You deserve better than me || Tobias #4

Voilà une semaine que ce fichu article est sorti, une longue semaine remplie de questionnement et de remise en question, mais surtout remplie d’un silence assourdissant avec l’homme qui est supposé partager ma vie, Tobias. Un silence que je maintiens, la boule au ventre, ne sachant quoi lui dire devant des semi vérité énoncées aux yeux de toute cette ville. Des demi vérité sur lesquelles je commençais déjà à ouvrir les yeux et que j'aurai aimé garder pour moi le temps d'y voir plus clair, car à dire vrai je ne suis plus capable de discerner le vrai du faux, plus capable de discerner l’amour de la haine ou encore de la tendresse. Il faut dire que les conversations que j’entretiens avec Ilias ne m'aident pas. Des questions que je m’évertue à poser sur ses sentiments, alors que je sais que cela ne me mènera nulle part ailleurs que dans un mur froid. Dans un mur vers lequel je me rapproche à grand pas, tout en laissant l’homme le plus gentil de la planète derrière moi.

Un silence que je garde depuis maintenant bien trop longtemps, mais un silence qui ne trompe personne, sauf peut-être moi-même. La boule au ventre je ferme le bowling, clôturant ainsi une après midi bien trop longue, bien trop morne, mais surtout bien trop difficile comme en témoigne mes yeux rougis d’avoir retenu mes larmes des heures durant. Mes traits sont tirés, signe d'une nuit anormalement courte que j'ai passé en majorité en compagnie de mon meilleur ami, avant de jouer la toupie dans un lit anormalement vide. Le froid extérieur s’écrase sur mon visage, mais je ne le sens même pas, trop stressée, trop obnubilée par ce qui va suivre alors que je me dirige lentement vers ma voiture, le cœur aux bords des lèvres, battant de plus en plus fort alors que le bip romps le silence, me permettant de m’abriter de ces températures encore hivernale.

Arrivée à destination je reste là, inerte à regarder la façade du bâtiment où se trouve actuellement Tobias, mon copain, pour je ne sais combien de temps encore. De la lumière s'échappe de ses fenêtres, signe que cette fois-ci il est chez lui et que ce soir c'est le soir ou tout prendra fin. Mon coeur me cris de prendre mes jambes à mon cou, de partir tant que je le peu pour eviter toute souffrance inutile, mais ma raison me dit d’y aller, peu importe les larmes qui couleront, car après tout cet homme avec qui je suis depuis plusieurs mois maintenant, mérite bien mieux que ce silence, cet homme mérite bien mieux qu’une fille comme moi, incapable de savoir ce qu’elle ressent, incapable de savoir pour qui sont coeur bâts. Un constat douloureux et pourtant indéniable. Le constat de sentiment indélébile que je ne pourrais jamais oublier et qui vont causer bien trop de souffrance autour de moi, souffrance que je donnerais tout pour éviter.

Je fini par ouvrir la portière de ma voiture et par me glisser dehors, la main tremblante, peinant ainsi à fermer mon véhicule à clé. De longue seconde s’écoule avant que je ne trouve la force d’ouvrir la porte du hall me menant tout droit à mon célibat. Mon choix se porte sur les escaliers que je monte lentement, essayant de retarder l’échéance inévitable alors qu’une envie de vomir me prend. Devant cette porte qui me semble soudain oppressante, je vois ma vue se brouiller alors qu’un soupir larmoyant sort de mes lèvres. Je prends une profonde inspiration avant de lever le bras et de saisir cette once de courage qui me gagne pour venir frapper trois coups contre le bois sombre de la porte. Deux secondes de silence, puis un verrou se fait entendre alors qu’il n’y à plus aucun retour en arrière possible et qu’une larme perle sur ma joue que je mordille à l’aide de mes dents. La porte s’ouvre devant une vision qui me ferait presque tressaillir. Tobias, le bleu de ses yeux rougit se posant sur mes iris, le regard indescriptible d’un trop grand nombre d'émotions toutes plus tristes les unes que les autres, alors que mes jambes menacent de me lâcher à tout instant et qu'une seconde larme discrète se met à couler, se perdant dans les cheveux qui encadrent mon visage et que je n'ai pas pris le temps de remettre en place. Le silence s’installe, ne sachant pas réellement comme initier cette conversation qui, on le sait tous les deux, va signer la fin de notre histoire. “Salut …” La voix qui sort de mes lèvres se veut totalement cassée alors que cette fois c’est ma lèvre inférieure que je mord, cherchant les meilleures tournures de phrase possible, mais que je ne trouve pas. “Je … Je suis passée hier soir, mais … mais tu n'étais pas là alors …” Je me perds dans mes pensées, je me perds dans mes mots alors que mon cœur tambourine de plus en plus fort et que mes yeux me piquent de plus en plus. “Je peux rentrer ?” Rien d’autre ne sort de mes lèvres alors qu’un frisson me traverse, me poussant à passer mes bras de part et d’autre de moi, comme pour un câlin en solo, alors que je m’attends à voir cette porte se fermer sans un son en provenance de ce brun pour qui j’éprouve une profonde tendresse, une tendresse sincère et pure, mais qui ne s’apparente malheureusement pas à de l’amour, en tout cas, pas l’amour qu’il aimerait que je ressente à son égard.

