Peur incandescente. ft. Marga

❀-with @Marga Mehra | tw: disparition d'enfant.

D’un temps clair à un temps exécrable. De la pluie, pas grand-chose, quelques gouttes qui risqueront juste de te laisser malade, au chaud dans ton lit. Alors, tu marchais paisiblement pour rentrer chez toi, pas si loin que ça, alors tu pouvais affronter trois gouttes de pluie sous ton parapluie, le temps de rentrer. Tu le pensais, mais premier grondement, ton myocarde qui s’accélère presque automatiquement. La panique prenant possession de ton esprit. Que faire ?
Des idées à la con qui jaillisse de ton esprit, mettre tes rollers pour gagner quelques minutes loin du dehors ? Te cacher dans une niche ? Vraiment des idées connes. Mais tu n’as jamais été rassuré par les orages, le bruit et la lumière surgissant de nul part. Tu n’es pas sûre d’où te vient cette peur, surveiller la météo pour prévoir ce genre d’événement depuis toujours, mais ce matin quand tu avais regardé le temps pour aller tourner quelques vidéos pour les réseaux sociaux, ils n’avaient pas prévu ça. Pas la première fois, qu’ils ne voyaient pas les orages et tempêtes arriver avant que ce ne soit déjà là.
Pas après pas dans une course folle, des hurlements à chaque grondement qui frappait quand tu ne t’y attendais pas. Des larmes qui bordaient déjà tes joues, le parapluie abandonné à un tournant de rue, mouillé pour mouillé, seule la vitesse était visée à présent. Tu marchais, sans même capter que tu venais tourner dans une rue que tu connaissais. Tu la connaissais, mais tu l’avais évité depuis quelques mois à présent, alors qu’avant l’enlèvement de ton neveu tu y passais des heures entières à parler avec ta belle-sœur, jouer avec les garçons. Marcher sur des œufs, la peur de blesser un peu plus Marga qui avait sans nul doute vécut l’enfer et le vivait encore. Mais à cet instant, ne comptait que le fait d’échapper à cet orage qui frappait au-dessus de toi. Des éclairs, des grondements, des bourrasques qui te donnaient des frissons. Une voiture qui passa à ça de te renverser, dans ta course folle, tu n’avais pas primé sur la sécurité, que ce soit la tienne ou celle des autres. C’est là, que tu relevas la tête.
Réalisant que tu étais à même pas deux maisons de celle de ton frère, les opales peignant à voir clair avec les gouttelettes d’eau ruisselant de tes cheveux, à tes yeux, à ton visage, puis tes larmes, un mauvais combo, vraiment. Puis, percevant de la lumière dans certaines maisons, mais pas celle de Naveen et Marga, tu te dis que personne n’y était bien que les dix heures du soir étaient déjà là. Tu ne cherches pas vraiment à comprendre, grimpant la palissade en glissant dans la boue juste à la réception dans la cour arrière. La porte arrière était celle où tu pouvais entrer plus facilement par la cuisine, tu avais encore la clef sur ton trousseau. Tu entres vite, essayant de pas mettre de la boue partout alors tu avais quitté tes chaussures, cherchant à avancer, mais tu manquas de trébucher sur un pied de chaise, la douleur de tes doigts de pieds ayant frappé le pied de chaise, te fit hurler. Pas très discrète, tu n’avais même pas songé à ce que qu’il dorme, vu que tu n’avais pas vu de voiture. Cherchant la lumière et là …

BEAUTY WAS YOUR ARMOR FRAGILE STUFF , ALL SHOW . BUT WHAT'S INSIDE YOU ? THAT'S STEEL . IT'S BRAVE AND UNBREAKABLE . AND DOESN'T NEED FIXING .

