets. Le quitter par la force avait été un déchirement alors le quitter volontairement ? Il ne comprend pas comment elle avait réussi.. ou était ce une nécessité ? Le doute l'habite alors qu'il l'écoute, ses yeux se posant sur la rue. Alors un petit rire sans humour passe ses lèvres. et tu viens me voir moi.. après ne pas m'avoir adressé la parole presque 2 ans parce que ton pote Alastair a décidé que c'était eux ou moi ? T'as un de ces culots Joan franchement il se redresse et marche un peu devant la devanture du salon de tatouage avant de la regarder le visage dur. Au nom de notre amitié c'est ça ? Laisse moi rire il lève les yeux au ciel et finit sa cigarette, trop vite à son goût, donc il en sort une autre. tu viens me voir parce que tu sais que malgré tout il est trop gentil Théo, il te laissera pas dehors.. tu m'emmerdes..

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Réparer ses erreurs. Reconnaître ses torts. C’est le début de la rédemption ? Peut-être. Elle cherche à se racheter Joan mais elle ne sait pas bien comment s’y prendre. Une première, à n’en pas douter. Mais n’en faut-il pas une ? Forcément on ne peut pas dire que les débuts soient prometteurs. Theodore n’est pas des plus réceptifs et ce qui lui fait mal c’est cette impression qu’elle est dangereuse malgré elle pour lui. S’est-elle rendue compte qu’elle avait été aussi loin ? Dans les pattes d’Alastair pour ne pas être seule… ou avec Richard… avant qu’elle ne fasse exploser cette amitié fébrile. Et maintenant c’est elle qu’on a abandonné en quelque sorte. N’est-ce pas la suite logique à ses actions de merde ? Sans nul doute. Il faut cependant avouer qu’elle ne s’attendait pas à recevoir un accueil aussi glacial. Il ne faut pas oublier que rien n’est acquis, rien ne lui ait dû et sous ses faux airs de princesse en détresse, elle a oublié qu’elle avait bafouillé une amitié importante. Les choses ne peuvent pas se régler aussi facilement. Quand on blesse quelqu’un, il faut le temps de la cicatrisation.

Lorsqu’elle tente de s’expliquer, de lui expliquer la situation la première chose qu’il lui répond la braque un peu. Bouche bée, elle est persuadée qu’il veut juste la mettre dehors… elle attrape ses affaires et elle sort, comme demandé avec une certaine colère, un agacement prononcé, elle ne se sent pas écouté. Seulement il la suit, sa cigarette s’allume, l’odeur du tabac, de la nicotine vient caresser ses narines, elle se retient d’en remander une. Jo veut tenir plus d’une semaine sans tabac, sans alcool sans rien dans les veines. Juste pour avoir les idées parfaitement claires. Elle n’aime pas ce qu’il lui répond, comment pourrait-elle apprécier se prendre ses tords en pleine figure. La voilà qui piétine à moitié, trépigne à ne plus savoir quoi dire, quoi faire pour tenter de le convaincre. L’idée de dormir sur un banc ne l’enchante pas. Et dans un excès de panique il y a bien des larmes qui montent dans ses yeux, elle tente de les ravaler, c’est loin d’être simple. Et puis ils sont dans la rue maintenant… à la vue de tous. Elle déteste ça aussi. « - Et quoi ? Tu veux quoi de plus Theo ? Que je te supplie ? J’ai merdé, je passe ma vie à merder parce que je ne sais faire que ça ! » Les émotions prennent le dessus. « - Alastair s’est trouvé une copine, donc tu vois je ne suis plus aussi intéressante… tu es parti… Richard est en taule. » Elle déglutit. « - Oui, je viens au nom de l’amitié, parce qu’elle a existé cette putain d’amitié que tu veux renier » Elle inspire, ses bras se croisent sur sa poitrine, comme pour ériger un bouclier sur son cœur. « - Je suis venue parce que j’espérais de l’aide oui, mais je ne te prends pas pour un con, pas pour le mec trop gentil, je suis là parce que j’ai confiance en toi… mais visiblement j’ai fait une erreur. » Elle renifle, frotte son nez du revers de sa main. « - Je vais me démerder, laisse-tomber… » et elle tente de reprendre ses affaires, sous son regard plein de jugement, elle ne s’est jamais sentie aussi mal… rejetée, tout ce qu’elle déteste.

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01/04

Il n'aime pas la tournure de cette conversation mais surtout il ne sait pas comment réagir face au comportement de Joan qui n'a pas grand chose avec l'image que les mois ont construit dans sa tête. Est-ce qu'il pourrait avoir l'esprit un peu plus ouvert ? oui. Est-ce qu'il a de la rancœur envers elle quelque part ? totalement. Est-ce qu'il se cache derrière son habituelle façade agacée pour ne pas faire face au fait qu'elle a l'air sincère ? clairement. Est-ce qu'il l'admettra ? non. Théo n'est pas foncièrement malhonnête ou de mauvaise foi mais il a mal. Il a eu mal. Alors c'est dur. Dur de la regarder et avoir envie de l'aider après qu'elle ait participer à sa peine... activement ou non. « Bien sûr que non j'veux pas que tu m'supplie ! dis pas de conneries ! » il ne veut pas s'emporter mais le ton monte, il le sent, chez elle comme chez lui, des émotions qu'ils sont pas bons à montrer.. c'est pas pour ça qu'ils étaient proches à une époque ? avec leurs petits mondes intérieurs qu'ils gardaient chacun pour eux et savaient que l'autre ne remettrait pas ça en question ? jamais ? qu'ils avaient le droit de ne pas se justifier quand ils étaient ensemble..? leur amitié était réelle. Et les nouvelles qu'elle lui apprend semblent réelles aussi. Il fronce les sourcils, piquer, tiquer, un flot de réflexions, de questions lui grattent le cerveau. Les valises font sens. Qu'elle se tourne vers lui, moins. Mais .. comment réagir ? « Je renie pas... » il tire sur sa cigarette et se détourne « vous m'avez laissé seul quand j'en avais le plus besoin. Vous avez choisi vos petites gueules avant de choisir notre amitié. » il lève les yeux vers elle et l'examine, froid, dur, peiné... « tu peux pas revenir comme une fleur et espérer la rédemption et.. » Théo lui attrape le bras en la fixant, partagé entre une envie de la regarder partir sans rien dire et la peur d'avoir vu ce qu'il pensait. Elle pleure. Son coeur se déchire silencieusement, parce qu'au fond il ne sait pas faire le dur longtemps le tatoué. Elle reste un symbôle de son enfance « Jo.. arrête ça. » aussitôt les mots ont quitté ses lèvres, aussitôt Théo réalise que c'est débile. Si elle souffre au point de pleurer, son injonction à arrêter ne servira à rien. « je... à part t'aider par pitié, ce que tu vas détester, j'vois pas quoi faire pour quoi ok ? qui m'dit que tu dis vrai ? qui m'dit que demain c'est pas le reste qui va débarquer à ma porte ?? »

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