there goes another tuesday in klamath falls

Peut-être que c'était possible, qu'il se croyait réellement caché et qu'il pensait que personne ne pouvait le voir? Non. Impossible. Il était pas aussi stupide, le pauvre détective. Et pourtant elle commençait à en douter, Drew, parce qu'elle avait bel et bien posé son regard sur le bon vieux Jake, accroupi derrière une grosse benne à ordures. Une benne à ordure pleine à craquer, c'était quand même important à mentionner. Ça avait quelque chose de drôle, cette scène qui se dessinait devant ses yeux; le pompier aurait pu penser qu'elle assistait à une mise en scène d'un film policier humoristique. Ça la fit sourire, la belle brune, assise de l'autre côté de la rue, alors qu'elle sortait de sa voiture pour traverser la rue à pied.

(outfit.) La journée avait été plutôt longue pour Drew, qui sortait d'une semaine de travail vraiment intense; une succession de neuf jours en ligne à la caserne. Pour compenser, le capitaine lui avait offert trois jours de congé, mais elle savait que les risques qu'on l'appelle pour venir aider étaient plutôt grands, alors elle avait du faire toutes ses emplettes aujourd'hui, juste au cas. Honnêtement, ça avait aidé à lui changer les idées, chose dont elle avait grandement besoin ces derniers temps. Et en voyant Jake apparaitre dans sa fin de journée comme ça, elle avait la nette impression qu'elle allait avoir exactement ça, quelque chose pour se changer les idées.

Le soleil était à peu de se coucher; golden hour en pleine force alors que Drew s'avance vers le début de la ruelle où est caché sans grand succès le quarentenaire. Il ne la voit pas arriver, clairement, parce qu'il ne se retourne pas pour la regarder, le regard complètement fixe sur quelque chose qui se trouvait de l'autre côté de la rue. Elle s'approche encore un peu de lui, suivant la même direction que lui, mais elle ne voyait rien ou personne d'intérêt, alors elle reviens à lui.

- Je sais pas dans quel univers t'imagine que t'es bien caché, Jake, qu'elle commence sérieusement mais avec une pointe de rire dans son ton.

Elle hausse les épaules, ignorant complètement sa réaction, elle s'accroupit elle aussi derrière la benne à ordure puante, et à nouveau, elle envoie son regard vers la vitrine qui réflétait ce qu'il restait du soleil.

- C'est qui ton poisson?, qu'elle demande lassement. J'ose espérer qu'il y a un poisson, parce que j'ai pas envie de m'être fourré derrière une poubelle pour rien.

Un jour comme un autre pour Jake. Ils se ressemblent tous, seules ses cachettes de filatures diffèrent. Aujourd’hui le détective a opté pour une grosse benne à ordures. Si l’odeur est nauséabonde pour quiconque, lui est habitué. Pour être tout à fait honnête, pour la réussite d’une enquête l’alcoolique serait même prêt à y entrer. Immonde me direz-vous, et vous n’avez pas tort. Mais voilà, Jake est professionnel, et si le travail le pousse à porter l’odeur d’ordures toute la journée alors qu’à-cela-ne-tienne, il n’attache pas d’importance au regard des gens.  

D’autant qu’il reste concentré, comme en ce moment, jumelle d’une main, appareil photo de l’autre. Situation loufoque où évidemment, il ne passe pas inaperçu. Il traque une proie astucieuse, maligne. Si d’ordinaire ce sont plutôt des femmes qui le contactent pour suspicion d’adultère, ce coup-ci, c’est un pauvre gars. Enfin pauvre, son compte en banque doit prouver le contraire et sans vouloir faire de généralité, est certainement la cause de la probable tromperie. L’argent chez l’un, la passion chez l’autre. Jake entrerait plutôt dans la seconde catégorie mais ça, c’est une autre histoire.  

La bimbo, comme à s’en douter, est l’heureuse propriétaire d’une berline noire récemment offerte par celui qu’elle doit considérer comme son “sugar daddy”. Ses quelques caractéristiques n’étonnent pas Jake : Bouche atrocement pulpeuse, botox en veux-tu, en voilà, Poitrine et fesses, refaites. Non pas qu’il soit du genre à juger la vie des autres, après tout il est très mal placé pour, mais cette mode de la chirurgie excessive le dépasse complètement.  

Le regard fixe sur une boutique de prêt-à-porter depuis une bonne heure, Jake s’impatiente. Pourquoi donc les femmes prennent-elles autant de temps dans un magasin de vêtements ? Une veste en jean, un t-shirt, un pantalon et l’affaire est réglée ! Il entraperçoit la silhouette de la demoiselle, visiblement accompagnée d’une armoire à glace, certainement livré en 8 packs. Un couple qu’on pourrait facilement retrouver dans une émission de téléréalité. « Je sais pas dans quel univers t'imagine que t'es bien caché, Jake, » Ledit Jake sursaute, surpris par une voix familière. Il se retourne et tombe sur Drew. Il rit, il ne l’admettra pas mais elle n’a pas tort. Sa fierté de Mâle Alpha le pousse alors à bomber le torse.  

— ‘Me suis jamais fait cramer mam’zelle, ça prouve mon efficacité.  

Chose qui, et c’est certain, relève du miracle. Lorsqu’elle s’installe à ses côtés, l’alcoolique lève un sourcil. Jamais il n’aurait pensé qu’une femme puisse l’accompagner dans ses délires professionnels. Et pourtant cela ne le surprend pas tant que ça, À quelques différences près, ils se ressemblent tous les deux. « C'est qui ton poisson ? J'ose espérer qu'il y a un poisson, parce que j'ai pas envie de m'être fourré derrière une poubelle pour rien. » D’un geste rapide, il pose ses jumelles sur les yeux de son interlocutrice et la pousse à se pencher.  

— La réplique blonde de Kim Kardashian là, à la caisse, avec ses 30 000 sacs. Il plisse les yeux. Ah elle sort, merde !

Sans réfléchir, le détective attrape la main de la jeune femme, se lève et court quelques mètres. Planté là, il se rend vite compte qu’il n’est pas venu avec son pick-up, mais bel et bien avec sa vieille moto, sans casque, pas l'idéal pour une filature digne de ce nom. D’un râle, il lève les yeux au ciel et pose ses mains sur les épaules de sa nouvelle stagiaire.  

— Je te partage mon meilleur rhum si tu me prête ta bagnole !

Il était fier, le détective. « ‘Me suis jamais fait cramer mam’zelle, ça prouve mon efficacité. » Elle avait automatiquement roulé des yeux à la réplique de Jake, le pompier, non sans avoir un petit sourire qui lui apparait au coin des lèvres. Clairement, cet égo de mâle alpha c'était de famille. Elle s'était quand même accroupie près de lui derrière la poubelle puante, lui demandant qui était sa proie du jour. Sans questionner pourquoi elle embarquait dans ses histoires avec lui, acceptant simplement qu'elle était là, Jake lui pose rapidement les jumelles devant ses yeux, et elle plisse les yeux pour y voir un peu mieux. « La réplique blonde de Kim Kardashian là, à la caisse, avec ses 30 000 sacs. » qu'il lui dit au moment ou ses yeux focusent sur la marque du détective. Une fois qu'elle savait ce qu'elle cherchait du regard, il était évident que c'était de la blonde plantureuse dont il s'agissait. C'est là qu'elle voit aussi l'homme qui l'accompagne. Bordel, il était immense. Elle se fait sortir de son observation par Jake qui bouge à côté d'elle. « Ah elle sort, merde ! » qu'il grogne, ramennant les jumelles à lui.

Drew est surprise un peu quand il lui prend la main pour l'entrainer d'un pas de course un peu plus loin, mais la petite surge d'adrénaline que ça lui emmène l'est encore plus. C'est différent de son adrénaline lorsqu'elle est sur un appel au travail, et elle ne déteste pas ça. Alors, elle le suit, sans poser de questions.

Puis, Jake s'arrête d'un coup sec, relâchant sa main; ses yeux semblent chercher une solution à un problème qu'il n'avait pas encore pris la peine de verbaliser à sa nouvelle partenaire. Puis, le bulbe apparait su dessus de sa tête, et il se toune vers Drew, posant ses mains sur ses épaules. « Je te partage mon meilleur rhum si tu me prête ta bagnole ! » Ça la fais sourire malgré elle, la belle brune. Elle dévie son regard su sien, posant des yeux sur sa caisse avant de secouer la tête.

- J'crois pas, non... qu'elle commence sans véritable conviction.

Comme si elle allait laisser le bel alcoolique conduire sa belle Pontiac GTO 1965; ça n'arrivera jamais, même pour ses beaux yeux charmeurs et sa belle moustache. Sauf que Drew, elle a envie de jouer le jeu, d'embarquer dans cette aventure avec Jake. Et puis, qui serait assez con pour dire non à du bon rhum? Pas elle, ça c'est certain. Elle pose donc à nouveau ses yeux sur lui, offrant à l'alcoolique un sourire malicieux.

- Allez, Jack Sparrow! Embarques., qu'elle lui dit en lui pointant le côté passager sur la voiture pourpre un peu plus loin. C'est moi qui conduis. Pas question que tu risque de briser ma belle caisse.

Elle sors ses clés de la poche de son jeans et elle prend place côté conducteur, mettant tout de suite la clé dans le contact; le grondement du moteur se fait entendre alors que la plus jeune se retourne vers le détective qui avait prit place du côté passager. Elle sort habilement du stationnement et se met en route, suivant la voiture luxueuse de la blonde et son compagnon de près, mais pas trop.

- Trois voitures de distance c'est assez? qu'elle demande au moustachu. Oh, merde.

La lumière devant eux tourne au orange alors que la bagnole de la blonde traverse l'intersection. La brune fait une petite maneuvre, jouant de la pédale et du bras de vitesse. Elle augmente leur vitesse de quelques kilomètres à l'heure pour s'assurer de suivre la berline noire, la lumière passant au rouge juste avant qu'ils réussisent à la traverser. Elle tourne son visage vers Jake, et lui offre un petit clin d'oeil.

- Par chance j'connais quelques flics... qu'elle dit en glissant sa main dans sa longue chevelure brune, l'autre main sur le volant.

Le détective n’a jamais échoué dans son travail, d’où cette fierté de mâle alpha. Qu’elle soit de famille ou non, il estime simplement avoir le droit d’être arrogant, parce que ce bouche-à-oreille, cette bonne réputation professionnelle, il l’a bâti seul. Et comme vous pouvez vous en doutez, ce n’est pas de tout repos d’être Jake Owens. L’homme prêt à tout pour arriver à ses fins, d’une filature à l’infiltration clandestine en passant par l’obtention illégale d’armes à feu, tout un processus dangereux pour être récompenser par de l’argent mais aussi, dans le meilleur des cas, un coït avec ses clientes.  

