False Alarm | Misha & Rose

T’es sagement installée autour de cette table entourée de ta famille. L’annonce faite ne t’enchante pas réellement, mais tu gardes tout pour toi. Tu restes silencieuse, de temps en temps tu acquiesces un sourire aux regards qui te sont lancé, essayant de camouflé le fait que tu le prennes mal. Noël 2022, tu t’en rappelleras. Après ta soirée avec ta névrosée de mère, qui n’a rien trouvé de mieux que de te ramener ta grand-mère, aussi folle à lier qu’elle. Une chance que toi, t’as réussi à sortir ton épingle du jeu. Les chiens ne font pas des chats, dit-on, pourtant t’as envie d’espérer que tu ne ressembles en rien à ta mère. Physiquement, oui, sans doute un peu. Mais c’est très certainement la seule chose que vous avez en commun. Tu coules un regard à ta voisine de table, tu lui adresses un sourire surfait, t’as juste envie de prendre l’air. T’as bu un peu trop de vin, sans doute, puis tu jettes un regard à ton père et sa compagne. Cette fille n’a que deux ans de plus que toi, et elle se retrouve à faire partie de cette famille. Si t’avais pas autant d’affection et de respect pour ton père, probablement que t’éprouverais beaucoup d’animosité envers elle. Le problème, c’est que vous partagez beaucoup de passions, toutes les deux et qu’il est difficile pour toi de ne pas l’apprécier. Mais malgré tous, tu préfères garder tes distances. Parce qu’elle n’a que deux ans de plus que toi, et ça te bloque. Alors t’es sympa, t’es respectueuse, mais tu ne copines pas.

Tu finis par sortir de table, vêtue d’un pantalon simili cuir, d’une blouse blanche et d’une veste de tailleur blanche également, le tout accessoirisé d’escarpins.  Une tenue de soirée, ou de fête sans pour autant en faire de trop. T’as laissé la jolie robe pour le réveillon avec ta mère. Tu prends soin de les ramener sur le côté, et puis t’annonce à ton père et ton grand-père que tu comptes aller faire un tour, pour prendre l’air. Oui, t’as un peu besoin de ça : t’éclipser et penser à autre chose, et puis revenir avec un soupçon de bonne humeur supplémentaire. T’as déjà une vague idée, d’où tu pourrais te rendre, en réalité. Mais tu te gardes de le dire à qui que ce soit, pas même au principal concerné. Tu gares ton véhicule devant la prison, et tu sens déjà ton cœur qui bat la chamade dans ta cage thoracique. C’est pas un endroit où tu veux te rendre, en réalité, c’est même un endroit où tu t’es toujours juré de ne jamais foutre les pieds. Pas franchement rassurant pour une minette de vingt-quatre ans, pourtant t’es bien là. Lorsque t’arrives à l’entrée, une gardienne te demande gracieusement, ce que tu fous là. Merde. « Vous avez pris rendez-vous ? » double merde. T’es déjà conne, parce que t’en savais rien qu’il fallait prendre un rendez-vous. Mais d’un autre côté, ça coule de source « Euh, non. Mais je suis sa sœur, je voulais juste venir lui rendre visite pour Noël. C’est triste de rester seul à Noël, en prison » inventes-tu. Elle te toise du regard, et puis finalement, elle accepte de te faire entrer, mais pas plus d’une demi-heure.

T’es cuite, tu ne peux plus faire marche arrière. Elle t’emmène dans une salle. Ce genre de salle qu’on voit dans les séries. Un parloir. Au milieu de la salle, tu repère une table et deux chaises « Installez-vous. On va aller le chercher » te dit-elle, avec toujours la même gentillesse, et douceur dans la voix. Là, tout de suite, tu ne te sens pas du tout à l’aise, tu hésites même à faire demi-tour. Et puis finalement, tu finis par t’installer sur cette chaise. Tes mains sont posée sur la table, alors que tu tripotes tes ongles manucurés, en attendant. Quand la porte s’ouvre sur Misha, tu poses ton regard sur lui. « Salut » dis-tu, calmement. T’es presque honteuse de te trouver là, en réalité. Parce que t’es qui, pour venir le voir comme ça, au juste ? Juste la gamine qu’il croise une fois par semaine dans son bar. Est-ce justifié ? Non. Mais t’es quand même là, et tu ne sais pas pourquoi.

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Que ce soit Noël ou pas ce soir, ça ne changeait pas grand-chose au Taulard. Même s’il avait pas été au fond du trou, il n’avait pas été invité ou que ce soit pour le réveillon. Faut dire que l’année avait été rythmé par son divorce et le décès de ses parents, alors côté famille, on repassera. Luke son frère jumeau, est reparti à New-York, Michael le cadet, il semble lui faire la tête depuis leur dernière altercation. Et de toute façon c’est réciproque. Et même Maisy ne lui rien proposé. Faut dire qu’elle se sent certainement plus à l’aise quand il est loin d’elle. Dans le coup, il en aurait presque oublié que c’est Noël. La seule chose qui peut le lui faire penser, c’est que les couloirs de la prison sont vides. Personne ne vient voir personne, non seulement parce qu’il est déjà tard, mais qu’en plus les familles sont réunies dans leurs maisons, et non auprès des proches enfermés pour délits. Alors sur son lit, en cellule, mains sur le ventre, il fixe le plafond. Il est déjà tard, son colocataire, sur le lit du dessous, dort déjà. Lui, il a bien du mal ici. A ne rien faire de ses journées, il rumine. Sa seule activité, c’est un peu de sport, pour maintenant sa silhouette. Mais il ne peut en faire autant qu’il le voudrait, n’étant pas encore remis totalement de sa blessure. Plait qui lui rappelle assez souvent sa présence, par de petites douleurs au moindre faux mouvement. Ou à l’excès d’exercices.  

C’est dans cette solitude et cet ennuie qu’il pensait passer cette nuit de Noël. Jusqu’à ce qu’un gardien du centre d’incarcération ne vienne le chercher, parce qu’il avait apparemment une visite. Ce n’était pas l’heure des visites pourtant. Et lui, personne ne venait jamais le voir. Il est intrigué Misha, alors ses pieds se reposent sur le béton, il suit le gardien, d’un œil curieux. Peut-être que Drew venait le voir, pour Noël. Qu’elle en avait eu des autorisations, par Robert. Ou bien c’était Darcy, qui se faisait passer pour sa femme qu’elle n’est pourtant plus. Menottes aux poignets il traverse les couloirs, avant qu’enfin, le gardien ne pousse la porte de la salle des visites. Et au-dessus de l’épaule de cet homme, c’est une petite brunette qu’il aperçoit. Seule dans la salle vide, et froide. Assombrie aussi. Rose. Un léger sourire en coin des lèvres, malin, il fixe la jeune femme avec insistance, alors que le gardien lui ôte ses menottes.  

_ “ J’crois pas que vous soyez dangereux avec votre petite sœur. “
_ “ Pas avec ma petite sœur... Non. “

Qu’il marmonne, les yeux retombés sur le gardien. Ce dernier rembarque les menottes et disparait dans la salle derrière. Misha le suit des yeux, jusqu’à ce que la porte se ferme. Et là, la bouche entrouverte, il peut se retourner vers Rose. Ça pour une surprise de Noël... Il ne s’y attendait pas. “ Salut. “ Qu’elle marmonne visiblement nerveuse, mal à l’aise. Lui ça lui étire un peu plus ce si mauvais sourire, alors qu’il s’avance doucement vers la “ fillette “.  

_ “ Sacré cadeau de Noël. “

Qu’il lui murmure, venant s’installer sur la chaise qui fait face à la jeune femme. Il l’observe un moment. Comme il aime le faire quand elle passe au Pikey. Gamine qu’il se mettrait bien sous la dent depuis des semaines, des mois. Elle flirt, il est presque sûr qu’il lui plait autant qu’elle, elle lui plait. Mais elle ne flanche jamais. Peut-être que c’est à cause des commérages et de ce que l’on dit de lui. Mais elle reste là, à tourner autour du pot. Et il aime ce petit jeu. Ça l’excite, faut le reconnaître. Encore plus maintenant, enfermé depuis des semaines, abstinent de tout activité indécente. Pourtant ses préférées.  