all my flowers grew back as thorns

— peur incandescente (@Dao Adkins)
tw : disparition d'enfant, grossesse non désirée.
Les pensées s’entrechoquent dans sa tête, en quasi-permanence. C’est déjà le cas depuis deux ans déjà. Difficile de déconnecter son cerveau, relié beaucoup trop à son cœur. Difficile d’oublier Ravinder, difficile de penser à autre chose. Plus difficile encore d’oublier l’inquiétude, le désespoir, le désarroi. Difficile de surmonter tout cela, pour se concentrer sur ceux qui sont là. Esha, Naveen. Si avec sa fille, elle arrive encore à être à peu près une bonne mère, Marga, elle n’est pas sûre d’être une merveilleuse épouse pour Naveen. Ils ont connu des mois de froid glacial. Des mois à se regarder à peine, se parler à peine, ou toujours avec reproches et fracas. Jusqu’à la collision, l’électrochoc, pour changer enfin les choses. Faire prendre conscience à Marga, qu’elle risquait de le perdre à son tour. Pas prête à perdre quelqu’un d’autre. Elle ne pensait pas que la brève réconciliation conduirait à un nouvel enfant. Et pourtant – c’est un bébé qu’elle attend. Le ventre s’arrondit, maintenant ; elle ne pourra plus le cacher bien longtemps. Ne le fait déjà plus vraiment.
La grossesse n’aide pas, cependant. A mieux gérer les choses. A appréhender l’avenir avec le sourire. A être plus optimiste. A garder espoir. Marga, elle ne se sent pas de taille. Pour ce futur enfant qui la pousse à prendre soin d’elle, à faire attention, à se lever, se promener, ne pas se négliger. Pour ce futur enfant qu’il faudra élever, aimer, alors qu’elle n’a même pas su prendre soin de son petit dernier.

Les hormones n’aident pas, non plus. Parfois, elle se sent si triste, Marga. D’autres fois, si irritée, si irritable. Il y a des moments où elle a besoin d’être seule ; d’autres où elle ne supporte pas de l’être. Ce soir, elle est un peu dans cet entre-deux. Naveen n’est pas là, bosse au restaurant ce soir. Esha est couchée, depuis quelques temps déjà. Dort profondément, même. Et elle, Marga, elle reste là, chez elle, dans le canapé, avec ses idées noires, dans la pénombre. Pénombre à cause de la tempête qui bat son plein, dehors. Tempête qui a conduit à une coupure de courant, elle attend maintenant que Naveen rentre à la maison. Elle aurait pu s’en occuper elle-même, mais c’est comme si la force, pour tout, lui manquait. Et puis, ses pensées l’occupent bien assez. La tempête est inquiétante, lui fait penser à Ravinder, lui fait se demander s’il est à l’abri par ce temps. De quoi torturer un peu plus son cœur. Cette tempête, encore, elle lui fait appréhender le retour à la maison pour Naveen – peur qu’il se retrouve coincé là-dedans, qu’il lui arrive quelque chose à lui aussi. Facile de broyer du noir, dans ces circonstances. Plus encore, avec la fatigue qui s’accumule, conséquence d’insomnies, de nuits trop difficiles, aussi à cause de son ventre peu à peu plus rebondi. Elle est là, dans le noir encore, Marga, quand elle entend un bruit. Celui d’une clé qui tourne dans la serrure. Mais pas dans la porte d’entrée. Etonnée, elle se relève, Marga. Inquiète, aussi. Difficile de ne pas penser aux films d’horreur, dans ces circonstances. Difficile de ne pas le penser, quand sa vie même semble ressembler un film d’horreur, de manière générale. Elle ne voit pas pourquoi Naveen voudrait rentrer par la cuisine. Sauf si, par ce temps, c’est plus facile ? Prudente, elle avance lentement vers la cuisine. Finalement, c’est un hurlement qui l’accueille – qui la fait hurler en retour, de surprise autant que de peur. La lune, à ce moment-là, semble percer à travers les nuages, éclairant vaguement la pièce. « Dao ? » demande-t-elle, reconnaissant vaguement sa belle-sœur. Elle constate que c’est bien elle, laissant échapper un soupir de soulagement, main posée sur le cœur. « Tu m’as fait peur. » souffle-t-elle, sans que ses mots soient pour autant accusateurs. « On n’a plus d’électricité. » Pas vraiment besoin de lui demander ce qu’elle fait là ; il suffit de regarder le temps, dehors, pour se douter de la raison. Sans doute qu’elle a juste voulu se mettre à l’abri, au chaud, Dao.

❀-with @Marga Mehra | tw: disparition d'enfant.

