Hidden secrets

@Alexander Walsh

Aujourd’hui Kei avait prévu de passer l’après-midi avec Alexander. Pour une fois qu’ils avaient tous les deux une demie journée de libre dans leur emploi du temps de ministre. Ces derniers temps, le directeur d’Urban Spa faisait pas mal de visioconférence avec son père concernant son projet de mettre une partie onsen dans l’établissement. La première étape était que son père accepte le projet. Son père restait le PDG du groupe. Donc il devait valider chaque projet que ce soit pour Urban Spa ou la branche japonaise avec le grand frère du brun.

De retour chez lui, le jeune homme se prépara vite fait quelque chose à manger. Evidemment c’était du japonais, il avait encore un peu de mal à cuisiner américain. Après manger, il alla vite fait prendre une douche. Puis il s’habilla en mode décontracté. Ça lui faisait du bien d’abandonner le costard pour une après-midi. Le japonais arrangea un peu ses cheveux tout en les laissant au naturel, sans rajouter de gel ou autre. Vérifiant sa petite créole à son oreille, il enfila ses converses.

Les deux jeunes s’étaient donné rendez-vous dans un petit parc dans le quartier de résidence du japonais. Kei arriva avec un peu d’avance, mais ce n’était pas gênant. Il se mit sous un arbre pour profiter de l’ombre. Son téléphone sonna. Il se disait que c’était sûrement Alex pour lui dire qu’il avait du retard. Mais qu’elle ne fut pas sa surprise en voyant écrit Fujiwara pour l’appelant. Jetant vite fait un coup d’œil autour de lui pour vérifier qu'il n'y avait personne aux alentours, le nippon répondit et approcha le téléphone de son oreille. Il fut surpris que la conversation soit lancée en anglais. C’était peut-être un automatisme pour eux, étant donné qu’ils vivaient depuis des années ici. Le brun n’état pas plus dérangé que ça et répondait en anglais. Soudain la conversation prit une tournure qui ne lui plaisait pas. Ton père veut s’assurer que personne ne sait pour ton adoption. Ses yeux s’écarquillèrent et sa main libre se serra.

- Non. Personne n'est au courant pour l'adoption.

C’était donc ça la vraie raison de leur appel. Son père était derrière tout ça. Terminant la conversation, le brun raccrocha.

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@Kei Tamamori

Voilà que le temps filait entre ses doigts, ayant accepté un peu trop de dossiers en même temps qui accaparaient ses heures -heures qui s’enchaînaient mécaniquement au fil des avancements de chaque aiguille que l’on pouvait trouver sur l’horloge-. Ne les voyant pas disparaître sous ses pupilles qui étaient rivés droit sur son écran d’ordinateur. Le seul indice qui pouvait lui indiquer que les grains dans le sablier s’écoulèrent à flot et dont il attendra bientôt la limite était que ses iris l’irritaient, devenaient secs et qui le gênait à poursuivre sa tâche en cours.
L’encombrement qu’il exigeait à soi-même -à moitié conscient de la raison cachée derrière- avait pour but d’occuper son esprit. Ses pensées qui voltigeaient de droite à gauche, mais qui finissaient toujours par atterrir sur le même sujet de réflexion que le futur héritier tentait tant bien que mal de chasser de sa tête. Par peur de réveiller quelque chose qui sommeillait en lui depuis les dix dernières années de son existence. Par peur de se retrouver devant la même problématique qu’il y a une décennie. Ce fantôme du passé qui revenait le hanter à nouveau.
Quotidien qui l’emprisonnait et qui finira bien par avoir raison de son énergie.

Cependant son téléphone personnel vibra au fond de sa poche. Un message de la part de Kei qui viendra briser ce cycle, lui proposant de se voir prochainement et dès que leur horaire respectif le permettra. L’évidence même qu’Alexander ne pouvait refuser. Son moral s’en portera mieux de voir son ami. Un moyen beaucoup plus serein de tromper son esprit et de penser à autre chose -le tout en profitant d’un bon moment-.
Ce fut quelque peu fastidieux pour les deux trentenaires de trouver un moment qui convenait, mais avec l’acharnement du blond, il put proposer un après-midi dont Kei avait quartier libre et dont la présence de l’aîné des Walsh n’était point requise par l’entreprise.

Le jour J sonna. Alex enjamba sa moto pour se rendre au point de rendez-vous dont il avait convenu avec le japonais. Des vêtements simples enfilés -mais dont la qualité de la fabrication et du matériel se reflétaient dans les habits-, il trouva une place où se stationner non loin du parc en question.
Retirant son casque, quelques mèches de cheveux se retrouvèrent en bataille. Le caucasien tenta de les replacer en passant une main à travers sa chevelure, mais abandonna au bout de quelques tentatives, ne souhaitant pas faire attendre son compagnon qui devait déjà patienter sur place. Quelques pas à errer seulement avant que ses yeux bruns ne repèrent la silhouette étendue contre un arbre de l’homme originaire du pays au soleil levant.
Il s’avança vers lui jusqu’à percevoir la voix du japonais -qui pourtant, n’avait aucune compagnie proche de lui-. Il s’arrêta dans son parcours, l’oreille pourtant toujours attentive -quelque peu indiscrète aussi-. N’osant point faire valoir sa présence, il resta enraciné sur place -à l’abri du regard du nippon-, entendant quelques bribes de cette conversation téléphonique. Auxquels -à coup sûr- il aurait été préférable qu’il n’entende point.

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@Alexander Walsh

Raccrochant avec Mr Fujiwara, Kei rangea son téléphone dans sa poche tout en se retournant. Qu’elle ne fut pas sa surprise en découvrant Alexander face à lui. Ses yeux s’écarquillèrent.

- A… lex…

Il était derrière lui depuis combien de temps ? Cela voulait dire qu’il avait entendu sa conversation avec Mr Fujiwara, notamment et en l’occurrence la fin de la conversation téléphonique. En plus la discussion était en anglais, donc il a compris ce qu’ils se disaient.

- Tu as tout entendu n’est-ce pas ? demanda-t-il avec une certaine crainte dans la voix.

Son cerveau n’arrivait plus à réfléchir correctement. Dix millions de choses lui traversaient l’esprit. Intérieurement il commençait à paniquer, mais il savait ce qu’il devait faire.

- Viens, allons chez moi. dit-il en lui attrapant la main.

Marchant main dans la main avec son ami, d’un pas rapide, ils arrivèrent rapidement au penthouse. Son cœur commençait à se serrer à cause de la peur. Bien entendu, les deux jeunes hommes levèrent leurs chaussures dans le vestibule puis entrèrent dans le salon. Le nippon avait définitivement perdu sa bonne humeur et son sourire.

- Installe-toi sur le canapé, je nous prends des verres d’eau.

Les verres d’eau étaient plus par politesse qu’autre chose, car il savait que lui personnellement il n’y toucherait pas. Depuis le parc le plus jeune n’avait pas osé regarder le plus âgé. Posant les verres d’eau devant sur la table basse, il s’assit ensuite sur le fauteuil qui était perpendiculaire au canapé.

- Je peux tout t’expliquer. dit-il en osant regarder Alex.

Tandis que le brun ferma les yeux, il respira un coup pour se donner du courage. Kei rouvrit les yeux. Le japonais espérait que l’américain ne l’interrompt pas durant toute l’explication.

- J’ai été adopté. Marquant une micro pause il reprit. La personne qui a racheté Urban Spa… c’est mon père.

Kei baissa les yeux. Ses souvenirs commençaient à refaire surface.

- Mes parents biologiques sont décédés dans un accident de voiture quand j’avais 6 mois. Le conducteur d’en face était en état d’ivresse. J’étais pas dans la voiture. Ils avaient gagné une soirée en amoureux. C’est Aiko, la meilleure amie de ma mère biologique, qui me pouponnait. Quand elle a appris leur décès, elle a décidé de m’adopter, parce qu’elle voulait pas que j’aille en famille d’accueil. Son mari a accepté. Lui, avait déjà un fils de 5 ans de plus que moi, d’un premier mariage. Aiko m’a élevé comme son propre fils et on est vite devenu fusionnel.

A l’évocation de sa mère, une esquisse de sourire apparut furtivement sur ses lèvres. Bien sûr, il disparut aussitôt.

- Mon grand frère m’a toujours considéré comme un étranger vivant sous leur toit. Même maintenant il me considère toujours comme un étranger. Et c’est pas faute d’avoir essayé de devenir proche. Quant à mon père, il y a toujours eu une différence de traitement entre mon frère et moi. Au début je comprenais pas pourquoi. Il n’avait d’yeux que pour mon frère. A l’école ou à la maison je me démenais pour avoir les meilleures notes et qu’il soit fier de moi… C’était jamais suffisant. Il fixa son attention sur le verre d’eau. On peut dire que c’est le père japonais strict, très strict. Et moi, j’ai toujours eu du mal avec l’autorité. Donc il aimait pas quand je lui répondais… Régulièrement il m’enfermait avec lui dans son bureau à la maison : les cadres photos en verre s’explosaient par terre, il me jetait au sol et me frappait encore et encore. J’avais le dos couvert de bleus. Il disait que c’était pour « m’apprendre la discipline ». Il s’arrangeait pour le faire quand ma mère n’était pas à la maison, donc elle n’est pas au courant des mauvais traitements que j’ai subi.

Un frisson le parcourut lorsqu’il se rappela le bruit du verre qui s’explose sur le carrelage. Le jeune homme ferma les yeux quelques secondes pour essayer de ne plus y penser.

- C’est après que ma mère m’a expliqué que j’étais pas leur vrai fils et qu’ils m’avaient adopté en me racontant l’histoire de mes parents biologiques. Je m’en fichais et je m’en fiche toujours. Pour moi j’ai qu’une seule famille et c’est eux. Pour moi, ils seront toujours mes parents, mes vrais parents. Mais quand elle m’a dit ça j’ai tout de suite compris d’où venait la différence de traitement de mon père. A ses yeux je suis qu’une pièce rapportée. Il m’a jamais considéré comme son fils. Mon lien avec ma mère s’est renforcé, avec mon père pas du tout. Il marqua une petite pause et reprit. Les mauvais traitements se sont arrêtés à la fin du collège/début du lycée. On peut dire que ça a eu l’effet qu’il voulait. Depuis j’ai peur de lui, je réponds plus, je baisse les yeux. Mais d’un autre côté je veux toujours qu’il soit fier de moi… qu’il me considère comme son fils. Chose qui n’arrivera jamais.