_ “ Pas capable d’attendre notre petit viré, ma belle ? “

Qu’il taquine, le dos s’enfonçant dans sa chaise, tandis que son regard reste encré et insistant sur la jeune femme. Il la mange littéralement des yeux et ne s’en cache pas. Il ne s’en est jamais caché.  

_ “ Tu m’en veux toujours ? “

Sa tête tombe vers son épaule, sans que ses yeux ne change d’objectif.  

_ “ Je savais que j’te manquais. “

Et il se pince légèrement la lèvre, comme pour cacher cette fierté qui se dessine dans son sourire. Il s’amuse de la situation.

Ils sont partis le chercher, t’a-t-elle lâché avec la même froideur avec laquelle elle t’avait accueillie dans cet établissement de la mort. T’imagines déjà la tête de tes parents, s’ils apprennent qu’à cet instant, t’es ici. Certains vont réellement prendre l’air lorsqu’ils en ont besoin, et toi l’air que tu veux prendre, c’est celui de la prison. Tu mordilles ta lèvre, t’es réellement prête à faire demi-tour. Après tout, si tu pars avant même qu’il ne passe la porte de cette pièce, il ne saura pas qui est venu lui rendre visite. Ou pas. T’as dû t’inscrire avant. Tes yeux se posent un peu partout, mais surtout sur cette porte. Puis tu comprends que tu ne pourras plus faire demi-tour parce que comme promis, ils sont partis le chercher. Du coin de l’œil, tu l’observes alors qu’on lui ôte les menottes. Tu réalises réellement où tu te trouves, alors que c’est la première fois que tu mets les pieds dans une prison. Cet endroit est froid, lugubre et la sympathie ne fait pas vraiment partie du programme.

Tu te retrouves finalement seule avec lui dans cette pièce. Sous la table, tu croises tes jambes, puis lorsqu’il s’installe en face de toi, tu lèves les yeux vers lui. T’es pas souriante, pas non plus d’humeur à l’être. Tu ne sais pas réellement pourquoi t’es venue, non plus. Tu sais bien que c’est pas ici que tu trouveras une quelconque once de réconfort, ou d’apaisement. Pas avec lui non plus, alors pourquoi t’es là ? tu soupires, alors qu’il est déjà en train de te lancer une réflexion qui ne te fait pas vraiment rire non plus. Cadeau de Noël, tu ne sais pas comment tu dois le prendre, alors t’évites de te poser la question. Tu ne lui réponds pas, à cette remarque. Parce que t’as rien à lui répondre alors que cette année, Noël t’es plutôt amer. Tu le vois, la manière dont il t’observe, et ça te dérange au fond « arrête de me reluquer comme ça. » lances-tu, un tantinet autoritaire, ou du moins farouche. T’as pas envie d’être regardée comme un bout de viande, mais dans ce cas, pourquoi t’es là ? « t’es vraiment sûr de toi, hein » laches-tu, alors qu’il croit comprendre que t’es déjà suffisamment accro pour avoir envie de le voir, avant même qu’il ne sorte de prison « tu la feras pas, cette virée. Pour le moment ça t’obsède, parce que t’as rien, ni personne d’autre à te mettre sous la dent, mais une fois dehors, ta vie reprendra son cours et ça restera une promesse comme n’importe quel homme fait, et qu’il est incapable de tenir. » parce que les princes charmants, ça n’existe pas. Et les hommes bien non plus. Alors tu ne vas pas le croire, lui.

A ton tour, tu te laisses glisser sur ta chaise pour que ton dos puisse épouser la forme du dossier de la chaise sur laquelle t’es installée. Tu ne le regardes plus, t’es pas super loquace, parce que t’es blessée en ton fort intérieur, et t’avais l’espoir qu’il arriverait à te changer les idées. « ouaip. » finis-tu par lui répondre. Tu lui en veux, mais tu lui en voudras pour après aussi « tu la sors à toutes les filles que tu veux mettre dans ton lit, celle-là ? » demandes-tu en relevant les yeux vers lui. « quel genre de fille tu crois que je suis réellement ? » t’es curieuse de savoir comment il te voit, encore qu’il pourrait te balancer à la figure ce que t’as envie d’entendre, si réellement il le sait. Si réellement il a la faculté de savoir. Tu marques une pause, t’évites à nouveau de le regarder. Finalement, tu décides de le fixer droit dans les yeux pendant plusieurs secondes, sans ciller « passe-moi ta main » finis-tu par lui souffler, à peine audible, sans pour autant en dire plus, alors que tu sors un feutre de la poche de ta veste.

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“ Arrête de me reluquer comme ça. “ Il s’étire un peu plus, le sourire du taulard. La gamine, elle n’est clairement pas comme toutes les autres, qui se flattent d’être dévorées ainsi des yeux. Ça ne change rien à sa façon de la regarder, évidemment. Même s’il le voulait, il ne le pourrait pas. Elle est attirante, bien trop jolie à regarder. Ses yeux s’en régalent.

_ “ Va falloir me bander les yeux. “

Qu’il réplique simplement, de plus en plus amusé, pour la taquiner. Décollant son dos de la chaise pour finalement se pencher légèrement sur la table et tenter de briser la distance entre eux. Mais elle, elle part aussitôt rejoindre le fond de sa chaise, et la distance reste finalement la même. Trop grande. “ T’es vraiment sûr de toi, hein “ Et comment ne le serait-il pas, alors qu’elle est là, devant lui. S’il ne l’intéressait pas, elle ne serait pas là. Y’a personne qui vient le voir derrière les barreaux. Y’a qu’elle, ou Idgy. Mais Idgy, c’est sa meilleure amie depuis 35 ans, alors y’a bien plus de logique. Rose elle, elle ne fait que flirter avec lui, comme beaucoup d’autres filles d’ailleurs. Mais les autres filles, elles ne sont pas là. Plus personne ne semble s’intéresser à sa personne, quand il croupit en taule. Personne, sauf Rose. Et ça, ça l’intrigue le taulard. Alors derrière sa façon de la dévorer des yeux, y’a quelque chose de bien curieux. Il essaie de comprendre. Est-ce qu’elle a réellement le béguin pour lui, au point de venir le voir derrière les barreaux ? Une chose est sûre, c’est qu’elle n’est pas là pour chercher une âme paternelle. Elle semble assez proche de son père. Il n’y a donc pas trente-six conclusions à se faire. “ tu la feras pas, cette virée. Pour le moment ça t’obsède, parce que t’as rien, ni personne d’autre à te mettre sous la dent, mais une fois dehors, ta vie reprendra son cours et ça restera une promesse comme n’importe quel homme fait, et qu’il est incapable de tenir. “ Il lève les yeux au plafond, et détache enfin son attention d’elle. Il se redresse, croise ses bras sur la table qui les sépare, avant de reposer le bleu de ses yeux sur elle. C’était agaçant à la longue, qu’elle ne le croit pas capable de ça. De cette virée. Parce qu’il y tenait lui. Il aura besoin de changer d’air en sortant. Evidemment, il ne pourra pas aller loin, comme après chaque incarcération il a un kilométrage limité. Mais dans l’Etat, y’a ou se promener et s’éloigner de Klamath Falls.

_ “ T’insiste comme ça, pour m’agacer et être sûre que j’t’emmène ou quoi ? “

Sa voix est plutôt basse, raillée. Un peu râlante, parce que dans le fond, il pourrait le lui reprocher, ce manque de confiance qu’elle lui impose. Bien qu’elle en ait de bonnes raisons, lui, il était bien décidé à la faire la virée.

_ “ J’suis pas n’importe quel homme, peut-être. “

Qu’il ajoute, plus franc, plus imposant, plus sérieux aussi. “ tu la sors à toutes les filles que tu veux mettre dans ton lit, celle-là ? “ Léger rictus en commissure des lèvres. Elle semble vouloir faire la maline. Comme si elle espérait l’énerver. Probable qu’elle le soit elle, de son emprisonnement. Preuve supplémentaire de son attachement. Alors au lieu de l’agacer, ça l’amuse le brun. Et ça se voit, avec ce malicieux sourire, bien que discret, et ses lèvres qui restent entrouvertes, alors qu’il toise la gamine.

