But in the end it’s only a passing thing, this shadow; even darkness must pass. || Tobias

« Désolée, je me suis endormie : j’espère que tu n’as pas trop attendu ! » Je ne peux masquer ce sourire nerveux qui est en train de se peindre sur mes lèvres, alors que mon coeur est en train de battre à tout rompre contre mon torse, ce n’est pas la première fois que j’ai l’occasion et la chance de pouvoir passer du temps en présence de Poppy, mais elle est mon lien avec cette famille que je ne connais pas, avec ces racines qui sont les miennes. Je proviens d’une fratrie de quatre enfants, mais je suis le seul enfant adopté des parents Matthews, je suis le seul à ne pas partager les mêmes gènes et après le décès de ma mère, j’ai ressenti le besoin de découvrir qui est-ce que je suis réellement. « Un peu plus d’un quart d’heure je dirais, je … » C’est avec la plus grande maladresse que je suis en vaine tentative de faire une blague à ma grande soeur, un regard de sa part à mon égard me permet de comprendre ma connerie et laisser une grande dose de malaise se répandre en moi. « C’est une blague, pas drôle, c’est vrai, mais c’est une blague, j’ai pas attendu, je l’promet mon commandant. » Une dernière remarque que je suis en train de prononcer en relevant fermement ma main droite, un peu comme un témoin, jurant sur l’honneur de ne pas mentir au cours du procès pour lequel il est présent. Une main qui rapidement trouve son meilleur chemin, en laissant mes doigts passer dans mes cheveux, pour un nouveau sourire qui se présente à mon visage, pour une nervosité que je ne suis pas capable de maîtriser et d’enfouir au plus profond de moi. « Au moins la tarte aux potirons ne sera pas brûlée : heureusement que j’ai mis un minuteur. Entre entre et fait comme chez toi. » Malgré ce décalage de la part de Poppy pour me laisser la possibilité de franchir le pas de la porte de chez elle, de cette immense villa qui est la sienne, mais mes pieds ne font pas le moindre mouvement, mes jambes restent immobiles. « J’espère que tu es prêt ! Je les connais par cœur, mais j’ai toujours aussi hâte de les revoir et de tenter de découvrir des petits détails que je n’avais pas encore vus. » Plusieurs semaines que j’ai eu la chance de voir Poppy Crane pour la toute première fois, tous les deux, nous avons un père en commun, un père biologique à la réputation de coureur de jupon, une grande soeur pour ce garçon à la recherche de ses origines, une grande soeur qui a bien plus de point en commun que j’aurais pu rêver, avec cette touche geek qui m’est propre. « Tu sais que lorsque Gandalf pénètre dans la petite maison de Bilbon et se cogne la tête contre une poutre en bois, l'acteur Ian McKellen s'est réellement fait mal au crâne en percutant le plafond. Peter Jackson a décidé de conserver la prise, parce qu’il a estimé qu’ils ne pouvaient pas faire une scène avec plus d’authenticité ! » Une explication, pourtant bien connu de l’univers du seigneur des anneaux, que je suis en train de donner à ma grande sœur biologique, alors que je peux sentir la chaleur de sa villa, s’écraser contre mon visage, en même temps que ma main est en train de fermer la porte derrière mon passage, plusieurs minutes et enfin je me retrouve chez Poppy. « Tu dois quand même savoir que je connais toutes les répliques, au mot près, je serais pas capable de te dire combien de fois est-ce que j’ai pu visionner ce véritable chef d'œuvre, j’arrive pas à comprendre comment des gens puissent ne pas aimer ! » Une nouvelle prise de parole que je suis en train de prendre avec un peu plus de maîtrise de moi-même, avec beaucoup moins de nervosité, seconde après seconde, je peux sentir mon corps de décontracter, mon cœur ne plus ressentir la moindre crainte de ces quelques heures que je vais partager avec celle que j’ai encore à découvrir.

