La bonne, la brute et le truand | Cassie, Misha & Jake

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{ La bonne, la brute et le truand. }
♛  w/ @Cassie Peterson & @Misha Kane

Ce matin Jake se réveille désorienté. Il se trouve allongé près d’une sublime créature dont les mains sont attachées aux barreaux d’un lit king size. La première information ne le surprend pas, ce n’est pas la première fois qu’il utilise ce genre d’artifice et certainement pas la dernière. La deuxième cependant l’étonne davantage. D’ordinaire il dort sur un canapé inconfortable, le genre que l’on trouve dans les vieilles brocantes, ceux en vieux tissu avec coussins détachables. L’environnement ne le met pas à l’aise, tout est trop grand, trop chic. On dirait un loft tout droit sorti d’un magazine de meubles, rien à voir avec le studio du quarantenaire. Lorsque ce dernier se lève du lit, la vue d’un coussin tâché de maquillage le rebute. Quel dommage de cacher un si joli visage derrière trois tonnes de fond de teint...les jeunes d’aujourd’hui sont trop attachés aux apparences, ils sont terrifiés à l’idée d’être jugés s’ils osent être différents. On est loin de son enfance à lui, dans sa petite ville du Wyoming. Chacun portait ce qu’il voulait, rien n’était coordonné mais tout le monde s’en fichait, au moins ils avaient un style bien à eux. Au fond, le seul habit qui met tout le monde d’accord reste celui de la nudité, Jake l’a d’ailleurs prouvé à maintes reprises.  

Sur la table de chevet située aux côtés de sa propriétaire se trouve la clé des menottes, il la regarde et soudain une pensée sournoise lui traverse l’esprit. Il n’a pas l’intention de s’éterniser ici mais il prend toujours le temps de s’amuser un peu. Dans la discrétion la plus totale, Jake se faufile à l’opposé du lit, empoigne la petite clé et la jette dans les toilettes. Le plus drôle dans tout ça c’est qu’à aucun moment il ne se sent coupable, il aurait même adoré pouvoir la filmer. Cependant et c’est bien dommage, toutes les bouteilles d’alcool sur la table sont vides, plus rien ne le retient ici.  

Sur le chemin du retour l’alcoolique fait un arrêt au supermarché du coin. Il commence à dangereusement manquer de bouteilles et l’idée de boire de l’eau ne lui plait pas mais alors pas du tout. Son addiction, toute la ville la connaît. Du barman au coin de la rue à la caissière du magasin, tous sont en mesure d’énumérer le nom de tous les alcools qu’il achète en une semaine, et autant vous dire que la liste est longue. Cependant Jake n’a pas prévu de rester enfermé chez lui aujourd’hui, il a bâclé son travail hier, une montagne de mari infidèles, un véritable supplice pour un détective amateur de sensation forte.  

La bonne ambiance il la trouve toujours aux mêmes endroits : les bars et boîtes de nuit. C’est un habitué des lieux, il fréquente même les squats, le genre d’endroit méconnu de tout le monde mais peuplé de rockeurs à la descente facile. Leur décoration est moins moderne que celles de leurs concurrents mais elle est toute aussi charmante, si ce n’est plus. S’il n’y avait que lui tous les bars auraient un juke-box des années 70.  

Il y en a bien un qui lui plaît pas mal : The Pikey. Cela fait déjà quelques jours qu’il ne s’y est pas rendu, il doit manquer au personnel, ça ne fait aucun doute ! Mais a-t-il vraiment envie d’y aller seul cette fois-ci ? A-t-il réellement envie de dépenser tout son argent ce soir ? Peut-être pourrait-il inviter un portefeuille, que dis-je, un ami ! Il n’en a pas énormément ceci dit, il en a roué de coups certains lors de soirées de beuverie, pas sûr qu’ils acceptent de partager cinq verres en sa compagnie.  

Un seul homme lui vient en tête : son cousin Misha. À vrai dire il le voit plus comme un frère, plus jeunes ils ont fait les quatre cents coups ensemble jusqu’à ce qu’ils ne se perdent de vue à l’entrée de Jake dans l’armée. Lorsqu’il s’est installé à Klamath Falls, Jake était encore trop obnubilé par Lauren, il ignorait que ce cousin de trois ans son cadet avait sombré dans la délinquance et était emprisonné. C’est triste mais l’alcoolique ne pouvait se permettre de juger, lui aussi avait accumulé bon nombre de délits, mineurs comme majeurs, lui avait simplement l’avantage d’avoir son titre de caporal-chef comme couverture. Enfin, se remémorer le passé ne remplira pas son estomac d’alcool.