_ “ Si j’avais juste l’envie de te mettre dans mon lit, j’me fatiguerais pas en sérénade tous les soirs. “

C’est vrai que depuis son emprisonnement, il lui écrit presque tous les soirs, et on ne va pas se mentir, c’est pas des banalités stupides qu’il lui lance, mais bien la sérénade. Le truc c’est que Misha, il se lasse vite des filles qui ne veulent pas de lui. Il passe à autre chose quand il voit qu’il n’aura pas son tour de manège. Mais avec Rose, c’est différent. Ça fait des mois que ça dur, et il en est encore à faire son petit jeu du chat et de la souris. Faut croire qu’elle a quelque chose de plus que les autres. Mais il ne sait pas quoi. Pas encore.

_ “ Les p’tits coups, je leur propose pas des virées. “

Qu’il continue, plus calmement, de sa voix murmurée, les lèvres bougeant à peine. Les yeux rivés sur elle, qui en revanche, semble vouloir l’éviter. Lui, il insiste.

_ “ J’garde même pas leurs numéros. “

“ Quel genre de fille tu crois que je suis réellement ? “ Il peut enfin recroiser son regard. Il hausse les épaules. Il ne la connait pas assez pour la juger, ça c’est certains. Mais ce qu’il sait, c’est qu’elle n’est pas l’une de ses filles qui écartent les cuisses pour trop peu. Des filles comme ça, il en croise pas dizaine au Pikey, toutes les semaines. Trop faciles, pas intéressantes. Rose, elle a quelque chose de bien mieux. Peut-être que c’est son sale caractère. Sa résistance. Leur petit jeu. Elle ne cherche pas chez lui, ce que les autres viennent chercher. La plupart des filles ne l’approchent, ou ne se laissent approcher, qu’en sachant qu’elles ne veulent qu’une partie de jambe en l’air. Mais Rose, elle lui tourne autour, et le laisse en faire de même depuis longtemps, sans jamais avoir cherché ça avec lui. Alors qu’est-ce qu’elle attend de lui, exactement ? La véritable question, c’était peut-être plutôt ça.

_ “ J’crois pas que ce soit qu’il faut demander, ma jolie. “

Qu’il la coupe presque, sans détacher ses yeux d’elle.

_ “ Tu reste jamais loin, alors que t’as visiblement aucune confiance en ma personne. Qu’est-ce que toi, t’attends de moi, pour en être là ? Tu pourrais être dehors, te chercher un mâle en qui t’aurais confiance. “

Il marque une légère pause, la fixant dans les yeux, avant de reprendre :

_ “ Mais t’es là, à venir me voir en taule. Y’a que les petites femmes qui viennent voir leurs maris ici. Alors tu devrais peut-être arrêter d’essayer de te convaincre de conneries. “

“ Passe-moi ta main. “ Qu’elle se contente de répondre. Fouillant dans la poche de sa veste. Fronçant légèrement les sourcils, d’incompréhension, il l’observe alors qu’elle sort un feutre de sa poche. Elle comptait lui dessiner quoi sur le bras là ? Il échappe un petit sifflement, comme un râle, mais il obéit sans même savoir pourquoi. Il décroise ses bras, et l’un des deux s’étale sur la table, sa main tombe sur son revers, face à Rose.

_ “ Si c’est de l’indélébile, applique-toi au moins. “

Qu’il la taquine, le sourire en coin des lèvres de retour.

Tu relèves les yeux vers Misha, alors qu’il serait presque en train de te soumettre une idée. Ca pourrait t’amuser, en effet, de lui bander les yeux ne serait-ce que pour le voir espérer trouver ce que tu pourrais bien lui faire. En réalité, rien. Tu le sais très bien, mais l’idée que lui puisse s’imaginer des choses tout seul, te ferait sourire « Ne me le dis pas deux fois. La prochaine fois, je m’arme d’un tissus » dis-tu avec un léger rictus en coin. Tu baisses aussitôt les yeux, parce que tu ne sais pas réellement comment réagir avec lui. Il ne te met pas du tout à l’aise et pourtant, t’es quand même là à discuter avec lui, dans un parloir alors que tu devrais être chez ton grand-père, au repas de Noël, avec ta famille.  Mais non, tu t’es un peu sentie de trop, ou tout simplement vexée par l’annonce du jour. T’as tenu bon, t’as pris sur toi et puis finalement t’avais besoin de prendre l’air, ou de t’éloigner. Peut-être même qu’au fond, t’avais tout simplement envie de venir ici parce que tu veux penser à autre chose et avec Misha, c’est simple. C’est également l’une des raisons pour lesquelles tu avais pris cette habitude de te rendre dans son établissement. Toi, dans ta petite tête de jeune fille de vingt-quatre années, tu te poses mille et une questions sur ton avenir, sur ton entourage ou encore sur ta famille alors que lui, il vit sa vie. Il prend ce qui vient. Pourtant, lui est en prison, pas toi. Alors t’es pas non plus certaine que sa manière d’agir soit la meilleure.

Et puis, il y a le sujet de cette virée qui revient sur le tapis. Agacé, il semble l’être mais tu ne te méprends pas pour autant, tu te contentes de relever à nouveau les yeux vers lui. « Si c’est pas toi, ce sera un autre. C’est toi qui vois » commences-tu en haussant les épaules, même si t’as quand même un peu envie que ce soit lui, parce que comparé au parfait inconnu du coin, lui tu le connais un tout petit peu « Par contre toi, t’as pas intérêt à faire ça avec une autre, parce que c’est mon idée. Alors c’est moi ou personne » t’es un peu autoritaire, mais qu’importe. Tu ne plaisantes pas avec cette liste de choses que tu veux faire dans ta vie, tu le prends même très au sérieux. Comme tu prendrais au sérieux l’idée d’aller casser des assiettes au milieu de nulle part, de danser le tango avec un véritable argentin, ou encore faire un bain de minuit « et à part le fait que tu passes la moitié de ta vie en taule, qu’est-ce qui fait que t’es pas n’importe quel homme ? » tu marques une pause, tu cherches pas à le vexer, mais tu n'as toujours pas digéré le fait qu’il soit là, plutôt que dans son bar, parce que toi ça t’emmerde de te retrouver dans ce parloir « Parce que si c’est justement le fait que tu passes ta vie ici, c’est pas hyper sexy… » en tout cas, toi ça ne t’attire pas réellement. T’imagines que certaines filles pourraient trouver ça hyper excitant, mais réellement, non. Pas toi. Tu remarques bien, que t’as beau lui lancer des piques d’une gamine de ton âge, qu’il ne semble en rien vexé, ni même atteint. « donc tu veux quand même, me mettre dans ton lit, ça a le mérite d’être clair » dit-elle en insistant sur le ‘quand même’, sérénade ou pas. Toi, petite naïve, t’as encore l’espoir qu’il existe sur cette terre, un homme capable de te voir autrement que comme une fille à mettre dans son lit. Mais tu ne lui en veux pas, à Misha, parce qu’au fond, ne joue-t-il pas le franc jeu ? Ou du moins, un peu ?

Ca t’embête, qu’il ne baisse pas les yeux, contrairement à toi. T’as beau relever les tiens de temps en temps, tu le vois qu’il ne cesse de te regarder, et qu’il cherche même à le soutenir, ton regard. Finalement, tu le fixes, alors qu’il cherche à savoir ce que toi tu cherches réellement avec lui. Tu prends plusieurs secondes pour répondre, sans pour autant le lâcher du regard « Ca semble facile, avec toi. Ou simple. Je sais pas trop. Je me dis que certains boivent pour oublier, et puis d’autre viennent toutes les semaines pour te voir, et oublier qu’en dehors de ton bar, il y a une vie plus compliquée » tu ne cherches pas à le complimenter, ni à chercher à ce que ce soit vrai ou pas. C’est juste ce que toi tu ressens quand tu passes la porte de son bar, et qu’il est à son poste « c’est con, mais ça aide et moi, ça me suffit. » tu marques une pause, et puis lorsque tu réfléchis un peu plus loin, ton sourire s’élargit légèrement « et puis honnêtement, quand je te vois ici, je ne peux que relativiser en me disant que tes soucis son pire que les miens » T’es pas en train de te moquer de lui, mais cette pensée te fait rire. Un peu, quand même « pardon. C’est vraiment pas drôle ».

