Le bruit de mes talons résonne dans cette cage d'escalier alors qu'un sac de course trône dans ma main. Une sortie relativement rapide, mais qui m'empêche de devenir folle dans cet appartement que j'ai pourtant bien du mal à quitter, le coeur trop lourd depuis plusieurs jours. Dernier marché de gravis, je me tourne vers la porte de ce loft que je n'ai finalement pas quitté, le figeant face à cette silhouette que je connais bien assise sur mon paillasson. “Rowan ? Mais qu’est ce que …” Totalement coupée dans mon élan, je vois le jeune garçon se lever et foncer droit sur moi, dans un câlin pourvu d'une infinie tendresse alors que mon sac fini au sol. Mes deux bras viennent étreindre ce petit blondinet, caressant son dos alors qu'une larme s'échappe sur ma joue. Je fini par m'accroupis face à lui, un mélange d'incompréhensions et de bienveillance dans le regard alors que je glisse ma main sur sa joue. “Qu’est ce que tu fais là mon chat ? Tout va bien ?... Ton oncle est avec toi ?” Une pensée saugrenue je le sais, mais qui me pousse à regarder autour de moi, faisant naître une lueur d'espoir malsain dans mon cœur. “Non je suis venue tout seul … je voulais te voir.” Une réponse des plus pur, des plus innocentes qui me brise le cœur en même temps qu'elle me le réchauffe. Malheureusement Rowan fait partie des dommages collatéraux de notre rupture. Un petit garçon auprès de qui je me suis énormément attachée de par sa douceur, mais aussi son vécu et qui subit également quelque chose de soudain qu'il ne doit pas totalement comprendre. Je le prends à nouveau dans mes bras après lui avoir glissé un baiser sur la joue. "Je suis contente de te voir." Je ne sais pas comment Rowan est venu ici, ni pourquoi Nathanaël à accepter de me laisser voir le petit, mais c'était exactement ce dont j'avais besoin pour me redonner le sourire. Rapidement un éclair de lucidité me traverse l'esprit alors que je plonge des iris bien plus sérieux dans le regard de cet adolescent en devenir. “Rowan, mon chéri … Rassure moi ton oncle sait que tu es là, n'est-ce pas ?” Un long silence s'installe alors que la culpabilité gagne ses iris. Mes yeux se ferment, n'imaginant pas l'état dans lequel doit être son oncle, mais surtout avec l'espoir de contrôler ce cœur qui pas trop fort devant la perspective de devoir prendre contact avec l'homme que j'aime encore. "Rowan …" Un soupir s'échappe de mes lèvres alors que je prends une profonde inspiration, replaçant un sourire sur ces dernières. "Tu sais quoi ? Et si je te faisais un bon chocolat chaud le temps que je contacte ton oncle pour qu'il vienne te chercher ?" Je vois à son regard qu'il n'est pas forcément d'accord avec ma décision, mais je ne lui laisse aucun choix. Je prends alors le temps de sortir mon téléphone du sac, de glisser un message au lieutenant le coeur au bord des lèvres, avant de finalement récupérer mon sac et ouvrir cette porte, camouflant cette anxiété que je ressens à la perspective de le revoir.

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« Putain Rowan, tu me fais plus ça … » Porte ouverte, je tiens la poignée avec un peu trop de force, alors que mon cœur s'emballe, mais que mon regard est concentré sur le destinataire de cette réprimande. « Tu m’as fait peur. » Une voix que je n'avais pas entendu depuis des jours, des semaines et qui me trouble toujours autant malgré le caractère particulier de la situation. « Merci de m’avoir prévenue, je suis désolé … » Une tête qui se tourne vers lui, plongeant mes iris dans les siennes, sourire pincé sur les lèvres alors que ma gorge se noue et que je peine à déglutir. “Tu n'as pas à me remercier c’est normal … Je suis désolée pour la frayeur que tu as dû avoir, je ne sais pas ce qui lui est passé par la tête … “ Gorge serrée, larmes aux bords des yeux et coeur qui bats à tout rompre, je peine à soutenir le bleue de ses yeux, bien trop meurtrie de ce que nous sommes devenus, de cette distance entre nous. Des étrangers, voilà ce que nous sommes. Un étranger que j'aime encore éperdument et vers qui je voudrais courir dans ses bras, retrouver la chaleur de sa peau et la douceur de ses baisers, mais je n'en fais rien restant là, fermant la porte derrière lui. Nous ne sommes qu'un souvenir, un passé qui restera à jamais gravé dans ma chair pour un présent qui ne me donne plus goût à rien, bien trop marqué par ce manque. Finalement je me tourne vers Rowan, me mettant une nouvelle fois à sa hauteur, lui tenant les épaules de manières la plus douce possible. “Quant à toi jeune homme, ne t’avise plus de partir comme ça sans prévenir … Il aurait pu t’arriver malheur dehors et jamais je ne me le serais pardonnée …” Ma main est de nouveau présente sur sa joue alors que mon regard est fermé tel celui d'une maman réprimandant son enfant, alors que ma voix, quant à elle, fait preuve d'une douceur infinie.

