stars around my scars ft. hazel

stars around my scarsw/ @Hazel Ashford

Le mois de décembre est déjà là, et avec lui, la saison des fêtes est de retour. On peut voir dans la ville les quelques milliers d’esclaves envahir les magasins à la recherche des meilleures décorations, du plus beau camion de pompier pour un gamin de quatre ans qui le détruira au premier carambolage maison. Les illuminations présentes dans tous les coins de rues, belles aux yeux de tous, aveugleraient plutôt notre alcoolique local. Pourtant la période est idéale pour courtiser la gent féminine et détail non négligeable, l’odeur de vin chaud du marché de noël. Quoi de plus romantique pour faire tomber une damoiselle en pâmoison qu’une balade dans l’enfer de Santa Claus ? Ironie du sort, c’est ici que Jake, dans sa grande bonté, propose un rendez-vous à Hazel. Sa prétendue tentative de suicide sur le toit a eu de belles retombées, sans parler d’amour, un lien s’est formé entre eux, indéniable, incassable. Lui qui n’avait de cesse de croire qu’un monde sans lui ne serait une perte pour personne, réaliser que ce serait probablement le début de la fin pour quelqu’un avait de quoi réchauffer le plus givré des cœurs. Il ne pouvait nier la beauté du moment, si bien que les émotions avaient été tellement fortes, tellement ingérables qu’ils ont fini par s’unir là-bas, tout en haut du commissariat.

Perché sur son balcon, flasque au bec, le détective distingue la foule de sa tour. Une ribambelle de mioches braillards inonde les rues de Klamath Falls et rien que ça prouve bien l’affection qu’il porte à la psychiatre. Se promener parmi ces diablotins intrépides le rebute depuis sa jeunesse et l’idée même de partager le même air qu’eux lui donne la nausée. Mais au fond qu’importe ! Si sa belle brune apprécie le goût des friandises du stand de sucreries, la simple vue de son sourire suffira à lui faire oublier tous les détails insignifiants de l’environnement à des kilomètres à la ronde.

19h25. Jake se prépare. Peu enclin à la tradition du pull sapin de noël, il opte pour une simple chemise kaki, un baggy noir et une veste de la même couleur. Rien de bien classe, mais ça, elle en a l’habitude. Et l’alcoolique, on le prend comme il est, non seulement avec ses nombreuses addictions, mais également avec son sens improbable de la mode. Un instant il hésite entre les baskets et les tongs, mais ce soir, l’homme a bien l’intention d’emmener la femme au septième ciel et pour y parvenir, pas certain que de tels tue-l'amour lui en donne l’occasion.

Alors il hausse les épaules, attrape son portefeuille pour l’y cacher dans sa poche droite de pantalon et vérifie le contenu de leur discussion. L’heure du rendez-vous ainsi que le lieu sont bien indiqué(e)s. Il ne reste plus au détective qu’à passer par un fast-food, commander une box de poulet panés et accueillir la belle ainsi, dos contre le mur de la boulangerie où tous deux sont censés se retrouver. Sur les pavés, il slalome entre les gamins, pique un bonbon à l’un, en fait trébucher un autre. Malencontreux incidents, évidemment.

Un petit moment passe avant que la sonnerie de son téléphone ne le surprenne. Simple appel de la belle qui le prévient qu’elle aura un peu de retard, qu’elle part de chez ses parents pour le rejoindre. Il la rassure mais ne s’empêche pas une taquinerie, pour une fois que ce n’est pas lui qui se pointe à la bourre, elle lui devra une récompense ! D’autant que désormais, le cadre professionnel n’existant plus, ils auront tout le loisir de se faire plaisir, aussi longtemps qu’ils le souhaiteront.

Mais les minutes passent, le poulet est froid et le vin chaud titille dangereusement ses narines. Un coup d’œil sur son portable et Jake constate que le trajet, dont il a calculé l’itinéraire, prend plus de temps que prévu. Sourcils froncés, un profond sentiment d’inquiétude l’emporte. Sans accorder d’importance au repas, il pose négligemment la box sur un banc, ce sera sans doute le repas d’un sans-abri, du moins c’est à espérer. Pour le moment il s’en fiche bien et rejoint d’un pas pressé son vieux pick-up beige. L’alcool n’ayant pas encore altéré la mémoire du quadragénaire, l’homme prend la route de la luxueuse résidence Ashford. Si elle est partie comme elle le dit de cette destination, dans le rare cas où il y aurait eu des bouchons, il devrait tout de même la croiser dans les cinq minutes.

L’impatience gagne Jake, il tapote nerveusement son volant et sa conduite, déjà imparfaite, devient dangereuse. Un instant il se reprend, ce n’est pas en appuyant sur l’accélérateur qu’il verra mieux le véhicule de la psychiatre, d’autant plus dans la pénombre, malgré les lampadaires. Alors il plisse les yeux, prête un regard attentif à la route, l’analyse. C’est non loin du point de départ qu’il aperçoit une voiture visiblement coincée dans un ravin. De désagréables frissons habitent son corps et sans attendre, l’alcoolique gare son véhicule sur le côté, perd presque l’équilibre en y sortant puis, dans une course de quelques mètres qui lui en paraissent cent fois plus, il atteint enfin l’habitacle. C’est avec effroi qu’il reconnaît la Camaro noire mat d’Hazel. La voiture emmitouflée dans un manteau de brindilles, il peine à voir la belle. Plus que de la peur, il ressent de l’effroi, un indescriptible sentiment de panique qu’il en vient à glisser dans le ravin sans même se soucier de sa propre sécurité. Devenue gênante, il jette sa veste au loin et déblai les branches d’arbres encombrantes à mains nues. Sa force se décuple sous l'adrénaline et il parvient, non sans un nombre incommensurable de râles graves, à avoir accès à la vitre côté passager. Sans une once d’hésitation, il assène un coup franc et des débris de verres viennent saigner ses phalanges. Son rythme cardiaque doit bien atteindre les deux cents puisqu’il a comme l’impression que son cœur pourrait déchirer son pectoral gauche à tout moment. D’une main tremblante, le plus vieux allume la lampe de son smartphone pour apercevoir le visage d’Hazel plus clairement. C’est là qu’il le voit. Ce visage inerte, ces paupières fermées qui ne clignent pas et, par malheur, ces lèvres qui ne prononce pas mot.

— NAN, NAN, NAN, NAN, NAN ! S’écrit-il avant de tapoter la joue de la vingtenaire. Du sang coule sur sa paume et se mélange au sien, tout de suite un vent de douleur presse sa poitrine, comme si son heure était venue. Bordel NAN ! Hazel, me fait pas ça ! Son oreille se colle à sa poitrine mais il n’entend rien. Sans doute la panique qui coupe ses sens. Alleeez réveille-toi putain ! Il empoigne sa main, d’un geste délicat, non brusque dans le cas où cela pourrait aggraver la situation, puis y dépose un baiser, certainement le plus doux des baisers qu’il ne lui ait jamais donné. Je t’en supplie, Hazel...S’il te plaît, me fait pas ça...

○○○ ce sont toujours ceux que vous soupçonnez le moins, ceux en qui vous avez le plus confiance, qui vous blessent. Ils attendent que votre garde soit baissée et puis quoi! Dans mon cas, c'était la tequila.

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crédit/ tumblr ♛ w/ @Jake Owens

La période de fin d'année était enfin arrivée. Cela signifiait donc beaucoup de décorations, beaucoup de lumières, beaucoup de bruits et d'enthousiasme aussi. Beaucoup de monde dans les magasins, dans les rues, en ville. Peut être même un peu trop, au final. Dans tous les cas, l'héritière n'avait jamais été fan de ces fêtes. Du moins, elle aimait Noël et l'idée d'un grand repas, de cadeaux à s'y noyer et d'une ambiance à souhaiter chaque journée. Seulement, à travers les années, à travers l'âge, la ténébreuse avait finit par s'éloigner de cette idée. Probablement dû au fait que sa famille faisait bien trop dans le virtuose, dans l'arrogance, dans le m'as-tu vu. Elle savait bien qu'en ces périodes, elle allait devoir passer souvent à la maison, dans le but de répondre aux demandes de ses parents. Ce père qui espérait la mêler aux affaires familiales. Retrouver ces oncles, ces cousins, ces grands parents autour de coupes de champagnes. Et, alors que Noël semblait être une fête familiale, la princesse a tendance à reconnaître des investisseurs, des amis à son paternel. Des personnes qui auraient dû passer la soirée aux côtés de leurs familles. Mais apparemment, ce n'est jamais le cas et l'aînée se retrouve au milieu de ce puzzle. Un faux sourire accroché sur ses lèvres colorées, tandis qu'elle répondre encore et encore aux questions des invités. Sera la plus polie bien que l'envie de tout jeter au mur se fera sentir. Alors, elle dinera, s'intéressera aux paroles d'autrui, prétendra un rendez vous urgent et disparaitra pour terminer la soirée au sein d'un bar, aux côtés d'une ou d'un ami. Ou à la maison, devant ses dossiers. Cela faisait des années que ce petit jeu durait et pour être honnête, Hazel ne se voyait pas se jeter davantage dans la gueule du loup. Pas le moins du monde. Vient peut être d'une vie luxueuse mais ne parvient pas à totalement s'y noyer. Parce qu'elle n'est pas comme ça la princesse et voilà que pourtant, elle se trouve excitée à l'idée de passer quelques jours avant lesdites fêtes, au centre vile. Et surtout aux côtés d'un châtain précis. Effectivement, après le petit combat avec son ancien patient, ce dernier et la princesse s'étaient mis d'accord pour passer une soirée tous les deux. Autant dire que la surprise avait pris le parti de la plus jeune mais, ravie qu'il s'intéresse un peu plus à elle de façon physique, Hazel n'avait pas résisté. N'avait pas refuser. Comment aurait elle pu, après tout? Alors, ils s'étaient fixés un rendez vous. Rien de trop extravagant mais qui serait très agréable, elle pouvait le sentir. Néanmoins, prise par le temps et ses obligations familiales, l'héritière avait dû passer au domaine familial et avait prévenu le détective qu'elle ne serait pas à l'heure. Pour une fois qu'elle ne se trouvait pas à temps, Hazel avait entendu la taquinerie dans la voix de cet amant maudit. Cet amant qui lui en faisait bien trop voir.

