into the great unknown + Mason

Sa survie en dépendait, la faim lui tenaillant l'estomac jusqu'à ce qu'il décide qu'il n'avait pas d'autre choix que de sortir. Le garde-manger n'était pas vide certes, mais Angel ne sait pas cuisiner, ou du moins, ça fait très longtemps qu'il ne s'y est pas risqué, il mange du tout fait, du take-out, il mange dans les plats des autres, le micro-onde c'est sa limite, sinon. Et là, il a grave envie de popcorn, un super-aliment qui ne faisait visiblement pas parti du régime de sa grand-mère, puisqu'après avoir fait le tour des armoires, force était de constater qu'il n'en trouverait pas. Rien de trop dramatique ceci dit, il pouvait sortir aller en acheter, même si le froid extérieur ne l'encourageait pas tellement à le faire. Il songea bien à prendre la voiture pour s'y rendre, mais il n'a toujours pas déballé cette dernière du garage et n'a pas envie de se lancer dans cette aventure le ventre vide. Il peut marcher de toute façon, il est habitué de le faire. Déterminé à ne pas mourir de faim, il flanque donc sur ses épaules le manteau qu'il s'était acheté peu de temps après son arrivée, avant de s'engouffrer dans la nuit. Parce que oui, putain il fait noir. Noir comme dans un cul. Ils n'ont pas encore inventé la lumière en Oregon? Est-ce qu'il est censé être nyctalope ou quoi? Comment diable les gens font pour ne pas se faire tuer à circuler dans ce trou noir? Genre il fait tellement noir que même son ombre s'est cassée. Au moins à LA, y'avait de la lumière partout, c'était un peu le jour, même au milieu de la nuit. Enfin pas partout, mais même dans les coins noirs, c'était pas si noir. Angel ne peut s'empêcher de faire l'observation en avançant le long de la rue, ayant presque un souffle de soulagent chaque fois qu'il passe sous la lumière d'un pauvre lampadaire égaré. Son stress de se faire agresser par un fou s'effaçant pourtant à mesure qu'une autre constatation dramatique gagne son esprit. Tout est fermé. Et pourtant, il est que minuit. Pourquoi diable tous les commerces sont fermés? Comment les gens font pour se nourrir? Il doit marcher pendant il ne sait combien de temps, ne croisant que portes et lumières fermées à chaque commerce, jusqu'à ce que finalement, il arrive face à un véritable miracle, sous les allures d'un petit dépanneur de station service. Alléluia putain.

Il entre en trombe, comme un égaré qui viendrait finalement de retrouver la civilisation après s'être perdu dans la nature sauvage. Son regard capte aussitôt celui du vendeur blasé derrière son comptoir. « Thanks god. Je commençais à croire que y'avait un truc qui clochait dude, tout est fermé en ville. J'ai presque cru que y'avait un couvre-feu et que j'étais pas au courant...ou des vampires, je sais pas. » Pour toute réponse, un haussement de sourcil, alors que l'homme le dévisage bizarrement. Angel reste un moment à le fixer attendant une réponse qui ne semble pas venir. Awkward. Ok. Il pivote finalement pour avancer dans les rayons, cherchant le popcorn et récoltant au passage un paquet de biscuit Oreo et des sacs de chips et de jerky. Son regard se porte de nouveau vers le vendeur, alors qu'il commence à le trouver réciproquement louche. « C'est tranquille...y'a pas beaucoup de clients...» qu'il glisse dans une autre tentative de discussion. Puis, est-ce que c'est normal qu'il n'y ait personne déjà? Peu loquace le vendeur se contente de hausser les épaules. Angel pince les lèvres, hochant la tête. Good talk, good talk. Le popcorn finalement en sa possession et les bras chargés, il parvient à sortir une bouteille de jus d'un frigidaire, allant déposer le tout sur le comptoir pour payer. « C'est pour mon diner. » Il sourit, pointant à l'arrière du type. « Je vais prendre un paquet de clope aussi. » Perturbé par le silence du type qui scanne machinalement les articles, Angel balance légèrement sur ses pieds, regardant à l'extérieur, à la recherche d'une idée. « Vous avez beaucoup plus d'étoiles en Oregon...c'est fou...Je suis de LA, au fait.» L'homme le regarde alors d'un air long, répondant d'un simple; « I can tell. » qui laisse Angel un poil déconcerté et presque vexé, s'il avait été du genre à se vexer.

À peine les pieds mis dans la pizzeria sur le point de fermer que son boss lui tomba dessus sans prévenir. « MC, t'es de corvée ce soir » La brunette ouvrit aussitôt la bouche, prenant un air scandalisé. « Pourquoi moi!? » Le patron roula des yeux avant de prendre ses affaires et de se diriger vers la sortie. « T'as rien foutu la semaine passée, c'est ton tour ce soir! » Sur ce, il mit rapidement fin à la conversation en claquant la porte du restaurant derrière lui. Et merde, fait chier! Grognonne, la brunette verrouilla la porte avant de poser son sac sur une table et d'aller chercher le balai d'un pas lent. On aurait dit un condamné à mort qui marche vers la potence. Elle détestait faire le ménage du soir et elle faisait tout pour y échapper. Cette fois-ci, elle s'était fait avoir. Ses collègues devaient bien savoir qu'elle renterait tard après une virée à l'autre bout de la ville pour deux pizzas Hawaïenne. Fuck les putains d'ananas! Exaspérée, elle s'empara de ses écouteurs, question de noyer le silence dans une de ses playlists du moment. Seule dans son monde, elle s'occupa machinalement de tout nettoyer, blasée d'un emploi qu'elle avait elle-même choisi au départ. La vie était vraiment injuste. Ce n'était pas comme si on lui avait déjà laissé le choix anyway. Dès sa naissance, elle avait été vouée à en chier année après année. Bientôt le quart de siècle et elle ne s'en sortait toujours pas. Une heure plus tard, fredonnant sa chanson préférée, elle agrippa à deux mains les sacs à poubelles, les balançant à l'extérieur par la porte arrière. En se retournant, elle aperçut un chat noir qui se faufilait mesquinement dans le restaurant. Fuck. Elle ferma sa musique, avant de le pourchasser. Son patron allait la tuer si un animal rôdait en liberté dans la pizzeria. Elle ne mit pas bien longtemps avant de le capturer dans ses bras, lâchant un soupire de soulagement. La pauvre bête était plutôt amicale, ronronnant en cherchant la chaleur sous sa veste. « Okay, ça va... tu crains rien » La brunette ramassa ses choses et quitta finalement le boulot. Il était presque minuit déjà.

Déposant le chat dans sa voiture de livraison, elle démarra ensuite, direction la station-service question de faire le plein avant de rentrer chez elle. Il faisait particulièrement froid ce soir et elle du réajuster son manteau plus d'une fois pour se couvrir du vent frais. Dès qu'elle termina de remplir la mini cooper, elle se dirigea vers le dépanneur pour payer. Une tuque grise sur la tête, deux manteaux superposés sur le dos et des gants noirs ouverts aux niveaux de ses doigts dans les mains, Mason entra, persuadée d'être la seule cliente à cette heure-là. Elle fut surprise de constater que non, tombant nez à nez avec le rouquin à la caisse. « Oh...L.A. guy... » Lui, ici? À cette heure? Remarquant ensuite son air un peu troublé, elle décida de ne pas l'embêter plus longtemps, déposant deux billets de 20$ sur le comptoir. « Bonne soirée Miko » Elle lui sourit, même si le propriétaire ne lui accorda aucun regard en retour. S'apprêtant à quitter, elle fit signe au rouquin de la suivre dehors. Ils seraient plus tranquilles pour discuter. Glissant les mains dans ses poches, elle se tourna vers lui, l'observant de nouveau. « Alors? Il est bien ce manteau? » En référence au fait qu'elle l'avait croisé la première fois en short et en t-shirt, ce qui ne convenait pas du tout à la température du coin. Voyant qu'il avait fait quelques achats, elle poursuivit d'un ton amical. « Hum, j'sais pas si t'as un endroit où dormir, mais viens chez moi ce soir, t'es le bienvenu » Elle récupéra ses clés de voiture, avant de se diriger vers celle-ci. « Sauf si tu préfères crever de froid dehors » Question de l'encourager à accepter son offre. Elle n'avait pas trop envie de le voir repartir dans le noir, errant elle ne savait pas où. Ce n'était pas sécuritaire pour lui, surtout qu'il était nouveau et qu'il risquerait de se perdre de nouveau. Voyant que le rouquin la suivait, elle se glissa derrière le volant, attendant qu'il s'installe à son tour. « T'es pas allergique aux chats j'espère...» Un miaulement se fit entendre depuis la banquette arrière. Elle étira un petit sourire en coin avant de démarrer. « Dit moi tout... t'aimes pas l'coin hum? C'est sûr que ça ne doit pas être comme Los Angeles, mais on s'y habitue, tu verras.» Question de l'encourager, parce qu'il semblait vraiment en dehors de sa zone de confort, comme un pauvre petit poisson hors du bocal. Elle pensait tout de même ce qu'elle disait. Il s'habituait avec le temps. Au début, ce devait être déroutant et perturbant, elle comprenait.

