I don't have the slightest memory w/ Gemma #5

14 Avril 2022 Voici de trop longs mois que plus rien ne va dans mon mariage avec Gemma, un mariage mis à mal par ma faute, par mes infidélités à son égard. Une tromperie qui a eu lieu l’année dernière, mais qui continue de nous poursuivre, qui ne fut que le début d’une longue descente aux enfers que jamais nous avons réussi à contrecarrer. De trop longues semaines que notre mariage est dans le même état que le Titanic après avoir percuté cet iceberg, notre famille est en train de prendre l’eau et rien ne semble aller dans la bonne direction pour nous, pas la moindre petite lueur d’espoir à l’horizon. Tout est en train de m’échapper, acceptant ma propre envie de faire chambre à part avec Gemma, mon comportement avec Alexis et son nouveau copain ou encore ces messages que j’ai pu échanger avec elle, ce divorce que j’ai demandé en pensant m’adresser à ma femme. Ce sont des mots que j’ai écrits, mais dont je n’ai pas le moindre souvenir, me procurant l’impression d’une grenade explosant en pleine figure, une grenade que j’ai moi-même dégoupillée. Tout est en train de m’échapper, sans que je ne sois en mesure de contrer le présent d’une vie que je ne contrôle plus, que je continue de bercer de ces cachets que je prends depuis beaucoup trop longtemps maintenant, mais qui me font le plus grand bien. « Tu te caches où petite merde ? » Une question qui n’attend pas de réponse en retour, puisque je me trouve seul au volant de cette voiture, qui est en train de circuler dans chaque petit recoin de cette ville que je connais aussi bien, que j’ai souhaité la fuir. Mes yeux sont tombés sur les images de surveillances du Walmart, j’ai eu l’occasion de voir un homme avoir la ferme intention de s’en prendre à ma femme, une intention qui aurait réussi sans l’intervention d’un inconnu. Une vidéo qui a réussi à faire montrer en moi un rage que je ne suis pas capable de contenir, que je ne suis pas capable de maitriser et qui me conduit à chercher cet inconnu pour m’occuper de lui, pour le punir de son intention de s’en prendre à ma femme. Je suis rongé par les regrets, la culpabilité, la tristesse, la souffrance, mais également par cette colère, une colère capable d’être expliquée pour de nombreuses raisons. Dans l’une de celles-ci, le silence de ma femme, sans les images de surveillances, jamais je n’aurais entendu parler de cette histoire, elle aurait continué de garder le silence. M’occuper de cet homme est une façon pour moi de calmer ma culpabilité, pour essayer d’offrir mon pardon à ma femme. Je tiens entre mes doigts mon portable, qui est en train de m’avertir d’un appel entrant, un appel qui provient de Gemma, mes iris posés sur l’écran, sur cette photo de ma femme et de notre fils. Il y a quelques secondes, mon attention ne pouvait pas se détourner de cette envie de vengeance envers cet homme qui osé s’en prendre à ma femme, maintenant, je peux sentir mon corps être en train de me lâcher. Un regard sur cette photo, sur cet appel qui continue d’émettre une sonnerie, sans réussir à pouvoir y répondre, alors que ma vue est en train de me faire défaut, que doucement je peux sentir ma vision se troubler, s’assombrir avant de perdre toute trace de souvenir, avant de perdre pleinement connaissance.

18 Avril 2022 Quatre jours que je me trouve sur ce lit d’hôpital, mon corps relié à différentes machines qui m’ont permises de pouvoir être encore en vie aujourd’hui. Quatre-vingt-seize heures se sont écoulées depuis ce malaise dont j’ai été victime, depuis cet accident que j’ai connu au volant d’une voiture que je ne contrôlais plus. Je n’ai pas l’impression qu’autant d’heures se soient écoulées, je n’ai même pas l’impression d’être inconscient. C’est dans un monde imaginaire que je me retrouve, un monde dans lequel tous les souvenirs de cette dernière année n'ont jamais existé, je me retrouve avec ce bonheur qui était celui de la famille que j’ai construite avec Gemma. C’est cette voix qui est venu me bercer tout au long de ces quatres journées, cette voix qui arrive à faire naître un sourire en moi, un sourire qui n’est pas en mesure de pouvoir se présenter à mon visage. Beaucoup trop longtemps que je me retrouve prisonnier de mon propre corps, un corps avec lequel je lutte à chaque seconde qui est en train de passer, avec la ferme intention de sortir vainqueur de ce combat. Un combat que je suis en train de mener avec toute la force qu’il m’est possible d’avoir, un combat qui semble se pencher en ma faveur grâce à ces bruits qui parviennent à mes oreilles pour la première fois, ma conscience est en train de reprendre le dessus avant même que mes yeux se soient ouverts. « Ge … » C’est une prise de parole catastrophique que je suis en train d’essayer de prendre, dans un murmure qui me semble être le plus haut que je puisse faire. « Mma … » Il est difficile pour moi de prononcer son prénom en une fois, mais je vais au bout de mon intention, sa voix m’a guidé tout au long de ces quatre dernières journées écoulées, de mes yeux qui ont du mal à s’ouvrir, éblouie par une lumière beaucoup trop importante, par mes doigts que je tente de mettre en mouvement, pour y parvenir faiblement.

