Bienvenue sur wicked little town, forum city simple et sans prétentions qui se déroule dans la petite mais mouvementée ville de Klamath Falls (Oregon, USA). Lieu de détente où vous verrez s'affronter les différentes classes sociales, venez interpréter des personnages issus de tous horizons. Pour citer une célèbre marque : venez comme vous êtes ! Mais attention, Scandale n’est jamais bien loin pour dévoiler les secrets que vous cachez.
Quinze heures trente s’affichent sur l’horloge dans la chambre de l’hôtel, il me faut environ deux heures pour rejoindre l’aéroport de Gatwick, Rory arrive à dix-huit heures et je vais le chercher. Je finis de me préparer tranquillement, jette un coup d’œil par la fenêtre, toujours de la pluie, ça n’a pas changé depuis qu’on est arrivés avec Andrea. Je soupire puis prend un des sweats de mon amoureux, premièrement parce qu’il y a son odeur dessus et que je ne peux pas le voir toute la journée et deuxièmement parce que j’ai atrocement froid et que je n’ai pas pris de pull assez chaud. Ça sera une bonne excuse pour traîner Rory faire du shopping tout ça. Je prends un parapluie puis les clés de la voiture gentiment prêtée par l’équipe de mon amoureux, ils sont vraiment aux petits soins je les aime déjà. Je laisse la clé de ma chambre à l’accueil puis sors pour prendre la voiture, comme prévu, je vais pour monter du côté gauche avant de me rappeler que je suis en Angleterre sous les sourires des clients présents. Je pars avec beaucoup d’avance car je n’ai pas encore l’habitude de la conduite à droite et il me faut beaucoup de concentration pour conduire dans de telles conditions, au moins la voiture est une automatique, je n’ai pas à m’inquiéter de passer les vitesses. Rapidement, la musique résonne dans la voiture en même temps que ma voix qui chante, j’en profite parce qu’au retour ça va pas être la même. Je sais que Rory sera épuisé et risque de ne pas trop supporter les chansons à tue tête. J’ai vraiment hâte de le voir, je suis vraiment heureuse qu’il ait accepté de venir me tenir compagnie, il est vraiment un pilier pour moi tout comme j’en suis un pour lui. J’arrive finalement à l’aéroport au bout de deux heures et quart, pas si mal pour une américaine, certes les anglais se sont pris beaucoup d’insultes mais tant pis. Je gare la voiture, enlève les quelques papiers que j’ai pu laisser tomber en mangeant sur le trajet, une bouteille d’eau est sur le siège passager ainsi que des bonbons et des gâteaux pour Rory, je sais qu’il aura faim. Je sors finalement de la voiture sous une pluie battante et rentre dans l’aéroport, je regarde le panneau des arrivés, évidemment le vol a du retard, mon pauvre petit frère doit être dans un état de stress monstrueux. En attendant, je me prends un café histoire de me réchauffer un peu puis finalement, les premiers passagers du vol arrivent, je finis par voir Rory au loin, un grand sourire se dessine sur mon visage, à peine il a passé les barrières je le prends dans mes bras et lui fais un énorme bisou sur la joue sans le lâcher. « Mon microbe ! Comment ça va ? Je suis trop contente que tu sois là ! » je ne peux pas m’empêcher d’être heureuse en le voyant, j’ai prévu pleins de trucs avec lui tant que Andrea ne peut pas trop être avec nous. Mais ce soir, c’est restaurant tous les trois pour bien commencer.
Depuis combien d’heures ai-je quitté Klamath Falls ? J’en sais rien. Beaucoup trop en tout cas et même si j’avais pris de quoi dormir durant le trajet, je suis exténué, paniqué, déprimé. Moi qui me réjouissais de ce séjour, j’étais loin d’imaginer que j’allais me trouver une copine précisément au moment où j’allais devoir partir et surtout, j’étais loin d’imaginer que la séparation serait aussi difficile. En plus, j’ai décidé de reculer mon départ de deux jours pour pouvoir passer le week-end avec Leila, conclusion, je me suis retrouvé à devoir traverser le monde tout seul, dans un engin que je déteste, entouré seulement par des inconnus qui ont tous beaucoup trop le sourire.
J’ai quand même fini par arriver à « bon aéroport » et me voilà maintenant à attendre ma valise devant ce tapis roulant ignoble. En plus, comme si ça ne suffisait pas de devoir attendre, les trois-cent autres morues qui ont partagé l’avion avec moi sont tous agglutinés devant le tapis, comme si ça allait faire arriver leurs bagages plus vite. Peu importe, pour ma part, je prends plutôt mon téléphone pour envoyer un message à Leila, lui dire que je suis bien arrivé et qu’elle me manque déjà, parce que c’est vrai, elle me manque déjà beaucoup trop.
Ma valise enfin récupérée, je peux enfin me diriger vers la sortie de cette horrible aéroport rempli de morues de premier choix. Tirant mon bagage à roulettes derrière moi, j’ai à peine le temps de sortir de la salle de débarquement que je vois une tornade me sauter dans les bras. Ma sœur est déjà là et elle m’embrasse la joue tout en se disant heureuse de me voir. Bon, j’avoue, moi aussi je content de la voir et ce petit contact avec ma sœur me fait me détendre un peu.
- Ça va, beaucoup trop de morues ici. On bouge ?
Je commence déjà à me mettre en marche, Martha à mes côtés, et je me décide à lui faire un sourire. Je sens qu’on va bien s’amuser tous les deux et on va pouvoir profiter l’un de l’autre. Même si je râle, puisque c’est ma passion première, je suis conscient de la chance que j’ai d’avoir été invité par Andrea pour tenir compagnie à Martha. Je voyage quasiment gratuitement, je vais voir des pays que beaucoup ne verront qu’en rêve et tout ça avec la personne que je considère comme la plus importante de ma vie.
