With alcohol the tongues are loosened / Vicky #2

 « Ilias écoutes moi, tu peux pas continuer à m’en vouloir éternellement pour des choses que je n’ai pas commise. » Je ne peux empêcher mon poing de se serrer à peine sa voix réussi à parvenir à mes oreilles, je ne peux contrôler cette colère qu’il arrive à déclencher en moi à peine mon regard est posé sur lui. Lui ? C’est mon père, il est la seule et unique personne capable de me mettre dans un tel état. Aujourd’hui ne change pas de ce qui est devenu ma vie depuis de très longues années, suffisamment pour que je ne sois plus en mesure de compter combien exactement. « Regardes toi mon fils, il faut que tu arrives à libérer cette colère que t’as en toi, ça fait trop longtemps que ça dure, tu dois réussir à la canaliser et je peux t’aider mon fils. » Je ne peux empêcher ma main de se relever en direction de mon visage, de passer mon index sur mon menton, malgré mon poing toujours aussi clos. Mon regard se dévie de l’homme qui est en train de me parler, avant de m’approcher de lui, cédant à l’appel de cette haine qui habite mon corps, pour le faire reculer, en le poussant contre sa voiture. « Qu’est-ce que tu veux au juste ? T’as pas compris la dernière fois ? Il faut que j’te pète la gueule pour que tu m’lâches ? » Ma main tient fermement cette chemise qu’il porte sur lui, parfaitement bien tirée, sans le moindre plis avant que mes doigts ne se posent dessus. Mon bras est tout contre mon père, juste en dessous de son cou alors que mon regard n’a pas de mal à se plonger dans le sien, laissant retranscrire tout l’amour que je suis capable de ressentir pour celui qui est sur les papiers seulement mon père. « Ton aide tu peux te la garder, j’veux rien qui puisse venir de toi ! » Je réalise avoir monté la voix à l’instant même où je détourne mon regard de l’homme que je suis en train de menacer, pour laisser mes iris balayer autour de moi, remarquant divers passants portant leurs attentions vers nous. Encore une fois, il sait plutôt bien jouer, comment puis-je avoir de la crédibilité face à ses propos, alors qu’au yeux des  gens, c’est lui qui est en train de se faire agresser, non pas l’inverse ? Il a toujours eu ce coup d’avance sur moi, je n’ai jamais réussi à prendre l’ascendant sur l’homme qui est mon père, il me connait, il connait mes points faibles, il connaît mon caractère, c’est une bataille perdue à l’avance, à chaque fois. « Reste loin de moi ! » Ce sont les derniers mots que je lui adresse, non sans un regard menaçant à son encontre, je n’ai pas peur de l’idée de frapper mon père, quand bien même que ça serait encore une fois lui donner raison.

Cette rencontre surprise n’est pas celle que je souhaitais le plus au monde, bien au contraire,  au plus mon père reste loin de moi, au mieux c’est pour moi, il sait prendre l’ascendant sur moi et à chaque fois c’est la même chose. Mon regard est plongé dans le vide, alors que je marque une pause à l’instant même où le verre arrive contre mes lèvres, quelques petites seconde, peut-être une, deux au grand maximum avant de laisser le liquide ambré de cet alcool fort se répandre dans ma bouche et me laisser apprécier le délicieux goût que je suis en train de boire. Ce n’est pas mon premier verre depuis que je suis arrivé dans ce pub irlandais, bien connu du quartier pelican city, ce n’est pas non plus la première fois que j’y trouve refuge après une rencontre une fois encore néfaste avec mon paternel, un peu comme repère de mes déboires que je cherche à oublier, en me noyant dans l’alcool. Je ne suis pas ivre, je peux sentir le début de ce léger décalage entre l’instant où je bouge mon regard et l’instant où l’image suit le mouvement, mais c’est très léger, j’ai encore conscience de beaucoup trop de chose et mes propos peuvent être clair, même si présentement je ne suis pas en train de m’exprimer. Je ne sais pas ce que cette soirée me réserve encore comme surprise, mais une chose est sûr, c’est que je ne suis pas un adepte des surprises de la vie dans ces instants, je connais mon père, je sais qu’il n’est pas prêt de lâcher l’affaire avec moi et dieu que je rêve de lui refaire le portrait. « C’est occupé ! » Deux mots que je prononce avec une froideur qui est sans appel, alors que mon regard est toujours planté dans le vide, au moment où je repose mon verre sur la table, verre presque vidé de l’alcool qu’il contient. « Oh Vicky ! » Je ne peux m’empêcher de reprendre la parole, avec un sourire se présentant sur mon visage à l’instant où mes yeux se posent sur la demoiselle à qui je viens de m’adresser. « Viens ! Pour toi c’est libre ! » Il y une poignée de seconde j’étais un véritable mur, avec comme seule émotion de la colère qui était grandement visible sur mon visage, dans mes gestes, dans ma voix, puis elle est arrivée et elle a changé la donne ou alors est-ce l’alcool déjà ingurgité qui me permet un tel changement, puisque cette éventualité n’est pas impossible.

 Cette rencontre imprévue avec mon père a réussi, comme à chaque fois à me retourner et à prendre le contrôle sur moi même, sans que je ne puisse y faire quoi que ce soit. Je me rapproche de la quarantaine et je ne suis toujours pas capable de comprendre comment il arrive à me manipuler avec une telle facilité, je ne suis toujours pas capable de le contrer et de ne plus lui laisser la possibilité de mener une danse que je n’ai aucune envie de faire. Mon regard ne prête même pas attention à qui vient de se décider de s’approcher de la table où je me trouve, d’une humeur fracassante, c’est sèchement que je refuse la présence de qui que ce soit, je ne peux pas être plus clair dans mes propos, beaucoup trop occupé avec ma rage provoqué par mon père et l’alcool pour me tenir compagnie, je n’ai besoin de rien d’autre, de personne d’autre. « Oh pardon, je n'avais pas vu que l’homme invisible te tenait compagnie ! » Je ne peux m’empêcher de froncer les sourcils, l’alcool est en train de m’aider à ne pas mettre de prénom sur cette voix qui parvient à mes oreilles pour la seconde fois en quelques secondes, mais ne m’empêche pas d’y trouver une familiarité qui me pousse à rompre le contact entre mes iris et le coin de ma table, pour les relever sur … Véronicka. Je ne réalise pas qu’il me suffit de ce regard posé sur elle pour passer d’une humeur à une autre, laissant même un sourire se présenter sur mon visage en étirant mes lèvres. Devrais-je me demander comment elle fait ça ? Je ne suis sans doute pas en état pour me poser une telle question, à telle point qu’elle ne parvient même pas à mes pensées. « Veuillez m’excuser monsieur l’homme invisible mais je pense que je serais de meilleurs compagnie pour Mr Danvers ce soir. » Cette fille est incroyable, dès notre entretien d’embauche j’ai eu l’occasion de m’en rendre compte, son naturel est rafraîchissant, au point de me permettre d’effacer mon père de mon esprit, de ne plus me focaliser sur cette colère qui se trouve en moi. Ma main ne rompt pas le contact avec le verre qui est le mien, pour l’apporter à mes lèvres, appréciant la gorgée de cet alcool d’une traite pour me permettre de me retrouver avec une preuve supplémentaire sur la table, de mon avancée de cette soirée. « Je pensais que monsieur Ilias Danvers ne sortait jamais de son bowling, ravi de voir que les rumeurs sont fausses ! » Il y a quelques mois en arrière, je n’avais pas la moindre idée de l'existence de Véronicka Millstone, aujourd’hui je suis content de l’avoir dans ma vie, même si principalement c’est quelque chose que je me dis au sein du bowling où elle travaille. Ce soir ne déroge pas à la règle, mais cette fois-ci en dehors de notre lieu de travail, loin d’être maître de moi-même, mon sang est accompagné d’alcool qui prend de plus en plus de place. « Tu m’vois vraiment comme Picsou ? » Une question que je prononce avec un sourire se présentant sur mon visage, la boisson commençant à faire son effet pour mâcher quelques mots quand je parle. Je ne peux m’empêcher de faire référence à l’image qu’elle a pu avoir de son futur patron lors de sa première visite au bowling, cette façon dont la situation nous à permise de lui faire croire qu’il était loin d’être humain. « Tu vis dans le coin ? » « Est-ce que je vis dans le coin ? » Cette question n’est pas destinée à Véronicka, mais à moi-même, un peu comme une pensée à haute voix pour me permettre de l’assimiler dans mon cerveau et de réfléchir à la réponse à lui apporter face à sa curiosité. Quelques secondes de réflexion, non sans avoir détourné mon regard de la demoiselle, parce que j’ai besoin de ce temps pour me rappeler l’endroit où je me trouve, pour me souvenir que je suis dans le pub du quartier où je vis. « Oh ! J’suis au 136 … Attends, non ! … Au 613 ! » Je ne prends pas la peine de préciser que je suis du quartier, on se trouve à pelican city, à quoi bon perdre de l’énergie. « Tu bois quoi ? » Mon attention n’a pas de mal à se tourner ailleurs, il suffit d’un rien pour que je ne suive plus le cours de la conversation et pour que ma main prenne le verre de mon employée, avant de me tourner vers une serveuse du pub. « La même chose, s’vous plait. » Il y a une grande différence avec le scotch, un alcool beaucoup moins fort que celui que j’ai déjà eu l’occasion d’ingurgité depuis que je me trouve dans ce pub, mais ça ne me fera pas de mal, en même temps que je vais continuer de boire.

