Say it if it's worth saving me - Nathanael #3

« Cela fait soixante douze heures et ce n’est toujours pas passé … Tu acceptes de me laisser entrer ? » Je ne peux m’empêcher de froncer les sourcils, face aux mots que je suis en train de lire sur l’écran de mon portable, un message reçu de la part de Charlie, cette demoiselle sortie il y a deux semaines d’un accident de voiture. Quelques jours plus tôt dans la semaine, nous sommes sortie boire un verre tous les deux, une soirée en sa compagnie, pour une femme en pleine reconstruction après le drame qu’elle vient de vivre. Un drame qui m’a conduit sur son chemin et qui l’a poussé à vouloir m’embrasser, un syndrôme sans doute beaucoup trop connu au sein de la communauté des secouristes du monde entier, celui du sauveur. J’ai bien du mal à comprendre où elle souhaite en venir à travers son message, j’ai du mal à croire qu’elle puisse se trouver devant chez moi, mais je me dois de vérifier. C’est la raison qui me pousse à retirer mes pieds de la table basse, pour venir y poser ma bière, pour me mettre debout et me diriger à la fenêtre la plus proche, pour un regard qui puisse se porter sur l’extérieur d’Eberlein Avenue. Elle ne manque pas de cran, Charlie est devant chez moi et je ne peux empêcher un sourire de venir étirer mes lèvres en la voyant relever un sac, bien rapidement accompagné par le bruit d’un nouveau message. « J’espère que tu aimes la cuisine chinoise ? » Je ne suis pas sûr que l’idée qu’elle ait eu dans la tête soit la meilleure au monde, je ne suis pas sûr que lui ouvrir la porte soit bien mieux, mais c’est pourtant le chemin que je suis en train de prendre, après avoir laissé un rire s’échapper de mes lèvres. Je ne peux expliquer ce lien que j’ai eu avec Charlie depuis son accident, je ne peux m’empêcher de penser que c’est Laurel, ma petite soeur, qui soit venu la mettre sur mon chemin, pour lui venir en aide, pour lui permettre de vivre, ce qu’elle n’a pas eu comme chance il y a quelques semaines à peine en arrière. Je ne suis pas le plus catholique de la famille Weaver, mais j’ai grandi au sein de cette religion, j’ai grandi avec des parents présents à la messe du dimanche, à prier dieu en toutes circonstances, j’arrive à croire certaines choses. « Quelle surprise ! » Pas des moindre, je dois le reconnaître, après la soirée de mardi, j’étais bien loin de m’imaginer la retrouver en cette fin de vendredi, sur le pas de ma porte, nourriture à la main. « Donnes moi le sac … » Une prise de parole qui est accompagnée de mes actes, de mes mains qui viennent libérer celle de l’actrice, pour lui permettre d’être libre de ses mouvements, de ses pas qui sont encore marqués par les conséquences d’un conducteur ivre. « J’étais devant la rediffusion du dernier match de la finale des playoff de NBA de cette année … » Sans doute se moque-t-elle de ce que j’étais en train de faire avant son arrivée, alors que désormais je suis en train de fermer la porte derrière elle. « C’est une bien meilleure soirée que tu me proposes. » Condamné à passer le restant de la soirée et la totalité de la nuit seule dans cette maison, vide de toute présence, Meredith se trouvant de garde à l’hôpital, Charles étant chez un copain jusqu’à demain, un peu trop vide à mon goût pour une maison bien plus vivante habituellement. « Tu veux boire quelque chose ? Assieds toi, j’arrive. » Des mots que je suis en train de prononcer, alors que ma main est en train de montrer la direction du canapé, alors que je pose sur la table basse le repas qu’elle vient d’apporter avec elle, que je suis prêt pour me rendre à la cuisine chercher de quoi accompagner le tout.

« Je veux bien une bière s’il te plait. » C’est bien dans une maison que je vis avec mes deux neveux, Seth et Charles, parfois avec George en plus avec nous, mais ce n’est pas la plus grande qu’il existe au sein de Klamath Falls, je n’ai pas besoin d’effectuer beaucoup de pas pour me rendre dans ma cuisine. Quelques secondes me suffisent pour revenir à nouveau dans mon salon, Charlie assise sur le canapé, le bruit du match toujours en train de passer à la télévision, résonner dans cette pièce, alors qu’un sourire ne vient pas se détacher de mon visage. Cette tentative de refroidir les ardeurs de l’actrice, ne semble pas avoir eu l’effet escompté, si j’ai su rester raisonnable au début de cette semaine, je ne suis pas sûr de pouvoir continuer ce soir, au vu du message qu’elle m’a envoyé pour me prévenir de se présence devant chez moi. Il est préférable de ne pas y penser, c’est exactement cela, me dire qu’elle a d’autres intentions derrière la tête. « J’espère tout de même que je ne te dérange pas, ou que je ne bouleverse pas trop tes plans ? » La voix de Charlie parvient à mes oreilles, alors que je suis en train de prendre place à ses côtés sur le canapé, que je suis en train de baisser de peu le volume du match qui est en train de défiler sur l’écran de ma télévision. « J’étais en train de regarder une rediffusion d’un match, tu penses vraiment que tu bouleverses quoi que ce soit ? » La chance a semblé être du côté de Charlie, qui a pris la décision de se rendre chez moi lors de cette soirée, celle où personne d’autre ne se trouve dans cette maison, ce qui est assez rare. « En plus, t’as apporté le repas, je vois que tu m’as plutôt bien cerné. » Mon sourire n’est pas en mesure de s'effacer de mon visage, alors qu’une poignée de secondes, mon regard est en direction de l’actrice, avant de venir se poser sur le sac de nourriture chinoise, que je prends soin d’ouvrir de mes deux mains. « Alors, qu’est-ce que tu nous as réservé pour ce repas improvisé ? » J’ai conscience qu’accepter sa présence dans ma maison, c’est jouer avec le feu, parce que si j’ai réussi à résister à la tentation quelques jours auparavant, je ne suis pas sûr de pouvoir réitérer cet exploit une seconde fois de suite. Bien évidemment que je n’ai pas le même âge que Charlie, elle est beaucoup plus jeune que moi et si cette cicatrice qui orne son visage semble être pour elle source de complexe, elle n’en reste pas moins très attirante et je n’en reste pas moins un homme faible.