Trust me, it's much better that we leave it at that w/ Vicky #7

Vendredi 12 Aout 2022
« Ilias a toujours été quelqu’un d’instable, il a toujours eu du mal à se poser sérieusement, jusqu’à présent, la seule chose qu’il a maintenu dans sa vie autant de temps, c’est ce bowling … » Cette voix parvient à mes oreilles alors que je suis en train de passer les portes du bowling encore fermé à la clientèle au vue de l’heure matinale qu’il est à Klamath Falls, elle a le don, comme depuis de trop nombreuses années de mettre mes sens en émois, d’éveiller une colère en sommeil. Mon père se trouve ici, sans la moindre raison et en relevant mon regard, en posant mes iris sur lui, je peux le voir en train de parler avec Véronicka, ce qui est suffisant pour que je franchisse cette limite, pour que je ne puisse plus revenir en arrière, pas avec lui, pas alors que je sais comment il fonctionne et que j’ai conscience de ce qu’il est en train de faire. « Qu’est-ce que tu fous là ? » « Mon fils ! » « Qu’est-ce que tu fous là ? » C’est sous le coup de la colère que je suis en train de m’avancer vers lui, oubliant le temps d’un instant la présence de Véronicka, plongé dans un monde où la seule chose qui compte c’est qu’il sorte de ma vie, en ayant conscience qu’il ne va pas le faire, en ayant conscience de ce qu’il va se passer par la suite. « Je suis venu passer du temps avec Vicky. » « Sors d’ici ! » Une ordre que je suis en train de lui crier, alors que je comble les derniers pas qui me séparent de lui, pour apporter ma main à cette chemise si propre qu’il porte sur lui, serrant mes doigts pour le tenir par le col et de le relever de cette chaise haute sur laquelle il est assis. « Tu sors d’ici ou c’est moi qui te fous dehors ! » Sans doute est-ce ce qu’il attend de moi, la réaction parfaite, pour apporter des preuves à ses propos tenues peu de temps avant, sans même réellement savoir tout ce qu’il a pu lui dire ou non avant mon arrivée, sans savoir depuis combien de temps il se trouve dans ce bowling avec Véronicka, ni depuis combien de temps il s’amuse à venir lui rendre visite. « Ilias, mon fils, calmes toi … » Si le timbre de sa voix est rythmée par la crainte d’un fils prêt à lever la main sur son père, cette lueur qui est présente à travers ses iris, je la connais, elle est provocatrice, c’est exactement ce qu’il souhaite de moi, ni plus, ni moins et c’est tout ce que je suis en train de lui donner. « Mon fils, regarde moi ! Lâche moi ! Je vais y aller, je vais te laisser tranquille … » Une chance que je décide de lui donner, en le relâchant, non sans avoir prit soin de le pousser en arrière, sans avoir l’avoir vu perdre l’équilibre avec la chaise haute pour tomber au sol après avoir perdu l’équilibre, pour le voir se relever bien trop rapidement pour sortir du bowling sans un regard derrière lui, je le vois pourtant ce sourire qui est en train de s’afficher sur son visage. J’en oublie la totalité de cette journée, j’en oublie ce rendez-vous avec Chyler au sujet de ma présentation aux élections municipales, mais je n’en oublie pas Véronicka, dont sa présence est en train de me revenir, dont les petits plans de mon père son en train de me venir en tête. « Depuis combien de temps il vient te voir ? » C’est de la colère qui est en train de prononcer cette question, alors que je tourne mon regard dans la direction de celle qui partage ma vie, de celle pour qui de toute évidence je suis amoureux, même si contrairement à elle, je ne lui ai jamais exprimé mes sentiments. « Ce petit jeu dure depuis combien de temps ? » Sans doute suis-je en train de lui faire peur, jamais elle n’a dû me voir dans une telle colère, quoique, peut-être lors de cette soirée accompagnée de quelques verres de trop. Je suis en colère, tout autant que je peux sentir mon coeur commencer à se briser, parce que je sais ce qu’il cherche à faire, j’en conscience qu’il souhaite s'immiscer entre nous, s’immiscer dans la vie de Véronicka et il est hors de question que je lui laisse la moindre occasion de continuer son petit manège, il est hors de question que je ne protège pas la femme que j’aime, au risque de la perdre.