Finalement j'entends un cliquetis alors que je vois la porte s'ouvrir et que je sens mon cœur se serrer davantage devant l'inévitable. Il n'y à plus de machine arrière possible, juste un chemin qui est en train de se tracer vers la fin d'une relation pourtant si parfaite en apparence, mais chargée de faux semblant dont je n'avais même pas conscience. Dire que je me suis servi de Tobias est un mensonge, car oui je ressens un profond attachement pour cet homme si adorable. J'ai été sincère dans chacun de nos moments passés ensemble et j'ai vraiment été heureuse dans ce couple que l'on à formé quelque mois durant. Mais un autre homme à fait en sorte que je ne puisse pas lui offrir plus, que je ne puisse pas lui offrir l'amour qu'il mérite et il m'a fallu des doutes, du temps et un fichu article pour oser voir la vérité en face.

Mes yeux ont bien du mal à soutenir le regard humide de Tobias alors que je le vois se décaler pour me laisser rentrer, ma gorge se nouant un peu plus. « Tu préfères rester dans l’entrée ou … » Une question qu'il pose, ne me laissant pas l'occasion d'y répondre alors que je suis ses pas jusque dans son salon et que des picotements se font ressentir dans mes yeux. « J’ai jamais été très doué pour … Ca … Je sais pas vraiment ce qui est le mieux … S’il y en a un d’ailleurs … » Mes yeux flirtent avec son appartement que je suis probablement en train de voir pour la dernière fois, alors qu'une larme silencieuse m'échappe. Un appartement déjà bien chargé en souvenir qui me ferait sourire d'ordinaire, mais qui, cette fois-ci, me serre la poitrine. "A dire vrai … je ne suis pas plus douée que toi …" Ma voix est enrouée alors que mes yeux le fuis volontairement, pensant sans doute que ça rendra les choses plus simples. Je fini par ôter ma veste que je garde dans mes bras, comme si ça allait m'aider à parler, comme si ça allait nous protéger de cette fin et de la douleur qui va avec. Mon attention se porte sur mes chaussures, honteuse de tout ce que je lui fait subir. "Je suis vraiment désolée Tobias … désolée pour … tout ça… " Un murmure peu audible qui sort de mes lèvres alors que je déglutis tant bien que mal. "L'article, ce silence … cette … situation." Ma voix devient rauque et ma vision se brouille de larme qui menace de couler. "J'avais besoin de prendre un peu de recul, mais … je ne voulais pas … Je ne voulais pas te faire de mal." Une larme perle sur ma joue alors que je renifle discrètement essayant de contenir toute cette peine en moi. Je voulais juste y voir plus clair, comprendre ce que je ressentais pour lui, pour Ilias, mais je ne voulais pas le blesser, je voulais tout faire sauf ça et pourtant c'est l'exact opposé qu'il s'est produit. Une douleur que j'ai pu voir dans ces yeux et pour laquelle je ne me pardonnerai sans doute jamais. "Et pourtant j'ai fait tout l'inverse … Je suis tellement désolée Tobias … Tu ne mérite vraiment pas ça, tu mérites tellement plus que tout ça, tellement plus que moi ..." Je n'ose pas croiser ses iris alors que ma voix se brise et que plusieurs larmes finissent par rouler sur mes joues tandis que ma respiration me fait presque suffoquer.

Je suis là, debout tel un piquet planté qui ne peut se mouvoir prenant pleinement conscience de la chance que j'ai eu de croiser son chemin, de la perle qu'est ce jeune homme et du bonheur qu'il mérite d'avoir après avoir déjà tant souffert pour son jeune âge. Un bonheur que j'aurai sincèrement voulu partager avec lui dans d'autre circonstances, mais que je ne peux pas, étant moi-même coincée dans une situation qui me dépasse totalement, à cause d'un cœur pris au piège d'un autre homme. L'une de mes mains tremblantes se porte à ma bouche, tentant d'étouffer un sanglot. J'essuie alors mes joues brillantes de larmes, avant de relever timidement la tête pour plonger mes iris dans celles de celui que je peux d'ores et déjà appeler mon ex. Je sens alors mon cœur se briser un peu plus devant sa douleur, devant la cassure que je suis entrain de créer entre nous, devant cette évidence qu'après ce soir, Tobias ne fera plus partie de ma vie sentimentale et ne fera probablement plus partie de ma vie.