Connectée à l'écran de son véhicule, la ténébreuse lui avait assuré qu'elle n'en n'aurait pas pour l'autant. Terminant l'appel avec un sourire amusé, Hazel laissait le chemin clair s'ouvrir devant elle. Connaissant le chemin par coeur, il n'y aurait pas dû avoir de problèmes. Seulement, les dieux se trouvaient être contre elle à cet instant. Une première fois lorsqu'elle évita de justesse une biche se trouvant sur la même route, la faisant tourner le volant un peu trop brusquement. Sans être victime de rien. Le coeur battant, la princesse avait lancé un regard dans son rétroviseur avant de prendre la direction qui stagnait dans son esprit. Calmée, le retour de bâton se fit bien vite connaitre. Souhaitant ralentir à un virage, la psychiatre entendit un bruit étrange provenant de sa voiture et, après avoir appuyé sur le frein, compris bien rapidement que ses freins ne fonctionnaient plus. Plus rien ne fonctionnait en fait. Et avant même qu'elle n'ait pu comprendre ce qu'il lui arrivait, Hazel sentit le choc virulent stopper l'enfin. Son doux visage s'éclata contre le bord du volant, la faisant perdre connaissance en quelques secondes. Une plaie s'ouvre le long de son front et au dessus de son oeil, laissant la couleur carmin s'étaler sur sa peau claire. Le reste? Elle n'en n'a pas souvenir. Elle n'entend rien, ne sent plus rien. Elle vagabonde à travers cette sensation de coton, à travers ce labyrinthe qui l'empêche de sortir, qui la retient prisonnière. Et elle hurle, du moins elle a l'impression de hurler. Elle a l'impression de frapper une porte qui ne veut pas s'ouvrir. Et elle ne supporte pas ça, la ténébreuse. Elle veut qu'on la libère. Qu'on la laisse s'enfuir. Mais rien. Et étrangement, des perles salées s'étalent le long de ses pommettes saillantes. Sans qu'elle ne puisse le ressentir, ni sangloter. Et elle reste dans cette position, dans cet état d'esprit pendant un moment. Se perd dans ses propres songes avant d'entendre son prénom au loin. Dans la bouche de quelqu'un. Et c'est comme si, étrangement, une lumière s'allume dans les passages les plus étroits de ce labyrinthe terrifiant, humide, froid. Elle plisse les yeux la princesse, écoute. Encore et encore avant de reconnaitre cette voix. N'en n'est néanmoins pas certaine, virevoltant encore dans cette stupéfaction. Mais elle prend la tangente. Et plus elle s'approche, plus la lumière l'aveugle. Soudainement, sa poitrine se met à se secouer. Légèrement d'abord avant de s'accentuer un peu. La princesse se met à tousser, son front se frottant sur le bord du volant tandis que ses iris dilatées finissent par se rouvrir. Et les toussements recommencent un peu plus fortement. Hazel met un instant à comprendre ce qu'il s'est passé, ce qu'elle fait là, pourquoi tout son corps semble lui faire aussi mal. Pourquoi ses pommettes sont trempées et pourquoi la douleur est aussi cinglante. Elle se redresse lentement, tourne son visage vers le détective, l'air totalement ailleurs. "Jake? Qu'est ce que..Qu'est ce qu'il s'est passé?" sa voix se veut plus silencieuse, plus souffrante aussi tandis qu'elle reprend sa respiration. Bientôt, la réalité la frappe quand elle jette un oeil autour d'elle. Tout lui revient et elle ajoute. "Les freins..Les freins ont lâché, j'ai essayé de..Mais c'était trop tard.." tout son corps tremble et elle suppose que l'adrénaline y joue pour beaucoup. Mais elle sait qu'elle ne doit pas paniquer, sinon tout lui filera entre les doigts. Néanmoins, c'est la présence de Jake qui l'intrigue plus que les problèmes mécaniques de son véhicule. Elle tente de se redresser, mais relâche un soupire de douleur tandis qu'elle secoue la tête comme pour reprendre ses esprits. "Qu'est ce que tu fais là? Je devais te rejoindre mais il y avait..Enfin, je crois une biche et.." Hazel plisse son oeil droit en sentant quelque chose couler le long de sa tempe, lui bloquant la vue un instant. Glissant ses doigts sur sa peau, Hazel remarque la présence de sang et des morceaux de verres s'étant coincés dans sa peau. Elle en attrape un, posé entre ses longues mèches, tire dessus et vient le fixer dans sa main. Déglutissant difficilement, Hazel prend une longue inspiration. Ce n'était rien. Le pare-brise avait juste explosé et quelques morceaux s'étaient plantés dans sa peau. Ne pas paniquer, respirer. Il fallait respirer. "Jake..Tu veux bien m'aider à sortir de là, s'il te plait?" demandait elle malgré tout en croisant son regard et tentant, malgré tout, un sourire pour rassurer son détective préféré. Parce que ce serait lui, qui viendrait à la sauver en cette terrible soirée.

-- you've felt it haven't you? Those feelings that seem to get so big in your chest, like something is so beautiful it aches. Glitch ★ Heather Anastasiu.

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Si Jake était persuadé qu’il allait vivre un enfer au milieu de la foule, il était bien loin de penser qu’il en apercevrait les tréfonds. De nombreux flashs lui revenaient en mémoire, la lumière vive des lampadaires le soir de son accident, le klaxon assourdissant du camion qui lui barrait le passage, le cri de cette femme en robe fleurie qui, devant le spectacle ahurissant d’une brune enceinte ensanglantée, avait à peine la force de bouger un doigt, la voix imposante du routier qui s’était empressé d’appeler les secours et ce foutu réveil à l’hôpital dans une chambre vide, insipide, tristement pâle. Ce médecin accompagné d’internes comme s’il était une bête de foire, sa façon insupportable de tourner autour du pot lorsque Jake le questionnait sur l’état de sa femme et pire que tout, ce regard de pitié lorsque l’annonce de son décès a frappé le mari de plein fouet.

Jake avait tout fait pour que la situation ne se reproduise pas. Il avait sombré dans l’alcool, accumulait les histoires d’un soir, sans lendemain et surtout dénué de tout sentiment romantique. Au point même d’éviter de tisser des liens amicaux avec autrui. Ses seules interactions humaines se réduisaient au barman, aux conquêtes, aux clients et plus tard, à cet abruti de cousin qui n’avait pas été fichu de lui laisser la liberté de savourer son cocktail de vingt heures, sept jours sur sept.

Cette tristesse qu’il ressent au quotidien, qu’il masque d’un comportement anormalement enjoué, fou et colérique. Ce manque d’amour qu’il rejette, comblé par une attitude d’éternel séducteur. Une vie, s’il l’on peut l’appeler ainsi, malsaine au possible dont il ne serait pas malheureux d’en être privé. Ce serait même plus simple, lui qui a toujours une arme à portée de main, qui joue de temps en temps à la roulette russe et qui s’en sort miraculeusement toujours, comme s’il était destiné à souffrir jusqu’au décès naturel. Pourtant loin de considérer ça comme un signe de Dieu, un cadeau qu’il lui ferait, non, c’est pour lui une punition divine, pas croyant pour un sou mais force est de croire que tout est contre lui.

Aveuglé par de douleurs trop intenses pour se rendre compte qu’il est bien plus chanceux qu’il ne veut bien le croire. Lui qui a une mère aimante, blessée par la vie certes, mais qui considère son fils comme la prunelle de ses yeux. Lui qui a une fille qui le côtoie malgré son abandon, qui apprend à le connaître sans émettre de jugement, qui ne l’accable pas alors qu’elle a tous les droits de le détester. Lui qui est aimé par la plus merveilleuse des femmes qui existent, qu’il en est conscient le bougre ! Ô combien il lui coûte de ne pas lui retourner ses sentiments, elle qui, c’est évident, souffre d’autant de solitude que lui. Mais que l’empêche-t-il de trouver le bonheur à ses côtés ?

La peur certainement. La lâcheté d’un homme qui se considère un poison pour quiconque s’attache à lui. Preuve à l’appui, ce véhicule coincé dans un ravin, sa belle psychiatre qui ne donne pour le moment aucun signe de vie –de son point de vue en tout cas, rien de tout ça ne serait arrivé si elle n’avait pas eu rendez-vous avec lui. S’il n’avait pas été son patient et s’il n’avait pas succombé à la tentation. Mais comment retenir une telle envie, une telle passion qu’elle en devient douloureuse, qui le brise lorsqu’il n’a pas l’occasion de la toucher, de lui murmurer des mots langoureux à l’oreille, de caresser ses courbes délicieuses, trop appétissantes pour être ignorées.

Alors il devient fou. Totalement perdu dans une vague de terreur, mêlée à de la colère. Son cœur bat d’une allure telle qu’il pourrait sortir de sa poitrine à tout moment. Les conditions, bien que différentes, semblent pourtant si similaires aux yeux du quadragénaire. Une goutte de sang lui paraît une mare si bien que la panique qui l’habite grossit un peu plus chaque seconde qui passe. Il met un temps considérable à se rendre compte que la princesse reprend lentement ses esprits. C’est lorsqu’elle tousse qu’il sort de son état indescriptible.

Aussitôt un soupir de soulagement se fait entendre. Bien assez long pour prouver les sentiments effroyables qui lui traversaient l’esprit quelques secondes plus tôt. Pour autant il ne garde pas son calme. Jake sait parfaitement que la situation peut empirer à tous moments, qu’un bruit, qu’un regard ne signifie pas qu’un blessé est hors de danger, qu’il ne craint plus la mort. L’idée même le paralyse et il n’émet aucune réaction jusqu’au premiers mots d’Hazel. « Jake ? Qu'est-ce que. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? » Les mains tremblantes, Jake peine à ouvrir la bouche. Conscient de sa difficulté à émettre un son, il se contente d’abord de baisser le regard. Ce dernier se porte sur les blessures de la belle, qu’à l’aide de son imagination débordante, juxtapose à celles de sa femme. Ce ne sont pas les mêmes. Elle n’est pas enceinte et elle trouve même la force de lui poser une question. Et pourtant la peur ne le quitte pas. Son pouls pulse toujours à un rythme effréné et ce n’est qu’après quelques secondes qu’il parvient enfin à lui répondre, non sans une voix emplie d’une émotivité alarmante.

— Tu...t’as-t’as eu un accident...Balbutie-t-il dans sa barbe.

Elle regarde autour d’elle et Jake ne peut s’empêcher de l’imiter. Par précaution, peut-être se rend-t-elle compte d’une douleur si intense qu’elle pourrait bien perdre connaissance, qui sait ? « Les freins...Les freins ont lâché, j'ai essayé de...Mais c'était trop tard... » Lorsqu’elle tente de se redresser, Jake bondit, la frôle d’une main incertaine mais néanmoins protectrice. Il connaît bien les mouvements à ne pas effectuer en de pareilles circonstances, militaire de formation, difficile d’ignorer les gestes qui sauvent. « Qu'est-ce que tu fais là ? Je devais te rejoindre mais il y avait...Enfin, je crois une biche et... » Occupé à analyser son corps, à la recherche d’une blessure potentiellement dangereuse, le détective intègre la question, l’information que quelques instants plus tard.

— T’arrivais pas et...j’ai eu un mauvais pressentiment.

Tout son corps tremble et un torrent d’émotion le frappe en pleine face. Impossible d’y échapper, d’ignorer ce qu’il a pu ressentir il y a des années de cela, et qui se répète encore aujourd’hui, telle une chanson que l’on souhaiterait oublier. Ô combien elle lui encombrait la tête nuits et jours, ô combien il s’est débattu pour éloigner cette douloureuse mélodie...en vain.

— Bordel Hazel...Murmure-t-il, les yeux brillants.

Elle peut bien le considérer comme son sauveur, peu certain qu’il se considère comme tel. Mais malgré son émotivité, Jake sait comment se comporter, connaît bien les démarches à effectuer. « Jake...Tu veux bien m'aider à sortir de là, s'il te plait ? » Il passe une main dans sa chevelure, enlève les quelques brisures de verre dispersé ici et là.

— Pas tout de suite. Il tente de reprendre son sérieux et regarde autour de lui. D’abord je vais couper tous les fils du moteur, par précaution.

Jake suit la parole au geste, se lève et ouvre avec grande difficulté le capot de l’habitacle. L’espace est restreint, pas complètement à sa portée mais juste assez pour qu’il coupe les fils à l’aide de son couteau de poche. La tâche n’est pas aisée, d’autant avec des mains tremblantes. Il finit par y parvenir et retourne tout de suite aux côtés de la princesse. Formé aux premiers secours, à ce genre de situation, Jake est parfaitement habilité à analyser la situation et à agir en conséquence. Si bien qu’il pose une main sur la joue de son interlocutrice, la lui caresse doucement pour la rassurer –et se rassurer lui-même, avant de l’interroger.

— Comment tu te sens princesse ? Dis-moi où tu as mal et si tu es capable de bouger. Il échange un regard affectueux, qui se veut réconfortant. J’peux pas te sortir de là sans prendre en compte tes douleurs, c’est trop dangereux et j’voudrais pas...j’veux dire...Sa voix s’affaiblit, émet de légers sons saccadés. ...te faire encore plus de mal.

○○○ ce sont toujours ceux que vous soupçonnez le moins, ceux en qui vous avez le plus confiance, qui vous blessent. Ils attendent que votre garde soit baissée et puis quoi! Dans mon cas, c'était la tequila.

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crédit/ tumblr ♛ w/ @Jake Owens

Tout s'était passé bien trop vite pour que la ténébreuse ne parvienne à comprendre ce qu'il se passe. Ne vienne à comprendre que la voiture avait tout simplement lâché et qu'elle s'apprêtait à s'enfoncer dans le ravin. Alors elle s'était attendue à quelque chose de terrible, avait pensé à ce qu'elle aurait dû dire. A ce qu'elle aurait dû faire. A combien de gens elle aurait dû écrire, parler, penser. S'excuser aussi. Parce qu'elle n'est pas innocente, la jeune femme. Ne l'a jamais été. A été déçue, a déçu du monde, a été cruelle et rancunière. A été perdue sans savoir comment se retrouver. S'est écorchée les genoux à vouloir devenir qui elle n'était pas. A tenter de satisfaire ceux qui ne sont aujourd'hui, plus dans son monde. Qui ne s'intéresse plus à sa propre personne. Et voilà que tout s'effondre. Et elle se demande bien ce qui l'attend de l'autre côté. Parce que c'est ce qu'on pense, n'est ce pas? C'est ce qui nous motive à ne pas avoir peur, à supposer que l'au delà est meilleur qu'ici car au moins, on ne sentira pas la douleur. Car au moins, on ne sentira plus rien. Pas de coeur brisé, pas de pensées terribles, pas de courbatures émotionnelles. Oh, qu'elle rêverait de ça, la princesse. Mais elle a encore du travail dans le monde des vivants et c'est aussi pour ça que ses paupières ne font que se fermer l'espace d'un court instant. Juste le temps de donner à son corps la force de revenir au près des mortels. Parce que les dieux l'ont ramené et que sa respiration se fait bien normale malgré ce qu'il vient de se passer. Et quand ses iris se rouvrent, elles tombent nées à nées avec celles du détective. De son détective probablement, qu'elle aurait voulu dire. Mais elle n'a pas le temps de penser à ça. Il semble paniqué, moins qu'elle mais peut être que le coup empêche cette peur de prendre le dessus. L'étourdissement temporaire est bien agréable soudainement. Jake lui affirme donc ce qu'elle redoutait, surtout au vu de la voiture et de la façon dont elle est posée. L'accident n'a pas eu raison d'elle et elle se demande si elle doit en être reconnaissante ou non. Si elle doit se montrer juste ou si elle doit soupirer de ne pas avoir passée l'arme à gauche. Car son existence n'est elle pas déjà bien miséreuse? Bien que son travail lui plait, bien qu'elle n'a aucune façon de se plaindre, voilà qu'elle se retrouve trop seule quand elle s'observe dans le miroir. Quand elle croise des amours de jeunesse, quand elle croise des âmes soeurs. Peut être n'aura t-elle jamais ça et autant dire que la précaution n'est plus de mise. A ce stade, elle se prétend dompteuse des flammes. Que si les étincelles viennent à l'éblouir, voilà qu'elle fixera dans ce feu intense, au point de s'en brûler la rétine car elle ne peut se contenter de suppositions. Parce que son détective lui donne trop d'espoirs là où il n'y en a pas, et ça lui brise le coeur. Ça lui brise le coeur parce qu'elle y pense trop souvent. Parce qu'elle aura cru en de si belles choses. Mais les contes de fées n'existent pas et ne sont sûrement pas pour elle. Seulement, quand il lui dit qu'il avait eu un mauvais pressentiment et que c'était pour cette raison qu'il était venu la chercher, la plus jeune ne peut s'empêcher de relâcher un petit rire. Bien que celui ci tire sur ses côtes et lui brise la respiration un instant. "Peu de personnes seraient allées récupérer leur psychiatre, tu en as conscience?" demande t-elle avec un petit sourire en coin tandis que ses iris cherchent les siennes. Pour se rassurer, pour lui affirmer qu'elle est parvenue à survivre d'une manière ou d'une autre. Juste un peu pour cette fois. Elle sent sa main l'effleurer et bien qu'elle a des souvenirs de ces doigts qui touchaient sa peau il y a quelques temps seulement, Hazel ne peut se permettre de se remémorer ce genre de choses. Pas maintenant. Pas alors qu'elle risque de sentir la douleur physique apparaitre en quelques minutes. Elle ne souhaitait pas forcément perdre connaissance et bien que son esprit semblait un peu ailleurs, elle semblait être assez énergique pour trouver la force de se retenir à cette corde qui l'empêchait de tomber dans ce précipice sans fin.

