don't know what to feel but i wanna try
w/ @Cassiopée Moore

---

Une chose à laquelle Bonnie ne se serait jamais attendue c'est que Cassiopée, sa plus jeune, son petit ange, son artiste, sa si douce... soit la première personne de sa vie à laquelle elle se confierait sur son quotidien. A qui elle admettrait plus de 15 ans d'activités de plaisance, d'échange financier pour de la compagnie, de moments où elle s'était sentie si vide qu'il lui avait fallu vendre son existence au plus offrant pour être remplie de quelque chose. Sa solitude juvénile était un souvenir -désagréable, mais seulement un souvenir- qu'elle ne ressassait jamais. Personne ne savait exactement ce qu'elle faisait pour avoir la vie qu'elle avait. Bien sûr, l'hypothèse générale qu'elle avait entendu un jour était qu'elle avait hérité de beaucoup d'argent et maintenant elle le dépensait en s'amusant et couchait avec des hommes de tous les côtés. La vérité était autre. Elle n'avait pas dépensé un penny de l'argent de ses défunts maris. Tout avait été stocké sur des comptes depuis le jour où elle l'avait reçu. Bonnie n'aimait pas l'idée d'y toucher tant qu'elle pouvait s'en passer. Surtout en sachant qu'il lui arrivait de faire 500$ avec un seul email. Beaucoup de ses solliciteurs voyaient l'écran, la distance, l'impossibilité de l'avoir avec eux, comme une source d'excitation qu'elle manipulait à son avantage. La plupart restait des échanges épistolaires, rarement avait elle à se déplacer, encore moins rester plus que quelques heures. Le peu qui lui réclamait ce type de services, souvent simplement de la compagnie ou une sortie, était la partie la plus généreuse et elle se montrait volontairement dure avec eux. Ne pas les laisser croire qu'ils maîtrisaient la relation par un chèque. Ne pas les laisser penser qu'ils pouvaient obtenir d'elle ce qu'ils voulaient. Ne pas les laisser supposer qu'un jour elle les choisirait dans la foule de main qui voulait effleurer la sienne. Et puis il y avait le ponctuel appel de la chair, ultime limite pour elle. Coucher pour de l'argent, une chose qu'elle avait du mal à voir comme innocente comme ses dîners et gala, où elle jouait l'amie, la conseillère, la partenaire, la curieuse, celle qu'on amène aux soirées mondaines parce qu'elle fera sourire jusqu'au moins heureux. Celle qu'on traîne à des célébrations pour prouver qu'on sait s'entourer. Celle qu'on paradait comme un trophée qui méritait des félicitations. Le sexe lui était lié à quelque chose d'autre chose pour elle. Il était décorrélé de la morale ou l'éthique mais pas vendable. Il s'agissait d'un besoin à satisfaire, quelque chose de purement physique et aucune somme d'argent ne pouvait éveiller un besoin. Bien sûr tout le monde n'était pas comme elle, la sexologue était bien au courant de cela, mais 99% du temps cela restait.. juste ça. Cela ne l'empêchait pas d'accepter des sommes pharamineuses en échange de sa peau nue, mais elle coutait cher parce qu'elle ne voyait pas l'intérêt de le faire sans rien y gagner. Et un tarif élevé évite trop de demande. Le dernier pourcent, elle ne le révélait plus. L'Amour lui avait volé ce 1%. Elle ne voulait pas y penser.

Tout ça, la cadette des Halstead l'avait gardé pour elle si longtemps que quand les mots étaient sortis dans ces quelques messages, les larmes avaient débordé sans qu'elle ne sache les contrôler. Une peine profonde et un soulagement aussi immense. Comme si elle ouvrait sa boîte de Pandore et révélait quelque chose d'inavouable. A Cassie de toutes les personnes, c'était le plus surprenant pour la quadragénaire qui se demandait quand ses filles étaient devenus des parts si importantes d'elle même qu'elle serait capable de leur partager ce morceau d'elle-même.