Tu ne sais pas d’où te vient cette peur des orages. Tu te souviens vaguement de tes parents cherchant à te rassurer, blottit dans leur bras en larme, alors que la tempête faisait rage dehors. Alors, cette peur était ancrée en toi depuis toujours, sans savoir pourquoi elle était là. Mais qui était capable de comprendre et savoir d’où venait chaque peur ? Sans doute peu de monde. Chaque fois c’est la même chose, en plus de scruter régulièrement la météo pour te préparer à subir la foudre, et malgré ça, c’était pas très précis les orages. La pluie était prévue, mais c’était plus rare pour ces infâmes orages qui l’accompagne. Alors, quand tu te retrouvais en pleine soirée, la nuit déjà tombée et loin de chez toi, c’était une horreur. T’avais pas réfléchi à si ton frère et sa famille était là, car tu voulais juste te sentir un peu plus en sécurité, même si sans ton doudou ou même les bras réconfortant d’un proche, cela n’allait juste qu’atténuer un tout petit peu ta peur. Une sportive en carton, escaladé fût assez simple avec l’adrénaline, mais l’atterrissage fût laborieux et salissant. La boue partout sur tes mains et sur toi, autant dire que tu ne ressemblais à rien. Les iris cherchant rapidement les clefs, pour te retrouver à l’intérieur, à la recherche de la lumière, frémissant déjà des grondements de l’orage annonçant sans doute un nouvel éclair. La discrétion était loin de toi, une chaise gagnant contre tes doigts de pieds, une douleur qui te fît instantanément hurler. Tu ne pensais à rien d’autre que de la lumière, pour enfin pouvoir être à l’aise et rassurée. Ton hurlement se vu rapidement trouver une réponse. Choquée et immobile. Une femme, la voix tu n’avais pas pu la percevoir complétement avec ta peur et le boucan que tu avais fait. Mais dans le fond, tu savais que c’était plus probable que ce soit Marga qu’une parfaite inconnue. Même si dans ta petite tête de parano, tu commençais déjà à t’imaginais le pire, jusqu’à entendre ton prénom et cette voix surprise émanant de ta belle-sœur, ta sœur.
La timidité venant câliner ton être, tu te sentais gênée de croiser cette dernière dans te tel circonstance. Cela t’avait frappé aussi durement que la peur qui c’était blottit dans tes entrailles au début de cet intempérie, enfant du diable dont tu avais horreur. Penaude face à ta belle-sœur, tu titubais presque sur tes deux pieds ivres de ton absence auprès d’elle, depuis l’instant où leur monde, c’était écroulé. « Désolée … Marga. » Douleur à la gorge quand les mots sortis, des larmes embuant tes iris, tu la voyais flou dans cette pénombre. Le silence prit place quelques secondes qui t’avaient parut une éternité, des minutes longue et ennuyeuse, jusqu’à ce que ce soit brisé par la foudre, résonnant comme un écho dans tes oreilles, comme ci elle n’était pas tombée très loin de cet abris que tu venais de trouver. Un léger cri de peur, tes bras se croisant sous ta poitrine, cherchant à te réchauffer, car le froid commençait à te happer dans son sillage. « Bordel … » Pinçant ton bras pour tenter de reprendre tes esprits, tu écoutais ta belle sœur annonçant que la lumière n’était plus, chez eux. « Euh, c’est qu’ici j’en ai vu chez les voisins … je pensais vous n’étiez pas là … » Car la lumière dans cette maison t’aurait sans doute fait fuir, incapable d’affronter les iris de ta belle-sœur, sans même pouvoir réellement te l’expliquer. Peur de dire ou faire quoi que ce soit qui pourrait la briser, elle qui t’avait semblé être aussi fragile que de la porcelaine après la disparition de Ravinder. Cherchant dans ta poche, ton téléphone sur un éclair de lucidité, ce dernier s’alluma sous tes essais intempestifs pour pouvoir mieux vous éclairer autre qu’à la claire de lune qui n’était pas d’humeur à vous aider ce soir du peu de sa luminosité qu’elle offrait grâce à l’orage. « Tu penses que ce sont les plombs qui ont sauté ? » Que tu demandas tremblante, alors que tes opales flirtaient avec les traits de Marga, cherchant à savoir comment elle allait, et rien que d’imaginer le mal qu’elle éprouvait encore ton cœur se brisait à nouveau.

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