« Et Viggo Mortensen s’est pété le petit doigt de pieds quand il a tapé dans le casque de l’Uruk-Hai ? Pour ça que j’aime ce film ! Y’a tellement d’anecdotes. » Il y a tant à découvrir sur l’univers du Seigneur des anneaux, il y a tant à apprendre, du côté des répliques, tout est enregistré dans mon cerveau, en revanche, du côté des petits plus à côtés, des anecdotes ou encore ces petits détails au second plan, il y en a tellement, qu’à chaque visionnage, une nouvelle découverte se fait. C’est un univers qui me berce depuis tant d'années, un monde qui m’a permis de pouvoir me retrouver dans ma bulle quand j’en avais le besoin, parce que l’on ne va pas se mentir, je n’ai rien d’un de ces mecs s’approchant du bad boy de service, je suis un nerd en puissance, sur lequel on ne se retourne pas dans la rue, plutôt celui qui a du subir tout au long de sa scolarité, avec l’espoir de ne pas être la risée de tout un établissement. « Tu as regardé les Anneaux de Pouvoirs ? Ou pas encore ? » L’heure est arrivée pour moi de rompre le contact avec le froid des rues de Klamath Falls, pour sentir la seconde d’après, une chaleur s’écrasant contre mon visage, qui est en train de me faire un bien fou. Avec effet immédiat, un sourire est venu prendre place sur mon visage, venant étirer mes lèvres, alors que celle que je découvre comme étant ma grande soeur, partage cette passion et cet amour pour ce monde virtuel, pour cet univers et cela me donne l’impression d’être à ma place en sa compagnie, de ne pas être aussi étrange que les gens peuvent le penser. « J’ai pas encore eu l’occasion de la terminer … En réalité, j’ai simplement eu le temps de voir les trois premiers épisodes … » C’est avec une pointe de honte que je suis en train de répondre à Poppy, ce n’est pas avec fierté que je suis en train d’assumer pleinement, que le nerd que je suis, n’a pas encore terminé de regarder cette série, la faute à une vie sentimentale qui se veut un peu plus active depuis le mois de Septembre. « J’ai mis les enceintes en plus, on va entendre le bruit de partout ! » Une de mes mains est en train de passer dans mes cheveux, sans même savoir si je suis en train de les remettre correctement en place ou si je suis en train de mettre encore un peu plus le bordel sur ma tenue capillaire, une réponse que je n’aurais jamais. « Puis qu’on se le dise, les phrases amphigourique de Gandalf est toujours un plaisir même après l’avoir écouté une centaine de fois ! Même ceux d’Elrond, y’en a qui disent que les elfes ont des discours grandiloquent, mais en même temps… Ils sont là depuis tellement longtemps, ils ont le droit ! » Mes iris ne sont pas décidé à rompre le contact avec Poppy qui se trouve en face de moi, je suis comme un enfant le jour de Noël, j’ai passé beaucoup trop de temps, beaucoup trop d’année dans de la famille à mes côtés qui partage le même sang que le mien. J’aime du plus profond de mon cœur les Matthews, je suis fier de porter leur nom, de les représenter, mais il y a cette part de moi que seule Poppy, seul ses frères et sœurs, que j’ai encore à découvrir, ne peuvent réellement combler. « Attends ! Tu t’fous de moi ! T’es en train de me dire que tu as un home cinéma ! Pourquoi tu me l’as pas dit avant ? Mais je vais pas pouvoir m’empêcher de venir ici en permanence ! J’en rêve ! » A l’image d’un nerd, à la spécialité de l’informatique, j’ai l’envie d’un appartement que l’on peut qualifier d’Hi-tech, quelques parties de mon salaire me permette de doucement mettre en place le rêve d’une vie, mais pas à la hauteur de tout ce que je peux avoir dans ma tête.

« Je vis avec ma tante adoptive, Emma. Elle n’est pas là pour plusieurs jours. Depuis sa retraite, j’ai souvent la maison pour moi toute seule. » Mon pas est en train de suivre celui de ma grande sœur, de celle que je suis en train de découvrir, de celle que la vie à eu l’envie de remettre sur mon chemin, après plus d’un quart de siècle. Je ne peux masquer ce sourire qui est en train de marquer les traits de mon visage, en apercevant ce malaise se présenter à travers ses iris, sans doute un trait de ce père que nous avons en commun, je ne peux le dire, après tout, cet homme est un véritable étranger à mes yeux. « Elle profite de sa retraite loin de Klamath Falls, c’est ça ? D’un côté, tu ne vas pas t’en plaindre, t’as vu le palace que tu as pour toi en attendant ! » A l’image d’un enfant dans un magasin de bonbon, je ne peux masquer cette lueur qui est présente dans mon regard, à la vue de cette villa que je suis en train de découvrir, qui a encore tant à me proposer et qui me semble tout simplement interminable tellement celle-ci est grande et une partie de moi ne peut s’empêcher de se dire que j’aimerais montrer cet endroit à Véronicka, une pensée qui parvient à effacer ce sourire, pour un coeur qui vient manquer un battement. « L’été prochain, faut que tu viennes ! Quand je peux me le permettre, j’organise un marathon dehors du Seigneur des Anneaux et chacun vient costumer ! Je suis toujours en hobbit évidemment. Avec mes cheveux et ma petite taille : je suis parfaite pour le rôle. » Poppy est en train de me sortir de mes pensées, de m’éloigner de ce présent dans lequel ma copine est en train de se trouver, de cet enfant qu’elle vient tout juste de perdre, elle qui venait tout juste d’accepter cette grossesse. L’image de cette femme souffrant d’un nouveau coup du sort de la vie, reste dans un coin de ma mémoire, laisse une trace sur les battements de mon coeur, mais mon attention est reporté sur ma grande soeur, sur cette proposition qu’elle est en train de me faire. « Si t’es game, je te mettrais même à contribution ! » Je ne peux masquer ma surprise, qui est en train d’ouvrir légèrement ma bouche, une surprise qui est pour moi de taille, je ne suis pas le genre d’homme qui a pour habitude d’être de la partie, je suis plutôt celui que l’on laisse sur le banc de touche et en même temps, on parle ici d’un monde de nerd, ce monde dans lequel je vis. « Tu plaisantes ? Bien évidemment que je suis dans le game pour ton marathon extérieur ! En plus, ça fait plusieurs années que j’ai un cosplay d’Aragorn et que je n’ai jamais l’occasion de le mettre ! Tu réalises quand même, que je trouve plus facilement les opportunités pour Flash, que pour le seigneur des anneaux ! » Sans le moindre doute, la faute à ces nombreuses convention auxquels j’ai eu l’occasion et la chance de me rendre, qui se trouvait être sur l’univers des super héros, principalement de ceux faisant partie de la douce franchise de DC comics, qui est de loin celle qui attire beaucoup plus mon âme d’enfant. « Je sais que ta proposition c’est pour l’année prochaine et qu’il y a encore pas mal de mois avant que ça se produise, mais tu penses que je pourrais venir avec Véronicka ? » C’est beaucoup plus fort que moi, je ne peux m’empêcher de parler de cette femme qui a réussi à se faire une place dans mon coeur, quelques mois avant de voir ce marathon en plein extérieur, il peut s’en passer bien des choses, mais à mes yeux, une choses est claire, à ce moment là, ma vie s’écrira toujours avec cette magnifique blonde, qui je l’espère ira beaucoup mieux, aura fait le deuil de cet enfant perdu.

« Ouais j’imagine, mais à choisir ? Je choisis Aragorn sans hésitation ! » Un rire est en train de franchir la barrière de mes lèvres, amusé par les propos que ma grande sœur est en train de me tenir. Je n’en reviens pas, j’ai passé ces dernières années de ma vie, j’ai grandis au sein des Matthews, sans partager ce point commun avec mes parents adoptifs, comme mon grand frère et les jumeaux, mais en présence de Poppy, je me sens à ma place, je me sens auprès des miens. « J’adore le seigneur des anneaux, mais je voue un amour tellement puissant pour Flash, que je ne peux pas être d’accord avec toi ! Je défendrais Flash jusqu’à mon dernier souffle ! » Quand bien même, mon cœur balance depuis ma plus tendre enfance entre l’homme le plus rapide au monde et superman, l’homme d’acier, l’homme qui a fait rêver plusieurs générations depuis sa création et qui continue de faire rêver encore aujourd’hui. « Je ne suis jamais allée en convention, alors je ne peux pas dire que j’ai d’autres opportunités de mettre mon costume de Hobbit. » Mon visage ne fait qu’un tour, mes iris ne sont plus en observation de cette villa dans laquelle je me trouve, que je suis en train de découvrir, pour venir se poser sur Poppy, alors que les traits de mon visage, ne masque pas la surprise que je suis en train de ressentir à cette phrase qui parvient à mes oreilles, à cette nouvelle que je suis en train d’apprendre. « T’es jamais allée voir une convention ? Tu te fous de moi ? Tu peux pas n’être jamais allé à une convention ! » Une étape obligatoire dans la vie d’un nerd, comme elle semble l’être, un rituel qui s’est instauré au sein de ma famille, pour un week-end entre une mère et son fils, une fois pas an, aujourd’hui souvenirs capables à la fois de faire naître un sourire sur mon visage et en même temps, de briser mon coeur, me rappelant de son décès, alors que je suis en vis.

« Bien sûr, plus on est de fous, plus on rit : je serais heureuse de la rencontrer. » Je ne peux masquer ce sourire qui est en train de rayonner sur mon visage, alors que nous sommes en train de parler de Véronicka, que ma grande soeur biologique accepte que je vienne en sa compagnie lors d’une soirée chez elle, quand bien même celle-ci soit pour l’année prochaine. « C’est ta petite amie ? » Une question qui ne vient pas retirer cette joie de vivre qui est en train de marquer les traits de mon visage, qui ne vient pas non plus éteindre cette lueur que j’ai dans mes iris à chaque fois que je parle de celle qui fait battre mon coeur, sans pour autant avoir le temps de répondre à ma grande soeur. « Avec tout ça, je ne t’ai même pas demandé comment tu allais. » Comment puis-je aller mal ? Après tout, je partage ma vie avec une femme magnifique, pour qui je suis capable de déplacer des montagnes, même si je ne suis pas l’homme le plus musclé au monde, mais il y a ce point sombre dans sa vie, qui est capable de me toucher. « Je suis avec Véronicka, alors ça ne peut qu’aller … » Il y a de la vérité dans le timbre de ma voix, mais il y a ce petit quelque chose qui laisse à penser que tout n’est pas tout rose et en réalité, tout ne l’est pas, parce que son ex sera toujours présent, qu’elle le veuille ou non et je n’ai pas mon mot à dire. « Elle a perdu le bébé qu’elle attendait il y a quelques jours, je sais pas comment est-ce que je peux l’aider … » Je ne prends pas le temps de réfléchir, je ne prends pas le temps d’apporter plus de précision, principalement sur le père de l’enfant que je viens tout juste de citer, je suis en train de lui faire part mon impuissance, sans me dire une seconde, que Poppy puisse penser que j’en étais le père, alors que la vérité est tout le contraire.