J'ai horreur de cette situation. J'ai horreur de cette douleur qui se répend en moi et que je décèle sur le visage de cet homme qui me fait face. Un visage que je fuis pour ne pas voir ses larmes couler, comme si cela me permettais de nous préserver, de ne pas voir cette affreuse vérité que scandale à révélé, mais il n'en est rien. La douleur est là et notre rupture également. Mon regard se lève vers lui, voyant ses joues humides, brillante et sentant mon coeur se déchirer. Un coeur qui se brise d'autant plus que j'entends sa voix fébrile, enroué alors que la culpabilité me gagne. Une question qui me provoque une stupeur incontrôlable alors que mes sourcils se froncent et que ma tête esquisse un mouvement de négation. "Quoi ? Mais non … Tobias je …" Mon regard se pose sur son visage plein de détresse, alors que je m'accroupis devant lui, proche de lui, ne comprenant pas l'origine de cette question si spécifique. Mes mains atterrissent sur les siennes toujours en mouvement de part cette peine qui le gagne, tentant soudainement de l'apaiser comme si j'en était encore capable. Je sais que mon geste est risqué, qu'il pourrait me repousser à tout moment, mais je ne réfléchi pas, souhaitant seulement parler à coeur ouvert et alléger sa peine que je lui cause, du moins si cela est encore possible. Mon regard se pose alors sur ses iris fuyantes alors que j'ouvre la vanne de mon cœur pour enfin faire preuve d'honnêteté. "Tobias regarde moi s'il te plaît … " Je plonge mon regard dans le sien qui se retrouve teinté d'une lueur inhabituelle, une lueur triste pour un homme qui est majoritairement réputé pour son sourire. "Je n'ai jamais pensé à lui quand j'étais avec toi et encore moi durant ces moment là, je te le promet. Au contraire je…" je reprends une respiration bien difficile, une respiration qui ne me fournit pas suffisamment en oxygène alors que ma voix se veut des plus tremblantes. "J'ai toujours été bien avec toi, je n'ai toujours pensé qu'à nous, j'ai toujours savouré nos moments et à aucun moment il n'était dans ma tête quand j'étais avec toi, jamais. C'est bien pour ça que j'y ai cru…" La boule présente dans la gorge m'empêche de déglutir correctement et malgré une bouche bien trop sèche je ne peux m'empêcher de continuer ma tirade, cherchant à me justifier comme je le peu. "J'ai vraiment cru en nous Tobias, tout comme j'ai sincèrement cru pouvoir l'oublier, pouvoir arrêter de l'aimer …" Naïve, j'ai été bien trop naïve sur ce coup là. Ma tête s'abaisse de nouveau, alors que mes mains quittent les siennes, glissant lourdement sur mes genoux qui finissent au sol eux aussi. Je sens une larme couler sur ma joue, puis une seconde mais je n'y prête aucune attention, laissant s'exprimer cette tristesse qui est présente absolument partout dans cette pièce. "Mais j'ai lamentablement échoué… Tu ne mérite pas de rester coincé dans une situation malsaine Tobias. Je n'ai pas le droit de t'emprisonner, je n'ai pas le droit de te faire ça, je tiens bien trop à toi pour ça, même si toi tu dois très probablement me détester à l'heure qu'il est… Je suis tellement désolée, si tu savais…." Mes mains prennent la direction de mon visage, cherchant à m'offrir un abri pour craquer, pour pleurer devant cette situation qui m'a totalement échappé. "J'aurai voulu que tout se passe différemment…" Ma voix est étouffée par mes deux mains qui me cache, alors que je suis dans l'attente d'une prise de parole du brun, avec l'envie de savoir ce qu'il y à dans son coeur et avec l'espoir secret que ça lui fasse bien moins de mal qu'il ne le laisse paraître, qu'il me haïsse plus qu'il n'ai mal, mais encore une fois, c'est la naïveté qui parle ou peut être cette envie de faire l'autruche et de me voiler la face, domaine dans lequel j'excelle en ce moment.

