You spin my head right round, right round | Feat Deagan

Il y a une douzaine d’heures en arrière, j’ai quitté les locaux du circuit de Klamath Falls après une soirée bien arrosée, qui aura permis à chaque membre de l’équipe Red Bull, à chaque membre de nos sponsors de fêter tous ensembles les deux titres mondiaux de cette saison bientôt terminée. Deux titres, dont un pilote qui porte pour la seconde fois mon nom, qui ne m’ont pas empêchée de jouir des petits plaisirs de la boisson alcoolisée, encore deux grand prix à courir, pour le premier, dès le week-end prochain, qui ne m’ont pas empêché d’arroser dignement ce tout nouveau statut de double champion du monde. Quelques heures plus tard, l’alcool ayant quitté le sang qui circule dans mes veines, je me retrouve au volant d’un kart, sur le circuit de cette ville dans laquelle je vis. Quelques tours que je suis en train de m’offrir sur cette piste, où se trouve deux personnes, un adulte, à n’en pas douter et un enfant, c’est avec celui-ci que je suis venu m’amuser au terme de quelques virages, en le laissant passer, pour venir le doubler à nouveau sur l’extérieur. Je suis né pour gagner, je suis né pour piloter, je suis né pour courir et je n’ai pas besoin de me retrouver au volant d’une formule un pour prendre du plaisir, l’image de Deagan Spijker est dure, elle est souvent critiquée, mais force est de devoir admettre qu’avec les enfants, le contact est bien différent. Une passe d’arme durant laquelle je prend probablement tout autant de plaisir que ce petit garçon ou cette petite fille qui se trouve sous le casque, avant de prendre de la vitesse, de pousser un peu plus loin la pédale d’accélérateur pour rejoindre la seconde personne, pour jouer des coudes avec cet adulte qui n’a pas besoin de politesse, qui termine son chemin en tête à queue, sur l’exterieur de la piste.

« Non, mais ça va pas ?! Vous êtes complètement débile ou quoi ? C'est un terrain de karting ouvert à tous, pas un circuit de F1, une piste d'auto tamponneuses ou je ne sais quoi d'autre  !! » C’est une voix qui est en train de parvenir à mes oreilles, alors que je n’ai pas eu le temps de sortir du kart dans lequel je me trouve, je n’ai pas besoin de porter mon attention sur la demoiselle pour comprendre qu’elle est énervée, ce qui ne manque pas de faire naître un sourire sur mon visage, toujours caché par ce casque que je porte. Je suis amusé par la situation et je n’ai pas la moindre raison de le masquer, alors que mes pieds retrouvent le contact avec le béton. Sans doute ne sait-elle pas à qui elle est en train de s’adresser, malgré les couleurs d’un casque que je porte depuis le grand prix du Mexique et le titre que j’ai remporté, une frustration qu’elle vient ouvertement de me faire part avant de prendre la décision de partir, sans même attendre une réponse, sans même attendre son dû, avant une nouvelle fois d’être indécise. « Vous avez de la chance que ce soit moi et pas mon frère que vous ayez éjecté de la piste … espèce ... d'inconscient ! » Un contact est établi entre mes doigts et mon casque, une lanière de sécurité que je suis venu retirer, pour me permettre de libérer mon visage, qui est en train d'apparaître à la vue de l'hystérique, mais pas seulement. « Woaw. » Je ne peux passer à côté de la réaction de ce petit garçon, qui a son regard posé sur moi, avec effet immédiat, avec les années, il n’est pas difficile de comprendre que cet enfant est un spectateur de la formule un, qu’il a su me reconnaître à la première seconde où mon casque ne s’est plus trouvé sur ma tête. « Inconscient ? Vous savez qu’avec votre frère, on s’est amusé tous les deux pendant quelques virages et qu’aucun de nous deux n’est sorti de la piste ? Peut-être que si c’est le cas pour vous, le problème ne vient pas de moi. » Ce sourire de provocation est bien en train de marquer les traits de mon visage, alors que mes iris sont en contact avec ceux de cette parfaite inconnue qui est en train de me faire face, de m’accuser. Contrairement à son petit frère, a-t-elle conscience de qui je suis ? Parce que si elle s’attend à ce que je m’excuse auprès d’elle, pour quelque chose que je n’ai pas fait, elle va pouvoir attendre indéfiniment. « Beau boulot little boy ! On recommence ça quand tu veux. » Je ne fais plus attention à cette inconnue au regard rageur qui m’est adressé, une émotion qui est loin de m’atteindre, qui est loin de me toucher, sinon il y a bien longtemps que j’aurais quitté le milieu de la formule un. Mon regard est en direction de celui qu’elle décrit comme étant son petit frère, pour ma main de libre qui est venu se relever, pour laisser ce petit garçon frapper dans ma main pour un check, alors qu’un sourire est en train de se dessiner sur mes lèvres.

