Ivres d'inconscience | Emma&Rose

25 ans (31.03.1998)

TW: grossesse

Depuis plusieurs semaines, t’as appris à relativiser : prendre le temps de te reposer, te forcer à ne plus te prendre la tête pour des choses futiles, te laisser vivre ou encore pratiquer le yoga pour t’aider à vivre au mieux ta grossesse, garder un minimum d’activité et prendre sur toi. Le tout mis ensemble, tu peux désormais considérer qu’en mettant ton impatience de côté, ta grossesse n’est pas si mal, encore moins compliquée. D’autres femmes vivent certainement de pires moments, sans être entourées, sans être chouchoutées. Toi, tu peux encore dire que Billy est là, qu’il se plie en quatre pour que tu sois bien. Alors oui, désormais tu peux dire que t’es pas à plaindre, et cette remise en question constante depuis quelques semaines t’aide à vivre cette grossesse positivement. Tes débuts étaient plutôt chaotiques, mais après six mois, tu peux enfin dire que t’as trouvé ton rythme de croisière et que t’as hâte de rencontrer ce petit garçon.

L’idée que vous soyez deux à être enceinte, voire même trois si on compte Livia, ça t’enchante un peu moins. Non pas que tu veux être l’unique, mais plutôt parce que tu vois déjà la catastrophe arriver en ce qui concerne Emma. Tu le sais, qu’elle n’a jamais émis le désire d’être maman un jour, qu’elle laisse plutôt cela aux autres. Jamais elle n’a parlé de grande famille, d’un mariage, d’un homme qui serait l’homme de sa vie. Une vie de famille comme la vôtre, elle n’en veut pas, et pourtant t’es pratiquement certaine que ce test deviendra positif. T’es loin de vouloir te la jouer madame Irma, mais probablement que toutes les personnes présentes chez toi le jour où vous avez dû tous – y compris Billy – pisser sur ce test de grossesse. Pas besoin de faire un dessin, bien souvent, les tests sont bien plus fiables qu’avant et si tu devais parier, toi tu ferais partie de la team « positif » tant t’es presque sûre que c’est le résultat qui en sortira.

Tu lèves les yeux au ciel en voyant le message d’Emma s’afficher sur ton portable au petit matin. Elle veut que t’ailles au Pikey, et toi t’as mis cet endroit sur ta liste de lieux où ne surtout plus mettre les pieds. Tout comme t’as promis à qui veut bien l’entendre de rester loin de son propriétaire pour ton bien être et le bien de ton entourage. Si certaines personnes ont du mal à dire non, toi c’est très certainement le premier mot que t’as appris à dire quand t’étais petite. Depuis, tu dégaines plus facilement les « non » aux « oui ». Un non catégorique s’en est suivi après la lecture du message, parce que non, tu ne veux pas te rendre au pikey et tomber sur Misha. C’est ce que tu te répètes, et c’est aussi ce que tu essaies de faire comprendre à Emma, qui continue d’insister. T’hésites, et le fait qu’elle te dise qu’il ne serait pas présent t’allège un peu le cœur et l’esprit. Tu réfléchis, puis tu repenses à ton angoisse lorsque toi t’as appris être enceinte. Tu le sais, que c’est terrifiant, surtout lorsque tu ne l’as pas vu venir, pas désiré. Alors t’as troqué ton non en oui, en y mettant tes conditions.

Enfuie dans ton manteau, tu abandonnes ton poste à la galerie pour prendre le chemin du Pikey. Tu te doutes qu’à cette heure, il n’y aura pratiquement personne, à part peut-être ceux qui souhaitent y prendre un café pour commencer leur journée. Les mains dans les poches, tu avances le vent de face venant refroidir ton visage et rougir tes joues. T’es frileuse, tu l’as toujours été et l’hiver n’est en rien ta saison préférée. Toi, tu préfères le soleil, la chaleur, les vêtements léger et la luminosité des beaux jours. Portoricaine jusqu’au bout des ongles, tu n’attends que ça : le retour des longues journées ensoleillées. En attendant, t’avances et tu t’engages dans la rue où se trouve le bar. Machinalement, tu ne peux pas t’empêcher de détailler les alentours, puis une fois devant t’hésites encore. De l’intérieur, t’y vois Emma, et tu pousses la porte pour y entrer. T’espères toujours ne pas croiser les yeux bleus du patron, ni même entendre le son de sa voix, puis tu repenses à ce qu’elle t’a dit. Tu t’approches du bar, et tu grimaces « Je suis pas certaine que ce soit l’endroit idéal pour parler de ça tu sais… » parce qu’il y a les clients, les employés et puis aussi, t’essaies de lui donner envie de te dire de repartir, parce qu’effectivement, parler de cela ici, c’est loin d’être l’idée du siècle « Vous êtes deux pour la journée ? Deux pour faire tourner un bar comme celui-ci, c’est peu non ? » encore que t’y connais rien, mais dans tes souvenirs, il y a toujours pas mal de monde, à part peut être si tôt le matin.

@Emma Kane

Rose & Misha

I believe there's love in you. Grid locked on the dusty avenues, inside your heart, just afraid to go. I am more than innocent but just take a chance and let me in and I'll show you ways that you don't know. Don't complicate it, don't let the past dictate. I believe, I believe you could love me but you're lost on the road to misery.

