Je dois admettre que ce déménagement m'excite autant qu'il me stress. Cela fait bien longtemps que je n'ai plus laissé quelqu'un entrer dans mon cœur et pourtant cet homme, mon homme, à réussi à briser toutes mes défenses au point de s'insinuer dans ma vie. Une vie de solitude qui est en train de prendre un autre tournant comme en témoigne ses cartons jonchant le sol. Carton vide, carton plein, affaire en vrac un peu partout, si quelqu'un rentrait dans ce qui s'apprête à devenir mon ancien appartement, il penserait probablement qu'une tornade l'a précédé et pourtant non, ce n'est que Nathanaël et moi défaisant peu à peu plusieurs années de vie, pour finalement construire la nôtre ailleurs.

La salle de bain, véritable temple pour la femme coquette que je suis, surtout le soir lors de mes passages au cabaret ou j'arbore des styles plus pailleté, plus féerique. Des styles qui nécessitent une quantité monumentale de produit comme en témoigne cette tonne de maquillage qui trône près du lavabo. Un trie que je fais en même temps découvrant des affaires qui n'ont rien à faire là d'ailleurs. "Mais … ça fait des mois que je le cherche ! Ça c'est à ranger dans les cartons de la chambre, pas ici …" Un timbre de voix stressé devant la multitude de choses qui me reste à faire alors que la date de notre emménagement approche et que les premières visites pour la vente de mon loft également. Je me retourne, ne faisant pas attention à la présence de Naël derrière moi alors que la collision est inévitable. "Désolée chéri je …" Une phrase que j'arrête sentant les bras de Naël sur mes épaules, geste qui m'apaise instantanément alors qu'un soupir s'échappe de mes lippes. L'air amusé du lieutenant me fait sourire alors que ce dernier me prend l'objet des mains, cherchant à me rassurer, à distribuer les tâches de manière méthodique. Moi la salle de bain, lui la chambre. "Tu sais que tu es le meilleur ?" Je lui rends son sourire avant d'embrasser ses lèvres, me sentant chanceuse de l'avoir dans ma vie, avant de le regarder partir, non sans un coup d'œil malicieux sur son corps avant de finalement me remettre au travail, plus légère, plus souriante, fredonnant même une petite chanson.

La salle de bain bientôt terminée, je marque une pause plutôt fière de moi jusqu'au moment où j'entends un léger bruit de fracas, un quelque chose tombé au sol qui me fait froncer les sourcils, alors qu'une légère angoisse s'empare de moi. Je sais je Naël est guéri, que son corps s'est rétabli et que sa prochaine garde n'est autre que demain, mais je ne peux empêcher cette inquiétude de pointer le bout de son nez dans mon cœur, ne voulant pas le voir blessé de nouveau, ayant eu bien trop peur la première fois. "Ça va chéri ?" Une phrase que je prononce en me dirigeant d'un pas vif vers la chambre. "J'ai entendu quelque chose tomber tu ne t'es pas fait mal ?" Arrivé dans l'embrasure de la porte je vois Nathanaël, genoux au sol avec plusieurs effets éparpillés sur ce dernier. Son regard se relève sur moi, mais il n'est pas comme d'habitude, il n'est pas comme il y à tout juste quelques minutes, non il est différent, plein d'incompréhensions. "Mon coeur ça va ? Qu'est ce qu'il y à tu as mal quelque part ?"  Devant son mutisme, je m'approche de lui en douceur, regardant mes effets dans l'espoir de trouver un indice, alors que ce que je vois me glace soudainement d'effroi me figeant sur place. Une boîte, une simple boîte à chaussure quelque peu décoré renversé et des effets que je ne connais que trop bien éparpillés partout. Un billet de concert pour Lynyrd Skynyrd ou je me suis rendu avec Dan au début de notre relation , la petite gourmette de baptême de Mia que j'ai conservé avec soin tout comme sa première petite basket, mais aussi des photos, des tas de photos dont une que tient Naël entre ses mains. Non … Je n'ai jamais jugé bon de parler à Naël de ma vie d'avant, de parler de cette adorable petite fille que j'ai perdu, de parler de mon défunt mari qui lui ressemble trait pour trait, ne sachant pas comment aborder ce sujet bien trop douloureux, mais surtout ayant peur de le faire fuir. Sauf que cette fois, bien malgré moi, la vérité ressurgit d'un coup me laissant le souffle coupé. "Chéri ce n'est pas …" Ce n'est pas ce qu'il croit ? Voyons Naya, c'est exactement ce qu'il croit… "Je … J'ai pas …" Je sens ma gorge se nouer, enrayant toute tentative pour prendre la parole alors que la seule chose que j'arrive à faire, c'est de ne rien faire justement. De rester là debout, mon regard alternant entre le bleu de ses yeux et les affaires présentes au sol, attendant presque qu'il me livre ce qu'il à dans la tête, avec l'amère sensation que notre relation ne sera plus jamais la même après ça.