Tu lui réclames sa main, parce que t’as une idée derrière la tête, alors que t’es en train de chercher après ton feutre dans la poche de ta veste. Veste que tu retires, malgré la fraicheur de la pièce. Mais tu veux être à l’aise. Tu saisis sa main avec les tiennes, qui sont glaciales, alors que tu viens de l’extérieur. Tu cherches l’endroit où dessiner, et puis finalement, tu te lèves pour t’approcher de lui et t’asseoir à moitié sur le coin de la table, proche de lui. Relevant la manche de sa tenue de prisonnier, tu poses ensuite son bras sur ta cuisse pour prendre appui. « pas trop froid ? » demandes-tu, avec un léger sourire en coin, alors que tu t’appliques « c’est quoi la pire chose que tu as faite dans ta vie ? » finis-tu par lui demander calmement, pendant que tes coups de feutre viennent décorer son bras.

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“ Ne me le dis pas deux fois. La prochaine fois, je m’arme d’un tissus “ Misha, loin de s’imaginer qu’elle n’est que candeur, il se fait pas mal de films dans la tête. Et ça ressemble pas mal à cinquante nuances de Grey. Faut dire qu’elle cache bien son jeu la brunette. Avec son caractère bien trempé et ses répliques cinglantes, il est loin de penser qu’elle puisse n’être que pudeur. Elles sont rares les filles de plus de vingt ans, qui n’ont offert leur petite fleur à personne. Ça lui semblait même totalement logique qu’elle ne soit plus vierge depuis longtemps, dans la tête du taulard. Pour roder autour de lui, faut toujours avoir une certaine envie que les filles inexpérimentées n’ont pas. Du moins, selon lui. Il se fourvoyait, mais n’en n’avait guère l’impression. Alors il n’a de cesse de dévorer la gosse des yeux, sourire malin en coin de la bouche. Bouche qui reste entrouverte d’ailleurs.

_ “ J’y compte bien. “

Qu’il ajoute, le ton enjôleur, la voix basse et raillée. Les idées malsaines fusant au fond de ses yeux. Elle devait sûrement s’en douter. “ Si c’est pas toi, ce sera un autre. C’est toi qui vois. “ Il jette à nouveau un regard vers le plafond. C’était un peu trop insistant, et s’il le pouvait, il la pousserait dès maintenant sur sa banquette arrière, pour partir aussitôt. Mais il ne peut pas. Il est coincé ici, et quand il est autorisé à passer une porte, c’est les menottes aux poignets. Comme s’il était dangereux lui, alors que dans l’histoire, il n’est rien d’autre que la victime qui s’est retrouvé avec un trou dans le ventre.

_ “ J’t’ai dit que je l’ferais. “

Qu’il réplique plus sérieusement, les sourcils froncés, l’air réprobateur. Imposant. Il pourrait taper des poings sur la table, pour s’imposer justement, s’ils n’étaient pas sous surveillance. Ici, il sait que s’il s’énerve et qu’il montre le moindre accès de violence, il va être renvoyé dans sa cellule pour rien. Alors il garde son self control, bien malgré le fait qu’il se vexe cruellement, face à l’insistance de la brune.

_ “ Avant de dire que je tiendrais pas mes dires, attends de voir. “

Qu’il ajoute, le regard rivé sur le sien avec autant d’insistance qu’elle en met dans ses sous-entendus. “ Par contre toi, t’as pas intérêt à faire ça avec une autre, parce que c’est mon idée. Alors c’est moi ou personne. “ Léger rictus soufflé qui traverse ses lèvres. Comme s’il avait l’envie de partir avec une autre. Les autres filles, il n’a pas besoin de les emmener en viré pour obtenir quelque chose d’elles. Puis peut-être qu’il n’en a juste pas l’envie. Alors que Rose, elle l’intrigue, elle l’attire. Et que la simple idée de l’emmener loin de tout l’excite quelque peu. Sa jalousie aussi d’ailleurs, mais était-elle réellement fondée ? Est-ce qu’elle était là par attirance, aussi réciproque, ou bien ne s’attachait-elle pas qu’à son côté plus âgé et donc, protecteur ? C’était un peu la crainte du Misha, qui lui, n’avait certainement pas ça à lui offrir. Et en attendait un petit plus. “ et à part le fait que tu passes la moitié de ta vie en taule, qu’est-ce qui fait que t’es pas n’importe quel homme ? “ Ses yeux ne se détachent toujours pas d’elle, il sourit de nouveau en coin des lèvres. Intéressé, curieux de la gamine.

_ “ C’est peut-être le genre de truc que tu pourras découvrir sur la route. “

Qu’il répond lentement, doucement. Malicieusement aussi. Il ne saurait quoi dire de toute façon, mais il ne s’est jamais considéré semblable aux autres hommes Misha. Il est trop différent de tout le monde. Il ne pense pas comme les autres. “ Parce que si c’est justement le fait que tu passes ta vie ici, c’est pas hyper sexy… “ Il défait enfin son regard, pour tomber les yeux sur sa tenue orange de prisonnier. Lui il avait toujours trouvé ça au contraire, assez attirant. Un petit côté bad boy, et toutes les filles aiment les bad boy. Mais il commence à comprendre que la petite Rose, elle cherche à l’emmerder. Elle boude, visiblement vexée de son incarcération. Et ça ne fait qu’amplifier le mauvais sourire satisfait du taulard, alors qu’il relève son attention vers elle.

_ “ Alors t’aime pas le côté mauvais garçon toi, hein ? “

Qu’il taquine le ton plus amusé, son visage tombant légèrement vers son épaule. “ donc tu veux quand même, me mettre dans ton lit, ça a le mérite d’être clair “ Il marque là un petit silence, penchant un peu plus son visage vers l’avant pour tenter de croiser le regard de la brunette, qui définitivement, le fuit des yeux. Le tout sans défaire son sourire, évidemment.

_ ” T’en a pas envie ? “

Petite voix plus chuchotée, lubrique. Il laisse ses yeux parler pour lui, traduire ce petit désir que lui il a pour elle, et qu’il ne cache pas. Et elle enchaine, elle explique pourquoi elle est là. Ou peut-être qu’elle se cherche des excuses. Il l’observe, en silence encore une fois. Il ne trouve pas grand-chose à répondre, y’a simplement ses yeux qui divaguent sur son visage. Le truc, c’est qu’il ignore si elle dit vraie, ou si elle évite simplement d’avouer qu’il l’attire. Parce que pour en être venue jusqu’ici, lui, il a la sérieuse impression qu’il n’est pas le seul à être attiré comme un aimant. Alors il étudie la jeune femme, sans un mot, tandis qu’elle s’installe sur la table, s’emparant de son bras sur ses cuisses. Il a les yeux qui passent de son visage à son bras. C’est un moment calme, et étrange pour lui. Alors finalement, il suit avec attention le parcoure du feutre sur son avant-bras. Elle dessine comme un symbole, une lune, un soleil. Ça a sûrement une signification pour elle, mais lui, il ne maîtrise rien à l’art. “ pas trop froid ? “ il hoche négativement la tête, même si les mains de la jeune femme le sont. “ c’est quoi la pire chose que tu as faite dans ta vie ? “ Fallait faire un sacré trie dans chacune des choses qu’il a pu faire. Parce que clairement, ce sont plutôt ses bonnes actions qui se comptent sur les doigts d’une main.

_ “ J’ai failli faire enfermer mon petit frère y’a dix ans. “

Qu’il avoue sans trop savoir pourquoi, sans même se défendre et éviter la question. Et inspirant discrètement après cet aveu, il relève doucement les yeux vers Rose. Plus incertains, plus honteux, parce que ça c’est clairement le truc qu’il regrette.

_ “ Mickey, je l’avais entraîné dans mon merdier. Et le soir ou j’ai écopé de dix ans de taule, il était avec moi. Quand j’ai vu les flics débarquer, j’ai pris toute la cam qu’il avait sur lui, et c’est moi qu’est pris. Pour tout ça. “

Il passe sa langue sur ses lèvres, et baisse à nouveau le regard vers le dessin presque terminé sur sa peau.

_ “ Si j’avais écopé pour mon matos, j’en aurais eu moins longtemps, mais il aurait partagé ma cellule. “

Il retire son bras, le dessin étant visiblement terminé. Son autre main posée en dessous du dessin, autour de son poignet, il scrute les traits artistiques. Elle a un sacré coup de pinceau la gamine.