Ce n'était pas la première fois qu'Angel faisait face à un vendeur récalcitrant à sa sociabilité. En général, aucun travailleur de magasin ne l'aimaient vraiment, à croire qu'il avait une tête de voleur. Ou alors c'était simplement l'effet qu'il faisait à pratiquement tout le monde. Qu'à cela ne tienne, ce n'était pas l'air bête du propriétaire qui allait réussir à le froisser au-delà de quelques secondes. On pourrait même dire que le jeune homme était complètement imperméable à l'hostilité, ça ne l'avait jamais arrêté et ça ne risquait pas de le faire maintenant. De toute façon, son attention était désormais retenu par le bruit de la porte alors qu'une autre personne venait finalement d'entrer dans le dépanneur. Enfin. Il commençait à croire qu'il était le seul être humain vivant qui restait dans cette ville, en dehors de l'autre boudeur derrière son comptoir. Il ne mit d'ailleurs pas bien longtemps à la reconnaitre, c'était la fille qui l'avait aidé auparavant et qui semblait, pour une raison quelconque, convaincu qu'il était un espèce de hobo perdu. Une idée qu'il n'avait pas démenti, parce que pourquoi pas? Elle le reconnu d'ailleurs aussi, l'appelant sous le terme de LA guy, pas le surnom le plus original existant, mais rien pour lui déplaire non plus, il avait eu bien pires appellations que ça. « Hey. » qu'il répond rapidement, affichant un sourire. La brunette paya son essence et sans demander son reste, Angel s'empressa d'attraper le sac de ses achats pour la suivre, concluant que ses chances étaient bien meilleures d'avoir une discussion avec elle qu'avec le propriétaire des lieux. « Alors? Il est bien ce manteau? » Angel hocha aussitôt la tête d'un air approbateur. « Ouais, c'est beaucoup mieux. Je pense toujours que le froid est pas nécessaire tho. » Si Madame Nature écoutait quelque part, que le message soit reçu.

Angel jeta un regard en direction de la voiture de livraison de Pizza girl, avant de reporter son attention sur elle. . « Hum, j'sais pas si t'as un endroit où dormir, mais viens chez moi ce soir, t'es le bienvenu » Oh? Pendant un instant, il resta un peu perplexe face à la proposition. Il pourrait aller dormir chez lui tout simplement, dans son énorme maison, dans son énorme lit king, mais pourquoi être ennuyant quand on peut être...autre chose? « Sauf si tu préfères crever de froid dehors » Il sourit donc après quelques secondes, sortant de sa réflexion. « C'est plutôt froid pour dormir dehors c'est vrai...je dirais pas non à un canapé, puis c'est mon truc, le couch surfing. » Plus qu'être un hobo même si, effectivement, il lui était déjà arrivé de n'avoir nul part où dormir. Il n'en fallait donc pas plus pour le convaincre de la suivre et avec un peu de chance, elle vivait dans un endroit un peu plus mouvementé que sa baraque privée où le silence était franchement agressant.  Angel s'installa donc dans la voiture d'où un miaulement se fit aussitôt entendre. « T'es pas allergique aux chats j'espère...» D'un mouvement, il pivota pour regarder à l'arrière, captant les deux yeux luminescents du chat. « Oh...pourquoi t'as un chat dans ta voiture? C'est ton chat ou il est juste là? » Étrange. Puis c'est quoi le truc entre cette ville et les chats hein? Parce qu'il n'avait certainement pas raté d’apercevoir ce bizarre de commerce qu'ils appelaient un café pour chats ou truc du genre. Y'avait ça à LA? Peut-être, mais certainement pas dans le quartier où il trainait. « Dit moi tout... t'aimes pas l'coin hum? C'est sûr que ça ne doit pas être comme Los Angeles, mais on s'y habitue, tu verras.» Fronçant les sourcils en observant toujours le chat, il reporta finalement son attention en avant. « Hmm nan, c'est ok. C'est juste bizarre. La nightlife suck, c'est certain...vous avez un club au moins?» Il aimait les clubs, danser, boire, les gens, le bruit. « Pas un fan de la neige, je l'ai déjà dit, mais le décor est plutôt cool. Et l'odeur, damn, ça sent bon ici.» Pas d'odeur de poubelle ou d’égouts ou de gaz et de pollution. « J'étais jamais sorti de LA avant. » Question de justifier qu'il n'ait pas l'air de connaitre autre chose que le béton et la crasse.

Il y avait beaucoup de choses qu'elle ne savait pas sur lui. C'était peut-être juste un maniaque qui attendait de faire une nouvelle victime avant de se casser dans le prochain état, qui sait. Ou alors il fuyait la mafia, c'était un criminel ou un ex-taulard. Tout était possible après tout. En aucun cas on apprenait aux filles dans la vie de tous les jours à faire confiance aux inconnus et encore moins à les inviter chez eux pour la nuit. Tout le monde savait ça. Et pourtant, Mason n'avait pas hésité une seule seconde à lui tendre la main. C'était comme une intuition intérieure, elle pouvait sentir une sorte de vibe qu'elle reconnaissait en lui. Il n'était pas dangereux et encore moins fou ou idiot. Elle n'avait pas peur de lui et elle comptait bien lui donner une chance. Par le passé, plusieurs personnes lui avaient tendu la main quand elle en avait le plus de besoin. C'était comme donner au suivant, en quelque sorte. Elle n'était pas une fille sans cœur non plus. Lorsque le rouquin confirma que c'était son truc les canapés, elle étira un petit sourire en coin. Parfait alors. Parce qu'elle avait vraiment un canapé de feu dont elle était particulièrement fière. Le meuble prenait pratiquement toute la place dans le salon tellement il était gros. Une sorte de gros L pouvant accueillir plusieurs invités. Le reste de son 3 et demi était sympa aussi. Bref. Elle se garda de lui fournir les détails, n'était pas toujours naturellement bavarde. Une fois dans la voiture, elle s'assura rapidement de régler la température, question de chauffer assez l'habitacle pour chasser ce froid mordant dont elle n'était pas friande à cette période de l'année. L'été était définitivement sa saison préférée. Parlant du chat, elle s'amusa de sa réaction, avant de répondre d'un ton mystérieux. « Il est juste là » Ce qui n'expliquait pas grand-chose, mais voyant qu'il ne s'en inquiètait pas outre mesure, elle ne lui raconta pas la raison de sa présence. Elle prit la route, direction son appartement.

Elle était curieuse de savoir ce qu'il pensait du coin, se doutant que ça ne devait pas particulièrement lui plaire. Los Angeles lui semblait être beaucoup plus intéressant si on devait comparer. « Hmm nan, c'est ok. C'est juste bizarre. La nightlife suck, c'est certain...vous avez un club au moins?» Elle rigola face à son commentaire, avant de lui répondre. « On a des clubs ouais... » Alors comme ça, il était un oiseau de nuit? Ça expliquait beaucoup de choses, dont sa présence dehors à cette heure tardive. Les gens n'aimaient pas trop sortir en hiver, c'était une période tranquille pour ne pas dire morte. L'été, c'était différent. Ce qui l'étonnait le plus en revanche, c'était la mention du club. Est-ce qu'il aimait vraiment ce genre d'endroit? « Pas un fan de la neige, je l'ai déjà dit, mais le décor est plutôt cool. Et l'odeur, damn, ça sent bon ici.» Mason arqua un sourcil, avant de lui jeter un rapide coup d’œil. L'odeur? « J'y ai jamais porté attention à vrai dire, mais je veux bien te croire sur parole » Donc L.A. puait, c'était bon à savoir. Après tout, ce devait être commun chez les grandes villes du pays. Qu'est-ce qu'elle en savait? Elle n'était jamais sortie de... « J'étais jamais sorti de LA avant. »  Oh. Hum, donc pas un grand voyageur, forcément. Sur le coup, elle garda le silence, alors qu'un millier de questions se bousculèrent dans sa tête. Pourquoi partir alors? Pourquoi débarquer ici spécifiquement. Et est-ce qu'il comptait réellement s'y installer pour du long terme? Ne voulant pas être indiscrète, elle fit plutôt comme si de rien n'était. « Et j'suis jamais sorti d'ici alors... » Ça leur faisait presque un point en commun.