La question la travaillait alors qu'elle sortait un carton de décorations de Noël de son SUV pour retourner dans la maison et qu'elle aperçut la tête de sa fille remontant l'allée. Posant le carton sur le gravier, Bonnie ouvrit les bras à sa benjamine en souriant. Elles n'avaient pas pu l'embrasser avec autant de force le soir de Thanksgiving qu'elle aurait aimé et quand la brune passa les bras autour de sa fille, elle mit son visage dans ses cheveux et la serra plus qu'habituellement mon coeur..

TW : Agression sexuelle

J'avais l'impression d'être spectatrice de ma propre vie. Tout me semblait me filer entre les doigts, rien n'était planifié ou contrôlé. Depuis l'autre soir où papa m'avais récupéré non loin de l'aftershock, en état de panique à cause de ce gars qui avait tenté de me coincer dans cette putain de ruelle, j'étais comme en état de choc ou de sidération. Je crois que jamais je n'avais eu si peur pour ma vie que ce soir là, si je n'avais eu le réflexe de lui donner un coup de genou dans les parties, j'aurai probablement fait la une des faits divers. Je voyais déjà le titre sensationnaliste "Une jeune femme laissée pour morte dans une ruelle après avoir été violée". Cette idée me terrifiait. Voilà jusqu'où avait fini m'amener mon vide intérieur. Ce manque que j'étais incapable de combler ne me quittait pas, comme une seconde peau. Il me suivait quoiqu'il arrive comme une ombre. Ils étaient innombrable ces "Tu me manques" à jamais oublier dans des brouillons de messages jamais envoyés ou encore supprimés quelques secondes après l'envoi.

Aujourd'hui, je n'avais eu le coeur à rien. Enroulé dans un plaid, j'avais passé des heures à scroller son profil à faire défiler sa vie dont je ne faisais plus partis jusqu'à retrouver ces petits bouts de souvenirs encore présent dans son fil. Ces petits bouts de nous encore présent, comme vestige de notre histoire. J'ai le coeur qui se serre à tout ces morceaux de puzzle de notre relation. Il fallait cependant que je me décide à me détacher de tout ça pour rejoindre ma mère. Je lui avais promis qu'on s'occuperais des décorations de noël toutes les deux. Après une douche et un semblant de maquillage pour cacher mon visage fatiguée, je prends ma voiture en direction de la gargantuesque villa de ma mère. Je me demande encore comment elle fait pour ne pas se sentir horriblement seule dans cette immense maison alors que je me sens déjà terriblement isolée dans mon appartement de taille tout à fait classique.

Une fois garée, je remonte l'allée doucement, mon sac d'affaire sur le dos alors que je croise ma mère au passage qui m'ouvre ses bras. Je lui offre un petit sourire doucement et je viens m'y réfugié alors que ses bras viennent me serrer fermement contre elle. Je reste blotti ainsi dans ses bras pendant quelques temps, le coeur lourds et les yeux aux bords des larmes. Je la sert à mon tour contre moi. - Mommy... On pourrait penser que suite à ses dernières révélations mon regard sur elle aurait changer, mais en réalité, je crois que j'ai encore plus de respect pour ma mère depuis que je suis l'unique détentrice de son plus gros secret. Je l'aime quoi qu'il arrive et c'est un modèle de force et d'indépendance même si je ne suis pas certaine que j'aurai envie de faire ce qu'elle fait. Je retiens mes larmes du mieux que je le peux, ne voulant pas l'inquiéter ou avoir à devoir lui expliquer ce qui se passe. - Comment tu te sens toi ? Belle stratégie de tourner la conversation sur elle, plutôt que sur moi non ?