Je ne sais pas exactement ce qui est en train de se passer dans ce bar, pour la toute première fois, j’ai l’occasion de passer du temps avec Véronicka en dehors du bowling et le sourire qui est capable de se présenter sur mon visage, montre que c’est une option qui me plait. Seulement, je ne peux oublier cette altercation avec mon père, je ne peux empêcher sa voix de résonner dans mon oreille, entendre ses mots se répéter en boucle, réussissant à caresser ma patience et mettant à rude épreuve mes nerfs. « Mhhh pas vraiment... » Une colère qui est en train de me faire vivre de réelle montagne russe avec mes émotions, à peine suis-je ramené sur terre par la douce voix de ma dernière employée, elle a toute mon attention. « Tu as quand même moins de plumes et ... toi au moins tu portes un pantalon. » Quelles sont les probabilités pour qu’elle est l’idée d’une telle réponse à ma question ?  Je n’en ai pas la moindre idée, mais je ne peux m’empêcher d’éclater de rire face à ses propos. J’ai comme la douce impression que ce n’est pas la dernière fois que l’on va avoir l’occasion d’aborder le sujet de l’homme qu’elle a cru que j’étais lors de notre toute première rencontre. « Je suis pas encore nudiste ... » Comment ça, pas encore ? Je n’ai aucune intention de le devenir, mais merci à l’alcool. « Alors oui, dans les lieux publics c’est préférable de porter un pantalon. » Main sur le verre de ce whisky que je suis en passe de terminer, je l’apporte à mes lèvres pour en apprécier sa saveur grâce à plusieurs gorgées à la suite qui me font le plus grand bien. Je ne sais pas par quelle magie il est possible que je puisse sentir mes muscles se détendre, redescendre en pression à chaque gorgée que j’avale depuis tout à l’heure. Je peux encore sentir cette haine à l’égard de mon père, c’est pour dire à quel point il a réussi, une fois encore, à avoir de l’impact sur moi et sur mes réactions. Je ne peux contrôler l’écart de conduite de mes yeux, en voyant Véronicka s’approcher de moi, se pencher en avant, pour laisser mes iris s’aventurer sur le décolleté qu’elle porte, sur cette poitrine alléchante, qui donne envie, sans trop en découvrir. « Rassure toi, tu es quand même bien plus séduisant que l’oncle Picsou que j’avais imaginée à l’origine. » La voix de mon employée me ramène à la raison et me permet de porter mon attention à son visage, pour croiser à nouveau son regard avec mes yeux. J’ai besoin d’une courte seconde pour relier les propos qu’elle vient de prononcer, à la conversation que l’on avait, un petit peu décontenancé par cette douce vision. « J’oublies pas que tu viens de dire que j’suis séduisant … Mais tu m’imaginais comment ? Me dis pas que tu m’voyais comme un gros bedonnant de presque soixante ans, ne vivant que pour le pognon ? » Un peu comme cet homme cliché, patron d’une entreprise, bien souvent mise en image par un vieux pervers, qui n’a rien pour lui, démontrant à la perfection que la présence d’une sublime demoiselle à ses côtés, n’est liée qu’à son argent.

Les causes à effets des rencontres avec mon père, ont tendance à se terminer bien souvent de la même façon, jouant pour une soirée le pilier de bar, commandant les verres à n’en plus finir pour laisser les cadavres de ma descente sur la table à laquelle je me trouve, avec pour but de couper de court toutes mes pensées. « Tu aurais pu attendre que je finisse mon verre avant d’en reprendre un » « T’es pas assez rapide ! » Je ne peux m’empêcher de provoquer la demoiselle dans cette réponse, alors que je ne peux garder pour moi ce rire qui s’échapper de mes lèvres, alors que je suis en train de la voir commander à son tour une seconde tournée, quand bien même, ma seconde commence à devenir bien ancienne. « Tu vas sans doute me trouver indiscrète mais… » Je ne peux garder mes iris en direction des siens, les posant sur les doigts de Véronicka qui se trouvent sur mon bras, un contact qui a su offrir à mon cœur un battement différent des autres. Peut-être l’alcool qui fait réagir mon corps, c’est la pensée la plus plausible qui me vient en tête, alors que je me laisse à comprendre que ce contact est agréable et qu’il me plait, alors qu’elle réussit à capter mon attention en reprenant la parole. « Tout va bien ? je veux dire, Pourquoi tu es là ce soir ... dans ce bar … avec l’alcool pour seule compagnie ? »  Une attention qu’elle perd en une fraction de seconde, perdant mon regard sur un recoin de la table qui me sépare de la demoiselle. Pourquoi suis-je dans un tel état ? C’est une réponse dans ma vie qui est toujours en lien avec mon père, c’est systématique, mais comment peut-elle le savoir, fort heureusement pour elle, mon paternel est un parfait inconnu à ses yeux et ce n’est pas plus mal. « Tu sais, je suis là si tu as besoin »  Mes pensées sont en train de reprendre le dessus, l’alcool jouant beaucoup, mais désormais d’une manière qui ne me convient pas, j’enchaine ces verres pour me détendre et ne plus penser à mon père, je perd le contrôle d’une situation partout si simple sur le papier. Je ne peux garder une grande inspiration pour moi, alors que toute trace de sourire est effacé de mon visage, que mes yeux trouvent ceux de Véronicka, ma mâchoire ne manquant pas de se crisper. « Mon père ... » Suis-je en train de parler de lui et de me confier ? « C’est très compliqué entre lui et moi depuis … Depuis presque toujours d’ailleurs, je sais pas comment il fait, mais il sait toujours appuyer où ça fait mal ... » Il sait même très bien me provoquer pour me donner l’envie de lever la main sur lui, de le frapper et de lui refaire le portrait d’une gueule un peu trop parfaite à mon goût, peut-être avec une sale apparence, les gens le verraient comme je le vois. « Parfois j’aimerais que ce soit lui qui soit mort ! » Je ne suis pas en état pour réaliser que ce que je suis en train de dire peut ne pas avoir de sens aux yeux de Véronicka, elle ne connaît pas la famille Danvers, elle ne connaît pas mon histoire, jamais on a parlé de mes parents, ni même du décès de ma regretté mère, celle que j’aurais aimé garder à mes côtés.

« Monsieur ne fait pas dans l’exhibitionnisme ?! … ça tombe bien, moi non plus » Je ne peux empêcher d’arquer un sourcil face à la remarque de mon employée, j’ai l’étrange impression que derrière ses propos, comme derrière les miens, il y a des propositions que l’on ne devrait pas avoir. Je ne sais pas comment expliquer les raisons d’un lien entre nous qui me semble tellement particulier, à tel point que je ne suis pas en mesure de pouvoir le décrire. Je peux être rattrapé par les démons d’une vie que je ne suis pas capable de mettre derrière moi, mais j’arrive à trouver ces instants de pauses quand je me retrouve avec elle, il suffit de voir mon changement d’humeur avant et après son arrivée à cette table. Suis-je faible ? C’est une question que je peux me poser à l’instant même où mes yeux se détournent de ceux de Véronicka pour apercevoir le décolleté d’une poitrine mise en avant, en toute innocence, mais qui attire mon attention. Je ne devrais pas, j’en ai conscience, c’est quelque chose que je ne contrôle pas, j’ai bien entendu la demoiselle me dire que je suis séduisant, ce qui entre nous, est très flatteur, mais que dire d’elle ? Il y a ce quelque chose que je ne sais décrire chez elle, peut-être sa maladresse devenue légendaire approximativement quatre secondes après l’avoir rencontré ? Ou cette part de mystère qu’il y a en elle ? Je ne sais pas, mais oui, la toute dernière employée arrivée au bowling est attirante et mon regard sait se poser sur elle. « En effet c’est bien ce que j’ai dit et encore … le mot est faible je dois dire. Oh totalement mon style d’homme, tu as oublié le côté dégarni aussi ! A vrai dire oui je t’imaginais dans la soixantaine, grand et très mince, cheveux grisonnant et visage froid et austère. Ne vivant que pour le pognon peut être pas … mais s’y intéressant fortement oui. » Je ne peux masquer ce sourire sur mon visage, je suis amusé par ce qu’elle est en train de me dire, quand bien même, l’image qu’elle s’est faite de moi avant de me rencontrer, est loin d'être valorisante. Comment se fait-il qu’elle ait pu tant penser une chose pareille ? Il y a tellement de questions que je pourrais me poser à la suite d’une telle conversation, mais l’alcool déjà ingurgité avant son arrivée et même après, m’empêche d’avoir un raisonnement logique, d’être clair. « Je vais être déçu à force, plus j'apprends à te connaitre et moins je fais partie de ton style d’homme … » Ai-je bien dit, ce que je viens de lui dire ? Qu’est-ce que je suis con et avec des filtres en moins à cause de l’alcool ! « J’ai presque envie de t’offrir une thérapie pour résoudre cette attirance assez …   » Une pause dans mes propos, presque inexistante, juste le temps de remettre le doigt sur le mot que j’ai en tête, difficile d’assembler avec la prise de parole. « Spéciale !   » C’est une proposition qui pourrait être valable, si je n’avais pas grandi avec un père évoluant parfaitement dans ce milieu, responsable de mes tourmentes, de ma présence dans ce bar ce soir. Hors de question d’envoyer Véronicka entre les mains d’un autre détraqué, à l’image de mon paternel, il n’est pas difficile à comprendre avec mes pensées, que le monde de la psychologie et moi, on ne va jamais être copain. « Je dois dire que je me suis bien trompée. » Voilà un rire que je ne peux contenir pour moi, qui franchit la barrière de mes lèvres, alors que je pose mon verre vide sur la table qui nous sépare. « Amen ! Je suis sauvé ! » C’est une remarque que je prends avec le sourire, que je prends même à la rigolade, mais nul doute que si ses pensées premières à mon sujet se seraient avérées réelles, je serais loin d’en rire en ce moment.

Je ne sais pas comment on a pu en venir à parler de mon père, l’alcool embrouille mes souvenirs d’une soirée qui est en train de se dérouler, ce que je sais, c’est que je suis en train de parler de lui, le responsable de mes tourmentes. Presque quarante années que je supporte un homme qui ne cesse de torturer la vie de son fils, qu’il ne cesse de me manipuler comme un pantin et le pire dans toute cette histoire ? Je sais comment il est, je sais qui il est, mais il a toujours un coup d’avance, il a toujours l’emprise sur moi, je veux m’en détacher, mais c’est impossible. « Malheureusement, les rapports père fils sont souvent compliqués … Il y a une origine à cette mésentente ou c'est ... comme ça ? Juste deux caractères difficilement compatibles ? » Compliqué dit-elle ? Elle n’a pas la moindre idée de l’ampleur d’une situation qui ressemble à une partie d’échec, qui dure depuis beaucoup trop d'années et dans laquelle, je ne suis pas capable de reprendre la main. « Vaut mieux pas que tu saches … » C’est une réponse toute aussi facile qu’intriguante, je n’en ai pas conscience sur l’instant, mais je ne veux pas entrer dans les détails, je ne veux pas avoir à expliquer mon enfance, la mort de ma mère, ce lien brisé avec mon paternel, ce conflit permanent entre nous, qui m’a mené à plusieurs reprises à l’envie de le frapper, j’ai pensé à