Alors, elle réfléchit la ténébreuse. Elle jette un regard à ses mains égratignées, à ses vêtements déchirées à différents endroits et elle tente de trouver les endroits où la douleur prend le plus de place. La voix tremblante de Jake la ramène au moment présent et elle tourne son visage vers le détective d'un air surpris. Il a l'air plus que terrifié. Probablement plus qu'elle et l'héritière inspire longuement. Subjuguée par le fait qu'on puisse s'inquiéter de la sorte pour elle. Surtout venant de sa part. "Désolée, ce n'était pas prévu tout ça.." tente t-elle d'ironiser dans le but de détendre l'atmosphère car la panique ne faisait pas bon ménage avec ce qu'ils avaient en cet instant. Il l'observer lever sa paume et effacer les traces de verres sur son visage, dans ses longues mèches qui sont loin d'être coiffées. Sur ce teint aux allures de poupées mais qui est désormais taché d'une couleur si métallique et carmin qu'il est difficile de savoir si oui ou non les blessures sont complexes ou au contraire, seulement superficielles. Et soudainement, elle se sent émotive la plus jeune. Mais elle ne doit pas laisser la peur la prendre. Ne pas l'attraper. Penser fonctionnel, logique. Terre à terre pour ne pas céder à la panique. "D'accord..Je laisse faire le professionnel." assure t-elle en gardant ce fin sourire. Une fois que Jake se rue pour s'occuper de sa voiture, Hazel jette à nouveau un regard autour d'elle. Le pare-brise est évidemment brisé en milles morceaux, de même que ses rétroviseurs. Elle remarque son reflet éclaté dans le miroir de l'un d'entre eux et Hazel soupire. Les vitres ne sont pas mieux. Il y a du verre partout, sur son visage, sur sa peau. Sur ses jambes. Son collant est déchirée, son chemisier ne ressemble plus à grand chose avec les tâches de sang et elle ne peut s'empêcher de se dire que même dans cette terrible situation, sa tenue a eu plus de chance qu'elle. Quelle aubaine. Elle attend en se redressant de façon à pouvoir ouvrir sa ceinture de sécurité et respirer un bon coup. Puis, elle voit le châtain revenir vers elle et son coeur se réchauffe. Elle n'a pas envie de subir la solitude en cette soirée et encore moins dans sa voiture accidentée. Alors, quand il vient la retrouver, la princesse sent ses yeux s'humidifier. Juste un peu. Juste assez pour montrer ses émotions, pour faire comprendre qu'elle est toujours connectée au monde réel. Qu'elle est toujours là, mine de rien. "Ça va..Enfin je crois. J'ai mal aux côtes et je crois que je m'en suis cassée quelques unes avec le choc. Une petite commotion probablement avec le choc du volant et des égratignures par ci par là mais je pense que..Que ça devrait aller.." souffle t-elle en jetant un regard à ses mains tremblantes avant de croiser le regard de son si cher détective. De celui qui avait prétendu ne pas vouloir trop s'approcher d'elle. De celui qui avait prétendu ne vouloir que des histoires sans lendemain et qui, pourtant, a bien trop flirté avec la ténébreuse qui lui a tout aussi bien rendu. Comme une danse, un jeu où aucun des deux ne souhaitaient gagner au risque de mettre fin à cette histoire qui n'avait pourtant, aucun sens. Pour le moment. Ou peut être ne s'en rendaient ils compte qu'à cet instant précis? Déglutissant difficilement, Hazel inspire d'une façon tremblante et appuie sa joue contre la paume du détective. "Ne me laisse pas, Jake. Tu ne pars pas, hein? Tu restes avec moi..S'il te plait.." murmure t-elle comme s'il s'agissait du plus grand secret du monde. Avec courage et malgré les blessures qui lui brûlent la peau, l'héritière ose passer ses bras autour de la nuque du plus âgé pour venir se blottir contre lui, ne serait ce qu'un peu et malgré sa condition effroyable. Malgré sa position qui ne lui offre pas forcément une bonne façon de montrer son affection. Mais qu'importe, tout ça n'a que très peu d'importance à cet instant. Elle ne veut pas être seule la cadette. Elle ne veut pas qu'on l'abandonne comme elle en a si bien l'habitude. Comme tout le monde vient toujours à le faire depuis ses études. Son frère qui se met de plus en plus en danger rien que pour oublier ses traumatismes familiaux, et elle même qui joue le jeu car elle a besoin d'adrénaline rien que pour respirer un peu plus. Rien que pour ressentir cette délicate sensation de chaleur. "Excuse moi, les freins ont lâché. Je ne voulais pas t'inquiéter, je t'assure.." soufflait-elle. Car elle sait bien le passé du détective. Elle sait bien ce qu'il lui est arrivé et elle est cruelle de lui faire revivre ça, encore une fois. Alors elle s'excuse, encore et encore au creux de son oreille. Une unique larme glissant le long de sa joue droite tandis que son corps tremble. Le stress, l'angoisse tentent de prendre le dessus mais Hazel garde son sang froid. Du moins, elle essaie. Elle essaie car elle n'a pas d'autres choix. Les questions de Jake la forcent à reculer, à réfléchir. "Je peux sortir..Enfin, je voudrais sortir parce que j'ai besoin de respirer l'air frais. Et je serais plus à l'aise sur le sol qu'ici. Je me sens coincée.." avoue t-elle en hochant la tête pour lui faire comprendre qu'elle peut prendre sur elle et réussir à sortir de là. S'accrochant au plus âgé, Hazel parvient à sortir de la carcasse de la voiture. Ses fines jambes s'appuyant sur le sol, de même que ses talons qui lui permettent de garder un minimum d'équilibre. Mais la ténébreuse cligne plusieurs fois des yeux, perdant la notion de conscience un instant. Manquant de s'effondrer, la princesse se retient de justesse à Jake. Ses côtes la font soupirer de douleur et chaque mouvement la ferait presque hurler. Ses muscles sont endoloris mais elle tient bon. Elle tient bon parce qu'elle ne laissera pas cette soirée avoir raison d'elle. Fronçant les sourcils un instant, son regard se redresse vers l'ancien militaire et un doux sourire vient s'apposer sur ses lippes colorées. "Je t'ai déjà dit à quel point j'aimais tes boucles? Ça m'a fait craquer dès le début." avoue t-elle, car elle ne sait pas combien de temps il lui reste. Si elle est gravement blessée, si au contraire ce n'est qu'un petit choc. Alors autant laisser des vérités s'échapper. "Et que j'aime tout chez toi. Mais je voulais que tu le saches si jamais je n'ai pas autant de chance que je ne le crois.." car au fond, elle a beau jouer avec le feu, la princesse voit lentement son royaume sombrer dans les flammes et l'inconscience tente doucement de la chercher bien qu'elle se force à rester éveillée. De toute ses forces. Pour Jake. Pour ce qu'ils pourraient encore vivre tous les deux.

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tw : grossièretés - suicide

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L'esprit flou, embrouillé du quadragénaire se perd dans de vastes et sombres songes. L'image de sa femme disparue se superpose à celle d'Hazel, coincée, là, dans son habitacle. Il n'y a pas de témoins cette fois-ci, pas de cris de panique ni même un flash de lumière qui viendrait éclairer la voiture et pourtant Jake ne peut s'empêcher d'y trouver plusieurs similitudes. Que peut-il bien avoir en commun entre ces deux accidents ? Tous les oppose et pourtant, c'est un sentiment familier qui habite l'alcoolique en ce moment. Un sentiment qui, il le craint, commence peu à peu à s'éclaircir, à se dessiner plus précisément à mesure que les secondes passent. C'est quelque chose qu'il s'était évertué à éviter, parce que rien de bon n'en sortirait de toutes manières, parce qu'il n'y aurait que drames et larmes. Un nouvel amour ne serait rien de plus qu'une plaisanterie, pire, une arnaque. Comment Diable pourrait-il aimer à nouveau ? En avait-il seulement le droit ? Tellement de questions qui n'ont eu de cesse d'hanter les rêves du détective. Maintenant qu'il était confronté à la réalité, que la situation actuelle, aussi désastreuse soit-elle, avait levée le voile sur les réels sentiments de cette fichue tête de mule de quarante-quatre ans, quelque chose devait se passer !

Quelque chose oui, mais quoi ? Jake se mordille les lèvres, autant affolé par la possibilité que la princesse soit gravement blessée que par la découverte qu'il vient tout juste de faire. Bien sûr, sa sécurité passait avant toute chose mais une fois le pire passé, comment expliquer l'état catastrophique dans lequel il se trouve ? Lui qui est d'ordinaire si fort, qui n'a de cesse de cacher la moindre trace de faiblesse -mis à part ses addictions, évidemment, comment justifier cette sueur provoquée par une peur intense, cette respiration saccadée, ces tremblements qui ne veulent pas se calmer et tout simplement, cet air complètement paumé qu'il affiche depuis plusieurs minutes. « Peu de personnes seraient allées récupérer leur psychiatre, tu en as conscience ? » Incapable d'esquisser un sourire, de répondre avec cet aplomb qui le caractérise si bien, Jake affiche une mine sérieuse, le genre qui ne lui ressemble pas et qu'il ne montre à personne.

— Tu sais, ça fait d'jà bien longtemps que j'te considère plus comme ma psychiatre.

Après tous ces moments passés ensemble, sans doute pas si nombreux qu'il n'y paraît mais qui, à chaque fois, ont été absolument magiques. Après ces moments charnels où l'un comme l'autre étaient enivrés par la passion, par le plaisir qu'ils se donnaient mutuellement. Comment pourrait-il résumer leur lien en une simple relation professionnelle ? Il n'y a plus lieu d'être son patient et, à fortiori, qu'elle tienne encore le rôle de psychiatre. Ça n'aurait aucun sens, elle est bien plus que cela désormais, et s'il s'était déjà énervé parce qu'elle ne voulait plus être sa psychiatre, c'est désormais tout le contraire qu'il ressent. Il est inconcevable de les limiter à cette pièce froide, composé seulement d'un bureau et d'autres machins de psy dont il se fiche éperdument. Pour être tout à fait honnête, dès leur première relation charnelle au domicile des parents de la jeune femme, Jake ne la considérait plus vraiment comme sa psychiatre. Simplement, et désormais tout est clair dans son esprit, il ne voulait qu'un moyen de rester en contact avec elle, d'avoir une raison d'aller la voir le plus souvent possible. Pouvoir la taquiner, admirer cette moue boudeuse qu'il aime tellement voir, si mignonne qu'il voudrait la cacher du monde entier, des hommes aux vils instincts bestiaux qui ne feraient que polluer l'air qu'elle respire. Rester avec elle c'est aussi éloigner tous ces parasites qu'elle attire par sa beauté. Même ainsi, blessée, coincée dans un ravin, elle reste cette femme magnifique qu'il a connu pour la première fois, qui l'avait laissé bouche-bée au seuil de la porte de son cabinet. C'était à peine s'il l'écoutait à l'époque, cela pouvait bien l'énerver -et ça avait été toujours le cas, mais l'alcoolique était bien trop obnubilé par ces lèvres qu'il rêvait d'embrasser, par ces hanches divines qu'il voulait caresser, difficile de se concentrer sur une séance de psy dans ces conditions. « Désolée, ce n'était pas prévu tout ça..»

— Encore heureux, manquerait plus que tu l'ai fais exprès !

La tentative d'Hazel pour détendre l'atmosphère s'achève sur une défaite cuisante. S'il y a bien quelque chose dont Jake n'a pas envie en ce moment, c'est bien de plaisanter. Qu'elle ironise est déjà bien assez énervant. Pourtant il n'a aucun droit de la juger pour ça, lui-même a déjà tenté de mettre fin à ses jours, qui est-il pour avoir son mot à dire ? Lui qui, quelques temps auparavant, avait ironisé sur sa présence au bord d'un toit, à jouer au funambule devant la princesse horrifiée. Mais il ne pouvait s'empêcher de lui en vouloir, quand bien même ce ne soit absolument pas de sa faute, qu'elle ne se soit pas mise en danger volontairement, il lui en voulait. Pourquoi avait-t-elle été chez ses parents ? Avait-t-elle réellement besoin de voir ces fichus balais dans le fion ? Elle ne pouvait donc pas prendre un taxi pour une fois ? Passer par un autre chemin ou même annuler toute sortie quelle qu'elle soit ? Est-ce réellement si difficile de rester au chaud dans son lit loin des dangers du monde extérieur ?