TW : Accident de voiture mortel (adulte + enfant)

La situation est en train de prendre une proportion surréalise, un tournant imprévu qui est en train de ravier des souvenir bien trop noir pour un cœur qui n'a jamais cicatriser de tout cela. Une douleur annonciatrice d’un drame à venir alors que je peine à regarder le visage de cet homme que j’aime, mais qui est en train de découvrir un passé que j’ai tant cherché à enfermer à double tour. « Qui c’est ? » Je sens le regard glacial du pompier sur moi, un regard que je fuis, mais qui me donne l’impression d’être traversée par une épée, une épée dont la lame froide est en train de fissuré un cœur à peine reconstruit. Une larme roule sur ma joue alors que je m’accroupis au sol, récupérant cette petite boite avant de ramasser lentement certains objets, laissant ma gorge se serrer alors que je suis dans l’incapacité de parler, malgré une volonté de tout lui expliquer.  « Naya, ce gars c’est moi, qui c’est ? » Mes yeux se ferment soudainement, avec force alors que j’aimerai remonter le temps. “Je sais …” Un simple murmure, alors que je récupère le bracelet de Mia dans mes mains et que je le sers fort, baissant de nouveau la tête pour étouffer un sanglot, cherchant à retrouver par tous les moyens de la contenance.   C’est quoi tout ça ? » Ma tête se lève, regardant un instant le plafond avant de prendre une profonde inspiration et de plonger ce regard ténébreux dans les iris glaciales de l’homme qui fait battre mon cœur depuis des mois. “Mon passé …” Une voix tremblante qui émane de ma gorge ne me laissant qu’une sensation de brûlure dans le corps à mesure des mots que je prononce. Je dépose le bracelet de Mia dans la boîte, avant de venir prendre la photo des mains de Nael en douceur et d’y plonger mon regard, une larme venant s’y écraser et y créer une tâche un peu plus sombre. “Il y à de nombreuses années j’ai rencontré un homme à la suite de l’un de mes spectacles. Il s’appelait Dan. Drôle, beau garçon et très avenant … Je suis totalement tombé sous son charme et ce qui n’était qu’une histoire d’un soir s’est transformé en une histoire de plusieurs semaines, de plusieurs années …Il à fait irruption dans ma vie dans une période qui ne me rendais pas fière et m’a fait remonté la pente même si pour cela j’ai du quitté un milieu qui me faisait me sentir vivante, mais à l'époque je trouvais ça normal de laisser une partie de moi en arrière ...” Ma lèvre inférieure vient trouver refuge entre mes dents alors que je sens plusieurs larmes suivre le chemin de la première. Larmes que je tente d’essuyer d’un revers de main, mais qui reviennent sans cesse au coin de mes yeux, laissant ces derniers rougir anormalement. “Une histoire qui nous à mené à nous marier et à avoir une petite fille ensemble … Mia… Elle est belle n’est-ce pas ? Elle aurait eu 11 ans cette année …” Je ne réfléchis plus vraiment à mes propos, la douleur prenant possession de tout mon être alors que les images de l’accident sont en train de me revenir en mémoire. “Une vie en apparence idyllique, mais qui à pris un tournant bien dramatique quand … quand ... ”  Ma voix déraille soudainement, alors que je me force à contenir cette peine qui ressurgit brusquement. Une peine que j’avais enfoui ne voulant plus ressentir cette douleur effroyable. Cette culpabilité que je porte et ce manque que j’ai mis longtemps à combler. “Nous avons eu un grave accident de voiture un soir … J'étais au volant et ... Et je ne sais pas ce qu'il s'est passé. Je jurerais que le feu était vert et pourtant un camion est arrivé sur notre droite et … et…” Je n’y tiens plus et des sanglots bruyants s'échappent de mes lèvres, laissant mon chagrin sortir sous le regard du Lieutenant qui ne dois rien comprendre à ce qu’il se passe alors que ma main se serre, froissant la photo que je tiens avant de la placer tout contre mon cœur. “Je sais que j’aurai dû t'en parler … Mais je n’ai pas pu. Rien que d'y penser … Si je n’avais pas … si j’avais été plus …  ils seraient encore de ce monde … Ma fille serait encore avec moi et je pourrais la voir grandir, mais au lieu de ça, je dois vivre chaque jour avec sa mort sur ma conscience… Alors j’ai préféré tout enfouir au plus profond de moi pour tenter de ne plus avoir mal…. Je suis tellement désolée … ” Ma tête se baisse et mes yeux se ferment laissant un torrent de larmes s’évacuer, nous laissant dans un silence pesant, alors que mon palpitant s’écrase dans ma poitrine à mesure que tous ces affreux souvenirs ressurgissent, comme une blessure béante que j’ai cru fermé, mais qui en faite encore ouverte comme au tout premier jour.