« Merci Monsieur, ce fut un honneur de faire ces tours de piste avec vous ! » Un claquement est en train de se faire entendre, au contact de la main de ce petit garçon sur la mienne, alors qu'un sourire est en train de se dessiner sur mon visage, étirant doucement le coin de mes lèvres. « Je vois que vous êtes plus agréable avec les enfants qu'avec les adultes, c'est déjà ça … » C’est de l’amusement que je suis en train de ressentir, faisant ressentir une arrogance qui est l’élément essentiel de l’image de Deagan Spijker, de celle de ce pilote de formule un, que rien n’est capable d’arrêter, ni même de détourner de son chemin. « Bref, tout ça pour dire que ce serait fort aimable de votre part d'être un peu plus prudent quand d'autres usagers partage la piste avec vous … et puis je ne sais pas pour qui vous vous prenez, mais sachez que je n'ai pas besoin de recevoir des conseils d'un parfait inconnu quant à ma manière de conduire un kart. » La voix de cette femme parvient à mes oreilles, ses accusations je suis en train de les entendre, mais elle ne semble pas avoir la moindre idée, de qui est l’homme a qui elle est en train de s’adresser. « Un inconnu ? Mais qu'est ce que tu raconte, c'est Deagan Spijker, celui que tu traites d'abrutis à chaque fois qu'on regarde un grand prix... Si il y à bien quelqu'un qui peut te donner des conseils en matière de karting, c'est lui ! » Ce sourire est incontrôlable, je ne peux masquer cet amusement qui est présent sur chaque trait de mon visage, à travers cette lueur qui est en train de scintiller dans mes yeux, cette femme sait très bien qui je suis, son petit frère vient tout juste de la ridiculiser. Cette main, présente sur la bouche de ce petit garçon a raison d’un léger rire, qui parvient à s’échapper de mes lèvres, alors que mes iris sont en direction de ce garçon, qui sans le savoir est parvenu à mettre à mal sa sœur, m’apporter quelques munitions. « Oui et toi tu vas aller chercher nos affaires n'est ce pas ? » « D'accord, mais …Vous ne partez pas tout de suite Monsieur Spijker n'est ce pas ? J'aimerai beaucoup prendre une photo avec vous … enfin si vous le voulez bien… » Il y a une vérité qu’à prononcé cette femme, le contact avec les enfants est beaucoup plus facile pour moi qu’avec les adultes, sans doute est-ce cette image que je dégage, mais je suis bien loin de me plaindre. « T’as le temps d’aller chercher tes affaires, je quitte pas le circuit tout de suite, on prendra cette photo little boy. » Un clin d'œil que je suis en train d’adresser à ce petit garçon, qui a bien du mal à détourner son regard de moi, comme s’il se trouvait dans un rêve. « Puis ta grande sœur a visiblement quelques leçons de pilotage à donner à un débile comme moi et j’ai comme l’impression que ça va prendre du temps. » C’est avec beaucoup d’amusement que je suis en train de prononcer ces mots, qui dans le fond ont une réelle part de vérité, la preuve aux propos qu’elle a déjà eu l’occasion de me tenir jusqu’à présent. Un petit frère qui est en train de s’éloigner de nous, pour un regard qui est en train de le suivre, avant de venir libérer ma main de mon casque, en venant le poser tout près de moi. « J’ai une question pour vous, depuis quand faut-il obligatoirement être deux pour un tête-à-queue ? » Une question que j’ai dans ma tête depuis que sa pensée est parvenue à mes oreilles, alors qu’en sept ans de carrière dans la catégorie reine du sport automobile, des tête-à-queue ne sont pas toujours causé par un élément extérieur, bien souvent cela vient de celui qui se trouve entre le siège et le volant.