Ivres d'inconscience

outfit - TW : grossesse | @Rose Kingsnorth

Emma panique depuis plusieurs jours. Elle panique déjà à l’idée que les résultats de ses examens sanguins ne soient pas ceux qu’elle espère, ou tout simplement que ces résultats vont lui demander de faire des choix qu’elle n’est pas certaine d’être capable de faire. Avoir un bébé n’a jamais fait partie de ses projets, comme ça n’a jamais été ce qu’elle aspirait dans la vie. Elle ne veut pas pouponner, Emma. Elle ne veut pas grossir, pas accoucher, elle ne veut pas avoir à veiller sur quelqu’un d’autre alors qu’elle peine déjà à veiller sur elle-même. Les choix qu’elle prend ne sont pas suffisamment réfléchis et matures pour lui faire penser qu’elle est capable d’élever un être humain et lui apprendre la vie. Alors elle cogite, elle panique, elle se pose mille et une questions. Aujourd’hui, elle sait qu’elle devra recevoir ses résultats par mails, et peut-être les a-t-elle déjà reçus, mais l’idée d’aller ne serait-ce que consulter ses mails la fait tenir loin de son portable. Elle n’a pas envie, elle ne veut tout simplement pas savoir.

La seule chose pour laquelle elle s’efforce à prendre son portable en main, c’est pour demander à Rose de venir au Pikey. Ne pouvant pas quitter le navire et abandonner son collègue, elle se lance dans un caprice face à la dame de fer qu’est sa cousine. Rose a ce caractère qu’Emma n’aura jamais, et qu’elle regrette. Pas un caractère simple ni facile, mais un caractère qui pourrait démotiver quiconque voudrait venir se frotter à elle. Tout ça, Emma rêve de pouvoir le faire, mais elle n’a pas le tempérament pour, elle n’en impose pas, elle n’a pas cette faculté déconcertante à balayer le superflu d’un geste de la main et n’a pas cette franchise à dire non lorsqu’elle n’a tout simplement pas envie. Alors elle a l’espoir que cette dureté pourra l’aider à prendre les bonnes décisions et faire les bons choix. Ou au moins, à l’aider dans sa façon d’entamer ce nouvel avenir.

Dans la salle, il n’y a pas encore trop de monde. Les matinaux qui viennent lire leur journal, boire leur café. Et puis l’un ou l’autre alcoolique qui réclame déjà de l’alcool à neuf heures du matin. Emma a abandonné son portable dans un coin du bar, planqué à la vue des clients, et le regarde de loin, comme si c’était la chose la plus repoussante de cet endroit. La minute d’après, elle s’empresse d’attraper les verres qui égouttent et de les essuyer afin que tout soit prêt pour le coup de feu. Son collègue, lui, semble être en train de revoir les stocks avant l’arrivée de Misha. Lui n’aura plus qu’à compléter, ou valider, se dit-il et Emma se contente simplement de hausser les épaules, n’ajoutant rien de plus à la prévoyance de ce dernier.

Elle lève les yeux vers les clients qui s’engouffrent, elle les salue, puis elle continue ce qu’elle fait en leur laissant le temps de faire leur choix avant d’aller prendre leur commande. Après quelques minutes, elle décide finalement de les rejoindre. Pas vraiment fidèle à elle-même, elle reste sympathique, mais pas chaleureuse comme on la connaît. Elle esquisse des sourires, oui, mais pas de quoi donner envie de ne parler plus qu’il ne faut. Elle n’en a pas envie, de toute façon. Elle donne la commande à son collègue, puis retourne s’occuper de ses verres. Lorsque Rose s’impose dans son champ de vision, Emma ne la quitte pas du regard et la laisse la rejoindre. Elle remarque que la Latina s’assure des personnes présentes dans ce bar, ce à quoi Emma rétorque :

« - Il n’est pas là Rose, je t’ai dit qu’il ne travaillait pas du matin »

Dit-elle, comme pour essayer de la rassurer. Emma grimace, parce qu’effectivement, c’est loin d’être l’endroit. Si les clients ne risquent pas trop d’entendre, elle ne peut cependant pas demander à son collègue d’aller voir ailleurs.

« - Je sais. Mais je vais profiter qu’il n’y ait pas trop de monde pour prendre ma pause maintenant et on va se poser à une table un peu plus loin, on sera tranquille. »

Emma termine d’essuyer le reste de la vaisselle et de ranger ce qu’il y a à range. Son portable toujours abandonné dans un coin du comptoir coté bar, elle relève les yeux face à Rose, puis regarde son collègue, avant de les reporter sur elle

« - Jusqu'à midi c’est calme en général. A trois on serait de trop, à part servir deux ou trois clients, on fait plutôt de la mise en place et du renflouage. Après, Misha doit venir et mon collègue termine dans l’après-midi et une autre fille prendra le relais. Je crois qu’il a organisé la journée comme ça »

Qu’elle dit en fronçant les sourcils, sans trop se rappeler de ce qu’elle a vu au planning.

« - Bon tu veux boire quoi ? Pas d’alcool déjà… Jus de fruits ? Chocolat chaud ? Café ? »

mots = 790

Emma Kane Kingsnorth

Les gens pensent que je suis toute calme, toute discrète. Mais ils ne savent pas que dans ma tête, c'est la tempête

je vous garde comme un secret ♥: