So it's true you're back / Vicky and Emil

Cela fait quelques minutes que je me trouve dans ma voiture, contact coupé, sans même prendre la peine d’en sortir, je me contente de garder mon regard posé sur cette maison, mon coude contre la portière et ma main contre ma bouche. La toute dernière fois où j’ai eu l’occasion de voir de la lumière jaillir des fenêtres que je regarde, c’était il y a vingt longues années en arrière et depuis le départ des Millstone, c’est une maison qui est restée vide, jamais personne n’est venu y habiter. C’est pour cette raison, qu’en passant la veille dans cette rue, que je fuis pourtant comme la peste, j’ai eu beaucoup de mal à ne pas être interpellé par la vie qui semble avoir repris à l’intérieur. C’est un peu comme faire un saut dans le passé, qui me ramène vingt ans en arrière, la nostalgie n’a pas de mal à prendre le dessus sur ce que je ressens et pour la première fois en plus d’un mois, un sourire se présente sur mon visage, mais celui-ci ne traduit pas ma souffrance. Il y a longtemps que je n’ai pas pris le temps de repenser à ces souvenirs, avec le temps, je me suis habitué à l’absence de cette famille, qui est partie du jour au lendemain, sans donner de nouvelle, sans apporter de précision, disparaissant dans la nature, laissant ma mère seule face à la mort de sa meilleure amie et laissant le petit garçon que j’étais, séparé de sa meilleure amie, celle qui a bercé mon enfance, jusqu’à ce jour, on ne s’était jamais quitté tous les deux. C’est le moment pour moi de prendre une grande inspiration, de laisser mes poumons se remplir d’air, comme pour me donner du courage, avant d’expirer profondément, en prenant les clés de ma voiture dans la main. Je sens mon cœur cogner contre ma poitrine à mesure que je m’approche de la porte de cette maison, je ne sais pas à ce que je dois m’attendre, est-ce réellement les Millstone qui sont de retour ? Auquel cas, je ne cesse de me poser un nombre incalculable de questions, sans même réussir à y mettre un ordre d’importance. Et s’ils ont enfin accepté de vendre cette maison ? Si ce sont de parfait inconnus qui y vivent désormais ? C’est une option que je ne dois pas négliger et qui reste dans un coin de ma tête, autant dire que si c’est celle-ci, je vais avoir l’air bien con d’avoir appuyé sur la sonnette pour annoncer ma présence. Mon regard n’est pas concentré sur la porte, je l’ai détourné dans cette rue que je connais trop bien, j’ai grandi ici, deux maisons plus loin, cette maison que je fuis comme la peste depuis plus d’un mois, tout comme cette famille qui habite à l’intérieur. Je suis ramené à la réalité par le bruit d’une porte qui s’ouvre et une voix qui arrive jusqu’à mes oreilles, attirant mon attention en posant mon regard sur celle qui me fait face. « Alors c’est vrai ... » Je me suis toujours imaginé, que si un jour l’occasion s’offrait à moi de pouvoir recroiser la demoiselle qui est devant moi, je serais content, que j’allais retrouver une partie de cette enfance envolée et dans l’immédiat … Je me retrouve à lui en vouloir de cette absence totale. « C’est l’heure du grand retour ... » Vingt ans me séparent de la dernière fois où mon regard s’est posé sur elle, mais il y a des similitude entre cette petite fille et la femme que j’ai devant moi, elle a changé, ce qui est normal, mais je sais que c’est elle, je n’en ai pas le moindre doute. « Véronicka Millstone, c’est bien quelqu’un que je ne pensais plus revoir un jour. » Comment est-il possible de me dire qu’un jour elle allait revenir à Klamath Falls, que cette maison laissée à l’abandon depuis tant d'années, allait à nouveau y retrouver de la vie. Je sais que depuis vingt ans, ma mère n’a pas eu la moindre nouvelle de cette famille, ils ont disparu aux yeux de tous, de tout un quartier qui n’a jamais su où ils ont posé bagages, ni même ce qu’ils sont devenus … Jusqu’à aujourd’hui.

« Surprise ! » C’est peu de le dire ! Je suis en train de faire un bon de vingt ans en arrière, en posant mon regard sur celle qui fut durant plusieurs années ma meilleure amie, la toute première personne hors de ma famille a qui j’ai accordé ma confiance. Il me suffit de regarder la maison devant laquelle je me trouve et j’ai encore de nombreux souvenirs qui me reviennent, difficile d’oublier ces moments où l’on avait l’art et la manière de rendre nos deux mères folles après notre passage. Chaque coin de la rue de ce quartier dans lequel j’ai grandi, me permet de me rappeler de bien de nos moments ensembles, notamment de cette après-midi où j’ai réussi à casser l’un des nain de jardin de la vieille folle d’en face, je me souviens également de l’engueulé que je me suis prise quand ma mère a compris que le fautif de ce sabotage était son fils, alors qu’elle avait tenu tête à une vieille chouette pour me défendre. Erreur. Je ne sais pas si j’ai l’envie de me replonger dans de tels moments de ma vie, tout était tellement différent d’aujourd’hui, puisque en tournant mon regard deux maisons plus loin, je peux ressentir ce pincement au coeur, je ne peux m’empêcher de contracter ma mâchoire face aux mensonges de ma mère. « Tu … Tu veux rentrer ? Je pense qu’on à beaucoup à rattraper et le pas de la porte n’est peut être pas l’endroit idéal, j’ai des bières au frais si ça t'intéresse, je pense que ca ne nous fera pas de mal » Il y a cette rancoeur au fond de moi qui est présente et qui est à l’encontre de la demoiselle à qui je viens rendre visite, je lui en veut pour ces vingt années d’absences. C’est la curiosité qui m’a poussé à frapper à sa porte, deux décennies que cette maison est inhabitée et du jour au lendemain, la voici à nouveau remplie de vie, toute personne habitant ce quartier depuis longtemps a dû ressentir la même surprise que moi. Je sais que je ressens cette rancoeur envers celle qui est devenue une femme, mais il y a cette envie d’accepter sa proposition et de céder à l’appel de cette bière qu’elle me propose. L’alcool et moi en ce moment on est plutôt copain. « J’espère que tu as l'équivalent de vingt ans en bière ... » C’est bien l’option que j’utilise pour accepter la proposition de mon ancienne meilleure amie d’enfance, avec une pique que je ne peux contrôler, c’est plus fort que moi, je suis obligé de rappeler toutes ces années écoulées depuis la dernière fois que l’on s’est vu tous les deux. Mes yeux se posent autour de moi, certains meubles ont changé, l’emplacement n’est pas toujours le même, en fonction des goûts des nouveaux résidents ou encore des pièces dont elle dispose. Des changements, sans trop de changement et les souvenirs sont nombreux, alors que je prends place sur ce canapé, non sans arrêter mon regard sur la télévision en face de moi. « Je suis sincèrement désolé Emil … » Des excuses qui parviennent à mes oreilles à l’instant même où mes yeux se posent sur cette bière qui me fait face, alors que Véronicka s'assoit à mes côtés sur le canapé. Je ne contrôle pas ce rictus qui se présente sur mon visage, ce même rictus qui me pousse à prendre cette bière dans ma main et de succomber à l’appel de l’alcool avec une gorgée que je prends plaisir à faire durer. « Rends-moi service, les excuses vieilles de trente ans n’ont pas marché, alors celles de vingt ans n’ont aucune chance. » Il y a une grande part d'égoïsme en moi en prononçant ces propos, Véronicka a quitté Klamath Falls durant vingt longues années pour je ne sais quel coin du pays ou encore de la terre, elle n’a pas la moindre idée de ce qui a pu se passer ici, de ce terrible mensonge que contenait la maison des Becker. « T’es revenu toute seule ? » Je ne peux pas oublier le drame qui a touché la famille Millstone, j’ai vu ma meilleure amie d’enfance perdre sa mère et j’ai vu ma mère y prendre sa meilleure amie. Le décès de Meredith a bouleversé à l’époque la vie de ce quartier et toute personne l’ayant vécu ne peut pas oublier que les deux filles Millstone se sont retrouvées à devoir grandir sans la présence de leur mère à leurs côtés. Il y a tant de choses que j’ignore sur Véronicka, elle qui à l'époque n’avait aucun secret pour moi, les choses sont bien différentes désormais, qui est-elle devenue ? Pourquoi est-elle revenue ? Trop de questions que je ne peux m’empêcher de me poser, avec la grande envie d’avoir des réponses. « Je pensais pas un jour revoir de la vie dans cette maison ... » Un peu comme le symbole des drames que le quartier à pu vivre, ceux qui l’ont connu ne peuvent pas l’oublier et c’est quelque chose qui a marqué tout le monde, même vingt ans après, tout le monde se souvient de Meredith et de sa petite famille.