Décidé à s’enivrer comme un assoiffé, le quarantenaire attrape alors son téléphone à clapet pour envoyer un message à Misha. « 20h au Pikey, n’oublie pas ton portefeuille.» Tout sourire, il ramasse le mobile dans la poche arrière de son jean et s’en va gambader dans les rues de la ville sans but, comme il le fait toujours. Le soir venu Jake est en avance, d’ordinaire il est plutôt retardataire mais quand il s’agit de rendez-vous de ce genre il est étrangement toujours à l’heure ! Il n’est par contre pas du genre à attendre devant un bâtiment alors il entre directement dans le bar. Le propriétaire le reconnaît immédiatement et l’invite à s’asseoir à une table près d’une fenêtre. Une fois sur son trône, le moustachu commande un whisky, un post-apéro n’a jamais fait de mal à personne ! L’after se fera chez lui, comme d’habitude ! Pour le moment il se contente d’attendre son breuvage qui arrive dans les mains d’une serveuse qu’il connait très bien.  

— Coucou ma grande ! Vous m’avez drôlement manqué tous les deux ! S’exclame-t-il en claquant le postérieur de la demoiselle.  

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“ 20h au Pikey, n’oublie pas ton portefeuille. “ Un grognement s’échappe des lèvres du ténébreux, dont les yeux bleus scrutent l’écran de son téléphone portable. Pour picoler y’a du monde, surtout dans la tête de Jake. Pour payer les consommations, y’a plus personne, comme si tout à coup, il était étrangement beaucoup plus sain d’esprit. Misha lui, il est bien décidé à le faire payer le cousin, pour une fois. Alors se levant de sa chaise, il enfourne sa main dans la poche arrière de son jean, et il en sort son portefeuille qu’il abandonne sur le bar de Darcy. Il sera bien obligé de sortir les billets verts le vieux déchet. C’est pas très malin de sortir sans ses papiers, surtout quand on s’appelle Misha Kane et qu’on finit tous les week-ends au trou. Mais c’était la seule idée qu’il avait eue, pour avoir le dernier mot.  

_ “ Je sors, pisse pas dans le lit, ou tu finis en civet ! “

Non ce n’est pas à sa femme qu’il parle, mais au furet de celle-ci. Elle s’est échappée de l’appartement pour quelques heures, jours, semaines, il en sait rien. Apparemment, il est lourd, ou stupide, selon ses mots. Et elle avait besoin d’air. Elle allait chez “un ami” qu’elle a dit. Lui, il allait en voir des “amis” si elle voulait jouer à ça. Il claque la porte de l’appart, abandonnant le furet à ses bons plaisirs, en totale liberté dans le studio. Il a bien prévenu Darcy, qu’il ne s’en occuperait pas de sa chose. Qu’il ruine tout l’appartement, la caution n’est pas la sienne.  

Il est en retard, quand il gare sa caisse non loin du Pikey. Faut dire que Kane n’est pas connu pour sa ponctualité, encore moins sa politesse ou son respect, alors ça ne lui demande pas beaucoup d’efforts. Il verrouille son véhicule, et alors que ce dernier clignote derrière lui, il traverse la rue pour se diriger vers son enseigne préférée. Ça tombe vraiment bien cette petite soirée improvisée, parce qu’avec la crise de Darcy, Misha, il est vénère. Et quand il est vénère, il picole, ou il snife. Et il n’a plus de came sous la main, alors l’alcool devient son dernier refuge.  

La porte du Pikey annonce son arrivée d’un petit son de cloche, et immobile, alors que ça se refermer dans son dos, il scrute la pièce. Jusqu’à arrêter ses yeux sur son cousin, les mains plaquées sur les fesses de la serveuse.  