Conscient de la bêtise de ses songes, le plus vieux baisse le regard. Quelle honte de perdre autant ses moyens à son âge ! Ne peut-il pas prendre sur lui et se comporter comme un adulte responsable pour une fois ? Avoir de nobles pensées semble lui être impossible visiblement. « Ça va..Enfin je crois. J'ai mal aux côtes et je crois que je m'en suis cassée quelques unes avec le choc. Une petite commotion probablement avec le choc du volant et des égratignures par ci par là mais je pense que..Que ça devrait aller..» Il soupire, même si les dégâts paraissent peu graves, le simple fait d'entendre ses blessures est douloureux. Il voudrait pouvoir les subir à sa place, lui qui en est si habitué, qu'il a été si abimé qu'il en est surprenant qu'il puisse encore se tenir debout.

— Si t'es pas sûre vaut mieux pas bouger, c'est pas rien ce qu'il vient de t'arriver. Il poursuit, d'un ton plus calme. Je t'en supplie, ne prend pas tes blessures à la légère.

« Ne me laisse pas, Jake. Tu ne pars pas, hein? Tu restes avec moi..S'il te plait. » Elle l'enlace, se blottit contre lui malgré la douleur et tout de suite, ledit Jake tique. S'immobilise, terrifié qu'un geste de sa part puisse aggraver ses blessures. Pour autant il ressent son besoin d'affection et c'est avec toute la précaution du monde qu'il pose ses mains sur les endroits de son corps indemnes, là ou il peut être certain de ne causer aucune souffrances. Il la caresse doucement, prudemment, comme s'il avait dans ses bras une poupée de porcelaine.

— J'ai l'air d'avoir envie de partir ? Répond-t-il. Je serais resté même si tu m'avais supplié de te laisser.

Tout à fait sérieux, il ferme les yeux un instant avant de regarder à nouveau Hazel qui reprend la parole. « Excuse moi, les freins ont lâché. Je ne voulais pas t'inquiéter, je t'assure..» Le détective lâche un énième soupir.

— Je sais. Il pose une main affectueuse sur sa joue, la caresse de son index. Mais à l'avenir tu m'feras le plaisir de faire réviser ta voiture au moins tous les mois...nan, toutes les semaines !

Exagère-t-il ? À peine ! Sans doute un chouïa trop protecteur et alors quoi ? Va-t-on réellement le lui reprocher ? Lui qui a déjà perdu une personne chère à son cœur dans les mêmes conditions -ou presque, ne peut-on pas l'excuser d'avoir des réactions disproportionnées ? Une chose est sûre, une fois qu'elle sera complètement tirée d'affaire, aucun doute qu'il sera tellement sur son dos qu'elle en deviendra folle ! « Je peux sortir..Enfin, je voudrais sortir parce que j'ai besoin de respirer l'air frais. Et je serais plus à l'aise sur le sol qu'ici. Je me sens coincée..» Surpris, il peine à donner son accord mais s'il est têtu, il y a rude concurrence en face de lui. Ignorant s'il est vraiment sage de sortir ainsi de l'habitacle, de prendre des risques inconsidérés, le plus vieux prend malgré tout sur lui et parvient à aider la psychiatre.

— Bordel Hazel, t'écoute jamais rien de c'que j'dis, hein...Maugrée-t-il, las.

Si cette facette d'elle le fait souvent craquer, cette fois-ci, ça le met hors de lui. Elle peut bien parler de lui, au final elle n'est pas, mais alors vraiment pas mieux ! Mais malgré sa colère, il tient à elle et la soutient lorsqu'elle titube, manquant de tomber. « Je t'ai déjà dit à quel point j'aimais tes boucles? Ça m'a fait craquer dès le début.» Choqué, il la fixe, les yeux ronds. Pourquoi cette confession sur sa chevelure ? Pourquoi ce ton alarmant ? Il n'en faut pas plus pour faire à nouveau trembler Jake, qui déteste déjà la tournure que prend la conversation. « Et que j'aime tout chez toi. Mais je voulais que tu le saches si jamais je n'ai pas autant de chance que je ne le crois..» S'il ne l'avait pas dans les bras pour la soutenir, pour veiller à sa sécurité, cela ferait bien longtemps qu'il se serait déchaîné sur la voiture, à l'asséner de coups de poings, à extérioriser sa rage comme il ne la jamais fait. Non moins énervé, tout en prenant soin d'elle, il fronce à nouveau les sourcils, grince des dents et s'énerve.

— ARRÊTE-ÇA ! S'exclame-t-il. Bordel tu me rend cinglé ! Un torrent d'émotions explose d'un coup, incapable de les contenir plus longtemps, Jake poursuit, les yeux humides. Pourquoi tu parles comme ça ?! T'es la plus sensée de nous deux putain de merde ! Quelques larmes coulent au coin de ses yeux, sa vision se trouble tandis qu'il accentue la pression de ses mains qui retiennent le frêle corps de la princesse. Tu m'énerves ! Je suis perdu avec toi, j'sais jamais quoi dire, quoi faire...t'es toujours là à me dire qu'il faut pas que j'fasse si ou ça mais toi bordel ! Toi t'es pire ! Il sanglote et tombe, les genoux à terre. Tellement faible qu'il ne retient plus la jeune femme mais conscient tout de même qu'il sera tout à fait capable de la retenir si jamais elle perdait l'équilibre. J'veux pas revivre ça, j'veux pas...s'il te plait Hazel, me fait pas ça...je t'en supplie, j'tiendrais pas le coup cette fois, pas si j'perds encore la femme que j'aime...

○○○ ce sont toujours ceux que vous soupçonnez le moins, ceux en qui vous avez le plus confiance, qui vous blessent. Ils attendent que votre garde soit baissée et puis quoi! Dans mon cas, c'était la tequila.

Awards 2024:

♛ ♛ ♛
{ I wanna take you somewhere so you know I care
But it's so cold and I don't know where
I brought you daffodils on a pretty string
But they won't flower like they did last spring}
crédit/ tumblr ♛ w/ @Jake Owens

Il arrivait souvent à la princesse de se demander si les choses auraient pu se dérouler autrement. Si dans une autre vie, elle n'aurait pas été meilleure. Une meilleure amie, une meilleure présence, une meilleure fille pour ses géniteurs. Elle se demandait si elle n'avait pas pu être une meilleure soeur. Une meilleure élève. Moins rebelle alors que le monde autour d'elle avait presque tout fait pour le provoquer en ce sens. Peut être était ce parce qu'elle était née au sein d'un empire conséquent qu'elle ne parvenait pas réellement à trouver le bon chemin. A trouver ce qui pourrait l'aider, l'aider à se compléter. Elle qui faisait sans cesse des erreurs sans même pouvoir changer la donne. Elle qui n'était pas aussi douée qu'elle le prétendait et pourtant, qui tentait tant bien que mal de comprendre comment fonctionnait la vie à bien des égards. Qui tentait de comprendre comment il fallait réagir, comment il fallait se comporter. Comment, malgré tous les déboires qu'elle avait déjà dû supporter, faisait on pour reprendre le volant, pour ne plus être craintive de bien des choses. Pour attraper le courage au vol bien que ce dernier soit plus complexe à attirer qu'elle n'aurait voulu le penser. Qu'elle n'aurait pu l'imaginer aussi. Et peut être s'était elle trompée quand en laissant passer Jake à travers sa porte ce jour là, elle avait cru qu'il ne serait qu'un patient comme un autre alors qu'au final, ça n'avait jamais été le cas. Tant de choses avaient changé et ceci, à bien des moments au cours de leur relation. Comme si la provocation dont ils avaient profité n'avait été que pour leur montrer à quel point ils étaient si complices, si amis. Ou beaucoup plus que cela. Au départ, tout ceci n'avait rien eu de très sérieux. Un petit moment d'égarement, ni plus ni moins. Un simple cavalier qui l'avait accompagné à un gala de ses parents. Parents qui n'avaient pas gardé bon souvenir de cet homme mais qui avait grandement amusé la plus jeune qui avait eu le don de pouvoir rire aux éclats en sa compagnie. Alors oui, leur relation n'était pas forcément celle qu'on retrouvait dans les contes de fées. Ni dans ces fameux films où la princesse avait tout ce dont elle avait toujours souhaité..Ou peut être que si mais d'une façon plus moderne. D'une façon différente. Dans la vie de l'héritière, elle qui avait souvent eu ce dont elle avait toujours imaginé, s'était bien vite retrouvée à se confronter à la dure réalité. Lorsque sa couronne était venue à tomber au sol après une année compliquée à la faculté. Lorsque son coeur en avait pris bien plus qu'elle n'aurait pensé. Alors oui, elle pensait bien que les choses avaient soudainement changé quand Jake s'était montré si différent avec elle. Si différent au point de se montrer autre qu'un simple patient, comme il le disait si bien. Et quand il le lui fit remarquer, la ténébreuse avait hoché la tête. Difficilement mais sa réaction fut sincère. Oui, il n'était pas comme les autres patients ni comme les autres personnes en qui elle avait eu de l'affection. L'histoire prenait une autre tournure. Aussi bien physiquement que mentalement. L'héritière tentait de ne pas se laisser aller à la panique, surtout lorsqu'elle tentait de détendre l'atmosphère. Surtout quand elle savait que le détective ne semblait pas de cette humeur. Elle le comprenait, elle qui écoutait et tentait de trouver des solutions pour chacun de ses patients. Mais à cet instant, il était compliqué de s'accrocher à la réalité, de s'accrocher à ce qu'on était réellement quand les douleurs étaient telles qu'on ne pouvait qu'y penser. "Faire un accident n'est pas forcément dans mes intentions, tu sais." avait elle assuré malgré tout. N'est pas de celle qui tente de fuir la situation que les choses sont bien présentes mais à cet instant, Hazel aurait bien besoin de penser, d'imaginer un nouveau monde où il serait plus important de respirer, de partager de magnifiques choses plutôt que de sombrer dans la mélancolie. Dans la folie, jusqu'à un certain point. Seulement, elle ne peut pas faire grand chose lorsque ses côtes sont à moitié brisées et qu'elle tente tant bien que mal de rester connectée à la réalité. Dans un univers aussi flou qu'indélicat. Néanmoins, elle veut sortir. A besoin d'air, a besoin de pouvoir voir les astres de minuit comme si ces derniers étaient une promesse. Comme si ceux ci allaient lui permettre de comprendre un peu mieux la situation. Comme si cela allait changer grand chose à la situation, après tout. "Je sais mais j'ai besoin de sortir. J'ai besoin de prendre l'air.."