Pour autant jamais il n’avait envisagé d’être accompagné dans ses aventures, il faudrait être fou ou suicidaire pour ça. Non pas que Drew rentre dans l’une des catégories, seulement elle semble jouer le jeu en se cachant également, visiblement pas gênée des regards qui les entourent. « J'crois pas, non... » Dommage, c’est une belle bête pourtant, il aurait adoré tripoter ses courbes...et pour une fois, il ne fait pas allusion à une femme -même si, soyons honnête, il ne serait pas contre non plus.  

— Moi qui croyait que nous étions amis, tu me laisse même pas toucher ta carrosserie.  

Il lève les yeux au ciel, comme par indignation. Pourquoi ne lui fait-on jamais confiance quand il s’agit de véhicule ? Il a pourtant le même vieux pick-up depuis des dizaines d’années et n’a eu qu’un accident avec, bien que l’issue en ai été tragique, il la bichonne toujours. Comme il aurait pu bichonner la Pontiac de madame. « Allez, Jack Sparrow! Embarque. C'est moi qui conduis. Pas question que tu risques de briser ma belle caisse. » Il soupire, ouvre la portière côté passager de l’habitacle et s’y installe. Il confirme intérieurement la beauté de l’intérieur de la voiture, tout autant que l’extérieur.

— T’es dure avec moi, j’suis pas un danger public non plus ! S’exclame-t-il.

Pire que ça, il incarne la perniciosité même, le genre qui double à vitesse extrême en filature pour ne pas lâcher sa cible du regard. Elle n’a pas tort de se méfier de Jake la belle, même si son égo en prend un coup et se refuse à avouer l’évidence. « Trois voitures de distance c'est assez ? » Il analyse les alentours, aucune grosse voiture dans les parages pour le moment, pas de quoi perdre la blonde et son armoire à glace du regard.

— Ouais, c’est parfait. Se contente-t-il de répondre.  

« Oh, merde. Par chance j'connais quelques flics... » Combien de fois a-t-il fait “l’erreur” de passer au rouge ? En soit, l’incident est si peu grave à son échelle qu’il n’a pas réagi à son juron, n’a même pas compris sa réaction. Sans doute est-ce pour cette raison qu’on ne lui prête jamais de véhicule après tout. L’homme émet un rire franc tout en fixant la berline.  

— Omg, comme moi ! Toute la bande d’ailleurs...même s’ils doivent être plus sympathiques avec toi qu’avec moi.  

Ils se connaissent bien lui et les policiers –pour dire, même sa fille est flic. Les allers-retours en cellule de dégrisement les ont, petit à petit rapprochés. L’alcoolique est bavard, colérique et séducteur, un cocktail explosif qui a tendance à les enrager, les poulets. Pourtant lui ne pense pas à mal, simplement rendre fun leur vie triste et monotone...mais comme toujours, sa bonté est vue du mauvais œil. Il soupire rien que d’y penser puis se concentre à nouveau sur les amants. La berline noire fait des tours, prend des chemins moins touristiques, à l’abri des curieux, rien d’étonnant -enfin, vu la stupidité de la bimbo qui se montre aux bras de musclor en pleine rue, il y a de quoi douter.

Un moment plus tard, ils se trouvent dans un coin de Klamath Falls moins fréquenté, dépourvu de centre commercial et de magasins de luxe, juste une avenue connue pour être plutôt hot. En soit, une avenue que Jake connaît par cœur. À première vue tout à fait innocente, lui connaît bien le coin et les quelques femmes avec qui il a couché qui déambulent actuellement les ruelles. Magnifiques et délicieuses, adorables...bien que le sujet ne soit pas là.  

Le soleil couché depuis peu aide le professionnel et sa nouvelle stagiaire à ne pas se faire remarquer lorsque les tourtereaux se gare à un motel. Jake fait un léger signe de tête à Drew puis sans trop de bruit, se hisse en dehors de l’habitacle. Quand leurs cibles entre dans l’établissement, le détective ne peut retenir un sifflement.  

— Pas un 5 étoiles mais un motel avec piscine quand même, elle a du goût la bimbo.  

Jake se tourne vers son alliée et embrasse sa tempe, Il est encore plus affectueux lorsqu’il est reconnaissant. Elle l’a suivi, lui, dans son travail qui n’est évidemment pas sans dangers, peut-être n’en est-elle pas consciente mais peu importe, il a l’instinct de protection, d’autant avec ceux qu’il apprécie et Drew, il l’aime beaucoup.  

— Merci de me suivre ma belle. On entre dès qu’ils quittent l’accueil. Doucement, il entrelace ses doigts aux siens. Désormais Drew, nous sommes en couple, toi et moi.  

Comme dit, lorsque les amants obtiennent la clé de leur chambre, Jake se précipite dans l’immeuble avec son amie, toujours main dans la main. Il aperçoit le propriétaire du motel derrière le comptoir et avance d’un pas décidé. À destination il sourit à l’homme et soudain, le salut familièrement. Oui, l’alcoolique connaît sans doute un peu trop l’endroit.  

— Salut bro ! Une chambre pas trop loin du couple qui vient d’arriver s’teuplait. Tu connais mon amour pour l’échangisme hein. Fier, il fait un clin d’œil et poursuit. Je voulais prendre la même chambre mais ils sont timides les jeunes, à croire que coucher avec une autre personne que sa ou son partenaire est tabou, on n'est pas comme ça nous, hein chérie ?  

Il accentue son jeu d’une claque sur le postérieur de ladite chérie. Bon vendeur mais surtout naïf, le propriétaire leur adresse une chambre non loin des amants, dommage qu’ils ne soient pas à proximité mais soit, s’ils ont choisi ce motel, peu sûr qu’ils ne se contente que de la chambre. Lorsque Jake ouvre la porte de leur espace, il découvre avec joie qu’ils ont vue sur la piscine grâce à la petite fenêtre de la pièce.  

— On campe devant la fenêtre ou on mélange travail et plaisir ? Demande-t-il aussi innocemment que possible. Devant l’expression de la belle, il continue. Hum, je vais trop loin, c’est ça ? Il soupire et se colle à la fenêtre, regard fixe vers la piscine vide de monde. J'suis dans un motel avec une belle femme et j’couche même pas...quelle vie de merde.

Il ne fallut pas beaucoup de temps avant que Jake et sa nouvelle détective en herbe se retrouvent sur l'une des rues moins fréquentables de leur belle ville. Le genre d'arrondissement ou l'on retrouvait généralement des femmes à la recherche de leur prochain client et des gens qui préféraient ne pas être vus, digne d'un bidonville de Vegas. Ils finissent par sortir de la caisse de Drew, et ils se retrouvent à l'avant de celle-ci, observant le motel de loin. « Pas un 5 étoiles mais un motel avec piscine quand même, elle a du goût la bimbo. » Du goût, ça, Drew n'était pas certaine. Elle n'était pas prête à dire qu'une femme qui avait envie de se voir dans un miroir son visage et son corps aussi soufflée qu'un zeppelin avait du gout. Et puis, que dire de l'armoire à glace de Jersey Shore avec qui elle était.

- Le mec avec qui elle trompe son mari est aussi attrayant qu'un pied gangréneux, qu'elle dit en plissant le nez, donc pour le goût, on repassera.

Jake récompense la brunette d'un baiser sur la tempe. Elle lui offre un sourire en retour, et inconsciament, ses épaules deviennent un peu plus droites. Ça lui faisait une drôle de fierté, cette escapade avec le détective. « Merci de me suivre ma belle. On entre dès qu’ils quittent l’accueil. » Elle hoche simplement la tête, le pompier. C'était lui le professionnel, après tout.

- Pas d'quoi, Jake.

Et c'était pas un mensonge. Ça faisait changement du danger dans lequel elle était habituellement. Normalement, elle se lançait dans des feux ardents et imprévisibles, donc, cette petite poussée d'adrénaline qu'elle avait aujourd'hui, c'était rien pour elle. Puis, Jake, il avait glissé sa main dans la sienne, entrelaçant doucement leurs doigts. « Désormais Drew, nous sommes en couple, toi et moi. » qu'il lui avait simplement dit, alors qu'elle retournait la poigne délicate. Ça avait quelque chose de simple, tout ça, malgré les circonstances farfulues, cette situation dans laquelle ils étaient. Comme s'ils avaient fait ça toute leur vie.

- Quelle chanceuse je suis, qu'elle dit en lui offrant un petit clin d'oeil coquin. Sauf que j'suis pas Drew, ce soir. Non... ce soir, j'suis Candy.

Pendant qu'ils marchent dans le stationnement en direction de l'accueil du motel, Drew replace un peu son décolleté et découvrant un peu plus sa poitrine. C'était pas le temps d'être élégante, non. Candy, elle était pas classy. À partir de maintenant, elle n'était qu'un morceau de viande pour couvrir leurs arrières.

- Maintenant j'suis un peu plus crédible, qu'elle dit comme une évidence.

Ils entrent dans l'immeuble et se dirigent au comptoir, ou Jake salue le propriétaire avec l'aisance d'un habitué de la place - ce qu'il était. « Salut bro! Une chambre pas trop loin du couple qui vient d’arriver s’teuplait. Tu connais mon amour pour l’échangisme hein. » Pardon? La surprise se lit sur le visage de Drew pendant une fraction de secondes, et elle doit retenir un rire, alors elle détourne les yeux quelques secondes, pour se mettre dans son personnage de petite amie échangiste. Elle emboite le pas, suivant Jake dans son improvisation, histoire de rendre l'histoire un minimum crédible. Parce que Jake, aux yeux du monde, il devait pas être celui auquel on pense quand il est temps d'avoir une petite amie. Elle s'accoude au comptoir de façon suggestive, mettant sa poitrine bien en évidence dans sa camisole blanche, et elle offre un sourire charmeuse au propriétaire, avant de claquer sa gomme à mâcher contre sa langue. « Je voulais prendre la même chambre mais ils sont timides les jeunes, à croire que coucher avec une autre personne que sa ou son partenaire est tabou, on n'est pas comme ça nous, hein chérie? » Et Jake, il pocture sa phrase d'une bonne claque sur la fesse de celle qu'il venait d'appeller chérie, lui faisant pousser un petit cri aigu de surprise, qui se finit en rire. Elle se relève du comptoir et passe son bras autour de la taille du détective avant de se lover contre lui, et elle pose un baiser sur sa mâchoire, presque exagéré.

- T'a raison bébé, qu'elle dit à l'attention de Jake de sa voix mielleuse et rauque, battant des cils, avant de se retourner vers le propriétaire. Les gens, ils savent plus s'amuser. Tout ce que j'veux moi c't'un peu de plaisir.