Nous sortons enfin de l’aéroport et, premier problème, il pleut des cordes. Super accueil de l’Angleterre… nous courons ainsi jusqu’à la voiture, rangeons ma valise puis, naturellement je me dirige vers le côté droit de la voiture avant de me rappeler que c’est le côté conducteur dans ce pays. Font jamais rien comme les autres ces anglais. Je me tourne finalement et me prend Martha de plein fouet, puis, dans un soupir, je pars m’installer de l’autre côté de la voiture. Une fois à l’intérieur, je m’enfonce dans le siège et essaye de me détendre un minimum.
- C’est quoi cette flotte pourrie ?, demandé-je interloqué.
L’attente interminable est finie, je retrouve enfin mon frère. Il a une tête affreuse, non seulement il déteste les avions mais il déteste aussi les gens, je sais qu’il fait de gros efforts pour me rejoindre et j’en suis très reconnaissante. Je sais aussi qu’il a une copine depuis peu et que la séparation est dure, il faut dire qu’au début d’une relation, on a envie d’être tout le temps avec l’autre donc je comprends entièrement sa frustration et le remercie une fois de plus d’avoir fait l’effort de venir. Sans qu’il n’ait le temps de faire quoi que ce soit, je lui saute dessus tellement heureuse de le voir puis lui fais un énorme bisou sur la joue. La simple phrase qu’il prononce me fait rire, il est pas mon frère pour rien celui là. « On bouge. Les gens sont insupportables dans les aéroports. » on se met donc en route vers l’extérieur de l’aéroport. Je râle contre les gens qui s’arrêtent en plein milieu de leur chemin encouragé par mon frère qui râle tout autant, le manque de sommeil ne lui va pas. Les premiers jours que j’ai passé en Angleterre ont plutôt été agréables, j’ai pu voir un peu Andrea à l’œuvre sur un circuit sous des torrents de pluie puis, j’ai appris à connaître son assistante qui est très sympathique. On arrive rapidement à l’entrée – ou la sortie – de l’aéroport, j’avais espoir que pendant ces quelques minutes d’attente la pluie se soit calmée mais non. Elle a décidé d’être bien présente comme depuis le début de mon séjour sur le territoire anglais. Après une petite course jusqu’à la voiture, je me rappelle qu’il faut que j’aille du côté passager américain pour conduire, Rory entre temps s’est rendu compte qu’il n’était pas du bon côté. Résultats des courses : on se tape de plein fouet, ce qui me fait légèrement rire. On finit par rentrer chacun du bon côté dans la voiture, je pose mon regard sur Rory, on est tous les deux trempés à n’en plus pouvoir. Je mets le chauffage en route dans la voiture après avoir démarré puis rentre l’adresse de l’hôtel histoire de ne pas me perdre. Je pose ensuite mon regard sur Rory, attrape un des paquets de bonbons qui traîne à côté de moi et lui tend. « Cette flotte pourrie dure depuis que je suis arrivée. J’en peux plus je te jure. » heureusement que l’hôtel est bien et que j’ai pu profiter d’Andrea un peu. Je commence à me concentrer sur la route histoire de ne pas nous tuer à peine Rory arrivé sur le sol anglais. Une fois sur l’autoroute, je me détends un peu et regarde mon frère en souriant. « Bon, ce soir on va au restaurant de Gordon Ramsay avec Andrea si ça te va ? » je marque une pause pour me concentrer un peu sur la route, elle me rappelle pas l’aller, bizarre. « Et après les autres jours, Andrea va s’entraîner à fond donc on sera que tous les deux. J’ai déjà prévu d’aller aux studios Harry Potter et après je sais pas, on verra ? » c’est déjà pas mal. Je compte bien aussi faire un tour à Londres et faire un peu de shopping mais ça, je ne le dis pas tout de suite à mon frère étant donné qu’il n’aime pas trop m’accompagner pendant les sessions shopping. J’attrape un bonbon que je fourre dans ma bouche tout en regardant la route et le gps, ça me parait vraiment bizarre…
Une fois dans le hall de l’aéroport avec Martha, mon regard ne sait plus où donner de la tête tellement l’invasion de morues est importante. Nous nous dirigeons donc rapidement vers la sortie et sommes obligés de taper un sprint jusqu’à la voiture sous la pluie battante. Un accueil chaleureux et charmant comme on les aime.
Après s’être percutés de plein fouet avec ma sœur, tous deux trop perturbés par le style de conduite à l’anglaise, nous voilà enfin dans la voiture. Martha me tend un paquet de bonbons que j’ouvre tout en observant le ciel. Bien sûr, une remarque cinglante sort de ma bouche et quand ma grande sœur me dit que ça dure depuis son arrivée, je soupire. Je déteste la pluie, être mouillé et avoir mes fringues qui se collent à moi ; ça favorise la proéminence de bactéries.
- Oh non mais sérieusement ?
Martha rentre finalement l’adresse de l’hôtel sur le GPS tout en se gavant déjà de bonbons puis, doucement, nous nous mettons en route. Je colle ma tête à la vitre, regardant la pluie s’abattre avec amertume. J’étais bien à Klamath Falls finalement, à profiter des dernières belles journées avant que l’automne ne s’installe. Je suis sorti de ma rêverie par ma sœur qui m’annonce que nous allons au restaurant ce soir. Et pas n’importe quel restaurant. Je me redresse et la regarde, interrogateur. Avec Martha, on adore la bouffe donc naturellement on adore Gordon Ramsay et ses émissions. Un sourire se dessine enfin sur mon visage et cette bonne nouvelle me fait me détendre un peu.
- Trop bien !, dis-je enthousiaste. Tu crois qu’il sera là ? Je veux trop une photo !
