tw : alcool, décès, infidélité

« Attends c’est elle Madison ? Depuis quand tu craques pour des glaçons ? » La voix qui est en train de parvenir à mes oreilles est celle de Véronicka, ma meilleure amie, celle a qui je me suis confiée il y a plus d’une semaine en arrière, celle à qui j’ai avoué cette nuit que j’ai partagé avec ma supérieur. Une confession qui doit rester entre elle et moi, parce que je n’assume pas cette nuit passée, j’ai bien du mal à pouvoir réellement me regarder dans un miroir, ne pouvant m’empêcher de me dire, que malgré le décès de Daphné, à mes yeux cette nuit d’égarement est à l’image d’une infidélité que je ne peux effacer, pour une culpabilité que je ne peux contrôler. « Vicky ! » Ce surnom qui est en train de franchir la barrière de mes lèvres, de manière assez froide, assez brute, ayant pour but de faire taire ma meilleure amie, de la couper dans sa lancée, rappelant en un regard posé sur elle, qu’elle se doit de se taire sur le sujet, de ne pas aller plus loin dans ses pensées, dans sa maladresse. « Becker, dans mon bureau. » Une voix qui est en train de me surprendre, avec la présence de Madison tout juste derrière moi, alors que je laisse mes yeux se fermer, comprenant que la remarque de Véronicka n’est pas passé inaperçu, qu’elle est arrivée aux oreilles de la capitaine du district et que d’ici quelques secondes, je vais pouvoir l’entendre monter la voix, jouer de la hiérarchie pour une histoire qui est personnelle. « Merci pour la photo. Et pour le reste. Je te tiens au courant. » Photo de classe que je tiens entre les mains, accordant un lien entre Ilias Danvers et Meredith Mayers, ce dossier sur lequel j’avance en binome avec Madison, cette femme que j’ai du mal à apprécier, cette même femme avec qui j’ai partagé, le temps d’une nuit, ses draps.

« Veronicka a retrouvé dans les affaires de sa mère une photo de classe, à cette époque Meredith Mayers avait dans sa classe un certain Ilias Danvers. On a enfin un lien entre les deux. » Une photo que je suis en train de mettre en direction de la capitaine, en ayant conscience que ce n’est pas pour cette enquête que j’ai été appelé dans cette pièce et le regard de Madison en ma direction ne fait que le confirmer. « Stop. Je ne veux pas en parler. Je ferais comprendre à Vicky qu’elle taise ce genre de pensées, surtout dans les lieux publics et encore plus ici. Personne n’a rien entendu, personne ne va savoir ce qu’il s’est passé entre nous. Fin de l’histoire. » Une prise de parole que je suis en train d’avoir, alors que ma main est au contact de la poignée de cette porte que je suis venu fermer avant de reprendre la parole, avant de m’exprimer. C’est un sujet que nous n’avons pas abordé depuis cette soirée, d’ailleurs, il n’y a pas que ce sujet que l’on cherche à esquiver, puisque depuis, tout chemin me menant sur les traces de Madison, je prends grand soin de les éviter.

Blair passait une excellente journée, vu qu’Emil travaillait sur une affaire en collaboration avec la capitaine, elle se concentrait surtout sur des patrouilles et le rangement de dossiers. Ça aurait dût la démoraliser de ne pas être dans le feu de l’action comme son partenaire, mais non, elle appréciait classer les papiers par ordre alphabétique et retaper les vieux qui n’étaient pas encore numérisés. Depuis sont arrivés à Klamath Falls, plus de la moitié des vieux dossiers poussiéreux de la station de police avait été entrés dans le système. Si elle n’avait pas été policière, elle aurait fini comme documentaliste ou bien bibliothécaire, qui sait, si elle prenait une retraite anticipée, on la retrouverait certainement en train de classer les bouquins de la ville.

Elle venait justement de terminer de noter et entrer dans l’ordinateur des dossiers que la capitaine Tremblay lui avait donné. Et fière d’elle, elle se rendit dans le bureau de cette dernière pour lui rendre et recevoir des félicitations. Blair était ce qu’on pourrait appeler une lèche cul, elle le savait et ça ne la dérangeait pas plus que ça. Elle avait même offert un cadeau d’anniversaire à la capitaine, un chiffon brodé avec ses initiales pour nettoyer son arme et elle éprouvait une grande fierté quand elle voyait sa boss l’utiliser.

Personne n’était là, mais la porte était entrouverte, parfait, Blair attendrait Tremblay dans la pièce. Elle déposa les dossiers sur le bureau et attendit sagement. Sa curiosité finit par prendre le dessus et elle fit le tour de la table en observant ce qui s’y trouvait. Des stylos, des papiers, un ordinateur, les choses classiques qu’on trouve sur un bureau de police. Elle vit ensuite du coin de l'œil, la casquette de capitaine de Madison. Elle s’en approcha, jeta un regard autour d’elle pour être sûre que personne ne se trouvait dans le coin, elle s’en empara doucement et la posa sur sa tête. Elle l'observa quelques instants avec dans le reflet de la fenêtre avant d’entendre des pas s’approcher du bureau, en pleine panique, elle se jeta sous le bureau se cachant des nouveaux arrivants. Elle comprit de suite que sa réaction était ridicule… Si Madison la trouvait là dessous avec sa casquette de capitaine sur la tête, qu’est ce qu’elle allait bien pouvoir dire ? Ça aurait été bien plus normal si elle s’était excusée de suite… Elle eut une idée, elle ferait semblant d’avoir fait tomber la casquette et elle allait se relever comme si de rien était. Madison vint se poser contre le bureau, les jambes cachant la vue à Blair et l’empêchant de voir qui était dans la pièce avec elle.

Blair ne pouvait plus attendre, elle se préparait à mettre en action son plan, sortir de sa cachette et s’excuser, quand, elle reconnut la voix d’Emil. Ils devaient certainement parler de leur affaire en cours, s’était-elle dit avant qu’elle n’entende la fin de sa phrase: “Personne n’a rien entendu, personne ne va savoir ce qu’il s’est passé entre nous. Fin de l’histoire.” Ses oreilles de potinière s’agrandirent. Quelque chose s'était passé entre eux ? Et personne ne devait le savoir ? Maintenant, Blair laissa tomber son idée de sortir de sa cachette sous le bureau et voulait savoir ce qui s’était passé entre les deux. Elle savait qu’Emil et la capitaine ne s'apprécient pas, ils avaient très rarement des mots cordiaux entre eux, elle avait été surprise quand ils avaient dû faire équipe et un peu anxieuse qu’un jour un des deux ne rentre pas au poste après une enquête tué par l’autre. Mais pour l’instant, même s’il ne semblait pas y avoir d’amélioration dans leur relation vu le ton qu’ils emploient pour se parler, ils étaient tous les deux encore en vie. Et justement, en parlant de tons employés, Blair entendit la colère dans la voix de sa cheffe, elle ne lui avait jamais parlé comme ça et elle en avait des frissons à imaginer que ce soit un jour le cas.

Blair ne perdait pas un mot de ce qui se disait, se demandant bien ce qui avait pu se passer entre les deux pour qu’ils se détestent autant. Elle savait que plus longtemps elle resterait cachée, plus longtemps elle serait dans le pétrin si on la découvrait. C’était donc décidé, elle resterait sous cette table jusqu'à ce que tout le monde soit rentré. "mais on était d’accord pour ne plus jamais reparler de cette nuit là." Mais qu’est ce qui avait bien pu se passer entre les deux "cette nuit-là" ? Est ce que Emil avait tenté de se débarrasser de Madison ou le contraire ?

Ce fut la capitaine qui offrit la réponse à Blair, celle qu’elle attendait depuis tout à l’heure :"Une histoire de coucherie entre la capitaine de police et l’un de ses enquêteurs est du bain béni pour certains blogs à la con et je tiens à ma réputation et à celle du commissariat." Blair faillit se cogner la tête sur le bureau au dessus d’elle de surprise. LA CAPITAINE ET EMIL ?! Jamais elle aurait imaginé ça possible ! Ils ne se supportent pas ! Madison se relève et Blair la casquette de capitaine sur la tête tente de se cacher du mieux qu’elle peut au fond du bureau de l’autre côté pour éviter que les deux la voient. Toujours ahuri de cette nouvelle information, Blair tente de connecter ses neurones. La conclusion qu’elle eut, fut que c’était certainement à cause de leur désir l’un pour l’autre qu’ils ne s’aimaient pas. Ils étaient juste pas prêt à accepter leur amour, Emil avait perdu sa femme il y avait peu et pour Madison, elle l’avait dit elle même, les ragots n’arrêteraient jamais si Scandale le découvrait. Un amour impossible ! Comme dans les romans, ça brisa le cœur de l’enquêtrice, elle devait les aider ! - fuck fuck fuck- la capitaine fait le tour du bureau maintenant, obligeant Blair à faire le crabe pour tenter d’éviter de se faire voir.