« Oui, t’aurais dû m'en parler. » Mes paroles se retrouvent coupées par la voix glaciale de Nathanaël. Mon visage retrouve vite le sien alors que je plonge mes iris dans les siens avec rapidité, ne reconnaissant pas cette lueur qui émane de ce dernier, ni le timbre de sa voix normalement si doux. Ma bouche s’entrouvre prête à riposter, mais aucun son ne sort, du moins aucun son ne sort de mes lèvres.« Tu réalises ce que tu m’as caché ? Alors que tu connais tout de moi ! Je t’ai laissé entrer dans ma vie, sans barrière pour qui tu es. Je suis quoi dans tout ça ? Je suis qui ? » Sa colère se fait de plus en plus grande alors que je me sens comme paralysée, que je sens mes yeux me brûler, mes sourcils se froncer et que ma bouche reste ouverte à m’implorer de parler, sans qu’aucun mot ne daigne sortir. “Nael je …” J’ai peur. La situation m’échappe, prends un tournant irrémédiable et moi je reste là, essayant de faire le claire dans mon esprit, de trouver les mots pour le rassurer tout en gérant cette brèche ouverte dans mon cœur. Cette brèche correspondant à mon passé qui s’agrandit à chaque mot qu’il prononce. « Je ne suis pas lui et je ne serais jamais lui. Tout ça, c’était pas une bonne idée. » Mes sourcils se froncent et une larmes cède et longe ma joue alors que je sens mon menton vibrer, comprenant enfin ce qu’il à en tête, ce qui me faisait peur depuis le début et ce que j’ai cru pendant un court instant, ce que j’ai pensé avant de découvrir l’homme formidable, l’homme qui m’a totalement fait oublier Dan, malgré cette ressemblance frappante.  “Quoi ? … Non attends ce n’est pas ce que …” Je me glisse face à lui, le forçant à capter mon regard avec un mélange de peur, mais également de détermination.  “Oui, vous vous ressemblez énormément et c’est d’ailleurs pour ça que je suis tombée dans les pommes la première fois que je t’ai vu … J’ai clairement cru voir un fantôme et ça m’a totalement retournée mais … Mais votre ressemblance s’arrête là …” Des larmes coulent sur mes joues, laissant des traces grisâtres sur ces dernières dues à ce très léger maquillage que je porte. De manière inconsciente, je dépose mes mains sur les siennes, voulant capter son attention, voulant appuyer mes propos, lui montrer que j’ai conscience qu’il n’est pas lui, mais qu’il n’y à que lui dans mon cœur. Un acte symbolique, mais qui m’angoisse sachant pertinemment qu’il peut me repousser à chaque seconde.  “Vous n’avez rien en commun Dan et toi … Dès le premier jour tu as sû voir la véritable Naya et tu l’a accepté, sans concession. Tu m'acceptes avec mes qualités, mes défauts, mais aussi ce milieu si particulier qui représente toute ma vie … “ Je sens ma voix tressauter sous le coup d’une émotion que je n’arrive plus à contrôler.  “Tu es tendre, doux, secret et tu as ton propre caractère, ton propre regard et c’est de toi dont je suis tombé follement amoureuse Nael … pas d’un fantôme, de toi. Je sais que j’aurai dû te le dire dès le début, mais j’avais peur … peur d'avoir mal, peur de te perdre alors j’ai attendu comme une idiote et … après j’ai eu l’impression qu’il était trop tard … J’avais peur de … peur de ça.” Mes mains quittent les siennes pour désigner la pièce, pour désigner ce moment que nous vivons. Un moment charnière qui m’écrase le cœur à chaque mot comme autant de coups de marteau. Oui j’avais peur de ça, de lui qui me crois amoureuse de Dan, qu’il ne pense être qu’un fantôme, que l’ombre d’un homme alors qu’en réalité Dan n’est que l’ombre de ce lieutenant qui me fait face. “Chéri je t’en supplie tu dois me croire … Mon passé ne joue aucun rôle entre nous et il n’en à jamais joué...”  Une supplication que je lance à ce lieutenant, un cris du coeur pour un homme qui à su se hisser dans mon coeur à une vitesse folle. Un homme qui est devenu le seul homme que je suis capable d’aimer, le seul homme que je suis capable d’aimer de manière inconditionnel, de manière aussi pure … d’une manière dont je n’ai jamais aimé Dan.