Tout ce que je craignais depuis ce dimanche et la visite surprise de mon père à mon loft, est en train de se produire, est en train de se réaliser et je ne prends pas le temps de réfléchir, je ne prends pas le temps de chercher d’autres solutions à une situation que je connais beaucoup trop bien. Il est hors de question que Véronicka devienne l’une des marionnette de mon père, parce que c’est bien ce qu’il est en train de faire d’elle. « Mais de quel petit jeu tu parles bon sang ? » Si le son de sa voix, parvenant à mes oreilles, est capable de répondre à ce timbre de colère que je ne suis pas capable de contrôler, il ne m’est pas impossible de remarquer cette lueur de peur qui est en train de se transcrire à travers ses iris. Ce qui est bien loin de me plaire, ce qui parvient à accentuer cette amère sensation d’un coeur qui est en train de se serrer contre mon torse, parce que je sais très bien ce qui nous attend. « Ce doit être la 3eme fois qu'il vient me voir, même si en réalité, cette fois c'est toi qu'il attendait. » Je ne peux empêcher ma main de venir se relever, venir entrer en contact avec mon visage pour que mes doigts puissent glisser dans mes cheveux, dans un geste toujours aussi nerveux. Je ne suis pas capable de réaliser la force de caractère dont elle est en train de faire preuve, du calme qu’elle est capable de retrouver pour me répondre, alors que je peux sentir ma mâchoire se crisper, les traits de mon visage ne pas s’adoucir. « Mais où est le problème Ilias, je ne comprends pas … » « Non, non mon père n’est pas venu ici uniquement parce qu’il m’attendait, ça c’est l’excuse à chier qu’il t’a sortie ! » Après avoir rompu le contact visuel quelques secondes avec celle qui partage ma vie, à nouveau mes iris viennent se poser sur elle, pour une colère que je ne suis pas capable de contrôler, comme à chaque fois que mon père met un pied dans ma vie. Je peux sentir sa main venir se poser sur mon bras, un contact qui en temps normal se voudrait rassurant, se voudrait apaisant, mais aujourd’hui tout est différent, je n’ai pas le droit de la laisser dans cette relation, pas maintenant que mon père est venu s’y immiscer. « Chéri, s'il te plaît dis moi ce qu'il se passe ? » Je n’ai pas le droit de la laisser espérer, je n’ai pas le droit d’accepter cette main réconfortante sur mon bras, c’est la raison qui me pousse à reculer mon corps, à venir rompre ce contact entre nous, sans doute de manière un peu trop brusque, accompagné d’une nouvelle prise de parole. « Mon père ne fait jamais rien au hasard, je sais pas ce qu’il a pu te dire, mais il en est pas à son premier coup d’essai, tout ce qu’il sait faire, c’est venir s’immiscer dans ma vie et embrouiller les esprits des gens qui m’entourent ! » Dieu seul sait à quel point ses pensées ne sont pas saines, seulement j’ai l’amère impression d’être le seul à m’en rendre compte. « Tu sais pas qui il est, ni même de quoi il est capable et il est hors de question que je lui laisse l’occasion de se jouer de toi. Tu dois prendre tes distances avec moi Véronicka. » Ces mots ont l’effet d’un déchirement sur mon coeur, qui est réellement en train de se briser, sans doute les larmes ne sont pas en mesure de se montrer, bien trop emporté par cette colère débordante que je ne suis pas capable de contrôler. Jonathan a toujours su comment me pousser à bout, il a toujours su me contrôler, même si je me plais à prétendre le contraire, il est mon père, il sait comment je suis et il a toujours un coup d’avance sur moi, je ne suis pas capable de me contrôler dès qu’il entre dans ma vie.

« Comment ça prendre mes distances avec toi ? » C’est une question qui parvient à me toucher en plein coeur, si la colère ne me permet pas de réaliser à quel point mon coeur est en train de me crier que je suis en train de faire la plus grosse connerie de ma vie, je suis déterminé à aller au bout de ma démarche. Ce n’est pas de gaîté de coeur que je suis en train de le faire, il est loin d’être agréable de voir les larmes trouver place à travers le regard de celle qui partage ma vie depuis six mois, jusqu’à aujourd’hui. « Non ... » « C’est mieux comme ça. » Je ne sais pas très exactement les idées que mon père est en train d’avoir, mais il ne prend pas le temps de connaître Véronicka sans raison, il y a une arrière pensées chez lui que je ne peux remettre en doute, ce n’est pas la première fois qu’il met en place son cheminement, je suis loin de me faire avoir, comme cela fut le cas, une quinzaine d’années en arrière. Emporté par une haine qui est en train de contrôler l’entièreté de mon corps, je réalise qu’elle ne se trouve plus derrière le comptoir à l’instant où sa main vient trouver contact avec mon torse, pour venir s’y poser dessus. Combien de fois a-t-elle permis à ses doigts d’effectuer ce geste, pour être capable de faire réagir mon coeur de manière positive, cette fille me plait, je suis amoureux de Véronicka et c’est la raison qui pousse mon coeur à se briser à l’intérieur de moi, parce que j’ai conscience que je ne reviendrais pas en arrière de cette lourde décision que je suis en train de