Et clairement, la tactique de Jake fonctionne, parce qu'ils se retrouvent rapidement avec les clés en main et se dirigent vers leur chambre, nouveau quartier général pour le reste de la soirée, de la nuit. Drew pose ses fesses lourdement sur le matelas, rebondissant doucement avec un grincement. Leur couchette de fortune, qui était recouverte d'une couette au motif douteux datant définitivement de l'époque ou c'était encore Ronald Reagan qui était à la présidence. C'est aussi probablement à cette époque qu'elle avait été lavée pour la dernière fois. Jake, lui, s'était approché de la fenêtre, par laquelle on voyait la piscine bien en évidence. « On campe devant la fenêtre ou on mélange travail et plaisir? » que dit le plus vieux, la sortant de ses pensées. Elle hausse un sourcil, croisant une jambe et réprimant l'envie de rouler des yeux. « Hum, je vais trop loin, c’est ça? » Le pire dans cette histoire, c'est qu'elle ne dirait pas non à son offre, la brune. Elle joue le jeu de l'offensée, mais, au fond, ils le savaient tous les deux qu'ils étaient pas mieux que ça. Les hommes, c'était probablement la plus grosse faiblesse de Drew, après le whiskey; c'était pas un secret pour personne. Mais Jake, il avait soupiré avant qu'elle puisse lui répondre quoi que ce soit. « J'suis dans un motel avec une belle femme et j’couche même pas... quelle vie de merde. » qu'il dit, le front posé contre la vitre. Mais tout ce qu'elle avait retenu de tout ça, Drew, c'était les belles paroles.

- J'vais le prendre comme un compliment, qu'elle dit avec un petit rire avant de se lever du lit et de s'approcher de lui. Et puis, c'est pas comme si t'avais l'attrait de l'inconnu. Tu connais déjà le terrain de jeu.

Elle marque une pause, s'arrêtant à ses côtés, les yeux sur la piscine à travers la fenêtre. La brunette se pince la lèvre du bas entre ses dents, ses pensées retournant à la dernière fois ou ils s'étaient retrouvés en présence d'un lit. Une baise digne de ce nom, sous l'influence de toutes sortes de substances et de liquides. Un moment délicieux, aidé par le fait que c'était interdit par un tiers parti, qui avait voulu tuer Jake lorsqu'il avait appris que c'était arrivé. Est-ce que ça empêcherait Drew de recommencer si l'occasion de présentait? Non. Parce qu'elle apprenait rarement de ses erreurs, la brune. Et puis, c'était pas à Misha de dicter quoi que ce soit dans sa vie. Plus maintenant.

- La soirée est encore jeune, Jake, qu'elle lui dit, son petit sourire toujours au coin des lèvres, avant d'approcher son visage de lui, et de lui poser un baiser sur la joue, presque chaste comparé à toutes leurs précédentes interractions. Qui sait, ta chance pourrait tourner.

Elle lui fait un petit clin d'oeil avant d'aller vers la porte menant à l'extérieur et de l'ouvrir. L'air humide de la soirée fait son entrée dans la pièce. Drew passe sa tête par la porte avant de revenir à l'intérieur et de retirer son veston de jeans, qu'elle lance sur une des deux chaises autour de la table.

- Vue parfaite sur leur chambre à partir de la passerelle, qu'elle confirme en posant ses yeux sur lui. J'imagine que de la piscine on doit aussi voir leur chambre bien comme il faut.

Elle retourne s'assoir sur le lit, prenant le combiné du téléphone qui se trouvait sur le chevet défraîchi. Elle appuie sur le 0 avant de se laisser tomber, dos sur le lit. C'est le même homme de l'accueil qui réponds à la ligne.

- Salut beau gosse, qu'elle lui dit de sa voix à nouveau mielleuse et rauque. C'est Candy de la chambre 106. Tu crois qu'il y a moyen d'avoir des bières à la chambre? J'suis certaine que t'en a de caché dans ton bureau. Mon mec et moi, on veut juste avoir un peu de plaisir, t'sais... Elle marque une pause. Ouais? ... T'es trop top, mon beau... Merci.

Elle se relève, posant le combiné sur sa base, un sourire triomphant sur les lèvres, puis elle croise sa jambe et s'appuie derrière elle avec ses mains. Elle pose ses yeux sur Jake.

- Tu devrais m'engager, qu'elle lui dit. Candy elle est pratique.

Jake détaille les environs. La rue peut bien être infréquentable, elle n’en reste pas moins l’une des plus fréquentée. Toutes ces femmes déambulant sur les trottoirs en petite tenue, jupe courte et débardeur. Non pas qu’il n’en soit pas friand mais pour être tout à fait honnête, le détective n’attache aucune importance à l’apparence. Mieux que ça, il préfère découvrir chaque parcelle de peau couverte par un tissu. Les courbes se devinent sans besoin d’une robe de satin, c’est du moins le cas de l’alcoolique qui prend un malin plaisir à deviner les mensurations, à imaginer les corps et leurs formes parfaitement imparfaites. « Le mec avec qui elle trompe son mari est aussi attrayant qu'un pied gangréneux, donc pour le goût, on repassera. » Le plus vieux hausse les sourcils, distingue l’allure du bonhomme. Elle n’a pas tort, il est le parfait cliché du sportif sans cervelle, son corps est bien bâti, en tant qu’ancien militaire il ne peut que le reconnaître. Mais à quoi bon donner le meilleur de soi-même si c’est pour être aussi malhonnête ?  S’il avait été l’un de ses hommes au front, pour sûr qu’il aurait plus d’estime, plus de charisme. Mais voilà, sans vouloir paraître vieux-jeu, les jeunes de nos jours lui sont incompréhensibles, bien trop matérialistes, trop occupé à tromper autrui de toutes formes que ce soit. L’adultère, la véritable apparence cachée derrière un tas de maquillage ou un foutu filtre. En quoi des oreilles de dalmatien, un vomi d’arc-en-ciel et un visage déformé par la vieillesse à 20 ans est attrayant ? Une génération de timbrés et ces cibles ne font pas exception.  

— Hm, pas faux. Confirme-t-il. Avec quelques neurones en plus et une moustache bien taillée il pourrait faire un tabac...quel gâchis.

Il admire son amie qui semble plutôt fière d’elle. Elle peut bien, les filatures que l’on voit dans les films paraissent si fluides, si rapides mais la réalité est toute autre, bien plus difficile qu’elle n’y paraît. Alors il se promet de la récompenser comme il se doit plus tard, pour l’heure, il doit se concentrer sur sa mission. Son premier obstacle ne l’inquiète pas plus que cela, le propriétaire du motel n’est pas une lumière et gobe tout mensonge de Jake. Car oui, ce n’est pas la première fois qu’il suit une cible ici donc soit il est doué pour mentir, soit il est trop crédible en amoureux inconditionnel du sexe...hm, il a bien une idée sur la question mais autant s’abstenir, de pures âmes pourrait lire ces quelques mots. « Quelle chanceuse je suis, Sauf que j'suis pas Drew, ce soir. Non... ce soir, j'suis Candy. » Un sourire malicieux s’étend sur le visage du plus vieux quand elle découvre son décolleté. Bien décidée à l’aider la belle, audacieuse, à priori sans crainte, le genre de femme qu’il adore. « Maintenant j'suis un peu plus crédible, » Le quadragénaire empoigne le col de son haut, le secoue vivement et souffle.  

— Elle donne chaud Candy. S’amuse-t-il.  

Blague à part, Drew est une femme splendide, Jake en a été témoin lors de leur ébat. Magnifique, sensuelle, sexy...pas étonnant que Misha soit peu enclin à partager...si tant est qu’il ait son mot à dire, à croire que les femmes sont des objets qu’il possède, un vrai gamin. Plus encore quand il s’agit d’Hazel, c’est un terrain miné. « T'a raison bébé, Les gens, ils savent plus s'amuser. Tout ce que j'veux moi c't'un peu de plaisir. » Elle se love contre lui la belle Candy, intérieurement époustouflé de sa performance, il reste néanmoins dégagé de sa personne pour garder le personnage. Son baiser sur la mâchoire le fait sourire et il se prend vite au jeu, mordille les lèvres de sa prétendue chérie avant de tourner les talons et rejoindre la chambre. « J'vais le prendre comme un compliment, Et puis, c'est pas comme si t'avais l'attrait de l'inconnu. Tu connais déjà le terrain de jeu. » Posé contre la fenêtre, il la distingue tandis qu’elle le rejoint. Un instant il se perd à admirer ses formes puis détourne à nouveau le regard vers la piscine. « La soirée est encore jeune, Jake, Qui sait, ta chance pourrait tourner. » Toujours concentré sur l’extérieur, il ne manque néanmoins pas la probable promesse de Drew. Enfin probable, à ce train-là, suffit que les deux idiots sortent dans les prochaines minutes pour qu’ils s'étreignent, à n’en pas douter.  

Quand il entend “Candy” échanger avec l’homme de l’accueil, Jake retient un rire. Véritablement crédible, elle serait bonne actrice. Nul doute qu’il rougit à cet instant, qu’il s’imagine des tas de scénarios avec la trentenaire comme interprète principale. Il faut bien avouer que lui-même a deux-trois idées sur la suite des évènements. « Tu devrais m'engager, Candy elle est pratique. » L’homme s’éloigne de la fenêtre pour rejoindre Drew, assise sur le lit. D’un pas assuré, il s’approche de l’oreille de son interlocutrice, fait glisser son index sur sa joue avant de murmurer.  

— Je vais y réfléchir chaton. Il soulève le menton de ladite féline. Elle m’inspire bien des choses en tout cas...même si je préfère de loin son interprète.  

Il sourit puis s’éloigne. Elle le tente, s’il n’y avait pas cette foutue bimbo ils seraient déjà allongés sur ce lit, dans la baignoire ou sur les transats de la piscine...les trois à suivre à vrai dire. Appareil photo en main, il maintient l’objectif sur leur chambre, persuadé qu’ils ne tarderont pas à se montrer. Et pas manqué, les voilà ! Prêt à dégainer son arme, à les cribler de photographies, il fronce les sourcils en distinguant leurs silhouettes respectives.

—  Hum, c’est bien ce que je pensais, refaite de partout la blonde. Il lève les yeux au ciel. Je te parie 50 $ qu’il va direct se jeter sur elle...non attend, il l’a déjà fait. Bordel, elle a pas choisi le bon gars. Les sourcils toujours froncés, il ne manque pas de prendre une photo. Putain, il fait que bouger c’t’emmerdeur...laisse tomber, on va attendre qu’ils se pointent à la piscine, vu comme il se débrouille j’aurais que des putains de photos floues.  

