Je me plais si bien dans ce décor que j'oublierai demain | Rosha

Depuis une grosse semaine, tu ne travailles plus. Autant dire que t’es pas la fille la plus enjouée à cette idée, parce que t’as l’impression d’être de moins en moins capable. L’idée de rester à ne rien faire et à attendre que le temps passe et que les semaines s’écoulent, ça commence à te peser et si au-début de ta grossesse tu n’avais pas hâte que ça se termine par peur du jour-J, aujourd’hui t’en as tellement marre de te sentir amoindrir que même le jour de l’accouchement te rend impatiente afin de pouvoir retrouver ta vie d’avant. Pour t’occuper, tu te la joues inspecteur des travaux finis en exigeant que les peintres fassent de ces chambres des endroits accueillants, rassurants et chaleureux pour des petits bouts. T’as appris à accepté les enfants de Misha alors que vous n’étiez pas ensemble, mais que tu vivais chez lui à ton retour de Londres, t’as aussi appris à les habituer à ta présence durant deux grosses semaines, et aujourd’hui, tu retrouves cette cohabitation avec Barbie et Ken. Vivre à quatre chez lui, avec un autre bambin à venir, autant dire que c’est impossible et selon toi une maison est plus appropriée pour des enfants et un chien. Pas les tiens, les siens à lui. Une concession que t’acceptes de faire alors qu’il y a quelques mois tu préférais qu’il ne sache même pas où tu vis. T’as toujours douté de ta capacité à réellement lui dire non, ou réellement lui tourner le dos et probablement que tu ne serais pas rester indifférente à l’idée qu’il pointe le bout de son nez juste dans l’espoir de foutre la merde da ta tête, dans ta vie ou dans ton cœur.

Depuis plusieurs jours déjà, les peintures son terminées dans les chambres, et jour après jour, t’as commencé à aménagé les deux chambres supplémentaires. Petit à petit, tu repartais chez toi avec des jouets et vêtements de Barbie et Kane, ni vu ni connu afin que leur père ne se doute de rien. Tu ne dirais pas qu’il s’agit d’une surprise, juste une manière de lui balancer un « tadam » face à ton idée de le ramener chez toi pour de bon. Chez lui c’est sympa, mais petit, et pas hyper confort – à part son lit, peut-être -. Ce jour-là, tu vas récupérer les petits à la crèche, sans prévenir personne, et au lieu de les ramener chez leur père, tu les ramènes dans ta maison à toi. Ils y sont déjà venus une ou deux fois, mais là tu te lances probablement dans une surprise digne de l’adrénaline que Misha n’a probablement pas l’habitude de ressentir : l’inquiétude ? L’idée qu’on lui ait kidnappé ses enfants, encore que s’il apprend vite que tu sois allée les récupérer, peut-être que l’effet escompté retombera plus vite que prévu. Dans ton salon, tu joues à la poupée avec la mini Kane tout en gardant un œil sur son frère de temps en temps. Tu te doutes qu’il débarquera bientôt, en trombe peut-être, et cette idée te ferait presque sourire. Sadique ? Non. Amour vache, probablement.

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Misha il ne voit plus vraiment la lumière du jour en ce moment. Obligé de faire des heures et des heures au Pikey, pour pallier le manque de personnel flagrant. Les démissions de Lizzie, Emma et Lucas ont causé un vrai ravage dans ses plannings, et le pauvre est obligé d’engager tout ce qui bouge et qui ne reste pas plus de deux jours, la faute à trop de travail. Plus de temps pour lui, plus de temps pour sa copine non plus. Il souffre un peu le taulard, mais n’en montre rien. Parce que dans un sens, tout ça c’est un peu sa faute. Lizzie : sa faute. Emma : sa faute. Peut pas trop pleurer sur son sort et ses conneries.  