tw : alcool, décès, infidélité

« Taire ce genre de pensées ? Comment est-ce que tu.. Vous… pourriez lui faire comprendre cela alors que vous n'êtes même pas capable de vous taire vous-même ! » Mon regard est en direction de la capitaine du district, ses remontrances parviennent à mes oreilles, mais je ne peux m’empêcher de lui apporter à travers mes iris cette colère que je suis en train de ressentir, celle qu’elle est en train de provoquer en ne prenant le problème que dans un sens, le sien bien évidemment. « Je ne sais pas ce que vous cherchez Becker, si vous voulez vous venger de moi pour une raison que j'ignore ou peut être même me faire virer, mais on était d’accord pour ne plus jamais reparler de cette nuit là. C'était une grossière erreur, nous sommes tous les deux d’accord là-dessus, mais personne ne devait être au courant de tout ça. Personne ! » C’est dans le silence que je suis en train de la laisser sortir chacune de ses pensées, cracher sa colère à mon visage, comme une forme d’exutoire, c’est très exactement ce que je suis à l’instant même, un défouloir, tout cela je le dois à moi-même, à mes confidences à ma meilleure amie, mais également à celle-ci qui a toujours l’art de mettre les pieds dans le plat. « Comment pouvez-vous être sûr que personne n’a entendu ? Si je l’ai entendu d'autres sont probablement dans le même cas  et vous savez très bien que dans cette ville tout le monde parle sur tout le monde. Une histoire de coucherie entre la capitaine de police et l’un de ses enquêteurs est du bain béni pour certains blogs à la con et je tiens à ma réputation et à celle du commissariat. » Un point que je ne peux lui retirer, Klamath Falls n’est pas une petite ville sans histoire, Scandale ne cesse de sévir depuis quelques années, prête à tout pour révéler les plus grands secrets, les ragots les plus ridicules, mais également les mensonges les plus débiles. « Pour quelqu'un qui ne veut pas en parler, vous avez déjà été bien bavard … Et à quelqu'un qui ne sait pas tenir sa langue apparemment ! » Je pense sentir son index au contact de mon torse, pour un regard qui ne rompt pas, qui refuse de s’avouer vaincu, elle est peut-être la capitaine des lieux, mais ce n’est pas pour autant que je suis un pion, pas sur un tel sujet. « Et vous ? Pour une capitaine de police, vous êtes quand même très égoïste et surtout très égocentrique. Vous êtes la seule à pouvoir prendre des décisions et je me dois de servir aux ordres de Madame Tremblay, parce qu’elle est ma supérieure ? Ça n'arrivera pas, encore moins dans le privé. » L’idée même que ma coéquipière puisse se cacher sous le bureau présent dans cette pièce, ne m'effleure pas l’esprit, impossible que Blair puisse avoir une telle idée, qu’elle puisse être dans le bureau de sa supérieur, malgré son talent de première de la classe, la petite préférée de la hiérarchie, qui m’a toujours fait rire. « Qu’est-ce qui vous fait peur ? De perdre votre poste ? Aucune crainte à avoir, personne ne veut de cette place de merde, en dehors de vous. Que les choses soient claires entre nous, vous avez la possibilité de me suspendre autant que vous voulez, que vous pouvez même me dégager à votre bon vouloir, mais vous ne contrôlerez jamais ma vie, ni même les gens que je fréquente et à qui je parle. » Je ne peux m’empêcher de me dire que ces dernières semaines ne sont que le fruit d’une pause dans cette animosité qui est présente entre nous. Depuis son tout premier jour au district la messe était dite, elle ne m’aime pas et je ne l’aime pas, les choses ne sont pas faites pour être changées, surtout celle-ci. « Quant à Véronicka, peut-être qu’elle fait preuve de maladresse, mais elle au moins, elle a un cœur, des émotions et elle sait être présente pour les autres, parfois au détriment d’elle-même. Contrairement à vous qui ne pouvez rien voir de plus que vos propres intérêts. Avant de baver sur les autres, bavez sur vous-même, ça vous fera du bien. » Colère que je ne peux maîtriser, qui est en train de se faire ressentir dans le timbre de ma voix, sans pour autant que celle-ci ne monte d’un cran, sans pour autant que ce contact visuel ne soit rompu. J’ai bien la ferme intention de lui montrer que je ne suis pas son pantin, celui qu’elle peut manipuler à souhait.

Situation totalement improbable pour la jeune enquêtrice, elle avait été formée pour surmonter beaucoup de situations, mais certainement pas celle où elle se trouvait actuellement. Cachée sous le bureau de sa capitaine, sa casquette des belles occasions sur la tête et découvrant que son coéquipier avait couché avec elle ! Alors que MONSIEUR Emil lui assurait depuis toujours qu’il détestait la capitaine Madison. C’était à n’en plus rien savoir. Mais clairement, vu la tension entre les deux, il n’y avait clairement pas que de l’animosité et ça, Blair avait le flair pour le sentir. Même si en continuant à écouter leur conversation, elle se demanda rapidement si elle n’avait pas imaginé cette histoire de coucherie. Les mots devenaient de plus en plus virulent et alors qu’elle ne voulait pas sortir pour éviter de se faire prendre, maintenant, elle avait peur qu’elle soit foudroyée par leurs regards s’ils la trouvaient.

Elle retint son souffle quand la capitaine s’installa sur sa chaise alors qu’elle était entrain d’insulter Emil. Elle sentit sa jambe la toucher… - fuck fuck fuck - Silence dans la pièce, la chaise de la capitaine se retourne, Blair ne sait pas où aller, son instinct de survie la fait fermer les yeux, comme si, le fait qu’elle ne voit pas le visage de la capitaine allait la faire disparaître.

“Owens ?”

Le coup des yeux fermés ne marchait absolument pas… La blonde les rouvrit pour voir le visage de sa capitaine qui se relève rapidement en s’écartant du bureau. Ne sachant pas si elle pouvait sortir, Blair resta où elle se trouvait, commençant à voir sa vie défiler devant ses yeux. Son arrêt de mort était clairement prononcé, on ne retrouverait jamais son corps, Emil et la capitaine détruiront toutes les preuves, mais Blair ne leur en voudra pas, elle méritait clairement son sort.

“Owens sortez de là je vous prie”

Un ordre et Blair faisait toujours ce qu’on lui disait de faire. Elle sortit à quatre pattes de sous le bureau, la casquette toujours sur la tête. Elle manqua de se cogner en se relevant, et se mit droite, les yeux ne quittant pas ses pieds, voulant éviter du mieux possible de croiser le regard d’Emil et de la capitaine. Deuxième ordre, elle devait expliquer pourquoi elle était sous le bureau. Elle se lança dans son explication, elle ne savait pas mentir à ses supérieurs de toute façon. En tout cas, elle ne savait pas mentir si se tenait face à elle, par sms, c’était une autre histoire.

- J’étais venue déposer des dossiers que je venais de terminer, mais vous étiez absente capitaine, j’allais repartir de suite quand j’ai vu votre belle casquette… Je sais que c’est pas bien, mais je me suis dis que ca ne ferait pas de mal de l’essayer une fois… Ah désolé, je vous la range…

Elle avait oublié qu’elle était sur sa tête, elle l’enleva, enleva rapidement la poussière avec sa main et la reposa à sa place. Elle toussota toujours sans regarder Emil et la capitaine dans les yeux :

- Puis, j’ai entendu la porte s’ouvrir, j’ai paniqué et je me suis caché sous le bureau… Je ne voulais pas écouter votre conversation ! Je vous jure que je n’ai absolument rien entendu, surtout pas en ce qui concerne votre coucherie, ça ! Jamais je ne vous ai entendu le confirmer plusieurs fois !

Elle osa enfin un regard en direction des deux autres policiers dans la pièce, s’attendant à être foudroyé sur place.