don't know what to feel but i wanna try
w/ @Cassiopée Moore

---

La relation que Bonnie avait construite avec sa benjamine sur les dernières années était proche de fusionnel, la brune en avait bien conscience. Bien qu'extrêmement proche de Haley, Bonnie avait aussi la sensation par moment qu'elle partageait quelque chose de différent avec Cassiopée. La jeune femme et sa mère avaient vécu 3 années seules, pendant qu'Haley pansait ses blessures à Portland et que Abel restait un élément extérieur à leur famille depuis le divorce. La dynamique entre les deux femmes s'était lentement installée, mélange d'amour maternelle/filiale et de compréhension de combien elles étaient chacune des personnes à part entières, des femmes avec leurs complexités et leurs besoins individuels spécifiques. Bonnie voyait une grande beauté dans leur lien et leur capacité à se parler comme à des amies quand il fallait mais aussi comme une mère et une fille quand il était nécessaire. Elle n'avait jamais regardé ses filles comme autre chose que des petites merveilles mais aussi des personnes complètement à part entières. Sa relation avec elles étaient à ses yeux très honnête et elle ne l'aurait échangé contre rien. Tant qu'elle était capable de les protéger, leur mère était d'accord avec le fait de n'avoir aucun contrôle sur leur destinée. Elle apprenait chaque jour un peu plus sur les jeunes femmes qu'elle avait élevé. Au point qu'apprendre que sa plus jeune était en prise à des peines si terribles, d'une solitude similaire à celle qui l'avait presque détruite quand elle avait son âge, avait fait l'effet d'une gifle à Bonnie. Un réveil d'une violence sans précédente. Tentant d'être là pour elle en tant que mère, que personne qui avait souffert de choses similaires, la sexologue avait rangé toute sa practice de psychologue dans une boïte et tentait d'être présente, aimante et à l'écoute... Parce qu'après tout, c'est ce qu'elle même aurait aimé que l'on fasse pour elle 20 ans plus tôt.
Quand elle eu Cassie dans ses bras, Bonnie prit le temps de l'embrasser sur le crâne puis la tempe, avant de répéter doucement mon coeur.. heureuse de retrouver la chaleur de sa fille. Elle releva la tête pour la regarder dans les yeux en lui offrant un sourire tendre. Dans le regard un peu embrumé ou fuyant, Bonnie reconnaît les signes de la fatigue ou de la peine qu'elle déteste lire chez ses filles mais une chose qu'elle n'aurait jamais forcé, c'était une conversation que l'autre n'avait pas choisi d'amener. Alors elle caresse les cheveux de sa fille puis sa joue et répond avec une voix douce fatiguée, mais les nuits dernières ont été un peu mouvementé. ça ira mieux avec du repos. tu m'aides à rentrer ça ? propose la brune en montrant le carton de décoration à ses pieds. Pas besoin de renvoyer la question tout de suite, Bonnie savait qu'elle avait toute la journée pour amener sa fille à révéler ce qui lui pesait. Bien entendu elle avait déjà une bonne idée de ce qui avait amené toute cette peine dans son regard, mais c'était seulement si Cassie lui avait vraiment parlé de toutes les choses qui la rendait si mal. Une mère sait attendre que les choses lui soient dites, mais surtout tenir la main de son enfant pour qu'il se sache soutenu en attendant. Et Bonnie osait croire qu'elle était au moins ce type de mère.