_ “ Je suppose que ça a une signification ? “

Qu’il demande finalement, relevant ce petit regard calmé et moins dur vers elle. Presque apaisé finalement.

Tu te contentes de le fixer, et ton esprit s’évade. Tu penses à cette virée qu’il ne cesse de te promettre, mais tu n’es même pas certaine qu’il le fera. Cette fois, t’évites de rétorquer quoi que ce soit, tu te contentes d’un sourire en coin. Il peut te prendre pour une fille totalement bouchée, mais en réalité, t’es loin d’être crédule. Tu refuses de faire confiance aux belles paroles. Des paroles, t’en as déjà eues plein, et tu n’en as jamais vu la couleur. Pourquoi Misha serait-il différent ? Alors tu lui laisses le bénéfice du doute, mais tu refuses d’y croire naïvement. T’as fini de te laisser endormir, toi tu veux vivre dans le monde réel, aussi décevant peut-il être par moment. Tu les remarques aussi, ses traits tirés et son air renfrogné, parce que tu ne cesses d’insister. Vexé, peut-être. Mais tu l’as été aussi, désormais vos compteurs sont remis à zéro et comme il te conseille de faire: t’attends de voir si réellement il débarquera, il te kidnappera, et il t’emmènera. Pour toi, comme pour Jack Kerouac, la route c’est la vie « c’est la tournure de la virée qui fera qu’à mes yeux, tu pourrais effectivement être cet homme différent des autres » tu penches légèrement ta tête sur le côté, ne le quittant pas du regard, mais tu reprends avec un ton calme « et je me fiche bien de savoir ce que toutes les autres femmes que tu connais peuvent dire. Ou les autres personnes. Je ne m’arrête qu’à mon propre avis, et qu’à ma propre subjectivité. Tout dépendra de l’homme que tu voudras devenir, le temps d’une virée » certaines personnes pourraient justifier cela en de la naïveté pure et simple, or toi tu te ranges plutôt vers ton libre arbitre. Tu te fiches pas mal de ce que disent ou pensent les gens, tu veux te faire ton propre avis sur ce qui t’entoure, mais également sur les personnes qui gravitent autour de ta petite personne. « j’ai envie d’être libre de penser que tu pourrais me plaire, par exemple. Tu vois ? » Tu étires un petit sourire malicieux, et tu dévies ton regard, encore une fois.

Le côté ‘bad boy’ a sa dose de sex appeal. Comme beaucoup de filles, tu pourrais être attirée par ces hommes. Pourrais.  En réalité, ce ne sont pas ceux qui t’attirent en premier. Et puis, tu n’es pas les autres filles non plus. En temps normal, les personnes qui passent leur vie derrière les barreaux, ou ceux qui enchainent les coups foireux, ça te lasse. Tu finis par approcher légèrement ton buste vers lui, pour lui murmurer « petit 1, je ne suis pas très fan de l’orange. Petit 2, la taule, c’est pas hyper excitant comme endroit. Petit 3, je préfère les mauvais garçons en cavale, plutôt qu’en prison. Je te l’ai dit: Bonnie and Clyde. » tu reprends ta position initiale, et tu gardes tes yeux posés sur lui « en réalité, moi je suis attirée par ceux qui cherchent la liberté et l’aventure. Qui sont capable de décrocher la lune avec peu de choses, qui agissent plus qu’ils ne parlent, qui ne se torturent pas l’esprit et qui ont vraiment envie de vivre une véritable vie. Tu vois, c’est ce type là, que je veux. Mais jusqu’à présent, j’en connais pas » tu n’as pas encore trouvé celui qui te ferait véritablement vibrer. Quant à Misha, tu ne le connais pas, ou pas assez. Pourtant, t’es bel et bien là. Peut-être qu’au fond, t’espères… Mais pour quelle raison ? Tu ne le sais même pas toi-même, mais tu refuses de chercher à comprendre. Tu te laisses guider par tes envies et tes intuitions, et c’est déjà pas si mal.

Tu vois qu’il cherche à captiver ton regard, et quand il y parvient, il te pose une question qui, au fond de toi te met mal à l’aise. Mais tu le caches, ou t’essaies. Tu refuses de te laisser rattraper par tes craintes, et tu gardes ton regard plongé dans le sien, pendant que les secondes s’écoulent, un peu trop lentement à ton gout « si je te dis oui, t’auras ce que tu veux. Si je te dis non, tu vas t’imaginer que je te balade. Donc je dirai juste que l’avenir te le dira, uniquement si t’as réellement envie de jouer, en évitant de tomber encore une fois sur la carte qui dit ‘rendez-vous en prison sans passer par la case départ’ » c’était un sous-entendu glissé pour lui faire comprendre que t’avais envie qu’il sorte de prison, assez rapidement. Tu n’y connais rien en droit, ni en lois. Mais t’espères juste qu’il n’y aura pas de prolongation de peine pour une raison quelconque. Et puis aussi, qu’il évite d’y retourner, accessoirement.

Pendant que tu laisses la pointe du feutre glisser sur sa peau, Misha répond à ta question. T’es attentive à sa réponse, si bien que parfois, tu soulèves le feutre, le temps de le fixer, et de l’écouter attentivement. Tu pourrais discerner de la culpabilité alors qu’il aurait pu entrainer son frère dans la même galère que lui. Si depuis que t’es là tu ne cesses de lui reprocher son incarcération, tu évites de lui sortir un discours moralisateur, parce que tu le vois qu’il regrette, et puis au fond qui es-tu pour le faire ? Tu n’en tires aucun jugement non plus, parce qu’au fond tu ne le connais pas non plus, ni sa vie et encore moins son frère, toi tu te contentes de continuer ton dessin, avec beaucoup de délicatesse dans tes traits « j’imagine que t’as fait ce qu’un frère aurait dû faire… » te contentes-tu de lui dire, calmement. Tu déposes ton feutre sur la table, et ton dessin est terminé. Tu lui laisses le temps d’y jeter un oeil, mais comme tu t’y attendais, il te questionne sur la signification. Un dessin symbolique pour toi, auquel tu te raccroches. Toi-même tu te l’es fait tatoué dans le bas de ton dos et pourtant, tu ne lui réponds pas tout de suite. A la place, tu restes assise sur cette table, mais tu te décales pour te retrouver juste devant lui. Tu sais qu’il ne te reste qu’une petite dizaine de minutes, avant qu’on t’annonce que le temps est écoulé, mais t’évites de réfléchir, et plus proche, tu décides enfin de lui répondre « le soleil représente la renaissance, une nouvelle vie, un nouveau chapitre de vie et la lune, pour les hommes, ça peut représenter une face mystérieuse qu’on a envie de découvrir ou encore des envies d’évasion, de découverte » dis-tu délicatement, et silencieusement. Tu perds ton regard dans celui de Misha, à nouveau, et tu reprends dans un même murmure « chacun croit en ce qui l’aide à mieux dormir la nuit Misha… »

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“ c’est la tournure de la virée qui fera qu’à mes yeux, tu pourrais effectivement être cet homme différent des autres. “ Il observe Rose, plus silencieusement. Les traits du visage adoucis. Simple réflexion soudaine. Parce que Misha il ne s’était jamais considéré “comme tous les autres”. Parce qu’il ne pense pas comme tout le monde. Il ne s’attache pas aux autres comme tout le monde. Pour lui les gens ne sont que passagers dans un chapitre de sa vie, alors qu’il est souvent l’un des personnages récurent dans celles des autres. Il est fait à l’envers. Différent, ça a toujours été son meilleur qualificatif, bien qu’il soit plutôt péjoratif. Il n’est pas l’homme dont il faut s’éprendre, parce que ne sait pas aimer. Ou il le fait mal. Ce n’est pas qu’il ne sait pas tenir une promesse, simplement qu’il est toujours dans une telle merde, qu’il est incapable de la tenir, coupé par le temps. Misha ce n’est qu’une accumulation de mauvaises décisions. Et d’irresponsabilité. Il ne trouve d’amusement que dans les emmerdes. L’adrénaline est sa seule distraction. “ et je me fiche bien de savoir ce que toutes les autres femmes que tu connais peuvent dire. Ou les autres personnes. Je ne m’arrête qu’à mon propre avis, et qu’à ma propre subjectivité. Tout dépendra de l’homme que tu voudras devenir, le temps d’une virée. “ Les lèvres closes, il remonte doucement son regard et croise celui de Rose qui le toise visiblement depuis ses premiers mots. L’homme qu’il avait envie d’être, le temps d’une virée ? Ça lui arrache un léger sourire. Juste en coin de ses lippes. Le temps d’une virée, il pourrait être un autre homme. Plus romantique peut-être, si encore il savait faire ça.