J’ai comme l’impression que la vie s’est décidée de ne pas me rendre les choses faciles ces derniers temps et plus les jours passent, plus cette impression grandit face à ce qu’il se passe autour de moi. Après les révélations fracassantes de ma mère et cette crise existentielle dans laquelle je me retrouve, je ne parle plus à ma grande sœur, ne supportant plus sa présence et rien que son prénom provoque en moi une colère que je ne suis pas capable de contrôler. J’ai conscience me laisser prendre au piège de la simplicité de l’alcool pour réussir à oublier tout ce que je ressens au fond de moi, pour réparer quelques heures mon coeur que j’ai du mal à reconstruire, ce n’est pas pour autant que je m’arrête dans ma lancée, pour preuve, c’est une bière que j’ai à nouveau ce soir entre les mains. Tout est différent autour de moi et ce soir je vois le passé revenir à grand pas avec le retour de Véronicka, vingt années après le départ de la famille de Klamath Falls et elle a bien grandit la petite fille à qui j’ai parlé pour la toute dernière fois avant ce soir. « Trente ans ? » C’est à cet instant que je réalise mes propos, que je comprend qu’une fois encore, tout ce scandale au sein de la famille Becker, qui me concerne tout particulièrement a beaucoup plus d’impact que je ne le souhaite et qu’il revient en permanence. Je n’apporte pas de réponses à Véronicka, uniquement la présence de la bière à mes lèvres pour apprécier une gorgée fraîche de cette boisson, alors que mon regard est en direction de l’hôte de cette maison. « Je sais que c’est insignifiant, que ce ne sont que des mots qui n'effaceront en rien le mal que je t’ai fais et le temps perdu, mais … je le pense et je le suis. » En même temps que mon attention se tourne vers le sol, je laisses un hochement de mon visage se montrer, non sans un rictus qui se présente à mes lèvres, m’autorisant quelques secondes comme pour réfléchir à ce que je vais lui répondre et en même temps, ayant beaucoup de mal à croire la moindre excuse depuis plus d’un mois et les révélations de ma mère. « Tu as raison, c’est tout autant insignifiant que tu ne le penses. » Elle le pense sincèrement et c’est tout autant insignifiant à mes yeux, j’ai beaucoup de mal avec le pardon ces derniers temps et je n’ai aucune envie d’entendre cette vieille amie d’enfance se morfondre d’excuse, c’est un mot que j’ai beaucoup trop entendu et je vais finir par vomir si je l’entend encore une fois. Véronicka est en train de mettre les pieds dans le plat en faisant part de son ressenti, je suis en train de faire la même chose en lui demandant si elle est revenue à Klamath Falls seule, il me suffit de voir cette réaction d’hésitation sur son visage, avant de la masquer avec la bière qu’elle a dans la main. « Non, ma sœur est revenue avec moi … enfin … c’est plutôt moi qui l’ai suivie ici. » Je suis intrigué par sa réponse, je peux sentir cette sensation de malaise, quelque chose travail la jeune femme et en posant mes yeux sur elle je peux en avoir la confirmation, déjà bien aidé par le son de sa voix. Vingt années nous sépare de la toute dernière fois où l’on s’est vu, une toute autre époque où l’on se connaissait par coeur, de l’eau à coulé sous les ponts, mais dans le fond elle reste un petit peu cette petite fille que j’ai connu et mon travail de policier m’aide aussi dans ma déduction. « Tu vis toujours à Klamath ou ta venue ici est juste une drôle de coïncidence ? » Je n’ai pas le temps de reprendre la parole, je n’ai pas le temps de répondre à Véronicka, de laisser s’exprimer ma curiosité, qu’elle a déjà eu l’occasion de changer de sujet, me renvoyant l’ascenseur, j’ai comme l’impression que derrière le bleu de ses yeux se cache beaucoup de mystères et de secrets. « Il n’y a jamais de coïncidence à Klamath ! » C’est un fait établi dans ma tête au sujet de cette ville. « C’est chez moi ici, je me vois nul par ailleurs. » Quand bien même, je n’ai pas manqué l’occasion il y a presque deux mois, pour partir le plus longtemps possible sous couverture et m’éloigner de cette maison autrefois bien plus réconfortante. J’ai eu l’occasion d’avoir une première vie de trente-trois ans, depuis l’intervention de ma mère, j’ai l’impression de revenir à la vie une nouvelle fois et de devoir retrouver de nouvelles marques, avoir de nouveau repère dans ma vie.