Je cache difficilement ma fatigue, malgré mon maquillage mais quand bien même, ma mère aurait su déceler tout ça. Elle est devenue maîtresse dans l'art de lire en moi comme dans un livre ouvert. Il faut dire qu'avec les dernières années que nous avions passés ensemble, elle avais eu le temps d'apprendre à déceler les signes, jusqu'à la micro-expression que je pouvais avoir. Avec le départ d'Haley qui coïncidait pratiquement avec ma rupture ferme et définitive avec Aidan, j'avais eu l'impression de me noyer dans ma solitude, je m'étais alors accroché à la première bouée qui m'avait empêcher de sombrer : ma mère. Peut être que beaucoup se diront que c'est étrange à presque 25 ans d'avoir pour confidente sa propre mère, mais je pouvais me vanter d'avoir une mère/thérapeute/un peu copine sur les bords, elle était la seule oreille attentive qui m'avais été donné ces dernières années. Lorsque je la retrouve finalement, je viens me blottir contre elle et profite de l'étreinte tendrement. Profitant de chaque marque d'affection qu'elle m'offre, comme si elles étaient vitales pour moi. Quand elle me désigne le carton, je hoche la tête et l'attrape pour l'apporter à l'intérieur. - J'espère que tu arrivera rapidement à récupérer, j'ai besoin de voir ma Mommy en forme moi ! Une fois à l'intérieur mes yeux s'attardent sur nos photos de familles, qui me font un pincement au coeur. Je me demande parfois comment auraient été les choses si notre famille avait réussi a passer la zone de turbulence. A vrai dire, j'ai très peu de souvenir des turbulences dites, mais je crois que notre vie aurait été différente, on serait sûrement resté à Portland et je n'aurai jamais rencontré Aidan. Beaucoup de choses auraient été différentes si l'effet papillon ne s'était pas déclenché, mon accident, mon harcèlement... peut être que je n'aurai jamais vécu tout ça, peut-être que j'aurai été une personne totalement différente finalement. Parce que... c'est toutes ces "petites" choses qui ont fait que je suis celle que je suis aujourd'hui. Je m'installe alors par terre pour déballer le carton de décoration sortant toutes les petites décorations à disposer un peu partout. Commençant à imaginer un peu la décoration qui pourrait être apportée à l'intérieur de cette maison, c'est ce dont j'avais besoin pour occuper mon esprit. Je lève alors le nez vers ma mère. - Est-ce qu'on ferais pas du chocolat chaud Mommy ? Tu veux que je te prépare mon chocolat avec le chocolat fondu ? Je lui offre un petit sourire en me redressant, prenant le chemin de la cuisine sans vraiment attendre sa réponse. Dans tout les cas, moi j'ai besoin de chocolat c'est certain !

don't know what to feel but i wanna try
w/ @Cassiopée Moore

---

La fatigue qui lui pesait dessus était un mélange des évènements récents et de peines bien plus anciennes qu'elle avait décidé d'ignorer jusque là. Bonnie était après tout excellente à deux choses : lire les autres et leur cacher ce que son coeur cachait. Comme si pour mieux explorer le psyché des autres, elle devait cacher l'entièreté de son âme et se cacher derrière des couleurs, des grandes histoires et surtout un maximum de vivacité. Montrer tout sauf ce qui occupe son esprit. C'était un pari gagnant si on sait éviter ses propres émotions suffisamment longtemps. Tout était facile au fond avec le temps, il suffisait de faire comme si.. jusqu'à y croire. Bien sûr mon petit coeur.. tout ira bien après une nuit de 8h sourit-elle en caressant ses cheveux tendrement avant de la suivre dans la maison. La porte fermée derrière les deux femmes et Bonnie se dirige vers le salon où le sapin nu se tient dans un coin de la pièce avec des bouteilles et autre décoration au pied. Le sapin pourrait paraître bien grand pour la maison d'une personne seule, mais Bonnie n'avait jamais laissé sa vie donner l'impression qu'elle était seule. Elle ne l'était jamais après tout. Seule. Entourée, aimée, romancée oui mais pas seule. Célibataire, pas seule. Son lit était rarement vide après tout. Sa vie ne semblait pas solitaire non plus. Et c'était ce qui comptait. Le semblant. Personne ne devait poser de questions, comme ça elle ne mentait pas, elle cachait juste. un chocolat chaud serait parfait mon ange dit-elle ramassant des lumières qu'elle avait commandé pour le sapin avec de petites étoiles. Je crois que j'ai tout ce qu'il faut dans la réserve. Mais pas de chocolat noir pour moi.. ou rajoute un peu de sucre elle caresse ses cheveux à nouveau, toujours fascinée par le fait que ses deux filles sont blondes quand Abel comme elle n'ont pas pas une trace de blond sur la tête. Mais elle sait d'où cela vient, les Halstead ont un passif de couleurs de cheveux variés, et le côté récessif était réel après tout. et j'ai des muffins dans le four. J'allais les amener à Ellen dans la semaine, donc n'hésite pas à en sortir 2 pour aller avec... dit-elle assez fort pour que sa voix porte jusqu'à la cuisine. elle sent que son visage n'est pas totalement souriant, ni totalement détendu. Comme si les révélations qu'elle a récemment fait à sa fille ou les mots qu'elle lui a partagé sur ses peines à elle, empêchaient Bonnie de véritablement porter son masque habituel. Ou peut être était ce vraiment la présence d'Abel en ville ? ou son manque de sommeil ? ou les difficultés qu'elle ressentait devant la façon dont sa famille ne semblait pas aussi stable qu'elle l'espérait ? Peut être qu'à force de s'imaginer vivre une vie heureuse elle avait cru que sa vie l'était vraiment. Une vie de légèreté, de luxe et de luxure. Que ses filles étaient enfin grande et elle pouvait enfin vivre sa vie. Qu'elle n'avait plus besoin de se poser de questions.. Mais elle voyait bien que le chateau de cartes ne tenait plus très bien. Les fortifications qu'elle avait déjà du faire quand Cassie s'était blessée étaient branlantes, celles qu'elle avait ajouté au décès de Troy et au départ de Haley, avec le divorce, les décès de ses ex maris... chaque fois, elle ajoutait quelque chose pour maintenir un semblant d'équilibre... mais c'était virtuellement impossible de continuer ainsi. Surtout en sachant qu'elle n'avait aucun attachement à la vie en général si sa famille n'allait pas bien. Si son choeur était instable, Bonnie le serait aussi. j'espère que le weekend se passera bien.. je n'aime pas ce qui nous arrive... dit-elle un peu dans sa barbe en ramassant des décorations aux couleurs neutres.