Son cœur se serrait et ses yeux commençaient légèrement à briller, comme lorsque les larmes montent. Le jeune Tamamori reprit contenance.

- Après le lycée, il m’a envoyé à New York soi-disant pour étudier le management mais c’était surtout pour se débarrasser du fils qu’il voulait pas. Je suis pas débile. D’ailleurs je pense que mon frère était dans le coup aussi étant donné qu’il prendra la succession de mon père. Même à l’autre bout du globe j’étais le premier de la promo. J’arrivais aussi à vivre un peu plus, comme ils étaient pas là j’avais moins de pression. Ma mère m’a jamais mis de pression. J’aurais pu être coiffeur ou fleuriste, elle s’en fichait du moment que j’étais heureux. Mon père m’a fait revenir à Tokyo en 2020 pour un mariage arrangé. Un autre moyen de se débarrasser de moi. C’est la seule chose que j’ai refusé catégoriquement. Ma mère m’a convaincu d’accepter, enfin j’ai surtout accepté pour elle. Sauf que ma future femme s’est enfuie deux mois avant le mariage. Moi j’étais aux anges, mon père était furieux. Selon lui, tout était de ma faute, parce que je ne sais pas garder une femme, parce que j’étais pas assez impliqué. Suite à ça il m’a fait travailler sous les ordres de mon frère dans la branche japonaise pendant un peu plus d’un an. Au Japon le groupe Tamamori est un grand groupe d’établissement de bien-être. A mon avis c’était surtout pour me surveiller plus qu’autre chose. Fin d’année il m’a annoncé que je repartais aux Etats-Unis, sous entendu définitivement. Mr Fujiwara, un de ses amis de longue date vivant ici depuis des années, lui a suggéré de racheter Urban Spa. Ce qu’il a fait pour m’exiler pour la deuxième fois à l’autre bout du monde. Il m’a interdit de dire à qui que ce soit que c’est mon père, que je suis son fils et que j’ai été adopté. Ici tout le monde croit que je suis un salarié lambda de la branche japonaise. Personne n’est au courant à part les Fujiwara étant donné que ce sont ses amis. Finalement il a réussi à trouver un moyen de se débarrasser de son fils illégitime.

La tête baissée, le brun n’avait pas regardé le blondinet de toute l’histoire. Il n’osait toujours pas le regarder. Sa voix était triste du début à la fin du récit. Il avait les yeux humides mais ne pleurait pas.

- Voilà, tu sais tout. Je suis désolé de t’avoir menti. Si tu veux donner l’info à scandale tu peux. Je t’en voudrais pas. Si tu veux plus qu’on se voit je comprends et je t’en voudrais pas non plus. Apparemment c’est une honte d’être un enfant adopté.

Sa voix tremblait par moment. Kei était prêt. Prêt à perdre la personne qu’il considérait comme son meilleur ami. Il ne put empêcher une larme de couler le long de son visage. Son cœur lui faisait atrocement mal, il avait l’impression qu’il allait se déchirer.

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@Kei Tamamori

Vraiment? Comment ne pas remettre en question son timing? Cet aîné des Walsh avait le don de pointer le bout de son nez au pire moment; toujours lorsque son ami se trouvait avec son téléphone collé à son oreille. Autant la dernière fois, le nouveau trentenaire parlait dans sa langue natale, donc Alexander n’avait rien capté à ce qu’il disait -de cette manière il n’avait pas eu l’impression d’écouter aux portes-. Mais cette fois, le brun communiquait dans celle dont Alex avait grandi. Captant les brides -surtout les parties émises par Kei-. Même en ayant que la moitié de la conversation, le blond parvenait à faire quelques liens. Et plus ça perdurait, plus une sensation de culpabilisation montait en lui.
Il aurait pu tourner les talons et s’éloigner. Se distancer pour éviter d’avoir l’oreille discrète pour ensuite revenir lorsque le nippon aurait terminé. Surtout qu’il ne semblait point s’être rendu compte de la présence d’Alex. Mais il n’en fit rien, il resta planté sur place, informations personnelles qui parvenaient à ses oreilles.
Son regard se braqua au sol comme si ça atténuait son geste non intentionnel de surprendre la conversation. Mais rapidement, l’herbe au sol ne fut plus le sujet de contemplation. Ses iris se rabattirent sur Kei après que celui-ci se tourna vers lui, l’interpellant par la même occasion d’une voix hésitante. Le blond tenta un sourire qui fut faible et bien peu convainquant accompagné d’une salutation de la main. Il était plus qu’inutile de tenter de nier quoi que ce soit ou de prétendre quoi que ce soit. Pris sur le fait et le japonais avait plus que conscience que le second homme ne venait pas à peine d’arriver, qu’il était déjà présent depuis un bon moment.
Dès que le brun posa la question fatidique, Alexander ne put s’empêcher de détourner le regard -signe qu’il n’osait point répondre, mais par son geste, il était aisé d’assumer une réponse positive-. En vue de la situation, le plus âgé devait s’expliquer, que ce n’était point voulu comme comportement, éviter un malentendu. Mais avant qu’il n’arrive à se décider, à choisir ses mots, son ami fut plus rapide que lui -l’invitant à sa demeure tout en l'agrippant au passage-.

- Kei…? finit-il par prononcer alors qu’il était contraint à suivre les pas de son ami.

Il voulut ajouter quelque chose, mais en voyant le regard affolé, il se tut alors que le sentiment s’intensifia. Bordel, il s’en voulait. Si seulement il s’était présenté sur le lieu de rendez-vous plus tôt ou quelques minutes plus tard… Ils n’en seraient pas là. Alex n’aurait pas mis son ami dans l’embarras. Ils ne seraient pas en train d’aller se réfugier à l’abri des regards.
Cela prit un instant avant que le caucasien se rende compte que son compagnon l’avait pris par la main pour le mener jusqu’à chez lui. Moment qui aurait pu être gênant, mais au vu de la situation, il n’épprouva aucunement cette émotion. Le chemin se déroula en silence jusqu’à ce qu’ils arrivent à l’habitation souhaitée. Enlevant ses chaussures comme la tradition japonaise le voulait, Kei l’invita à prendre place au salon. Chose que l’invité fit discrètement alors que son hôte était parti chercher de quoi les tenir hydrater.
Aucun échange visuel ne s’était fait depuis que Kei avait pris conscience de sa présence. Le Walsh tentait quelques regards rapides sur sa personne, mais jamais il n’avait croisé les iris de son ami. Dans le plus parfait des silences, il patienta, plongeant dans ses pensées à se demander ce qui allait s’en suivre. Ce fut le bruit des verres qui le ramena à la réalité, la voix de Kei s'ensuivit.

Surpris, Alexander releva ses yeux sur le japonais. Premier contact visuel -qui dure à peine-. Ce sentiment de malaise qui planait autour d’eux. Malgré tout, le blond resta muet, sentant qu’il n’était point propice pour lui de prendre la parole. Et comme de fait, son ami prit cette opportunité pour commencer un récit. Récit qui débuta par le fait d’avoir été adopté, confirmant alors les brides qu’il avait entendues et dont quelques liens figuratifs s’étaient créés. Le reste s’enchaîna à une vitesse folle -du moins, au débit que le japonais adoptait, mais il y avait tant d’éléments-. Et même à la première mention, le blond baissa les yeux. Mais encore, ce n’était rien. Au fil des phrases qui défilent, les poings d’Alex se serrent sur ses genoux. Alex fixa à nouveau Kei, bien que celui-ci le fuyait en poursuivant son histoire.
Seule la voix du japonais continuait à résonner dans le salon jusqu’à ce qu’il arrive au bout de ses confidences. L’américain fut loin de se douter d’entendre tous ces éléments. D’en apprendre autant sur ce que son ami a vécu depuis sa naissance -et dont ça remettait en perspective sa propre situation envers sa famille, se disant qu’au final… il s’en était plutôt bien sorti-.
Seulement les dernières paroles firent monter une frustration monstre chez Alexander. Une colère non pas vis-à-vis du japonais qui lui avait menti dès leur première rencontre, mais sur les spéculations qu’il avait émises… Alex pouvait tenir rigueur de ne pas avoir été honnête envers lui, mais cela vint au second plan.
Il se leva d’un bond du canapé. Fixant fermement son hôte alors que ses sourcils se fronçaient sur son visage. Pourquoi il abandonnait tout aussi rapidement?

- Et pourquoi j’irai balancer tout ça à Scandale? lança-t-il, prenant pour la première fois la parole depuis qu’ils étaient entrés dans le penthouse. Le seul intérêt que je porte à cette personne mystère est qu’elle ne salit en aucun cas le nom des Walsh. Pour ce qui est du reste, je m’en balance, vraiment.

Il y avait bien d’autres utilités à Scandale. Alex pouvait garder un œil sur ce qui se passait à travers la ville par ce biais, mais c’était plus par pression de la part de ses parents qu’il se tenait informé que par réel intérêt.

- Tu assumes peut-être trop de choses rapidement? À moins que tu me dises en toute sincérité que tu veux couper les ponts, ne soit pas aussi défaitiste. Oui, j'avoue que c'est un peu dur à accepter. Cependant… car oui, le blond ne pouvait pas s’imaginer que ça soit purement intentionnel, en vrai qu’est-ce que ça change?

Les mots avaient de la difficulté à sortir correctement. Un sourire niais s’afficha sur ses lèvres un court instant après de prendre conscience qu’il n’avait peut-être pas besoin de s’exprimer de la sorte. Souhaitant être plus concis, il reprit.

- Le fait que tu sois adopté ne t’enlève rien. Ce n’est pas une honte non plus. La preuve, ta mère te considère vraiment comme son fils, autrement tu ne m’en aurais pas parlé la dernière fois, non? Il marqua une pause en reprenant un peu plus son calme. Tu m’as peut-être menti sur ton vrai rôle au sein de tes fonctions professionnelles… mais pour le reste, c’est véridique, non? On est bien amis, non?