La famille Millstone a toujours été très proche des Becker, un lien qui s’est créé uniquement grâce à nos mères, qui nous ont permis de nous rencontrer, d’avoir ce lien spécial qu’il y avait entre Véronicka et moi lors de notre enfance. Je me rappelle encore à quel point la mort de Meredith a eu beaucoup d’impact sur ma mère, perdre sa meilleure amie, elle a eu du mal à s’en remettre, à sortir la tête de l’eau, mais je n’ai jamais su comment elle a vécu le départ du reste de la famille. Grace était bien trop occupée lors de cette sombre période, à me protéger, à m’aider à tourner la page d’une amie d’enfance disparue, elle a beaucoup de défaut, je ne veux plus la voir à l’heure actuelle, mais je n’en oublie pas ce qu’elle a pu faire pour moi. « A dire vrai, moi non plus. » Je ne sais pas pour quelle raison sa petite soeur a réussi à la faire revenir dans cette ville, mais une chose est sûr, ce n’est pas de gaîté de coeur qu’elle y remet les pieds, sans doute les souvenirs bien trop douloureux de son enfance, parfois il vaut mieux laisser la boîte de pandore bien close au lieu de vouloir l’ouvrir. Je profite de la courte absence de l’hôtesse des lieux, pour terminer cette bière que je tiens dans ma main, je n’en oublie pas sa proposition, elle a ce qu’il faut en alcool, bière ou plus fort. C’est d’ailleurs la toute première fois de notre vie que l’on apprécie la saveur de l’alcool ensemble, bien que, je ne peux m’empêcher de me demander si goûter à ce petit plaisir des adultes, on ne l’a pas fait pour comprendre quand on était plus petit, on en aurait été capable. « Je ne savais même pas que mon père avait décidé de garder la maison, je pensais qu’il avait tout vendu suite à la mort de maman … jamais je n’ai imaginer revivre ici ne serait-ce qu’un instant, et pourtant me voilà … nous voilà, vingt ans plus tard, deux étrangères dans une ville tellement familière. Je n’ai pas eu le courage de te prévenir de mon retour, mais je ne m’attendais pas à te trouver sous mon porche … je pensais que tu aurais cherché à m'éviter ou pire, que tu m’aurais oublié après tout ce temps… » Mes iris peuvent croiser les siens quand elle parle et je n’en démords pas, il a beaucoup de points d’interrogation derrière les propos de mon ancienne amie, mais tout autant derrière le retour des sœurs Millstone. Je ne sais pas ce qu’elles cherchent à remettre les pieds à Klamath Falls, mais elles ont une idée derrière la tête et je n’arrive pas à mettre le doigt dessus, Véronicka évite suffisamment l’essentiel pour y voir plus clair. « Pourquoi ? » Une simple question qui tient en un seul mot, alors que mon regard retrouve celui de la demoiselle une nouvelle fois, gardant toujours cette froideur en moi, ce manque d’émotion que je peux retranscrire, c’est devenu un peu mon quotidien et avec un coeur vide et brisé, c’est bien plus facile à faire. « Vous disparaissez pendant vingt ans, aucun de vous ne donne de nouvelles pendant tout ce temps et un beau jour, vous revoilà ! Tu savais en venant ici que ça te serait aussi familier qu’étranger, tout changé en vingt ans ! Ta sœur s’est pas levée un matin avec l’idée de retrouver ses racines, pourquoi elle t’a poussé à revenir ? » Je ne suis pas en état de faire des manières et prendre des pincettes pour avoir des réponses, elle n’est pas un suspect, je veux seulement comprendre, parce que son retour à elle et à sa petite soeur est étrange, il y a bien des choses qui sont cachés derrière et malgré les vingt ans qui remonte à notre toute dernière rencontre, je compte bien découvrir ce que c’est.

« Écoute Emil… » Il y a vingt ans en arrière, on n’a pas eu l'occasion, malgré notre jeune âge, de se lancer dans une conversation à cœur ouvert. Beaucoup d’années plus tard, c’est le moment des explications, peut-être pas la meilleure période pour Vicky de se lancer dans une tâche aussi lourde que celle-ci. Ces derniers temps les explications pour comprendre ont l’effet inverse et au lieu de m’attendrir, de pardonner, c’est de la rancoeur qui augmente, de la colère qui se propage dans mon corps. Après tout, j’ai le droit d’être un minimum optimiste au fond de moi, sans le montrer, elle n’est pas ma mère. Véronicka a le droit d’avoir de bonnes raisons, elle a surtout le droit de me donner ses explications, de dire ce qu’elle a sur le coeur et je ne suis personne pour l’en empêcher, je me contente de tourner mon regard dans sa direction, prêt à entendre ce qu’elle a à me dire. « Je devais partir Emil, je devais couper les ponts. Mon père à voulu partir précipitamment et … ce fut la meilleure décision qu’il ai prise, mais oui, c’est moi seule qui ai décidé de ne plus donner de nouvelle … Je … » Je peux sentir le mal être dans la voix de mon amie d’enfance, alors qu’il y a quelques secondes que le contact entre nos iris a été rompu, de sa propre volonté. Bière à mes lèvres, mon regard se détourne dans un coin de la pièce, n’y prêtant pas attention, avant d’apprécier ces quelques gorgées que je suis en train de prendre. Je ne suis pas sûr qu’un alcool aussi peu élevé soit suffisant pour la soirée qui nous attend, en même temps, depuis cette nuit tragique deux maisons plus loin, ma vie a complètement changé, mes soirées sont souvent accompagnées d’un remontant qui me permet de boire jusqu’à oublier, jusqu’à ne plus sentir cette souffrance que je ressens et que je ne suis pas capable de panser. « Ma mère venait de mourir et chacun de nos souvenir me la rappelait, chaque chose qui me faisait sourire en pensant à notre amitié me faisait mal car ca me rappelait un temps révolu! » Je me souviens de cette sombre période, dans la même journée j’ai pu voir ma meilleure amie anéantie par le décès brutal de sa mère et j’ai pu voir ma mère brisé par la mort de sa meilleure amie. Le gamin que j’étais à cette période n’a jamais pu s’empêcher de s’imaginer à la place de Véronicka, à se demander comment est-ce que j’aurais pu réagir si c’était ma mère qui avait perdu la vie. A cette époque, rien que l’idée de la mort de Grace, m’était insupportable, elle a toujours été celle que j’ai idolâtré, celle qui a toujours été présente pour moi, celle avec qui j’avais un lien spécial dans ma famille, aujourd’hui je comprend bien mieux pourquoi, rongé par la rancœur, je ne sais si je serais capable de ressentir de la peine s’il venait à lui arriver quelque chose. « Alors oui, j’ai eu mal de t’avoir abandonné même si c’était mon choix, j’ai eu mal de ne pas être avec mon meilleur ami pour les moments importants, j’ai eu mal de te perdre. Donc oui, je suis désolé … Mais ... mais je ne vais pas te mentir, si c’était à refaire, je le referai car j’ai pu me reconstruire … Certes les plaies sont toujours béantes, mais j’ai pu vivre en tirant un trait sur cette vie. » Je peux entendre les émotions qui la traversent, dans le son de sa voix qui parvient à mes oreilles, je peux comprendre qu’un rien peut faire sortir des larmes qui se font de plus en plus pressante, je peux ressentir cette souffrance qui reste au fond d’elle. Mon regard est dans sa direction alors que je me contente de garder le silence, lui laissant une parole qu’elle prend grand soin de prendre, de s’expliquer et le pire dans tout cela je ne sais même pas si je suis convaincu par ses propos, est-ce que je lui en veux toujours ? Bière toujours tenu entre mes doigts, je ne peux contrôler le mouvement de mes iris, pour se poser dessus, je ne peux pas détendre un visage qui reste froid, qui reste dur et surtout insensible, parce que c’est bien ce que je suis ces derniers temps. « Enfin, jusqu’à maintenant. » Je ne peux masquer ce léger hochement de tête, alors qu’un rictus vient prendre place sur mon visage, je prends quelques secondes dans un profond silence, je prends grand soin de continuer