La mine fatiguée de ma mère m'inquiète. Je suis comme ça, incapable de ne pas m'inquiéter pour les autres. Je m'inquiète d'ailleurs bien plus pour eux que pour moi. Elle me rassure en me disant qu'elle manque juste d'une vrai nuit de sommeil. Je me contente alors de lui offrir un petit sourire et un hochement de tête. Nous entrons dans la maison, où le gigantesque sapin annuel est déjà installé, il ne lui manque plus que les décorations qui le sublimeront le temps des fêtes. J'aime cette période des fêtes, pourtant cette année, je n'ai pas vraiment la tête à la fête. Je crois que je suis épuisée par la tournure sombre que prend mon moral et ma vie en générale, si sombre que même les guirlandes clignotante de noël ne me permette plus d'éclairer le brouillard. Elle accepte le chocolat chaud et je lève les yeux au ciel prenant un air faussement outré à sa précision. - Tu crois vraiment que je me tromperais sur la façon dont tu bois ton chocolat chaud ? Tu brise mon petit coeur ! Je fais le signe d'un coeur qui se brise avec mes mains au niveau de ma poitrine avec un petit air amusé avant de filer en cuisine. Je sors tout ce qu'il me faut et commence à faire chauffer le mélange de lait et de crème dans une casserole avant de venir y faire fondre doucement le chocolat au lait. Je goûte pour vérifier que la boisson est suffisamment sucré puis je remplis nos tasses, ajoutant généreusement de la chantilly et de la cannelle par dessus. Je prépare un plateau avec nos tasses et dispose dessus également les deux muffins récupéré dans le four selon les instructions de ma mère. Je la rejoins ensuite et dépose le plateau sur la table basse. - Et voilà ! Je viens alors m'asseoir par terre pour attraper un carton et préparer les décorations. Je répond tout de même à la phrase marmonner de ma mère. - J'espère aussi... J'aimerais vraiment que tout se stabilise qu'on arrive de nouveau à être réunis... J'ai besoin de ça... J'ai besoin qu'un pan de ma vie personnelle soit stable et équilibrer pour compenser le reste qui fou le camp. Ma santé mentale, ma vie sentimentale... toute ces choses qui ont décidé de me dire merde actuellement. Et ce vide, ce vide affreux que je ne parviens pas à combler qui me prend à la poitrine et qui m'empêche presque de respirer. J'ai l'impression d'étouffé, de me noyer en plein océan, cherchant désespérément une main tendue pour m'en sortir. Pourtant, j'ai l'impression de repousser toute celle qui se tende pour m'aider, comme si mon inconscient n'en attendais qu'une seule bien spécifique. Au fond de moi, je sais très bien qui j'aimerais voir débarqué sur un cheval blanc pour me sortir de là, mais je sais également qu'il ne veut probablement plus entendre parler de moi, à raison. Alors il fallait que ma famille aille bien, qu'elle reste unis et proche, parce que ce cocon là est vitale pour moi. J'ai besoin d'eux pour ma propre survie. Je prends ma tasse et trempe mes lèvres à l'intérieur. - Tu sais ça me fais du mal quand on se déchire les uns les autres...