_ ” Y’a que le temps de la viré qui compte ? “

Qu’il demande tout bas, de sa voix raillée, sans détacher son regard de celui de la brunette. Mystérieuse. Rose elle semble être un océan de secrets. Et lui qui ne s’intéresse pas vraiment au background de ses conquêtes, il était là, étrangement curieux. D’un côté, il aime bien ne rien savoir. C’est plus excitant. Plus intriguant. Et d’un autre côté, y’a cette étrange envie d’en savoir plus. Faute d’avoir de la conversation et d’être capable de transcrire ses questions internes en mots, il l’observe, il la dévore du regard. Comme s’il espérait lire en elle ainsi.

_ “ Et l’après, il compte pas ? “

L’après. Il n’y pense jamais à l’après. Il vit au jour le jour Misha. Pourquoi est-ce qu’il se posait la question aujourd’hui ? Pas pour lui peut-être. Juste pour elle. Il ne fait jamais de plan sur la comète Misha Kane. Il sait à quel point sa vie est pleine de rebondissements, d’improvisation. Et que quoi qu’il espère scénariser, ça ne se passera jamais comme il l’avait espéré. “ j’ai envie d’être libre de penser que tu pourrais me plaire, par exemple. Tu vois ? “ Arrêt sur image. Alors était-elle intéressée finalement ? Il relève légèrement son visage, sans détacher son attention de celui de Rose. Mais il se concentre sur les lèvres de la belle. Ça aurait probablement été un parfait moment pour lui voler un baiser, s’il avait été du genre romantique. Mais bien peu doué pour ça, il a peur de louper le coche. Il fonce tête baisser pour se frayer un chemin entre les cuisses des femmes lui. Il n’est pas doué pour les approches plus délicates. Plus soignées. Il ne sait pas faire ça. Il prend, jamais il ne sous-entend. Alors il se contente de s’imaginer la douceur des lèvres de la brune, jusqu’à ce qu’elle baisse la tête. Là, il penche la sienne, pour essayer de garder son visage à vue.

_ “ Si j’te plaisais pas déjà au moins un peu, tu serais pas là. “

Qu’il murmure, penché vers sa propre épaule, les yeux vagabondant sur le minois de Rose, du moins ce qu’il en voit.

_ “ J’suis en phase de test ? “

Qu’il rajoute, relevant un peu la tête, ses lèvres restant entrouvertes après ses mots. Léger sourire en coin de la bouche. Rose elle semble chercher quelque chose auprès de lui. Mais le truc, c’est qu’il ne comprend pas quoi. Un daddy issue peut-être. C’est pas pour lui déplaire. Ce qui pique sa curiosité, c’est surtout à façon de lui tourner autour, mais de ne pas le laisser rentrer chez elle. Comme si elle aimait l’allumer, pour le frustrer. Pourtant, elle ne semblait pas s’en délecter. “ petit 1, je ne suis pas très fan de l’orange. Petit 2, la taule, c’est pas hyper excitant comme endroit. Petit 3, je préfère les mauvais garçons en cavale, plutôt qu’en prison. Je te l’ai dit: Bonnie and Clyde. “ Il échappe un léger rictus, soufflé, traversant à peine ses lèvres entrouvertes. Elle relève les yeux, il peut croiser son regard à nouveau. Il s’en fait un malin plaisir, encrant l’azure du sien en celui de Rose. “ en réalité, moi je suis attirée par ceux qui cherchent la liberté et l’aventure. Qui sont capable de décrocher la lune avec peu de choses, qui agissent plus qu’ils ne parlent, qui ne se torturent pas l’esprit et qui ont vraiment envie de vivre une véritable vie. Tu vois, c’est ce type-là, que je veux. Mais jusqu’à présent, j’en connais pas “ Oh si elle savait pourtant, à quel point elle était en train de le décrire lui. Misha Kane, l’électron libre qui se refuse à toute menotte. Si ce n’est celles de la police, évidemment. Pas par choix. S’il est là le plus clair de son temps, c’est bien faute de revendiquer justement, ses envies de libertés. Ses choix. Son ivresse de la vie. Faire ce qu’il veut, au moment où il en a envie. Il se reconnait tellement, que finalement, ça le gêne. Il devrait s’en réjouir, sauter sur l’occasion pour charmer un peu plus la donzelle. Mais de toute façon, c’est pas ici qu’il va passer entre les jambes de la belle. Alors à quoi bon. Il dérive simplement les yeux, et nerveusement, sa main vient frotter sa nuque. Il se redresse, puis s’enfonce dans le fond de son siège. La faire tomber amoureuse, ce serait mesquin. Alors il se contente de rester muet. Et il inspire, profondément. Ses mains retombent sur ses cuisses, qu’il frotte aussi nerveusement. Tandis que son regard reste arrêté sur la porte qui mène à l’extérieur de la prison. Et il hausse les épaules en finalité. “ si je te dis oui, t’auras ce que tu veux. Si je te dis non, tu vas t’imaginer que je te balade. Donc je dirai juste que l’avenir te le dira, uniquement si t’as réellement envie de jouer, en évitant de tomber encore une fois sur la carte qui dit ‘rendez-vous en prison sans passer par la case départ’ “ Elle gagne de nouveau son attention. Leurs regards se toisent. Il est presque insistant d’ailleurs. Il ne cille pas Misha.

_ “ J'peux rien promettre, j’ferais d’mon mieux. “

Qu’il répond simplement, sans trop de conviction. Parce que la taule, ça semble être son second chez lui. Il ne peut plus l’éviter, une visite mensuelle ou rien.

_ “ Des fois j’y reste pas longtemps. “

Qu’il rajoute, alors qu’un légère étirement au coin de ses lèvres se dessine. Jusqu’a ce que la tension remonte en lui. En parlant de son arrestation y’a dix ans, avec Michael. Sourire qui s’éteint, regard qui s’abaisse. Ce n’est pas qu’il culpabilise, il a fait ce qu’il fallait. Mais l’histoire est lourde, c’est tout. “ j’imagine que t’as fait ce qu’un frère aurait dû faire… “ Probablement. Il ne répond rien. Il change de sujet. Il s’intéresse au dessin. Elle est silencieuse un instant elle aussi. Elle prend le temps de se décaler. Se place face à lui. Elle le surplombe du haut de la table. Alors, tandis que son sourire revient à la charge, bien que discret, intéressé, il s’avance. Son dos quitte le dossier, ses coudes s’appuient sur ses cuisses. Et ses yeux viennent l’observer, de sa hauteur. “ le soleil représente la renaissance, une nouvelle vie, un nouveau chapitre de vie et la lune, pour les hommes, ça peut représenter une face mystérieuse qu’on a envie de découvrir ou encore des envies d’évasion, de découverte. “ C’était une vision peut-être un peu trop philosophique pour lui. Alors il se contente d’observer la gamine, s’imaginant que peut-être quelque part, y’a un peu d’eux là-dedans. Lui la lune, elle le soleil ? “ chacun croit en ce qui l’aide à mieux dormir la nuit Misha… “ C’est bizarre, cette phrase, il avait l’impression de déjà l’avoir entendu. Alors l’une de ses mains se relève. Il se frotte d’un côté de l’index, le dessous de ses lèvres, avant le menton, si mal rasé. Il observe les alentours, la salle vide. Toujours qu’eux ici. Ses lèvres s’avancent, signe de réflexion. Et il se relève. Cette fois, c’est lui qui reprend le dessus. Lui qui surplombe la danseuse. Et ça se voit dans ce si discret sourire sur ses lèvres si malicieuses, que ça lui plait. Il s’avance, un pas. Il laisse le haut de ses cuisses se caler contre les jambes de Rose. Ses deux mains se plaquent sur la table, de chaque côté des cuisses de la jeune femme. Et son regard pénètre un peu plus le sien.