à fixer la bière que je tiens dans ma main. « J’ose même pas imaginer tout ce que tu as dû traverser depuis tout ce temps et je remettrais jamais en question toute la souffrance que vous avez vécu, ton père a eu besoin de partir et on était des gamins à l’époque, forcément tu devais le suivre … » Qui a l’âge de treize ans, peut s’opposer face à la décision de son père de quitter une ville dans laquelle on a toujours vécu et qui nous à enlevé notre mère ? Absolument personne, puisque personne a un tel âge peut être en mesure de s’assumer seul. « T’aurais pu me prévenir ! » Voici un nouveau rictus se présentant sur mon visage, cette fois-ci comme moyen de reprendre le contrôle sur les émotions révolues de cette période, qui remontent à la surface, alors que mon regard croise à nouveau celui de Véronicka. « Je pouvais peut-être pas comprendre réellement ce que tu traversais, mais j’avais le droit de savoir, savoir que vous partiez au lieu de l’apprendre comme un con et ne pas avoir pu te dire au revoir, t'aurais dû me prévenir … Ça m'aurait pas enchanté, ça m’aurait fait mal, mais j’aurais pas espéré pendant des mois et des mois, d’avoir de tes nouvelles … Ça m'aurait évité de perdre de l’énergie pour quelqu’un qui ne me voulait plus dans sa vie. » Sans doute est-ce les conséquences du mensonge de ma mère, le résultat d’une vérité révélée beaucoup trop tard, qui me laisse l’amère impression que bien des choses dans ma vie ont été le fruit d’une énergie dépensée à tort. Vingt ans nous séparent de notre dernière rencontre, de nos derniers instants ensemble, on n’a pas eu de mal à se reconnaître tous les deux, malgré que nous soyons devenus des adultes, mais on a beaucoup changé tous les deux, nous ne sommes plus ces deux gamins qui se connaissaient presque par cœur. « Tu as de la chance de te sentir chez toi quelque part » Bière à mes lèvres, je me laisse à faire couler ce doux liquide, beaucoup trop doux, dans ma bouche, pour savourer ces gorgées que je suis en train de m’offrir en terminant cette bouteille que j’ai dans ma main. Suis-je surpris par cette descente rapide ? Pas vraiment ! Je ne suis qu’un homme meurtrie depuis quelque temps, un homme qui ne cesse de noyer son chagrin dans l’alcool, au moins pour quelques heures. « Tu penses vraiment que c’est une chance ? » Au son de ma voix, il n’y a pas la moindre difficulté à sentir mon scepticisme face aux propos de Véronicka, face aux affirmations qu’elle vient de faire. « Ma famille vit à deux maisons d’ici et ils sont tous persuadés que je suis dans le Minnesota depuis plus d’un mois … C’est pas toujours une chance … » De mon propre souhait porté par l’envie et ce besoin de m’éloigner d’une famille beaucoup trop mystérieuse pour ne pas remettre ma vie en question sur toute la ligne, je suis bien parti de Klamath Falls durant un mois, mais pas à Saint Louis, à Salem, je n’ai même pas changé d’état.

« Comment ça, pourquoi ? » Quelques jours que j’ai remarqué la présence d’une vie dans une maison éteinte depuis bien trop longtemps, c’est ce qui a attiré mon attention et éveillé ma curiosité qui m’a poussé à frapper à cette porte que j’ai tant passé durant mon enfance. Il y a un bon nombre de questions qui me traversent l’esprit depuis quelques jours, ne parlons pas de celles qui sont venues s'ajouter maintenant que je me retrouve en présence de Véronicka, j’ai besoin de réponse et je ne vais pas faire de détour. « Tu es toujours du style brute de décoffrage quand tu veux savoir quelque chose toi … » Je n’ai jamais su prendre des chemins rallongeant un chemin pour en venir au but, devenir policier ne m’a pas permis de calmer cette partie de moi, je dirais même plus que ça n’a fait que l’accentuer. « Nous n'avons plus aucune attache à New-York. Oui New-York, c’est là ou nous étions mon père, ma sœur et moi ... » Après vingt années de mystères, en voici un qui est en train de tomber, le père de la famille Millstone a donc décidé de quitter une petite ville ou presque tout le monde se connaît pour une grande ville et pas n’importe laquelle. Je pourrais me laisser porter par un tel sujet, mais pas ce soir, un autre jour peut-être, pour le moment je n’oublie pas ce que je veux savoir, ce que je suis en train d’attendre de cette amie d’enfance. « Tu as raison il n’y à pas que ça … mais à ce stade, il nous faudra quelque chose de bien plus fort. » Je ne peux contrôler le froncement de mes sourcils, alors que mon regard est en train de suivre une Véronicka quittant le salon dans lequel on se trouve, je sais très bien pourquoi elle vient de se lever et je ne suis pas contre son idée de passer d’une bière à un alcool plus fort, sans doute aussi brute de décoffrage que je puisse l’être. Il ne faut pas longtemps avant de la voir revenir, munie de deux verres et de ce qui semble être du whisky, bonne pioche Millstone ! Je ne cherche pas à rompre ce silence qui s’est installé depuis sa dernière prise de parole, cadavre de la bière terminée un peu plus tôt posée sur la table basse, en compagnie de ses prédécesseurs, je comble le vide dans ma main de ce verre servit, m’offrant le plaisir d’humer un whisky à la bouteille que je ne connais pas. Vingt années se sont écoulées et le père Millstone n’a pas changé ses goûts, je le revois encore avec son verre de whisky, cet alcool qui était son péché mignon et qui l’est resté. « Si nous sommes revenues ici c’est par rapport à la mort de notre mère. » Mon attention ne se porte plus sur le verre que je tiens de mes doigts, mon regard est sur Véronicka, intriguée par les propos qu’elle vient de me sortir. Je ne peux pas dire si c’est l’ancien meilleur ami de la demoiselle qui a pris le contrôle ou si c’est le policier que je suis qui est sur le devant d’une scène que je n’ai pas vu venir. « La mort de ta mère ? » Il y a quelque chose qui m’échappe, Grace m’a toujours dit que la mère des deux petites filles, avait perdu la vie au cours d’une noyade, comment peuvent-elles revenir au sujet de ces circonstances ? Ma mère a-t-elle osé me mentir également à ce sujet ? Après tout, elle a bien su me mentir en me regardant droit dans les yeux pendant plus de trente-trois ans. « Ma sœur à l’intime conviction qu’il ne s’agit pas d'un accident mais d'un meurtre et … je crois qu’elle à raison. » Il n’y a pas de déflagration autour de moi, mais j’ai l’impression de me trouver au centre d’une explosion, parce que dans ma tête je peux entendre cette détonation face aux confidences qui parviennent à mes oreilles. Méredith Mayers serait le fruit d’un assassinat, ce sont les accusations que Véronicka est en train de me faire et il me suffit de plonger mon regard dans le sien pour comprendre qu’elle pense ce qu’elle est en train de me dire. « Comment ça tu crois qu’elle a raison ? » Je me retrouve en même temps à être à la fois cet ami qu’elle a toujours connu durant cette enfance, en même temps que le policier que je suis se présente à la surface. Je ne peux m’empêcher de me placer correctement sur ce canapé, alors que mes iris ne rompent pas le contact avec ceux de Véronicka, je garde en main un verre que je ne touche même pas. « Vicky, j’ai besoin de comprendre ce que tu me dis, ça fait vingt ans que j’entend ma mère me dire qu’elle est morte d’une noyade et là tu débarques d’un passé que je croyais disparu, en me disant que ta mère a été tuée ? Va falloir que tu m’en dises plus, pourquoi ta sœur pense que c’est un meurtre ? » En retrouvant de la vie dans cette maison, c’est la surprise qui a réussi à me gagner, alors que durant vingt longues années je suis passé devant une maison vide de toute présence, j’étais bien loin de me douter que la surprise la plus grande, la plus intense est celle que je suis en train de vivre maintenant que je parle avec Véronicka.