Il souffle. Jake n’attendait pas du jeune qu’il soit très performant mais là, c’est du niveau d’un bleu, à croire qu’il vient de perdre sa virginité. Impatient, il s’assoit à son tour sur le lit, attrape son paquet de cigarette et en tend une à son acolyte. Clope au bec, il s’allonge confortablement à ses côtés, un bras derrière sa nuque. Fort heureusement, l’établissement est non-conforme, la fumée est donc indétectable...pas sûr que ce soit une bonne chose m’enfin, ça l’arrange. Il jette un regard sur Drew, lui indique son torse pour qu’elle vienne s’y installer.  

— Le temps d’une clope et ils seront à la piscine, prépare-toi à prendre ta meilleure photo, jeune fille ! Il dépose son appareil photo à côté d’elle. Mon outil, c’est ton outil, ne me déçois pas, sinon...Il mime une fessée. Quoique Candy aimerait ça. Ou Drew, laquelle des deux est la plus coquine ?   Il empoigne un cendrier qu'il dépose sur son torse. Ne me dis rien, je veux découvrir par moi-même...sobre cette fois.

La brune et le détective, ils étaient entrés dans leurs personnages avec une facilité presque alarmante. Il lui avait dit que Candy elle donnait chaud, alors elle allait lui en donner pour son argent, au sens figuré, bien entendu. Parce que Drew, elle était bien la seule personne dans ce foutu motel qui ne serait pas payée pour services rendus ce soir dans une chambre crade. Chambre dans laquelle ils s’étaient rendus plutôt rapidement, grâce au petit stratège de Jake. Elle devait s’avouer qu’il était ingénieux, le détective. Ils prennent leurs aises dans la chambre, et Drew passe un appel rapide au comptoir d'accueil pour leur sécuriser un peu de bière, pour ne pas avoir à sortir de cette pièce avant de dire au quarantenaire qu'il devrait engager Candy.

Jake s’approche de Drew, comme si elle était une petite brebis complètement à sa merci, et il fait glisser son doigt délicatement sur la peau douce de la joue de la brune. « Je vais y réfléchir chaton. » Le doigt de Jake finit son trajet sous son menton, alors qu'un petit frisson lui traverse la colonne, à Drew, aux mots de Jake contre son oreille. Ce surnom, qui lui donnait presque envie de ronronner. « Elle m’inspire bien des choses en tout cas... même si je préfère de loin son interprète. » Instincivement, les lèvres de Drew s'ouvrent juste un peu et elle inspire un petit coup, bombant sa poitrine, et elle se maudit de cette réaction incontrôlée, simplement animale. Primale. Elle resserre juste un peu ses cuisses déjà croisées, comme si elle voulait se protéger d’elle même, des réactions physiques que le moustachu pouvait lui provoquer d’un simple doigt. Elle fonds complètement sous une main ferme.

- ... Jake, qu'elle souffle, comme un avertissement.

Mais il se détache d'elle avant qu'elle puisse continuer, et elle laisse sortir un petit souffle saccadé, essayant de retrouver un semblant de contrôle sur elle même. Il jouait pas fair play le détective. Pas du tout, même. Quoi qu'elle n'était pas mieux non plus, avec Candy. Ça avait tout pour échauder le brun.

Il retourne à la fenêtre, le quarantenaire, appareil photo en main, qu'il braque sur la fenêtre de la chambre de leurs marques. Drew, elle, en profite pour s'étendre sur le lit un peu mieux, étendant ses jambes, ne prenant pas la peine d'enlever son bottillon; ce lit avait surement vu pire de toute façon. « Hum, c’est bien ce que je pensais, refaite de partout la blonde. » que Jake gromelle, près de la fenêtre, l'appareil en direction de la chambre. Il continue de parler en prenant quelques clichés. Elle pose ses yeux sur lui. C'était cool de voir le détective en pleine action; ça levait un peu du mystère autour de Jake Owens, mais ça ouvrait une porte sur lui qu'elle aimait bien. Il avait des défauts, Jake, comme elle en avait aussi, comme on en a tous, mais il était un bon détective. Douteux dans ses techniques, mais, clairement passionné par ce qu'il faisait. « Putain, il fait que bouger c’t’emmerdeur... laisse tomber, on va attendre qu’ils se pointent à la piscine, vu comme il se débrouille j’aurais que des putains de photos floues. » Elle souffle un rire, la brune, de voir son ami s'agiter un peu.

- On va avoir mieux après leur session, qu'elle commence. Tu sais, c'est pas doué à tout le monde d'être bon comme nous.

Elle sourit pour elle même, les souvenirs de leur soirée envahissant son esprit à nouveau. Elle finit par poser à nouveau ses yeux sur le détective, qui lui semblait résolu à attendre.

- Et puis, au moins à la piscine tu va pouvoir te rincer l'oeil sur la plantureuse blonde en maillot.

Il reviens vers le lit, Jake, masquant à peine son impatience, et il s'installe près de Drew, s'étendant à ses côtés sur le matelas à peine plus confortable qu'une palette de bois. Il ouvre son paquet de clope et finit par en offrir une à Drew, qu'elle accepte sans hésiter. Il était rare qu'elle fumait, maintenant, parce que c'était pas très bon pour un pompier, disons, mais quelques fois, quand l'occasion d'une bonne clope se présentait, elle était incapable de refuser. Et là, c'était les conditions parfaites. Elle l'allume, puis se cale non pas sur son torse, mais dans le creu de son bras, la tête posée , ses yeux au plafond. « Le temps d’une clope et ils seront à la piscine, prépare-toi à prendre ta meilleure photo, jeune fille! » Il pose l'appareil près d'elle. « Mon outil, c’est ton outil, ne me déçois pas, sinon... » Il fait le mime de donner une fessée, et Drew souffle un rire et lève les yeux au ciel, essayant de camoufler que c'est quelque chose à quoi elle ne dirait certainement pas non, la brune. « Quoique Candy aimerait ça. Ou Drew, laquelle des deux est la plus coquine? » qu'il continue en prenant le cendrier pour le placer sur son torse. Elle ouvre la bouche, pour répondre au questionnement de Jake, mais il est plus rapide qu'elle. « Ne me dis rien, je veux découvrir par moi-même... sobre cette fois. » Alors elle referme la bouche, et un petit sourire en coin apparait sur ses lèvres, son esprit allant directement vers les promesses à peine voilées de Jake.

- Sobre ou pas, si c'est aussi bon que la dernière fois, j'vais te laisser découvrir ce que tu veux, et quand tu veux.

Elle prend une longue bouffée de sa clope, avant d'aller déposer la cendre sur le torse de Jake. Ça avait quelque chose de naturel, tout ça. Elle et lui, dans ce lit vachement inconfortable à fumer une cigarette entre deux photos de clients. Elle prend une autre bouffée, jouant avec le bord de sa camisole blanche qui, dans cette position, découvre un peu de son ventre.   

- Comment t'en es venu à faire ce boulot, Jake? qu'elle lui demande, le ton presqu'à la confidence. Parce que t'es vraiment bon dans ce que tu fais. Particulier dans tes techniques, mais on voit que t'aimes ça.

Jake ferait un acteur remarquable. Il faut bien avouer qu’il est doué pour faire semblant. Qu’il impressionne par son enthousiasme à toutes épreuves, à sa capacité à tout encaisser sans dégâts aucun. Il personnifie son jeu avec brio, si bien qu’il se perd parfois dans son imagination, à multiplier tant de personnalités qu’il ne sait plus trop qui il est. Aujourd’hui ne fait pas exception, et il faut dire que la tâche est aisée, sans qu’il ne soit en couple, des situations de ce genre, il en a déjà vécu. Qui plus est Drew est douée, comme connectés, l’un sait ce qu’il doit faire, l’autre le suit sans difficultés. « ... Jake, » Pas peu fier de son petit effet, ledit Jake baisse le regard vers les cuisses de son interlocutrice. Là encore, ses pensées dérivent vers une certaine nudité, qu’il se remémore la beauté de son corps, la douceur de sa peau. Ils sont dans le même état mais le détective n’oublie pas pour autant la raison de sa présence dans cette pièce. Barbie et Ken 2.0. « On va avoir mieux après leur session, Tu sais, c'est pas doué à tout le monde d'être bon comme nous. » Quelques flashbacks lui reviennent en mémoire. Rien de très contextuel, de nombreuses sensations, du plaisir, la vision d’un corps magnifique. Nul doute que c’était une soirée magique mais il n’en reste pas moins qu’il était complètement saoul, donc pas à la hauteur de ses réelles capacités.  

— Et encore t’as rien vu, j’avais bu. Je vais décupler le plaisir que tu as eu la dernière fois. Rétorque-t-il.  

Le plus vieux ne se vante pas, il constate simplement, se sait doué en la matière. Ses conquêtes se sont dit particulièrement satisfaites, et c’est peu dire. Non pas qu’il ait de secret, il écoute simplement son corps mais surtout celui de sa partenaire. Son plaisir passe avant tout par celui de son amante, qu’il découvre les points faibles, les titillent, se concentre sur eux pour la rendre folle de désir. Evidemment, avec de l’amour véritable, l’acte serait d’autant plus délicieux mais bien que généreux, il y a des choses qu’il ne peut offrir...du moins qu’il pense ne pas pouvoir offrir. « Et puis, au moins à la piscine tu vas pouvoir te rincer l'œil sur la plantureuse blonde en maillot. » Un dernier regard vers la blonde lui assure qu’il ne ressent pas le moindre désir pour ce genre de femme. L’alcoolique prône le naturel, comprends bien que certains complexes soient si durs à supporter qu’on en vienne à passer sur le billard mais dépenser des milliers de dollars pour un corps de poupée, ça, il ne conçoit pas. Il n’irait pas jusqu’à en être dégoûté mais loin de lui l’idée d’en faire des conquêtes, ça jamais.  

— À moins que tu n’aies une perruque blonde et un maillot sous tes vêtements, j'me rincerais pas l’œil. Le silicone abusif, très peu pour moi, je prône le naturel.  

Dans le lit, Jake aspire la nicotine, impatient d’en finir avec cette affaire. Pour autant il parvient à se détendre, aux côtés de Drew, rien de plus facile. Ils se comprennent l’un l’autre, pas besoin de justifier sa colère, pas de jugement, juste une présence plus qu’appréciée. La demoiselle contre le creux de son bras, il maintient clope au bec et passe ses doigts dans sa chevelure, les caresse doucement, délicatement. Le détective sait être affectueux malgré les apparences, elles sont trompeuses, que les sentiments amoureux soient absents importe peu. Il a toujours été tendre, autant qu’il est bestial et sauvage. « Sobre ou pas, si c'est aussi bon que la dernière fois, j'vais te laisser découvrir ce que tu veux, et quand tu veux. » Il sourit. L’idée d’une Drew dévêtue, à sa merci est plus qu’alléchante, si bien qu’il attrape son menton, dépose ses lèvres contre les siennes et, dans la plus grande douceur, fait danser leurs langues respectives. D’abord lent, il intensifie peu à peu le baiser, le rend chaud, presque fébrile, à en perdre respiration. Il s’écarte ensuite, passe son index sur les lèvres mouillées de la belle pour ajouter.  