l’éventualité de le tuer, mais je n’en suis pas capable et ça il le sait. « Tu sais, nos parents sont les personnes qui nous connaissent le mieux, alors forcément ils savent nous comprendre … et à l’inverse ils savent exactement quoi faire pour nous faire mal » Je l’ai une grande inspiration remplir mes poumons d’air dont j’ai besoin, face à une conversation qui est en train de m’échapper, je suis venu noyer ma colère dans l’alcool pour oublier son intervention du soir, pas pour parler de lui, lui donner l’importance qu’il cherche à avoir dans ma vie. « Il me connaît pas ! » C’est franc comme réponse, mais ma voix est presque froide également, j’ai passé toutes ces années avec un père qui me prend de court parce qu’il peut anticiper mes réactions, mais il ignore totalement l’homme qu’est devenu son fils. « Et ta mère dans tout ça ? »  Voici une question qui emballe mon cœur, qui cogne contre ma poitrine, alors que mes iris trouvent place sur le verre que j’ai dans ma main, un regard perdu alors que je peux sentir ce même cœur se briser face aux souvenirs d’un passé beaucoup trop présent. Je ne me suis jamais remis de sa mort, je n’ai jamais pu accepter sa disparition et la vie semble me montrer que jamais je ne vais franchir un tel cap. Je peux sentir la main de Véronicka trouver sa place sur mon bras, c’est un geste que j’apprécie, qui fait du bien, mais que je ne suis pas capable de relever sur l’instant. « Je ne suis pas bien sûre de comprendre …Tu as perdu ta mère c’est ça ? » Je suis en train de me fermer, mon père est responsable de mon état du soir, il est responsable de l’alcool avalé depuis quelques heures que je me trouve dans ce bar, mais parler de ma mère, c’est l’option idéale pour se retrouver face à un mur. « Tu sais… Je sais ce que ça fait de perdre un être qui nous est cher » Je suis plongé dans un silence qui se traduit par une mâchoire qui ne cesse de se contracter, par une rancune contre la vie qui prend possession de mon corps, comment est-il possible que la vie ait pu prendre la décision de me retirer ma mère, une femme aimante envers ses enfants et me laisser un père manipulateur, se moquant des dégats qu’il peut causer derrière lui, un égoïste. Mon regard n’est plus sur cette table, ma main ne quitte pas ce verre que j’ai tant envie de serrer entre mes doigts, quitte à le briser sous une force qui est contrôlée par une colère. « Je sais aussi, qu’on ne s’en remet jamais vraiment. » Sans toutes ces émotions qui sont en train de m’envahir, je serais en train de comprendre, que je ne suis pas le seul à avoir perdu un être cher, je comprendrais que Véronicka aussi a perdu l’un de ses parents et qu’elle a du mal à remonter une pente impossible. Je ne suis pas capable de m’en rendre compte, tout autant que je ne suis pas capable de rompre ce silence dans lequel je me suis plongé, alors que je peux la voir terminer son verre d’une traite. « J’ai gagné ce round. Pas assez rapide Boss. » Reprends toi Ilias ! Ne te laisse pas une fois de plus contrôler par un père qui n’est même pas présent ! Un rictus se présentant sur mon visage, avant d’apporter mon verre à mes lèvres, j’ai besoin de plusieurs gorgées pour vider l’intégralité de ma boisson, il n’y a rien de mieux que l’alcool dans ce genre de moment. « Je reviens … » J’ai conscience que je peux me contenter d’appeler une serveuse passé à côté de notre table une dizaine de seconde avant, mais j’ai besoin de ce temps de pause, j’ai besoin de me sortir de la tête toute cette situation. « La même chose, pour les deux … » Mes bras posés sur le comptoir, je suis en train de m’adresser, à un personnel de l’établissement, alors que malgré l’envie de tourner mon regard en direction de Véronicka, je baisse mon visage, prenant grand soin de résister à cette envie.

Je ne sais pas comment mon père arrive à contrôler mes émotions comme il le fait, comment arrive-t-il à me pousser dans mes travers ? Trente-sept années se sont écoulées et il arrive toujours à anticiper chacune de mes réactions, il a toujours un coup d’avance sur moi, il sait toujours ce que je vais pouvoir dire ou faire. Je ne peux contrôler cette mâchoire que je suis en train de crisper, alors que mes bras se trouvent sur le comptoir de ce bar, baissant mon visage, fermant les yeux pour essayer de me calmer, de reprendre le dessus sur cette vague de haine qui est en train de m’envahir. Je dois me reprendre, après tout, malgré l’alcool qui circule dans mon sang, je suis en compagnie de Véronicka et elle n’est responsable de rien dans cette histoire. Je ne peux pas lui en vouloir face à sa curiosité, comment peut-elle savoir que son patron traîne derrière lui cette énorme valise qu’est la famille ? Je peux sentir cette nervosité se retranscrire à travers les mouvements de ma jambe, tremblante de colère, faisant preuve d’impatience face à toute cette histoire avec mon père, alors que je me laisse aller à prendre une grande inspiration. L’instant où l’air pénètre dans mes poumons, ça me fait un bien fou, un peu comme