 

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Silence de ma part. Je décide de ne pas m'immiscer dans la conversation entre Rowan et son oncle. Une conversation familiale qui ne me concerne pas, comprenant bien que je n'y ai pas ma place, ou tout du moins plus ma place, même si je dois bien avouer que la détresse de l'enfant me déchire le cœur. « Mais moi je ne devrais pas avoir à subir vos histoires, j’ai pleins de copains qui ont des parents divorcés et ils continuent de voir leurs deux parents, pourquoi moi je pourrais pas continuer à passer du temps avec tous les deux ? » Un pincement se fait ressentir dans ma cage thoracique alors que je connais déjà l'issue de cette discussion, que je sais que nous ne sommes pas des parents divorcés et qu'agir ainsi, ne serait probablement pas une bonne idée, du moins aux yeux du pompier. Mais en même temps je ne peux m'empêcher de me le mettre à la place du jeune adolescent, lui qui n'a rien demandé et qui subit les conséquences d'une décision de grande personne. « C’est ce que tu veux ? » « Oui ! J’adore Dana, mais je préfère être avec Naya à chaque fois que tu n’es pas là et ça arrive souvent en ce moment, j’ai passé plus de temps avec ma cousine qu’avec toi, pourquoi j’aurais pas le droit de venir ici ? » Mes sourcils se froncent alors que je me rappelle des messages de détresse du bonhomme. Une situation que je pensais résolu, mais qui ne l'est apparemment pas alors que mon palpitant se met à battre plus rapidement. Une accélération dans mon torse, mélange d'attendrissement dû aux mots de cet enfant auquel je me suis attachée avec une rapidité bien trop grande, mais aussi de douleur de voir à quel point notre rupture à affecté cet adorable petit bout. « Qu’est-ce que t’en penses ? » Une question qui m'est destinée alors que je quitte Rowan des yeux pour retrouver le bleu des iris de l'homme que j'aime. Pour une réaction de ce maudit palpitant qui ne se fait pas attendre, mais surtout pour des sourcils qui se froncent encore un peu plus, face à la surprise et à l'incompréhension dont je fais preuve en ce moment. Me prenant de cours face à cette issus que je pensais connaître. "Euh … je ne suis pas contre l'idée mais …" Je me stoppe dans mon élan, ne voulant pas en dire trop devant Rowan pour ne pas le blesser, ou pour ne pas lui donner de faux espoirs. Mes yeux tombent finalement sur lui, sur ce jeune homme dont le regard pétille, attendant une réponse qu'il espère positive. Je m'agenouille de nouveau devant lui, léger sourire aux coins des lèvres tandis que je dépose ma main sur son bras, mon pouce caressant le tissu qui recouvre sa peau. "Mon chéri, tu veux bien nous laisser discuter un instant s'il te plaît ? Tu as le droit de prendre un biscuit et de te mettre devant la télévision si tu veux." Je dépose un baiser sur la joue de Rowan avant de le laisser partir, cœur qui s'embrase à chacun de ses pas, me laissant seule avec le lieutenant pour la première fois depuis bien longtemps. Je prends une profonde inspiration, essayant vainement de masquer ce trouble qui me gagne, cette voix tremblante que je veux camoufler alors que je peine à soutenir ses iris, bras qui revient autour de mon corps tel une forteresse  bien inutile."Je ne suis pas contre l'idée de le garder, bien au contraire même, mais …" Je marque une courte pause alors que l'une de mes mains vient replacer nerveusement une mèche de cheveux pourtant bien en place. "Je ne veux pas que tu te sentes forcé concernant Rowan … Je ne suis personne pour lui alors je comprendrais que … Que tu préfères que je garde mes distances avec lui … Avec vous." Regard fuyant, le volume de ma voix est faible, comme pour garder notre conversation secrète, mais surtout car je peine à parler au lieutenant. Une conversation qui m'est bien difficile tant elle est imprévue, mais surtout tant elle fait écho à notre dernière conversation. Une conversation qui s'est finie en un fracas phénoménal et en un cœur qui demeure encore meurtri aujourd'hui.