_ “ Putain, tu pourrais être son grand-père, ses fesses là sont trop jeunes pour toi Papy. “

Qu’il râle le brun, s’approchant des deux loustics, mains dans les poches. Un regard de salutation vers l’employée, puis il se retourne vers l’autre animal, alcoolique et encore plus insatiable que lui-même.  

_ “ T’es vraiment un putain de pervers. Venant moi, c'est gros comme ce qui y'a dans mon fûte. “

Puis il s’assoit, séparant Cassie et Jake en poussant légèrement son cousin, de sa main, puis de son épaule, avant de relever le clair de ses yeux vers la serveuse.  

_ “ Faut l’excuser, il a pas baisé depuis plus trois ans, entre son haleine de chien, la moustache, et sa dégaine d’sdf. Il a pas grand-chose pour lui. “

En même temps, c’était un peu vrai. C’était même à se demander comme Jake pouvait se faire autant de meufs, avec une moustache aussi démodée que celle d’Adàn. Un mystère, une légende, un mythe dont il n’aura jamais d’explication précise.  

_ “ Quatre vins, quatre bières svp ! Et comprenez pas quatre-vingt-quatre bières, et faites payer sur son compte ! “ *

Il cherche juste à embrouiller la serveuse, pour que Jake en paye la note, évidemment. Un bras avachi sur le comptoir, il vacille son pouce vers son cousin, un sourie bien caché en coin de ses lèvres, et de sa barbe.  

_ “ Je vous le redis, c’est peut-être plus clair : Quatre vin, quatre bières ! “ *

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* A l’oral, ça sonne très “84 bières”.

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C’est un plaisir coupable que de taquiner la serveuse. La main aux fesses n’est qu’un détail, ce qu’il affectionne particulièrement ce sont les réactions de la belle. Un regard outré et un soupir de mécontentement suffit à son bonheur. Après tout ne dit-on pas que les meilleures choses dans la vie sont les plus simples ? « Vous ne m’avez pas manqué pour ma part. Et j’aimerais que vous arrêtiez avec cela, c’est d’une impolitesse et ça ne se fait pas... » Une main contre le torse, Jake s’indigne et fronce les sourcils. Son attitude qu’elle qualifie d’impolie devrait pourtant la valoriser, lui qui n’est pas un homme facile, lui qui ne saute pas sur tout ce qui bouge ! C’est une chose d’être mécontente, s’en est une autre de dénoncer un comportement parfaitement acceptable.  

— Alors là vous me faites de la peine jeune fille. S’indigne-t-il. Vous devriez vous sentir honorée que ma main touche votre postérieur, je ne le fais pas à toutes les femmes, seulement les plus belles !  

Mauvais argument, certainement. Et pourtant Jake le pense sincèrement, c’est sans doute ça le pire chez lui, il ne ment pas et dit toujours ce qu’il pense. Peut-être devrait-il s’abstenir d’ouvrir la bouche de temps en temps. Mais comprenez-le ! On ne cache rien au front ! On parle haut et fort ! On a même tendance à tout rapporter au métier alors que la situation ne s’y prête pas...ce qui n’est évidemment pas le cas de l’alcoolique qui s’imagine parfaitement sain d’esprit.  

— Oh et si vous voulez m’en mettre une, sachez que mes joues sont toujours à portée de main !  

Il sourit, fier de sa bêtise lorsqu’il distingue son cousin au loin, près de la porte du bar. Le plus vieux fronce les sourcils, il a comme un mauvais pressentiment, les poches de son pantalon ne forme aucune bosse -excepté sans doute celle du milieu qu’ils se sont promit de comparer un jour, rien ne montre qu’il soit venu avec son portefeuille. Mécontent, il plisse les yeux et écoute le radin lâcher ses mots. « Putain, tu pourrais être son grand-père, ses fesses là sont trop jeunes pour toi Papy. » L’ancien pointe la propriétaire des fesses du doigt et réplique.  

— Alors non gamin, je pourrais être son père, nuance. Il marque une pause. J’crois même que ma fille à son âge.  

