a few minutes before the change of a life w/ Ryan #1

Une nouvelle garde au sein de la caserne et comme depuis deux mois et demi, j’ai organisé à mon équipe une séance d'entraînement, qui est terminée depuis plusieurs minutes, les laissant rejoindre l’espace commun pour s’hydrater, alors que je suis toujours dans le garage de cette caserne, que je suis présent à côté de ce camion de la brigade que je dirige. Mes iris sont posés sur cette toute nouvelle lame que je suis en train de mettre en place sur la disqueuse que je tiens entre mes jambes, genoux posés contre le sol. Un outil avec lequel je suis venu faire travailler mes hommes, jouissant de la fin de vie de la précédente lame pour complètement la mettre sur la touche et l’envoyer à la retraite, afin de faire place à la jeunesse, à tout ce qu’il y a de plus neuf dans ce monde, préparant le matériel en cas de potentiel intervention nécessitant l’aide de la scie. « Merde … » Deux mois et demain que je manque cruellement de patience, principalement en dehors de cette caserne, mais surtout lorsque je ne me trouve pas sur le terrain, que mes pensées n’ont pas l’occasion de penser à elle, à Naya. Cette femme qui fait désormais partie de mon passé, tout en réussissant à rester dans mon présent, de part la demande de Rowan, ce neveu qui a crié à la manière d’un enfant, qu’il a besoin de la propriétaire du cabaret dans sa vie. Pas une journée ne passe sans que je me demande si j’ai pris la bonne décision lors de cette dernière journée du mois d’avril, alors que je n’arrive pas à me voir vivre avec quelqu’un qui est capable de me cacher certaines vérités, qui peut voir son défunt mari en me voyant, plutôt que moi. « Ryan. » C’est du coin de l'œil que j’ai vu la présence de ses deux pieds s’approcher de moi, attirant mon attention, mon regard dans cette direction pour y voir l’un de mes hommes, débout à mes côtés. « Déjà remis de cet entraînement ? » Question qui est en train de franchir la barrière de mes lèvres, alors que je suis en train de remettre en place cette lame qui a réussi à s’y échapper peu avant son arrivée, pour des doigts tenant celle-ci à son parfait emplacement. « Tiens, tu peux me passer la clé qui est juste là ? » Une aide que je ne refuse pas, alors que d’un mouvement de mon visage et de la direction de mes iris, je suis en train de lui indiquer l’outil en question dont j’ai besoin pour terminer correctement cette tâche dans laquelle je me suis lancée.

Les jours s’enchainent et se suivent sans même que tu puisses les arrêter. Tu revenais de ton voyage en Italie qui t’avait permis de prendre un peu de force et de lever le pied avec le travail. Tu avais tendance à ne jamais stopper, ni même profiter des journées et des soirées qui s’offraient à toi, préférant enchainer le travail et les gardes. Encore et encore, sans s’arrêter une seule seconde et c’était le cas depuis que tu étais revenu de ton voyage. Tu avais de nouveau des vacances dans quelques temps, tu t’attachais un peu à ça car tu partais à San Francisco avec cette demoiselle qui te faisait vibrer, bien plus que d’habitude. Aujourd’hui était une journée basique, une petite intervention et depuis, c’était le calme plat. Ça se voyait que c’était les vacances et les touristes ne venaient pas forcément dans cette ville, mais plutôt dans les grandes villes comme New-York, San Francisco et bien d’autres. Une chance qui permettait au service comme les pompiers, les policiers de pouvoir se reposer avant le retour de la reprise. Une grosse séance de sport, comme Nathanael aimait les faire, te voir souffrir devait être un plaisir, il devait certainement prendre son pied. Heureusement que tu pratiquais chaque jour, cette séance ne t’avait pas autant achevé que tes collègues, qui peinaient à se remettre debout, ce qui te faisait rire bien évidement. Alors que tu avais pris une bonne douche, te revoilà déambulant dans la caserne à la recherche d’une future mission, histoire de faire passer le temps plus rapidement. « Ok » laissais-tu glisser entre tes lèvres, attrapant la clé qu’il te demandait, regardant ce qu’il faisait « Tu as l’air d’en chier non ? » tu te moquais un peu, ce n’était pas nouveau, tu le faisais régulièrement avec lui. Te posant contre l’établit, les bras croisés contre ton torse. « Tu sais que tu n’arriveras pas à m’achever avec tes entrainements. » tu haussais les épaules, bien trop habitué à la souffrance et aux entrainements intensifs.  

« Tu as l’air d’en chier non ? » Question qui est en train de parvenir à mes oreilles, pour des sourcils qui sont en train de se froncer, alors que mon attention est porté sur cette disqueuse que je tiens entre mes mains, sur cette lame que je suis en train de fixer avec l’aide de cette clé, pour du matériel tout neuf, prêt à partir en intervention. « Non. Il y a quelques rebelles, mais à force, ces outils n’ont plus de secret pour moi. » Plus de vingt ans que ma carrière de pompier a commencé, tout autant de temps que je déambule dans les couloirs de cette caserne qui m’a vue passer de stagiaire à titulaire, puis du camion échelle à celui des secours, avant d’en devenir le lieutenant, pour un poste que je n’ai pas l’intention de lâcher. Ce métier, c’est ma vie, c’est l’une de mes raisons de vivre, alors que je suis persuadé depuis mon entrée dans l’académie des pompiers que c’est en faisant ce que j’aime que je perdrais la vie. « Tu sais que tu n’arriveras pas à m’achever avec tes entraînements. » Tu as bien compris que rien ne peut faire peur à Ryan, c’est un soldat du feu qui n’a pas froid aux yeux et qui ne va pas manquer de souffle après une séance d'entraînement, la preuve en est, il serait capable d’y retourner. « Tu ne devrais pas me dire ce genre de chose. » Phrase que je suis en train de prononcer avec un sourire qui se présente sur mon visage, alors que je suis en train de mettre en route une disqueuse, m’assurant de son état de marche avant de venir l’éteindre. « Surtout que j’ai du temps désormais, tu devrais te méfier. » Pensée que je suis en train de lui donner, alors que je m’approche du camion des secours, pour venir ranger l’outil à son emplacement, un travail minutieux d’une importance capitale sur le terrain. « Tu cherches quelque chose à faire ou tu n'as juste pas envie de rester avec les gars ? » Question remplie de curiosité, alors que le compartiment de rangement est en train de se fermer, emporté par l’impulsion de ma main, pour un regard que je suis en train de poser à nouveau sur Ryan, cet ami que j’ai dû plus d’une fois confronté face à ce tempérament de tête de brûlée, qui n’a pas peur de foncer, sans prendre le temps de réfléchir, ni d’écouter les ordres.