tw : alcool, décès, infidélité

« Mon propre intérêt vraiment ? Essayer de redonner une crédibilité à ce poste de police qui est risible de ridicule ? Qui se retrouve jonché de déchets à cause d’une équipe de gamin que tout le monde à laissé filer trop de fois ? Vous pensez vraiment que tout ça n’est que dans mon propre intérêt ? » Je ne peux masquer ce sourire, celui de l’affrontement, celui d’un amusement que je suis en train de lui cracher en plein visage, sans dire un mot. Je ne suis pas sûr que critiquer ouvertement les hommes et femmes, qui travaillent pour elle, de leurs travailles avant qu’elle ne prenne son poste soit une très bonne idée, au mieux elle se tire une balle dans le pied, ça lui évitera de tirer sur d’autres, même si Misha Kane l’avait cherché, comme toujours. « Je vous l’ai déjà dis Becker, je n’en ai rien à cirer de votre opinion, de ce que votre petit cerveau étriqué peut bien penser, mais je vous interdit de penser que je ne fais ça que pour moi … » Elle n’en a rien à faire, pourtant elle prend le temps de me répondre, elle prend le temps de plonger dans cette provocation que je prends plaisir à lui offrir, elle qui se pense au dessus des autres de part son poste, qui pense avoir la vérité absolue entre ses mains, sans même prendre en compte l’avis des gens qui l’entoure. « Je vais vous dire une bonne chose Becker je … Qu’est ce que … Owens ? Ok, là on à un problème… » Une tournure qui est complètement différente, qui est en train de me prendre de court, faisant naître ce froncement de sourcil, n’ayant pas l’envie de comprendre que Blair se trouve actuellement sous le bureau de la capitaine. Tout sauf ça. « Owens sortez de là je vous prie. Vous avez intérêt à avoir une très bonne explication quant à votre présence sous mon bureau. » « Oh putain … » Une pensée que je suis en train d’exprimer au traver d’un murmure qui s’échappe de mes lèvres, alors que l’une de mes mains arrive au contact de mon visage, laissant mes doigts passer dans mes cheveux, comprenant que ce n’est pas de Veronicka dont il va falloir se méfier, mais de ma coéquipière. « J’étais venue déposer des dossiers que je venais de terminer, mais vous étiez absente capitaine, j’allais repartir de suite quand j’ai vu votre belle casquette… Je sais que c’est pas bien, mais je me suis dis que ca ne ferait pas de mal de l’essayer une fois… Ah désolé, je vous la range… » Ce qui en me surprend pas le moindre du monde dans toute cette histoire, c’est que malgré le soin qu’elle prend de ne pas croiser le regard de la capitaine, comme le mien, c’est que je sais qu’elle est en train de dire la vérité, elle qui est en train de remettre en place ladite casquette, objet de sa présence prolongée dans ce bureau. « Puis, j’ai entendu la porte s’ouvrir, j’ai paniqué et je me suis caché sous le bureau… Je ne voulais pas écouter votre conversation ! Je vous jure que je n’ai absolument rien entendu, surtout pas en ce qui concerne votre coucherie, ça ! Jamais je ne vous ai entendu le confirmer plusieurs fois ! » Une maladresse de la part de Blair qui parvient à pousser mon coeur à manquer un battement, en même temps, cachée depuis tout à l’heure sous le bureau de la capitaine : bien évidemment qu’elle a entendu notre conversation. « Blair, non seulement tu n’as rien entendu, mais surtout, tu ne dois parler de ça à personne. » Je me contre fou de la raison de sa présence, ce bureau n’est pas le mien, cette casquette n’est pas la mienne, c’est un problème entre Madison et ma coéquipière, à l’instant présent, je n’ai qu’une priorité, celle de m’assurer de son silence, ce qui n’est pas gagnée. « Il faut vraiment que tu gardes cette information pour toi et uniquement pour toi. Mieux encore, tu l’oublies, tu n’es au courant de rien et tout ça n’a jamais existé. » Il est difficile de se trouver en train de parler, comme je suis en train de le faire, en ayant pleinement conscience qu’il va falloir garder Blair à l’oeil, parce qu’après tout ce temps à faire équipe avec elle, je commence à le connaître un peu trop bien.

Super… Blair s’est faite prendre… Maintenant debout à côté du bureau, elle fait fasse à sa capitaine et son coéquipier. Elle n’avait pas voulu surprendre leur conversation, même si elle appréciait beaucoup ce qu’elle venait d’apprendre. Commençant déjà à se les imaginer en couple et heureux, Madison passant du temps avec la fille d’Emil dans son jardin cet été et lui souriant chaleureusement en les observant. La policière Owens avait déjà une image idyllique de leur couple. Oubliant presque les mots virulents qu’ils venaient de s’échanger.

