6 mars 2023. Qui aurait pu prédire que seulement 3 jours auparavant, la petite bourgade qu'est Klamath Falls se retrouverait privée d'électricité ? Les générateurs d'urgence de l'hôpital font face à ce que jamais rien n'aurait pu être prédit. 3 jours de coupure dans cette partie loin des grandes villes orégonaises. Klamath Falls et les villes voisines se serrent les coudes, les services d'urgence sont parés à toutes interventions.

Le gymnase du lycée accueille aujourd'hui les plus démuni face à la coupure de courant locale. Entre les maisons qui n'arrivent plus à être chauffées et finissent par devenir des igloos et les risques qu'engendre un tel incident, les habitants de Klamath Falls ont reçu l'invitation par les équipes de la mairie.

Si je m’attendais un jour à devoir être évacués à cause d’un incendie et dormir dans un gymnase, je n’y aurais jamais cru. Bien sûr il ne faut jamais dire jamais en pensant néanmoins que cela n’arrive qu’aux autres. Mais me voilà, dans le gymnase du lycée, à attendre d’en savoir plus sur ce fameux incendie qui a eu lieu pas très loin de chez nous. Oui chez nous car Elyse y a déménagé il y a peu qu’elle est déjà mise à la porte. Je souffle une énième fois tandis qu’on nous annonce qu’il faut s’installer sur les tables afin de manger. Mais je dois avouer que je n’ai pas très faim, ne sachant pas si je récupérais mon appartement ou non.

Je finis tout de même par me lever, une couverture sur le dos car je n’ai pas grand-chose comme vêtements sur moi, avant de m’installer dans un coin de la table et de prendre un morceau de pain, vives qui nous a été rapporté par quelques personnes. C’est très aimable à eux de vouloir nous aider d’ailleurs.

Robert aurait du fermer sa gueule quand le Lieutenant des Mesures d'Urgences avait parlé de gestion de centre de crise; mais non, il fallait qu'il s'en mêle, le vieux. Des fois il se maudissait de toujours vouloir toucher à tout ce qui se passe dans la ville, mais ça le gardait occupé, et c'était ça le plus important. Parce que quand il était occupé, il passait pas son temps à penser à ce qui n'allait pas dans sa vie. Aujourd'hui, Robert était là pour aider du mieux qu'il pouvait, et pour s'occuper l'esprit. Et aussi parce que ça parraissait bien, et le vieux, il avait depuis longtemps besoin de redorer son image.

Bien qu'il soit habillé en civil, avec son chapeau de cowboy habituel, il avait tout de même son arme de service et son badge bien en évidence à sa ceinture. Par précaution, mais aussi pour donner l'impression que quelqu'un avait le contrôle sur la situation. La réalité en était différente, parce que même eux - les flics, la mairesse, les pompiers, les services de doutiens - ils étaient affectés par la panne, et les froids. Lui-même avait du essayé de réchauffer les structures du ranch le plus possible pour ne pas que les animaux prennent trop froids. Il avait pris toutes ses génératrices pour les animaux, si bien que sa maison était complètement glacée. Il avait passé la nuit à s'occuper de tout ça, sans sommeil, avant de retourner au poste pour continuer ses tâches. Et malgré ça, il était au centre de crise à aider.

Après avoir fait une petite ronde à l'extérieur, Robert revient au chaud dans le lycée et se dirige vers le gymnase pour aider au service du repas qu'ils offraient. Quelques petites familles s'étaient ajoutées depuis qu'il était parti faire une ronde. Du coin de l'oeil, il voit la Mairesse, Ellen Becker, en discution avec une femme qu'il savait être sa fille, pour l'avoir vu à de nombreux rallys. Ellen et lui se connaissaient un peu, assez pour se tutoyer en privé, mais pas assez pour être trop familiers en public. Ils discutaient avec un jeune homme qui servait de la soupe, qu'il semblait avoir lui même fait considérant les bols dans lesquels ils avaient été emmenés. Ils s'était approché d'eux, un sourire poli aux lèvres, profitant d'une pause dans leur conversation pour s'adresser à eux.

- Madame la Mairesse, profitez-en un peu pour vous asseoir, qu'il dit simplement de sa voix gavelleuse en pointant quelques places libres à la table, forçant la dose de politesse en public puisqu'ils étaient à cet instant Mairesse et Lieutenant. Vous avez du avoir une longue nuit, vous aussi. Un peu de nourriture ne vous ferait pas de mal.

Puis, il se retourne vers le brunet qui pourrait probablement être son petit fils.

- Ta soupe sent bon, petit, qu'il dit simplement, en lui donnant deux ou trois petite claques qui se voulaient chaleureuses dans le haut du dos. C'tun bonne action, qu't'as fait là.

Maison et quartier qui était une véritable glorification de ta carrière et pourtant, face à un tel incident, tu étais finalement presque aussi bien chanceux que les autres. Tu étais dans ton somptueux salon lorsque la panne de courant fut effective. Même si tu avais assez de ripailles pour te nourrir et assez de nourriture et de couche pour ton petit ange, il n’en restait pas moins que tu pensais à lui et que tu espérais ne pas lui faire vivre des jours difficiles avec une maison froide. Et puis, rapidement l’entraide se mit en place et un mail de la municipalité te permit de te détendre face à cette distraction dont tu te serais bien abstenu. Tu n’avais pas réfléchi plus longtemps, prenant quelques affaires, de quoi t’occuper d’Amaury et tu avais pris la direction du gymnase, ton fils bien serré contre toi dans le porte-bébé. Tu savais que c’était le meilleur moyen pour être au chaud et pouvoir aider également. D’ailleurs, tu avais rempli deux gros sacs de courses avec des vivres pour les donner à la collectivité. L’entraide, tu connaissais. Tu avais beau être un requin dans ton métier, tu avais toujours eu cette générosité encrée au plus profond de toi. Et aujourd’hui ne ferait pas exception.