Et elle continue la princesse évidemment. Elle continue à lui forcer la main car elle a besoin de sortir de ce véhicule qu'elle devra bien évidemment changer. Elle se demande bien s'il est récupérable ou si elle devra faire l'effort de s'acheter une nouvelle voiture. Du moins ça, c'est une question optionnelle. Surtout si elle vient à survivre. Après tout, on ne sait jamais ce qu'il peut se passer et avec un choc de cette envergure, la ténébreuse a besoin d'espérer qu'elle ne sera pas en proie à une mauvaise nouvelle. A d'horribles cauchemars qui ne feraient que la hanter davantage. A t-elle réellement le choix? Elle ne le sait pas vraiment. Elle se demande même si quelqu'un viendrait à apercevoir sa disparition. Si elle finirait par manquer à quelqu'un. Mais au fond, chaque personne est remplaçable et elle sait bien qu'après quelques années, on vient à tourner la page et n'être qu'un souvenir pour ceux qui restent. Comme quoi, même dans la disparition soudaine, on se trouve loin d'être immortelle et la ténébreuse le sait mieux que quiconque. Elle ne sait pas trop si elle manquera à énormément de personne et peut être qu'elle n'en n'a plus grand chose à faire au fond. Surtout qu'elle ne sera plus là pour le comprendre, pour l'entendre ou pour le voir. Mais la panique dans les yeux de Jake lui donne envie de s'accrocher et surtout, elle vient à se dire qu'il est sincère dans son inquiétude. Qu'il n'est pas comme les autres et que peut être, n'a t-il pas envie de la voir s'en aller. Qu'il semble s'être attaché à elle plus que de raison tout comme elle même, dans sa propre personne, a eu l'occasion de le faire. Est ce une simple illusion? Est ce une réalité conséquente? N'en sait que trop rien la princesse et à ce stade, il lui est compliqué de se focaliser sur autre chose que la douleur cuisante dans l'intégralité de son corps. Et pourtant, elle lui avoue. Elle lui avoue, comme un signe d'adieux, à quel point elle tient à lui. A quel point elle le trouve adorable et très séduisant. Que malgré tout ce qu'il s'est passé, qu'elle viendra toujours à tenir à lui. Et pour la première fois, la ténébreuse se dit que peut être, elle ne verra pas la lumière du jour dès le lendemain. Elle se demande si tout ceci en vaut la peine. Si avancer, se retenir de tomber l'aidera dans son avenir. Mais elle doute grandement de la force de sa psyché à cet instant. Mais soudainement, Jake s'agace et la fait sursauter dans sa façon de lui parler. Elle qui n'a pas vraiment l'habitude de l'entendre hausser le ton de la sorte et surtout avec elle, se retrouve bien vite à court de mots. A court d'idées qu'elle pourrait émettre. Elle se retrouve bien vite perdue et en manque cruel d'intelligence supervisée. Elle inspire, l'observe avec une vision assez troublée. Elle ne parvient pas à se dire qu'à cet instant, Jake déverse toute sa colère, toute son inquiétude mais aussi tout son amour pour elle semblerait il. Mais son myocarde s'accélère et bientôt, la ténébreuse le sent se glisser à terre d'une façon si soudaine qu'elle manque de trébucher à son tour. Elle, qui est si faible, doit se montrer pilier à cet instant et elle n'a aucune idée de comment faire. L'héritière inspire longuement, tente de garder son calme, de ne pas tomber. De rester concentrée, pour ne pas laisser la peur prendre le meilleur d'eux même à cet instant. Non, ne faut pas laisser l'obscurité prendre le dessus, seulement dans cette nuit si noire, la princesse a bien du mal à trouver la lumière. Ses iris s'écarquillent à ses mots. Ce n'est pas juste de l'inquiétude mais de l'amour total. Quelque chose de si beau, de si terrible à la fois qu'elle ne sait pas quoi répondre. Pas tout de suite du moins. Pourtant, cela la fait sourire. Cela réchauffe son corps déjà refroidi par le choc, par la souffrance des blessures et bientôt, la plus jeune se laisse glisser de la même manière vers le châtain dans le but de poser une main dans le creux de sa nuque. Ses doigts se baladent à travers ses boucles dans un doux geste, quelque chose de tendre et de délicat. Quelque d'agréable, comme si elle cherchait à le rassurer. Comme si c'était lui qui souffrait le plus entre eux deux. Et peut être que c'était le cas. Peut être que ça avait toujours été le cas. N'en sait que trop rien la ténébreuse. Ne sait plus grand chose quand on y pense. Son regard croise le sien et un doux sourire se forme sur ses lippes tandis qu'elle vient les déposer sur son front tout d'abord. "Jake..Je t'en prie, ne dis pas ça..Pas maintenant." dit elle en relâchant un petit rire, presque souffrant car peut être que le détective se laisse aller à un simple besoin d'extérioriser et rien de plus. Peut être qu'il n'est pas sérieux. Peut être qu'au fond, il ne laisse parler que cet esprit craintif de voir se répéter quelque chose d'affreux. "Ne dis pas ça parce que j'ai terriblement envie de te croire.." avoue t-elle la princesse tout en secouant la tête avant de finalement prendre contact avec ses lèvres dans un baiser presque ultime s'ils se retrouvaient dans le genre de films à l'eau de rose, ou de super héros. Mais ce n'est pas le cas et pourtant, ils s'accrochent comme ils peuvent, l'un à l'autre. Autant qu'il est possible. Le baiser est long et tendre à la tendre à la fois. Comme s'il est possible d'en profiter une énième fois avant que la pluie ou la neige ne vienne à les secouer. Peut être un peu des deux. Pourtant, elle n'a pas envie de s'arrêter la princesse car le détective est tout ce qui compte pour elle à cet instant. Il est tout ce dont elle a besoin. Encore et encore. Finalement, lorsque son corps se met à trembler, la ténébreuse relâche ses lèvres tandis que ses paumes prennent le visage du plus âgé entre ses mains d'un air qui se veut rassurant. Comme si elle tentait de lui confirmer qu'elle allait bien. Qu'il n'avait pas besoin de s'inquiéter autant pour elle bien qu'il lui fallait des soins malgré tout. "Jake, regarde moi. Tout va bien se passer d'accord? Tout va s'arranger. Je vais bien. Je dois juste aller à l'hôpital pour me faire soigner mais ce n'est pas grave. Ça arrive, d'accord? Il faut que tu me crois. Il faut que tu me fasses confiance. Mais tu ne dois pas paniquer, compris? Car je n'aurais pas la force pour le faire pour nous deux alors tu dois m'aider. Tu peux faire ça, s'il te plait?" demande t-elle de sa voix si douce tandis que son regard se perd dans le sien. Car à cet instant, si les paroles de Jake à son égard, à l'égard de ses sentiments se trouvent être réels alors peut être, ne serait ce qu'un instant, que la princesse ait retrouvé l'emblème d'un royaume et de son prince à la fois.

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stars around my scarsw/ @Hazel Ashford

Jake, loin d’être assez philosophe pour s’imaginer ce qu’aurait pu être sa vie s’il n’avait pas intégré l’armée, n’a même pas songé une seule seconde à la personne qu’il serait aujourd’hui s’il avait été le plus droit, le plus équilibré mais surtout le plus sobre des hommes. Peut-être aurait-il préféré vivre à la campagne, dans une ferme avec veaux, vaches et cochons. Il aurait pu se distraire en tirant sur des canettes le dimanche ou regarder Walker, Texas Ranger en mangeant un poulet-frites. Parce qu’après tout, n’est-ce pas la tranquillité qu’il recherche depuis toutes ces années ? Parce qu’à bien y réfléchir, le détective a passé toute sa vie dans l’action, sans une minute de répit parce que la vie de militaire ne le permet pas...celle de détective n’est d’ailleurs pas beaucoup plus reposante, même si la comparaison est maladroite. Mais une question se pose : serait-il réellement capable de vivre ainsi ? Probablement pas. Ce serait agréable certes, mais à court terme. Jake a ce besoin presque pathologique d’être toujours actif, même lorsqu’il est saoul. Voilà pourquoi il n’a jamais arrêté le sport, pourquoi il court tous les matins à 5h, à faire son lit en carré parce que bien qu’alcoolique, les réflexes de commando n’ont pas disparu. C’est pour cette raison qu’il a choisi la profession de détective privé, parce qu’elle regroupe tous les idéaux du quadragénaire, pas aussi intensif que le front, pas aussi calme que la fonction publique. En soit le métier parfait. Et ô combien il excelle dans son domaine ! Efficace au point d’avoir cinq étoiles sur google (à quelques décimales près, on va pas chipoter) Le hic, c’est plutôt sa vie privée, qu’il maitrise aussi bien qu’il boit de l’eau. Force est de constater que l’alcoolique n’a ni la fibre sociale, ni la fibre romantique et encore moins la fibre parentale. Alors évidemment, quand la vie le pousse, l’oblige à exprimer ses sentiments, c’est tout de suite le chaos dans sa tête. Bien plus facile de prendre une balle que de contrôler ses pulsions quand la femme qu’il aime se trouve dans une situation dangereuse et oserai-je le dire, terriblement nostalgique. Ceci dit, il se surprend à faire la part des choses plus aisément qu’il ne l’aurait imaginé. L’image d’Hazel coincée dans son habitacle ne se superpose pas à celle de sa défunte femme, du moins, pas autant qu’il ne l’aurait imaginé. Ce n’est pas pour Lauren qu’il s’inquiète présentement, mais bel et bien pour sa psychiatre préférée, celle dont il ne soupçonnait pas l’importance. Pour être tout à fait honnête, à ce niveau ce n’est même plus du désir d’être à ses côtés mais plutôt du besoin de l’avoir près de lui. Peut-être exagère-t-il, peut-être, après cet épisode deviendra-t-il surprotecteur ? Malheureusement pour sa princesse, elle va devoir vivre avec, la flamme du traumatisme a été quelque peu ravivée et le feu n’est, à fortiori, pas prêt de s’éteindre. « Je sais mais j'ai besoin de sortir. J'ai besoin de prendre l'air.. » D’un soupir, il la distingue des pieds à la tête, constate qu’il n’a pas vraiment le choix que d’accéder à sa demande. Lui-même s’est retrouvé dans cette situation quelques années auparavant, cette sensation d’étouffer, de ne plus parvenir à respirer, il ne la connaît que trop bien. Alors il cède, prend soin tout de même de s’assurer qu’elle ne tombe pas et surtout, qu’elle ne s’imagine rien d’absurde, qu’elle ne se laisse pas aller dans les bras de Morphée comme il l’avait fait lui-même à l’époque.