_ “ J’ai envie de t’embrasser, avant que tu t’enfuies. “

Qu’il murmure du bout des lèvres. Rapprochant d’ailleurs les siennes du visage de Rose. Mais il n’en fait rien. Il reste quelques centimètres entre leurs visages. Juste assez proche pour qu’elle sente son souffle chaud. Souffle qui caresse ses joues, et probablement son cou. Assez pour qu’il hume le parfum sucré de la brune. Mais pas assez pour lui. Habituellement, il ne demande rien. Il prend. Il ne sait pas bien pourquoi ici, là, il demande comme une permission. Il est tel un vampire sur le bas de la porte, attendant qu’on l’autorise à entrer. Alors là, l’une de ses mains quitte la table. Ses doigts remontent le long du bras de Rose. Le long de sa veste. Puis ils viennent se plaquer dans son cou, sous sa mâchoire. Et le bout de ses doigts joue dans ses longs cheveux, près de sa nuque. Son pouce lui, effleure ses lèvres. Et ses yeux retombent sur ses dites lèvres. Celles dont il a étrangement tant envie là. Faute de ne pouvoir rêver de plus ici. Dans cette putain de taule.

_ “ J’ai l’droit ? “

Qu’il chuchote, sans quitter cette bouche du regard. Et la sienne, il vient l’humidifier du bout de sa langue.

Tu ne connais pas Misha au point de pouvoir le décrire les yeux fermés. Ou de le décrire avec l’assurance de quelqu’un qui le connaitrait depuis bien des années. Non, toi, il n’y a que quelques mois qui s’écoulent depuis votre rencontre. T’as conscience qu’il faut bien plus que ça pour connaitre quelqu’un. Surtout quelqu’un comme lui. Misha, tu le cernes assez mal pour ne pas dire que tu ne parviens pas à savoir sur quel pied danser. Alors tu composes, tu improvises, parce qu’en danse c’est ce que tu fais de mieux. Jusqu’à présent, ça semble fonctionner et vous arriver à mouver sur la même piste. Mais tu te demandes lequel arrivera à maintenir l’autre, ou simplement à percer l’autre. T’as de l’assurance, quand tu lui avoues vouloir le connaitre, ou vouloir connaitre l’homme qu’il a envie de te montrer. Tu connais les rumeurs qui courent à son sujet, bien que toi tu ne prêtes pas beaucoup d’attention à scandale. Mais même si toi, tu n’y prêtes pas attention, ton entourage bien, alors forcément que t’es au courant de ce qu’on dit sur lui. Mais toi, t’aimes croire en ce que tu vois et l’homme que t’as devant toi te semble différent de tout ce qu’on dit. Peut-être se contente-t-il de jouer un jeu, mais dans ce cas tu te sens prête d’y jouer, de prendre des risques pour devenir figurante dans un petit bout de sa vie, au moins le temps d’une virée. « C’est ce que tu veux ? » demandes-tu. Veut-il réellement prolonger votre tandem au-delà de cette virée ? T’es pas certaine de cela, parce qu’ici il y a sa vie, il y a la tienne. A quel moment avez-vous prévu de faire une place pour l’un et l’autre dans votre vie respective ? « Pour moi, c’est souvent l’instant T qui compte le plus ».

Il t’intrigue Misha et ce depuis bien des semaines. Il t’attire avec cette liberté et ce besoin de te promettre un monde qui te semble tellement inaccessible et qui, pourtant, te tente un peu trop. T’es dans cette salle suffisamment froide et lugubre pour te donner envie de tourner les talons, mais pourtant t’y restes et tu te concentres que du prisonnier en combinaison orange, face à toi. Il est ta seule préoccupation actuellement, il te fait oublier bien des soucis que tu ne t’abaisses même pas à lui déballer, parce que t’es pas là pour cela. Toi, tu veux juste oublier un peu, et penser à autre chose. Ou rêver. Et c’est ce qu’il fait de mieux, Misha : il t’offre des bouts de rêves éveillés, des rêves en couleur. Tu poses ton regard sur lui, mais tes songes te perdent. Pourtant ton regard, lui ne change pas de point d’accroche : son visage, que tu toises avec un peu plus d’intensité. L’après pourrait compter, mais à quel point ? Et avec quel risque ? Sans doute le risque que tu finisses par t’y attacher, à cet homme. Qu’importe la manière, qu’importe la raison, tu finiras forcément par vouloir le voir graviter autour de toi, de ton entourage avec l’espoir que de temps en temps, il se rappelle que t’existes. Mais t’es pas tout à fait certaine de demander ça à la bonne personne, ni même d’espérer cela avec lui. Alors t’as peur de l’après, au fond. Peur d’un après avec Misha. « L’après dépend de ce qu’on fait du présent, Misha » dis-tu simplement. Parce que t’as pas envie d’y penser à l’après. T’as beau n’avoir que vingt-quatre petites années à ton compteur, t’as appris que les seules choses à prévoir, ce sont les imprévus.

Tu sais qu’il a raison, au fond. Peut-être que si tu n’éprouvais pas une attirance pour lui, t’aurais continué ta route, t’aurais pris un bon bol d’air et tu te serais baladée toute seule, avant de revenir sur tes pas et retourner à cette petite soirée en famille pour célébrer ce repas de Noël. Au lieu de ça, tu te retrouves dans cette pièce qui est toute sauf chaleureuse, avec cet homme en face de toi. Pourtant, ce n’était pas ce que t’avais prévu, mais tes pas t’ont menée directement à lui. Au fond, tu lui en veux d’être en prison, comme tu lui en veux de ne plus l’avoir vu depuis autant de temps alors que ton habitude était marquée par son visage et ses prunelles bleues dans lesquelles t’appréciaient de te perdre, chacun d’un côté du comptoir du Pikey. Tu te laissais bercée par ses histoires, et une fois de retour chez toi, tu y songeais encore, jusqu’à la prochaine fois. Tu t’es trouvée bête, le jour où l’on t’a dit qu’il était absent. La seconde fois également « pour ce que ça peut t’apporter de le savoir… » murmures-tu à ton tour. Toi-même tu refuses de l’admettre réellement, mais t’as cette fâcheuse impression qu’en lui avouant à lui, tu ouvres naïvement une boite de pandore, ou tout simplement cette jarre des interdits. Pourtant, t’en meures d’envie, au fond. « Non. A quoi ça servirait, une phase de test ? » parce que même si c’était le cas, il finirait par peut-être risquer de te décevoir, ou peut-être risquer de te blesser. Ou peut-être simplement risquer de te faire espérer, sans même s’en rendre compte. Pourtant, t’es belle et bien présente, et tu n’as même pas envie que ces minutes s’écoulent. T’as pas réellement osé relever le regard vers lui, parce qu’il te déstabilise bien plus que tu ne voudrais l’admettre. Alors cette fois, tu oses le regarder à nouveau. Tu t’attends à une réponse qui pourrait passer, ou qui pourrait casser et dans ta poitrine, tu le sens ton petit cœur qui s’emballe, pour pas grand-chose finalement. Sensible ? Oui, peut-être trop pour un gars comme lui. Pourtant, tu te voiles la face au fond, tu dégaines parfois un caractère impulsif et explosif, mais en intérieurement, ça ne suit pas toujours, pour ne pas dire jamais. « je t’en veux pour ça » dis-tu. Mais il le sait, que tu lui en veux de se retrouver en prison, mais tu te plais de lui rappeler. Pourtant c’est une manière pour toi de démontrer que tu t’intéresses à lui, sans ça tu en aurais probablement rien à faire. Mais non, à ce jour tu lui en veux et si t’es pas capable de lui expliquer la véritable raison, ni de mettre des mots dessus, tu peux au moins lui faire comprendre qu’en réalité, ça te déplait de ne plus le voir autant qu’avant.