C’est pas vraiment mon genre de courir après les stars ou de leur vouer un culte, mais on parle de Gordon Ramsay. Juste pour le fait qu’il mette de la bouffe dans les assiettes des autres sans tout dévorer lui-même pousse à l’admiration. Je sens qu’on va se régaler et en plus, Andrea sera de la partie, je vais pouvoir discuter avec lui de sa reprise, car, même si je suis venu ici en simple touriste, je me souci quand même du mec de ma sœur. Je ne voudrais pas qu’il lui arrive quelque chose et que Martha se retrouve seule.
- Les studios Harry Potter c’est un passage obligatoire. Je suis pas venu ici pour subir la pluie et j’ai bien l’intention de faire cette visite malgré tous les gosses qui risque d’y avoir.
Je n’aime pas vraiment les enfants, ils sont sales et bruyants mais rien ne pourra m’arrêter sur le coup. Martha et moi sommes de grands fans de la saga Harry Potter et je ne compte plus le nombre de fois où on a regardé la saga ensemble. C’est même elle qui m’accompagnait au cinéma quand un nouveau volet sortait. La pensée de ses souvenir me fait sourire, c’était le bon vieux temps comme on dit. Comme si je ne pouvais pas m’en empêcher, ma main vient se poser un instant sur celle de ma sœur et je lui attrape avant de la mettre contre ma joue. Je m’en fiche qu’elle soit en train de conduire, elle m’a manqué durant ces trois jours où elle n’était pas là et après l’enfer que je viens de vivre, j’ai besoin de réconfort. Martha a l’habitude de toute façon.
La sortie de l’aéroport n’est pas loin, une fois à l’extérieur et sous la pluie battante, j’ai l’impression de revivre mon arrivée il y a trois jours avec Andrea. Avec Rory, on court tous les deux vers la voiture, on se rentre dedans comme deux américains habitués à rouler du bon côté de la route puis on rentre finalement dans la voiture histoire de se mettre à l’abri. Une fois le chauffage allumé, je commence à me détendre un peu, retrouver mon petit frère me détend aussi. Les quelques mots qu’il sort concernant la pluie me font sourire, je ne sais pas comment font les anglais pour vivre sous cette pluie quasiment de façon quotidienne. « Oui, ça nous a pas empêché de sortir pour autant mais je n’en peux plus de cette pluie. » je rentre finalement l’adresse de l’hôtel puis prend la première direction indiquée. Rory à mes côtés a la tête contre la vitre, je sais que le voyage a été très éprouvant pour lui et qu’il a besoin de se reposer un petit peu mais Andrea a quand même prévu un bon restaurant pour son arrivée. Sa réaction me fait rire, nous qui avons pourtant l’habitude de se moquer des personnes qui court après les stars – les morues comme on les appelle – cette fois, c’est Rory qui va demander une photo. Je pose mon regard sur lui en souriant. « Normalement il sera là oui. Et oui, on pourra prendre une photo avec lui. » la bouffe est une passion qu’on partage avec Rory. Je le regarde une nouvelle fois en souriant avant de jeter un œil sur le gps, la durée de trajet me paraît bien trop longue comparée à l’aller. Je préfère ne trop rien dire et sors finalement de l’autoroute pour repartir dans l’autre sens en espérant que Rory ne me fasse pas de réflexion. La discussion vient ensuite sur les projets que j’ai pour nous ces prochains jours et notamment les studios Harry Potter. Cette saga est tout simplement une des meilleures sagas à mon sens, avec mon petit frère on connait tous les livres et les films par cœur, je me souviens encore du temps où je l’amenais au cinéma à chaque nouveau film. « J'ai déjà les billets pour demain vu qu'Andrea sera en train de s'entraîner, on a accès à cette voiture quand on veut donc on est libres de partir où on veut. » Je souris en me concentrant sur la route, on a pas non plus perdu trop de temps, simplement une bonne demi-heure, on sera rentrés à l’hôtel en peu de temps normalement. Un silence s’installe entre nous deux alors que je suis concentrée sur la route. Je sens la main de Rory qui vient se poser sur la mienne, chez les Becker je suis la privilégiée de ce côté-là, je suis la seule avec qui il est aussi tactile, même notre mère n’a pas le droit à autant d’attention. Ma main vient finalement trouver sa joue, mes doigts la caresse doucement, je sais qu’il a besoin de ce moment « câlin » avec moi après ce qu’il lui est arrivé. Un grand sourire se dessine sur mon visage alors que mes doigts continuent de caresser doucement sa joue. « Tu m’as tellement manqué. Merci d’être là Rory, vraiment merci. Je sais que c’est pas facile pour toi d’avoir fait tout ce que tu as fait. » ma main est toujours contre sa joue alors que mon sourire s’agrandit de plus belle.
Après avoir affronté la pluie et m’être pris Martha en pleine poire, me voilà enfin installé dans la voiture et du bon côté. J’aurais pu conduire bien sûr, mais déjà je ne connais pas le chemin et en plus je suis éreinté. J’ai traversé le monde et… les époques d’une certaine manière, avec le décalage horaire. Évidemment, je ne peux pas m’empêcher de me plaindre de la pluie car je déteste ça et qu’en plus sur le continent anglais, ça ne fait vraiment pas semblant. On ne parle pas de la petite pluie mignonne pour se rafraîchir ou de l’averse qui dure deux minutes. Non, c’est simplement des cordes qui tombent de manière discontinue depuis plusieurs jours, de ce que me dit ma sœur.