Après quelques minutes de marches, tu avais poussé les portes du local dédié aux sportifs pour t’avancer vers les autres sinistrés déjà installés à une table pour prendre des forces. Tu posas les sacs au sol pour venir prendre ce qu’ils contenaient. Il y avait du ragoût fait par tes petites mains, oui tu cuisinais quand tu avais le temps. Tu avais également ramené des cookies. Une fois le tout déposé sur la table, tu t’adressas à tes compagnons d’infortune d’un ton presque cérémonieux. L’entraide et cette générosité agissaient comme un enchantement rendant ce moment mémorable.

– Bonjour à tous ! J’ai ramené du ragout et des cookies. Si on m’avait dit un jour vivre une expérience de la sorte, je ne l’aurais pas cru !

Tu avais fini par t’asseoir, berçant ton petit gars pour qu’il reste calme et apaisé. Tu étais content de ne pas te retrouver seul dans le noir avec lui. La présence de ces personnes était une véritable réjouissance pour toi.

Ne sachant combien de temps nous allons devoir rester ici, je soupire avant de finalement me lever de mon lit afin de rejoindre la table pour manger quelque chose, même si je n’ai pas réellement faim, légèrement inquiète par la situation. Un jeune homme m’interpelle alors en me tendant une assiette de soupe et je lève alors mon regard vers lui avant de lui offrir un sourire.

- Merci beaucoup.

Mais je n’ai pas le temps d’y toucher que j’entends une voix familière derrière moi et je me tourne vers elle mais j’ai à peine le temps de réagir que je sens des bras qui m’entourent, me serrant contre elle.

- Je vais bien maman, ne t’inquiète pas. Je ne suis pas blessée, on a été évacué rapidement avec Elyse donc tout va bien.

Je lui offre un sourire, mais je suis heureuse de la voir. J’étais vraiment inquiète quand on est venu frapper à notre porte, nous disant de sortir rapidement de l’immeuble car il y avait un incendie. J’espère très sincèrement que notre logement n’a rien eu. Mais en attendant, nous voilà dans le gymnase à attendre et le temps paraît bien long. Néanmoins, Emilie m’a dit qu’elle viendrait me chercher afin de m’héberger en attendant que les choses se règlent.

- Comment vas-tu, madame la mairesse ? Tu en sais un peu plus sur cet incident ?

Lorsque la panne de courant a été effectivement, tu n’as pas mis bien longtemps avant de prendre la decision de rejoinder le gymnase pour ne pas être seul. Il n’était jamais bon de rester dans une maison, seul avec un bébé quand il n’y a ni chauffage, ni éclairage. Tu t’étais d’ailleurs dit que finalement, avoir de l’argent et une vise aisée n’était pas forcément la solution à tout problème. Quoi que, tu aurais pu avoir un groupe électrogène te permettant de pouvoir avoir de quoi subsister le temps que tout s’arrange. Mais ce n’était pas le cas. Tu n’avais rien pour pouvoir rester dans ton coin. Et en même temps, est-ce que c’est ce que tu souhaitais ? Non, pas du tout. Du coup, tu avais rapidement sorti quelques restes, te permettant de pouvoir venir avec de quoi aider les personnes les plus démunies. Tu étais un avocat au tempérament féroce et à l’ambition démesurée mais il n’en restait pas moins que tu étais quelqu’un d’altruiste, prêt à aider ton prochain. Du coup, tu avais pris le temps de réchauffer le ragout que tu avais dans le frigo à l’aide de ta gazinière. C’était bien le seul truc qui fonctionnait à l’instant précis. Et puis comme ça, tu ne perdrais pas ce qu’il y avait dans ton frigo par la même occasion. Tu ferais donc d’une pierre deux coups.

Une fois la nourriture chaude et le tout empaqueté, tu avais donc pris la direction du lieu où les habitants de la ville devaient se retrouver pour ne pas avoir à vivre ce désastre seul. Tu avais pu voir qu’il y avait déjà du monde et tu avais d’ailleurs rapidement rejoint le petit groupe, leur annonçant que tu avais ramené de quoi manger. Tu vis une jeune femme regarder tes petites douceurs avec envie, tu n’allais pas te gêner avant de lui proposer d’en prendre. Un homme vint te parler, s’extasiant devant ton fils. C’était souvent l’effet que faisait ton fils, tu ne peux d’ailleurs que sourire face à la remarque de cet habitant.

– Effectivement, il a 6 mois, le petit chat.

Il s’était adressé à la jeune femme regardant avec envie tes cookies. Il en avait d’ailleurs profité par se présenter, tu avais donc son prénom à présent, Robin. La jeune femme avait l’air un peu timide, tu avais donc décidé de ne pas la mettre mal à l’aise. Et puis, le bon samaritain avait rapidement repris la parole pour te demander si tu voulais de l’aide pour servir le ragout à ceux qui en souhaitait.

– Et bien je ne dirais pas non Robin, moi c’est Andrew. Alors qui veut du ragout ? Y en a pour un régiment ! Et s’il y en a qui veulent directement passer au dessert, servez-vous un cookie. [/color]

Tu avais fait un sourire amical, attendant de voir qui avait faim.