« Moi aussi … » Une prise de parole qui me brise le cœur. Qui remue cette blessure, cette faille que je suis entrain de créer entre nous alors qu’il prend grand soin d'éviter mon regard. Je n’ose prononcer le moindre mot, ayant bien conscience que même si j’essaie de faire les choses bien, rien ne pourra l’apaiser, du moins pas en ce moment. J’ai été si naïve de croire que je pouvais passer à autre chose, que je pouvais gommer Ilias de ma vie. Une culpabilité qui reste au creux de moi pour un palpitant qui se sert et qui se persuade que j’aurai pu faire les choses différemment, que j’aurai dû faire les choses différemment. « Je te déteste pas, c’est à moi que j’en veux parce que … Parce que je savais ce que tu ressentais pour lui quand on s’est rencontré et … » Mon visage remonte sur lui précipitamment alors que mes sourcils se froncent, ne comprenant pas ce qu’il dit, ne comprenant pas pourquoi il s’en veut alors que la fautive dans cette histoire c’est moi et uniquement moi. “Non … Non Tobias tu ne dois p...” Une prise de parole qui se retrouve étouffée dans un murmure alors que je laisse finalement le brun s’exprimer, sortir cette peine, cette rage qu’il devrait ressentir à mon encontre, même s’il n’en fait rien, me montrant une nouvelle fois l’homme extraordinaire qu'il est, un homme que j’ai blessé alors qu’il ne méritait tout simplement pas ça. « J’aurais jamais dû penser que pour une fois, une seule fois dans ma vie, je pouvais être meilleur que … Lui … Que pour une fois, ça serait moi qui aurait de la chance et d’arrêter d’être le bon copain présent uniquement quand on a besoin de lui … » Une larme perle sur ma joue alors que ma bouche s’ouvre en quête de mot réconfortant, mais qu’aucun son ne sort à l'exception d'un sanglot. Je déglutis péniblement alors que mes yeux ahuris ne quittent pas son visage, du moins ce que j’en vois. “Tobias, s’il te plait ne pense pas ça … N’importe quelle fille serait chanceuse de t’avoir à ses côtés … C’est moi qui ai été trop stupide, trop … prisonnière de sentiment que je pensais pouvoir effacer, alors je t’en supplie, ne t’en veux pas … ne pense pas ça de toi … “ Des paroles en l’air, voilà ce que je viens de prononcer et je le sais très bien alors que ma voix à bien du mal à me suivre. Trop enrouée de tristesse dû à ce moment que je n’ai pas voulu voir venir, que j’ai essayé de repousser au maximum pensant que tout allait s’arranger ... Quelle naïveté. “Tu rencontreras la fille qui sera parfaite pour toi, celle qui t’aimera toi, pour toutes tes qualités et pour ce que tu es … Pas une fille comme moi qui est incapable de savoir ce qu’elle veut et qui n’est bonne qu’à faire souffrir les autres tout en se dirigeant dans un mur à pleine vitesse …” Mes iris retrouvent ce sol si triste, si froid alors qu’une larme coule, s’y écrasant dans un silence pesant. « Il … Il y a autre chose que tu veux me dire ? »  Une part de moi veux continuer à le rassurer, mais je sais que c’est bien trop tard et que mes paroles n’ont plus aucun poids auprès de lui. Ma tête mime un non, alors qu’avec une grande difficulté je me relève, ayant cette affreuse impression que le monde vacille autour de moi et que je vais sombrer dans un fossé à chaque mauvais pas. Mes effets sous le bras, je prends seule le chemin de la sortie, l’une de mes mains sur mes lèvres voulant taire tout sanglot, alors que des larmes commencent à couler à flot le long de mes joues. Porte dans mon champ de vision, je me fige un instant prenant une inspiration sifflante avant de prendre une dernière fois la parole. “J’espère qu’un jour nos chemins se croiseront de nouveau … “ Une dernière phrase pleine de sincérité, alors que j’ouvre finalement cette porte avant de la franchir pour ce qui semble être la toute dernière fois, tandis que le bruit de la serrure qui se verrouille marque la fin d’une histoire dans la tristesse la plus douloureuse. Je laisse enfin aller mes sanglots, des sanglots qui raisonne dans cette cage d'escalier, laissant ma peine s’exprimer alors qu’au fond de moi, je sais que c’était la bonne décision, comme en témoigne mon cœur qui, malgré la douleur, se veut bien plus léger qu’à mon arrivé, me rassurant sur le fait que je laisse ainsi une chance à Tobias de connaitre un véritable bonheur, le genre de bonheur que j'aurai été bien incapable de lui offrir.