Tournant sur Apple Gate avenue, le décor se transforma alors en une succession de commerces et de restaurants bas de gamme. Bienvenu chez la classe moyenne, pour ne pas dire pauvre. Elle passa également devant le motel le plus creepy de la ville, avant de se diriger plus bas jusqu'à l'immeuble où se situait son logement. Dehors, devant la porte principale, des jeunes buvaient de la bière en fumant quelques clopes au passage. Super pittoresque. La brunette gara sa voiture avant de se tourner dans sa direction. « Une fois à l'intérieur, c'est pas si mal...» Oui bon, ce n'était pas comme si elle avait les moyens de se payer plus non plus. Elle attrapa son sac à dos, puis ensuite le chat, qu'elle cacha soigneusement dans son manteau pour qu'il n'attire pas l'attention. « Les animaux sont interdits, mais je l'ai trouvé errant... j'irais le porter demain au refuge, c'est que pour une nuit » Sur ce, elle sortit de la voiture, non sans frissonner de froid au passage. Elle lui fit signe de la suivre, puis se dirigea vers l'entrée. Comme si de rien n'était, elle passa devant le groupe de fumeur. « Hey Mace, ça va? » N'ayant pas envie de converser avec le grand blond qui la saluait, elle ouvrit la porte. « Comme d'hab » Puis elle entra. Personne ne se questionna sur la présence du rouquin, parce que dans l'coin, tout le monde se fichait bien de savoir qui tu étais. Près de l’ascenseur, un couple d'amoureux attendaient en se tripotant comme si personne ne regardait. Get a room. Ce qu'ils allaient sûrement faire, mais détail. « J'suis au troisième étage » Pour que L.A. Guy comprenne pourquoi ils attendaient l’ascenseur. C'était trop chiant de faire le trajet à pied. Un miaulement mécontent s'échappa alors soudainement de son manteau et elle fit de son mieux pour camoufler le bruit en toussant par dessus. Et merde, ce n'était pas le moment de se faire repérer.

Angel, il se plaisait à croire que y'avait jamais rien de compliqué avec lui, jamais de drame. Peut-être qu'il se bernait lui-même en le pensant, parce que l'histoire de sa vie ça pourrait passer pour une tragédie en un sens, le garçon malaimé, livré à lui-même trop jeune, tantôt bousculé, tantôt manipulé, désabusé au point qu'à ses yeux, y'avait juste plus rien qui avait la moindre gravité. Il flottait juste au-dessus de tout, au-dessus de ses problèmes et au-dessus de ceux des autres. Les regards de travers qu'on pouvait lui jeter, pas important. L'angoisse qui lui rongeait inconsciemment les entrailles à l'idée d'être dans un milieu méconnu, pas important. Négligemment éviter de mentionner la vérité sur sa situation, pas important. Un chat sur la banquette arrière, pas important. « Il est juste là » qu'elle lui répond. Bien, parfait. Il connait le feeling. Lui aussi, il avait souvent été « juste là » pour beaucoup de personne, sans explication, juste là. Il hocha donc simplement la tête, déjà parti sur un autre sujet alors qu'elle lui demanda s'il aimait le coin ou non. S'il se donnait vraiment la peine d'y réfléchir, la réponse serait sans doute; non. Il n'aimait pas le coin, il avait déjà le mal du pays, LA lui manquait. Sauf que comme le reste, c'était pas important. Il souligna donc simplement quelques futilités, la nightlife, la température, même l'odeur de l'air. La brunette confirma d'ailleurs qu'ils avaient bien des clubs et rien que ça, c'était déjà un soulagement. Il n'était pas certain s'il s'agissait du même genre de club qu'il avait l'habitude de fréquenter, mais il pourra toujours faire avec, mieux que rien.

« Et j'suis jamais sorti d'ici alors... » Il aurait bien envie de répondre que c'était plutôt tragique, mais franchement, elle pourrait dire la même chose de son cas. Enfin, il pouvait quand même affirmer être sorti de LA maintenant au moins. Quand elle gara finalement la voiture devant ce qu'il devina être son logement, Angel ne put s'empêcher d'étirer un sourire satisfait. Voilà qui était beaucoup plus sa vibe. Il préférait de loin l'ambiance dégagée par cette rue que celle où il vivait. Trop dommage qu'il ne pouvait pas simplement téléporter la maison de sa grand-mère ici. Il aurait tellement plus de fun qu'entouré de riches bourgeois coincés du cul. Il porta d'ailleurs son attention sur les jeunes en train de boire et fumer au pied de l'immeuble. Ils avaient l'air sympa tient, est-ce qu'ils allaient se joindre à eux? Entre-temps, ils étaient débarqués de la voiture et Pizza girl s'afférait à camoufler le chat dans son manteau, affirmant qu'elle le garderait pour la nuit seulement. « Tu devrais le garder, fuck les interdits. » Ils s'avancèrent ensuite vers l'entrée, l'un des gars saluant la jeune femme en l'appelant Mace, faisant réaliser à Angel qu'il n'avait jamais pensé à lui demander son nom, l'ayant simplement baptiser Pizza girl. Mace c'était cool tho, mais Pizza girl ça l'était aussi. Ses espoirs de se joindre au petit attroupement pour fumer s'envolèrent plutôt vite ceci dit puisque la jeune femme ne leur porta guère d'attention, poursuivant simplement son chemin. Il se contenta donc de suivre, se voulant être un bon invité. À l'intérieur, il jetta un regard amusé en direction des deux amoureux qui se tripotaient, avant de se concentrer sur Mace. « J'suis au troisième étage » Il hocha la tête. « Ça a l'air d'un logement sympa, c'est pas trop dégueu. » Et c'était honnête, franchement. Il jeta un regard en direction du manteau de la jeune femme quand un miaulement se fit entendre, cette dernière semblait d'ailleurs plutôt déterminé à le garder secret. Pourquoi? C'était la question. Est-ce que quelqu'un risquait de la dénoncer? « T'as des mauvais voisins? Vont pas se plaindre pour un chat quand même. » Environ à cet instant la porte de l’ascenseur s'ouvrit et Angel s'y avança rapidement, l'analysant d'un regard. C'était quand même en bon état, ça ne donnait pas trop l'impression d'être un piège mortel. « C'est cool, l'ascenseur, y'a pas ça partout. Si j'avais su que livrer des pizza ça rapportait assez pour se payer une piaule avec ça, j'aurais peut-être décidé d'en faire une carrière. » Il ricana à son propre commentaire, ne sachant pas vraiment ce qu'il trouvait drôle, l'idée de livrer des pizzas ou l'idée de travailler simplement. « C'est pas tes potes les autres en bas? »

Cette soirée s'annonçait plutôt intéressante finalement. Passer du temps avec L.A. Guy lui permettait d'apprendre à la connaître, en quelque sorte. Elle ne lui posait pas beaucoup de questions, mais elle était plus du genre à observer. Elle ne rata pas le coup d'œil qu'il jeta aux fumeurs à l'extérieur lors de leur passage. Son petit doigt lui disait qu'il était aussi un amateur de clopes. Ce qui n'était pas son cas personnellement. À son avis, c'était un hobby qui coûtait plutôt cher en plus d'empester. Et avec un froid pareil, qui avait envie de se geler les miches? « Ça a l'air d'un logement sympa, c'est pas trop dégueu. » Le commentaire lui arracha un petit sourire en coin. Vrai que ce n'était pas trop crados, en effet. Probablement parce que ce logement n'était pas situé dans un immense centre-ville. De là où le rouquin venait, elle ne pouvait que s'imaginer de quoi aurait l'air un tel bloc appartement. Sûrement d'un truc à la dérive. Voyant que le chat sous son manteau s'agitait d'impatience, elle fit de son mieux pour camoufler ses miaulements. Elle connaissait le règlement et ne tenait pas à se faire expulser.  « T'as des mauvais voisins? Vont pas se plaindre pour un chat quand même. » Elle planta son regard dans le sien, retenant un commentaire au sujet de son niveau merdique de discrétion. Est-ce qu'il comptait crier le mot chat de nouveau? Parce qu'elle n'hésiterait pas à lui foutre un coup de pied sinon. D'un ton un peu sec, elle lui répondit une fois dans l’ascenseur. « Disons que j'ai déjà enfreint trop de règlements » Et oui, n'importe qui ici pouvait faire chier et râler au proprio sans raison. Elle avait fait rentrer plusieurs chiens et chats en douce et reçu plusieurs avertissements à ce sujet. C'était mal la connaître de penser qu'elle avait peur de ses voisins. Elle voulait juste prendre ses précautions au cas où. Elle aimait bien son logement oui et ne comptait pas partir.