- On va bien être obligés de faire avec de toute façon…
Je soupire un instant avant de me caler confortablement contre la vitre, regardant la pluie s’abattre avec inquiétude. Je vais être d’une humeur exécrable si la pluie ne s’arrête jamais. Cependant, quand ma sœur m’annonce que ce soir, nous allons au restaurant de Gordon Ramsay, un sourire s’affiche automatiquement sur mon visage. Andrea ne pouvait pas me réserver meilleur accueil et je saurais le remercier pour ça. Pour ça et pour tout le reste, d’ailleurs. Pour Ramsay, je suis prêt à me comporter comme une morue et à avoir une photo et il fait clairement partie des privilégiés, car je ferais ça pour très peu de monde. Comme une bonne nouvelle n’arrive que rarement seule, ma sœur m’annonce également que demain, nous irons aux studios Harry Potter. Je suis content de pouvoir faire ça en tête à tête avec Martha, car la saga du sorcier à la cicatrice est clairement notre truc à nous deux. Emil et Jagger, ça ne les passionne pas autant alors que pour Martha et moi, ça a clairement dicté nos vies jusqu’à la fin officielle de la saga.
- J’ai trop hâte. Je vais ramener plein de cadeaux à ma chérie.
Un sourire niais s’installe confortablement sur mon visage et pour ne pas me faire cramer, je tourne la tête vers la route. Route qui me parle un peu trop, on est déjà passé par là tout à l’heure, sauf qu’on était dans l’autre sens. Même si je m’interroge, je ne dis rien ; après tout les anglais conduisent à droite alors je ne serais même pas étonné que les routes soient avec des détours obligatoires. Je peux enfin me détendre un peu plus. Apprendre le programme qui m’attend pour ce soir et demain a eu tendance à me faire oublier un peu le trajet interminable en avion. Heureusement que je m’étais shooté, parce que clairement, je pense que j’aurais pu faire une crise à n’importe quel moment sinon. Doucement, je viens trouver la main de ma sœur que je porte à mon visage et je profite de son toucher quelques instants.
- De rien, je m’étais engagé alors il était hors de question que je te laisse tomber.
Quand je dis une chose, je la fais, quoi qu’il arrive et quoi qu’il m’en coûte, surtout. Pourtant, l’idée d’avoir laisser Leila alors qu’on vient à peine de se trouver a tendance à m’angoisser un peu. Enfin, pas la peine d’alarmer ma sœur avec ça, je suis capable de le gérer, j’en suis sûr.
Une fois tous les deux dans la voiture, je peste intérieurement et extérieurement aussi contre la pluie qui ne fait que tomber depuis notre arrivée en Angleterre. C’est un beau pays mais je n’en peux plus de finir trempée quelque soit l’activité qu’on fait. Je regarde mon petit frère qui s’installe la tête contre la vitre, il a l’air au bout de sa vie et aussi ronchonchon que moi quand j’ai faim. Je commence le trajet retour tout en donnant le début des activités prévues à Rory. Je savais que le simple fait d’évoquer Gordon Ramsay allait suffire à rendre mon frère heureux. Je suis proche d’Emil et de Jagger aussi mais pas de la même façon que je suis proche avec Rory. Lui, c’est différent, j’ai été là pour l’annonce de sa maladie chez le médecin, je l’ai pris sous mon aile mais pas de la même façon que les autres de la famille. Je l’ai vraiment pris sous mon aile, j’ai appris à le comprendre, à le « maitriser » et à le calmer pendant les crises surtout. Je suis la seule à pouvoir le faire pour le moment. La deuxième annonce des studios Harry Potter finit de rendre mon microbe heureux, je vois enfin un sourire sur son visage. Cet amour qu’on a tous les deux pour le sorcier nous a aussi rapproché. Je souris lorsqu’il évoque sa chérie, j’ai hâte de la rencontrer cette fameuse Leila. Je pose mon regard sur Rory après avoir fait un petit demi-tour mine de rien, il n’a pas l’air d’avoir trop remarquer. La durée du trajet me paraît maintenant beaucoup plus correcte. « J’ai hâte aussi ! On va revenir les mains pleines de cadeaux ! J’en ai prévu pour Andrea aussi. » rien que d’évoquer le prénom de mon amoureux me fait sourire, je suis vraiment contente de l’accompagner sur sa reprise. La main de Rory vient ensuite trouver la mienne puis son visage. Je profite pleinement de ce moment de complicité dans le silence le plus complet et tout en souriant. Je sais qu’il en a besoin, je suis rassurée de savoir qu’il s’est shooté avant de prendre l’avion. J’ai souvenir de départ en vacances en famille en avion où il était trop jeune pour prendre des médicaments comme aujourd’hui, j’ai surtout souvenir de la difficulté que j’avais à le calmer une fois dans les airs. J’ai toujours essayé de faire du mieux que je pouvais sous les yeux démunis de ma mère, elle a fini par me laisser le gérer avec le temps voyant qu’elle ne pouvait rien y faire. Ce lien ne fait qu’accroître mon amour pour mon petit frère, ce lien spécial qui j’espère ne se brisera jamais. Les paroles qu’il me dit me font sourire, je pose mon regard sur lui et me penche pour déposer un baiser sur sa tempe. « Je sais mais quand même. Promis les prochaines fois Leila viendra avec nous, enfin si elle veut et surtout si toi aussi tu veux. » je n’ai pas envie d’imposer à quiconque le fait de venir voir Andrea, loin de là mais moi, je sais que j’y serai. Je regarde mon petit frère et souris une nouvelle fois. « Ca se passe comment avec Leila alors ? » j’attrape un nouveau bonbon que je m’empresse d’engouffrer dans ma bouche.
Les bonnes nouvelles annoncées par Martha ont fini par me détendre complètement. Restaurant de Monsieur Ramsay ce soir, studios Harry Potter demain… les prochaines heures s’annoncent quand même bien et pour ma part je suis déjà en train de réfléchir à ce que je vais ramener à Leila du musée. Une chose est sûre, ma carte bleue va chauffer durant le séjour, entre Emil, M’man et Leila. J’oublie quelqu’un et je le sais, et ma conscience familiale me ramène vite à la raison. Je ramènerais donc également quelque chose pour Jagger, un porte-clé ou une tasse. Un truc pas trop cher, quoi.
Malgré la bonne ambiance, je n’oublie pas vraiment que j’ai traversé le monde mais surtout que Martha m’a beaucoup trop manqué. Ainsi, nous échangeons donc un moment complice, des moments qui signifient bien plus que des paroles pour ma sœur et moi. Depuis tout petit, j’ai l’habitude de communiquer avec elle par les gestes, les jeux de regards et autres mimiques privées que nous avons établis au fil du temps. Même si bien sûr, Martha reste ma plus grande confidente, elle sait aussi que lorsque je n’ai pas envie de discuter, je suis muet comme une tombe. Ma sœur a toujours eu la faculté de me détendre et de me sortir des pires crises d’angoisse que j’ai pu faire et clairement je ne me vois pas vivre loin d’elle. J’ai bien conscience d’être un poids dans sa vie mais j’ose espérer que maintenant que j’ai une copine, je serais un peu moins lourd à porter pour elle. Enfin, je ne sais pas si déplacer le poids de Martha à Leila est une très bonne chose, mais j’essaye de faire le plus d’efforts possibles pour être autonome, ce qui fonctionne assez bien ces dernières années et d’autant plus depuis que je vis complètement seul.
- Ca va surtout dépendre d’elle et de son emploi du temps, dis-je dans un sourire toujours aussi niais.
Contrairement à Martha, Leila n’a aucune situation et poursuit pour le moment ses études et, même si j’aimerais vraiment l’emmener avec moi un jour prochain, je doute que ce soit pour tout de suite. Comme si ma grande sœur saisissait l’opportunité d’en apprendre plus, elle me questionne immédiatement sur ma petite-amie. En d’autres circonstances, je l’aurais très certainement envoyé paître mais il faut bien avouer que Leila me rend aussi fondant que du caramel. Et puis parler d’elle me permettra peut-être de soulager la douleur présente au creux de mon estomac. La douleur de l’avoir laissé à Klamath Falls.
- Mhh… je ne sais pas vraiment quoi te dire, répondé-je dans un soupire qui trahit ma joie. Elle est géniale avec moi. Je l’aime, je lui ai dit avant de partir, et même si ça paraît fou et rapide, je l’aimais avant même de la voir pour de vrai, Martha. J’ai l’impression d’avoir trouvé une raison à mon existence et cette raison c’est elle.
Je détourne le regard pour me concentrer vers l’horizon alors que mes joues sont très certainement rouges pivoine en cet instant. Ma sœur ne m’a jamais connu comme ça, aussi « fleur bleue » comme elle dirait et au fond c’est un concept qui me fait vomir, mais je ne peux pas m’en empêcher avec Leila.
Les nouvelles que j’ai annoncé à Rory ont l’effet escompté, il commence à se détendre et je le vois en pleine réflexion. Je sais qu’il est en train de penser aux cadeaux qu’il va ramener à tout le monde. De mon côté, je me concentre sur la route qui est maintenant la bonne, le seul problème possible niveau route sera lorsqu’on aura quitté l’autoroute mais pour le moment, c’est tout droit. Un petit moment complice comme je les aime vient s’installer entre nous, je profite de ce moment en silence. Lorsque Rory avait annoncé qu’il allait vivre seul, dans un premier temps j’ai eu un peu peur, au moins quand il était chez ma mère et qu’il avait une crise, elle m’appelait et je rappliquais rapidement, là tout seul, je ne savais pas s’il allait m’appeler. Mais apparemment, il avait l’air de bien s’y faire, je suis allée plus d’une fois dans son appartement et je sais qu’il y est bien. Le silence et moment complice est brisé par le sujet Leila, le sujet qui me fait plaisir à entendre. Je n’ai jamais vu mon frère en couple, jusqu’à il y a peu, il allait voir des péripatéticiennes pour mon plus grand malheur. Au moins maintenant, je sais qu’il est bien avec cette jolie demoiselle. Je lui propose même qu’elle nous accompagne sur les prochains grands prix si elle veut. « En tout cas tu lui diras que si elle veut venir c’est avec grand plaisir. » je pose mes yeux quelques instants sur Rory avant de regarder la route. Je n’y vois pas grand-chose à cause de la pluie mais j’essaye de me concentrer du mieux que je peux, le gps annonce encore quarante cinq minutes de route. Je profite un peu que Rory soit dans un moment complice pour le questionner sur sa relation naissante. Avec lui c’est quitte ou double, soit il m’envoie chier soit il me raconte tout. Aujourd’hui il a choisi la deuxième option qui me convient bien mieux que la première. Je l’écoute avec attention et tourne ma tête vers lui, je ne l’ai jamais vu comme ça ou même entendu parler de la sorte. On est plutôt du genre à se moquer gentiment des couples parfaits, des couples mignons et résultat des courses, on est tous les deux devenus ceux de qui on se moquait. « Tu sais que ça fait plaisir de te voir comme ça microbe. Vraiment, t’es heureux et ça se voit. » je marque une pause et souris de plus belle. « C’est normal, ta relation avec elle dure depuis longtemps au final même si vous ne vous étiez jamais vu. J’ai vraiment hâte de rencontrer ta raison de vivre alors. » je repense de mon côté à ma relation avec Andrea. Un sourire aussi niais que celui de mon frère vient s’installer sur mon visage, sans Boston je ne serai très probablement pas ici. Si on y réfléchit, on s’est dit je t’aime rapidement avec Andrea mais notre relation dure depuis longtemps aussi. Je ne peux pas m’empêcher de caresser une nouvelle fois la joue de mon frère, il m’a manqué ce petit microbe et le voir comme ça me rend vraiment heureuse. « T’as des envies particulières pour ces quelques jours sinon ? »
Nous voilà à filer tout droit sur l’autoroute avec seulement des champs à perte de vue. J’espère que ma sœur sait réellement où elle va parce qu’après toutes ces heures de trajet je n’ai qu’une hâte c’est d’arriver à l’hôtel pour me débarbouiller et me poser un peu. Dire qu’il y a encore quelques années j’étais incapable de prendre un simple train et me voilà aujourd’hui venant de traverser un océan dans un objet volant. Pour rare fois je m’épate tout seul même si les médicaments ont été pour beaucoup.
Je suis assez surpris de l’entrain dont fait part Martha envers Leila alors qu’elle ne la connaît absolument pas. Elle voudrait déjà que je l’emmène avec moi mais si pour moi c’est assez simple de voyager au niveau de mon activité professionnelle, ce n’est malheureusement pas le cas de Leila. En tout cas ce qui est sûr c’est que je ne la laisserais plus jamais derrière moi car elle me manque déjà beaucoup trop. Un sourire s’esquisse tout de même sur mon visage en entendant la remarque de ma sœur. Je suis certain qu’elle s’entendra bien avec ma petite-amie car elles ont pas mal au commun, en première ligne le fait qu’elles soient toutes les deux chiantes avec moi. Attachiantes. Je sais que le sujet Leila est un sujet qui intéresse beaucoup Martha et j’aurais dû me douter qu’elle ne se contenterait pas de simples formalités. C’est même tout l’inverse et pour une fois je me montre plutôt ouvert à la discussion. Je n’aime pas trop parler de mes sentiments et de ce qui me concerne personnellement, que ce soit avec Martha ou quelqu’un d’autre mais étrangement au sujet de Leila j’ai la parole facile.
- Oui je suis heureux. Elle me fait sentir comme quelqu’un d’important à ses yeux et c’est la première fois de ma vie que ça arrive, dis-je dans un sourire. Je te la présenterais à notre retour.
Je hausse les épaules avant de venir une nouvelle fois poser ma tête contre la fenêtre. Il pleut toujours autant mais heureusement penser à ma petite-amie me fait garder le sourire, même si je préférerais qu’elle soit avec moi en ce moment. Nous voilà donc tous deux en couple avec Martha, chose que je n’avais pas du tout vu venir dans le mesure où j’étais jusqu’à présent un coeur de pierre et que ma sœur était plus du genre à profiter de sa vie qu’à vraiment se caser. J’ai déjà rencontré Andrea mais il me tarde de passer un peu plus de temps avec lui pour savoir comment il a fait pour séduire ma sœur.
- Mhhh… j’irais bien visiter l’université d’Oxford si ça ne fait pas trop loin.
Je sais que l’université d’Oxford est réputée sur de nombreux points dont son côté architectural. Mais au-delà de ça, je sais que Leila a fait une grande partie de ses études là-bas et j’ai très envie de voir l’école dans laquelle elle a étudié. Je pourrais peut-être même lui ramener un cadeau.
L’autoroute commence à être un peu trop longue à mon goût et ça tombe bien parce que je dois prendre la prochaine sortie direction la fin du trajet pour rejoindre l’hôtel, je reste concentrée du mieux que je peux pour ne pas me tromper mais ce pays me réserve beaucoup trop de surprises. Je lance un petit coup d’œil vers Rory qui me parle de Leila avec un grand sourire sur le visage, c’est rare que je vois mon petit frère dans cet état là. Chez les Becker en ce moment c’est l’amour fou si on oublie les deux autres enfants. C’est notre mère qui doit être contente et reprendre espoir d’avoir un jour des petits enfants. Je suis vraiment contente pour lui, il a l’air d’avoir trouver une perle rare, perle rare que j’ai bien hâte de rencontrer. Je me montre un peu curieuse concernant cette jeune demoiselle – voire très curieuse – mais je sais que si ça saoule Rory, il ne se gênera pas pour me le dire. Je lance des coups d’œil sur le gps, maintenant qu’on a quitté l’autoroute, j’ai un peu plus de mal à tout suivre mais je sais qu’on finira par arriver à bon port. Je souris de plus belle quand mon frère me dit qu’il me présentera Leila à notre retour, j’ai beaucoup trop hâte. « Tu es important aux yeux de quelques personnes tu sais ? Mais j’ai beaucoup trop hâte de la rencontrer en tout cas. » de ce que j’ai entendu pour le moment, je pense que je vais bien m’entendre avec elle. Bon, bien entendu je vais lui tenir le petit discours de la grande sœur protectrice mais je pense pas qu’elle ne soit du genre à faire du mal aux gens, elle a l’air tellement douce. Ma main est toujours sur la joue de Rory alors que mes pensées vont vers Andrea. Cet homme a réussi à me faire perdre la tête, à dire je t’aime en peu de temps, à dire je t’aime tout court à une autre personne que ma famille. Rory l’a déjà rencontré lors d’une soirée qui m’a beaucoup tendu mais là, ça va être différent et je sais que ça va bien se passer. Je demande ensuite au jeune streamer s’il a des envies particulières pour ce séjour et je souris lorsqu’il me parle d’Oxford, c’est une université que j’aimerai aussi visiter. « Rien n’est trop loin, on aura le temps de faire ce que tu veux et Oxford me tente bien. » je me reconcentre sur la route alors que je prends une route qui ne me dit bien du tout. Je ne sais pas si on est perdus mais je le sens un petit peu mal pour le coup, je jette des coups d’œil sur le gps puis sur Rory, j’ai peur de sa réaction s’il se rend compte qu’on est perdus. Après le voyage qu’il vient d’endurer, je me doute qu’il ne lui tarde qu’une chose, c’est de rentrer à l’hôtel, j’en profite pour envoyer un message à Andrea pour savoir comment il va histoire de noyer le poisson.