« Je … c’est faux. » Je peux entendre la voix de Vicky lui faire défaut, mais je ne suis pas capable d’y faire attention, comme je ne suis pas capable de remarquer cette larme qui se présente sur sa joue. Peut-être serait-elle revenue avant que le secret de ma mère explose au grand jour, ces retrouvailles auraient été différentes, mais avant un retour à Klamath Falls de la famille Millstone, ma mère a décidé d’y ajouter son grain de sel et laisser ma colère et ma rancoeur à un niveau beaucoup trop élevé pour que je sois en mesure de faire la part des choses. J’ai besoin d’explication, j’ai besoin de comprendre et même si celles-ci arrivent après vingt longues années de retard, je vais enfin pouvoir y voir plus clair, du moins c’est ce que j’espère. « Oui j’ai eu tort de ne pas te le dire, j’ai eu tord de te laisser comme ça sans nouvelle. Mais à aucun moment je ne voulais plus de toi dans ma vie ! » J’ai l’envie au plus profond de moi de croire ce qu’elle est en train de me dire, mais comment puis-je en avoir la certitude ? Elle a passé deux décennies complètes sans me donner de nouvelles, ce ne sont pas des actions de quelqu’un qui souhaite nous garder dans sa vie. « Tu étais l’une des personnes les plus importantes de ma vie, je t’aimais Emil ! je t’aimais comme un grand frère, comme un complice, comme mon meilleur ami … comme si tu étais une partie de moi-même … » Je me contente de garder un silence, pendant les prises de parole, bien qu’accompagné de pause obligatoire pour reprendre le dessus sur ses émotions. Je n’ajoute pas le moindre mot, pas le moindre bruit, dans ce salon dans lequel j’ai tant été par le passé, tout ce que je m’accorde, ce sont mes iris en direction ma meilleure amie d’enfance et ce whisky que je déguste par une nouvelle gorgée, on va en avoir grand besoin ce soir. « Je sais que j’ai merdé Emil et je m’en voudrais jusqu’à la fin de mes jours … Te quitter fut l’une des choses les plus difficiles qu’il m’ait été donné de faire … Tu as toujours été important pour moi Emil et … Tu es toujours important pour moi … alors je sais que tu as tous les droits de m’en vouloir et que tu ne me pardonneras sans doute jamais, mais tu as toujours ta place dans mon cœur p’tit ‘Rosminet. » Mon regard est posé sur ce verre que je tiens dans ma main, la voix de Vicky parvient à mes oreilles, en même temps que mes pensées me font revenir en enfance, je ne peux m’empêcher de revoir certains moments que l’on a passé ensemble tous les deux. Je peux sentir les larmes monter tout doucement, je peux sentir mes yeux s’humidifier, j’ai beau être habité par une rancœur, ses mots arrivent à me toucher. Puis il y a ce surnom, celui que l’on avait l’habitude de se donner étant enfant, tellement longtemps qu’il ne m’était pas parvenu à mes oreilles, il arrive à faire naître un sourire, bien que léger, sur mon visage. « J’ai beaucoup de mal à comprendre comment est-ce que je peux être aussi important pour toi et en même temps, tu as été capable de m’éloigner de ta vie pendant vingt ans. » Ce que Vicky a sur le coeur, j’ai pu l’entendre avec beaucoup trop années de retard, avec de long mois à me demander ce que j’ai pu faire de mal pour mériter une disparition aussi soudaine, mais il va m’en falloir plus pour réussir à faire table rase du passé. « Je dis pas que je pourrais jamais te pardonner, mais je vais avoir besoin de temps … » A la différence des années écoulées, désormais j’ai des éléments entre les mains pour comprendre, pour avoir des réponses à tant de questions que j’ai pensé vaine pendant bien trop longtemps, comme quoi, tout arrive dans la vie, il ne faut jamais perdre espoir.

Je ne sais pas comment est-ce que l’on arrive à passer de ces vingt dernières années et de toute la rancœur que l’absence de Véronicka a su générer en moi, à ce conflit qui est en train de faire éclater la famille Becker en morceau. Je sens mon cœur cogner contre ma poitrine, alors que mes yeux ne se détournent pas de ce verre que je tiens entre mes doigts, comme si l’alcool présent à l’intérieur va pouvoir m’aider à comprendre, me permettre de m’en sortir. « Attends, comment ça ils sont persuadé que tu es dans le Minnesota ? Qu’est ce qu’il se passe pour que tu te caches de ta famille comme ça ? ça ne te ressemble pas de fuir de la sorte » Après autant d'années, on a beaucoup changé tous les deux, on est passé de ces deux enfants qui se connaissaient par cœur, à ces deux adultes qui ont tout à apprendre l’un de l’autre. Seulement il y a des parts de nous qui sont toujours présentes, qui n’ont pas changé et la curiosité de Vicky est quelque chose qu’elle a gardé ou alors est-ce un traitement dont je suis le seul à y avoir le droit. Je ne sais pas par où commencer, j’ai même la grande envie d’esquiver un sujet qui est bien trop présent dans ma vie, mais je sais que je ne vais pas avoir d’autre choix. Je m’accorde quelques secondes supplémentaires, je prends le temps de remplir mes poumons d’air, avec une grande inspiration, comme un moyen de me donner du courage et de passer au-dessus de toutes ces émotions en liant avec ma famille. « C’est un peu compliqué … » Énormément même ! Et j’ai conscience qu’elle ne va pas se contenter d’aussi peu d’élément de réponse. « Hum … » Je n’ai pas la moindre idée du commencement de ma prise de parole, je devrais pourtant y être habitué. « Jeffrey n’est pas mon père. » Aussi brutalement, ce n’est pas une si mauvaise idée finalement, à quoi bon prendre des pincettes, le résultat sera le même. « Ma mère a couché avec Daniel et au lieu d’avoir l’honnêteté de me dire la vérité, elle m’a laissé croire toute ma vie tout un tas de mensonges … Ça me ressemble pas, mais pour le moment, les fuir c’est la seule solution que j’ai. » Je n’attend pas des conseils de la part de mon amie d’enfance, je ne cherche pas à savoir ce qu’elle en pense, elle a souhaité connaître la vérité au sujet d’une famille en apparence parfaite, c’est désormais chose faite, même si j’en viens à me demander si Meredith n’était pas au courant, après tout, elle était la meilleure amie de ma mère.