« C'est cool, l'ascenseur, y'a pas ça partout. Si j'avais su que livrer des pizza ça rapportait assez pour se payer une piaule avec ça, j'aurais peut-être décidé d'en faire une carrière. » Le dévisageant quelques instants, elle finit par se laisser porter par son rire. Mace haussa ensuite les épaules, d'un air détaché. « Bienvenue en Oregon, là où les logements sont trois fois moins cher qu'ailleurs...» Parce qu'elle ne croyait pas être si bien payée à faire de la livraison de pizza non. Vrai qu'elle n'était pas à plaindre, parce qu'elle recevait plus que le salaire minimum et qu'il y avait les pourboires. Le couple d'amoureux appuya sur le niveau six, avant de s'embrasser de nouveau comme deux vampires assoiffés de sang. « C'est pas tes potes les autres en bas? » Hum, les fumeurs? « Ils aimeraient bien » Dès que les portes s'ouvrirent à nouveau, elle sortit la première dans le couloir beige où une série de portes brunes le décorait. « C'est juste des connaissances...» Le terme pote n'était donc pas bien choisi. Elle évitait de traîner avec eux en général, parce qu'elle ne les trouvait pas particulièrement intéressants. Glissant la clé dans sa serrure, elle ouvrit finalement, soupirant de soulagement. Home sweet home! La journée avait été longue. Le voisin du haut faisait une petite fête apparemment, on entendait le son de la musique et des éclats de rires. Ouvrant doucement son manteau, le chat lui bondit au visage, la faisant sursauter sur le coup. Il lui colla un puissant coup de griffe sous sa mâchoire, lacérant sa peau pour lui laisser une fine ligne rouge en guise de cadeau de remerciement. « Arrrgg fait chier merde! » L'amour vache des chats. Il prit la fuite en direction de la cuisine. Glissant une main contre la griffure, elle grogna avant de se tourner vers le rouquin comme si elle venait de se souvenir de sa présence. « Oh, fait comme chez toi » Elle fit quelques pas en direction de la cuisine, lui présentant son appart d'un geste du bras. « Salon, salle à manger, cuisine » Le tout dans une seule pièce. « Je connaissais la fille qui vivait ici avant moi, elle m'a laissé l'appart complètement meublé lorsqu'elle est partie vivre à New York pour ses études. J'ai vraiment été chanceuse... ma chambre est derrière cette porte et là-bas, c'est la salle de bain » Voyant que son cahier de dessin traînait sur la table de salon, elle fonça le récupérer comme si sa vie en dépendait. C'était tout comme un journal intime pour elle et il était absolument hors de question de lui révéler son contenu. Elle le glissa donc dans le tiroir, avant de retourner à la cuisine pour faire diversion. « T'as faim, soif? » Elle ouvrit le réfrigérateur, songeuse. Mouais bon. C'était pas très rempli.

Le regard qu'elle lui servit quand il fit allusion au chat voulait tout dire, nul besoin d'un traducteur pour en comprendre le sens; ta gueule. Compréhensible, mais injustifié selon Angel. Avait-elle peur que les deux amoureux aient porté attention à ce qu'il venait de dire? « T'inquiètes pas, ils nous écoutent pas, leurs langues sont tellement enfoncées loin dans l'autre, qu'ils doivent être proche de se défoncer les tympans de l'intérieur. » À cette remarque, il sentit néanmoins le regard des deux concernés se poser momentanément sur eux, ce à quoi il répondit d'un simple sourire, loin de se préoccuper de savoir s'il les avait froissé ou non. Puis, si eux s'accordaient le droit d'étaler leurs ébats amoureux en public, ça lui donnait bien le droit de dire ce qu'il en pensait publiquement aussi. Une logique qui lui avait souvent coûté les foudres de beaucoup de gens, mais en laquelle il croyait résolument. De toute façon, il n'a pas de temps à perdre à débattre avec les amoureux, ne leur accordant guère plus d'attention. Aux dires de la brunette, elle avait déjà enfreint trop de règlements. Baliverne. « Crois-moi, et ça vient d'un expert, y'a jamais trop de règles à enfreindre, je suis la preuve vivante. » S'il y avait eu une limite à la connerie, à coup sûr il en serait déjà mort. Il sourit, avant de se lancer dans son appréciation de l'ascenseur. Vachement cool selon lui, même si pour un riche ce n'était probablement pas grand chose. Le fait étant qu'il ne s'était juste pas encore habitué à l'idée d'être riche. « Bienvenue en Oregon, là où les logements sont trois fois moins cher qu'ailleurs...» Et y'avait ça aussi. Il n'y avait pas pensé. Peut-être que la pizza ça ne rapportait pas tant que ça finalement. Piouff, il avait bien fait de ne jamais devenir livreur alors. Quelle corvée quand même.

Son intérêt revint ensuite aux jeunes glandeurs qui se trouvaient en bas de l'immeuble, alors qu'il questionna Pizza Girl à savoir si c'étaient ses amis. « Ils aimeraient bien » Juste des connaissances alors. Trop dommage. Peut-être qu'elle ne les aimait pas, surtout s'ils étaient des snitches. Enfin, non pas qu'il avait quelque chose contre eux, étant lui-même pas mal doué pour balancer les autres, plus souvent par mégarde ceci dit. Il n'insista pas d'avantage, laissant la jeune femme prendre les devants jusqu'à son appartement, attendant sagement qu'elle ouvre pour la suivre à l'intérieur. Il s'arrêta cependant dans son mouvement au moment où elle se faisait agresser par le chat, qui lui balafra le menton d'un coup de griffe. Voilà pourquoi il se méfiait toujours des chats et considérait personnellement qu'ils étaient complètement overrated. Angel observa donc quelques secondes la ligne rouge se définir sur la peau de la jeune femme. « Ouh, c'est mauvais. J'ai entendu dire que y'a des gens qui meurent après avoir été scalpé par des chats. » Commentaire pertinent qu'il glissa juste avant de pivoter pour observer l'appartement d'un air appréciateur, suivant les indications de la brunette du regard. « Je connaissais la fille qui vivait ici avant moi, elle m'a laissé l'appart complètement meublé lorsqu'elle est partie vivre à New York pour ses études. J'ai vraiment été chanceuse... ma chambre est derrière cette porte et là-bas, c'est la salle de bain » Il hocha la tête, souriant. « Tight. » C'était en effet bien mieux que le dernier trou qu'il avait squatté avant de venir à Klamath Falls. Son attention se portant sur l'énorme canapé, il ne rata néanmoins pas l'urgence soudaine de Mace pour aller récupérer un cahier sur la table. « J'aurais pas lu ton journal, pas de stress, je suis civilisé. » Même s'il est permis d'en douter. À ses questions, il leva le sac qu'il tenait dans sa main. « J'ai tout ce qui faut. » Son diner ultra nutritionnel composé de bœuf jerky, chips, popcorn et autres cochonneries. Mais hey, au moins il a prit une bouteille de jus d'orange, sont santé les oranges. On ne pourra pas dire qu'il ne mange pas équilibré. Quoiqu'il devrait peut-être envisager de se mettre à manger des trucs de bourge maintenant, genre des gaufres, des sushis, des pâtes Alfredo et tout ça. « Mais je peux partager aussi si t'en veux, c'est l'heure de manger t'façon. » Minuit, c'est le midi des oiseaux de nuit. Il vida alors son butin sur la table du salon, pour lui montrer le contenu. « T'habitais où avant cet appart? » qu'il poursuivit tout en récupérant un emballage de jerky pour l'ouvrir.

Ce chat noir porte malheur la défigurait pour la punir de lui avoir épargné une longue nuit froide à l'extérieur. C'était totalement injustifié. Et douloureux. Cette saleté avait des griffes plus affûtées qu'un rasoir. Ce n'était pas le premier chat qu'elle tentait d'aider, mais assurément, celui-là était malcommode et sauvage. La brunette ignora ensuite le commentaire de L.A. Guy ne voyait pas comment un être humain pouvait mourir aussi bêtement. Les chats ne tuaient pas personne, à sa connaissance. Sauf s'ils avaient la rage peut-être. C'était toujours possible. Elle se dirigea vers la cuisine, dans le but de se laver les mains avec du savon et de nettoyer sa griffure en même temps. Elle devrait survivre. Son invité semblait plutôt charmé par son appart et elle-même se pinçait parfois parce qu'elle ne réalisait toujours pas son coup de chance. On lui avait même laissé la télévision. Les meubles devaient valoir une fortune, même si rien n'était composé de matériaux luxueux. Le canapé débordait un peu du côté de la salle à manger, mais elle ne l'échangerait pour rien au monde. Elle prenait ses repas dans le salon de toute manière. Voyant du coin de l'œil le chat rôder sur le comptoir, elle l'ignora pour le moment, récupérant son cahier à dessin dans un mouvement rapide qui n'échappa pas au rouquin. « J'aurais pas lu ton journal, pas de stress, je suis civilisé. » Ah mais ça n'avait rien d'un journal, mais c'était intime oui. Pas question qu'il se rince l'œil sur ses dessins. C'était juste du gribouillage de toute façon, elle n'avait pas le statut d'artiste ou truc de ce genre-là. Une fois le cahier en sécurité, elle leva les yeux vers ses provisions du dépanneur. « Je vais me faire des ramens, mais merci » Le plat de pauvre par excellence. C'était toujours meilleur à minuit, pour une raison obscure. Elle fit donc chauffer de l'eau, récupérant un bol pour y déposer le sachet de nouille.