Non, il n’est absolument pas gêné de son papotage. Ici tout le monde connaît son franc parler et sa folie, pourquoi prendrait-il la peine de mesurer ses propos ? « T’es vraiment un putain de pervers. Venant moi, c'est gros comme ce qui y'a dans mon fûte. »  Il est clair qu’il n’est pas mieux placé pour le juger, le cousin. Ils ont certainement le même nombre de cases en moins. C’est en tout cas ce que beaucoup de leurs victimes pensent, qu’ils ne sont pas cousins pour rien, que la perversion est de famille. De ce côté-là le détective ne peut pas démentir : oui ils ont quelques points en commun. Tout ce qui manque à Misha pour faire un parfait Jake c’est une moustache. Ce qu’il ne fera jamais, lui qui s’en moque sans cesse alors qu’elle fait partie de son charme.  

— Un pervers oui, mais un pervers beau gosse. C’est pas donné à notre âge ça, tu devrais le savoir. Il pose son regard sur ledit pantalon. D’ailleurs faut qu’on les compare cousin, tu m’avais promis !  

Des regards se tournent vers eux et Jake lève les épaules. Bah quoi ? Il n’a pourtant rien dit de choquant ! À moins que ce ne soit pas courant que des cousins comparent leur virilité ? Quelle importance, il ne connaît rien du savoir-être et s’en contrefiche. « Faut l’excuser, il a pas baisé depuis plus trois ans, entre son haleine de chien, la moustache, et sa dégaine d’sdf. Il a pas grand-chose pour lui. » Un rire s’échappe de ses lèvres alors qu’il prend une gorgée de son whisky.  

— Vous voyez ce que j’endure mademoiselle ? Il lève les yeux au ciel. Moi je vous touche peut-être le derrière mais au moins je suis honnête et je ne dénigre pas le physique des gens. Il fixe Misha. Et d’ailleurs cousin, on ne “baise” pas, on fait l’amour, surveille tes paroles devant la dame. Il porte son regard sur cette dernière. Veuillez l’excuser, il est jeune et immature.  

Il soupire, comme exaspéré du comportement de son cousin. « Quatre vins, quatre bières svp ! Et comprenez pas quatre-vingt-quatre bières, et faites payer sur son compte ! Je vous le redis, c’est peut-être plus clair : Quatre vin, quatre bières ! » Jake a toujours connu Misha malin mais il faut bien avouer qu’il s’est amélioré dans ce domaine...l’expérience des barreaux, certainement ! Mais s’il veut embrouiller la serveuse, Jake peut en faire de même.  

— Votre patron me fait toujours des faveurs mademoiselle, en tant que fidèle client et partenaire officiel de votre meilleur jus, il se fera un plaisir de tout mettre sur le compte de mon cousin, n’est-ce pas ? C’est son premier crédit en plus, et un premier crédit ça se fête ! Ajoutez aux quatre vins, quatre bières, une bouteille de rosé transparente, vous savez, celle avec l’étiquette “tu vin plus aux soirées” ? Oh, et il nous faut des cacahuètes aussi ! Je suis très friand de cacahuètes !

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“ Alors non gamin, je pourrais être son père, nuance. J’crois même que ma fille à son âge. “ Il lève les yeux au ciel le taulard, alors qu’il pose ses fesses sur le tabouret voisin de Jake. Il ne changera jamais le bouclé, mais dans le fond, ça le fait sourire. Parce qu’ils sont pareils tous les deux. Ils se promènent de draps en draps sans même chercher à savoir s’ils ne sont pas déjà trop vieux pour leur cible. De toute façon, Misha est bien loin de réaliser qu’il a déjà quarante balais. Dans sa tête, il n’a que la trentaine, cette trentaine qui lui a été volé par dix longues années d’incarcération. C’est sûrement le prix à payer, pour toute une vie de conneries.

_ “ Et ça vient me faire la morale, quand j’oublie de vérifier la carte d’identité d’une fille. “

Qu’il marmonne alors qu’il s’accoude au comptoir, posant l’azure de ses prunelles sur la silhouette nonchalante du plus âgé. Il a les yeux rivés sur la serveuse Jake, si bien que Misha fini par détourner le regard vers elle, cherchant à savoir ce qui se tramait entre ces deux-là. Il n’est jamais parvenu à se faire inviter par la brune lui, se serait malheureux que Jake gagne à la course. Hazel c’est déjà suffisant. “ Un pervers oui, mais un pervers beau gosse. C’est pas donné à notre âge ça, tu devrais le savoir. D’ailleurs faut qu’on les compare cousin, tu m’avais promis ! “ Il est vraiment trop con. Misha hausse les épaules, avant de désigner la serveuse d’un signe de tête, peu discret.