— Tu m’laisses pas vraiment le choix hein...

Aussi têtue qu’une Mule, peut-être même plus que lui. C’est d’ailleurs l’un des traits de caractère qui lui plaît le plus chez elle. Une femme forte, qui campe sur ses positions, qui n’a pas peur de le confronter malgré toute la difficulté que cela représente. Elle a été à la fois envoutante et énervante, aussi divine qu’une déesse, aussi inatteignable que peut l’être une divinité. Comme il a dû se faire violence pour ne pas succomber à ses charmes chaque fois que son regard croisait ses lèvres rouges pulpeuses, qu’il glissait sur ses courbes généreuses et appétissantes. Qu’il se répétait sans cesse qu’il voulait son bien, qu’elle serait mille fois mieux sans lui et c’est encore vrai maintenant. Malgré tout il n’a plus la force et encore moins l’envie de se retenir davantage. Sa beauté si ensorcelante pourrait bien attirer un homme droit, façonné dans le même moule qu’Hazel, quelqu’un qui lui correspondrait mieux qu’un quadragénaire alcoolique suicidaire...et pourtant il ne pourrait supporter de la voir dans les bras d’un autre que lui, ce serait le début de la fin, une raison de plus de replonger dans ses démons (encore faudrait-il qu’il en soit débarrassé). Alors non, c’est sans doute égoïste mais il veut cette femme, il la souhaite si fort qu’il prie Dieu de l’épargner, pour ne pas avoir de regrets à nouveau. Sentiment accentué par les dernières paroles de la Princesse, qui visiblement, n’a pas la totale certitude de s’en sortir. Alors qu’il devrait la rassurer, la prendre dans ses bras délicatement et lui murmurer quelques mots réconfortants à l’oreille, Jake sort de ses gonds, allant jusqu’à hausser le ton, chose peu habituelle chez lui soit dit en passant. Il aperçoit une stupeur dans le regard de sa psychiatre, ce qui n’est pas étonnant, après tout le détective s’est toujours montré très agréable avec elle. Taquin, coquin et très certainement emmerdant mais jamais ô grand jamais colérique. Alors il lâche une bombe, ne s’en rend compte qu’après quelques secondes. Vient-t-il de tout lui avouer ainsi, de cette pitoyable manière ? Il n’aurait pas pu faire pire confession. Non pas qu’il voulait la faire lors d’un diner aux chandelles, Jake n’est pas aussi romantique, mais il aurait été plus agréable au moins de ne pas la faire avec plus de décibels que nécessaire. « Jake..Je t'en prie, ne dis pas ça..Pas maintenant. » Ses lippes, délicatement posées sur son front le font frissonner. Il écarquille les yeux à ses paroles, peu certain de ce qu’il ressent. De l’incompréhension sans doute, parce qu’il ne s’attendait pas à une telle réaction. Alors il reste pantois à la regarder comme si des points d’interrogations prenaient la place de ses pupilles. « Ne dis pas ça parce que j'ai terriblement envie de te croire.. » Certes, le baiser qui suit ces paroles aurait très bien pu être la scène parfaite d’un film à l’eau de rose, le genre blockbuster que les jeunes midinettes adorent. Parce qu’il est magique, tellement qu’il perdrait presque toute orientation, tout discernement. Pourtant conscient que la situation ne s’y prête pas, que la presque trentenaire se doit d’être conduite à l’hôpital dans les plus brefs délais, ni l’un ni l’autre ne semble vouloir interrompre ce contact si doux, si beau.

— Alors crois-moi. Répond-t-il simplement. Je ne mens jamais...ou presque. Il émet un petit rire discret. En tout cas pas sur des sujets aussi importants...parce que tu es importante. Il marque une pause. Plus que je ne l’aurais imaginé ou même souhaité...j'suis pas un type bien, pas le genre qu’il te faudrait en tout cas...mais c’est plus fort que moi...bordel qu’est-ce qu’il m’arrive...je devrais être en train d’appeler le 911, qu’est-ce que je fous ?

Il ne sait plus trop ce qu’il dit, toutes ses pensées se mélangent et forment une boule de stress qu’il ne parvient pas à contrôler. Pour autant il essaie de prendre sur lui, parce qu’il a beau exprimer ses sentiments de manière si dramatique, il n’en reste pas moins qu’elle souffre de sa condition et que s’il souhaite dormir sur ses deux oreilles ce soir, il est indispensable de la savoir saine et sauve, prise en charge et hors de danger. Mais ce discours est bien beau, il tremble, n’est pas sûr de pouvoir tenir le coup, de voir à nouveau ces blouses blanches lui annoncer une terrible nouvelle. Peut-être est-ce l’expérience ou bien l’alcool mais une négativité importante émane de son être, si forte qu’il en oublierait de respirer. « Jake, regarde moi. Tout va bien se passer d'accord? Tout va s'arranger. Je vais bien. Je dois juste aller à l'hôpital pour me faire soigner mais ce n'est pas grave. Ça arrive, d'accord? Il faut que tu me crois. Il faut que tu me fasses confiance. Mais tu ne dois pas paniquer, compris? Car je n'aurais pas la force pour le faire pour nous deux alors tu dois m'aider. Tu peux faire ça, s'il te plait?" » La douceur de sa voix le réveille. N’était-il pas militaire ? Comment peut-il céder à la panique ainsi, lui qui a vécu une centaine de situations traumatisantes ! Alors il se reprend petit à petit, empoigne sa main tremblante pour se calmer et sort tant bien que mal son téléphone portable.

— Ok, compris...désolé.

Le palpitant rapide, il compose le numéro d’urgence, explique la situation au personnel compétent et indique leur position pour finalement raccrocher.

— J’sais pas quand ils vont arriver mais ils ont dit qu’ils allaient faire vite. Il tapote du pied, nerveux. Fais-moi une promesse Hazel. Promets-moi que tu te réveilleras demain matin, que je pourrais voir tes yeux s’ouvrir à ton réveil et t’entendre te moquer de moi pour avoir paniqué pour rien. Il pose son front contre celui de la princesse et la main droite sur sa nuque, rapproche ses lèvres des siennes pour les sceller dans un somptueux baiser. Bordel, j’ai plus l’âge de jouer les Roméo...Il ébouriffe sa chevelure bouclée. Et merde ! S'exclame-t-il. Je t’aime comme un malade. J’ai besoin de toi.

○○○ ce sont toujours ceux que vous soupçonnez le moins, ceux en qui vous avez le plus confiance, qui vous blessent. Ils attendent que votre garde soit baissée et puis quoi! Dans mon cas, c'était la tequila.

Awards 2024:

♛ ♛ ♛
{ I wanna take you somewhere so you know I care
But it's so cold and I don't know where
I brought you daffodils on a pretty string
But they won't flower like they did last spring}
crédit/ tumblr ♛ w/ @Jake Owens

La princesse avait relâché un petit rire aux paroles de Jake. Effectivement, depuis leur première rencontre, la blonde s'était montrée déterminée et rebelle dans le but de pouvoir aider Jake. Patient complexe, Hazel l'avait finalement laissé décider de quand il viendrait à lui parler de quelque chose. Bien sûr, leur relation avait évolué et la blonde savait que son myocarde résonnait à l'entente de son prénom. Néanmoins, elle ne pouvait pas réellement lui exprimer. En effet, son travail lui prenait un temps considérable et les émotions n'étaient pas simples dans le coeur de la princesse. Rebelle et aventurière dans l'âme, Hazel se balade à travers les forêts illuminées et les chemins agréables bien que cela soit différent avec Jake. Depuis leur rencontre. Elle savait qu'il appréciait plaire et ne souhaitait aucune attaches. Il était attirant et séduisant. Ses iris dessinent son visage qu'elle apprécie tant, qu'elle trouve magnifiques tandis qu'elle laisse un sourire s'afficher sur son visage. La douleur est présente mais Jake parvient à l'éloigner de cette dernière en lui parlant. Sait bien qu'il essaye de la rassurer et la princesse ne dit rien. Amusée et tout autant surprise de voir la réaction de Jake, lui qui riait de tout et bien souvent. Différent qu'il était. Lui dit qu'elle compte tandis que son coeur s'accélère. Hoche la tête alors, aucun son provenant de ses lèvres. L'observe, l'écoute parler. L'observe prendre son téléphone, soupire délicatement sous la douleur de ses côtés tout en venant poser une paume sur celles ci. Probablement des côtes cassées. Puis, elle secoue la tête tout en gardant son sourire."D'accord." simple mais la fatigue est présente et Hazel essaye de garder les yeux ouverts. Sent néanmoins la fatigue physique et le stress. A ses mots, elle hoche la tête. "Bien sûr que je rirais de toi mais ce sera affectueux." assure t-elle tout en gardant son sourire tandis qu'elle glisse sa main dans ses mains pour ensuite la poser sur sa joue et caresser sa pommette. Lui rend son baiser tendrement, ravie de pouvoir partager ce dernier avec Jake avant de reculer son visage afin de pouvoir observer son visage. Cligne des yeux plusieurs fois, surprise. Myocarde qui s'accélère, émotions qui réchauffent le coeur. Âme délicate qui laisse le son des arbres se glisser avant qu'elle ne vienne à sentir ses prunelles s'humidifier. Pose ses doigts sur ses lèvres tout en gardant son sourire. "Pas maintenant." souffle t-elle, son nez se frottant délicatement au sien et ses lippes venant effleurer les siennes. Lui offre un doux baiser car ses sentiments sont si délicats. Qu'entendre Jake lui offrir ses sentiments est si doux que la sensation l'est tout autant. "Si tu es Roméo, alors je suis Juliette." s'amuse t-elle. Mais ses doigts tremblent de froid et la fatigue est présente. La princesse pose délicatement son front sur l'épaule de Jake, sentant Morphée la saluer.