« Oh… » Je ne peux en vouloir à ma grande soeur d’avoir une telle réaction, après tout, sans doute que si les rôles avaient été inversé, que je venais d’apprendre qu’elle a été victime d’une fausse couche, ma toute première réaction aurait été la même, avec un seul mot. « Je ne souhaite pas ça… Même à mon pire ennemi. » Je ne suis pas en mesure de reprendre la parole, de savoir quoi ajouter à la nouvelle que je viens d’apprendre à Poppy au sujet de celle qui partage ma vie et qui a su faire battre mon cœur dès le premier regard. Mes deux mains sont jointes l’une à l’autre, laissant mes doigts se frotter nerveusement, au vu de la conversation délicate que nous avons, alors que je suis en train de m’asseoir sur le canapé. « Je sais que ça va être dure… Mais tu ne peux pas l’aider à proprement parler, pas tout de suite. » Ce n’est pas spécialement ce que j’ai besoin, ni même l’envie d’entendre à l’instant présent, alors que je suis en train de poser à nouveau mes iris sur ma grande soeur, qui semble sûr d’elle dans sa prise de parole. « Tu crois ? » Une question que je ne peux garder pour moi, qui est en train de franchir la barrière de mes lèvres sans que je ne puisse la contrôler, je suis perdu, je ne sais pas comment agir pour venir en aide à Véronicka et j’ai besoin de conseil. « Il faut que cela vienne d’elle avant que tu ne puisses lui apporter quelque chose. Quand j’ai perdu mon bébé, je ne me suis même pas préoccupée que mon compagnon fasse son deuil. Parce que ce n’était pas lui qui a porté à la fois la vie et la mort. » Un froncement de sourcil est en train de marquer mon visage, alors que je ne peux retirer mon regard de ma grande soeur, mon coeur dans l’incompréhension, qui est en train de cogner un peu plus que de raison contre mon torse, avec une crainte de comprendre. « J’ai refusé de l’aide de tout le monde à la naissance de Winnefride. Harry et Lizzie, mes meilleurs amis d’enfance se sont juste contenté d’être là. En silence. À me tenir la main, à préparer à manger, à me forcer à manger, mais il n’y a rien de plus à faire. » Il m’est difficile de réaliser les propos qui sont en train de parvenir à mes oreilles, provoquant l’amer effet d’une grenade en train d’exploser entre mes mains alors que je suis en train d’apprendre que Poppy a vécu la même situation que ma copine, si le mot ne franchit pas la barrière de mes lèvres, mes lèvres permettent à ma bouche d’être bée. « Est-ce que tu veux que j’aille la voir ? Ce n’est pas quelque chose que la société parle, mais ça arrive plus souvent qu’on ne le pense. Je me suis sentie si seule malgré Lizzie et Harry dans ma vie… Je ne veux pas que Véronika vive également ça. » Une main est en train de passer dans mes cheveux, sans doute avec l’effet de venir complètement me décoiffer, mais je ne me suis pas attendu à une telle nouvelle et on ne va pas se mentir, je ne suis pas l’homme avec le plus de sang froid, capable de réagir à la perfection aux mauvaises nouvelles. « Oh ! » Le voici, il aura juste eu besoin de quelques secondes supplémentaires. « Mais … J’savais pas … » Un raclement de gorge est en train de se faire entendre, alors que je suis en train de me remettre correctement sur ce canapé, ne sachant pas réellement comment me tenir, ne sachant pas réellement comment est-ce que je suis censé réagir, je ne sais déjà pas le faire avec ma copine. « C’est … » Mes doigts sont toujours au contact de mes cheveux, à l’arrière de ma tête, alors que mon regard est en train de trouver contact avec le sol, alors que je ne suis pas en mesure de faire de réelles phrases. « Je peux vraiment rien faire pour elle ? » Une réponse que Poppy est déjà venue me donner il y a quelques secondes, que j’ai eu l’occasion d’entendre, mais à laquelle je suis tout de même en train de demander une confirmation avec l’espoir que la réponse puisse changer. « Tu crois que si tu vas la voir, tu pourras l’aider ? Elle garde son sourire, elle ne s’empêche pas de vivre, mais je vois bien que derrière tout ça, il y a ce néant que personne ne peut combler … En tout cas, je ne suis pas capable de combler … Et j’ai peur que son ex en soit capable … » Celui que je vois comme étant un abruti, qui a été incapable de réaliser la chance qu’il avait d’avoir une fille comme Véronicka dans sa vie, pour mon plus grand bonheur, ne se cachons pas, mais il y a cette crainte, cette peur qu’après l’avoir faite souffrir, il prenne à nouveau un malin plaisir à lui faire croire qu’il est indispensable dans sa vie.