T’as réduit la proximité entre vous, t’es passée du coin de table à sur la table, mais face à lui. Il prend appui sur tes cuisses et tu le fixes encore, mais tu n’ajoutes rien de plus que l’explication de ton dessin. Un dessin que t’avais voulu faire sur son bras, et qui t’avait aussi permise de te détendre, en écoutant son récit. Le dessin t’apaise, mais tu te rends compte que sa voix également. Cet écart, il se réduit encore quand Misha se relève, plus grand que ton pauvre petit mètre soixante, et ce, même assise sur cette table. Malgré ton inexpérience avec les hommes, tu ne te sens pas effrayée par cette proximité, ni lorsque vos visages semblent si proches. T’embrasser, voila ce qu’il veut. Tu maintiens ton regard dans le sien, tu n’as pas envie de rompre ce contact en sachant que dans peu de temps, tu devras quitter cet endroit pour encore quelques semaines. Parfois, tes pupilles se détache de son regard azur pour se poser sur ses lèvres qui semblent bien trop proches, elles aussi. Tu ne dis rien, tu observes, ou tu profites. Les contacts entre vous se multiplient, à force que ses doigts viennent caresser ton bras, les pointes de tes cheveux. Sans réellement t’en rendre compte, le pouce d’une de tes mains vient chercher délicatement le contact avec sa peau en caressant son bras encore posé sur la table. Tu t’attends à ce qu’il le fasse, tout simplement, mais il parvient encore à t’étonner quand il te demande la permission. Tu le fixes droit dans les yeux, mais tu laisses également tes pupilles venir chercher ses lèvres bien trop proches, que toi aussi t’as envie d’embrasser « Uniquement si tu t’appliques », te contentes-tu de répondre, parce que t’as juste envie de voir comment il s’y prend, quand il a vraiment envie de marquer une jeune fille de vingt-quatre ans au fer rouge, avec un baiser.

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Misha, y’a personne qui ne le connait vraiment. Qui pourrait le décrire et le cerner sans la moindre hésitation. Personne, sauf peut-être Drew ou Idgy. Et encore, elles ont certainement beaucoup de zones sombres le concernant. Misha il n’a pas un caractère stable. Ses décisions ne sont jamais logiques, et ne concordent jamais les unes avec les autres. Lui-même, s’il devait se décrire, étaler sa vie, son caractère, il ne le pourrait pas. Incompris par le monde, et par lui-même. Encore plus face à la brunette, qui éveille de drôles de choses chez lui. Des choses qu’il n’a pas ressenti depuis longtemps. Et on ne va pas se mentir, ça lui faisait du bien. “ C’est ce que tu veux ? " Habituellement, il ne voit pas plus loin que l’instant T. Il profite, il prend ce qu’il veut, et il s’envole vers de la chaire plus fraiche. Pourtant là, il ne parvient pas à réfuter. Y’a juste un léger sourire qui s’étire en coin de ses lèvres, qui n’échappent aucun son. Le problème, tout le prolème avec Rose, est peut-être là justement. Il ne la voit pas comme il voit toutes ces filles qu’il ajoute sur sa liste. Elle est bien plus spéciale. “ Pour moi, c’est souvent l’instant T qui compte le plus. “

_ “ Souvent. “

Qu’il murmure, laissant un léger silence avant de continuer :

_ “ C’est pas tout le temps. “

Pour lui aussi, c’était “presque tout le temps”. Presque, parce que finalement, y’avait eu Juliet comme exception. Et Rose, elle lui rappelle un peu trop s’que lui faisait ressentir Juliet. “ L’après dépend de ce qu’on fait du présent, Misha “ Elle avait bien des réflexions d’artiste celle-là. Mais si d’habitude, ça le fait rouler des yeux, cette fois, ses yeux ils s’enfoncent un peu plus dans ceux de Rose. Son visage s’est figé, sérieusement, et il ne décroche pas d’elle. Il le sait bien que les filles pensent toute comme ça. Et ça peut le faire sourire avec celles dont il oublie trop vite le nom, ce soir, c’était tout autre chose. “ Non. A quoi ça servirait, une phase de test ? “ il hausse très légèrement les épaules pour simple réponse. C’est un truc de fille ça, les phases de test. Un peu comme si les mecs passaient un entretient d’embauche. Un CDD avant le CDI. Elles s’emmerdent bien pour pas grand-chose, comme si l’amour se jouait sur un contrat. Misha était assez bien placé pour savoir que non. Lui qui n’aime que si peu souvent, au moins on ne peut pas dire que quand c’est le cas, il ne sait pas à quel point ça fait mal. “ je t’en veux pour ça “ Il relève les yeux, quitte ceux de Rose qui elle-même, de toute façon, fuit son regard. Il ne sait pas vraiment pourquoi. Il tape légèrement du pied, sa langue claque contre son palais. Ca l’agace qu’elle lui en veuille pour ça. Il est comme ça, c’était pas la première fois, ni la dernière. Drew agit souvent de la même façon, et il ne se prive pas de lui rétorquer ses griefs. Mais là, il ne dit rien. Il se contente de serrer les dents, le regard vers ailleurs. Puis la tension redescend, elle lui explique son dessin... Et tout devient étrange.

Il ne demande jamais Misha, il prend. Pourtant, là, debout face à cette petite silhouette assise sur la table, il demande une autorisation, pour un simple baiser. Il ne sait pas pourquoi il le fait. Ça lui semblait important. Encore un truc qu’il ne maîtrise pas, sur l’effet de Rose. “ Uniquement si tu t’appliques. “ Qu’elle répond, alors que lui, sa main s’est emparée de ce fin visage. Et timidement, les doigts de la brune viennent frôler les siens. Ses dents se referment légèrement sur sa propre lèvre, qu’il empêche de sourire de trop. Un simple baiser, ça ne fait pas grand-chose de plus habituellement, que d’éveiller une certaine excitation. Mais là, c’est pas dans le bas de son ventre que ça palpite. Etrangement, c’est dans sa poitrine. Mais quand ses dents relâchent leur prise, il y passe le bout de sa langue, et approche un peu plus son visage de celui de Rose. Tellement, que son nez frôle le sien, et que cette fois, son parfum est plus franc dans ses narines.

_ “ J’fais jamais rien trop vite ou mal. “

Qu’il chuchote, tandis que ses doigts dans la nuque de Rose, se resserrent sur elle. Comme s’il s’emparait de la jeune femme. Et c’était sûrement un peu ce qu’il comptait faire. Il fait pression là, approchant le visage de Rose du sien. Ça pourrait paraître forcé et inopiné s’il n’y avait pas eu ses mots juste avant. Et ses lèvres se plaquent contre celles de Rose. Il les scelle, il en fait ses prisonnières. Son nez s’écrase contre la joue de Rose, il en manquerait vite d’oxygène. Mais ça semble peu important, étrangement. Parce que le temps est comme arrêté. Ça frappe fort dans sa poitrine. Ça le pince dans toute sa colonne vertébrale, ça le traverse, et ça devient une envie, au bout de la course. Alors il se rapproche, son corps vient se coller à celui de la jeune femme. Là, entre ses cuisses. Sa main libre d’ailleurs, se pose sur l’une d’elle, glissent, se rapproche de ses hanches mais s’arrête avant. Puis ses lèvres s’entrouvrent, pour laisser à ce baiser, plus de profondeur. Sa langue vient chercher la sienne, leurs lèvres se cherchent, se caresses, s’entrechoquent... Puis l’arrêt sur image prend fin. Ses lèvres reculent, non pas par envie mais par besoin d’oxygène. Le temps reprend son cour, pourtant, c’est toujours aussi affolé dans sa poitrine. Les yeux encore clos, il passe sa langue de nouveau sur ses lèvres, juste pour y savourer encore un peu le parfum de Rose. Tandis que derrière eux, y’a le gardien qui sort de son bureau et qui gueule comme s’il y avait du monde ici, alors qu’ils ne sont que deux, que le temps de la visite est écoulé. C’est là que le taulard il rouvre ses eux, et pose ses prunelles azurées sur le joli minois de la brune. Putain s'qu'elle belle cette gosse.

_ “ Pense à moi... Au moins un peu. “

Qu’il murmure, de sa voix raillée. Avant de se rapprocher encore un peu. Juste le temps de ses lèvres encore une fois contre les siennes, pour un aurevoir. Court baiser, mais dont il savoure chaque secondes. Et il ne peut cacher sa frustration, quand il se redresse, parce que le gardien pose ses doigts autour du bras de Rose, pour la guider vers la sortie, sans même lui demander son avis. Il se tourne, il ne quitte pas Rose des yeux jusqu’à ce que la porte se ferme, et qu’il se retrouve seul ici. Seul, il ne s’est jamais senti aussi seul de toute sa vie depuis Juliet. Les menottes se referment sur ses poignets, mais il reste rivés sur la porte qui s'est fermée sur Rose. Et il raccompagné jusqu'à sa cellule, dans un étrange silence qui ne lui est clairement pas propre.