« T'es clairement un oiseau de nuit de toi » Ce n'était pas pour le juger, simple constatation. Elle étira un petit sourire en coin, avant de prendre l'enveloppe de popcorn. Ah, bon choix ça. Elle l'ouvrit pour ensuite le déposer dans le micronde. Elle programma un deux minutes avant d'appuyer sur start. S'appuyant dos au comptoir, elle l'observa ouvrir son sac de jerky. Autant, elle le trouvait bizarre, auant il ressemblait à n'importe quel jeune de son immeuble. Il pourrait être un voisin, carrément. Son profil correspondait. « T'habitais où avant cet appart? » Woooh. Elle fronça légèrement les sourcils, avant de répliquer. « J'peux savoir ton nom avant qu'on parle de ma vie? » Bha quoi, c'était un minimum, non? Croisant les bras contre sa poitrine, elle planta son regard dans le sien. « Moi c'est Mace, en passant » Ou Mason ou MC ou whatever. Elle se fichait un peu des surnoms qu'on lui donnait, tant que ce n'était pas péjoratif ou de très mauvais goût. Genre la pauvre, la crottée ou conneries du genre. Elle le laissa ensuite répondre, avant de verser son eau chaude dans son bol de ramen. Elle mélangea un peu le tout à l'aide d'une fourchette. Les nouilles mettaient toujours 2 ou 3 minutes pour ramollir parfaitement. Bien qu'elle avait l'air d'une fille plutôt sociale en apparence, elle n'aimait jamais parler d'elle. Qu'est-ce qu'il y avait d'intéressant à raconter de toute manière? Sa vie n'était pas palpitante du tout. Elle n'était personne, voilà. Mace essayait quand même de réfléchir à la question, optant pour la strique vérité, sans embellir quoi que ce soit. « Avant ici, j'étais un peu nulle part... j'ai habité un an chez des amis, un peu partout » Pas de logement non, juste de la colocation si on peut dire ça ainsi. La brunette haussa les épaules avant d'ouvrir la porte du micronde qui sonnait pour prévenir que le popcorn était prêt. Miam, ça sentait tellement bon! Elle risquait de lui en voler oui. Récupérant ses ramens, elle s'installa ensuite dans le canapé pour être plus confortable et poursuivre la conversation. « J'ai pas de famille so... et toi alors? » Elle prit une bouchée, grimaçant parce que c'était beaucoup trop brûlant encore. Oh well. « C'quoi ton histoire? » Elle en apprendrait peut-être un peu plus sur lui. Est-ce qu'il vivait seul depuis longtemps? Avait-il des amis, des frères et sœurs? Un grand-père qu'il aimait ou une mère décédée? Elle avait déjà entendu tout de sorte de drame.

« T'es clairement un oiseau de nuit de toi » Et ça ne faisait aucun doute, son level d'énergie était toujours décuplé durant la nuit, et ce même s'il restait assez haut durant la journée aussi. Angel était du genre survolté, il arrêtait rarement, n'avait pas besoin de beaucoup de sommeil pour fonctionner, à un point où il devenait parfois stressant et énervant pour les autres. Pour lui même parfois aussi, parce qu'il s'ennuyait très rapidement. Peut-être la raison pour laquelle il était généralement toujours entre deux conneries, faut dire que c'était sa principale occupation à LA, il n'avait jamais eu le loisir de s'en payer beaucoup d'autres. Ce qui n'était plus le cas maintenant. Il s'était d'ailleurs fait une longue liste de truc à commander pour mettre un peu d'action dans la morne maison de sa grand-mère; une console avec des jeux, une guitare électrique avec un ampli, et plein d'autres trucs plus ou moins inutiles. Bref, il s'était bien gâté, mais en attendant que tout ça arrive, il se faisait un peu chier. Heureusement Pizza girl avait croisé son chemin et l'avait sauvé de retourner dans sa grotte de l'emmerdement. Cette dernière déclina d'ailleurs son offre de partager son snack, se tournant plutôt vers des ramens. Trop! Il aurait du penser à s'en acheter de ça aussi. Il mordit plutôt dans son jerky avant de questionner Mace, qui s'était chargé de mettre un popcorn au micro-onde. « J'peux savoir ton nom avant qu'on parle de ma vie? » Fair enough. Il n'avait pas réalisé qu'il ne s'était pas encore présenté lui-même. Décidément les banalités d'usage ce n'était pas sa force. « Moi c'est Mace, en passant » Il avait donc bien entendu. Le jeune homme sourit aussitôt, répondant entre deux bouchées. « Moi c'est Angel, pour la ville tu sais? Los Angeles. Ma mère était une originale. C'était plutôt chiant tho, les gens avaient l'air de penser que c'était un mauvais choix. Mais hey, est-ce que ma mère a déjà fait autre chose que des mauvais choix? » C'était peu dire. Même pour son nom elle ne s'était pas forcé, alors imaginez pour le reste. Connasse. Il rigola d'ailleurs à sa propre blague.

« Avant ici, j'étais un peu nulle part... j'ai habité un an chez des amis, un peu partout » Instantanément son visage s'éclaira, satisfait de la réponse. « Dope! C'est la même pour moi, je vivais un peu partout, chez des gens et tout. » Chez des amis, des ennemis, des inconnus, au poste de police. Est-ce qu'elle était comme lui, une professionnelle du squattage? Continuant de grignoter ses cochonneries, il l'observa quand elle le rejoint sur le canapé. Elle n'était pas si facile à déchiffrer cette fille, pas très bavarde, mais il s'était déjà frotté à plus fermé que ça, il n'allait pas se décourager. « J'ai pas de famille so... et toi alors? » Trop cool! Enfin, pas le fait qu'elle n'aie pas de famille, c'était surement dommage, mais le fait qu'ils avaient un autre point en commun. Il balaya d'ailleurs d'un geste. « J'ai pas de famille non plus. Jamais vu mon père, ma mère, elle est juste disparue, genre alien disparition, un jour pouff plus là. Et hmm...ma grand-mère est morte...apparemment. C'est pas grave, je la connaissais pas. » Il haussa les épaules, récupérant une poignée de popcorn. « J'avais besoin de personne de t'façon, je me débrouille depuis toujours. » Comme un cafard, à tout épreuve. Il avait quand même très souvent mordu la poussière, bien morflé, sa vie était loin d'être toute rose et contrairement à ce qu'il laissait entendre, ce n'était pas qu'une partie de plaisir non plus. Il n'était cependant pas du genre à raconter les mauvais passages, préférant faire croire que c'était la rigolade d'un bout à l'autre de son histoire. Il ne pensait pas que c'était mentir de simplement embellir son histoire. Personne, de toute façon, avait envie d'entendre les malheurs d'un gamin de Downtown Los Angeles. Ça n'avait jamais intéressé personne avant, ça n'allait intéresser personne maintenant non plus. Alors autant raconter la version que les gens aimaient entendre, celle où il s'amusait, libre et sans attache.

Angel, Los Angeles... Okaaaay. On ne choisit pas son prénom, mais lui au moins avait une histoire à raconter derrière. Dans son cas, elle portait juste un nom de mec comme si sa mère n'avait pas réalisé qu'elle venait d'accoucher d'une fille. Maddison aurait fait l'affaire, non? Bref. Il semblait plutôt ouvert à parler de sa mère et dieu sait que ce n'était pas son cas à elle. On l'avait donné à une famille d’accueil à l'âge de 3 ans tel un chat de SPCA. Pas la mère de l'année non. Alcoolique en plus, de ce qu'elle avait réussi à savoir avec le temps. D’ailleurs, Cohen était son nom de famille à elle, parce que le paternel était tout bonnement inconnu. (un coup d'un soir). C'était leur seul point commun donc. Au moins, Angel avait l'air de prendre cette histoire à la légère. Elle ne saurait pas dire pourquoi, mais ça lui plaisait bien. Il ne s’apitoyait pas sur ses problèmes ou ses difficultés. Il était au-dessus de ça. Hum. La brunette lui révéla donc qu'elle avait passé un an à habiter un peu partout, principalement chez des amis. « Dope! C'est la même pour moi, je vivais un peu partout, chez des gens et tout. » Ah oui? Elle étira un petit sourire, avant de brasser un peu ses ramens. Là-dessus, elle ne pouvait pas le juger. Quand la vie ne nous laisse pas d'autres choix, il faut savoir survivre et trouver des solutions. La colocation ne la dérangeait pas tant, mais elle avait tout de même sauter sur l’opportunité de vivre ici. Une des raisons majeures de ce pourquoi elle ne voulait pas perdre son emploi. Pas de pizza à livrer, pas d'argent. Bref. Des nouilles chaudes plein la bouche, elle écoute la suite de son histoire d'une oreille attentive. « J'ai pas de famille non plus. Jamais vu mon père, ma mère, elle est juste disparue, genre alien disparition, un jour pouff plus là. Et hmm...ma grand-mère est morte...apparemment. C'est pas grave, je la connaissais pas. » Too much information. Mace leva les yeux dans sa direction, sans trop savoir quoi répondre. « T'as dit...un alien a kidnappé ta mère? » Elle rigola. Well. C'était absurde! Si elle avait disparu, les aliens ne devaient pas y être pour quelque chose. Dans tous les cas, ce portrait de famille était vraiment quelque chose. Digne d'un film d'Hollywood ou presque.