4 jours soit 96 heures … Je n’affecterai point une fermeté dont je suis bien loin : je me sens tellement accablée de mes maux ! Mon âme est épuisée de douleur et de peur ! Je porte dans mon cœur tant de mépris, tant de regret! Tant de colère envers moi ! Le remords de ne pas avoir pu ouvrir les yeux plus tôt et de me rendre compte à quel point, je l'aime! C'est à des moments comme celui-ci, aussi tragiques qu'on se rend compte de l'importance d'une personne dans notre vie, seulement lorsqu'on est à deux doigts de la perdre! Je ne cessais de continuer d'observer minutieusement son corps allongé sur ce lit d'hôpital, à la recherche d'un signe, d'une réaction, d'un geste. Je souhaitais tellement que tout ceci ne soit qu'un cauchemar, et pourtant, chaque fois que je rouvrais les yeux, il était toujours là - nous étions toujours là, dans cette chambre glacée.

Parfois, je caressais sa main. Parfois, je caressais son doux visage, un visage si affaibli. Parfois, je lui remettais la couverture, parfois, je la retirais. Parfois, je passais un petit coup d'eau sur son visage. Parfois, j'appelais pour rien le médecin de garde tout ça, parce que le moindre bruit m'horrifiait. Parfois, je pleurais! Oui.

Je prenais soin de lui!  

4 jours, qu'est-ce que cela représente? Rien et pourtant, j'avais l'impression que cela durait une éternité. Je ne le quittais presque pas, je passais mes journées auprès de lui. Je discutais, comme si, je cherchais à le rassurer ... et qu'il revienne à moi !!!

D'ailleurs, m'entendait-il? Même quand je parlais de choses assez torrides que je pourrais bien lui faire, coquine que je suis, je n'avais même pas de réaction! Plat. Même sa quéquette ne réagissait plus! (LOL)

La nuit où j'avais reçu cette nouvelle - cette annonce que mon époux avait eu un grave accident m'avait couper les deux jambes - j'ai cru un moment qu'il était mort. Mon tendre époux! J'ai même pensé à "un après" ... Qu'est-ce que je pourrais devenir sans lui? Que deviendrais-je? JR était la seule personne qui me maintenait hors de l'eau, et qui me guidait vers de bons rails. Il m'a tellement soutenue dans la vie, il m'a fait comprendre qui j'étais, et ce que je valais réellement. Sans lui, je ne sais pas ce que je deviendrais! L'ancienne Gemma certainement!

Alors que je me trouvais sur le fauteuil, assoupie sous mon plaid. J'entendais soudainement, une voix. Sa voix. La sienne. Doucement, j'ouvrais les yeux et c'est là, qu'enfin, je pouvais lire dans ses yeux. Je bondissais limite sur lui, sans pourtant lui faire mal! Je faisais même très attention. Je posais ma main sur sa joue, et mon visage s'approchait du sien.

_ Bébé? Tu m'entends? Je posais mes fesses sur le rebord du lit " Je suis là, bébé, je suis là." Je l'embrasse tendrement, sans mêler nos langues, juste la douceur de nos lèvres. Un simple baiser. Des plus doux et affectueux. "Je t'aime tellement, chéri, je t'aime ... mon Dieu, j'ai cru t'avoir perdu pour toujours" Mon autre main se glissait sur sa chevelure "J'vais.. j'vais chercher le médecin!"