 

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Qui aurait prédit que cette fin de journée serait si improbable. Qu’elle me forcerait à faire face à l’homme que j’aime, malgré une rupture et malgré cette froideur horriblement présente entre nous. Personne n'aurait pu prédire cela, sauf peut-être l’initiateur de tout ça, Rowan. Mon regard se pose de nouveau sur lui, me permettant d’éviter celui de son oncle qui continue d’enflammer ce palpitant meurtrie. Une discussion étrange sur la suite de notre vie, sur ma volonté ou non de continuer à voir cette petite tête blonde à laquelle je me suis déjà bien trop attachée. « Je crois qu'au-delà de ce que je veux ou de ce qui est bon pour nous, il est déterminé. On a eu son âge nous aussi et on sait tous les deux que s’il veut te voir, il te verra, il n’y a pas meilleure preuve que maintenant. » Je ne peux m'empêcher de laisser un petit sourire pincé se poser sur mes lèvres devant cette prise de conscience. Devant l’envie du jeune garçon de continuer à m’avoir dans sa vie. “Je le sais, mais tu as tout de même ton mot à dire …” Je déglutis avec difficulté reportant mon regard sur les iris azur du pompier, attendant son verdict final quant à la situation. « Je préfère qu’il le fasse avec mon accord, plutôt qu’il me le cache. » Une situation qui semble prendre une tournure étrange, celle d’une acceptation de sa part que je fasse toujours partie de la vie de Rowan, alors que j’aurai pourtant parié le contraire. “Je m’excuse encore, je ne pensais pas qu’il ferait ça dans ton dos et pourtant … j’aurai dû m'en douter au vu de ses messages …” Un aveu que je lui fais sur ces échanges de sms que nous avons déjà eu Rowan et moi. Des sms qui laissaient totalement présager de sa frustration et de sa douleurs concernant notre rupture et pourtant, je pensais naïvement que cette peine allait lui passer. « C’est ta décision, si tu veux qu’il reste dans ta vie, je ne m’y opposerais pas. » Un dernier regard sur le blond qui nous fixe depuis le salon, avec l’espoir que tout s’arrange sûrement. J'émet un soupir avant de revenir sur Nathanaël, chuchotant presque pour ne pas que des oreilles indiscrètes entendent mon propre verdict. “Je tiens à Rowan. Je tiens sincèrement à lui peu importe ce que tu crois, alors je ne dirais jamais non à l’idée de le voir, surtout si c’est ce qu’il veut.” Je marque un temps d’arrêt dans ma réponse avant de reprendre. “Je ne veux juste pas que tu lui en veuille de vouloir me voir … Ou que tu penses que je le fais pour de mauvaises raisons car ce n’est pas le cas.” Ma tête se baisse, honteuse, alors que je ne le devrais pas, mais je sais ce qu’il pense. Je sais ce qui se cache dans la tête du lieutenant et je comprends ses réticences face à cette vérité que j’aurai dû lui dire bien avant pour le pas créer ce quiproquos dans son cerveau. “Du coup … nous sommes d’accord pour qu’il passe certaines garde chez moi ? Je te laisse le lui annoncer ...” Une voix interrogative alors que je détourne le regard une fois de plus, regardant Rowan alors qu’un sourire tendre se dépose sur mes lèvres. “Tu peux venir mon chéri, nous avons fini d’en parler.” Je vois le jeune garçon se lever à la hâte pour venir à mes côtés, glissant soudainement sa main dans la mienne avec un espoir plus que visible d’obtenir ce qu’il désire.