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@Alexander Walsh

Ce matin en se levant, il n’aurait jamais cru qu’il dévoilerait son secret et raconterait son passé à l’américain. Alexander était son seul ami à Klamath Falls. Noriko ne comptait pas étant donné que c’était son ex-fiancée. Malheureusement le nippon ne pouvait pas être 100% honnête avec son aîné. Il fallait avouer que ces derniers temps le fait de lui cacher des choses était de plus en plus douloureux. Mais il avait trop peur des représailles de son père. Finalement le blond avait résolu le problème en entendant la fin de la conversation téléphonique avec Mr Fujiwara. Kei l’avait donc amené chez lui, car il n’avait pas envie de raconter son histoire au beau milieu d’un parc où il y avait des oreilles partout.

Maintenant que le brun avait tout expliqué il attendait la réaction de son ami… du moins s’il voulait toujours de lui comme ami. Apparemment chez les riches c’était mal vu de fréquenter quelqu’un d’adopté, un enfant illégitime. Tout comme c’était la grande tendance chez les riches de se descendre entre eux. Là Alex avait toutes les infos qu’il fallait pour descendre Kei. Les trois quarts du temps les amitiés chez les riches étaient des fausses amitiés, c’était des amitiés de façade. Chose que n’aimait pas du tout le japonais.

Toujours sans oser regarder l’américain, il sentit ce dernier se lever d’un bond du canapé. Il s’en va ? Le propriétaire des lieux ne bougea pas. Pourquoi le retenir ? Il lui avait laissé le choix et l’aîné avait choisi. Mais Kei fut surpris en entendant la voix de son ami. Il restait et il était énervé. Le japonais ne lui en voulait pas d’être énervé. Après tout, il lui avait menti pendant des mois donc il avait toutes les raisons d’être énervé. Donc il encaissait tout ce que l’américain lui balançait à la figure. Non le plus jeune ne voulait pas couper les ponts. Kei n’avait pas envie de perdre Alexander. Mais ce n’était pas à lui de choisir. Dur à accepter hein ? Son cœur se serra. Il se rappelait ce que lui disait sa mère quand il était petit : si une personne tient réellement à quelqu’un, elle saura pardonner et elle restera quoiqu’il arrive. Là, tout de suite, il avait l’impression que c’était des mensonges. Ça voulait dire qu’il allait l’abandonner ? Soudain le jeune Tamamori tressauta quand sa mère fut évoquée. Ami ? Il n’était plus sûr de savoir ce que voulait dire ce mot. Deux secondes avant il lui disait que c’était dur à accepter. Les larmes lui montaient aux yeux. Il les ferma un instant. Puis il les rouvrit et regarda Alex dans les yeux. Les siens étaient embués, il commençait à voir flou à cause des larmes qui s’agglutinaient devant, refusant de couler.

- Non, ce n’était pas intentionnel. Tu n’imagines pas à quel point ça me faisait mal de te mentir. C’est pour ça que je parlais jamais du Japon avec toi. Parce que j’avais peur d’en dire trop, de me vendre. Des fois j’avais envie de te dire la vérité… Mais à chaque fois je me dégonflais, parce que j’avais peur. Peur des représailles de mon père et peur que tu me détestes parce que je t’avais menti et parce que j’étais un enfant illégitime. Le regardant toujours dans les yeux, les larmes ne coulaient pas. L’autre fois à la soirée quand on était sur la terrasse et que j’ai abordé le sujet du Japon. Je me suis dit que j’allais te le dire. Mais quand tu m’as répondu en me demandant si mon pays me manquait déjà et si je regrettais d’être aux Etats-Unis, je me suis ravisé. Je me suis dit que j’avais pas le droit de te le dire, parce que t’allais me trouver détestable et minable. Donc j’ai trouvé l’excuse de l’interprète.

Marquant une mini pause, il reprit.

- En vrai c’était pour voir ma mère, parce que depuis que j’étais arrivé j’avais pas de nouvelles. Quand j’ai débarqué ici, mon père avait pris le logement et avait déjà embauché le chauffeur. D’ailleurs je le soupçonne de transmettre mes faits et gestes à mon père au passage. Mais mon père m’avait aussi pris un téléphone américain, qu’il a paramétré lui. Autrement dit dedans j’avais uniquement son numéro à lui et le numéro du chauffeur. Il a fait exprès de pas rentrer le numéro de ma mère et il a fait exprès de récupérer mon téléphone japonais avant que je parte. Depuis à chaque fois qu’il m’appelait et que je demandais à parler à ma mère, bizarrement elle était jamais là. Comme je connaissais pas son numéro par cœur, j’étais assez stupide pour demander à mon père s’il pouvait me le donner. Bizarrement il avait jamais le temps pour me le donner et ma mère ne m’appelait jamais non plus. Quand je demandais des nouvelles de ma mère à mon père, il me répondait : elle va bien. Du côté de ma mère c’était pareil. Elle n’avait pas mon numéro américain et mon père lui disait que j’étais trop occupé avec le travail. Moi ? Trop occupé par le travail pour pas prendre ne serait-ce que 2 minutes pour appeler ma mère ? Celle qui m’a adopté, celle qui m’a donné un foyer, celle qui m’a donné de l’amour ?!

Il s’était légèrement emporté sur les dernières phrases. Ses poings se serrèrent sur ses genoux et quelques larmes coulèrent. Le jeune homme regardait toujours le blond dans les yeux. Malgré les quelques larmes qui venaient de couler, ses yeux restaient remplis de larmes qui ne refusaient de couler, pour l’instant. Il reprit un peu plus calmement, sans lui laisser le temps de dire quoi que ce soit.

- Elle se doutait que c’était pas vrai, parce qu’elle me connaît. Je suis incapable de passer 3 mois sans nouvelles de ma mère, que ce soit par message ou appel. Un jour où mon père est parti bosser avec mon grand frère, elle a fouillé dans son bureau à la maison pour avoir mon numéro américain. Elle a attendu un autre jour d’être seule à la maison pour m’appeler. Le fameux appel que tu as entendu l’autre matin et où tu comprenais rien… C’est comme pour les vacances que je savais pas expliquer. En fait je sais l’expliquer puisqu’elle me l’a dit clairement au téléphone mais ne connaissant pas le contexte tu nous aurais pris pour une famille de fou… Ma mère va dire à mon père qu’elle part en vacances aux Etats-Unis avec des amies, qu’elles iront visiter New York, Los Angeles, toutes les grandes villes cultes quoi. Mais en fait elle part seule et elle vient uniquement ici, parce qu’elle vient pour moi. Elle invente cette excuse pour pas que mon père fasse d’histoires s’il sait qu’elle vient me voir. Il doit penser que je suis un parasite dans la vie de celle qu’il aime.

Une mini pause et le japonais reprit.

- Tout comme c’est à cause de lui que je peux pas rater de soirées mondaines. Si j’en rate une il est au courant, grâce à ses grands amis les Fujiwara. C’est pour ça que l’autre fois dans le sms je t’ai dit que ce serait la dernière fois que je te préviens à la dernière minute. Un directeur se doit d’aller à TOUTES les soirées pour faire bonne impression et vendre les services d’Urban Spa. Mais mes projets pour Urban Spa sont le cadet de ses soucis. Mon projet de mettre une partie onsen est toujours en attente de validation de sa part.

Refusant toujours de se déverser, les larmes remplissaient ses yeux tandis qu’il continuait de regarder Alex dans les yeux.

- Alors pour répondre honnêtement à ta question de si je regrette d’être aux Etats-Unis, j’en sais rien dans la mesure où c’est pas moi qui ai choisi de venir ici. Comment je peux regretter quelque chose dont j’ai rien décidé. La seule chose dont je suis sûr et que je regrette pas depuis que je suis arrivé ici c’est ma rencontre et mon amitié avec toi. Tous les moments qu’on a passé ensemble c’était pas des mensonges. C’était vraiment moi, le vrai moi. Je suis pas un menteur. Si tu veux tout savoir, pour moi t’es mon meilleur ami. Mais ça tu t’en fiches, parce que je suis dur à accepter comme fils illégitime.

Kei ne tenait plus. Les larmes qu’il retenait depuis le début coulèrent le long de son visage.

- Dès que les gens savent que je suis adopté, un fils illégitime ils m’abandonnent, ils s’en foutent de ce que je ressens. Ohana n’existe pas chez les gens… Marquant une pause, il reprit. C’est ma phrase fétiche/préférée, elle est importante pour moi avec ma mère : Ohana signifie famille, famille signifie que personne ne doit être abandonné ni oublié.

Le nippon essayait de se concentrer sur cette réplique pour calmer le flot qui dévalait son visage, en vain. Elles continuaient de couler.

Petit bonus:

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@Kei Tamamori

Cette première phrase -aussi simple qu’elle était- suffit brièvement à donner un souffle paisible au blond. Il y avait une grande différence entre émettre l’hypothèse et avoir confirmation auprès du premier intéressé. Les muscles de sa mâchoire se relâchèrent, mais un nouveau flux d’information dévala. Rentrant davantage dans le vif du sujet. Exprimant ainsi quelques raisons du comportement de son ami. Les motifs derrière ses agissements à prétendre parfois autre chose. La logique derrière l’esprit.
Prendre à nouveau place au sein du salon était une idée, mais une idée qui ne l’enchantait guère. Mais il fallait bien avouer que rester enraciné devant le fauteuil ne donnait point une meilleure perspective -ni une meilleure impression-. Sans mentionner qu’Alexander avait aperçu la surprise teintée de peur dans le regard du propriétaire des lieux lorsqu’il s’était levé sur un coup d’impulsivité.
Cherchant quoi faire, comment réagir à présent afin d’éviter d’empirer la situation… mais l’aîné décela quelques larmes qui ruisselaient sur les traits fins du japonais après que celui-ci s’enfonça dans un sujet délicat, frôlant l’une de ses cordes sensibles. Une vague de culpabilité l’engloutit face à la scène présente devant ses sombres iris. Même si leur amitié ne datait que de quelques mois, Alex ne pouvait se résoudre à laisser Kei dans cette détresse. Dès lors qu’il décolla ses lèvres pour prendre la parole, son hôte lui coupa l’herbe sous le pied -revenant à son récit de plus ferme-. Forçant ainsi l’américain à rester dans le silence.
Il n’y avait que la voix du nippon qui emplissait la salle. Qui présentait son histoire, son illégitimité vis-à-vis les Tamamori. Seulement l’invité ne parvenait plus à maintenir son inertie. Ses jambes l’emmenaient alors jusqu’aux grandes fenêtres offrant une vue splendide -et dont son esprit se perdit l’espace de quelques secondes, sans pour autant manquer le moindre propos de son interlocuteur-. Son corps pivota à la mention de ces fameuses soirées mondaines dont tous les deux avaient en horreur, mais qu’ils -jusqu’à présent- avaient toujours répondus positivement. Faisant écho à cette mention d’Ohana. Qu’ils ne s’abandonnaient jamais.
Ce fut justement à ses souvenirs qu’un faible sourire s’immisça sur ses lèvres alors que ses pupilles brunes se posèrent sur la silhouette masculine logée au fond du canapé.