une pause dans le temps qui s’écoule, comme si tout autour de moi est en train de s’arrêter, une courte seconde, à peine le temps d’expulser cet air et de vider mes poumons. Je ne tarde pas à ouvrir mes yeux à nouveau, retrouvant le monde réel et l’action qui est en train de se dérouler autour de moi, alors que j’attrape de mes mains les deux verres que l’on vient de me servir. Mes iris se tournent en direction de la table que j’ai partagé avec Véronicka, je ne peux contrôler ce froncement de sourcils, alors que je peux la voir en compagnie d’un homme, un homme qui est proche d’elle et je suis piqué par de la jalousie. « Je ne vous permet pas ! » Une jalousie qui est rapidement remplacée par une colère revenant au grand galop, en la voyant retirer cette main bien trop insistante à prendre place sur la jambe de mon employée. Je ne vais pas pouvoir m’en prendre à mon père, mais visiblement, la vie semble avoir eu l’envie de mettre sur mon chemin un homme qui va pouvoir prendre cette tornade de colère que j’ai envers mon paternel. « Tu as raison ma jolie résiste, ça me plait encore plus. » Une voix qui parvient à mes oreilles et qui sait hérisser mon poil, au même titre qu’une colère débordante, c’est cette haine qui me fait poser les verres sur la table sans la moindre douceur, annonçant ma présence à cet inconnu à la gueule bientôt déformé. « Et si moi j’te résiste, ça te plait aussi ? » Ma main empoigne ce haut qu’il porte sur lui, pour le forcer à se relever d’une chaise qui s’écrase au sol, alors que l’adrénaline d’une journée remplie de beaucoup de colère est en train de ressortir, mettant à l’écart toute part d’alcool que j’ai pu ingurgiter. « Qu’est-ce que tu comprends pas dans c’qu’elle vient d’te dire ? » Je relâche cet homme, en le poussant en arrière, contre cette table sur laquelle les verres présents rencontrent le sol, les laissant se briser en morceaux, alors que je m’approche de ma cible du soir. Je ne peux masquer cette froideur dans mon regard, dans le fond mon père a raison, il y a cette souffrance en moi que je ne suis pas capable de contrôler et c’est en train de me faire un bien fou de pouvoir évacuer tout ce surplus que je suis en train de ressentir. « J’vais te faire comprendre c’que ça veut dire ! » Son comportement, je ne le supporte pas, il est en train de me pousser dans une zone bien sombre de ma personnalité, qui n’est pas aidé par le fait que c’est Véronicka qu’il est venu aborder, ma cupidité me fait agir ainsi parce qu’elle est mon employée, ne prenant pas le temps de creuser plus loin, de comprendre cette jalousie que je suis en train de ressentir alors que j’attrape à nouveau celui que j’ai envie de définir de connard, alors que tout ce que je rêve, c’est de le frapper, de lui refaire le portrait.

Tout ce qui est en train de se passer autour de moi n’a plus la moindre importance, pour dire vrai, il n’y a même plus rien autour de moi, pas même Véronicka et ses prises de paroles vaines, qui ne parviennent même pas jusqu’à mes oreilles. Tout ce qui compte à l’instant même, c’est cet homme qui a réussi à me plonger dans une colère que je ne suis plus capable de contrôler, pas après avoir croisé le chemin de mon père quelques heures avant. Au fond de moi, c’est mon paternel que j’ai envie de frapper, mais ce gros lourd certains d’être irrésistible, qui va devoir subir cette tornade qu’il y a en moi et que je suis prêt à mettre en place. A partir de l’instant où son cul s’est relevé de la chaise, je n’ai plus entendu sa voix s’exprimer, je ne fais même pas attention à cette peur qui est visible à travers son regard, il est impuissant face à une situation qu’il a cherché et il est hors de question que je puisse lui permettre de s’en sortir sans la moindre égratignure, peut-être cela va lui servir de leçon. « Ilias, regarde moi ! » La voix de Véronicka arrive à se frayer un chemin jusqu’à mes oreilles, alors que mes iris rompent le contact avec ce parfait connard que je tiens toujours d’une poignée de main, pour se tourner sur mon employée. Un peu comme l’effet d’un électrochoc, je reviens dans une réalité bien différente de celle dans laquelle j’étais il y a à peine cinq secondes. Je me retrouve guidé par sa main qui vient se poser sur mon torse, un peu comme embarqué dans une danse que son corps arrive à contrôler en se coller contre le mien, après tout depuis qu’elle est entrée dans ma vie, il y a eu ce petit quelque chose de spécial, ce soir ne fait que le confirmer. « Allons nous en s’il te plait, ce crétin n’en vaut pas la peine. » Je suis en train de réaliser ce qu’il s’est passé dans ce bar, je suis en train de comprendre que j’ai cédé à une colère que je n’ai pas pu contrôler et surtout je suis en train de voir que mon père n’a pas tort, il a raison quand il met le doigt sur mes difficultés à savoir me contenir. Jusqu’à présent la cible de mes colères, s’était mon paternel, jamais quelqu’un d’autre, jusqu’à ce soir et ses remarques déplacées. Je me taire dans un silence, comme si mes deux lèvres