« Bébé ? Tu m'entends ? Je suis là, bébé, je suis là. » C’est la voix de ma femme qui parvient à mes oreilles, alors que j’ai bien du mal à garder mes yeux ouverts plus de trois secondes, marqué par un état d’épuisement, sans doute la cause d’un coma que j’ignore encore. Ma femme est présente avec moi, je peux sentir sa présence, par sa main qui vient trouver le contact avec ma joue ou encore quand elle est venue s’asseoir sur le lit où je suis. Les différents bruits en fond sonore me font comprendre que je me trouve dans une chambre d’hôpital, mais je n’arrive pas à savoir pour quelle raison j’y suis. « Qu’est-ce … » Je ne suis pas encore capable de faire une phrase plus longue que celle que je viens de prononcer, je ne peux pas expliquer pour quelle raison mon corps m’empêche de réaliser pleinement le moindre geste ou prononcer la moindre pensée. Il y a bien des questions que j’ai l’envie de poser, sans y parvenir, de la même manière, que je me souviens être au volant de ma voiture, mais ne pas pouvoir comprendre pourquoi je suis dans ce lit, pourquoi je suis relié à toutes ces machines. Le baiser que Gemma vient déposer sur mes lèvres a l’effet d’un soulagement, tel une bouée de sauvetage qui me permet de ne pas avoir l’impression de devenir fou. « Je t'aime tellement, chéri, je t'aime ... Mon Dieu, j'ai cru t'avoir perdu pour toujours. » Je peux sentir à travers le son de sa voix, à quel point elle est émue, à quel point ma femme est remplie d’un immense soulagement, pour beaucoup de craintes et d’angoisses sont encore présentes. Seconde après seconde, mon esprit est en train de reprendre le contrôle d’un présent qui m’échappe complètement, mes yeux parviennent à s’ouvrir un peu plus longtemps à chaque fois, mes iris s’habituant à cette lumière qui m’a semblé si douloureuse. « J'vais.. j'vais chercher le médecin! » Les doigts de ma femme laissent une impression de vide dès l’instant où ils ne sont plus dans mes cheveux, je ne suis pas à même de pouvoir réagir en une fraction de seconde, bien au contraire, à peine ai-je le temps de comprendre ce qu’elle vient de me dire, que ma femme est déjà partie chercher le médecin. Tant de questions, qu’est-ce qu’il m’est arrivé ? Combien de temps ai-je passé dans cette chambre ? Ai-je été plongé dans un coma ? Beaucoup trop de réponses, mais aucune réponse qui soit capable de me parvenir. « Qu’est-ce que … » C’est plus fort que moi, je ne peux m’empêcher de reprendre la parole à la seconde où mon regard est en mesure de se poser sur Gemma, de nouveau de retour dans cette chambre. « Qu’est-ce qu’il … » Je vais avoir besoin de temps pour reprendre pleinement mes esprits, ce qui est une forme de frustration en soit, difficile de ne pas être maître de mon propre corps, c’est l’esprit encore en sommeil qui me permet de l’accepter plus facilement. « C’est passé ? » Voici ma toute première question que je parviens à prononcer, sans rompre le contact de mes yeux sur ma femme, avec l’étrange souvenir de ces vidéos que j’ai eu l’occasion de voir sur les données des caméras de surveillances du Walmart. Je ne me souviens pas de la raison qui m’a conduite dans cet hôpital, mais je me souviens très bien de cet homme qui s’est décidé de s’en prendre à ma femme, sur le parking du magasin que je dirige.

« Qu’est-ce qu’il … » ....  « C’est passé ? » entendre sa voix, le peu de mots qui sortaient de sa bouche me soulageait à un tel point que vous ne pouvez pas imaginer. J'avais bien cru un moment que j'entendrais plus le son de sa voix! Je m'approchais mon visage du sien, tendis que mes deux prenaient possession de son visage.

"Tu as eu un accident de voiture chéri" mon regard toujours ancré au sien,  de mon pouce, je caressais sa barbe mal rasée... Oui, je l'avais de peu raté.  À ma mine crispée, il devait bien deviner que je retenais mes larmes. "Je vais chercher le docteur, d'accord?" Je posais mes lèvres sur les siennes. En toute franchise, j'avais des difficultés à le quitter, mais il valait mieux  qu'un médecin l'examine, et me dise haut et fort qu'il est tiré d'affaire!!! Je déposais d'innombrables  baisers sur ses lèvres, sa barbe, son menton... chaque centimètre carré  de sa peau "Je reviens tout de suite!"

Je le quittais. Que quelque minute et pourtant, cela me semblait une éternité.

"Monsieur Holstead a finalement décidé de se réveiller " Il l'examinait, prenait son poil, sa tension artérielle, et son rythme cardiaque"en tout cas, vous avez réussi à nous faire une belle frayeur!"

Je me tenais au loin, près de la porte. Je ne voulais pas déranger le médecin ni l'infirmière.

"est-ce qu'il va bien?" disais-je sous un ton anxieux"Nous allons encore le surveiller pendant une petite semaine, mais ne vous inquiétez pas, il est sur de bonnes voies!" Il tapota son patient, Jeremiah sur l'épaule " Vous avez de la chance... Vous avez une femme très attentionnée qui s'occupe merveilleusement bien de vous, Monsieur.