Il n’avait jamais été doué pour s’exprimer lorsque ses sentiments s’en mêlaient. Il s’en voulait ainsi puisqu’il y avait répercussion sur celui qui daignait tout lui dire sans plus de détour. Qui s’effondrait sous ses propres larmes silencieuses. Qui attendait une réaction de sa part -peu ce qu’elle sera-. Cette frustration -qui l’animait au départ s’était atténuée avec les explications- avait fini par laisser place à une certaine remise en question. Les mensonges accumulés étaient-ils suffisants pour ruiner ce qu’ils avaient bâti au cours des derniers mois?
La tête blonde tomba vers le sol alors que son corps se détacha de la paroi vitrée.
Ses pas le guidèrent jusqu’au plus jeune. Restant un moment cloîtré face à lui, mais reprit son chemin. Contournant le tout, il s’arrêta alors qu’il se trouva dans le dos du japonais. Ses mains se glissèrent sur les épaules du brun tandis qu’il tentait toujours de dénicher structure à ses pensées. Ce silence qui devait être pesant. Étouffant. Seulement, Alex souhaitait éviter de mettre les pieds dans les plats -du moins, davantage-.

- Ohana, uh? souffla-t-il dans un court soupir. Et tu as raison, je m’en fiche. Que tu sois adopté ou pas, ça ne change en rien le fait que je sois ton meilleur ami?

Sa poigne s’était resserrée lors de ses derniers mots. Il commençait à dissocier les choses. À discerner de ce qui était réellement important. Ce monde de la haute société étant déjà des plus impitoyable… Autant l’américain que le japonais en avaient conscience. Ils connaissaient les codes, les limites, les lames doubles tranchantes. Les faux semblants… Le blond y était plongé dès qu’il avait poussé ses premiers cris dans sur cette planète. Il y était toujours confronté sous la pression de ses parents, mais tentait peu à peu de s'en éloigner.
Soyons honnêtes envers ses sentiments; Alexander appréciait énormément son compagnon. Ça ne relevait certainement pas du hasard que ces deux jeunes hommes se soient vite entendus entre eux. Qu’une forte amitié les liait.

- Tu n’as peut-être pas décidé de te retrouver ici, dans ce pays aux cinquante états. Mais tu peux décider des personnes qui t’entourent! Au diable ton père, il est à l’autre bout du monde.

Combien de kilomètres séparaient le paternel de son fils? À coup sûr, il y avait un océan entre eux.
Même si le blond pouvait complètement comprendre cette sensation d’oppression de son géniteur. Ils étaient dans deux situations différentes, mais autant l’un que l’autre souffrait de cette pression, de ces menottes ceignant leurs poignets.

- Et puis, tu continueras bien à avoir ton acolyte préféré pour TOUTES ces soirées mondaines dont tu raffoles!

Alexander tenta un soupçon d’humour pour alléger l'atmosphère pesante qui les écrasait et dont il était difficile de respirer adéquatement. Il libéra au passage son meilleur ami de son emprise, tapotant affectueusement l’une de ses épaules. Il lui en voulait encore de lui avoir caché la vérité, mais au fil du récit de son hôte, il se convainquait que leur amitié était plus forte que les volontés de Kei afin de se protéger. D’éviter de se retrouver seul.
L’américain se voyait à travers Kei. Les tribulations en face de son père, être prisonnier de ses décisions. Bien que ça ne soit pas identique… et que les plus grosses complications dataient d’il y a une dizaine d’années pour sa part. Mais dans tous les cas, il n’était pas question de lui. Et surtout il n’était pas temps de laisser ses anciens regrets prendre le dessus.

- Désolé de ma réaction de tout à l’heure. Ça m’a surpris. En fait, je ne m’attendais pas à tout ça. Et je croyais qu’on était assez proche pour ne pas avoir à se cacher de la sorte à l’autre, dit-il en toute sincérité et marquant une légère pause. J’ai déjà perdu quelqu’un auquel je tenais énormément. Je n’ai pas très envie de retenter l’expérience!

Abandonnant son poste, le calme l’avait gagné. Il pouvait retrouver le fauteuil.

- Ohana, prononça-t-il alors qu’un sourire se dessina sur ses lèvres. Tant et aussi longtemps que tu ne me plantes pas un couteau dans le dos

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@Alexander Walsh

Kei venait de tout balancer à Alexander. Il avait remarqué que pendant son récit, son interlocuteur s’était avancé vers les baies vitrées pour regarder la vue. Sans ciller le japonais continua son histoire, parce qu’il voulait mettre les choses au clair. Le blondinet l’avait blessé, vraiment blessé en s’énervant. Pour lui il piétinait ses sentiments, comme toutes les personnes qui apprenaient qu’il était adopté et illégitime. Alors qu’au fond le brun n’avait pas menti, il avait juste caché la vérité sur son passé, ses parents. Dès que le sujet était abordé, il déviait la conversation pour justement ne pas avoir à mentir étant donné qu’il déteste ça. Se faire passer pour l’interprète du plus vieux au pays du soleil levant n’était pas un mensonge. Ce n’était pas la véritable réponse à la question, mais c’était vrai quand même. Tout le long il essayait de retenir ses larmes parce qu’il n’avait pas envie de pleurer devant Alex. A la fin Kei craqua. C’était trop douloureux de voir son ami se ficher de ce qu’il ressentait, de voir son ami se comporter comme tous les autres, de se dire que pendant des mois tout n’était que façade entre eux alors que lui était honnête. Là maintenant tout de suite à l’instant T, Kei n’avait qu’une envie c’était rentrer chez lui – à Tokyo – et travailler dans un Starbucks ou dans n’importe quel endroit classique, mais vivre une vie lambda, banale. Il n’en avait rien à faire de tout cet argent. Ça lui était toujours passé dix kilomètre au-dessus. L’argent ne faisait pas le bonheur et là il en avait la preuve.

D’un coup il sentit les mains de l’américain sur ses épaules. C’était sa manière de lui dire adieu ? Même pas un mot ? Rien, juste un silence pesant, étouffant. Il allait vraiment l’abandonner comme ça ? Alors tous ces mois d’amitié ne signifiaient vraiment rien pour Alex ? C’était du vent depuis le début ? Non ce n’était pas possible. Le nippon ne pouvait pas croire, ne voulait pas croire ça. Son cœur commençait à se serrer quand la voix du plus âgé se fit entendre en prononçant le mot favori du plus jeune : Ohana. Il avait raison. Donc le blond se fichait réellement de ce que ressentait le brun. Ses poings se serrèrent sur son jean. C’était encore plus douloureux de l’entendre de vive voix. Mais ses mains se relâchèrent en entendant la suite de la phrase. Kei devait avouer qu’il était un peu perdu. Ce n’était pas à lui de décider si le fait d’être adopté changeait quelque chose. Le futur héritier était le seul à pouvoir dire si ça le dérangeait ou pas. Dans tous les cas ça ne changera rien pour le directeur. Le jeune homme tressauta lorsque la poigne de son ami se resserra sur ses épaules. Cela lui rappelait son père, car c’était le "langage" qu’il utilisait pour dire à son fils que ça n’allait pas, ça remplaçait les mauvais traitements. Les mains sur les épaules, avec la poigne qui se renforce, les tapotements semblant affectueux aux yeux des autres mais pas aux yeux du père et du fils. Baissant les yeux, ses mains se resserraient légèrement sur son jean.

Le trentenaire fut surpris en entendant les paroles de son meilleur ami. C’était la première fois que quelqu’un lui disait ce genre chose. Ça faisait écho à quand il avait dit que la seule chose qu’il ne regrettait pas c’était sa rencontre avec le blondinet. Choisir les personnes qui l’entourent hein ? Alex ! C’était la première personne qui lui venait à l’esprit. Sa mère ne comptait pas, elle était au Japon. On voyait que l’américain ne connaissait pas Mr Tamamori. La petite touche d’humour fit son effet. Kei sourit pour la première fois depuis qu’ils avaient mis les pieds dans le penthouse. Toutefois il disparut aussitôt lorsque l’invité lui tapota une épaule. Ce qui le fit tressauter de nouveau, les souvenirs de son père refaisant surface. Perdu dans ses pensées, la voix d’Alex le ramena au présent. Il s’excusait de s’être énervé ? Le nippon ne s’attendait pas à recevoir des excuses. Quand le plus vieux disait qu’il n’avait pas envie de retenter l’expérience, est-ce que ça voulait dire qu’il tenait au plus jeune ? Bien sûr que le directeur tenait à son meilleur ami. S’ils n’étaient pas assez proches il ne lui aurait pas raconté tout ça, il aurait inventé un mensonge pour la conversation téléphonique.

- Pardon… dit-il doucement en baissant le regard.

C’était la première fois que le jeune homme ouvrait la bouche depuis que son ami avait commencé à parler. Ses larmes s’étaient arrêtées depuis longtemps. Il sentit que son interlocuteur était retourné s’asseoir. La phrase de ce dernier le surpris. Un couteau dans le dos ? La réaction ne se fit pas attendre, redressant brusquement la tête.

- Je t’ai jamais planté de couteau dans le dos !

Puis il se calma aussitôt. Approchant sa main avec les doigts repliés et uniquement le petit doigt levé, il attendait que son meilleur ami fasse la même chose.

- Ton petit doigt. dit-il en désignant sa main du regard. C’est comme ça qu’on fait une promesse au Japon.

Sa voix était calme et il le regardait dans les yeux. Une fois que le blondinet tendit son petit doigt, le brun se chargea d’enlacer le petit doigt de son ami avec son petit doigt tout en le regardant afin qu’il fasse la même chose. Promesse faite, chacun retrouva sa main.

- Personne n’en sait autant sur moi. Tu es la première et la seule personne à savoir tout ça. Les Fujiwara n’en savent qu’un tiers, et encore en disant un tiers je pense que je suis gentil. Tu crois vraiment que nous deux ça signifie rien pour moi ? demanda-t-il en le regardant dans les yeux. Pas le nous deux auquel tu penses ! rajouta-t-il vite fait en lui tirant la langue.

Pour être honnête, le nippon aimait bien taquiner son interlocuteur sur ce sujet. Après avoir laissé s’échapper un petit rire, il se recentra.

- Mais plus sérieusement. Si on était pas suffisamment proche j’aurai inventé un mensonge pour la conversation téléphonique et ça s’arrêtait là. Je l’ai pas fait. Marquant une mini-pause il reprit. Tu penses vraiment que j’ai envie de raconter ça à n’importe qui ? Et que c’est facile de revivre des souvenirs douloureux, sensible tout en ayant peur de la réaction que va avoir la personne en face ? C’est très dur et ça fait très mal. Encore plus quand la personne en question est ton meilleur ami auquel tu tiens énormément. Alors certes je me cachais parce que mon père m’interdisait d’en parler – et il me l’interdit toujours – mais je me sentais seul. Très seul.

Tout le long sa voix était calme. Il avait juste envie de mettre au clair ce qu’il ressentait. Le beau brun ne lui en voulait pas. Jamais il ne lui en voudrait. Soudain une chose lui revint à l’esprit.

- Ah et si les mains sur les épaules c’était pour me réconforter c’est raté. Parce que mon père utilise ces gestes quand il y a du monde pour me faire comprendre que mon comportement ne lui plait pas, que je ne suis pas à ma place ou que je ne respecte pas ma place… C’est ce qui a remplacé les mauvais traitements si l’on peut dire… Donc c’est pas contre toi, mais ça me rappelle mon père et que j’ai jamais ma place… fit-il avec un léger sourire triste.

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@Kei Tamamori

Il le sentait… Ces muscles se crisper, se durcir sous ses paumes de mains. Bien qu’au départ, le blond songea plutôt que c’était dû à la réaction face à cette ambiance lourde qui planait au-dessus de leur tête, il changea cependant d’avis quand il avait resserré son emprise -croyant alors le détendre-. Mais le réflexe du japonais suite à sa tentative de réconfort lui dicta tout le contraire. Son meilleur ami se trouvait encore davantage tendu. Décidément, Alexander ne faisait qu’enchaîner les maladresses. Se mettant les pieds dans les plats sans cesse.
Ce fut plutôt à travers de ses paroles qu’il parvint à un vent de fraîcheur parmi les sombres nuages qui flottaient dans l’esprit du plus jeune. Le sourire que ce dernier affichait sur ses lippes en était bien la preuve! Dans la foulée, l’aîné eut tôt fait de lui tapoter l’épaule pour démontrer sa joie -et l’agitement fut de retour dans la seconde suivante-. Sans aucun doute, cette partie du corps du brun était sensible. Sensible à quoi, l’américain l’ignorait. Le mieux étant de le libérer de cette marque dont il réagissait toujours avec force.

Son fessier retrouvant les coussins moelleux du fauteuil, Alex ria aux éclats dès l’or son compère s’offusqua de sa petite blague. Bien sûr que le japonais ne lui avait jamais planté un couteau dans le dos! Et il valait mieux pour leur amitié que cela ne se produise jamais! Autant il pouvait être prêt à tout pour ceux qui lui était précieux, autant il pouvait se montrer impitoyable envers ses ennemis -nouveaux ou de longue date-. Mais il s’agirait d’un plot twist inattendu si l’un se retournait contre l’autre.

- Et j’y compte bien que tu ne le feras jamais! surenchérit-il en tentant de contenir ses rires.

Ce petit brin d’humour égaya son cœur l’espace d’un instant. De toute évidence, il avait eu besoin de faire retomber la pression qui l’oppressait. Il en valait de même pour Kei -qui pour le coup, avait cessé ses pleurs-. Le blond se trouva bien plus à l’aise devant son camarade sans les larmes ruisselant son visage -même si Flamingo lui martelait le crâne d’avoir osé faire sangloter son meilleur ami-.
Le geste posé par le Nippon, cela intrigua l’aîné des Walsh. Même si ce dernier lui indiqua du faire pareil, l'américain prit quelques secondes avant de s’exécuter et ainsi présenter le doigt désigné. Ébahi par la situation, il resta muet, attendant de voir ce qui allait s’en suivre. Une autre coutume du pays au soleil levant. À la longue, l’américain saura déjà tout du Japon et comment se comporter comme un digne résidant natal.
Kei lui agrippa, tandis qu’Alex pencha sa tête, l’air interrogateur. Ses sombres pralines croisèrent ceux qui menaient la danse. Les confidences qui s’ensuivent. Jusqu’à une remarque furtive qui arrache un sourire sur le visage du blond.

- Tu ne me laisses même plus le temps de faire mes blagues! Quel rabat-joie tu deviens!

Il voulut ajouter quelque chose, mais légua son voisin poursuivre sur sa lancée. Avec la ponctuation employée, l'aîné des Walsh savait qu’il devait lui céder la parole, ne pas le couper. Un petit rictus nerveux se fraya un chemin jusqu’à ses lippes. Sa situation n’étant point identique, mais cette manie qu’avaient les pères de famille à tout contrôler dans la vie de leur fils. Ça en devenait des plus étouffant -au point tel d’avoir l’impression de s'asphyxier-. Si jamais Alexander advenait à être papa, il ferait tout pour éviter de marcher à travers les pas de son propre paternel.
Le faible sourire se transforma en une grimace étrange sur les traits de l’américain. Voilà l’explication face aux réactions angoissantes de Kei lorsque le plus vieux tentait de le détendre. À ce stade, autant disparaître! Comme ça, il arrêterait de mettre mal à l’aise le japonais.

- Désolé pour ça… souffla-t-il entre les dents tout en adressant un regard nerveux.

Il s’empara pour la première fois du verre d’eau mis à sa disposition depuis qu’ils avaient pénétré dans le penthouse. Il engloutit quelques gorgées en quelques secondes à peine comme s’il était des plus déshydratés -alors qu’il a été celui ayant le moins pris la parole-. Mais c’était plutôt pour s’occuper que d’étancher sa soif.

- Je suis ému que tu m’aies tout raconté. Et promis, je ne te toucherai plus jamais les épaules!

La dernière phrase fut prononcée avec humour. Il ne voulait pas terminer le tout sur un ton monotone et triste.
Sans compter qu’à la base, les deux jeunes hommes devaient se voir pour tout autre chose! Même si la situation avait tôt vite fait de dérailler, seulement, il n’était pas trop tard pour rattraper le tout! Mais encore fallait-il que Kei n’en ait pas perdu l’envie de se divertir après tout ça.

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@Alexander Walsh

Qu’elle ne fut pas sa surprise en voyant le blond explosait de rire quand il s’était emporté suite au fait de lui planter un couteau dans le dos. Le brun avait un peu de mal à comprendre pourquoi son ami rigolait. Une blague de ce genre après ce qu’il venait de raconter, cela ne faisait pas rire le plus jeune. Faisant une promesse à la japonaise, ça donnait un côté concret à leurs paroles. Puis en se confiant davantage, le nippon fit exprès de lancer une petite pique à son ami concernant eux deux.

- T’as raison je vais te plaindre, pauvre Alex. dit-il en exagérant. C’est parce que t’es trop prévisible mon vieux ! Et que je te connais trop bien ! Mais je t’en prie partage la réflexion que t’allais faire.

Il lui expliqua ensuite que c’était justement parce qu’ils étaient suffisamment proches qu’il lui avait tout raconté. Son passé était un sujet sensible pour Kei à cause de son père qui ne faisait que le rabaisser. Donc il n’allait pas le raconter à n’importe qui sous prétexte que la personne a entendu une conversation téléphonique. Au passage il en profita pour informer le plus âgé d’éviter de lui toucher les épaules en expliquant que ça lui rappelait son père.

- Hey c’est pas grave, tu pouvais pas savoir. Je t’en veux pas. dit-il en le regardant avec un sourire.

Lorsqu’il vit l’américain boire le verre en quelques secondes, le japonais étouffa un petit rire. Il se doutait que ce n’était pas réellement parce qu’il avait soif. Son sourire s’agrandit à l’entente des paroles de son partner in crime.

- Tu peux toucher ce que tu veux mais évite les épaules.

Kei avait fait exprès d’utiliser ces mots. Il voulait voir ce qu’Alex allait en faire.

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@Kei Tamamori

Il s’en était bien rendu compte que sa petite rigolade n’avait point eu le même effet chez son voisin. S’en était un éclat de rire nerveux face à cette atmosphère tendue et dont le blond avait de la difficulté à gérer. Autant il pouvait garder un masque devant des inconnus, mais lorsqu’il s’agissait d’une personne à laquelle il tenait particulièrement, il perdait quelque peu son sang-froid -n’étant guère doué pour ces situations dont il avait sans cesse l’impression que tout glissait entre ses mains-. Surtout depuis sa première année d’université.
Et comme de fait, Alex n’avait tôt fait que de se mettre les pieds dans les plats dès qu’il tentait la moindre approche vers son meilleur ami qui lui peinait réellement à s’accrocher à la moindre chose. Si seulement le futur dirigeant ne se retrouvait pas aussi handicapé. Ou bien si Sirena serait présente pour le secouer un peu et le persuader d’arrêter d’hésiter pour véritablement consoler le japonais -qui visiblement ne souhaitait que ça-.
Ironiquement, ce fut plutôt l’hôte qui prit les choses en charge et proposa même de solidifier davantage leur amitié par le biais d’une promesse aux coutumes de ses origines. Le blondinet s’exécuta sans même rechigner tout en mimant le geste de son camarade.

- Si je suis si prévisible que ça, dis-moi ce que j’allais déclarer alors?! lança-t-il, le sourire se fendant sur ses lèvres. Je t’en pris, je te suis tout ouïe!

Autant jouer à son propre jeu! Bien que c’était avec une pointe de déception de savoir qu’il était rendu anticipable -ou que du moins, le japonais parvenait à le voir venir des kilomètres devant lui-. Même si l’envie de se résigner à changer le guettait, il chassa cependant cette idée. Il ne changera certainement pas tant bien si cela était synonyme de ne plus pouvoir faire ses blagues surprises.

- Tout de même, je m’en excuse.

Car Alexander s’en voulait. Déjà toute cette conversation tournait autour du paternel de ce dernier et comme la cerise sur le gâteau, il faisait exactement les gestes pour y faire ressurgir les pires souvenirs. Pour l’une des rares fois, l’aîné aurait souhaité disparaître -au moins de cette manière il arrêtera de tout faire de travers-. Mais malgré tout, le voilà, toujours assis, adossé au fauteuil et passablement la gorge rafraîchit.
Et ce fut de justesse qu’il avala la dernière gorgée d’eau avant que son compagnon ne reprenne la parole. Il se racla quelque peu la gorge. Il devait vraiment faire gaffe au moment de se déshydrater lorsqu’il était en compagnie du Nippon!

- Tu sais que c’est dangereux de me dire ça?! dit-il, les yeux écarquillés alors quelques pensées peu catholiques lui traversaient l’esprit. Mais j’imagine que je suis trop prévisible, donc tu sais exactement ce à quoi je pense!

Mais, il avait un énorme respect envers Kei et Dieu jamais il n’osera dépasser les limites que son meilleur ami avait tracées. Même saoul après plusieurs bières, il garderait ce contrôle -et même si le blond perdait les pédales, jamais il ne se le pardonnera-.

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@Alexander Walsh

Le blondinet semblant déçu de ne pas pouvoir dire de bêtises à propos de la pique qu’avait lancé le brun. Ce dernier lui expliqua qu’il était trop prévisible mais lui laissa quand même l’opportunité de sortir sa phrase. Monsieur se plaignit que puisqu’il était trop prévisible, le nippon n’avait qu’à dire la réflexion que son ami allait dire. Pour être tout à fait honnête, Kei ne savait pas la phrase exacte que le futur dirigeant allait sortir, ça il ne le savait jamais. Quand il disait qu’il était prévisible c’était la direction que prenaient les pensées de l’américain suite aux paroles du japonais. Un petit rire étira ses lèvres avant de répondre.

- Chaque fois que je parle de nous deux, tu penses à NOUS DEUX en mode amoureux, couple – si ce n’est plus si affinités-. dit-il avec un regard faussement accusateur. Mais là j’étais sérieux c’est pour ça que j’ai coupé court, je voulais pas que la conversation dérive avant d’avoir terminé de dire ce que j’avais à dire.

Il était curieux de voir si son ami allait nier. Ce n’était pas parce qu’il venait du pays du soleil levant qu’il ignorait tout du monde et de la culture occidental. Au fur et à mesure que leur amitié naissait et se renforçait, le plus jeune avait cerné certaines points de la personnalité – dirons-nous – du plus âgé. Depuis que chacun connaissait la sexualité de l’autre, Kei avait rapidement remarqué qu’Alexander réagissait à chaque fois que le nippon lui lançait des piques concernant la sienne. Il fallait avouer que c’était amusant. Le directeur n’avait pas de mal à s’inclure dans les piques qu’il lançait, car il n’y avait jamais rien de sérieux dedans c’était uniquement pour déconner et taquiner son meilleur ami.

- Ok mais je te dis c’est pas grave quand même. fit-il en tirant légèrement la langue. J’ai pas quitté le Japon depuis assez longtemps encore pour avoir oublié… mais ça viendra peut-être. dit-il avec un clin d’œil.

Tandis que le blond buvait son verre d’eau – ce qui au passage amusait le propriétaire des lieux – le brun repensa fugacement à tout ce qu’il avait raconté et tous les sujets qui était sensibles pour lui qu’il avait abordé. D’un côté il se surprenait à avoir réussi à tout déballer. Honnêtement même s’il s’agissait de son meilleur ami il n’était pas sûr de raconter tout de A à Z. Mais peut-être que l’énervement de son interlocuteur l’avait finalement aidé à sortir de sa "zone de confort".

Quand Alex lui dit qu’il était ému que le plus jeune se soit autant confié à lui, il fut touché. Il ne s’attendait pas forcément à ce qu’il lui fasse remarquer. Mais en ce qui concernait ne plus jamais toucher ses épaules, ça l’amusa beaucoup. Visiblement le jeune Walsh avait fait une fixette maintenant sur les épaules du jeune Tamamori. Comme le jeune homme lui avait déjà répété il ne lui en voulait pas. Il avait donc une petite idée pour le faire passer à autre chose que ses épaules. Sauf qu’il n’avait pas prévu que son meilleur ami manque de s’étouffer.

- Désolé ! J’avais pas vu qu’il te restait de l’eau dans le verre. J’étais convaincu que tu l’avais fini tout à l’heure. C’est pour ça que j’ai attendu. dit-il sincère et un peu inquiet.

Mais la réponse du jeune blond le rassura et le fit rire. Kei pourrait prendre des paris sur Alexander. Il gagnerait à coup sûr. Et oui il se doutait parfaitement du genre de pensées que son ami avait en tête.

- Ouais, c’était un test –même si à ce stade-là je suis pas sûr qu’on puisse encore parler de test – mais tu l’as réussi haut la main si tu veux tout savoir ! dit-il en rigolant. Alex… le prend pas comme ça. lui fit-il plus doucement avec un sourire rassurant. T’as jamais remarqué depuis tout ce temps ? demanda-t-il un peu choqué. Alex, je fais exprès de dire des trucs comme ça. Dès que je te lance des piques sur nous deux ou quelque chose d’un peu ambigu, qui peut porter à confusion tu pars au quart de tour. C’est comme un chien, on lui lance un bâton pour qu’il aille le chercher. Toi, c’est pareil. Je te lance le bâton et tu cours au triple galop ! dit-il en mimant le geste du lancer de bâton. C’est aussi un peu pour ça que je continue, et puis ça m’amuse. Sans compter que c’est pas ma faute si t’as un esprit pervers. fit-il en tirant la langue.

Se levant, il se rapprocha de son ami. Une fois face à lui, il s’accroupit et posa ses mains sur ses genoux tout en le regardant dans les yeux avec un regard sincère.

- Ne change pas. T’as pas besoin. Je t’aime tel que tu es.

C’était la vérité. Alex risquait peut-être de déformer la dernière phrase mais il s’en fichait. Kei savait dans quel sens il l’avait dite. Il s’appuya sur les genoux du plus âgé pour se relever. Attrapant son verre d’eau il but vite fait une gorgée.

- J’avoue que lancer des piques sur ta sexualité c’est peut-être pas très sympa. dit-il honnêtement. Mais ! Il y a des contreparties positives on va dire. s’exclama-t-il avec un sourire en coin. Par exemple te laisser dormir coller contre moi. Tu sais au Japon c’est très mal vu, deux hommes dormant l’un contre l’autre… Et en tant que japonais ça serait mon cas. Mais tu aimes bien, alors je te laisse faire. Ne t’inquiète pas, ça me dérange pas du moment qu’on dépasse pas les limites. dit-il avec un sourire.

Alors qu’il buvait une deuxième gorgée, il pensa à quelque chose.

- Oh d’ailleurs j’apprécie – et félicite – ta persévérance. Si à un moment je m’ennuie trop tout seul et que je change d’avis, t’en fais pas tu seras le premier au courant. fit-il avec un petit rire.

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@Kei Tamamori

Alexander haussa tout bonnement les épaules tandis que son meilleur ami évoqua le fait que ses pensées vagabondaient sur eux, mais sous forme de couple. Après tout, qui avait-il de mal dans tout ça? Le blond portrait sans gêne l’étiquette de bisexuel -même si ses parents se révélaient plutôt conservateurs sur le sujet, mais n’avaient jamais réprimandé leur fils aîné là-dessus-. En fait, la seule et unique fois que le tout avait rapidement explosé était lorsqu’il fréquentait le plus jeune des Kane. Et la raison principale n’étant aucunement qu’il fricotait avec un homme, mais plutôt la réputation qui collait à la peau de cette famille -et qui perdure encore aujourd’hui-.
Mais s’il devait s’affilier avec Kei -et malgré son secret tant et aussi longtemps qu’il ne s'ébruite point-, ses parents ne prendraient aucunement les fourches afin de protester contre cette union. Ironique tout de même de s’arrêter à comment tel ou tel foyer était perçu par cette haute société. Mais là n’étant pas réellement le sujet, l’aîné des Walsh fit un clin d'œil à son hôte.

- Ça me fait rire pourtant. Même si je sais que tu ne penches pas du tout vers ce côté. Et contrairement à d’autres, tu ne t’en offusques pas! Tu t’en amuses en plus.

Peut-être était-ce plutôt une question de génération? Jamais l’invité n’oserait blaguer ainsi sur son orientation sexuelle auprès de ses parents et de tous ceux se retrouvant dans cette tranche d’âge. Il avait bien conscience que les jeunes qui arpentaient la même décennie qu’eux n’étaient pas tous ouverts d’esprit à ce sujet pouvant se relever très épineux. Mais il était évident qu’il avait une certaine facilité à aborder le sujet.
Tant et aussi longtemps que le respect était de mise, ils pouvaient continuer à se lancer des piques sans problème. Alex se conformait aux limites émises par le japonais.

Sa moue se transforma en un faible sourire lorsque son camarade répéta qu’il n’avait pas à s’en faire. Que peut-être même avec les années à venir, ce réflexe finira par s’estomper avec le temps. Mais qu’en ce moment présent, son corps n’avait pas oublié.
Puis les choses s’enchaînèrent -tant bien que l’américain s’étouffa, on n’aura qu’à dire qu’il s’agit là d’une tradition entre les deux hommes-. Mais le plus jeune venait-il réellement de le comparer à un chien? Une boule de poils qui va récupérer bêtement l’objet que son maître lançait seulement pour le distraire? Le blond se doutait qu’il n’avait aucune pensée péjorative derrière cette analogie. Et si on regardait d’un autre angle, il était vrai qu’Alex pouvait se montrer protecteur et loyal envers le peu individus auxquels il tenait -son cercle n’étant que très restreint alors que les connaissances se multipliaient-.

- Rassure-moi, tu n’espères quand même pas que j’aie cherché ce bâton imaginaire que tu viens de balancer? lança-t-il pour entrer un tantinet dans le jeu. Et je n’ai pas un esprit aussi pervers que tu le dis! Et tu ne me feras pas croire que tu es un ange non plus. Si tu fais exprès d’aller dans l'ambiguïté avec moi, c’est que tes pensées ne sont pas autant pures également!

Il tira la langue à son meilleur ami avant que ce dernier ne se positionne face à lui. Laissant sa grimace disparaître afin que les traits de son visage optent pour une expression neutre, l’américain observait son compère.
Les paroles émises à son égard le touchèrent.
Le blond baissa son regard l’espace d’un instant avant de replonger ses sombres pralines dans ceux de l’Asiatique.

- Pareil pour toi! dit-il, gardant son sérieux.

Car l’espace de cet instant, l’aîné semblait trouver bien important de faire taire la plaisanterie et d’admettre son appréciation sincère envers Kei. De lui manifester son attachement. D’autant plus après le lourd secret que le cadet venait de déballer.
Mais ce laps de temps fut coupé court. Le japonais préférant relancer le précédent sujet.

- Si tu me le permets, vous semblez très coincé dans votre pays du soleil levant! C’est simplement que je suis frileux. Et svelte comme je suis, il en faut très peu au froid pour pénétrer mon corps! Donc je me rapproche de la source de chaleur à proximité! Tu fais une excellente chaufferette cela dit!

Il tentait de se justifier -même si son camarade était mignon-. Notamment qu’il avait toujours adoré se coller contre Michael à l’époque. En fait, les hommes dégageaient généralement plus de chaleur. Mais à la pensée de son ex-petit ami qui remontait à sa première année d’université, il se sentit se perdre et à échapper le focus. Ce fut la voix de Kei qui le ramena.

- Oh, mais je ne me fais pas d’illusion! Je sais bien que ça n’arrivera jamais. Ton regard ne fait que se poser sur les courbes féminines et non pas la musculature masculine. Mais je te remercie de tenter de me faire espérer.

Il ne s’imaginait aucunement se retrouver à partager les draps satinés avec son hôte dans un contexte sexuel. Bien que le blond aurait pris le plus grand soin de guider le brun dans ce terrain inconnu, cette nouvelle découverte.
Ceci étant dit, il imita le propriétaire des lieux et se leva.

- Les plans ont quelque peu divergé, mais il n’est probablement pas trop tard pour se rattraper, non?

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@Alexander Walsh

Suite à la demande de son meilleur ami Kei avait expliqué que dès qu’il utilisait les mots "nous deux", le plus vieux les transcrivait dans un contexte amoureux. C’était aussi la raison pour laquelle le plus jeune continuait d’utiliser ces termes, pour un peu taquiner son ami. Mais le jeune homme n’avait jamais été dérangé par la sexualité de son acolyte de soirée. Au contraire leurs petites taquineries l’amusaient beaucoup, ça le faisait rire.

- Pourquoi je m’en offusquerai ? demanda-t-il surpris. C’est ta vie, tu fais ce que tu veux. En soi que tu sois hétéro, bi, gay ou je ne sais quoi d’autre ne me regarde pas. Ça ne regarde que toi. Ceux qui s’en offusquent sont cons. T’emmerde personne Alex ! s’exclama-t-il. Les gens adorent contrôler la vie des autres ou que tout le monde rentre dans le même moule. Mais tu es le seul maître de ton destin. dit-il sûr de lui. Oui c’est moi qui dit ça alors que je laisse mon père contrôler ma vie. fit-il ironique avec un sourire effacé.

Après son père n’avait jamais contrôlé sa vie amoureuse. Enfin uniquement pour la courte période du mariage arrangé avec Noriko qui finalement n’a jamais eu lieu. Mais avant et après, son père adoptif ne s’est jamais intéressé. Du moment que le travail était fait correctement et rien ne nuisait à l’image des Tamamori, le plus jeune de la famille pouvait faire ce qu’il voulait. Il lui semblait que c’était aussi la même chose pour son grand frère. Concernant sa vie amoureuse il savait qu’Aiko aimerait avoir des petits enfants du côté de Kei mais elle ne lui mettait pas la pression pour autant. Elle le laissait vivre sa vie.

Puis le nippon expliqua à son ami qu’il faisait exprès de lancer des piques ambigus depuis le début. Il le compara à un chien pour imager ses propos. Tout comme il fit exprès de le taquiner en disant que ce n’était pas de sa faute s’il avait un esprit mal tourné. De suite il partait au quart de tour aussitôt que le directeur disait quelque chose. A l’entente de la réponse de l’américain il rigola. C’était mignon et marrant de voir Alex prendre la mouche.

- T’es déjà allé la chercher depuis longtemps. répondit-il en rigolant. Désolé mais je ressens rien pour toi que ce soit sur le plan amoureux ou sexuel. confia-t-il vraiment désolé. Quand je te propose de dormir dans le même lit, ça me fait rien. Pour moi, c’est pas parce qu’on dort dans le même lit qu’une personne qu’on est obligé de coucher avec. Certes la phrase peut paraître ambigüe mais pas pour moi. Je vois pas ce qu’il y a de dérangeant au fait que deux mecs dorment dans le même lit. Avec Sirena, vous avez déjà dormi dans le même lit ? C’est pas pour ça que vous avez couché ensemble ou quoi que ce soit. Tu t’imagines quelque chose avec elle ? demanda-t-il avec un regard interrogateur, même s’il avait une petite idée de la réponse. C’est pareil pour toi et moi, c’est amical. J’ai jamais rien imaginé en te proposant de dormir dans mon lit. dit-il comme une évidence. Tout à l’heure lorsque je t’ai demandé si tu croyais que nous deux ça signifiait rien pour moi, je parlais sur le plan amical. Toujours comme une évidence. En ce qui concerne toucher ce que tu veux, j’avoue que pour celle-là j’ai placé la barre plus haute que d’habitude. Mais parce que je me doutais du type de pensées que tu allais avoir. fit-il avec un sourire en coin. Et au vu de ta réaction je dirais que j’avais raison et qu’elles étaient pas très catholiques, je me trompe ? demanda-t-il tout sourire. Alors que moi je pensais à toucher le bras, la main, le poignet, étant donné qu’on parlait de mes épaules. dit-il en montrant les parties du corps qu’il citait. Oh et parce que je suis sûr que si ta Sirena disait ce genre de choses – que ce soit pour tout ce que j’ai dit, le lit, nous deux et toucher – tu réagirais pas de cette manière, comme tu le fais avec moi. J’ai raison ?

Conclusion le japonais ne voyait où est-ce qu’il avait un esprit pervers dans tout ça. Il faisait exprès parce qu’il savait qu’Alex les détourner de leur contexte d’origine.

- Toutes les choses que je te dis semblent ambigües pour toi. Mais pas pour moi. Ça me fait ni chaud, ni froid. C’est juste que je m’amuse de tes réactions.

Le brun aimait bien taquiner le blondinet, parce qu’il trouvait qu’il était prévisible dans un sens. Mais le futur héritier n’avait pas à changer pour moins s’emporter ou autre. Kei l’aimait tel qu’il était. On ne devrait pas changer pour plaire à des gens. Il fut touché par la réponse d’Alex. Ça signifiait beaucoup pour lui. Lui qui avait tout confié sur son passé. Au fond il était soulagé de voir que son meilleur ami tenait encore à lui malgré tout ça.

- Et vous très dévergondé ! fit-il en tirant la langue avec un clin d’œil. En fait je dirais qu’on doit surtout tout cacher, sans compter qu’en plus les trois quarts – si ce n’est plus – sont homophobes. Par exemple si on est victime d’harcèlement scolaire nous ne pouvons pas en parler c’est un peu comme tabou. Personne n’intervient parce que si tu interviens tu es maltraité et mal-vu aussi. C’est très rare quand des couples se tiennent par la main en réalité parce que le contact physique est en général assez mal vu. Pour eux, deux hommes qui dorment ensemble ça veut –pratiquement- systématiquement dire gay. Sauf que ça, ça rentre pas dans leur moule. C’est pas être normal. expliqua-t-il. Mais moi je suis pas comme ça. Toutes ces histoires de rentrer dans un moule me gonflent. Pour moi chacun fait sa vie du moment qu’on emmerde pas les autres.

Frileux ? Mais bien sûr et il pensait sérieusement que le nippon allait le croire ? Cela le fit bien rire. Au passage ça lui donna une idée. Il allait voir si le blond tiendrait longtemps sur l’excuse du frileux.

- Aaaah tu es frileux ? dit-il en exagérant bien sur le ton de la découverte. Pas de soucis ! La prochaine fois tu dormira dans la chambre d’ami avec le chauffage à fond, pleins de plaid et de couette, et en combinaison de ski. Comme ça t’aura pas froid. fit-il très sérieux. Oh et la chambre d’ami c’est celle-là. dit-il en montrant une pièce à l’opposé de sa chambre. A l’opposé de la mienne ! s’exclama-t-il tout content. Mais c’est pas dérangeant pour toi vu que le problème c’est le froid. continua-t-il très sérieux. D’ailleurs je vais te chercher des plaids tout de suite, parce que tu dois mourir de froid alors depuis qu’on est arrivé. Je vais en profiter pour monter la température à fond du chauffage dans ta nouvelle chambre. fit-il toujours très sérieux en se levant et se dirigeant vers la chambre d’ami.

Intérieurement Kei était très fier de lui mais ne le montrait pas. Il restait imperturbable. Sans compter qu’il était tout à fait capable de laisser Alexander dormir dans la chambre d’ami de la manière dont il lui avait dit. Après tout l’américain avait clairement sous-entendu que le fait de dormir avec le japonais ne changeait rien puisque le problème était qu’il était frileux. Ouvrant la porte de la chambre d’ami à l’opposé de la sienne, le jeune homme augmenta le chauffage et commença à ouvrir les placards à la recherche des plaids. Il était curieux de voir si le blondinet allait intervenir et l’arrêter. Récupérant tout un tas de plaids, il retourna ensuite avec dans le salon. Le directeur se chargea alors de recouvrir le futur héritier avec les plaids. Verdict, il ne restait plus aucune parcelle de peau en dehors des plaids. Il en avait même mis sur la tête, en fait on ne voyait que le visage du plus vieux. Sortant son téléphone de sa poche il le prit en photo.

- Un vrai petit bonhomme de neige version plaid ! s’exclama-t-il fier de lui. Je devrai envoyer la photo à Sirena. dit-il un petit sourire en coin. Au moins comme ça t’aura plus froid avec ton corps svelte !

Bon il n’allait pas envoyer la photo à la meilleure amie d’enfance d’Alex, du moins pas pour l’instant. Il alla se rasseoir. Une chose était sûre, le beau brun avait totalement oublié son humeur de tout à l’heure et son passé avec son père. Les mensonges de l’aîné avaient peut-être du bon. Même si le cadet voulait entendre la véritable raison de la bouche du bonhomme de neige en plaid. Ce dernier avait raison quand il disait que le jeune Tamamori préférait le physique félin des femmes.

- La musculature masculine ? Tu parles de toi là ? Parce que la tienne est un peu absente. dit-il sur un ton taquin en lui tirant la langue.

Évidemment c’était pour plaisanter. Il faut croire que Kei avait retrouvé sa forme. En même temps c’était pour se venger de son meilleur ami qui l’avait fait pleurer tandis que lui, lui confiait quelque chose d’important et qui lui pesait beaucoup.

- Nope ! On peut aller boire un coup dans un café et faire 4 boutiques ou je sais pas, ce que tu préfères.

Mettant les verres dans l’évier, le jeune homme se dirigea ensuite vers le vestibule afin de remettre ses chaussures et prendre une petite veste –au cas où – pour sortir. Une fois dehors, ils commencèrent à marcher tranquillement vers une destination.

- Ça m’étonne que t’es pas mis de gros manteau vu comme tu es frileux.

Hidden secrets

@Kei Tamamori

Les propos de son meilleur ami arrachèrent un sourire au blond. Au fond de lui, il savait que le japonais disait vrai. Que peu importe ce que les autres penseront, il était bien comme il était. Que ça ne tenait uniquement à lui d’emprunter le chemin qu’il choisira. Marcher droit. La tête haute. Ne pas s’encombrer de tourner le menton derrière son épaule. Seulement, tout était bien plus aisé à dire qu’à l’appliquer réellement dans sa vie. Et même le plus jeune le mentionne en fin de compte.
Leur statut venait avec un certain code de conduite où les apparences règnent en maître. Où les influences peuvent tout faire basculer. La réputation de chaque famille compte, aussi minime ou puissante soit-elle. Et si l’une advenait à tomber. Bref, Alex ne souhaitait pas se morfondre à son tour en repensant à ce qui lui avait été arraché trop brutalement. Cela remontait il y a dix ans… Et même si la vie l’avait de nouveau surpris avec une retrouvaille… problématique? En fait, l’aîné des Walsh ignorait s’il aurait préféré en fin de compte ne pas recroiser le cadet des Kane. Une livre qui avait pris la poussière qui s’était rouvert -et peut-être déchiré dans sa chute-.
Les paroles du brun ramenèrent le futur dirigeant à la réalité. Il laissa tomber sa tête alors qu’il prit appui sur ses genoux afin de dissimuler quelque peu son agacement. Il avait bien compris le blondinet que son ami ne faisait que le taquiner sans cesse en employant quelques formulations parfois tendancieuses. Et que ça s’arrêtait à cette ligne. Et comme de fait, l’américain n’avait jamais poussé plus loin non plus.

- Depuis qu’on est gamin qu’on dorme ensemble, Sirena et moi. On le fait par habitude, répondit-il sans gêne en relevant la tête. Et m’imaginer quelque chose avec elle? Non, impossible! Son cœur n’a jamais arrêté de battre pour son premier amour.

Il en avait bien conscience. Le bracelet bleu autour du poignet de la jeune demoiselle en était la preuve ultime. Tant et aussi longtemps qu’elle l’aura, c’est que cette dernière n’aura su tourner réellement la page et continue toujours d’espérer. Et même si Alex lui souhaitait tout le bonheur du monde et que quasi l’unique méthode pour elle de l’avoir était de se retrouver dans les bras de son Jehan… En vrai, peut-être que l’homme désirait qu’elle puisse trouver une nouvelle voie amoureuse pour lui éviter de rester plongé indéfiniment dans le passé.
Mais peu importe le choix final, le blond sera là pour la soutenir. Et il en allait pour autant envers Kei. En fait pour toutes les rares personnes pour lesquelles l’aîné des Walsh serait bien prêt à tout.

- Donc tu t’amuses quand même un peu à mes dépens? lance-t-il avec un demi-sourire sur les lèvres. M’enfin, je note que mes réactions te divertissent à merveille! Fais attention à ne pas en abuser, ça serait dommage que je devienne insensible.

Il lui largua un clin d'œil afin de démontrer la plaisanterie. Même s’il y avait une once de vérité. Son meilleur ami pouvait continuer à lui balancer des piques, mais la situation pourrait basculer et le blond pourrait ne plus répliquer pour l’embêter à son tour.
Dérivant plutôt la conversation sur autre chose. Un petit commentaire vis-à-vis de la différence culturelle. Seulement, Alex fut surpris des faits que le japonais lui révéla sur son pays d’origine. Il s’attendait bien à ce qu’il y ait quelque personnes réfractaires à tout ce qui était… disons hors hétérosexuel. Des intolérants, on en retrouvait partout sur le globe terrestre. Mais de là à ce que plus de la majorité le soit! Ses yeux s'étaient écarquillés quand le brun poursuivit avant de froncer les sourcils. Ce mode de vie lui semblait infâme. Vraiment, il était mieux de se vautrer dans le silence à ce point au pays du soleil levant? En réalité, le plus vieux restait sans mot face à cette description peu flatteuse.

Les traits de l’américain se changèrent en une moue interrogative et un tantinet inquiète face à l'intonation du propriétaire des lieux. Suivant de ses sombres pralines la direction dictée par Kei. Son expression en premier curieux laissa plutôt place au découragement. Le japonais ne pouvait être totalement sérieux? Il lui faisait une blague, n’est-ce pas? Alors qu’Alexander avait été honnête; il supportait difficilement le froid, même si pour le coup, ça semblait être pris comme une excuse. Et d’une part, son timing ne se retrouvait pas en sa faveur.

- Vraiment Kei?

Kei continuait son chemin jusqu’à ladite pièce. Se calant dans le fauteuil, l’invité se convainc que bien assez vite, son acolyte de soirée reviendra dans le salon. Cependant, le Walsh n’avait pas prévu que son hôte s'accomberait avec une panoplie de plaids s'étalant ensuite sur sa personne -le l'ensevelissant de la tête au pied… littéralement-.
Soupire qui s’échappe, Alex ne tarda pas à grouiller sous les couvertures pour s’en extirper, jusqu’à se figer suite au son de l’application de l’appareil photo provenant du téléphone de son bourreau.

- Vas-y! Elle sera ravie de me voir ainsi! encouragea-t-il son ami. Ma Flamingo trouvera ça bien plus drôle que son idée de combinaison de ski. Sauf que là, je vais crever de chaud aux multiples couches que tu m’as mis! Il y a toujours un juste milieu, Kei.

Le plus âgé retira le premier plaid qui se perchait sur sa tête, le décoiffant par la même occasion. Il passa une main à travers ses mèches blondes afin de les remettre en place, mais il pouvait tout de même sentir qu’il aurait besoin de se retrouver face à un miroir avant de mettre le pied à l’extérieur. Il n’aimait pas se présenter en public sans avoir un minimum soigné son apparence.
Seulement, en ôtant les couvertures, il veilla à les plier à nouveau avant de les étaler les uns par-dessus les autres à côté du fauteuil dans lequel il était installé. Il ria néanmoins de bon cœur en entendant le commentaire de son camarade sur sa personne. Il n’avait là aucune raison de s’offusquer comme il était vrai que sa masse musculaire était loin d’être un de ses attraits.

- Je ne parlais pas nécessairement de moi! Autrement je n’aurai pas utilisé ce terme, je ressemble davantage à une allumette!

Il n’avait jamais travaillé sa musculature. Déjà dans ses gènes, il arborait un corps allongé et mince. Et dans les faits, ça lui allait très bien comme ça.
Son idée de tenter de rattraper le reste de la journée semblait plaire au premier intéressé. Les plans avaient abruptement changé suite à son mauvais timing. Laissant son hôte ranger les verres, Alexander en profita pour se recoiffer et enfiler sa veste de cuir sur ses épaules en attendant son ami.

- N’exagère pas! L’été est à nos portes présentement! Et mon manteau de moto coupe à merveille le vent. Je n’ai pas besoin de plus pour le moment. Mais ne t’inquiète pas qu’une fois l’hiver là, j’aurais un gros manteau avec une écharpe faisant trois fois le tour de mon cou et de mon visage! Je ne blague pas quand je dis que j’ai facilement froid.

Le jeune Walsh avait proposé de se poser dans un café, histoire de pouvoir grignoter. Et pour la peine, il payait l’entièreté des dépenses pour les deux. Non pas que Kei n’avait pas les moyens -bien au contraire-, mais juste pour tenter de se racheter de la dernière heure qu’ils venaient de passer. Pour sa part, il prit un simple thé Earl Grey avec une viennoiserie.