don't know what to feel but i wanna try
w/ @Cassiopée Moore

---

La fatigue qu'elle ressentait était particulièrement anormale mais d'un autre côté Bonnie savait parfaitement d'où venait ce vague à l'âme qu'elle supportait depuis plusieurs jours. Comme Pandora qui avait ouvert la boîte maudite confiée par les dieux, Bonnie avait vu le coffre renfermant ses secrets s'ouvrir et détruire à une vitesse impressionnante tout ce qui l'avait jusque là rendue capable de traverser la vie avec un sourire constant. Ses nuits, de 8h reposantes, étaient devenues un bordel de sueurs froides, de cauchemars et de réveil en larmes. Soudain, elle avait 28 ans et Abel était coincé à l'hôpital depuis 48h, les filles avaient la grippe et elle n'était plus sûr de rien. Sa rationalité passée par la fenêtre, Bonnie avait perdu le sommeil des jours entiers après ça. mais si je sais que tu sais faire mon amour. dit la quarantenaire en se demandant pourquoi elle avait eu besoin d'expliquer tout cela. Sa relation avec Cassie était assez proche pour que Bonnie sache parfaitement bien que sa plus jeune savait comment faire son chocolat. Mais Bonnie était fatiguée et son esprit n'arrivait pas bien à faire les connexions nécessaires. je ne sais vraiment pas si ce sont les bonnes couleurs finalement murmure Bonnie en sortant des ornements qu'elle avait commandé quelques semaines avant. Tradition qu'elle avait depuis des années maintenant, ce rituel de décoration l'avait gardé hors de l'eau à chaque période de fête sans la famille au complet. Les divorces, les décès, les soucis de travail.. trop de choses qui pouvaient mal se passer. La preuve avec cette année. Bonnie sourit doucement et embrasse le haut du crâne de sa fille qui s'assied avec un carton de décorations  merci ma chérie.. Elle prend une des tasses posées là et son visage se tord dans une expression attristée avant de répondre doucement  on va y arriver.... les mots sont un soupir alors qu'elle teste une gorgée de chocolat et sourit légèrement. L'amertume du chocolat mêlée au sucre et au goût épicé de la cannelle est un signe de la période, Noël est si proche. Bonnie essaie de trouver du réconfort dans cette idée je ne peux même pas blâmer ton père ou ta soeur, j'ai l'impression que la vie veut nous faire passer quelques épreuves avant que tout aille enfin bien. dit-elle en reposant sa tasse et revenant vers Cassie pour prendre les premières guirlandes en ficelle avec des petites décorations en bois beige au bout. Elle n'aime pas avoir ce genre de pressentiment mais comment oublier ce tiraillement en elle qui l'assure que ce n'est que le début ? Il est difficile de le masquer ou le repousser. Chaque fois que son corps lui a dit de faire attention, quelque chose s'est passé et cela faisait si longtemps que Bonnie ne peut ignorer les signes. mais on est plus fort que ça. Tous.