Les professionnels étaient arrivés rapidement et avaient pris la princesse en charge dans le but de l'amener au plus vite avec eux. Arrivée au centre de soins, la blonde avait sentit son regard observer le plafond avec de nombreuses lumières. Avait entendu des échos puis plus rien. Le sommeil l'ayant à nouveau salué. Des heures plus tard, Hazel avait rouvert ses iris lentement. Prenant le temps d'habituer ses iris à la lumière, la princesse fronçait les sourcils puis se redressait alors en disant. "Jake!" se souvint t-elle avant d'avoir fermé les yeux. Ne sait pas s'il est venu avec elle ou s'il souhaite retourner à sa voiture. Iris qui observent les alentours tandis qu'elle glisse une main dans ses mèches blondes. Pose finalement son regard sur Jake tandis qu'elle relâchait un long soupire. Se souvient de son véhicule contre cet arbre, de Jake venant l'aider, de ses mots si délicats. Ne sait pas s'il s'en souvient ou s'il aura simplement dit cela pour la faire garder les yeux ouverts. Jake lui avait déjà dit qu'il préférait être sans attache, qu'il préférait rester seul. Mais alors pourquoi être resté avec elle dans la nuit? "Je ne savais pas que tu étais là." dit elle en hochant la tête tout en souriant finement. La fatigue peut se lire sur les traits de la princesse qui sent la douleur dans ses articulations et de ses os. Suppose qu'elle avait en effet des côtes cassées et quelques contusions. Vient poser sa main sur la sienne, la caressant tendrement. Hazel n'apprécie pas de devoir être dans un lit et de se reposer sans rien faire durant la journée. Néanmoins, sait déjà qu'elle devra attendre quelques jours avant de pouvoir retourner chez elle. "Je ne pensais pas que.. Enfin que tu serais présent à mon réveil." dit elle simplement en gardant son sourire, plus doux cette fois. Vient poser sa main sur sa joue durant quelques secondes pour caresser sa pommette de son pouce puis se redressait lentement dans son lit. Douleur présente dans ses articulations. "Je suis ravie de te voir." dit elle, les joues rougies. Car elle pense à ses mots de la nuit dernière, de la façon dont il avait de la regardé ou de lui apporter quelque chose lorsqu'elle en avait besoin. Jake est si adorable avec elle, si doux. Alors évidemment, un sourire est présent sur ses lippes colorées.

-- you've felt it haven't you? Those feelings that seem to get so big in your chest, like something is so beautiful it aches. Glitch ★ Heather Anastasiu.

stars around my scarsw/ @Hazel Ashford

Un rire avait suffi pour que Jake retrouve le sourire. Elle n’est pas encore hors de danger mais la voir exprimer un sentiment si peu adapté à la situation est un tel soulagement qu’il ne peut retenir un soupir. Comment peut-elle encore tenir debout ? Où puise-t-elle cette force presque titanesque qui la maintient éveillée malgré l’état évident de son corps endolori ? Pour s’être régulièrement blessé. L’ancien commando peut aisément deviner que la belle a des côtes cassées. Terriblement douloureux, il est bien placé pour le savoir. Qu’Hazel doive en faire l’expérience est certainement plus insupportable que s’il s’était accidenté lui-même. Et pourtant elle accepte son baiser avec une infinie douceur, pourtant bien consciente de son mal, de sa difficulté à garder le tronc droit. « D'accord. Bien sûr que je rirais de toi mais ce sera affectueux. » Bien que sa réponse lui correspond parfaitement, le ton de sa voix lui, n’a rien d’habituel. Jake sent donc qu’il est temps de faire appel aux secours, ce qu’il fait dans la seconde. « Si tu es Roméo, alors je suis Juliette. » Jake émet un léger sourire. Loin d’être la réplique de Roméo, ce serait même plutôt le contraire. Si l’on omet le destin tragique de l’amoureux, ils n’ont rien en commun. Roméo était jeune et beau, charmant, fils de parents aisés -si ses souvenirs de lycée sont bons, les cours de littérature remontent à bien loin maintenant-. Par contre Juliette est, à quelques détails près, la copie conforme de la princesse. Jeune, belle et courageuse, déterminée et profondément amoureuse. Non pas qu’il veuille s’en vanter mais il n’est pas idiot, il faudrait être aveugle pour ne pas voir qu’elle l’aime. Son regard en dit long sur ses sentiments, dans ses yeux brille toujours une lueur qui la rend si attirante. Il avait comme l’impression d’être un homme bien quand elle l’admirait, sobre, sain d’esprit, au top de sa forme. Comme c’est agréable de se sentir ainsi, au summum de la confiance en soi. Provisoire certes, parce que dès qu’elle n’est pas dans les parages, Jake sent bien qu’il n’est pas ce qu’elle voit en lui, ce qui reste encore un mystère aujourd’hui...comment diable cette femme si parfaite, si envoûtante a pu tomber amoureuse de lui, vieux quadragénaire alcoolique et suicidaire ? Elle doit être folle elle aussi, l’aurait-il influencée plus que de raison ?

Pour le moment ce n’est pas important, l’important est de prendre soin de la belle qui, rapidement, s’est réfugiée dans les bras de Morphée. Fort heureusement les secours sont arrivés rapidement parce que le détective était à deux doigts de s’affoler. Jusqu’ici elle était parvenue à rester éveillée, qu’elle soit exténuée est parfaitement normal mais dans l’esprit de l’amoureux transit, il y avait de quoi paniquer. L’armée lui a pourtant apprit à ne pas s'alarmer, à reconnaître une victime au prognostique vital engagé d’une victime dont l’état n’a rien de préoccupant. C’est évident qu’elle s’en sortira bien, que sa santé sera stable et qu’il n’aura plus à s’inquiéter. C’est une chose d’en être conscient, s’en est une autre d’agir en connaissance de cause. Savoir qu’à son arrivée la belle devra subir une intervention chirurgicale est un constat insoutenable. Après tout ne dit-on pas que l’anesthésie générale comporte toujours des risques ? Il n’est certes pas médecin mais ayant été sur le billard à de nombreuses reprises, il a tout de même quelques bases.

Dans l’ambulance les secours lui posent des questions, l’identité de la blessée, les circonstances de l’accident, ses antécédents. Sur ce dernier point, Jake n’avait trop rien à dire, il n’en savait strictement rien. Encore une chose qu’il devra apprendre sur elle, plus mystérieuse qu’il ne l’avait imaginé. Il faut dire que jusqu’ici, le quadragénaire ne s’était pas préoccupé de sa santé, persuadé que sa jeunesse et son amour du travail faisait d’elle la femme la plus forte de Klamath Falls et qu’il n’avait aucune raison de s’en faire pour elle. Peut-être aurait dû-t-il être plus précautionneux. Ma foi tout homme parfait a quelques défauts, comment aurait-il pu deviner ce qui allait se passer ?

L’intervention lui parait longue, si longue qu’il fait les cent pas dans le couloir, étant bien sûr régulièrement rappelé à l’ordre par le personnel médical, fatigué d’entendre un vieux ronchon marmonner dans sa barbe...ou plutôt sa moustache. C’est alors soulagé, autant lui que les infirmières, qu’il fût autorisé à rester dans l’enceinte de l’établissement pour la nuit. Il s’était contenté de rester assis dans le couloir, par terre bien sûr, les places assises étaient strictement réservées aux personnes âgés, blessés ou à mobilité réduite et ça, il le respectait plus que n’importe qui.

Inutile de chercher à fermer l’œil, le détective sait pertinemment qu’il ne parviendrait pas à trouver le sommeil cette nuit. Alors il fit ce qu’aurait fait la plupart des zombies de cette planète : rester sur son smartphone à jouer à des jeux vidéo. Boomer ceci dit, parce qu’il n’a pour applications que Candy Crush et 4 images 1 mot...ce qui est plus addictif que n’importe quelle série tv et ça lui coûte beaucoup de le reconnaître.

Au petit matin, alors que des cernes commencent à se dessiner sur le visage de l’homme, une infirmière vint tapoter son épaule, l’informant alors qu’il est désormais autorisé à entrer dans la chambre de sa, je cite “compagne”. Comme ce titre sonnait doux à ses oreilles. En étaient-ils déjà à ce stade ? Allez savoir, en tout cas ça lui plaisait...aussi surprenant que ce soit, oui, ça lui plaisait. « Jake! » Les yeux écarquillés, ledit Jake, alors posté devant la fenêtre, anxieux, tourne les talons pour accourir vers sa bien-aimée. « Je ne pensais pas que.. Enfin que tu serais présent à mon réveil. » Le regard blasé en direction de son interlocutrice, il soupire.

— Imbécile. Tu me crois vraiment capable de te laisser seule ici ?

Il hoche la tête de gauche à droite, réellement surprit par les paroles d’Hazel. Comment aurait-il pu rentrer chez lui comme si de rien était ? Comment aurait-il pu dormir dans son lit, sur ses deux oreilles, pendant que la femme qu’il aime est à l’hôpital ? Lui qui n’avait pas pu être conscient la dernière fois qu’une femme importante à ses yeux était hospitalisée, n’était pas près de répéter la même erreur –qui n’en est pas une, mais allez dire ça à un têtu- « Je suis ravie de te voir. » À quelques mètres de la princesse, Jake se penche vers elle, s’assure qu’elle ne bouge pas plus qu’il ne le faut, puis embrasse ses lipes dans un tendre baiser, l’un de ceux qu’on se souvient éternellement, le plus magique qu’il ait pu donner dans sa vie. Parce qu’il le partageait avec une femme qui a survécu, parce que comme promis, elle s’est réveillée. Et comme son sourire est beau, comme son corps frêle lui parait magnifique dans cette chemise d’hôpital pourtant laide. Tout en elle est sublime, tout en elle respire la joie de vivre et ô combien il a besoin de ça.

— Tu m’as réellement fait peur. Il caresse sa joue du revers de la main. Je te jure, j’ai cru devenir fou. Il soupire. Mais t’es là, bien vivante, bien à moi...pas vrai ? Il affiche un sourire malin. J’ai pas rêvé ce qu’il s’est passé entre nous hier soir n’est-ce pas ? J’ai le droit d’être avec toi maintenant, nan ? Tout ce bordel de psychiatre-patient, on s’en fout maintenant, hein ?

○○○ ce sont toujours ceux que vous soupçonnez le moins, ceux en qui vous avez le plus confiance, qui vous blessent. Ils attendent que votre garde soit baissée et puis quoi! Dans mon cas, c'était la tequila.

Awards 2024: