No doubt I'm overwhelmed by the situation w/ Blair #1

A peine le camion de la brigade des secours à réussi à trouver sa place dans le garage de la caserne de Klamath Falls, que je trouve pied à terre, avant de passer ma main dans mes cheveux. Vingt-et-une années de carrière, pour de nombreuses interventions à mon actif et celle d’aujourd’hui ne fait qu’augmenter mon expérience comme soldat du feu. Un incendie au dernier étage d’un immeuble d’Eberlein Avenue, à quelques mètres de roosevelt elementary school, l’école où se trouve Charles. Quelques secondes pour me couper du temps, qui prennent fin à l’instant où le contact de mes doigts est rompu avec mes cheveux, pour me débarrasser de cette veste en kevlar pour l’accrocher à la portière de ce magnifique camion rouge dans lequel j’officie depuis quelques années. J’ai bien dans l’idée de retirer le bas également, mais mon attention est prise par la présence de Charles, que je vois arriver en présence d’une blonde qui ne m’est pas complètement inconnue. « Charles ? Qu’est-ce qui s’passe mon grand ? » A l’heure qu’il est, il devrait être à l’école, dans une classe avec ses copains, pourtant, c’est dans cette caserne qu’il vient de mettre les pieds, pour courir en ma direction et m’entourer de ses bras, pour ma main qui se pose dans son dos. Je ne comprends pas ce qui est en train de se produire, mon neveu en a passé du temps dans ces lieux, sans doute un peu plus depuis le décès de sa mère et que je me retrouve à m’occuper de lui, jamais il n’a eu une telle réaction envers moi. « Owens, il y a un problème ? » Je ne connais pas personnellement cette femme qui est en face de moi, je peux apercevoir les traits de son visage fermé, rien qui ne présage quelque chose de positif. « Il a dit des choses un peu inquiétantes lors du trajet, faudrait en discuter. » Je ne peux maintenir mon regard sur la policière, avec qui j’ai déjà eu l’occasion de travailler sur une enquête d’un incendie criminel, mes iris ont ce besoin d’évasion de manière discrète. « Owl n' thistle, après le service, c’est bon pour toi ? » C’est une histoire que je ne souhaite pas laisser traîner en longueur, Blair est au courant de quelque chose, Charles s’est confié à elle et j’ai bien le ferme intention de savoir ce qui se cache derrière le un peu inquiétantes.

Je ne sais pas depuis combien de temps est-ce que j’ai coupé le contact de cette mustang s550, un petit plaisir, pour de long mois d’économie, je ne sais pas non plus depuis combien de temps est-ce que mon regard s’est perdu dans le vide. A quelques mètres de moi se trouve le pub irlandais, à quelques pas se trouve Blair Owens, cette policière qui a croisé le chemin de mon neveu un peu plus tôt dans cette journée, alors qu’il devait se trouver à l’école. Il y a beaucoup de questions que je me pose depuis de nombreuses heures, sans pour autant me permettre d’avoir des réponses, j’ai eu l’envie d’en parler avec Charles, avant que Meredith ne vienne le récupérer, mais au lieu de cela, je l’ai laissé tranquille, me refusant de le brusquer. Quelques jours que mes pensées sont hantées par les merveilleuses dettes surprises laissées par ma sœur aînée derrière elle, avec la ferme intention que sa famille rembourse tout l’alcool qu’elle a pu siffler tout au long de sa vie. Quelques jours que je ne pense pas une seconde à l’éventualité de quelque chose de pire, erreur, sans cela peut-être aurais-je pu me rendre compte du malaise de mon neveu. Les clés de mon véhicule dans ma main, la portière fermée derrière moi, je me retrouve à traverser la route, rejoindre le pub irlandais pour entrer à l'intérieur. Mon regard est en train de flirter avec les lieux, je peux apercevoir un groupe d’ami, d’une vingtaine d’année de rire aux éclats, à la table d’à côté, deux hommes sont en train de trinquer leurs bières, un peu plus loin, deux amant à en devenir sont en train de se séduire. Puis enfin je pose mes iris sur celle que je suis venu rejoindre, pour sentir mon coeur frapper contre ma poitrine, des battements que je ne prend pas le temps de prendre en compte, alors que je m’approche de Blair et de la table où elle se trouve. « Bonsoir. » Un mot que je suis en train de prononcer alors, qu’en même temps ma main trouve le contact avec le bois de la table, avant de venir prendre place en face d’elle. « J’ai eu un rapport à remplir avant de partir, mais je suis enfin là. » Un rapport d’intervention à remplir pour le chef de bataillon de la caserne, l'appréhension de ce que Blair a à m’apprendre au sujet de mon neveu, je n’ai pas la moindre idée de pourquoi il ne se trouvait pas à l’école en plein milieu de la journée, c’est une réponse que Charles n’a jamais voulu me donner.

« Salut, t'inquiètes pas, ça fait pas longtemps que je suis là de toute façon. Tu veux prendre quelque chose à boire ? » Ce sont deux métiers complètement différents que nous faisons tous les deux, mais deux métiers qui ont pourtant tant de ressemblances, la longue tâche de devoir remplir des rapports en fait partie. Je n’ai pas le temps de sentir le soulagement se répandre en moi à la réponse qui vient de parvenir à mes oreilles, c’est sur les traits de son visage que je suis en train de me concentrer. Blair n’est pas en train d’afficher une expression calme, ce n’est pas du positif que je suis en train de ressentir et ça a raison d’accentuer les battements de mon cœur un peu plus fort contre ma poitrine. « Pardon … Je vais prendre une bière … » C’est avec l’amère impression que je vais en avoir le plus grand besoin, que je suis en train de passer ma commande au serveur passant à côté de moi, avant de m’asseoir sur cette chaise, avant de venir faire face à la policière qui a le regard posé sur moi. « Je vais pas tourner autour du pot plus longtemps, quand j'ai trouvé Charles, il était en route pour te rejoindre sur le lieu de l'incendie, ce qui est très dangereux... Je sais pas comment il a fait pour se faufiler en dehors de son école, mais il avait l'air très déterminé... » Je ne sais pas exactement comment est-ce que je peux expliquer ce que je suis en train de ressentir face à ce que je suis en train d’apprendre, sans doute est-ce l’effet du ciel qui est en train de me tomber sur la tête, ou encore dans un incendie à la fumée beaucoup trop intense et épaisse pour me permettre de retrouver mon chemin. Cette nouvelle année n’est pas faite pour être la mienne, à peine quelques semaines d’écoulée, que le décès de ma grande sœur a marqué le commencement d’une descente aux enfers. Poursuivis par l’accident mortel de ma petite soeur, cette fois-ci, son fils Charles, qui se retrouve sous ma garde, l’héritage sous forme de dettes du premier décès et maintenant ça. « Charles était sur le lieu de l’incendie ? » C’est un peu dans l’inconnu que je me retrouve, plusieurs années que j’officie dans le rôle d’oncle, mais je n’ai pas la moindre compétence dans celle de père, encore moins pour un petit garçon de dix ans fraîchement orphelin. « Durant le trajet et l'attente à la caserne, il m'a raconté ce qui était arrivé à sa mère et combien elle lui manquait. Mais il a aussi peur que son oncle disparaisse aussi du jour au lendemain et laisse seul. » Ma main est en train de trouver le contact avec mon visage, mes doigts sont en train de passer sur cette très légère barbe que je porte, avant de venir se glisser derrière ma nuque, le regard perdu sur un coin de la table qui me sépare de Blair. « Fallait bien que je m’y attende … » Je ne sais pas exactement comment est-ce que je suis censée réagir face à ce que la policière est en train de m’annoncer, face à ce que je suis en train d’apprendre. Assez rapidement, la bière que j’ai commandée trouve place sur la table, elle tombe au bon moment, mes doigts ne perdent pas de temps à l’entourer pour me permettre de me laisser aller à une longue gorgée. « Je comprends pas, pourquoi est-ce qu’il m’en parle pas ? Je suis resté avec lui à la caserne après ton départ, il ne m’a absolument rien dit … » Je n’ai pas eu la moindre réponse, pas même un semblant de mensonge sur la raison de son absence au sein de l’établissement scolaire dans lequel il devait se trouver en temps normal. « J’ai pas vraiment trouvé le mode d’emploi au moment du décès de sa mère et c’est pas facile tous les jours de passer d’oncle à père. Il … » Je n’ai pas réellement envie d’avoir la réponse à cette question qui me trotte dans la tête, raison de cette pause que je marque avant de reprendre. « Il t’a dit autre chose ? » J’ai bien conscience que l’on va avoir besoin de temps, le décès de sa mère est encore récent, très frais pour tout le monde chez les Weaver, cette situation est encore toute nouvelle et il va falloir huiler correctement la machine pour que chacun réussisse à trouver sa place dans toute cette sombre histoire.

Prendre cette gorgée, une gorgée que je prends sciemment le temps de prolonger, qui ma fait le plus grand bien après l’annonce qu’est venu me faire la policière. Jamais je n’ai pu envisager une seule seconde, la détermination de Charles, le poussant à quitter l’école pour vouloir rejoindre les lieux d’un incendie, parce que c’est bien ce qui semble s’être passé. Mon neveu est resté mystérieux, une fois tous les deux à la caserne, se refusant de m’apporter la moindre réponse, de relever ces zones d’ombres que j’ai pu avoir dans mon esprit il y a quelques heures. « Je pense qu'il ne veut pas t'inquiéter, il est intelligent et il m'avait fait promettre de rien dire. Promesse que je me suis permise de briser, faudra rien lui dire ok ? » C’est la policière qui est en train de m’expliquer, qui est en train de se confier sur les confidences d’un petit garçon à une inconnue des forces de l’ordre. Elle s’est occupée de lui avant même qu’il ait pu arriver sur les lieux de l’incendie, elle l’a ramené à la caserne, mais surtout elle a réussi à le faire parler et ce n’est pas une mince affaire depuis le décès de sa mère. « Je ne dirais rien, encore moins après ce que tu es en train de faire pour moi. » Blair n’est pas la personne que je connaisse le plus à Klamath Falls, on a déjà eu l’occasion à quelques reprises de travailler ensemble, mais jamais l’un comme l’autre avions pu se décrire comme étant des proches. Je ne sais pas comment est-ce que je vais pouvoir la remercier pour ce qu’elle est en train de faire, certes elle est en train de briser la parole qu’elle a donné à mon neveu, mais ce n’est pas pour lui nuir, bien au contraire, c’est pour son bien, même s’il n’en a pas conscience. « Charles n'a pas de père ? » C’est une question qui parvient à mes oreilles, c’est une question qui arrive à attirer mon attention, à me pousser à poser à nouveau mes iris sur la blonde qui me fait face. L’histoire de Charles est de celles des clichés que l’on peut entendre tout au long de sa vie, mais l’histoire de mon neveu n’est pas connu de tout le monde, les Weaver n’ont pas l’influence d’une grande famille aux moyens financiers imposants, en un sens, quand je vois la présent de ma famille, ce n’est pas plus mal. « Non … » Un donneur de sperme à la limite. « Quand il a su qu’elle était enceinte, il a complètement déserté Klamath Falls, il ne sait même pas quand il né, ni même si c’est un garçon ou une fille. » C’est une vérité qui est bien malheureuse à dire, une vérité qui n’a pas été facilement acceptée auprès de mes parents, difficile pour une famille catholique de se retrouver dans une telle situation. Sans doute est-ce le départ de mes parents de l’Oregon, qui a permis d’apaiser toutes les tensions face à une telle histoire, sans doute est-ce tout autre chose, mais une chose est sûr, durant les dix premières années de sa vie, Charles m’a vu comme un modèle masculin, depuis peu, comme une figure paternel. « Il m'a dit qu'il comptait devenir pompier comme son oncle quand il sera grand. » Je ne peux m’empêcher de froncer les sourcils, mes iris sont en train de croiser le regard de Blair, après cette révélation qu’elle est venue me faire. C’est l’effet de la surprise qui peut se lire sur mon visage, mais je ne le suis pas, Charles a passé de nombreuses heures à la caserne au cours des dernières années, à mon image, il est tombé dans le métier de soldat du feu. « Troisième génération de Weaver d’affilée au sein des pompiers de Klamath, qui aurait pu croire que c’était possible ? » Je suis en train de laisser un léger, très léger sourire sur mon visage se présenter, mais l’idée qu’il puisse à son tour risquer sa vie pour celles des autres n’est pas quelque chose qui m’enchante. Mes parents n’ont jamais réussi à me convaincre de suivre une toute autre branche professionnelle, ce n’est pas moi qui vais pouvoir le faire avec Charles si c’est réellement ce qu’il souhaite faire quand il sera en âge.  « C’est quelque chose que je ne vais pas dire à ma mère, si elle l’apprend, elle risque de faire un infarctus avant même qu’il soit à l’académie. » J’essai de sourire, j'essaye de laisser place à une pointe d’humour, qui n’est pas réelle, parce qu’au fond de moi, je me fais du soucis pour mon neveu.

« Je comprend maintenant pourquoi il parle de toi comme il le fait, on cherche toujours des figures paternelles même si nos pères nous abandonnent. » Je ne peux contenir un froncement de sourcil face aux propos de la policière qui sont en train de parvenir à mes oreilles, je ne peux pas passer à côté de son emploi du nous. Je ne connais pas Blair, tout du moins, pas autrement que professionnellement, je suis en train d’en découvrir plus sur elle, je suis en train de comprendre à demi-mot que, comme Charles, elle n’a pas eu de père. Je suis en train de faire tourner la bière que je tiens entre mes doigts, pour un regard qui ne quitte pas celle qui me fait face depuis que je suis assis à cette table. « Tu lui as parlé de ta propre expérience ? » Une question que je ne peux contrôler, que je prononce à l’instant même où je suis en train de la penser, sans le moindre filtre. « Je suis là pour lui, mais je ne sais absolument pas ce qu’il peut vivre, c’est pas quelque chose que je connais. » Pourtant dieu seul sait à quel point j’aimerais pouvoir avoir les réponses à ses questions, pour comprendre ce qu’il traverse dans sa si jeune vie et de pouvoir l’aider encore mieux que ce que je fais déjà pour lui. Je ne peux pas comprendre ce qu’est de grandir sans la présence de son père, parce que j’ai eu la chance d’avoir le mien, mais je peux comprendre ce qu’il ressent à l’envie de devenir pompier. Fils d’un soldat du feu, c’est une vocation toute tracée qui s’est présentée à moi, Charles a dû passer tout autant de temps que moi, à son âge, au sein de la caserne 132 de Klamath Falls. « On dirait bien que ça commence à devenir une tradition ces histoires de pompier alors. » Je ne peux retenir ce rire qui est en train de franchir la barrière de mes lèvres, face aux propos qu’est venue me tenir la policière sur qui mon regard est toujours posé. A n’en pas douter, les Weaver ont déjà marqué l’histoire des pompiers de cette petite ville et il semblerait que c’est une histoire qui ne semble pas terminé, l’idée que Charles suive les traces de son oncle et de son grand père me fait plaisir, en même temps que ça me fait peur en même temps, ce métier je le connais, j’en connais les risques. « D’ici quelques générations, les Weaver dirigeront le département des pompiers de l’Oregon. » A travers un timbre de voix rempli d’humour que je suis en train de lui répondre, le tout rempli d’exagération, sans doute va-t-il falloir bien plus d’année pour passer du contrôle d’une petite ville à celui d’un État comme celui dans lequel nous vivons. C’est à mes lèvres que se trouve mon verre de bière, pour me laisser aller à la précieuse saveur de cette boisson alcoolisée. « Non, vaut mieux attendre un peu je pense, au moins qu'il soit accepté alors. » Je n’ose à peine imaginer la réaction de ma mère, si elle apprend les intentions d’avenir que Charles peut avoir dans la tête du haut de ses dix ans, faisant sans doute un bond dans le passé, multipliant sans doute pas dix ce flot d’émotions et d’angoisse pour son petit fils. Je n’ose pas plus imaginer l’appel téléphonique qui m'attendrait, pour me faire engueuler, avant qu’elle ne compte sur moi pour le faire changer d’avis. « Il habite chez toi alors ? » Une question qui parvient à capter à nouveau mon attention, pour un regard qui vient se poser sur la policière. « Oui, on a encore besoin de trouver nos marques … » Pas qu’un petit peu, je suis passé d’une maison complètement vide, à la présence de mon neveu de dix ans et de ma nièce de vingt-huit ans. « Ca fait à peine trois semaines que sa mère est morte … C’est pas réellement quelque chose qu’on avait prévu … Un accident de voiture … Elle n’a pas eu la moindre chance … » Je ne sais même pas pourquoi est-ce que je suis en train de raconter tout cela à Blair, après tout, sans doute est-elle déjà au courant ou encore Charles à très probablement dû lui en parler. « Je ne connais pas réellement le rôle de père, mais me retrouver aussi dans celui de la mère … Je suis un peu perdue … » Je ne suis même pas sûr de m’en sortir, de faire les choses correctement, de savoir m’y prendre avec un enfant, le rôle d’oncle est bien plus à ma hauteur, un rôle que je connais depuis la naissance de Meredith.

« Je suis désolée, ça doit être encore douloureux d'en parler, tu n'es pas obligée d'entrer dans les détails si tu ne le souhaites pas. » La voix de Blair est en train de parvenir à mes oreilles en même temps que je suis en train de me laisser aller à la douce saveur de cette bière que je tiens dans ma main. Je ne suis pas le genre d’homme à me laisser sombrer dans les ténèbres de l’alcool, lorsque la situation devient difficile, mais je dois reconnaître, apprécier les bienfaits de celui-ci à l’instant présent. Au sein de la famille Laurel est un peu devenu un sujet tabou, son décès fut soudain, il a provoqué bien des traces en chacun de nous et le premier à en souffrir c'est ce petit garçon que tout le monde cherche à préserver à sa façon. Parler de ma sœur est difficile, je peux sentir mon cœur se serrer contre mon torse, c’est un décès qui est beaucoup trop récent, beaucoup trop brutal, mais ces quelques mots me font du bien pour me soulager. « Va bien falloir apprendre à en parler, il y a bien un moment où il en aura besoin, il va chercher des réponses. » Charles a dix ans pour le moment, malgré ce qui lui arrive, il est encore dans cette vague de l’innocence, cette faculté de ne pas penser à tous les tracas que l’on est capable d’avoir une fois adulte. J’ai conscience qu’il va grandir, que de nombreuses questions vont venir prendre place dans ses pensées, mûrir et un jour être posées, qu’il s’agisse de son père ou encore de sa mère, il va bien falloir lui apporter les réponses dont il aura besoin, parler de toute cette histoire. « Je pense que le plus important est que tu fasses de ton mieux, je doute que Charles t'en veuille de ne pas tout savoir. Puis, j'ai jamais entendu de parents être totalement sur de ce qu'ils faisaient, eux aussi sont perdus 99% du temps. » Je ne peux retenir ce sourire amusé qui est en train d’étirer le coin de mes lèvres, la policière est en train de marquer un point, être parent n’est pas une chose aisée, tout le monde fait des erreurs, les miens les premiers. « On fait des métiers dangereux, pourtant, avoir un enfant ça fait bien plus peur … Tu as … T’as la chance d’en avoir ? » C’est une question que je suis en train de lui poser, sans même avoir pris le temps de réfléchir à celle-ci, la réalité c’est que j’ai eu l’occasion de croiser la route de la policière à plusieurs reprises, mais toujours dans un cadre professionnel, je ne connais absolument la femme qu’elle est derrière l’insigne des forces de l’ordre. « Par contre, va certainement falloir que tu te prépares quand il sera ado.. » Je ne peux contenir cette grimace qui est en train de marquer les traits de mon visage, alors qu’une main parvient à mon visage, est en train de passer dans mes cheveux, pour permettre à mes doigts de passer sur ma nuque, pour un regard trouvant refuge quelques secondes sur cette table qui nous sépare. « Je suis pas vraiment sûr de pouvoir vraiment me préparer à ça … » Je ne suis pas fait pour être père, je ne suis pas capable de voir aussi loin dans le temps, je suis surtout capable de me souvenir de qui j’étais durant cette période et je n’ai pas réellement l’envie qu’il suive le même chemin. « On a jamais été de très bons exemples dans la famille au moment de l’adolescence. » Après tout, c’est tout de même au cours de cette période que ma grande soeur à connu les douces profondeurs de l’alcool, pour ne plus jamais en décrocher, au cours de la mienne, j’ai fait criser mes parents catholique à bien des reprises, avec l’unique envie de les pousser à bout, par plaisir de les voir sortir de leurs gonds. « Peut-être que Charles sera celui qui va remonter le niveau de la famille, même si vu les antécédents qu’on a, il sera plus du genre à m’en faire voir de toutes les couleurs … » Il est préférables de ne pas voir la réalité en face, une décennie sur terre et il est déjà en train de vivre un moment difficile dans sa vie, d’ici quelques années, il y a de forte chance que tous ces souvenirs soient en mesure de décupler les conneries que l’on est capable de faire avant d’arriver à l’âge adulte.

« Non, aucun enfant, sauf si mon chat compte comme un ? » Un sourire est en mesure de venir se présenter à mon visage, amusé par la remarque qu’elle est venue apportée à ma réponse, alors que dans le fond, je peux comprendre ce qu’elle vient de me dire. La famille Weaver a déjà eu l’occasion de partager le foyer avec des animaux de compagnie, quand bien même, ce ne fut pas mon cas dès l’instant où j’ai pris mon envol, mais je sais à quel point ces petites bêtes peuvent devenir un membre à part entière d’une famille. « Il n’y a pas de raison que ça ne compte pas, faut s’en occuper, les nourrir, les soigner quand ils se font mal … » C’est accompagné d’un rire que je suis en train de m’exprimer, mes doigts contre le verre, faisant tourner ma bière contre le bois de la table. « Ca fait longtemps que tu l’as ? » Il y a une part de moi qui ne peut s’empêcher de se demander si Charles ne va pas finir par ressentir le besoin d’un animal de compagnie, va-t-il préférer les chats ou les chiens ? Des questions que je me pose dans la seconde, mais qui disparaissent aussitôt. L’occasion est sur la table pour revenir dans le passé, de nombreuses années en arrière, pour remettre les pieds dans la période de l’adolescence, du petit con que j’ai pu être à l’époque et de l’idée de ce qu’il peut m’attendre d’ici quelques années avec le fils de ma petite soeur, je suis loin d’avoir hâte de vivre ce moment. « Ah oui ? Et comment était un jeune Nathanael alors ? » Ma bière est désormais vide de tout contact avec moi, pour laisser ma main arriver au contact de ma joue, pour laisser mes doigts frotter cette très fine barbe que je porte, non sans un rictus au allure de grimace qui se présente à mon visage, mais une grimace amusé par les souvenirs. Dans le fond, ça me fait du bien d’oublier quelques instants les tourments que la vie à décidé de mettre sur mon chemin au cours des derniers mois, un peu de légèreté accueilli avec le plus grand plaisir. « Rien qui pourrait permettre à la police d’ouvrir de vieilles affaires non élucidées. » Une information qu’elle n’a pas demandée, mais que je me permet de lui donner, avec un rire qui franchit une nouvelle fois la barrière de mes lèvres. « Comme beaucoup d'adolescents j’ai envie de dire, j’avais envie de faire chier mes parents, j’ai beaucoup profité des gardes de mon père pour faire le mur dans le dos de ma mère … » Des fuites temporaires de la maison familiale qui ont souvent été dans l’ignorance, mais qui quelquefois ont été avec la plus grande gentillesse balancé par ma propre fratrie, mais pas seulement. « Et étrangement, à chaque fois que j’ai été pris la main dans le sac, c’était souvent lui qui s’en rendait compte, j’ai jamais réellement su comment il s’y prenait pour ça … » Avec la nouvelle génération, cela semble beaucoup plus évident de s’y prendre, avec les téléphones équipées de la géolocalisation, tout devient beaucoup plus simple, mais c’est un gadget parental qui n’existait pas à l’époque, pour un talent que mon père avait sans le moindre doute. « C’était d’ailleurs jamais très beau que nos chemins se croisent à ce moment-là … » Mon caractère est similaire au sien, avec la connerie de l’adolescence en plus dans l’équation, plus d’une fois la voix est montée entre nous, par ma faute, avant que je me retrouve avec des punitions que je ne crois pas avoir un jour réellement purgées.

« Peut être que quand il rentrait de garde il venait toujours checker si t'étais couché ? » Je ne peux masquer ce rire qui est en train de s’échapper de mes lèvres, pour une histoire vieille de vingt-cinq ans, à laquelle je ne cherche plus réellement de réponses, parce que celles-ci ne me seront aujourd’hui d’aucune utilité. Sans doute au moment de la période et de la crise d’adolescence de Charles, c’est une question qui reviendra, que je prendrais mon téléphone pour poser la question à mon père, pour le moment, cette réponse je ne le souhaite pas.  « Peut-être, en tout cas, il m’a forcé à ruser de plus en plus à chaque fois et de me planter plus souvent que réussir … » A dix-sept ans, on se sent invincible, plus d’une fois j’ai pensé être intelligent dans ma démarche et réussir à prendre à contrepied mon paternel, ne pas réussir à être pris la main dans le sac, durant toutes ces soirées où j’ai pris la poudre d’escampette pour rejoindre des amis, pour jouir des plaisir d’un alcool de manière illégale, également pour rejoindre des filles de temps à autre. « Ah oui quand même, je vois aussi que Charlie est déjà sur la bonne voie en commençant déjà à fuguer de l'école. » A nouveau un rire est en train de franchir la barrière de mes lèvres, je ne connais pas Blair, tout du moins, si nos chemins ont l’occasion de se croiser régulièrement, je suis bien loin de connaitre la femme qu’elle est, mais elle ne manque pas de répartie, ni même d’humour. Je ne peux empêcher une main de s’approcher de mon visage, laissant mon pouce aller et venir à deux ou trois reprises au niveau de mon menton. « Pourtant, je ne lui ai pas donné la moindre astuce pour y parvenir … A vrai dire, l’école primaire, j’ai jamais essayé de m’y enfuire … » Une réflexion qui ne peut qu’en entraîner une autre. « On est d’accord, je devrais commencer à réellement m’inquiéter pour ce qu’il va réussir à inventer à l’avenir ? » C’est une question que je suis en train de lui poser, sans réellement attendre de réponse de sa part, après tout, j’ai encore quelques années devant moi, pour avoir le temps de voir venir, quand bien même, cette fugue de l’école aujourd’hui est une conséquence de ce qu’il traverse, de cette vie qui est tragique avec lui. « Et quand l'adolescence est passée, ça c'est arrangé avec ton père ? » Ce sourire est marqué sur mon visage, alors que mes iris trouvent place en face de moi, me permettant de voir Blair, toujours assise sur sa chaise, qui semble intrigué par le Nathanael post adolescence. « Oui, ça c’est arrangé, heureusement. » Je l’ai maudit, je l’ai haïe, j’ai eu l’envie plus d’une fois de le frapper, je l’ai même insulté à plusieurs reprises, mais uniquement sous le coup de la connerie de l’adolescence, parce que dans le fond, il est mon modèle, il est mon héro et il m’a donné l’amour d’un métier qui est devenu ma vie. « On parle de moi, de mon père, mais tu n’as vraiment rien fait au cours de ton adolescence ? Même après ? » Je ne peux pas croire à une période où elle n’a pas bougé une oreille face aux tourment d’une crise que tout le monde passe, j’ai l’envie de croire qu’elle a quelque facette cachée face à ce qu’elle laisse entendre.

« Désolé ! Déformation professionnelle ! » Un sourire est de mise sur mon visage, un sourire éphémère, bien rapidement masqué par cette bière qui est au contact de mes lèvres, pour me laisser apprécier une longue gorgée. Puis-je lui en vouloir de toute potentielle déformation professionnelle ? Pas le moins du monde, je n’ai rien à voir avec un enquêteur, résoudre des affaires criminelles n’est pas de mon ressort, mais les gestes de sécurités, sont un réflexe, comme par exemple, repérer les extincteurs dans les lieux où je peux mettre les pieds, savoir comment m’y prendre pour agir en cas d’incendie. « J'étais obligée d'obéir, mon beau père n'était pas une personne tendre, mais je pense que ma plus grande rébellions est que je sois venu m'installer à Klamath Falls, loin du Wyoming où ma famille habite. Ma mère m'en veut encore et ne me parle plus depuis que je suis arrivée ici. Mais au moins, j'ai retrouvé mon père biologique, qui lui, veut bien me parler. » Mon regard est en direction de la policière qui est en train de me faire face, chacun de ses mots parvenant à mes oreilles, laissant place à une histoire de famille, comme quoi, peu importe le nom que l’on porte, tout le monde traîne avec lui des valises que l’on aimerait bien garder caché dans un placard ou sous un lit. « Du Wyoming, hein ? Il y a quoi, dix-huit ? Dix-neuf heures de route ? » Deux possibilités que je suis en train de prononcer, sans même avoir une certitude, des propositions qui me semblent juste entre l’état de l’Oregon et celui du Wyoming. « Alors comme ça, ton père biologique est à Klamath Falls ? Et … Pourquoi ta mère ne veut pas que tu le vois ? Ou … Pourquoi ton beau-père ne veut pas que tu le vois ? » Des suppositions que je suis en train de faire, alors que je m'accorde à nouveau le plaisir de me laisser porter par la saveur de la bière qui est en train de se répandre dans ma bouche, appréciant les bulles de cette boisson alcoolisée. « On dirait bien qu'on a tous les deux des problèmes de famille. » Une constatation que je ne peux masquer à travers un sourire, qui se présente à mon visage, une pensée que je n’ai pas eu de mal à avoir, en l’entendant me parler de sa période de rébellion. Ma main de libre n’est plus au contact du bois de la table, mes doigts sont posés contre ma joue, pouvant sentir cette barbe, aussi légère soit-elle, que je porte. « Je pense que c’est ce qui fait le charme de chacun … » Sans doute un moyen, comme un autre, de voir du positif à travers les différents drames familiaux qui peuvent exister dans le monde et le pire c’est que les nôtres sont infimes par rapport à certains. « Tu as toujours connu ton père biologique ? » Une question que je ne peux retenir, que je ne peux garder pour moi, alors que mon regard se pose à nouveau sur le visage de Blair, à la recherche de réponse, à la fois pour en savoir plus sur elle et en même temps, pour me permettre d’avoir des réponses pour Charles. Ce petit garçon est désormais condamné à grandir sans la présence de sa mère, que la vie a décidé de lui retirer, sans la chance de pouvoir connaître son père, aussi connard soit il et de grandir auprès de son oncle.