— Ce sera encore meilleur. Chuchote-t-il. Je comblerais chacun de tes désirs, même les plus inavouables.  

Aucun tabou entre eux. Comme précisé plus tôt, aucun jugement, du plaisir simple, aucune prise de tête. En bref, une connexion indescriptible. Quand son ventre apparait légèrement, Jake en profite pour chatouiller son nombril. Faire glisser son index sur sa peau, lui donner des frissons. Il grognerait presque de ne pas avoir pu faire ces fichues photos, lui qui s’affame d’une magnifique femme sans pouvoir la toucher comme il le voudrait, une véritable torture. « Comment t'en es venu à faire ce boulot, Jake ? Parce que t'es vraiment bon dans ce que tu fais. Particulier dans tes techniques, mais on voit que t'aimes ça. » Bonne question. On ne la lui avait jamais posée d’ailleurs. Pourquoi ce travail en particulier ? À priori sans trop de similitudes avec son ancien job de commando, juste une expérience de vingt ans très pratiques en de nombreuses occasions.  

— Rien de bien intéressant. J’étais commando. Caporal-chef pour être plus précis. Il dépose le cendrier temporairement, soulève son haut pour montrer son tatouage. Une arme sur le pectoral gauche, côté cœur. C’est pour ça, le flingue. Il reprend sa pose initiale ainsi que le cendrier sur le torse. J’me suis fait virer alors fallait bien trouver quelque chose d’autre. Et tu me connais, moi j’aime l’action. Il soupire. Bon y a aussi un côté paperasse emmerdant m’enfin.

Il hausse les épaules. Il n’a rien de plus glorieux à dire, inutile de rentrer dans les détails fâcheux, la mort de ses hommes, de sa femme qui l’ont poussé à se perdre dans le travail et plus encore, dans l’alcool. Bien trop honteux, trop apeuré qu'elle s'éloigne, la demoiselle. Mais oui, il l’aime ce job. Parce qu’il lui permet de rester en forme, bien qu’il n’ait pas perdu l’habitude des entraînements militaires, ni sa musculature avantageuse, au moins l’alcool ne fait pas de ravage sur son apparence, pas qu’il soit regardant sur ce point, il tient juste à maintenir son corps comme il est depuis sa jeunesse, peut-être un semblant de complexe de futur vieillard, allez savoir.

— Et toi chaton, qu’est-ce qui t’as poussée à me suivre ? Ce que je fais n’est pas sans danger tu sais. Il caresse sa joue. J'suis bon protecteur hein. Y a juste de quoi être inquiet, j'suis pas mal con de pas t’avoir posé la question plus tôt, d’ailleurs.

C'était plein de belles promesses qu'ils se faisaient, entre la filature et l'observation. Les joies de la compartimentation. Drew avait toujours été excellente dans le domaine. Pour elle, l'attirance physique et les activités physiques de chambre à coucher, c'était complètement différent des sentiments comme l'amour. C'est probablement ce qui l'aidait dans cette rocambolesque aventure qu'elle avait avec Jake, mais aussi ce qui était la cause de ses malheurs dans tous les autres fronts de sa vie amoureuse. Elle avait toujours été trè friande des plaisirs charnels, et pendant longtemps, elle était celle qu'on pouvait retrouver avec un homme différent plusieurs fois par mois dans les toilettes du Pikey. Avec du recul, c'est surprenant qu'elle et Jake ne s'y soient pas retrouvés avant. « À moins que tu n’aies une perruque blonde et un maillot sous tes vêtements, j'me rincerais pas l’œil. Le silicone abusif, très peu pour moi, je prône le naturel. » Elle hausse un sourcil avant d'avoir un petit rire. Pas que ce genre de commentaire la surprenne, mais en même temps, tous les hommes de leur génération avaient eu un petit crush sur Pamela Anderson à une certaine époque, et dans sa tête à elle, ça ne partais jamais vraiment, ce genre de crush. Et puis, en même temps, elle s'était fait offrir un compliment. Peut-être qu'il serait temps pour elle de faire l'acquisition d'une perruque blonde... pour être une meilleure détective, bien évidemment. Pour rien d'autre que ça, non, non.

Finalement étendus dans le lit, Drew lovée dans le creu du bras de Jake, ils avaient un petit moment de paix. Juste eux, dans toute leur simple complexité. Les promesses de plaisirs charnels reviennent à nouveaux sur la table, et Drew, elle sourit doucement quand Jake relève son menton et pose ses lèvres sur les siennes, dans un baiser plus doux qu'on pourrait imaginer pour deux gens qui ne sont pas un couple. Mais Jake, il est comme ça; elle le savait Drew. Et cette tendresse gratuite, â lui fait du bien; tendresse qu'elle lui retourne avec plaisir. Puis le baiser s'intensifie rapidement, si bien que Drew, elle est prête à tout abandonner de cette filature pour les lèvres du détective. Mais avant d'aller plus loin, Jake détache ses lèvres des siennes, glissant son index sur ces dernières. « Ce sera encore meilleur. » qu'il cuchotte, faisant sourire Drew à nouveau. « Je comblerais chacun de tes désirs, même les plus inavouables. » Elle lève les yeux au ciel et a un petit éclat de rire avant de revenir à sa position initiale. Et puis, Drew, elle ne parlait pas normalement de ses désirs inavouables, parce que les situations s'y prêtaient rarement. Avec Jake, cependant, il y avait un fil de communication qui était présent; peut-être que ça venait du fait qu'il n'y avait pas de gêne, de honte ou de jugement entre eux, mais elle se sentait à l'aise avec lui. Y'avais rien de tabou, autant pour elle que pour lui.

- Je ne me contenterai de rien de moins, qu'elle murmure contre ses lèvres.

La conversation change, parce que Drew, elle lui demande pourquoi il était devenu détective. Elle savait que ce n'était pas sa carrière avant, mais à part les bribes qu'elle avait eu de Misha, elle n'avait jamais eu beaucoup d'informations sur Jake. Et puisqu'elle n'a pas de gêne réelle avec lui, elle ose lui demander, sans que ça semble intrusif, alors que lui joue doucement avec les bouts de peau de la brune sous ses doigts. « Rien de bien intéressant. J’étais commando. Caporal-chef pour être plus précis. » L'armée. Ça fais du sens, pour la brunette, qu'il soit un Vétéran. Décidément elle avait le don de les attirer vers elle. Et comme pour lui prouver, Jake lève son chandail lui montre son tatouage. « C’est pour ça, le flingue. » qu'il explique. Et Drew, elle hoche la tête, attentive, à l'écoute. « ’me suis fait virer alors fallait bien trouver quelque chose d’autre. Et tu me connais, moi j’aime l’action. » Ça, elle pouvait le comprendre, la pompière. Et elle ne pose pas de questions, cependant, sur pourquoi il s'était fait virer. Elle en avait entendu, toutes sortes d'histoires, sur pourquoi les gens pouvaient se faire foutre dehors de l'armée, et au final, ça ne changerait rien sur son opinion de Jake. « Bon y a aussi un côté paperasse emmerdant m’enfin. » Encore quelque chose que Drew comprenait parfaitement. Surtout avec ce qui allait venir pour elle dans les prochains mois, cette promotion à laquelle elle ne s'attendait pas. Ce poste de capitaine, qu'on lui avait offert. Même si ce n'était pas pour maintenant, seulement dans quelques mois, c'était quand même un truc stressant.

-  Maintenant que tu me le dis, ça fais du sens, qu'elle réponds, hochant la tête. J'te vois bien en uniforme. Mais honnêtement, ce job de détective, ça te va comme un gant. Comme si t'étais destiné à le faire. C'était quelque chose qui t'intéressait avant ou bien c'est arrivé un peu par hasard?

Puis, il finit par tourner la conversation vers elle, le détective. « Et toi chaton, qu’est-ce qui t’as poussée à me suivre ? Ce que je fais n’est pas sans danger tu sais. » qu'il lui demande en caressant sa joue. Encore ce surnom, qu'elle aimait plus qu'elle voudrait l'avouer; qui lui donnait des frissons au creu des reins. « J'suis bon protecteur hein. Y a juste de quoi être inquiet, j'suis pas mal con de pas t’avoir posé la question plus tôt, d’ailleurs. » Ça la fais franchement sourire, Drew, parce qu'elle réalise rapidement que le quarantenaire n'avait probablement aucune idée de ce qu'elle faisait dans la vie. En même temps, c'était pas comme s'ils avaient abordés le sujet avant aujourd'hui.

- T'a pas à t'inquéter pour moi. Je passe ma vie à me lancer tête première dans le feu, et pas au sens figuré qu'elle dit en haussant les épaules, un petit sourire au coin des lèvres. J'suis pompier, Jake. C'est pas un peu de filature qui va me faire peur. Elle sourit. Mais j'aime bien l'idée que tu sois là pour me défendre.

Elle écrase sa cigarette au fond du cendrier et se retourne sur le ventre pour poses ses yeux sur le visage de Jake, faisant glisser ses doigts sur son torse doucement. Elle marque une pause, comme si elle hésitait à lui dire une des réelles raisons; mais avec le plus vieux, elle se sentait en confiance.

- J'pense que j'avais surtout besoin d'être divertie, de me changer les idées, qu'elle confesse. Ça été une drôle d'année, disons, alors, d'avoir ce petit moment d'escapade de ma vie normale, c'était pas de refus.

Elle lui offre un petit clin d'oeil avant de continuer.

- Et puis, t'es pas désagréable comme compagnie, t'sais.

De petites flammes les consument peu à peu, quelques bois de charbons ardents consciemment répartis par le plus vieux, avide du corps de sa nouvelle stagiaire. Il faut dire que la situation n’est pas banale, jamais encore il n’avait eu qui que ce soit à ses côtés durant ses filatures et que Drew soit la première est une véritable aubaine. Parmi son entourage, elle reste celle qui lui ressemble le plus, celle qui aime le risque autant que lui, celle à qui le danger ne fait pas peur et qui, bien au contraire, lui ouvrirait presque les bras par soif de frissons. Lovée contre lui, le détective la contemple, l’admire sous un nouveau jour. Eux qui sont si passionnés, ne s’étaient jamais accordés de temps de repos jusqu’alors. Elle est belle ainsi détendue, aussi douce qu’elle peut être complexe. Si bien qu’il ne peut s’empêcher une caresse sur la joue, l’index longeant son visage, l’arête de son nez. Son pouce danse sur ses lèvres alors qu’elle prononce quelques mots. « Je ne me contenterai de rien de moins, » Il rit, soulève le menton de sa partenaire et y dépose un de ces nombreux baisers qu’il se promet de multiplier plus tard.  