Après un temps qui m’a parut fort long nous quittons enfin l’autoroute. Non pas que j’aime pas les autoroutes mais quand on les quitte c’est que généralement on n’est pas loin de l’arrivée. Et justement, je n’ai qu’une hâte c’est d’arriver pour me poser un peu avant d’aller au restaurant. Et puis j’aimerais bien pouvoir discuter un peu avec Leila aussi. Je lui ai envoyé un message quand je suis arrivé mais je suppose qu’elle est occupée car je n’ai pas eu de réponse, puis je n’arrive pas trop à réaliser quelle heure il est à Klamath Falls. En parlant de ma petite-amie, Martha se lance dans une pêche aux informations qui s’avère fructueuse pour elle aujourd’hui. Même si d’habitude ce n’est pas trop mon truc de parler de ma vie privée, s’il s’agit de parler de ma belle anglaise je le fais avec plaisir. C’est la première fois de ma vie que je ressens ça pour quelqu’un et j’ai besoin de le partager à ma sœur, pour qu’elle me conseille et qu’elle puisse également se réjouir pour moi parce que mon esprit trop négatif ne peut pas se réjouir tout seul pour ma personne.
- Je sais que pour vous je suis important mais avec elle c’est différent… vous ne m’avez pas choisi alors que elle si.
A cette pensée je souris ; oui, Leila ma choisi comme je l’ai choisi. Depuis le premier jour j’ai su qu’elle était différente et maintenant je sais pourquoi : elle est capable d’aimer Rory Becker pour ce qu’il est et c’est pas rien. Mon sourire de bécasse ne reste cependant pas bien longtemps sur mon visage car je vois du coin de l’œil le regard de ma sœur qui fait des allers retours entre moi et le GPS. Quelque chose ne va pas et je le sais, mais impossible de dire si c’est ma panique d’être dans un pays que je ne connais pas ou si c’est parce que Martha nous a perdu. Je décide pour le moment de me reconcentrer sur la conversation, j’ai confiance en ma sœur, elle sait où elle va.
- En plus à Oxford aussi il y a des lieux de tournage d’HP.
Nouveau sourire de ma part qui disparaît bien assez vite quand ma sœur envoie un message à Sa Piloteté. Je me tourne vers elle et la détaille longuement. Martha n’a vraiment pas de chance pour avoir un frère autiste qui comprend bien trop les signes invisibles. Je sors mon téléphone afin de m’assurer qu’on est sur la bonne route mais je n’ai aucun signal, la pire chose pour moi.
- Martha. Je marque une course pause. Je vais poser la question qu’une seule fois. Tu sais où on va ?
Je fusille désormais ma sœur du regard parce que nous voilà au milieu de nul part, à la tombée de la nuit et sans réseau donc j’espère vraiment qu’elle me fait au pire une blague et au mieux qu’elle sait qu’on est sur le bon chemin.
L’autoroute est derrière nous mais ce n’est pas pour autant que je reconnais le trajet que j’ai emprunté à l’aller. J’espère ne pas être trop perdue parce que, je me l’avoue finalement, je me suis trompée de route mais je sais que le gps va m’amener à bon port. J’ai hâte de poser la voiture, de prendre une douche et surtout d’aller passer une soirée au restaurant avec mon frère et mon amoureux. J’arrive à soutirer quelques informations à mon microbe concernant son amoureuse. Je suis vraiment contente pour lui, je ne l’ai jamais vu comme ça, aussi heureux. Il mérite tellement d’avoir quelqu’un dans sa vie, quelqu’un comme cette demoiselle que j’ai plus qu’hâte de rencontrer une fois de retour aux Etats-Unis. Je ne pensais pas que l’on trouve tous les deux chaussure à notre pied, on est plutôt du genre à ne pas croire en l’amour ou même aux sentiments et pourtant, on est là en train de parler ouvertement de tout ça. La réflexion de mon frère me fait sourire, il a toujours l’impression d’être un fardeau pour nous mais ma vie serait bien malheureuse sans lui à mes côtés. « T’as pas conscience que sans toi, ma vie serait nulle. » je ponctue ma phrase par un sourire avant de caresser une nouvelle fois sa joue. La conversation dévie sur nos futures escapades, j’espère que Rory ne va pas se rendre compte que l’on est perdus, je sais qu’il va s’énerver et je ne vais pas avoir la patience de subir ses réflexions. J’ai vraiment hâte d’aller voir les lieux de tournage d’Harry Potter, c’est quelque chose que j’avais vraiment envie de faire avec Rory. J’essaie de noyer le poisson en envoyant un message à Andrea mais Rory a bien compris mon stratagème, je le vois sortir son téléphone, je sais qu’il n’a pas de réseau rien qu’en voyant sa tête. Je n’ai pas besoin de tourner la tête pour savoir qu’il me fusille du regard, je lance un dernier coup d’œil au gps, espérant qu’il me sorte de là mais ça serait une intervention du saint esprit et je ne crois pas en dieu. Je soupire tout en regardant la route puis tourne finalement la tête vers mon frère, je sais qu’il va s’énerver, je sais qu’il va me détester mais je sais aussi que ça ne dure jamais très longtemps lorsqu’il me fait la tête. « Non. » c’est pour le moment ma simple réponse, je retape l’adresse de l’hôtel dans le gps et voit qu’il m’indique une toute autre route que celle sur laquelle on est actuellement. Je ne comprends pas ce qu’il s’est passé, je pose mon regard sur Rory qui n’a probablement qu’une envie, me hurler dessus. « Je suis désolée, j’ai dû louper une sortie mais on va y arriver, promis on va arriver à l’hôtel, ça va juste nous rajouter quelques minutes… » en réalité ça nous rajoute une heure de plus, la nuit est en train de tomber, mon frère vient de traverser une grande partie du globe et j’attends qu’il déverse sa haine sur moi. Je me reconcentre sur la route, prête à l’entendre râler, qu’il ne s’étonne pas si je pleure.