ne pouvaient rompre ce contact entre elles, mon regard se concentre sur Véronicka alors que je peux sentir les muscles de ma mâchoire se contracter, confirmer la présence de cette haine que j’ai au fond de moi. Il suffit de l’arrivée de ses doigts sur ma joue, pour être en mesure de prendre une décision rationnelle, ne plus voir la balance pencher d’un côté, comme de l’autre, avant de me dire de frapper cet homme. « D’accord … » Une réponse que j’accompagne d’un acquiescement de mon visage, alors que définitivement ma main n’est plus en contact avec cet inconnu, mais mes doigts attrapent la veste avec laquelle je suis entré dans ce lieu. Je me décide à suivre Véronicka, de partir de ce bar et de continuer la soirée ailleurs, je ne sais où, mais loin de cet abruti qui n’a peut-être pas conscience de la chance qu’il a. En sentant la main de celle qui a évité un potentiel drame, passer dans mon dos, je me laisse guider par ses mouvements, suivant son pas en même temps que mon bras vient l’entourer. « C’est ça t’a raison, suis bien ta pouffiasse ... c’est un bon toutou à sa mémère ça … » Ce sont sans doute les paroles de trop qui parviennent à mes oreilles, pour une voix que j’ai déjà eu l’occasion d’entendre ce soir. Malgré ces émotions qui émanent en moi, je me suis laissé guidé par la douceur et le calme de Véronicka … Jusqu’à maintenant. « J’vais m’occuper de toi … » Une haine qui se comprend rien qu’au son de ma voix, alors que je laisse tomber au sol cette veste que j’avais dans ma main, que je romps chaque contact avec mon employée, pour m’approcher d’un pas dur en direction de l’abruti du soir. Je ne prend pas le temps d’empoigner le col de son haut, je ne prend pas le temps de le plaquer je ne sais où dans ce bar, immédiatement mon poing est serré, dur comme du béton et un mouvement me permet de venir le frapper, de ne pas l’épargner, alors que sous la force du coup, il recule de plusieurs pas, ne réussissant pas à retrouver son équilibre qui le fait terminer son chemin au sol. « Ca c’est pour la poufiasse ! » Je ne manque pas d’envie de continuer de m’en prendre à lui, de lui en mettre un seconde en plein visage, ou dans son ventre, histoire qu’il comprenne définitivement la leçon, mais je prend sur moi, je me dirige à nouveau vers Véronicka, prenant le temps de ramasser ma veste. « On s’barre … » Je ne prend pas le temps de regarder derrière moi, je ne prend pas le temps d’observer autour de moi, les réactions des clients qui peuvent se trouver dans sa bar, alors que je passe la porte pour sentir immédiatement le froid ambiant de la ville, la colère ne faisant pas barrage à ses frissons qui me parcours et que je couvre de ma veste sur mon corps. « On est où ? » Suffisamment sobre pour faire parler ma colère, mais encore bien imbibé d’alcool que j’ai bu tout au long de cette soirée, je ne suis pas capable de me repérer dans un quartier qui est pourtant celui où je vis. Tournant mon regard autour de moi, laissant mon corps suivre le mouvement, n’ayant pas la moindre idée de la direction dans laquelle on doit aller, ni même d’où on va d’ailleurs.

« Au 613 Pélican City s'il vous plaît. » Le son de la voix de Véronicka est en train de résonner dans ce taxi, où l’on se trouve, mais tout ce qui se passe autour de moi est en train doucement de disparaître, pendant que je suis en train de me perdre dans mes pensées. « Regardes toi mon fils, il faut que tu arrives à libérer cette colère que t’as en toi, ça fait trop longtemps que ça dure, tu dois réussir à la canaliser et je peux t’aider mon fils. » C’est belle et bien la voix de mon père qui est en train de tourner en boucle dans ma tête, alors que mon attention ne peut se décrocher de ma main, de celle avec laquelle je viens de frapper ce gars. Je ne peux m’empêcher de me dire que malgré toute cette colère que je puisse ressentir envers mon géniteur, il a raison depuis toutes ces années à mon sujet. Je ne suis pas capable de gérer cette colère qui est en moi et dès que la moindre brèche s’ouvre, elle prend le contrôle, mettant de côté ma conscience, me laissant aller à la douce séduction de cracher cette haine. Je suis en train de me perdre dans une spirale qui n’a rien de positive, me laissant m’enfoncer seconde après seconde dans mes travers, dans ce petit jeu que mon père est capable d’avoir avec moi et ce soir, je lui laisse l’opportunité d’entrer dans ma tête et de me contrôler. Je suis ramené à la réalité par cette main qui est en train de se glisser dans la mienne, ce contact est l’effet d’un électrochoc qui rompt d’un coup chacunes de mes pensées négatives, faisant disparaître mon père de mon esprit, alors que mon regard se pose sur ce lien que j’ai avec Véronicka. « Merci d'avoir pris ma défense tout à l'heure. » Sa voix est en train d’interpeller mon attention, ses propos me permettent de poser mes iris sur elle, sans pour autant être capable de reprendre la parole, je n’arrive pas à lui répondre, tout du moins pas verbalement, simplement avec un hochement de la tête.