C’est justement autour de la maman Mayers que la conversation est en train de tourner et des circonstances de sa mort, c’est quelque chose que je n’aurais jamais pu voir venir. Comment peuvent-elles en arriver après plus de vingt ans, à la conclusion que leur mère ne s’est pas noyée ? Elles ont forcément des éléments entre leurs mains pour penser une telle chose, ce n’est pas possible autrement. Je suis à la fois intrigué, de part mon statut de policier, parce que forcément, c’est une partie de moi que je ne peux contrôler, mais je me sens aussi concerné, parce que malgré toutes ces années d’absences, Vicky a une place importante dans ma vie et c’est de sa mère dont on est en train de parler. « Ok, ok … je capitule. A la mort de mon père je … » Un peu comme une grenade explosant juste devant moi, c’est l’effet qu’à l’annonce que je suis en train d’apprendre, alors que mon regard se tourne brutalement vers la maîtresse des lieux. Je n’en reviens pas de ce que je suis en train d’apprendre, son père est mort. « Et merde …Désolé que tu l'apprenne comme ça, mais oui mon père est décédé au mois de mars … à croire que les décès nous font toujours fuir ma sœur et moi. Bref, à sa mort on à appris qu’il avait gardé la maison et à notre retour on à eu la joie de découvrir un grenier remplie d'affaires de notre mère dont ses relevés bancaires. » Je ne sais pas comment est-ce que je suis censé réagir face à une telle nouvelle, hormis penser que la vie est souvent injuste, Véronicka a toujours eu des parents adorables et aimants avec leurs deux filles, elles ne méritent pas aujourd’hui de se retrouver orpheline. Je ne peux m’empêcher de me dire que le premier des deux qui aurait dû perdre au moins l’un de ses deux parents, ce n’était pas elle, mais moi, en voyant ceux que j’ai et les dégâts qu’ils font autour d’eux. « En fouinant ses relevés, on à découvert que depuis quelques mois avant sa mort, elle faisait très régulièrement des chèques, toujours d’un même montant. Forcément, ça nous à intrigués, d’autant plus que le dernier mouvement bancaire de maman avant sa mort était l’un de ces chèques. La banque à fini par m’apprendre que ces chèques étaient destinés à un seul compte et que le compte bénéficiaire était au nom d’un certain Ilias Danvers. » Je me contente de rester silencieux, également de froncer les sourcils face à ce que je suis en train d’apprendre, bien évidemment il y a une part qui peut laisser penser à un meurtre, mais ces preuves bancaires sont beaucoup trop légères, juridiquement, la thèse de l’accident est bien plus probable. « Je sais que ça semble insignifiant, d'ailleurs je prends plus de pincettes que ma sœur sur cette affaire, mais ma mère à toujours fait de la natation à haut niveau. Tu sais aussi bien que moi qu'elle savait très bien nager donc on à jamais été convaincu par la noyade accidentelle. Mais là … Elle donne de l’argent à un homme sorti de nulle part quelques mois avant sa mort et ce jusqu'au jour de sa mort ! Et plus j'y réfléchis, plus j'ai l'impression qu'elle n'était pas elle-même les mois qui ont précédé sa disparition alors ... Alors je devais en savoir plus, je ne pouvais pas ignorer ses infos Emil. » Je ne sais pas exactement où elle souhaite en venir, en l’écoutant parler, j’ai l’impression qu’elle ne croit pas une seule seconde à ce qu’elle est en train de dire, mais en même temps, ses paroles laissent penser que la vérité n’est pas celle qui se trouve dans la conclusion du médecin légiste de l’époque. « Du coup, j’ai fait en sorte de m’approcher de cet homme, j’ai fait en sorte qu’Ilias Danvers m’embauche dans son bowling et je compte bien me rapprocher de lui pour obtenir des infos… On à besoin de découvrir qui il est Emil et surtout on à besoin de découvrir le lien qu’il avait avec notre mère ! » « Pardon ? » Je ne peux garder pour moi cet effet de surprise que je suis en train de ressentir, en apprenant que l’homme que les deux soeur soupçonne d’être responsable de la mort de leur mère, elle s’en est approchée pour avoir des réponses, comment peut-elle penser que ce soit une bonne idée ? « Attends, tu t’es vraiment fait embauchée par ce gars ? Tu réalises la folie que tu es en train de faire ? Peut-être qu’il n’a rien à voir avec la mort de ta mère, mais as-tu pensé deux secondes, que s’il en est réellement l’auteur, c’est dangereux ce que tu fais ? » Mes propos me semblent être d’une évidence à toute épreuve, mais en écoutant Vicky me parler, me raconter cette histoire, c’est une évidence qu’elle ne partage pas. « Si c’est vrai, ça fait vingt ans, que tout le monde pense que ta mère s’est noyée, ça fait vingt ans qu’il est libre et que rien ne soit en train de le menacer, tu crois vraiment qu’il te suffit de l’approcher pour avoir des réponses ? » Je n’arrive pas à savoir si mon ancienne meilleure amie est complètement naïve ou si elle cherche uniquement à tempérer les espoirs de sa sœur, je n’arrive pas à déterminer ce point précis : Véronicka croit-elle réellement que sa mère a été tuée ? Pense-t-elle vraiment que ce Ilias est responsable de la mort de sa mère ? Je n’arrive pas à en avoir les réponses. « Tu as dit que ta mère n’était pas elle-même avant sa mort, qu’est-ce qui te fait dire ça ? Est-ce que tu as des exemples à me donner ou des détails qui te reviennent en mémoire ? C’est important Vicky. » Ai-je pris le temps, depuis que j’ai remis les pieds dans cette maison, de lui dire que le petit garçon qu’elle a connu est aujourd’hui un officier de police ? Je n’en ai pas la moindre idée, mais c’est bien le détective qui est en train de prendre la parole, qui est en train d’essayer d’avoir des réponses.

« Comment l’a tu appris ? » Il y a quelques heures à peine, je ne pensais pas une seule seconde voir Véronicka revenir à nouveau dans ma vie après vingt longues années d’absences, pourtant c’est bien chez les Millstone que je me trouve. La vie peut-être pleine de surprise, il y a quelques semaines en arrière, je n’aurais jamais parié sur le retour d’une amie d’enfance, ni même sur ce mensonge que ma mère a été capable de garder pendant plus de trente années. Ce soir pourtant je me retrouve en compagnie de celle que j’ai longtemps vu comme une meilleure amie durant mon enfance, à évoquer ce tournant qu’à pris ma vie sans même que je ne puisse contrôler quoi que ce soit. « Je suis passé la voir un soir et visiblement, elle avait trop de remords à mentir depuis tant d’années. » Je ne peux masquer cette rancœur que j’ai à l’encontre de ma mère, qui se ressent au son de ma voix, mais elle n’est pas la seule qui a réussi à me décevoir. « Martha était au courant … » C’est une information que je donne à la nouvelle voisine de mes parents, alors que j’apporte ma main à mon visage, que je passe mes doigts contre mon front avant de venir les glisser dans mes cheveux. Une profonde inspiration me permet de reprendre quelques secondes le contrôle sur une situation qui m’échappe depuis bien trop longtemps, avant de chercher une toute autre porte de sortie, de vouloir noyer cette souffrance que je ressens, avec les bienfaits de l’alcool, devenu en quelque sorte mon quotidien. « Je comprends mieux ta volonté de fuir, je ne sais pas comment j’aurai réagi à ta place. » Une nouvelle prise de parole, qui me permet de tourner mes iris à nouveau en direction de Véronicka, de pouvoir croiser son regard. C’est comme un soulagement que je suis en train de ressentir, j’ai l’impression d’être un minimum compris, de ne pas ressentir la moindre once de jugement, dieu que ça fait du bien. « Qui d’autre est au courant ? » Voici une question à laquelle j’ai la réponse, pour un rictus qui vient se présenter à mon visage, qui laisse y faire naître une légère grimace. « Rory est au courant, je suis pas sûr que Charlie ait été mise au courant … » Il est difficile de savoir réellement ce que la petite dernière de la famille est au courant ou non, elle a plus souvent été absente de Klamath Falls ces dernières années, pour avoir l’occasion de parler avec elle, de connaitre la femme qu’elle est devenue. « Ce qui est sûr, c’est que j’ai un père qui ignore tout, mais qui est un gros connard, un autre qui ne sait pas que je suis au courant et qui passe son temps à mentir à sa femme et à mes … » Je ne suis définitivement pas prêt encore pour employer de tels mots. « Ses enfants. » Je n’arrive pas à réaliser, que je suis en train de parler de mes demi-frères et demi-soeurs, je n’ose même pas réagir leurs réactions quand ils vont l’apprendre, parce que je n’ai pas le moindre doute, ils vont finir par l’apprendre, maintenant que la boîte de Pandore ait été ouverte.