Aujourd’hui c’est plus calme après 19h, alors il laisse la barre à Meara et prend congé. Faut qu’il dorme le brun, il commence à avoir de la fatigue visible sous ses yeux. Il se rend directement à la crèche, pensant y récupérer ses deux bambins. Mais on lui annonce que quelqu’un est déjà venu les chercher. Il grogne le ténébreux, parce qu’en plus l’éducatrice n’est pas capable de se souvenir de qui est venue les chercher. Y’a pourtant pas cinquante autorisations ici. Mickey, Nash, et Rose. Ça donne peu de probabilités, où bien de l’incompétence des services. Vu quel prix qu’il les paye, ça ferait mal au cul. Il monte un peu le ton Misha, parce qu’il vit toujours avec cette peur des services sociaux, qui viendraient lui reprendre ses enfants. Lui qu’est tout sauf stable et qui cache encore son alcoolisme toujours notoire. Heureusement, il comprend de la bouche d’une autre femme qui vient au secoure de sa collègue, que c’est la “belle-maman” qui est passée plus tôt. Putain, quel manque de professionnalisme. Il finit par claquer la porte de la crèche en grognant, et non sans insulter tout le monde dans sa barbe. Il essai de joindre Rose, pas de réponse. Il s’impatiente, se rend chez lui, ou y’a personne. Il pourrait sérieusement divorcer de Rose pour tout ça. Rose qu’il sait où trouver, plus qu’un endroit possible : Chez elle.  

Il arrête sa voiture devant la nouvelle maison de la brune. En sort, ferme la porte brusquement, puis entre sans frapper dans la maisonnette. Cette porte là aussi il la claque, serrant sa mâchoire. Il aurait peut-être trouvé la blague un peu plus drôle s’il n’était pas aussi fatigué et au bord du burn-out. Agacé, les traits fermés, il fixe la silhouette de la Kingsnorth au milieu du salon, entourée de ses deux gosses qui jouent assis sur le sol. Il est rassuré pourtant, mais là, c’était pas vraiment le bon moment.

_ “ T’es contente, sérieusement ? “

Qu’il grogne sans bouger, probablement plus par fatigue qu’autre chose.

_ “ J’viens de m’engueuler avec la crèche entière pensant qu’ils avaient laissé les p’tits à un putain de n’importe qui ! ”

C’était pas bien malin, lui qui pourtant avait un ticket avec quelques employées. Il pince ses lèvres l’une contre l’autre, puis lève une main pour pointer Rose de son index, non sans cacher son mécontentement.  

_ “ Tu me fais vraiment chier Kingsnorth ! “

Heureusement, elle le paiera ce soir. Mais pas devant les gosses. Il peste encore dans sa barbe grisonnante, puis fini par se rapprocher pour aller se jeter dans le canapé et frotter ses yeux épuisés. Elle n’aura pas de bisou après ça.  

Ta maison n’est probablement pas la plus grande de la ville. T’as jamais rêvé d’une vie de château non plus, mais elle est suffisamment spacieuse pour vivre à deux avec trois enfants. Oui trois. Parce que même si le tien est encore bien au chaud dans ton ventre, tu comptes bien faire en sorte qu’il se sente chez lui dans cet endroit. Contrairement aux enfants de Misha, lui n’y sera probablement qu’une semaine sur deux, mais sa chambre restera la sienne, tout comme t’as passé du temps à décorer celles de Barbie et Ken en compagnie de Persée, qui s’est fait un plaisir de te donner un coup de main. Une nouveauté que le Kane ignore encore, parce que t’as préféré te la jouer ‘surprise’ plutôt que de vous perdre dans une conversation qui mène à des ‘peut-être’, ou encore des ‘si tu veux’ pour finalement ne plus en parler. T’as osé l’audace, t’es pas certaine que l’idée lui plaira, mais dans le pire des cas vous pourrez toujours trouver un plan B. Peut-être.

Dans le salon, t’as poussé la table de salon pour laisser l’espace de jeu aux deux enfants sans risquer de se cogner. Tu leur as descendu leurs jouets et avec une musique de fond pour amener un peu de calme et de chill dans la pièce, tu te concentres uniquement sur les deux petits êtres, sans plus penser que Misha pointera bientôt le bout de son nez. Tu passes ton temps à faire de jolies coiffures aux poupées de Barbie, mais aussi en les habillant pour finalement admirer la créativité et l’imagination débordante que peuvent avoir les enfants à cet âge. Toi, t’étais une petite fille qui ne restait jamais bien loin de tes parents, ne voulant jamais rester toute seule dans une pièce, en cherchant toujours à jouer avec ton père ou ta mère, oncles tantes ou cousins et cousines.

Tu sursautes en entendant la porte d’entrée claquer, et il ne faut pas beaucoup de secondes pour voir débouler le propriétaire du Pikey au milieu de ton salon, brisant totalement l’ambiance chill que t’as essayé d’instaurer, à lui tout seul.  Au moins, l’effet voulu fut une réussite. « Redescends, c’est pas la première fois que j’y vais non plus. Elles pouvaient te dire que c’était moi qui étais venue les chercher » dis-tu calmement, contrairement à lui qui semble exploser pour… pas grand-chose ? Tu te lèves du canapé pour attraper ton verre d’eau que t’as abandonné sur le bar et tu bois une gorgée, puis le redépose au même endroit, avant de t’approcher du canapé. Misha s’y est installé, et tu n’ajoutes rien de plus, avant de te pencher par-dessus le dossier de celui-ci, pour entourer les épaules de ce dernier avec tes bras et glisser tes lèvres dans son cou « tu boudes vraiment ? » dis-tu en murmurant dans le creux de son oreille, lui déposant un autre baiser « Tu devrais aller jeter un œil à l’étage, juste pour voir. »

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“ Redescends, c’est pas la première fois que j’y vais non plus. Elles pouvaient te dire que c’était moi qui étais venue les chercher. “ Elles auraient pu, mais visiblement elles ont eu la flemme. Ce qui l’a agacé au plus haut point. Y’a pas grand-chose qui stresse Misha, sauf quand ça touche ses gosses. Ce qui controverse pas mal son déni sur la grossesse d’Emma d’ailleurs. Comme si fuir le problème allait le faire disparaître ?

_ “ Bah apparemment elles te connaissent pas. “

Qu’il grogne, encore frustré de sa frayeur. Et il scrute, les sourcils froncés, les bouilles de ses eux progénitures aînées, comme s’assurant qu’elles sont bien en un morceau. Mais il est sorti de ça par les bras de Rose qui passent autour de son coup. Il émet un léger sourire qu’il tente d’effacer, de contenir, comme pour ne surtout pas lui donner raison. Il penche la tête, la laissant atteindre son cou avec aisance, appréciant son geste de tendresse, bien malgré le fait qu’il n’en montre pas grand-chose. Il préfère jouer les gros durs et les impassibles, le sentimental c’est pas son truc. “ tu boudes vraiment ? “ Il hausse les épaules pour la faire mariner, ne sachant même pas lui-même s’il allait continuer à ronchonner. Faut dire qu’il ne sait pas faire grand-chose d’autre. Faire la gueule est un art dans lequel il excelle.  

Intrigué par la dernière réflexion de Rose, il se lève, se défait de son étreinte, puis se met à la fixer suspicieusement, inquiet de ce qu’elle a encore pu lui inventer. Bien que dans le fond, ce soit pas sa maison ici, pas tout à fait, alors c’était peut-être pas réellement son problème ? Il a encore son appart lui, même s’il n’y vit plus vraiment depuis plusieurs jours. Ce sont donc les traits bien méfiants qu’il se rend à l’étage, non sans quelques regards vers Rose. Il ne remarque rien sur le palier, mais en poussant les portes avec précaution, du bout des doigts, il remarque que les anciennes pièces vides ou inoccupées, ressemblent toute à de vraies chambres d’enfants. Celle du futur bébé était déjà prête depuis quelques temps, mais celle des deux autres était fraiche. Il espionne le résultat quelques instants, sans en passer la porte, avant de se retourner vers Rose.

_ “ Tu veux m’voler mes gosses ou quoi ? “

Qu’il marmonne sans avoir vraiment compris le sous-entendu du travail. Faut dire qu’il bosse tellement ces derniers temps, qu’il ne calcule même plus le temps qu’il fout chez lui, ou chez Rose. Et chez Rose, ça pourrait presque être chez eux, s’il se décidait à rendre son appartement. D’autant plus que c’est loin d’être aussi bien qu’une maison avec extérieur, pour élever ses gosses. Sur son dossier tout du moins, ce serait un plus en cas de pépin.  

_ “ Le tien y t’suffit pas ? “

Qu’il ajoute en posant son index sur le vendre bien arrondi de Rose, s’approchant légèrement d’elle pour la fixer, enfonçant son regard dans le sien avec insistance. La menaçant même d’un baiser qu’il ne donne pas. Pas encore, il se joue juste de la fine distance entre leurs lèvres, le sourire en coin des siennes.