« Mon petit frère n’est plus là, vous n’êtes pas obligé de me faire la conversation vous savez ? »  Je suis joueur, j’aime profiter de la faiblesse des gens pour appuyer dessus et les pousser dans leurs retranchements, ce que beaucoup ont essayé de faire au début de ma carrière, sans parvenir à me faire sortir de mes gonds. Un peu expert en la matière, formé par mon père, je ne pouvais pas avoir meilleur maître à ce petit jeu que je suis en train de mettre en place avec cette parfaite inconnue au petit frère pourtant si adorable. « Vous savez quoi ? J'ai une autre question pour vous, je fais du karting depuis que je suis môme et je n'ai jamais fais de tête à queue…. » Ce sourire qui est présent sur mon visage ne peut pas s’effacer, je suis beaucoup trop amusé par la situation, laissant sans doute trop de place à l’arrogance en apparence, alors que ma main est en train de passer sur la fermeture éclaire de ma combinaison, que je suis en train de refermer avant de venir remettre le petit scratch en place. « Intelligent. Répondre à une question par une autre question pour éviter d’avoir à y répondre, c’est souvent un aveu de faiblesse, mais passons. » Son idée est d’écraser Deagan Spijker ? Elle n’a pas la moindre idée de la personne sur qui elle est tombée. « Alors comment expliquez vous que j'en ai fait un pile au moment où vous avez surgit devant moi, tel un abrutie fini ? » « Le coup de gaz en plein milieu du virage était beaucoup trop important, sans doute la surprise de me voir à côté, mais je n’ai jamais posé le pied sur votre pédale, donc … » Une phrase que je ne suis pas en train de terminer, je n’en ai pas besoin et j’en ai conscience, mes propos précédents se suffisent à eux seuls. Mon attention n’est pas posée sur cette inconnue qui semble porter en horreur l’homme que je suis et le pilote que je représente, mais ce sont mes détracteurs qui me rendent encore plus fort, plus puissant, qui me pousse à commettre qu’une seule fois une faute, sans jamais la reproduire. « Qui sait, peut-être un jour nos chemins se croiseront à nouveau sur la piste et cette fois-ci vous pourrez me montrer que vous pouvez boucler une session sans le moindre spin, comme vous l’avez soit disant fait toute votre vie. » C’est l’esprit joueur que je suis en train de lui répondre, pour la piquer, pour la provoquer, elle ne m’aime pas et je ne suis pas là pour la faire changer d’avis, je suis là pour jouer avec elle, pour l’énerver, pour la provoquer, pour prendre plaisir à le faire et ce sourire présent sur mon visage ne fait que le confirmer.

« Pourquoi attendre ? Autant vous prouvez ce que je vaut dès maintenant … À moins que vous n’ayez trop peur que je vous impressionne ? »  Force est de constater, que malgré le fait qu’elle ne puisse pas me voir en peinture, cette parfaite inconnue est de la même trempe que moi, elle n’a pas peur de la compétition, elle n’a pas peur des défis, elle vibre face à quelque pari que ce soit. Ma main est au contact de ma combinaison, mes doigts sont en train de fermer cette fermeture éclaire pour venir y accrocher ce scratch, ce geste devenu anodin pour moi, signe d’un accord de ma part, prêt à reprendre place derrière le volant et à en découdre. « Désolé M. Spijker, j'espère que je ne vous ai pas trop fait attendre. » Interrompu par son petit frère, de retour parmi nous et ne manquant pas l’accord que je lui ai donné quelques instants avant, à savoir, pouvoir prendre une photo avec moi. « Dany, tu peux nous prendre en photo s’il te plait ? » L’heure de la revanche ne va pas être pour tout de suite pour cette Dany, qui va devoir patienter jusqu’à une date inconnue pour cela. « Bien sûr mon ange, mais donne moi plutôt ma sacoche, avec un véritable appareil photo le rendu sera plus beau. »

La surprise est de mise et je ne peux la masquer de mon visage, se trouver au karting de Klamath Falls en possession d’un appareil photo n’est pas quelque chose de courant, c’est pourtant ce qu’elle a fait. Mon attention est portée sur elle, sur les mouvements qu’elle est en train de réaliser avec soin pour prendre en main un appareil avec lequel elle semble y vivre une grande attache, un peu à l’image de moi avec mon casque. « T’es prêt little boy ? » Une question que je suis en train de lui poser, alors que ma main entre au contact de l’épaule de ce garçon de dix ans qui a bien du mal à tenir en place. C’est une partie du métier de pilote de course, celle des photos avec les fans, celle-ci est loin d’être ma première, ni même loin d’être la dernière, mais avec les enfants c’est toujours quelque chose de différent. « Allez petit monstre, on à suffisamment embêté M. Spijker pour aujourd'hui tu ne crois pas ? » « C’est l’heure, au revoir little boy. » Une prise de parole que je suis en train de prendre en relevant ma main en direction de ce petit garçon, qui ne tarde pas à faire entrer ses doigts au contact des miens pour un check qui restera sans doute dans sa mémoire et celle de sa grande sœur. Quelques secondes avant de les voir prendre le chemin de la sortie, un temps suffisant pour que je vienne munir ma main de mon casque, afin de retourner dans les locaux du circuit. « Au fait, le pari tient toujours ... Celui de vous montrer que je vaut mieux que ça. Alors, à bientôt j'espère ... » Mes iris sont en train de se diriger en direction de celle qui est en train de s’adresser à moi, de celle qui vient de faire volt face pour me parler à nouveau et je ne peux contrôler cette lueur qui est en train de s’y présenter, on ne peut pas s’adresser mieux à Deagan Spijker que par ces défis. « Ca te va plutôt bien de te mordre la lèvre ! » Un sourire que je ne peux contrôler, qui est en train de marquer les traits de mon visage, amusé par la situation, alors que le pari est pris, noté dans un coin de ma tête et si l’occasion se présente un jour, elle sera appliquée. Après le passage de ma main de libre dans mes cheveux, mon attention n’est plus sur cette inconnue du jour, mon chemin est en direction opposée de la sienne et celle de son frère, pour rejoindre l’intérieur du circuit.