Vrai qu'elle se débrouillait également seule sans problème. Ou presque. Parce que des problèmes, elle en avait eu plusieurs et en avait encore à ce jour. Elle ignorait s'il s'agissait de maladresse de sa part ou tout bonnement de la malchance. Peut-être faisait-elle juste de mauvais choix, agissant parfois sans réfléchir aux conséquences. Est-ce que c'était aussi le cas d'Angel? Elle l'ignorait, mais elle pouvait toujours tenter de lui demander. Terminant son bol de ramens, elle le posa ensuite sur la table basse. « Si t'es du genre à briser les règles, fait gaffe, ici la police n'a rien de mieux à faire que de courir après toi. J'en sais quelque chose » Elle ignorait de quoi avec l'air les flics de Los Angeles, mais ils étaient certainement plus occupés que ceux d'ici. Voyant qu'elle avait capté son attention, elle poursuivit. « Une fois j'ai été arrêté pour vandalisme, alors que je peinturais la façade d'un bâtiment totalement abandonné... j'ai été accusé de vol aussi, parce que j'ai sauvé un chien d'un propriétaire qui le battait et l'enchaînait dehors... une fois j'ai même trouvé une arme dans une poubelle et directe on m'a choppé. » Bref, sans parler des tickets qui coûtaient une fortune à payer, c'était vraiment la merde. Elle plongea une main dans le sac de popcorn, lui laissant ensuite la parole. Oh elle avait aussi été arrêtée pour avoir entré par effraction sur un lieu privé, aka un lieu réservé aux riches oui. Elle réussissait toujours à bien s'en tirer, mais elle était connue des flics. Surtout ceux au bas de l'échelle qui devait s'occuper des petits cas sans trop d'importance. C'était frustrant par moment, ce pourquoi on l'avait aussi puni pour langage inapproprié sur un agent de la paix. Truc de con. Tout le monde était libre d'envoyer chier qui il voulait. Les flics n'étaient pas des rois non plus. Ils inventaient des lois. « Le pire c'est que je comprend même pas comment une aussi petite ville peut être aussi divisé entre les riches et la classe moyenne. J'te jure, y'a des millionnaires ici » Ne devraient-ils pas être à L.A.? La Californie, c'était bien connu pour son côté luxueux non? Qu'est-ce qu'ils foutaient dans l'coin? À part faire chier tout le monde avec leur argent. C'était bien ce qu'elle détestait le plus au sujet de cette ville.

Il flotte sur un nuage Angel, comme il l'a toujours fait. Dans sa bouche, même la pire histoire d'horreur peut avoir l'air presque agréable. On se demande parfois si c'est normal, s'il n'est pas juste complètement déconnecté de la réalité, s'il ne lui manque pas quelques cases là-haut. On pourrait dire qu'il s'est cogné la tête un peu trop souvent ou que la drogue qu'il a prit à plusieurs occasions lui a peut-être abimée les circuits, mais qu'importe, il s'en fiche bien. Cet univers libre d'entrave, de doute et d'inquiétude, il se l'est créé il y a bien longtemps et il n'a absolument pas envie d'en sortir, même maintenant qu'il est adulte et qu'on pourrait lui répliquer qu'il est temps qu'il se réveille, qu'il grow up. Fuck them all qu'il répondra, à ceux qui ne l'aiment pas, à ceux qui jugent. Il aimerait bien les voir  essayer de faire mieux s'ils avaient été dans sa situation à lui. « T'as dit...un alien a kidnappé ta mère? » Elle rigola et il en fit autant. Non, ce n'est pas vraiment la version à laquelle il croit, mais faut avouer que c'est de loin l'explication la plus cool. « Well...je sais pas pour les aliens, je les ai pas vu mais...comment quelqu'un peut juste disparaitre d'un coup comme ça sinon hein? » Puis c'est plus marrant d'imaginer sa mère se faire kidnapper par des petits bonhommes verts que de penser qu'elle est soit parti d'elle-même pour ne plus avoir à s'occuper de lui, ou elle a été tué et personne de la retrouvera jamais. Ce qui est fort possible, dans les deux cas.

Mace poursuivit en l'avertissant de faire gaffe avec la police de cette ville, appuyant son point avec des exemples de sa propre expérience. Angel l'écoute attentivement avant de rouler les yeux d'un air presque découragé, les flics, ces gros casseurs de plaisir quand même. « Vos poulets sont grave effaces ouais, c'est dingue. J'ai presque été arrêté dans ma première semaine ici. Il a cru que j'étais un voleur...» Incroyable, non? «...enfin, il avait pas complètement tord, j'ai volé beaucoup de trucs dans ma vie, même si je crois pas vraiment au concept de voler. C'est trop dramatique. Je le vois plus comme une forme de justice. Et anyway, un crime est un crime seulement si tu te fais prendre, autrement c'est juste...fair game, c'est pas de notre faute si on est plus malin que les autres. » Des excuses, est-ce qu'on a déjà établi qu'Angel a des excuses pour absolument tout? Mais hey, il est content d'apprendre que la jeune femme a aussi ses déboires avec les autorités, décidément ils ont des tonnes de points en communs. Leur rencontre, ça devait être le destin. « Je veux pas que tu sois jalouse, mais à LA...surtout dans mon quartier...les graffitis et les chiens volés, les flics ils ont même pas le temps de s'en préoccuper, tu peux littéralement le faire sous leur nez. Les armes tho, ils aiment pas ça, ça les rend nerveux je crois. » Du genre, vaut mieux éviter si on veut pas se prendre une balle et finir dans un sac mortuaire avec les autres voyous de la ville. Ils ont la gâchette facile, surtout avec les pauvres dont personne ne se préoccupent. « Le pire c'est que je comprend même pas comment une aussi petite ville peut être aussi divisé entre les riches et la classe moyenne. J'te jure, y'a des millionnaires ici » Angel hausse légèrement les épaules d'un air de fatalité. « Oh y'a rien à faire pour ça, c'est pareil partout. Y'a plus de pauvres à LA que de riches, mais les riches sont super-duper riches et les pauvres sont vraiment vraiment pauvres. Ça a l'air plus balancé ici quand même.» Pour ce qu'il a pu en voir du moins. Il étire ensuite un sourire malin, ajoutant; « Mon truc...être ami les poulets, toujours mieux de les avoir dans son camp. Je peux pas dire que c'est un succès total, mais je travaille toujours là-dessus. Heureusement, je suis plutôt charmeur. » Et heureusement, personne n'est en mesure de contacter les flics de LA pour vérifier cette frauduleuse déclaration. Bon, on ne le détestait pas complètement, mais de là à dire que les policiers l’appréciaient c'était beurrer un peu épais.

Décidément, il avait une vie un peu bizarre, pour ce qui était de son portrait de famille en tout cas. À son avis, sa mère c'était peut-être juste barré. La sienne avait fait quelque chose de ce genre-là aussi. Elle ne savait pas plus où elle se trouvait et si elle avait arrêté l'alcool et autres trucs nocifs pour la santé. Depuis la première fois qu'elle l'avait croisé, elle avait tout de suite senti qu'il serait du genre à s'attirer des problèmes. Un peu comme elle, en quelque sorte. Elle se considérait comme une éternelle cible des flics, ce pourquoi elle préféra l'avertir sur le sujet. S'il pouvait s'éviter de les avoir sur le dos, ce serait un bon début. Qui sait, il aurait peut-être plus de chance qu'elle. « Vos poulets sont grave effaces ouais, c'est dingue. J'ai presque été arrêté dans ma première semaine ici. Il a cru que j'étais un voleur...» La brunette hocha la tête. Ah bha voilà, il confirmait ses doutes. La police était beaucoup trop intense, elle n'avait jamais compris pourquoi exactement. Peut-être une histoire de réputation à tenir. Elle ne les supportait pas la majorité du temps et ne manquait pas de se montrer effrontée avec eux. Son explication la fit sourire ensuite. Elle ne savait pas si elle était entièrement d'accord avec tout ça, mais vrai que tant qu'on ne se faisait pas prendre... « Ouais, si on veut. J'ai pas eu beaucoup de chance jusqu'ici, à croire qu'ils me traquent » Carrément. Elle préférait ne pas y penser, ce serait trop catastrophique. Elle avait sans doute cette impression parce qu'elle vivait ici depuis toujours, contrairement à lui fraîchement débarqué. « Je veux pas que tu sois jalouse, mais à LA...surtout dans mon quartier...les graffitis et les chiens volés, les flics ils ont même pas le temps de s'en préoccuper ...» Han! Mais elle était jalouse oui! La chance, elle aimerait bien que ce soit comme ça ici. « Si seulement... » Elle afficha un air emmerdé, avant de manger un peu de popcorn. « Et c'est de l'art, pas des graffitis » Ça sonnait tout de suite plus classe, non? Elle haussa les épaules, poursuivant ensuite. « Et j'ai pas d'arme, j'en ai trouvé une par hasard et tout de suite, ils se sont imaginés que j'allais flinguer tout le monde comme une tarée...» Les flics et leur putain d'imagination fertile oui. Ça les rendait beaucoup trop nerveux, en effet. Sale histoire.

« J'sais pas si c'est plus balancé, mais y'a des endroits qui nous sont carrément interdits d'accès. Je trouve ça injuste » C'était tout comme mettre une affiche qui disait « Les pauvres ne sont pas les bienvenues ». Discriminatoire. Ils méritaient juste qu'on leur gâche leurs petits lieux secrets qui puaient sûrement le luxe. C'était pile ce genre de chose qui la fâchait. La classe moyenne ne refusait pas l'accès à personne, elle au moins. Donc pourquoi eux? Powertrip oui. Lorsqu'il lui donna son truc, Mace arqua un sourcil, l'air pas du tout convaincu de sa méthode. « Être amis avec eux? » Est-ce qu'elle l'avait déjà essayé? Pas vraiment. Elle avait tenté la carte de la pauvre petite fille qui fait pitié, mais à son âge, ça ne fonctionnait plus vraiment. Et puis elle avait trop de caractère pour ça. « Good for you si ça fonctionne, tu m'en donneras des nouvelles une fois que tu le testeras avec les flics du coin » On sait jamais, il était peut-être réellement doué, même si elle se permettait d'en douter. Niveau charmeur, elle avait déjà vu mieux. En tout cas, il n'avait pas la gueule de Don Juan, même avec le prénom Angel. Est-ce qu'il lavait ses cheveux? Bref. Elle récupéra son téléphone portable, afin de lui montrer une photo de son fameux graffiti. « Tiens regarde, c'était que ça...» Sur la photo, on voyait un loup en mouvement, près à bondir. Elle avait utilisé du noir, du blanc, du gris et du jaune. « J'ai raté la patte arrière, je m'entraîne pas assez » Parce que dans son cahier de dessin, c'était beaucoup plus facile que la peinture mural. Elle lui trouvait quand même un air badass. « Ils l'ont effacé, sûrement plus pour me punir » Elle reprit son téléphone avant de soupirer. Trop de rancœur brûlait en elle tisser des faux liens d'amitié. Faire semblant n'était pas trop son truc non plus. « Tu comptes faire quoi maintenant? Trouver un job, te refaire une vie? Est-ce que t'as un plan? » Bonne question, non? Après tout, c'était légitime de le demander. Elle l’hébergeait tout de même pour la nuit. Le chat rescapé bondit sur le canapé, comme s'il réalisait soudainement qu'il avait besoin d'attention. Il miaula plusieurs fois, avant de fourrer sa tête dans le sac de popcorn. « Hey oh! Pas touche! » Elle le repoussa aussitôt, ne voulant pas qu'il s'étouffe ou truc du genre. On ne sait jamais, ça ne devait pas être bon pour lui. Mace se leva donc, faisant signe au chat de la suivre dans la cuisine. Elle ouvrit une canne de thon et la déposa au sol. L'animal se jeta dessus comme si sa vie en dépendait.

Les flics, les flics, Angel il aurait des heures d'histoire à raconter à leur sujet, ils ont toujours été dans sa vie, d'aussi loin qu'il se rappelle. Peut-être même que s'il faisait le décompte, il pourrait conclure qu'il a passé plus de temps en leur compagnie qu'en compagnie de sa propre mère. C'est peut-être pour ça qu'il les aime bien au fond, même s'ils ne lui ont jamais fait de fleur, ils ont toujours été là pour lui, d'une certaine façon, quand personne d'autre ne l'était. Il ne leur tient certainement pas rigueur de l'avoir déjà arrêté et balancé dans une cellule. Peut-être qu'ils le faisaient pour sa sécurité ou pour le punir, mais au moins, dans les deux cas, c'était la preuve qu'ils se souciaient un minimum de son existence. « Et c'est de l'art, pas des graffitis » That's the spirit. Il hoche la tête d'un air approbateur. Sur ce point, il est entièrement d'accord. Les graffitis sont de l'art. Pas son art à lui par contre, il a certes déjà essayé d'en faire quand il était encore ado, mais il a vite abandonné l'idée. Il n'est pas un artiste, sauf si être un parasite est considéré comme un art aussi. « Et j'ai pas d'arme, j'en ai trouvé une par hasard et tout de suite, ils se sont imaginés que j'allais flinguer tout le monde comme une tarée...» Fort possible. « J'en ai pas non plus...pas que je sache. » Faut dire, il n'a pas fouillé l'entièreté des possessions de sa grand-mère. Peut-être qu'elle a un revolver ou une carabine caché quelque part dans la maison, après tout, ils sont aux USA, ce ne serait pas surprenant. Il devra faire le ménage un jour ou l'autre, il le sait, mais ça lui semble être une corvée et dieu sait qu'il n'aime pas les corvées.

« J'sais pas si c'est plus balancé, mais y'a des endroits qui nous sont carrément interdits d'accès. Je trouve ça injuste » En effet, il n'a aucun mal à croire que des endroits leur soient interdits, même si du coup, maintenant qu'il a du fric, il peut probablement allé partout, non? Ce sera à tester aussi. Angel récupère une poignée de popcorn, mâchant le tout d'un air de réflexion avant d'élaborer sur sa technique qui consiste à amadouer les policiers. Pas un succès total qu'il dit, pour ne pas dire loin d'être un succès. Aucun d'eux ne s'est jamais montré terriblement amical envers lui, il doit bien l'admettre, mais ils n'ont jamais été particulièrement méchant non plus et lui ont quand même laissé beaucoup de chances. Il en conclut donc que ça fonctionne, jusqu'à un certaine point. « Good for you si ça fonctionne, tu m'en donneras des nouvelles une fois que tu le testeras avec les flics du coin » Il hocha la tête d'un air entendu. « Oh j'y travaille, je te laisserai savoir ouais. » Il a déjà ciblé son sujet test, ce flic qui l'a presque arrêté par erreur. Il trouvera bien une façon de tomber dans ses bonnes grâces. La brunette lui montre ensuite la photo du graffiti qui lui avait valu une arrestation. Angel l'observa donc avec curiosité, haussant les sourcils, presque étonné. « Jeez, c'est vraiment beau. T'es vraiment douée. » Et c'est totalement honnête, quand elle parlait de graffiti, il pensait plutôt aux bons vieux tag pratiquement illisibles. « Ils l'ont effacé, sûrement plus pour me punir » Du gaspillage de talent oui. « Shame. » Autant il peut les apprécier, autant il ne nie pas que les policiers sont les pires rabats-joies ever. « Tu comptes faire quoi maintenant? Trouver un job, te refaire une vie? Est-ce que t'as un plan? » Ohlala, la question qui tue maintenant. Qu'est-ce qu'il a l'intention de faire? Si seulement il le savait. Il hausse d'ailleurs platement les épaules, observant le chat faire son caprice de chat. « Hmm...je sais pas encore. Je vais pas travailler, c'est certain, j'ai jamais travaillé, je saurai même pas où commencer. » C'est trop pénible pour lui, il n'aime pas quand c'est pénible. « Je suppose que je vais faire comme à LA, ou presque...je suis plus genre...free spirit, j'aime pas trop les responsabilités. » Il n'a plus besoin de vivre en squatteur ceci dit, ni d'abuser de la générosité des autres pour survivre. Il va devoir s'adapter certainement. Ça lui fait quand même bizarre de penser qu'il peut juste s'acheter ce qu'il veut maintenant, sans même avoir besoin de se casser la tête. Oh mon dieu, il va s'emmerder à mourir oui! Élaborer ses stratégies de survie, ça occupait quand même une grand majorité de son temps avant. Le reste, il le passait à faire la fête et ça aussi. ça n'a pas l'air aussi présent qu'à LA. « Je vais devoir me trouver des activités je crois. » Comme quoi? Qu'est-ce qu'il pourrait bien faire en Oregon? Rien à l'extérieur en tout cas, pas tant que ce sera l'hiver. « Si t'as des suggestions, je suis preneur. »

Elle hésitait toujours à montrer des photos ou des exemples de ce qu'elle était capable de dessiner et de peinturer. Ça ne lui venait pas naturellement, comme si c'était un truc trop personnel pour être présenté à quelqu'un. Heureusement, L.A. Guy était sympa et comme c'était venu sur le sujet, elle s'était laissé aller et lui avait montré la photo qu'elle avait prise juste avant son arrestation. Sa réaction la rassura aussi, il semblait sincère et honnête. « Thanks » Elle pouvait faire mieux encore, parce que c'était plus difficile le grand format que le petit format sur papier qu'elle utilisait majoritairement. Et puis il y avait les bombes de peinture à manier correctement. L'aérosol était plus compliqué que le crayon. Bref, elle changea plutôt de sujet par la suite pour lui demander ce qu'il comptait faire maintenant qu'il s'était installé dans le coin. Du genre avoir un job ou un plan, peu importe ce que c'était, elle ne le demandait pas pour le juger. Voyant que le chat rescapé semblait mourir de faim, elle retourna à la cuisine pour lui filer de quoi se remplir l'estomac. Lui caressant ensuite le dos, la brunette récupéra deux bières qui traînaient dans son réfrigérateur, avant de retourner au salon. Elle les déposa sur la table basse, écoutant attentivement la réponse du rouquin. « Hmm...je sais pas encore. Je vais pas travailler, c'est certain, j'ai jamais travaillé, je saurai même pas où commencer. » Vrai que ce pouvait être déroutant de trouver du travail, mais il n'avait jamais eu de petits jobs faciles? Pas une fois? Bizarre. Elle prit une gorgée, voyant ce qu'il voulait dire par free spirit. Ce n'était pas si rare que ça, même si elle en connaissait peu. Vivre de rien et faire sa vie. Ça ne l'avait jamais attiré, parce qu'elle aimait quand même avoir un toit sur sa tête et assez d'argent pour manger et se vêtir, la base quoi. C'était déjà peu, elle s'imaginait mal avoir moins que ça encore. Il y avait bien un type en ville qui vivait dans sa voiture, par exemple, et même encore là, c'était trop inconfortable à son goût pour songer à adopter ce style de vie. Si c'était ce que lui souhaitait, il pouvait toujours l'essayer ou faire comme il faisait depuis toujours oui.