Je ne peux m’empêcher de me redresser sur ce canapé, je ne peux détourner mon regard de celle qui fut autrefois ma meilleure amie d’enfance, j’ai du mal à réaliser les risques qu’elle accepte de prendre, pour réussir à démasquer le meurtrier de sa mère. Parce que c’est exactement ce qu’elle est en train de chercher, Serena et Véronicka sont déterminées dans leur quête, elles semblent convaincus de la responsabilité de cet Ilias Danvers dans ce qui fut durant de longues années un sombre accident. J’ai du mal à croire qu’elle soit prête à prendre autant de risque, j’ai du mal à réaliser qu’elle puisse mettre sa vie en jeu de cette façon, mais j’ai l’amère impression que quoi que je puisse lui dire, rien ne viendra la convaincre de faire machine arrière. « Serena passait tout son temps au bowling pour essayer d'en savoir plus, alors elle aurait fini par voir l'annonce d'embauche. Du coup, c'était soit moi, soit ma sœur … alors autant te dire que ce risque je préfère le prendre moi … et au moins j'ai pu faire en sorte qu'elle cesse d'aller au bowling. Ne te méprends pas, j'ai conscience des risques mais je n'ai guère le choix. » Verre contre mes lèvres, je me laisse aller à une longue gorgée de cet alcool, qui n’est probablement pas encore suffisamment fort pour toutes les révélations qui ont eu lieu dans cette maison. Je suis en train de réaliser que Véronicka ne le fait pas parce qu’elle en a envie, que ce n’est pas un risque qu’elle prend sans y avoir réfléchi en amont, c’est quelque chose qu’elle fait pour protéger sa petite sœur. « Je suppose, que j’aurais fait la même chose que toi, pour protéger Rory ou Charlie … » Concernant mon petit frère, c’est une certitude qui se rapproche de celle de Véronicka avec sa petite soeur, une telle action pour Charlie serait bien plus éloignée, elle reste ma petite soeur, celle pour qui je prendrais un tel risque, mais après autant d’années aussi long de sa famille, elle est une devenue une femme que je ne connais pas, il y a tant que j’ignore à son sujet. Hors de question de laisser toute part de culpabilité prendre le dessus, sur un passé dont je n’avais pas mon mot à dire, pour cela rien de mieux que la douce saveur du whisky que je suis en train d’apprécier, qui est en train de troubler petit à petit ma vision. « Merci je sais pertinemment qu'il ne va pas soudainement dévoiler tous ses secrets, je suis naïve mais pas à ce point là Emil… Mais tu veux que je fasse quoi ? Aller voir la police ? Avec quelles preuves ? On a rien, on nous prendrait juste pour deux gamines, deux folles qui en veulent à un gars sans aucune raison apparente ... alors oui c'est bête, oui je ne vais certainement pas trouver grand chose, mais je me dois d'essayer … au moins découvrir comment il connaissait ma mère et pourquoi elle lui donnait de l'argent. » En un sens, c’est un petit peu ce qu’elle est en train de faire, aller voir la police et je suis bien placé pour pouvoir confirmer, qu’avec aussi peu de preuve à une telle affaire, qui n’a jamais eu lieu de la considérer comme un meurte, puisse être suffisante pour alerter les autorités. Véronicka a raison, ce n’est pas la police qui va pouvoir l’aider avec aussi peu d’élément entre ses mains. « Je peux pas t’empêcher de faire ce que tu fais, je saurais même pas comment réussir à te convaincre de ne pas aller au bout de cette idée complètement folle … » Sans doute parce qu’en situation inverse, rien n’aurait pu réussir à me convaincre. « Promets moi juste de m’appeler, si jamais tu te sens en danger. » Je suis de la police, j’ai bien conscience qu’elle ne pourra être prise au sérieu avec aussi peu de preuve, mais elle reste une personne qui a compté à mes yeux d’enfant, qui aura toujours de l’importance, il m’est hors de question d’imaginer une seconde la laisser sans le moindre filet de sécurité. « Tu connaissais ma mère, toujours douce, joviale, souriante, avenante … » C’est bien le souvenir qui résonne de Meredith dans ce quartier, le souvenir de cette femme, que ma mère a continué de faire vivre malgré son tragique décès. « Petit à petit elle a commencé à se renfermer sur elle-même, elle s'isolait, avait des sautes d'humeur de plus en plus fréquentes et violentes, elle s'absentait de la maison pendants des heures et … parfois on entendait des sanglots émaner de sa chambre et mon père lui demander de lui parler, de lui dire ce qui n'allait pas. Mon père me rassurait constamment, me disait que ce n'étais rien, que ma mère était simplement fatiguée et forcément, moi enfant, je le croyais sans me poser la moindre question, après tout à certains moments elle allait bien et tout était comme d'habitude. » Je ne peux garder pour moi cette longue expiration, laissant mon regard se perdre dans un coin du salon, me concentrant sur la voix de Véronicka qui est en train de parvenir à mes oreilles. Je peux sentir cette culpabilité qui est en train de l’habiter, avec laquelle elle a sans doute grandi depuis toutes ces années. « Mais avec le recul, la situation n'était pas normale, ma mère n'était pas elle-même et je n'arrive pas à en connaître la raison… De toute façon, à quoi bon ? Tu dis que c'est important, mais ça change quoi de te dire tout ça? Je sais pertinemment qu'à mon niveau je ne peux rien faire, que mes efforts seront vains et que personne ne nous prendra jamais au sérieux… Et pourtant … je m'évertue quand même à essayer … Tu dois vraiment penser que je suis stupide et que tout ça n'a aucun sens... » Une nouvelle fois un rictus est en train de se présenter sur mon visage, je sais à l’avance que ce que je vais dire, je devrais le garder pour moi, que je ne devrais pas entrer dans une histoire qui ne me regarde pas. « Il paraît que les petites filles ont tendances à tout écrire dans un journal intime, t’en aurais pas tenu un à l’époque, que tu aurais pu garder miraculeusement après toutes ces années ? » Je ne sais pas exactement ce que j’espère trouver à travers cette idée, je ne suis même pas sûr qu’il soit possible de réellement trouver quelque chose de viable, après les révélations que Véronicka est venue me faire. « On sait jamais, peut-être qu’il y a un détail du passé que tu as fini par oublier, mais que tu as pu noter à l’époque, je ne sais pas … » J’ai l’envie de la croire, j’ai l’envie de ne pas mettre l’hypothèse d’un meurtre de côté, parce que si les deux soeurs ont raison dans leur raisonnement, il y a un assassin en liberté depuis plus de vingt ans, qui a arraché une maman à deux petites filles.

« Est-ce que tu sais si ... Daniel est au courant ? Que tu es .. » Voici une question qui n’est pas choisie au hasard, une question à laquelle j’ai le besoin de prendre de longues secondes pour savoir quoi répondre à cette amie d’enfance que je suis en train de retrouver. En venant frapper à la porte de cette maison que j’ai tant connu il y deux décennies en arrière, je ne me suis pas imaginé une seconde me retrouver en face d’une Véronicka devenue adulte, à rattraper les plus gros points de nos vies, à lui parler de ce secret de famille qui a explosé au sein du clan des Becker, qui est encore en mesure de faire encore des dégâts. « Il n’a pas passé autant de temps, durant toutes ces années avec moi, s’il n’était au courant de rien. Il savait très bien et il a profité aussi de l’absence de Jeffrey pour être une image paternelle pour moi … » Cela fait de longues semaines, que toute cette histoire est venue m’exploser en plein visage, que j’ai le temps de retourner dans tous les sens, tous les souvenirs du passé sont en train de refaire surface, le moindre détail est décortiquée et trouve une explication que l’enfant que j’étais ne pouvait pas voir. « Je suis sincèrement désolé Emil, si tu as besoin … » C’est un peu à l’image d’un homme faisant comme chez lui, que je viens attraper la bouteille de whisky, pour me permettre de venir remplir mon verre, de venir remplir celui de ma partenaire retrouvée du soir, j’ai comme l’impression qu’elle est dans le même état que moi, que ça ne peut pas lui faire de mal. Je n’ai pas de réponse à lui apporter, c’est un soutien que je reçois de la part de cette amie d’enfance qui me touche, malgré ces vingt années de silences, la seule réponse que je peux lui donner est gestuelle, mon verre relevée, un rictus sur le visage, comme pour la remercier à ma manière.

« Je suis prête à tout pour protéger Léo, même si elle ne le voit pas forcément ainsi… » Je ne suis pas la personne la plus à même de pouvoir blâmer Véronicka pour le souhait qu’elle a de vouloir protéger sa petite sœur. Je n’ai pas besoin de reprendre la parole, je me contente simplement de poser mes iris sur elle, de l’observer, d’écouter les mots qu’elle ne prononce pas, qu’elle ne prend pas le temps de me dire par la parole. Cette façon qu’elle a de plonger son regard dans le verre qu’elle tient entre ses deux, cet air pensif qui est en train de se dégager de son visage, me laisse présager de bons nombres de questions qu’elle est en train de se poser actuellement, de la crainte qu’elle se fait pour sa soeur, sur toute cette situation. « Tu ne peux pas… Personne le peux. » C’est un hochement de tête que je lui apporte en guise de réponse, je ne peux que respecter ce qu’elle souhaite, ce combat qu’elle a décidé de mener avec sa petite soeur pour lever le voile sur la réalité du meurtre de sa mère, pour retrouver qui est responsable de sa disparition il y a vingt années en arrière. Je n’ai pas l’intention de trouver les mots pour faire revenir les pieds sur terre, pour qu’elle réalise tous les dangers qu’une telle histoire puisse comporter, parce que moi le premier, je n’écouterais rien, je n’en ferais qu’à ma tête. Il y a pourtant une chose, un détail qui me tient à coeur, malgré toutes les rancoeurs d’un passé que je dois mettre derrière moi, que je vais finir par pardonner, je veux qu’elle sache qu’elle peut compter sur moi, qu’elle peut m’appeler en cas de problème, de danger. « Il est hors de question que je te mêle à ça Emil. Si vraiment je me sens en danger un jour, j'appellerai la police je te le promet … même si on me rira sans doute au nez » Je ne peux m’empêcher de laisser un léger sourire venir se présenter à mon visage, en même temps que je me laisse aller à la douce saveur d’un whisky qui ne nous semble pas suffisamment fort pour cette soirée retrouvaille sous le signe des révélations. Véronicka n’a pas la moindre idée que d'appeler la police, c’est faire appel à moi, mais au moins elle ne compte pas se laisser prendre dans un piège infernal, sans avoir l’idée d’appeler les secours en cas de besoin. « Ca tu ne sais pas … » Je ne peux rien ajouter de plus, parce qu’il n’est pas impossible qu’on lui rigole au nez comme elle le suggère, mais il y a d’autres policiers à Klamath Falls qui seraient en mesure de la croire, de la prendre au sérieux et d’ouvrir une enquête pour en découvrir plus, quitte à ce que cela ne mène à rien.

« Euh … Je ne sais pas .. Oui, je crois que je dois encore en avoir dans les cartons au grenier, mais… » Voici une porte qu’elle n’a pas prit le temps d’ouvrir dans cette enquête qu’elle mène avec sa petite soeur, une direction qu’elles n’ont pas pensé à suivre, je peux le comprendre à travers la surprise qui est venue s’afficher sur son visage, ces secondes dont elle a eu besoin pour réfléchir, pour remonter le passé dans ses souvenirs. C’est sans doute une piste qui ne va mener à rien, mais qui peut être importante si Véronicka s’est décidée d’être bavarde durant cette période où sa mère s’est mise à agir différemment de ses habitudes. « Quand bien même il y aurait quelque chose, qui irait croire les mots d'une jeune adolescente ? » « Moi j’y crois ! Surtout si les mots de cette jeune adolescente peuvent permettre de trouver des preuves sur ce que vous avancez avec ta soeur. » Je ne prend pas le temps de réfléchir pour lui répondre, c’est l’ami de Véronicka qui est en train de lui répondre, mais également et surtout le policier que je suis depuis de longues années, l’enquêteur qui en a passé des heures sur différentes affaires mises entre les mains de la police de la ville. « D'ailleurs, pourquoi tu me poses toutes ces questions ? Je n'arrive pas à savoir si tu me crois ou pas, mais ça semble t'intéresser… et mon intuition me dit que ce n'est pas uniquement parce que nous som … étions proches. » Malgré les souvenirs d’une amitié perdue, mentionnée sur la fin de sa phrase, je ne peux m’empêcher de laisser un sourire venir marquer les traits de mon visage, amusé par cette situation. « T’as raison, ce n’est pas uniquement pour cette raison. Je vous crois toutes les deux, mais si vous voulez pouvoir alerter réellement la police sur cette histoire, pour rouvrir une enquête vieille de vingt ans, il va falloir des preuves et des preuves concrètes. » Je prends le temps de marquer une pause, de me laisser aller à une longue gorgée d'alcool qui est en train doucement de troubler ma vision, de laisser la boisson se répandre dans mes veines et faire son effet. « Vicky, si vous arrivez à me donner suffisamment de preuve dans cette histoire, je ne laisserais pas la police dans l’ignorance et crois moi, on vous suivra. » Elle n’est pas au courant la blondinette, elle ne sait pas que je fais partie des forces de l’ordre et c’est à demi-mot ce que je suis en train de lui révéler. Je n’ai pas la moindre intention de laisser Véronicka, ni même Leonella se mettre en danger, sans agir, sans sortir les mains de mes poches.