— Je ne te décevrai pas. Assure-t-il.

S’il y a peu d’informations sur Jake, c’est parce que le principal intéressé ne les divulgue pas, ou en petite quantité. Peu fier de son parcours, il aime autant ne pas crier sur tous les toits qu’il a assassiné des membres de son entourage malgré lui. Pour autant il se sent coupable et de ce fait, peu enclin à décevoir les rares personnes qu’il affectionne. « Maintenant que tu me le dis, ça fait du sens, » Interloqué, Jake se pose mille questions. Cela fait sens concernant quoi ? Sa carrure, son physique avantageux, sa musculature bien dessinée ? Ou la folie qui l’habite depuis son retrait de l’armée ? Cette façon de se comporter, étrange, loufoque. Son alcoolisme aussi, bien que son ancien métier n’en soit pas le facteur principal, il joue dans sa descente aux enfers. « J'te vois bien en uniforme. Mais honnêtement, ce job de détective, ça te va comme un gant. Comme si t'étais destiné à le faire. C'était quelque chose qui t'intéressait avant ou bien c'est arrivé un peu par hasard ? » Jamais il ne s’était réveillé un matin avec l’idée de devenir détective en tête, simple hasard. Sa femme était tombée sur un article dans la presse, le lui a montré et c’est ainsi que tout a débuté. C’est avant tout la filature qu’il affectionne, qui l’a poussé à exercer ce métier. Parce qu’il a de très bonnes bases le vétéran, un entraînement plus que satisfaisant pour pister quelques citoyens par-ci par-là.  

— J’ai pas pu le garder mais quand tu veux j’me cosplay. Il hausse un sourcil, affiche un sourire coquin. Pur hasard. Y avait un article dans la presse, c’était pas mal intéressant alors j’me suis lancé, je venais de me faire virer alors j’avais pas grand-chose à perdre.

D’autant que sa femme était derrière lui, le motivait comme jamais. Pas qu’il n’ait eu l’idée d’abandonner mais son soutien a été primordial dans l’acquisition de sa licence et de son cabinet. Accompagné de son nouveau petit surnom, la demoiselle répond à son interlocuteur tandis que celui-ci poursuit ses douces caresses, frotte délicatement son épaule, s’amuse à la faire frissonner. « T'a pas à t'inquiéter pour moi. Je passe ma vie à me lancer tête première dans le feu, et pas au sens figuré […] J'suis pompier, Jake. C'est pas un peu de filature qui va me faire peur. » Pompier, un métier honorable. Bien qu’il comprenne sa force de caractère, il n’en reste pas moins qu’aucun danger n’est à écarter. Toutes ces années sur le front le lui ont appris...après qu’il écoute ses propres conseils, c’est encore autre chose.  

— J’m’inquiète si j’veux. Rétorque-t-il d’un ton amusé. Et ta force n’empêche pas le danger, peu importe ton métier. On apprend ça à l’armée...même si j’suis pas forcément le mieux placé pour te faire la morale. Il hausse les épaules. Je serais de toutes façons toujours là pour te défendre.  

Elle se tourne sur le ventre tandis que le plus vieux se tend légèrement pour jeter quelques coups d’œil vers les amants. Ils ont toujours l’air d’être sur le lit, et pas besoin de jumelles pour se rendre compte que le sexe n’est pas leur fort. Il roule des yeux, pouffe et se repose tranquillement contre le matelas. Lorsqu’elle fait glisser ses doigts sur son torse, Jake les suit du regard pour finalement le dévier vers ledit chaton lorsqu’elle prononce quelques phrases. « J'pense que j'avais surtout besoin d'être divertie, de me changer les idées, Ça été une drôle d'année, disons, alors, d'avoir ce petit moment d'escapade de ma vie normale, c'était pas de refus. » L’homme fronce les sourcils. Il décèle quelque part une souffrance, impossible à définir mais l’expression de Drew le pousse à penser que le sujet est sensible. D’un geste, il attrape ses doigts pour les amener à sa bouche, embrassant ces derniers avec la plus grande tendresse dont il soit capable. Quelque chose lui dit qu’elle en a besoin.

— Je vois. Il caresse sa chevelure. Je t’oblige pas mais si tu veux me parler de ta drôle d’année, je suis tout ouïe.  

Sans doute pas de bons conseils, il a au moins le mérite d’écouter quand de nombreux hommes se fichent des états d’âme des femmes de leur entourage –les mettre sur le dos de leur période du mois est d’ailleurs une belle connerie, petit coup de gueule au passage. « Et puis, t'es pas désagréable comme compagnie, t'sais. » Jake sourit, tend le bras puis la main ainsi que les doigts, qu’il contemple avant de rétorquer d’un ton faussement suffisant.  

— C’est ce qu’on m’dit souvent, ouais. Il glisse sa main sur le dos de la belle, longe sa colonne vertébrale avant de s’arrêter à la naissance de ses lombaires. Tu ne m’es pas désagréable non plus, pour être tout à fait honnête. Délicatement, il se tourne, obligeant ainsi son interlocutrice à se remettre sur le dos. Ceci fait il se penche et dépose un baiser dans le creux de son cou, puis à la commissure de ses lèvres. Je dirais même que tu es une femme merveilleuse, une femme merveilleuse qui peut se confier à un homme merveilleux, prêt à l’écouter. Ceci dit il n’est pas de bons conseils, il va falloir que tu te contentes de ses caresses. Il l’embrasse à nouveau, fait danser leurs langues et s’écarte. De ses baisers aussi...et après que Miss monde et Musclor lui auront donné la possibilité d’avoir de superbes photos, il fera tout pour consoler ton cœur et ton corps.  

Elle est flattée, Drew, que le détective lui fasse assez confiance pour s'ouvrir un peu. Jake Owens était un mystère pour beaucoup de gens, mais aujourd'hui, il levait une petite partie du voile pour elle. « J’ai pas pu le garder mais quand tu veux j’me cosplay. » Même si c'est pas vraiment son truc à Drew, les costumes au lit, elle lui retourne son petit sourire coquin. Peut-être que ça avait à voir avec les figures d'autorité, ou bien c'était en partie à cause de ses daddy issues, mais d'imaginer Jake en uniforme, ça lui chatouille le creux des reins. « Pur hasard. Y avait un article dans la presse, c’était pas mal intéressant alors j’me suis lancé, je venais de me faire virer alors j’avais pas grand-chose à perdre. » qu'il lui explique alors qu'elle hoche la tête. C'était une explication suffisante pour elle, et si un jour il voulait lui en dire plus, il le ferait. Leur lien de confiance se tissait peu à peu, avec les heures qui passaient.

Elle lui avait dit de ne pas s'inquéter pour lui, qu'elle était pompier et bien en mesure de se défendre au besoin. « J’m’inquiète si j’veux. » qu'il lui dit d'un ton un peu amusé. Et ça lui fais une petite fleur, à Drew, quand même, de savoir qu'instinctivement on aurait envie de la protéger. « Et ta force n’empêche pas le danger, peu importe ton métier. On apprend ça à l’armée... même si j’suis pas forcément le mieux placé pour te faire la morale. » Elle souffle un rire, la brune, mais elle sait qu'il a raison. Ce type de job, celui qu'il fait lui, ça pouvait devenir dangereux rapidement. Et il hausse les épaules, le plus vieux. « Je serais de toutes façons toujours là pour te défendre. » Et elle ne peut s'empêcher de lui offrir un sourire, au détective. Alors elle s'approche un peu pour lui donner un baiser, presque chaste, au coin des lèvres. Comme un remerciement silencieux. Elle savait qu'il comprendrait.

- Mon héros, qu'elle lui murmure avec un petit sourire en coin. J'aime quand même bien ça savoir que tu t'inquètes pour moi.

Puis, elle lui parle de son besoin d'un peu de distraction suite à une année particulièrement difficile. Elle utilise le mot drôle, mais, c'était bien le dernier adjectif qui qualifiait la merde qu'elle avait vécu. Et il le sent, le moustachu, qu'il y en a plus qu'elle en dit. Il prends les doigts du pompier dans sa main pour l'approcher de ses lèvres et y poser des baisers doux et tendres. Elle ferme les yeux, la brune, juste un petit instant, profitant du calme dans sa tête. « Je vois. » qu'il dit avant de porter la main à sa chevelure blonde, qu'il caresse doucement. Elle finit par ouvrir les yeux pour les poser sur lui. « Je t’oblige pas mais si tu veux me parler de ta drôle d’année, je suis tout ouïe. » Encore, une douceur surprenante de la part de Jake. Pas qu'elle même soit réellement surprise, pas après leur soirée ensemble, mais même si elle le disait à quelqu'un, ce serait difficile de croire que le vieux alcoolique de Jake Owens étaient au fond, quelqu'un de bien. Mais, ces hommes là, ils gravitaient souvent autour de Drew. Complexe de la sauveuse, peut-être? Ou simplement parce qu'elle comprenait, sans juger?

- Je sais pas, Jake, qu'elle dit en plissant le nez. Est-ce que t'a vraiment envie de m'entendre parler des merdes que Misha me fait constament vivre? Ou du fait que je jongle malgré moi beaucoup trop d'hommes dans ma vie au point de me mettre tout Klamath à dos? Elle soupire, et coninue d'un murmure. De toute façon, t'as surement lu Scandale, comme tout le monde.

Y'avait qu'avec Jake qu'elle se permettait d'être comme ça, maintenant; à nue, plus que vulnérable. Faible? Non. Parce qu'elle n'était pas faible, Drew. Mais elle laissait Jake être tendre avec elle, comme si elle était un petit oiseau blessé qui avait besoin qu'on lui recolle ses ailes. Elle se laissait chouchouter et câliner, avec cette tendresse si particulière qu'il avait. Elle avait pas l'habitude. Cette tendresse, chez Jake, elle était intentionnelle, et elle n'était pas motivée par ses émotions. Il était juste... comme ça. Et ça, c'était rassurant. Alors, elle lui dit qu'il n'est pas la plus désagréable des compagnies. Ce qui était, en fait, un très gros compliment venant de la brunette. « C’est ce qu’on m’dit souvent, ouais. » qu'il avait répondu d'un petit air suffisant, sa main caressant toujours la peau à demi découverte de Drew. « Tu ne m’es pas désagréable non plus, pour être tout à fait honnête. » qu'il complète avant de se relever pour la forcer doucement à se remettre sur le dos.