_ “ J’veux pas faire peur à la demoiselle. Ça peut paraître trop imposant. “

Si ça se trouve, Adàn est mieux gâté qu’eux en la matière, mais se vanter c’est plus leur truc que celui du flic. Les regards se retournent, les oreilles se tendent, mais les deux énergumènes n’y prêtent plus la moindre attention. Ça fait longtemps que Misha ne se soucie plus des yeux juges, depuis sa sortie de taule en fait. Entre l’étiquette du criminel sur son front, et les potins de Scandales, il n’a plus aucune réputation à entretenir. Sauf peut-être, celle du plus dépravé de la ville. Ce serait dommage de la perdre, au moins, il est populaire dans quelque chose. Peut-être qu’il se fera invité au prochain Z-Event pour ça. “ Vous voyez ce que j’endure mademoiselle ? Moi je vous touche peut-être le derrière mais au moins je suis honnête et je ne dénigre pas le physique des gens. Et d’ailleurs cousin, on ne “baise” pas, on fait l’amour, surveille tes paroles devant la dame. Veuillez l’excuser, il est jeune et immature. “

_ “ Moi j’suis immature ? “

Il échappe un petit rire moqueur et ironique, avant de se tourner vers Cassie, pauvre spectatrice de cette scène des plus minables. Peu contemporaine. Et assurée par des acteurs dignes des séries tv pour ménagères.

_ “ Est-ce que j’vous ai mis la main au cul sans autorisation, moi ?! “

C’est vrai que la maturité se juge sur la bien séance de ses mains. Cassie s’en exaspère visiblement, puisqu’elle ne répond rien. Elle se contente de leur demander ce qu’ils veulent commander, le tout avec politesse, mais les dents serrées. Et Misha lui, ça l’enjaille encore plus, de savoir qu’il agace. L’attachiant de service lui sort donc sa commande, des plus sous-entendues, et Jake renchérie, comme si leur petite dispute était soudainement enterrée. Cassie elle s’exécute, elle comprend leur petit manège. Et quand Misha l’aperçoit revenir avec les quatre vins et les quatre bières, il en est presque déçu. “ Et voilà messieurs. Je mets ça sur le compte de qui alors ? “

_ “ De lui, et vous devriez lui rajouter une amande pour attouchements. “

Le pire c’est qu’il le mériterait. Les yeux déjà occupés avec l’alcool qui se dresse devant lui, Misha passe en revue le vin, puis la bière, pour finalement opter pour la bière. Il en tire deux verres vers lui, et vient en siroter un, comme un jus de fruit.

_ “ Ho puis rajoutez moi un bon champagne, comme c’est lui qui paye. “

Misha, il est alcoolique, oui. Mais le champagne, ça doit être le seul alcool qu’il n’aime pas. Il pourrait certainement se saouler avec la pire des merdes au monde, mais sûrement pas l’alcool le plus cher au monde. Il a simplement envie de raquettier son cousin, pour toutes les fois ou l’autre l’a fait.

_ “ Pas un bas de gamme hein, soyez mignonne. “

Il minaude vers la petite, puis il se replonge dans sa bière, moment de détente et de bien être tant attendu. Il ne peut plus picoler autant qu’il le veut chez lui. Darcy elle veut en faire un père modèle, elle cache l’alcool jusque dans la machine à lavée, là où elle sait qu’il n’ira pas. Manque de chance pour elle, il a voulu y enfermer le furet, alors il les a trouvés, ses précieuses.

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« Et bien même si je vous remercie pour le compliment, ce n’est pas un geste adéquat. Il y a d’autres façons de dire à une femme qu’elle est belle. » Sans doute, mais Jake n’est pas un homme à tirade, loin d’être Shakespeare, il n’est pas doué avec les mots, ce qui explique notamment que son corps soit son seul moyen d’expression. Une claque aux fesses vaut milles mots à ses yeux, au moins il a le mérite d’être honnête, à contrario de ces hommes malintentionnés qui n’ont de cesse de trahir la gent féminine en leur promettant monts et merveilles.  

— Je prends note, je prends note.  