« Humm je vois. Mais si tu as besoin d'un job, je peux t'aider. Je sais où ils engagent sans expérience ni rien... prend le temps d'y réfléchir si tu veux » Pour le reste, ça ne la regardait pas. Elle ne comptait pas le forcer anyway. Là-dessus, elle était catégorique. Tout le monde était libre de vivre comme il l'entendait. Elle espérait juste qu'il ne s'attire pas trop de problème sérieux. « Je vais devoir me trouver des activités je crois. » Mason étira un petit sourire amusé avant de poser sa bière sur la table basse. « Ouaip » D'ailleurs, elle ne savait pas trop ce qui l'intéressait. Est-ce qu'il était sportif ou pas du tout? Est-ce qu'il aimait fabriquer des trucs ou collectionner je ne sais pas quoi. « Si t'as des suggestions, je suis preneur. » Elle haussa aussitôt les épaules. « Je sais pas moi, je connais pas tellement tes intérêts... tout ce que je sais, c'est que quand je m'emmerde et que je tourne en rond, ça finit rarement bien pour moi » C'était comme si avoir trop de temps libre, la poussait directement dans la mauvaise direction. C'était difficile à expliquer, mais elle se ramassait souvent à faire des conneries ou élaborer des plans stupides. « ...ça fait de bonnes histoires à raconter mais bref » Elle ne tenait pas non plus à l'encourager dans cette direction. Elle prit le temps d'y réfléchir plus sérieusement pendant quelques secondes. « Humm, tu pourrais faire partie d'un club ou juste... bouger, t'entraîner, faire du bénévolat » Elle lui sourit mesquinement avant de poursuivre. « Sauf que t'as plutôt la gueule à chercher des ennuis, alors me demande pas mon avis » C'était clairement pas "faire du bénévolat" qu'il souhaitait entendre et elle s'en doutait bien. « Va cluber, visiter tous les bars de la ville, te trouver une petite amie...» Est-ce que là c'était mieux? Fouillant dans le fond du sac de popcorn, elle récupéra ce qu'il en restait. Ouais bon, elle n'était pas un guide touristique non plus, il n'avait qu'à explorer le coin et puis voilà. Ça l'occuperait pendant un certain temps. Sans doute finirait-il par se faire quelques potes également. Ou alors il pouvait se chercher un logement, mais s'il n'était pas fan des responsabilités, elle ne pensait pas qu'il s'en préoccuperait. Le voisin au-dessus d'elle monta le volume de sa musique et en guise de réponse, elle alluma la télévision. Whatever, elle était habituée au bruit. « Si t'es en mesure de me dénicher un prochain mur à peinturer, hors de la porté des flics, tu me le noteras. J'ai en tête un truc grand, pour faire fiter un dinosaure avec un genre de paysage de ville derrière... surement le pont le San Francisco, truc du genre... j'ai pas fini le dessin encore et le mur de ma chambre est trop petit » Parce que sa chambre, c'était quelque chose. Les 4 murs étaient entièrement recouverts de feutre sharpie. Elle avait tout dessiné à la main, au gré de son humeur. D'un côté, il y avait un genre de montagne avec des oiseaux de proie en plein vol, au fond de la chambre une sirène avec une scène sous-marine, poissons et etc, un mur en noir et blanc uniquement qu'elle n'avait pas terminé, représentant un genre de bataille médiéval et finalement, un portrait avec des animaux en tout genre, principalement des chiens, des chats, des oiseaux, quelques lézards... Bref. Il lui manquait encore le plafond à couvrir, mais c'était vraiment chiant niveau position de travail. Voilà comment elle tuait son temps libre.

Travailler. On peut dire que c'est le truc le plus humainement ordinaire qui existe. Tout le monde travaille, personne y échappe, ou presque. C'est la base de tout, c'est la seule façon de vivre, du moins c'est l'idée vendue par la société depuis toujours. Sauf qu'Angel lui, il a toujours contourné les règles, trouver une façon de profiter du système plutôt que d'y contribuer. Pas besoin de travailler quand on sait comment hacker la société. On peut presque dire qu'il n'est même pas dans le système en fait. Il n'a jamais eu grand chose à son nom, pas de crédit, pas de compte bancaire, il est pratiquement intraçable, et si ce n'était de son certificat de naissance, de son téléphone et de son dossier judiciaire, il aurait pu se venter d'être un fantôme. Bon évidemment, tout ça c'est du passé maintenant, en héritant de sa grand-mère, il n'a pas eu le choix de s'enregistrer dans les institutions. Il a tout le tralala maintenant, mais toujours pas de job. Il en veut toujours pas. Oh il comprend bien le principe que si l'argent fait que sortir et qu'elle n'entre jamais, elle va disparaitre, mais il s'en fiche un peu. Dans le pire des cas, ce sera quoi? Il va se retrouver à la rue sans le sous? Rien qu'il ne connait pas déjà. L'argent n'est donc pas un souci, avec ou sans. Autant dire que trouver du travaille ne fait donc pas parti de sa to do list. Ceci dit, c'est quand même gentil de la part de Mace de proposer son aide le cas échéant. Se trouver des activités lui semble une solution plus appropriée. À LA, il n'a jamais manqué d'idée, mais ici, c'est autre chose, sans soleil chaud, sans l'action incessante d'une méga ville. . « Je sais pas moi, je connais pas tellement tes intérêts... tout ce que je sais, c'est que quand je m'emmerde et que je tourne en rond, ça finit rarement bien pour moi » Il sourit, hochant la tête d'un air approbateur. Il connait aussi Angel. « Yah, c'est un peu l'histoire d'ma vie aussi. » Des problèmes, des problèmes, il a toujours fait que s'attirer des problèmes. Heureusement qu'il sait comment s'en sortir lui-même, sinon, dieu sait où il serait aujourd'hui. En tôle peut-être, ou enterré dans le désert quelque part.

« Humm, tu pourrais faire partie d'un club ou juste... bouger, t'entraîner, faire du bénévolat » Du bénévoquoi? L'idée suffit presque à lui refiler un frisson d'horreur. Travailler déjà, non merci, mais travailler gratuitement en plus? Faut être teubé pour ça. Non pas qu'il ait quelque chose contre les bénévoles, il a lui même déjà abusé de leur générosité, un peu trop souvent peut-être même, mais ce n'est pas pour lui. « Sauf que t'as plutôt la gueule à chercher des ennuis, alors me demande pas mon avis » Pourquoi tout le monde trouve qu'il a une tête d'emmerdeur? Est-ce que c'est si évident? Parfois il a presque l'impression que c'est écrit au milieu de son front.  « Va cluber, visiter tous les bars de la ville, te trouver une petite amie...» Yep, yep, yep. Il ricane légèrement. « Je vais faire ça ouais. Je sais pas dans quel ordre tho. Pas sûr pour la petite-amie non plus, c'est toujours trop compliqué.» Les relations, pas sa force. Puis, y'a tous les trucs qu'il s'est commandé qui finiront bien par arriver aussi, ça l'occupera un moment. Même si franchement, il n'a jamais été du genre sédentaire, impossible de savoir combien de temps il tiendra dans sa maison avant d'en être complètement lassé. Il va devoir se trouver des bêtises à faire surtout, des gens à emmerder. « Si t'es en mesure de me dénicher un prochain mur à peinturer, hors de la porté des flics, tu me le noteras. J'ai en tête un truc grand, pour faire fiter un dinosaure avec un genre de paysage de ville derrière... surement le pont le San Francisco, truc du genre... j'ai pas fini le dessin encore et le mur de ma chambre est trop petit » Il plisse légèrement les yeux d'un air de réflexion, hochant la tête. « Ok...je peux trouver ça. C'est un bon plan, ce serait vraiment cool. Je pourrai venir avec toi, monter la garde pour les flics, si tu veux. » Du vandalisme, parfait pour le distraire et totalement dans ses cordes. Puis, il va devoir tester la température avec les flics tôt ou tard, question de savoir à quoi s'attendre, il ne peut plus se baser uniquement sur ce qu'il connait de la police de LA. Il réfléchit un instant, jetant un regard en direction de la télé, puis étire un sourire. « Je crois qu'on va bien s'amuser, y'a peut-être du potentiel dans cette ville au fond. » Outre le fait que c'est l'Oregon et qu'il fait froid. Sauf que le printemps arrivera bien et l'été et là, ce sera la fête. « Les gens ont l'air plutôt uptight en plus, surtout du côté de vos riches, on trouvera bien du monde à troller. » Pas pour être désagréable, juste pour s'amuser.