- Non? qu'elle lui dit avec une petite moue presque aguicheuse, comme si elle essayait de lui soutirer un peu plus de compliments.

Le quarantenaire pose ses lèvres dans le cou de la brune, créant une petite vague de chair de poule sur ses bras. Puis près de ses lèvres. « Je dirais même que tu es une femme merveilleuse, une femme merveilleuse qui peut se confier à un homme merveilleux, prêt à l’écouter. Ceci dit il n’est pas de bons conseils, il va falloir que tu te contentes de ses caresses. » Il emprisonne les lèvres de Drew, le détective, comme pour peser ses propos. Elle s'ouvre, le laissant entrer, leurs langues dansant l'une contre l'autre, et elle en oublie le reste, pendant quelques secondes. « De ses baisers aussi... et après que Miss monde et Musclor lui auront donné la possibilité d’avoir de superbes photos, il fera tout pour consoler ton cœur et ton corps. » Le pincement au creux de ses reins lui signale que les deux bozos, ils avaient intérêt à se dépêcher, parce que toute cette affection et ce flirt, ça avait réveillé quelque chose au fond de Drew. Elle prolonge leur baiser juste un instant de plus. Putain qu'il embrassait bien, cet homme.

- Il est un peu trop tard pour mon cœur, Jake, qu'elle murmure doucement contre ses lèvres.

Lèvres qu'elle pose sur celles de Jake à nouveau avec un peu plus d'insistances; lippes entrouvertes, sa langue cherchant celle du détective à nouveau. Parce qu'elle n'en avait pas encore eu assez. Est-ce qu'elle en aurait un jour assez? Ou peut-être que ça faisait juste vraiment longtemps depuis la dernière fois ou elle avait fait aveuglément confiance à quelqu'un, et que le fais que c'était arrivé avec Jake, cette confiance inexplicable, ça ouvrait quelque chose de nouveau en elle.

- ... mais mon corps, lui, qu'elle continue, il a hâte d'être consolé. Alors Barbie et Ken, ils sont mieux de se dépêcher.

Son dos se cambre juste un peu, pour se rapprocher du torse de Jake. La main de Drew glisse contre son torse, puis son bras, et remonte à sa nuque. Elle glisse son pouce doucement contre la mâchoire du détective. Puis, elle pousse un petit soupir, laissant retomber son dos contre le matelas avant de tourner la tête vers la fenêtre, et c'est là qu'elle voit les deux plus jeunes se rhabiller. La belle brune tappe l'épaule de Jake et pointe la fenêtre.

- Ils ont fini, qu'elle dit avant de rouler des yeux. C'était rapide. Pauvre elle. En même temps, pas vraiment pauvre elle. Elle le mérite.

Dans ce cas, est-ce que Drew aussi l'avait mérité, ce qui lui était arrivé? Elle secoue un peu la tête, chassant cette pensée négative de sa tête.

- Allez, on se lève.

Et le mystère s’épaissit autour de Jake chaque année qui passe. Il n’aime pas se dévoiler l’alcoolique, Par pudeur peut-être, parce qu’il en a des choses embarrassantes à cacher, qu’il craint de décrire pour la simple et bonne raison que ces récits seraient terrifiants, que les détails ne sont pas faciles à écouter. Pour autant Drew saurait sans doute les entendre ces vilaines anecdotes –si l’on peut les nommer ainsi. Elle qui lui ressemble tellement, Une Jake au féminin, à peu de choses près. Leur relation, pas seulement basée sur le sexe, est bien plus complexe que la plupart des relations qu’il a avec les femmes, amies comprises –bien que ce soit rare. Ils s’attirent l’un l’autre, physiquement c’est évident, il suffit de voir comme ils sont en ce moment, mais sans trop comprendre comment ni pourquoi, il y a plus que cela, quelque chose auquel le détective ne peut mettre aucun mot. Peut-être pas utile non plus, la première de couverture n’est pas toujours indispensable, le contenant lui, l’est. « Mon héros. J'aime quand même bien ça savoir que tu t'inquiètes pour moi. » Elle peut bien aimer ça, peu de personnes peuvent s’en vanter. Sans que les concerné(e)s ne le sachent, il pense régulièrement à eux, à leur sécurité. En haut de la liste, sa mère, qu’il a lâchement abandonné pour vivre loin d’elle, qu’il pense régulièrement à aller en visite mais qui a peur de la voir se dégrader, se torturer de la même façon qu’il le fait. Alors il repousse sans cesse la rencontre, multipliant les prétextes. Puis il y a sa fille, que Jake n’a jamais contacté, par peur d’être père, et non pas géniteur. Une responsabilité qu’il n’a jamais voulue assumer, bien plus facile de signer un chèque tous les mois, bien moins de s’occuper de cet être si fragile. Mais elle l’est bien moins maintenant, la jeune Blair, et malgré son travail, sa force, il lui porte un intérêt tout particulier, un instinct qu’il n’avait jamais ressenti jusqu’à lors. Puis Hazel, et là encore, il est ardu d’exprimer ses sentiments, surtout lorsqu’on ne les comprend pas. Mais une chose est sûre, il tient à elle, et ne pas la voir, ne pas lui parler n’est plus envisageable. Fût un temps Misha faisait partie de la liste, depuis peu il peut bien lui tomber un piano sur le crâne qu’il n’ira pas le voir en soin intensifs...un poil trop rancunier le quadragénaire. Et enfin, Drew. Elle pour qui il est plus que compréhensible de s’inquiéter, parce que malgré les apparences, elle est fragile, plus qu’on ne le croit. Pas besoin de décennies d’amitié pour le voir, suffit d’avoir l’œil, ce que certains n’ont pas, et sont bien abrutis de ne pas l’avoir, d’ailleurs.  

— J’ai de quoi m’inquiéter faut dire.

Qu’il ajoute sans la moindre explication, elle comprendra qu’il est plus fûté qu’on ne le croit, alcoolique, parfois drogué et complètement fou, mais a de nombreux moments de lucidité, aux moments les plus importants, et aujourd’hui en fait partie –bien que le manque de goutte de rhum dans le sang y soit pour quelque chose. « Je sais pas, Jake, Est-ce que t'a vraiment envie de m'entendre parler des merdes que Misha me fait constamment vivre ? […] t'as surement lu Scandale, comme tout le monde. »  L’homme hausse les épaules. Il se fiche bien des écrits dignes des feux de l’amour, aux rebondissements plus saoulant que son champagne. Il ne s’y intéresse que lorsque son nom est dans le tabloïd, simple curiosité. Et puis entendre parler de Misha, ça, il a l’habitude, elle ne serait pas la première à se plaindre de son comportement à Jake, ce qui en soit l’arrange bien, il console de belles demoiselles, c’est gratifiant –sans partir dans les détails, mais de temps en temps, il a le droit à une récompense, qu’il ne demande évidemment pas mais qu’il ne refuse jamais.  

— Oh crois-moi, tu serais pas la première. Pi moi j’suis pas comme tout le monde, je lis Scandale que quand elle me cite, parce que j’aime bien découvrir des choses sur moi que j’savais pas. Il sourit. Tu peux me dire ce que tu veux, il est peut-être de ma famille mais je suis le premier à dire que c’est un putain de gros connard. Il froisse légèrement la couette. Un sale petit merdeux qui mérite un uppercut de Rocky en personne.  

De la rancœur envers son cousin, lui ? Non, c’est bien plus que ça. On ne refuse pas le bar à un alcoolique, on ne bloque pas sous prétexte qu’on a “partagé les mêmes attributs féminins” -formule bien étrange mais digne de Misha, lui qui prend les femmes pour des objets. Contrairement au plus vieux, lui au moins ne fait miroiter aucune femme, ne donne aucun espoir, un con oui, mais un con d’honneur ! « Non ? » Quand elle cherche les compliments, Jake sourit, lui donne ce qu’elle veut en toute franchise puis flirte, flirte comme il aime flirter. Faire monter la température petit à petit, pour mieux attiser le feu et faire exploser un torrent de désir, de plaisirs parfois inavoués. Avec Drew c’est tout particulièrement excitant, elle lui inspire bien des idées, le détective n’a aucun mal à deviner ses points faibles, à les titiller. Mais comme elle, il lui tarde d’en avoir plus. Ce que les amants l’empêchent de faire et c’est bien embêtant. « Il est un peu trop tard pour mon cœur, Jake, » Ledit Jake tique. Il a bien du mal à entendre ça de la bouche d’une si tendre, si jolie femme. Elle qui a tout l’amour du monde à donner. Mais à quoi bon lui dire le contraire ? Lui-même a le cœur en mille morceaux et encore une fois, il n’est pas de bons conseils, seulement de bonnes oreilles. « ... mais mon corps, lui, il a hâte d'être consolé. Alors Barbie et Ken, ils sont mieux de se dépêcher. » Oui, il y a ça aussi, qu’il sait faire à la perfection. Ce n’est pas de la vantardise, il reporte seulement les témoignages de ses conquêtes, simple constat.  

— Quand j’aurais mes preuves, je consolerai ton corps aussi longtemps qu’il en aura besoin.  

Elle s’approche, touche son torse, se laisse tomber sur le matelas tandis qu’il glisse doucement une main sur son ventre, qu’il caresse du pouce avant de sentir de petites tapes à l’épaule. Curieux, il redresse la tête vers sa partenaire et l’interroge du regard. « Ils ont fini, C'était rapide. Pauvre elle. En même temps, pas vraiment pauvre elle. Elle le mérite. » Un long soupir se fait entendre alors qu’il lève exagérément les mains au ciel.  

— Dieu soit loué ! Il est rouillé à 20 balais le gamin, toujours avoir un homme d’expérience pour amant !

Quant au mérite elle, certainement. Mais il ne juge pas, déjà parce qu’elle n’est que celle qu’il doit photographier, qu’il est payé pour ça et qu’il ne veut pas en savoir plus, mais surtout parce que lui-même est l’exemple même du péché, alors oser critiquer...non, mauvaise idée. « Allez, on se lève. » Pas besoin de lui en dire plus, Jake dégaine déjà l’appareil photo et le braque sur les amants. Des mains entrelacées, un petit baiser, furtif mais qu’il a bien su capturer. Pouvoir de tout bon détective - on remercie tout de même le mode rafale. Preuves de fidélité en 4K bien enregistrées sur carte mémoire, le quadragénaire vérifie une dernière fois la qualité de ses captures puis range l’appareil dans son étui. À présent ils peuvent bien faire ce qu’ils veulent, Jake s’en contrefout.  

— Voilà, une bonne chose de faite ! Qu’il exclame. Maintenant...

Ça lui faisait quelque chose, quand même, de savoir que Jake s'inquiétait pour elle. Elle avait pas l'habitude qu'on soit comme ça avec elle. Souvent, ces choses là, c'était rattaché à des sentiments. Y'avait des ficelles, et les gens avaient des attentes en retour. Mais pas avec Jake. Ils avaient quelque chose de différent, entre elle et lui, qu'elle avait jamais vécu avec personne d'autre avant. De l'amitié? Oui. De l'attirance? Ça c'était évident. Mais il y avait quelque chose de plus. Un ingrédient secret, même pour eux, qui les avait connectés l'un à l'autre. « J’ai de quoi m’inquiéter faut dire. » Elle avait jamais eu à lui expliquer quoi que ce soit, parce qu'il la comprenait souvent sans qu'elle aille besoin de parler. Et ça en valait de même pour lui. Deux livres ouverts, l'un devant l'autre, sans faux semblants, sans prétention, sans jeu. Il l'avait compris, sans qu'elle ait besoin de lui dire, que son âme était fragile; fragilisée, plutôt. Endommagée jusqu'au plus profond d'elle même. Brisée, par tous les autres venus avant. Corrodée, rongée progressivement avec les années.

Alors elle s'était permise d'aborder vaguement le sujet de Misha, même si c'était simplement pour mentionner que Jake n'avait probablement pas envie d'en entendre parler. D'entendre parler des détails de ce qui l'avait désagrégée silencieusement. « Oh crois-moi, tu serais pas la première. » Il mentionne ne pas réellement lire Scandale, sauf quand elle parle de lui. Par chance. Pas qu'elle aurait peur que ça lui fasse changer d'idée sur elle. Non. C'était juste... gênant, un peu. « Tu peux me dire ce que tu veux, il est peut-être de ma famille mais je suis le premier à dire que c’est un putain de gros connard. » Elle roule les yeux, la brune. « Un sale petit merdeux qui mérite un uppercut de Rocky en personne. » Elle aurait pas mieux dit. Et pourtant, Drew elle était prise dans cet engrenage infini avec Misha, dont elle n'arrivait pas à sortir. Est-ce qu'elle voulait réellement en sortir était probablement une question à se poser.

- ... j'saurais même pas par où commencer, Jake, qu'elle dit doucement avec un petit soupir, ses doigts jouant avec le chandail du moustachu. Misha... il me rend complètement cinglée. Folle à lier. J'suis en colère, et jalouse, et j'comprend pas comment il réussi à me détruire comme ça. J'lui ai tout donné, tout mon am- mais elle s'arrête. Lapsus? Non. Incapable de verbaliser, et faisant comme si elle n'avait pas failli s'échapper et tout admettre. Et en retour, j'ai absolument rien. Et puis y'a d'autres hommes, d'autres drames... et là j'suis perdue. Encore. Comme toujours.

Parce qu'il valait mieux pas se lancer sur Noah et sur Oliver. Ça, c'était encore plus compliqué. Alors Jake lui dit qu'il va s'occuper d'elle, lui. Un discours qui n'a d'autre effet que de l'apaiser, et à la fois de l'émoustiller. Ça a l'air de l'affecter pendant quelque secondes, le détective, quand Drew mentionne qu'il est trop tard pour son cœur. Elle avait posé ses lèvres à nouveau sur les siennes, un peu plus aguicheuse. Presque comme pour changer de sujet, avant de lui dire que son corps, lui avait hâte d'être consolé. « Quand j’aurais mes preuves, je consolerai ton corps aussi longtemps qu’il en aura besoin. » qu'il lui dit, glissant une main sous son chandail, la caressant du pouce. Mais avant qu'ils puissent aller plus loin, Drew remarque que le couple a terminé leurs ébats, et elle le mentionne à Jake.

Ils finissent par se relever du lit, et Jake prends les clichés dont il avait besoin. La brune le regarde faire, presque hypnotisée par ce mode détective dans lequel il était à nouveau entré le temps de quelques photos. C'était sexy, de le voir comme ça, dans son élément, totalement à l'aise. Il y avait quelque chose d'électrisant à ce qu'ils venaient de faire, elle et lui. Elle comprenait pourquoi ça le pousse à faire ce job. La montée d'adrénaline, le rush, le high. Comme une drogue. Ça la fait sourire un peu, alors qu'elle le regarde vérifier ses clichés puis ranger l'appareil. « Voilà, une bonne chose de faite! » qu'il avait dit. « Maintenant... » C'est là qu'il s'était retourné vers elle.

À l’instant où il l’avait vue vulnérable, à la merci de ses sentiments complexes, Jake ne put s’empêcher de penser aux siens rien qu’un petit instant. Quelques microsecondes à tenter de déterminer s’il était proche du précipice ou s’il avait déjà sauté, dans l’espoir que la chute soit rapide et efficace. Nul doute qu’il puise dans ses dernières réserves de bienveillance pour écouter la belle brune, lui qui d’ordinaire n’a que faire des histoires d’amour se trouve aujourd’hui à en entendre une des plus passionnées. Tout comme lui l’avait été autrefois dans ses belles années. Non pas qu’il soit particulièrement vieux -sa morphologie saillante parlant d’elle-même, mais historiquement parlant le détective considère tout de même être passé par toutes les difficultés de la vie. Pourtant il ne s’en plaint pas, comme dirait l’autre, il y a toujours pire que soi. Il faut dire aussi qu’il a les épaules pour supporter le poids des remords et des douleurs, ce qui n’est pas forcément le cas de tout le monde. Drew, elle, est forte. C’est un fait non contestable. Mais plus faible que lui, ça il en est persuadé. Elle est plus fragile qu’elle en a l’air la belle et c’est inadmissible de constater qu’un certain Kane ne s’en soit pas aperçu. Ou bien pire, qu’il s’en soit aperçu mais qu’il s’en contrefiche. On ne peut pas connaître une personne à cent pour cent, et si Jake pensait jusqu’ici qu’eux deux étaient plus jumeaux que les jumeaux eux-mêmes, il se rend compte qu’il était bien loin de la réalité. Au fond, malgré tous ces péchés, l’alcoolique est le moins pire des deux. « ... j'saurais même pas par où commencer, Jake. » Rien d’étonnant à cela, Misha est certainement l’un des hommes les plus complexes qui lui ait été donné de rencontrer...et c’est un alcoolique veuf ancien militaire persuadé d’être un serial killer qui parle, autant dire qu’il est maître dans la matière. Comme il en a entendu des vertes et des pas mûres sur les relations de son cousin. Tantôt il est ignoble, tantôt il est séduisant. Dénué de tendresse ou une impression folle d’être sa bien-aimée, la femme de sa vie. Le plus vieux n’est pas fatigué d’écouter les récits de ces femmes, il en seulement marre que ce soit toujours le même discours, toujours ces mêmes techniques cruelles qu’il utilise et dont il se fout bien des conséquences. Pour être tout à fait honnête, certaines s’apaisent dans ses bras. Sans pour autant développer le moindre sentiment romantique pour le quadragénaire. Beaucoup le prendrait comme un échec, mon cousin est plus comme ci, plus comme ça. Mais il n’a rien à lui envier, sa vie de célibataire endurci lui convient bien, encore plus heureux d’être l’objet de tous les désirs, sans complications, sans prises de tête. Concernant Hazel c’est une autre histoire, un terrain miné qu’il enjambe, qu’il prend le risque de traverser sans trop savoir ce qui l’attend au bout, pas tout à fait sûr de le vouloir mais est incapable de s’en empêcher. « Misha... il me rend complètement cinglée. Folle à lier. J'suis en colère, et jalouse, et j'comprend pas comment il réussi à me détruire comme ça. J'lui ai tout donné, tout mon am- » Conscient du reste de sa phrase, Jake ne relève pas, il ne voudrait pas mettre son chaton mal à l’aise. Mais il enregistre, il bouillonne de l’intérieur. Encore et toujours les mêmes phrases, les mêmes sentiments qu’il provoque chez toutes ces demoiselles. Alors il serre le poing l’alcoolique, discrètement, à l’abri de son regard. Comme c’est rageant d’être aussi impuissant face à la douleur d’un proche, d’une personne qui compte. Lui qui pensait en avoir fini avec ça, que la perte de sa femme, de ses derniers cris de martyre serait la dernière fois qu’il aura le déplaisir d’entendre. C’est aussi pour cette raison qu’il en a marre, parce qu’il ne peut que les comparer –bien que leurs situations soient à l’opposée l’un de l’autre. « Et en retour, j'ai absolument rien. Et puis y'a d'autres hommes, d'autres drames... et là j'suis perdue. Encore. Comme toujours. » Sa détresse est douloureuse, il tente toujours de s’en détacher, d’être le plus objectif possible mais pour Drew, impossible de ne pas être touché. Elle qui mérite toute l’affection du monde. Alors il soupire, passe une main bourrée de tendresse dans la chevelure brune de son interlocutrice. Il les caresse, en démêlent certaines mèches.

— J’aimerais te dire qu’il va changer. Répond-t-il. Mais ce serait mentir. J’aimerais apaiser ta douleur, j’suis pas très doué pour ça mais j’peux te dire une chose : tu n’as pas rien, tu m’as moi. Et moi j’serais toujours là pour toi.  

Jake n’a pas l’habitude de ce genre de conversation où il faut être sentimental, presque trop pudique pour ça. Mais lorsque c’est nécessaire, il prend sur lui. Finalement c’est presque agréable toute cette honnêteté, cette transparence. Il se sentirait peut-être même en confiance, assez pour lui dévoiler quelques petits secrets inavoués. Quelques petites anecdotes qui, assemblées, pourrait sans doute dégager une atmosphère à la fois sombre et bienveillante.  

— C’est pour ça que j’veux plus rien ressentir. C’est plus douloureux que les quelques balles que j’me suis pris.  

Et si l’alcool anesthésie les plaies, il ne les fait pas disparaître pour autant. Le quadragénaire reste un humain, un humain avec des sentiments. Complexes, maussades et fragiles, mais bien présents. Alors il préfère s’en éloigner, et son honnêteté le pousse à refuser l’amour de certaines demoiselles. Certes il ne peut partager leur souffrance, est bien conscient d’en être la cause mais la satisfaction d’avoir été clair dans ses intentions l’emporte toujours. Il est alcoolique et brisé, ce ne sont que des amourettes de passage, quelque chose qui disparaît aussi vite que c’est apparu ! Enfin, cessons toute mélancolie, pour l’instant -et c’est primordial, seul compte le bien-être de son alter ego féminin.