TW : Rupture, mention de décès (enfant, adulte), fantôme du passé, injure

Suppliante, voilà comment est le timbre de ma voix. Implorant sa compréhension, son pardon, ne voulant pas voir une réalité qui pourtant se confirme de seconde en seconde, alors que, bien que difficile, mon flots de parole ne diminue pas, voulant lui faire prendre conscience de l'importance qu'il à pour moi. Voulant lui faire prendre conscience que ce n'est pas Dan que je vois en le regardant, mais que c'est lui et que c'est avec lui que je veux faire ma vie. « ET QUOI ? Je ne suis que le mélange de ton mari, mais au moins j’accepte qui tu es, en réalité tu me vois juste comme tu aurais aimé qu’il te voit, j’en ai de la chance. » Je ne parviens pas à contenir ce flot de larmes qui se fait de plus en plus présent sur mon visage, sillonnant mes joues d'un gris des plus ternes et marbrant mes yeux de rouge. "Non, ce n'est pas …. Tu n'es pas …" Trop à fleur de peau, trop tétanisée par la situation, je peine à finir une phrase alors que tout ce que je veux c'est qu'il se voit comme moi je le vois, car hormis à notre premier rencontre, rien de Naël ne me fait penser à Dan. Il est lui et je l'aime pour ça… Sauf que mon silence va nous être fatal, mais il est bien trop tard pour le regretter. « Pourtant tu ne m’as rien dit. » Je lève les yeux vers lui, alors que je le vois esquisser un mouvement de recul, le voyant se tourner comme pour partir de ce lieu, pour partir loin de moi. "Au début, il était hors de question que je t'en parle car nous étions … Enfin je ne sais pas ce que nous etions … Mais après, quand tout est devenu sérieux entre nous, tu m'as totalement fait oublier Dan, tu le comprends ça ? J'ai toujours tout fait pour essayer d'oublier tout ça, d'oublier cette peine, cette douleur que ce soit par des histoires d'une nuit, par de l'alcool ou pire mais en vain … Et toi … toi tu as su tout gommer, alors oui je pensais à nous, pas à lui et…" Une phrase que je n'ai pas le temps de finir, coupée par ce volte face qui initié, mais surtout pas cette voix grondante de colère qui me fait sursauter et qui finit de réduire mon coeur en miette. « TU VOULAIS QUOI ? QU’ON VIVE ENSEMBLE ? QU’ON CONSTRUISE UNE VIE ENSEMBLE, SANS JAMAIS ME PARLER DE CA ? NON MAIS TU RÉALISES CE QUE TU ES EN TRAIN DE ME DIRE ? TU CROIS QUE JE VAIS ACCEPTER CA ? » Je ne l'ai jamais vu dans un tel état, alors que j'amorce de me relever, chancelante, ayant l'impression de voir le monde s'écrouler autour de moi sans même avoir le pouvoir de changer quoi que ce soit.  « Je peux pas faire ça. Je peux pas être avec quelqu’un qui n’a pas suffisamment confiance en moi pour me parler de ça. Je peux pas … J’ai envie d’y croire … Mais je n’arrive pas à croire que ces larmes sont pour moi. C’est pas moi que tu pleures. » Non … Comme si ma vie en dépendait, je me rue vers cet homme qui est de nouveau en train de quitter la pièce, mais d'un pas bien plus décisif. Il ne peut pas, ça ne se peut pas, je refuse de croire que tout est en train de prendre fin et pourtant, j'ai tous les éléments dans les yeux pour y croire, pour voir que c'est exactement ce qui est en train de se produire. J'attrape son bras avec douceur, me mettant devant lui, la tête qui tourne et la peur au ventre. "Je t'en prie …. Crois moi, je t'en supplie …. Je peux pas, sans toi … C'est toi que j'aime et …. Je ne veux pas te perdre … je t'en supplie ne fait pas ça…. Ne pars pas, ne me laisse pas." Ma voix se transforme en un murmure alors que je sais que ma prise de parole ne rime à rien, une prise de parole ponctuée de sanglots, mais également de coups de poignard lancinant qui ne cesse de remuer ce cœur qui avait pourtant repris vie d'une manière bien imprévue.