Même si passer autant de temps dans un avion, puis me confronter à la foule d’un aéroport anglais pour rejoindre encore un transport pendant quelques heures de plus m’a stressé, parler de ma petite-amie à ma sœur me fait un bien fou. Penser à Leila me détend, autant que ça me rend triste bien sûr car elle est bien loin de moi en cet instant mais c’est tout de même avec le sourire que je me confie à Martha. Les mots de ma sœur me touchent également, je sais quel poids je représente par moment et surtout pour certains membres de ma famille qui n’ont jamais trop su comprendre comment je fonctionnais. Heureusement ce n’est pas le cas de Martha, je sais qu’elle prend beaucoup sur elle lorsqu’elle doit me gérer et je lui en serais éternellement reconnaissant.
- Elle serait nulle parce que tu t’ennuierais c’est ça ?
Je lui adresse un petit sourire avant de me concentrer sur la route quelques instants. On est enfin sortis de l’autoroute mais le silence de ma sœur et le fait qu’elle envoie un message à son mec commencent à me faire douter sur la direction qu’elle a pris. Je me tourne vers elle et la détaille et comme je m’y attendais elle reste concentrée sur la route, ne cherche pas à me regarder parce qu’elle sait très bien que si nos regards se croisent je vais comprendre tout de suite qu’elle me mène en bateau tout autant qu’elle est en train de nous perdre dans la campagne anglaise. Je jette un coup d’œil à mon téléphone, constatant simplement que je n’ai pas de réseau et alors que mon rythme cardiaque s’accélère je la questionne. Putain ce n’est pas possible, elle nous a perdu, dans un pays étranger et dans une campagne où il n’y a même pas une moindre barre de réseau. Tout pour me stresser au plus haut point. Elle essaye de conserver un semblant de calme en me disant que ça ne rajoute que quelques minutes au trajet mais elle oublie bien vite que j’ai une super mémoire et que je me rappelle encore bien exactement de ce que le gps affichait comme temps de trajet.
- Ca nous rajoute une heure Martha. Une heure.
Le trajet n’était pas assez long comme ça il faut croire. Je prends une grande inspiration, essayant de me calmer mais en réalité je suis sur le point d’exploser. J’ai besoin de me calmer et de réfléchir, de trouver une solution à tout ça pour nous sortir de là. J’ouvre la boite à gants à la recherche d’un plan, sans succès et je la referme un peu trop violemment. Je farfouille dans les portières, sous les sièges mais non, il n’y a rien. Cons d’anglais, une carte routière dans une voiture de location ce serait la moindre des choses quand même. Je prends de nouveau mon téléphone, toujours aucun réseau.
- Arrête la voiture Martha. Je détache ma ceinture de sécurité et m’approche du tableau de bord pour vérifier la réserve d’essence qui est bien en dessous de la moitié. ARRÊTE CETTE VOITURE BORDEL !
Je me prends la tête dans les mains et ferme les yeux quelques instants, ma vie ne peut pas se finir comme ça, à savoir complètement perdu dans la campagne anglaise, à 26 ans et loin de ma petite-amie. Non je refuse.
Est-ce que je suis heureuse de retrouver mon frère ? Oui. Est-ce que je sais que si je lui dit qu’on est perdu il va péter les plombs ? Oui. Est-ce que j’essaye de noyer le poisson ? Complètement. Je le regarde alors qu’il me parle de sa petite amie, tout à l’air de bien aller pour lui et je suis très contente. Intérieurement je culpabilise parce que je sais quels efforts ça lui demande de venir me rejoindre ici et que je suis en train de nous perdre dans le fin fond de la campagne anglaise. Je passe ma main sur sa joue et laisse échapper un petit rire lorsqu’il me demande si je m’ennuierai sans lui, il sait très bien la réponse à cette question. « J’aurai pas mon microbe accroche à moi tout le temps. Je serai beaucoup trop triste. Personne pour m’embêter. » je ponctue une nouvelle fois ma phrase par un petit rire avant de me concentrer sur la route. Mon frère est loin d’être stupide, c’est même le plus intelligent de la famille. Il ne lui faut pas longtemps pour se rendre compte que je me suis trompée de route et que j’essaye de faire en sorte qu’il ne me grille pas. Le gps nous annonce finalement une heure de route en plus, je fais demi tour pour reprendre la bonne route alors que Rory me fait la réflexion que ça rajoute une heure, j’en ai bien conscience, je reste silencieuse quelques instants puis envoie un message à Andy pour le prévenir que l’on est perdus et que l’on arrivera qu’une heure plus tard. C’est à ce moment là que Rory se détache, me demande d’arrêter la voiture, regarde la jauge d’essence puis me hurle dessus. Je savais bien que ce moment allait arriver. J’arrête la voiture, garde les mains sur le volant et le regarde, il a les yeux fermés, la tête dans les mains. Je sais que c’est pile le moment où il ne faut pas que je le touche. J’essaye de prendre ma voix la plus calme et posée possible mais je sens que l’énervement monte aussi. Non pas contre Rory mais contre ces cons d’anglais qui ne sont pas capables de rouler comme tout le monde. « Il y a une station d’essence pas loin. Dans une heure on est à l’hôtel. S’il te plaît Rory, ne t’énerves pas. c’est déjà assez compliqué pour moi comme ça. » je lance un regard à mon frère, je pense que s’il pouvait me tuer sur place il le ferait. Andrea me répond, complètement panique, je me contente de lui dire qu’on arrivera dans une heure et qu’on ira quand même au restaurant le soir même, lui aussi commence à m’engueuler. Je tente de rester calme en prenant une grande inspiration. « Bon, on repart. T’as pas le choix. On va y arriver à ce putain d’hôtel, on va aller à ce putain de restaurant et on va passer un bon séjour. »
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