L’alcool parcourant mon organisme m’empêche d’avoir la moindre notion du temps, de réellement savoir combien de temps suis-je resté sous cette douche à me perdre dans mes pensées, qui doucement se décidé à se calmer dans mon esprit, luttant face à la persuasion de mon propre père. Je peux encore sentir les effets secondaires de la boisson, je peux sentir ma vision ayant bien du mal à maintenir la cadence que je suis capable de lui donner, mais c’est déjà beaucoup mieux. J’arrive à mettre les choses en ordre petit à petit dans mon esprit, à commencer par la présence de Véronicka dans mon appartement, un souvenir qui parvient à mon esprit alors que je tourne mon visage en direction de la porte close de la salle de bain. Une profonde inspiration me permet de me donner le courage nécessaire de quitter cette pièce, pour venir la rejoindre, longeant les quelques pas qui me séparent de l’endroit où elle se trouve. C’est en revenant dans le salon, que je me décide à activer mes mains autour du tee-shirt que j’ai entre mes doigts, pour me permettre de couvrir en totalité mon corps. « Je suppose que si je te propose un verre, tu ne vas pas le voir comme une bonne idée ? » C’est un sourire amusé que je présente sur mon visage, préférant mettre de côté le déroulement de cette soirée, ne pas revenir sur cette colère qui a pris le contrôle de mon corps tout à l’heure. Je ne veux plus permettre à mon père de prendre le pouvoir sur moi, tout ce que je souhaite c’est me changer les esprits et ce n’est pas parce que je suis déjà alcoolisé, que je suis en mesure de refuser un autre verre. « Ça va ? » C’est une question qui franchit la barrière de mes lèvres, alors que je termine de mettre ce haut, mon attention prise par Véronicka qui semble comme troublée, à son tour plongée dans ses pensées, ne pouvant m’empêcher de me demander si j’ai pu dire quelque chose de mal ou si ma réaction dans ce bar, ne va pas lui faire peur à compter de maintenant.

« Oui ...enfin...non… » Je ne peux masquer mon incompréhension face à cette réponse vague qui parvient à mes oreilles, alors que mon attention est sur le haut que je tiens entre mes mains. Je suis déterminé à venir couvrir la totalité de mon corps, mais ce n’est pas en un claquement de doigt que je vais pouvoir réaliser cet exploit. Je ne peux m’empêcher de me demander ce qui a pu se passer durant cette douche, pour que Véronicka ait l’air aussi perturbée. « Je veux dire, tu devrais d'abord boire ça. » Mes yeux trouvent enfin le contact avec les siens, à l’instant même où je suis en train d’arranger correctement mon tee-shirt sur mon corps, mes mains activent dans cette quête, avant de me permettre de prendre entre mes doigts ce verre que mon employée est en train de me tendre. Sa voix n’est pas seule à venir trahir cet état étrange dans lequel elle semble se trouver, ses gestes ne sont pas les mêmes que d’habitudes, sans doute sa maladresse, mais alors pourquoi cette gêne ? C’est une question que je ne peux m’empêcher de lui poser, en même temps que j'apporte le verre à mon visage, prenant soin de sentir le liquide. « De l’eau ? » « Oui oui, ça va, excuse moi .. je crois que la pression redescend juste un peu … et à l'inverse que l'alcool me monte à la tête. » Ma remarque est perdue entre les explications de Véronicka sur l’état dans lequel elle se trouve, alors que je me suis approché de ce qui ressemble le plus à un bar dans le loft où je vis. « C’est le signe qu’il te faut un dernier verre. » Une phrase que je prononce en attrapant deux verres que je pose devant moi, tournant le dos à la demoiselle, avec des gestes plus qu’approximatif, merci l’alcool.  « Tu sais quoi ? C'est peut être pas raisonnable, mais je veux bien un dernier verre avant de partir … enfin si toi tu te sens capable d'en boire encore un. » C’est un sourire qui se présente à mon visage, un sourire qu’elle ne peut apercevoir et qui est le fruit de cette réponse qu’elle vient de me donner et qui est parvenue à mes oreilles. Bouteille à la main, je suis en train de remplir le premier verre se présentant sur mon chemin, faisant preuve d’une chance pour ne pas en verser une goutte à côté. « Sert moi ce que tu veux, je te suis. » A-t-elle pensé que j’allais lui proposer une toute autre boisson que la mienne ? « Et toi ? Comment tu te sens ? » Une question qui marque le commencement du second verre que je suis en train de remplir, gardant toujours mon invité dos à moi. « Je me sens bien. » Je ne peux empêcher les images de cette soirée, de me revenir en tête, de revoir le moment où ma colère a pris le dessus sur ma colère pour frapper cet homme que je ne connais pas. Je n’ai pas l’envie de revenir sur cet évènement, je n’ai pas envie de m’étaler sur le sujet et c’est la raison qui fait que débarrassé de la bouteille l’alcool, je me tourne vers Véronicka pour lui passer son verre de dans lequel je viens de lui servir de la vodka. « Oh il se fait tard, je ferais bien d'appeler un taxi et de rentrer. » Je ne peux contrôler ce sourcil qui est en train de se lever, ne comprenant pas pourquoi soudainement elle souhaite s'éclipser de cette soirée. « Tu penses que ça va aller et que tu vas réussir à trouver le chemin jusqu'à ton lit? » Cette question attise ma curiosité, laissant un manque cruel de réaction à travers les traits de mon visage, avant d’entendre son rire résonner dans le salon de mon logement, laissant naître un sourire à travers mes lèvres qui doucement sont en train de s’étirer. « Ça devrait aller. » Une affirmation que je conclue en glissant mon verre entre mes lèvres pour me permettre de boire une première gorgée, que je n’ai pas de mal à sentir ce goût fort contre mon palais. « Si tu n’as pas peur, il y a une chambre d’ami à l’étage. » Une proposition que je conclus par une nouvelle gorgée que je m’accorde, avant de combler les derniers pas qui me séparent du canapé, pour venir m’asseoir dessus. Je ne réalise pas réellement la proposition que je suis en train de lui faire, sans doute trop brouillé par l’alcool présent en moi. « Un conseil, ne le boit pas cul sec. » C’est loin d’être une bonne idée, entre le choix de la boisson et la quantité que j’ai pu lui servir.