Elle s’exécute en continuant son explication après avoir rangé la casquette de la capitaine. Quand elle eut fini, elle se risqua à regarder Tremblay dans les yeux et ensuite Emil. Ils étaient clairement pas satisfait… Comme elle s’y attendait. Elle n'aurait pas dû essayer cette casquette… Maintenant, elle allait être mise à pied pour avoir volé un objet de la capitaine, pensant que la plus grosse erreur qu’elle avait fait dans ce bureau était d’essayer la casquette et non d’avoir entendu l’échange entre les deux tourtereaux.

Elle leva donc son sourcil avec surprise en entendant Emil lui expliquer qu’elle n’avait rien entendu et ne devait rien dire à personne. Évidemment qu’elle n’allait pas parler de la casquette, elle ne voulait pas se mettre elle-même dans l'embarras.

La capitaine enchaîna ensuite, annonçant qu’elle s’en fichait qu’elle voulait porter sa casquette. ça rassura de suite Blair, la capitaine ne lui en voulait pas de l’avoir porté et elle était prête à faire comme si de rien était. Très bien, Blair n’y voyait aucun souci, elle ne parlerait plus de cette casquette à personne et surtout pas qu’elle avait été surprise à la porter. Même si Madison pensait que son histoire d’avoir juste voulu la porter pour essayer était peut être fausse, elle était d’accord pour laisser tout ça passer. Blair acquiesça vivement quand on lui demanda de faire comme si elle avait eu une crise d’amnésie, se mettant au garde à vous, elle dit :

-Vous n’avez aucun souci à vous faire capitaine, je ne dirais absolument rien et je ne me rappelle déjà plus de cette histoire de casquette ! Ne vous inquiétez pas, je n’en parlerais à personne.

Quiproquo pour la policière, elle n’imaginait pas qu’ils parlaient tous les deux de leur petite sauterie, ni voyant pas vraiment de mal à ça. Oui, ce n’était pas bien d’avoir une relation intime au travail, mais l’amour ne pouvait pas être arrêté et tout le monde comprenait. Blair n’avait aucun doute sur ça.

tw : alcool, décès, infidélité

« Ecoutez Owens, je me fiche pas mal que vous ayez eu l’envie de porter cette chose… Je suis même prête à passer l’éponge sur ce malheureux incident et sur votre curiosité mal placée … Mais je vous préviens. » L’heure des menaces est arrivée, la capitaine Tremblay est en train de reprendre la main sur cette conversation, qu’elle adresse à une Blair qui ne semble pas avoir la moindre idée de ce qui peut l’attendre si elle a le malheur d’ouvrir sa bouche et le pire, c’est que je sais qu’elle va le faire. « Si j’apprends que vous avez parlé ou si j’entends ne serait-ce qu’une personne parler de cette histoire, je vous en tiendrais pour responsable … Que cela soit vrai ou faux d’ailleurs. » L’art du dramatique est en place, une pause de marqué pour mettre l’accent sur les propos que Madison est en train de prononcer, alors que mes iris sont en train de prendre place sur ma coéquipière, elle qui quelques secondes auparavant avait encore la casquette de la capitaine dans les mains. « Me suis-je bien fait comprendre ? Alors je vous conseille de garder votre bouche close et d’avoir une soudaine crise d’amnésie … compris ? » Menaces prononcés au sein de ce bureau, alors que la réaction est immédiate, laissant Blair prendre position du garde à vous, un signe avant coureur que tout n’est pas si bien compris que le pense la capitaine. « Vous n’avez aucun souci à vous faire capitaine, je ne dirais absolument rien et je ne me rappelle déjà plus de cette histoire de casquette ! Ne vous inquiétez pas, je n’en parlerais à personne. » Je ne peux contenir cette main qui est en train de passer sur mon visage, mes doigts venant pincer l'arête de mon nez, m’offrant même le luxe de prendre une profonde inspiration, alors que ce qui est en train de se passer dans ce bureau est une sombre blague qui n’est absolument pas drôle. « On s’en fout de la casquette. » Une pensée que je suis en train de verbaliser au rythme de mes doigts qui sont en train de quitter mon visage, pour laisser mon bras tomber le long de mon corps, mes iris se posant à nouveau sur ma coéquipière. « On veut uniquement que tu fermes ta gueule sur ce que tu as entendu au sujet de la capitaine et moi. » Un agacement que je ne peux masquer à travers le timbre de ma voix, une erreur de parcours, c’est très exactement ce que cette nuit représente et il est hors de question que cette histoire sorte au grand jour.