prendre. « Ilias s'il te plaît, je sais qu'il y a beaucoup d'animosité entre ton père et toi, mais explique moi ce qu'il se passe, qu'elle est le rapport avec moi, avec … nous ? Je peux le comprendre et t'aider j'en suis certaine ... Mais ne fais pas ça. » Je ne peux pas me laisser bercer par la culpabilité de la situation, la voir ainsi est bien loin de me faire plaisir, mais je sais que c’est pour son bien et cette rage qui habite mon corps me permet de tenir le cap, de maintenir ce regard sombre, qui est pourtant posé sur elle. « Tu n'a pas le droit de me demander de prendre mes distances avec toi … Il en est hors de question, je ne veux pas... Je t'aime Ilias. » Ce n’est pas les mots que j’ai le besoin d’entendre, j’ai conscience au fond de moi que je suis en train de faire du mal à Véronicka, j’ai conscience qu’elle ne va pas comprendre mes raisons, qu’elle ne va pas comprendre mon geste, mais l’entendre me faire part de ses sentiments à mon égards est en train de me briser à l'intérieur et c’est quelque chose que je ne peux pas lui montrer. « Véronicka, il faut que tu comprennes que pour lui tu n’es qu’un pion, un pauvre petit pion de merde, qu’il peut déplacer à sa guise en se moquant des conséquences de ses actes. Ce n’est pas seulement entre mon père et moi, c’est son truc, à chaque fois il revient dans ma vie, il sème sa merde, en passant pour le père de l’année, jusqu’à ce que ma vie explose en morceau et il est hors de question que je le laisse faire avec toi ! » Une nouvelle fois ma main parvient à mon visage, passant cette fois-ci contre ma joue, mes doigts au contact de ma barbe, alors que je passe à côté de Véronicka, que le contact de sa main sur mon torse est rompu, que le lien qui unit nos regards l’un entre l’autre n’existe plus, pour faire le tour du comptoir. « Il faut que tu comprennes, que je peux t’aimer autant qu’il m’est possible de le faire, l’amour qu’il y a entre nous, sera une faiblesse face à lui ! Il faut que tu te protèges Véronicka, moi je sais ce qui m’attend avec lui, mais il ne t'entraînera pas dans cette chute. » Je suis en train de lui faire du mal, je suis en train de lui briser le coeur, j’en ai conscience, mais pourtant elle reste là, elle reste dans ce bowling, les larmes aux yeux, mais elle continue de croire qu’elle peut me convaincre de changer d’avis. « Arrête ! Tu perds ton temps ! Je t’apporterais rien de bon, alors éloignes toi de moi ! » Après tout, comment puis-je la rendre heureuse, comme elle le mérite, alors qu’il suffit de la présence de mon père dans ma vie, pour perdre pied, pour être capable de croire ce qu’il me dit, en étant pourtant persuadé qu’il ne peut plus m’atteindre ? « Éloignes toi de moi ! » Une répétition que je suis en train de prononcer, sur un ton un peu plus dur, un peu plus ferme, pour qu’elle accepte la finalité d’une rupture que je ne souhaite pas plus qu’elle, mais qui est inévitable au vu de la situation dans laquelle je me trouve.

Je ne peux pas passer à côté de cette peur qui est en train d’envahir Véronicka à l’instant où je suis venu hausser le timbre de ma voix, malgré toute la colère que je suis en train de ressentir contre mon père, la souffrance d’un coeur que je suis moi-même en train de briser, je peux ressentir la crainte qu’elle a à mon égard, je suis en train de faire peur à la femme dont je suis amoureux et le pire, c’est que c’est beaucoup mieux pour elle ainsi. « Si c’est ce que tu veux … » Non, ce n’est pas ce que je souhaite, parce que si je devais écouter mon coeur, Véronicka continuerait de partager ma vie, je ne serais pas en train de rompre avec elle, mais je ne peux pas lui infliger tout ça, mon père est entrée dans l’équation et avant même qu’il ne parvienne à se jouer d’elle, il est préférable que je l’éloigne. Au contact de son corps contre le mien, je ne résiste pas, je fais même un pas en arrière, en même temps que mes yeux viennent se fermer, mon cœur se serrer contre mon torse, pour une souffrance que je ne peux empêcher de se répandre en moi. J’ai l’envie de me retourner, d’essayer de ramasser les pots que je viens moi-même de casser, mais la raison est beaucoup plus forte que le reste, pour autant, je ne peux contrôler cette larme qui est en train de s’échapper, pour se frayer un chemin le long de ma joue, un peu avant d’entendre la porte du bowling claquer. « Et merde ! » Je ne peux retenir cette colère, encore bien présente au moi, beaucoup trop présente à travers chaque muscle de mon corps, alors que je me retrouve habité par l’envie de régler mes comptes avec mon père, l’envie de réellement lever la main sur lui, l’envie de faire de lui un homme mort, qu’il ne soit plus un problème pour personne à l’avenir, mais pourtant je suis dans ce bowling. Un rictus de haine est en train de se présenter à mon visage, frappant mon poing contre le comptoire, sans même ressentir la douleur de mes doigts s’écrasant contre le bois, à tel point que je ne peux m’arrêter en si bon chemin, un coup de nerf, un coup de sang, un coup sec de mon bras et ma main est en train de reverser les bouteilles qui se trouvent sur mon chemin.