« Je n’en parle pas beaucoup… C’est toujours un sujet douloureux. Et je sais que cela le sera toujours. » En venant rejoindre cette sœur retrouvée après trente années de vie, ce n’est pas très exactement ce que je me suis imaginé, pas le moins du monde je me suis vu parler de ma petite amie et de cet enfant perdu, encore moins apprendre que Poppy est également passé par une telle épreuve dans sa vie et moi, je pleure ma mère comme le pauvre petit garçon que je suis toujours. « Et puis généralement, cela met mal à l’aise les gens. » Mes iris sont en direction de celle qui est en train de me parler, ses propos ont réussi à attirer mon attention en moins d’une seconde, montre en main. « Non … Non … Oui … Mais c’est pas juste … » Nier une évidence, c’est ce que j’ai souhaité faire en première intention, sans jamais réussir à trouver les mots pour apporter des preuves à ma pensée, raison d’être revenu de moi-même sur une évidence qui ne devrait pas arriver, pas au vingt-et-unième siècle, tel un enfant prit la main dans le sac, mon regard se baisse sur mes mains, jointes l’une à l’autre. « Être là pour elle… Sois un allié. Si jamais le soupçon d’une question sur la grossesse perdue arrive : coupe court pour qu’elle n’ait pas à répondre. Ne pas trop en faire également. Je ne la connais pas assez pour m’avancer plus, mais d’expérience : la pitié est un sentiment à éviter. » Toute cette situation est hors de mon contrôle, comme un pion sur l'échiquier, qui a son importance, probablement, mais qui ne peut réellement participer au jeu. C’est très exactement ce que je suis, le copain de Véronicka, celui qui essaie de la soutenir comme il le peut, en ayant toujours cette crainte de faire mal, de jouer à mauvais escient de ma maladresse. « Ne pas trop en faire ? … Je suis mal … » L'archétype de l’homme qui agit sans même prendre le temps de réfléchir avant, c’est très exactement ce que je suis, à tel point que j’ai arrêté de compter les fois où ce côté de moi est venu me plonger dans des situations gênantes, parfois à l’image de sable mouvant.

« Je n’en ai aucune idée. Mais je ne risque rien d’essayer, même si c’est juste être une présence et la faire ralentir pour réaliser. Aucun homme ne pourra combler ce néant. Dans mon cas… Aucun n’a réussi. » Cette lueur d’espoir, qui est sans doute visible à travers mes iris posés à nouveau sur cette sœur biologique, face à sa proposition, celle de retrouver Véronicka pour parler avec elle, pour essayer de la soutenir, qu’elle ne se sente pas seule ou simplement être une présence, comme elle vient si bien de le dire. « Quand on perd un enfant… Ce n’est pas seulement une vie qui s’en va. Cela peut être vu comme un échec en tant que femme. La société a fait en sorte que cela reste un sujet tabou et la première question qu’on pose à un couple marié. Il va falloir être patient, lui montrer que tu es là. Et normalement elle devrait tendre à nouveau sa main vers toi. » Sans doute suis-je le genre de personne a trop vivre dans son univers de nerd en puissance, au point de finir par croire que le monde est à l’image de ces films, de ces séries que je peux regarder, tout en ayant conscience que les super héros n’existent pas, bien malheureusement. « Je suis là pour elle, je veux être là pour elle, j’ai pas envie que ça devienne quelque chose de tabou, pas entre nous … » Ou alors suis-je un peu trop dans l’état d’esprit de ce qui se rapproche le plus d’un bisounours, auquel cas, je continue toujours de vivre dans un monde qui n’est absolument pas réel. La main de Poppy, je suis en train de la sentir sur la mienne, posant mon regard sur ce contact entre nous, un peu l’occasion pour moi de détourner mon attention de cette sœur tombée du ciel. « Cette épreuve peut rendre un couple encore plus fort. » Ce sourire, aussi léger soit-il, est en train de prendre place au coin de mes lèvres, parce que je crois aux paroles qui parviennent à mes oreilles. « Mais … Et si je suis pas le père de cet enfant … » Je ne sais pas si ce détail à l’histoire, je suis déjà venu le mentionner un jour, si Poppy a déjà eu l’occasion d’apprendre qu’avant moi, elle était encore en couple avec un homme qui est mon total opposé. « Comment ça peut nous rendre plus fort, alors que je peux même pas comprendre un peu ce qu’elle ressent et ce qu’elle traverse ? » Je suis beaucoup trop remplie de question, beaucoup trop dans la réflexion, à toujours vouloir chercher plus loin que le jour présent, comme si la réponse se trouve dans le futur et qu’en agissant ainsi, je vais la trouver, me préparer à n’importe quelles épreuves, alors qu’en réalité, je ne suis jamais prêt à rien.