Le plus vieux lui adresse son plus beau clin d’œil, loin d’avoir saisi le malaise de la situation. « Et ça vient me faire la morale, quand j’oublie de vérifier la carte d’identité d’une fille. » Il rit l’alcoolique, parce que l’irresponsabilité de son cousin a quelque chose de mignon, comme s’il revenait à son jeune âge, celui qu’il avait avant de faire de la prison. Alors certes le contexte prête peu à sourire, ne pas vérifier la carte d’identité d’une femme c’est se risquer à coucher avec une mineure paraissant quelques années de plus, et ô combien elles sont nombreuses aujourd’hui.  

— Sauf que moi je sais que mademoiselle est majeure.

Il lui donne un coup de coude amical, bien placé, comme pour dédramatiser la conversation qui commence à dangereusement intéresser les autres clients. Non pas qu’il s’en inquiète, rien n’est tabou pour l’ancien militaire, seulement il n’est pas d’humeur à finir en garde à vue ce soir, le trou il ne le connaît pas aussi bien que Misha mais c’est un rendez-vous hebdomadaire. Le genre qui vous empêche de boire pendant des heures...alors certes l’uniforme est sexy mais quand c’est Patrick, 56 ans, bide à bière depuis ses 15 ans...l’intérêt de se faire mettre les menottes est tout de suite mis en doute. « J’veux pas faire peur à la demoiselle. Ça peut paraître trop imposant. » Sujet bien plus abordable en public, politiquement incorrect mais comme disent les jeunes : osef.  

— Cousin, elle est serveuse, des petites knackis elle en a déjà vu. Se moque-t-il. Par contre moins sûr qu’ils servent des concombres ici, je vais m’abstenir aussi du coup.  

Il serait pourtant capable de baisser le caleçon ici, tout de suite, mais encore une fois, pas de pitié pour les bouteilles ce soir, le quadragénaire a bien l’intention de passer sa nuit allongé sur un trottoir, trop ivre pour rejoindre son appartement. La seule chose qui pourrait le faire changer d’avis serait une bonne petite bagarre comme il les aimes, mais à première vue il n’y a que des coincés ici, dommage. « Moi j’suis immature ? Est-ce que j’vous ai mis la main au cul sans autorisation, moi ?! » L’homme lève les yeux au ciel. Comme il est de mauvaise foi ! Il a la main innocente, l’alcoolique ! Comme une bise à la française, une manière de dire bonjour, à la Jake.  

— J’exprime mon affection à ma façon. Réplique-t-il. Toi par contre elle a pas l’air de beaucoup t’aimer non plus. Il a fait quoi pour mériter votre haine, mademoiselle ? Du forcing ? Faut l’excuser, il est en chaleur 365 jours par an, 366 pour les bissextiles.  

Comme il est mal placé pour parler le détective, lui qui ne tarit pas de lourdes approches quand une femme lui plaît. « De lui, et vous devriez lui rajouter une amande pour attouchements. » La radinerie, un trait de famille certainement. Pourtant de l’argent, il en a le plus vieux, l’armée paye bien, accumulation de primes de risques, mode de vie indécent mais économique quand on ne compte pas les bouteilles. Seulement Misha, lui, à la fâcheuse tendance à toujours oublier son portefeuille, alors il est partageur le détective mais son besoin de taquiner le benjamin est trop fort pour qu’il se montre généreux avec lui. « Ho puis rajoutez moi un bon champagne, comme c’est lui qui paye. Pas un bas de gamme hein, soyez mignonne. » Il plussoie sur la qualité du breuvage. Rien n’est meilleur qu’un alcool en âge. Le probable acheteur n’en est pas pour autant enjoué, s’il doit payer pour le plus jeune ce soir, il n’aura que du soda.  

— “soyez mignonne”...non mais vous voyez comment il s’adresse à vous ? Lamentable...Il soupire et reprends. Faites moit-moit' plutôt, ou si je dois tout payer mettez-lui un simple coca, la bouteille j’la mettrais dans mon calbute histoire d’être sûr qu’il viendra pas y foutre sa main...Et ce sera pas du champagne, juste votre meilleur whisky. Il marque une pause. Oh ! Et prenez-vous un petit pourboire pour le dérangement, sur le compte de monsieur, évidemment.