TW : mention de tromperie, violence (vaisselle cassée)

Une nouvelle journée qui se termine. Une journée ou, une fois encore, je suis la dernière à partir, ou presque. La relève est arrivée et, sac sous le bras, je me dirige vers la sortie à côté d’Emil qui finit son service en même temps que moi. Une discussion plutôt animée, mais empreinte d'un amusement certain comme en témoigne nos sourires respectifs. Une discussion sans craindre le joug d’une petite tête blonde un peu trop fouineuse qui se retrouve à se dorer la pilule au soleil je ne sais où. Une quiétude qui nous permet cette discussion sans craindre un regard en coin ou un clin d'œil taquin. En même temps, il faut dire que notre relation n’a eu de cesse d'évoluer sous les yeux de l’enquêtrice Owens. Une relation passant d'ennemis à erreurs d’un soir. D’erreur d'un soir à amant et d’amant à… Ami ? Du moins c’est sans doute ce qui nous définit le mieux à l’heure actuelle.

“Je suis désolée, mais les Canucks restent meilleurs que les Winterhawks ! Ce n'est pas parce qu'ils les ont battus une fois que le résultat en est différent.” Une discussion animée pour une vérité pleine de mauvaise fois que je lui lance, rire aux lèvres et voix dépourvue de toute objectivité. Un sujet de conversation qui fait référence à notre week-end à Portland ou ma fierté canadienne en à pris un coup. Une sorte de rappel que l'enquêteur aime un peu trop remettre sur le tapis à mon goût, n’aimant ni avoir tort, ni perdre. Encore moins en sa présence d’ailleurs. L’air froid frappe mon visage, tandis que je glisse un coup d'épaule au brun, sourire étiré à son maximum.  “Salut Maddie …” Cette voix… C’est impossible. Un sourire qui disparaît instantanément, arrêtant net tout mouvement de mon corps, tandis que mes yeux restent néanmoins fixés sur l’inspecteur comme en quête d’une aide imaginaire. Une expression qui se transforme en un masque de glace, mais un masque teinté d'incompréhension, de tristesse, de douleur, mais aussi d’un autre chose que je peine à réaliser. Mes yeux clignent anormalement rapidement, tandis que je déglutis avec difficulté, prenant une profonde inspiration avant de faire résonner ma voix, sans pour autant me tourner vers cet homme qui se trouve derrière moi. “Qu'est-ce que tu fous là ?” Aucune formule de politesse pour celui qui fut autrement mon fiancé. Cet homme que j’ai aimé profondément, qui fait se serrer mon cœur à l’heure actuelle augmentant son battement, mais que je maudit intérieurement de part cette profonde trahison qu’il m’à fait vivre. “Je suis à Klamath Falls depuis quelque temps et …  J’aimerai qu’on parle Maddie.” “C’est Madison !” Ton sec, cassant, visant à rompre toute familiarité entre nous, alors que je sens une légère fébrilité me gagner. “Et on à plus rien à se dire depuis bien longtemps, tu le sais très bien.” Toujours sans lui accorder un regard, je me décide à reprendre ma route, voulant fuir le plus loin possible de lui, tout en ravalant cette larme que je refuse de lui offrir. “S’il te plaît Maddie…Madison. Juste dix minutes et après … je te promets de disparaître si c’est ce que tu désires vraiment.” Une nouvelle fois, mes pas se stoppent, Emil toujours présent à mes côtés. Une présence qui se retrouve presque gommée par cette situation. Ne prenant pas le temps de lui expliquer la situation. Moi qui me pensais forte, voilà qu’un fantôme du passé ressurgit, accentuant cette faille créée par cette stérilité qui m’est revenu en pleine tête il y à peu. Un fantôme qui revient me hanter un peu trop intensément, me renvoyant plusieurs années en arrière, comme si cette infidélité venait tout juste de se produire. Et pourtant je me retrouve face à Craig, incapable de lui dire non. “Dix minutes hein ? Très bien …” Je me retourne enfin vers celui qui partage certaines de mes nuits, ma main tremblante se posant sur son bras sans me demander une seule seconde ce qu’il pense de tout ça. “On se voit demain Becker …” Une phrase peu assurée. Trahissant malgré moi mon état de stress et de fragilité, même si je ne laisse rien paraître. Je fini par faire face à Craig pour la première fois depuis son apparition surprise. Une pointe au cœur faisant son apparition alors que je constate qu’il n’à nullement changé avec les années. Peut être juste une légère fatigue qui s’est installé alors que des souvenirs se frayent un chemin dans mon esprit tandis que mes pas me dirigent lentement vers lui. Mains dans les poches et regard faussement meurtrier, me demandant quelle connerie il va bien pouvoir me sortir durant les prochaines minutes qui s'annoncent être les plus longues de ma vie.



Assise sur mon canapé, verre de whisky en main, mon regard demeure fixe vers cette table basse qui est la mienne. Des yeux qui ne cils pas, observant avec amertume et tristesse cette anneau ornée d’un joyaux brillant qui est de nouveau devant moi. Une bague signe de bien des choses. D’un passé heureux, d’une demande en mariage féerique, mais aussi et surtout d’une trahison qui m’a laissé dans une profonde dépression dont les séquelles me suivent encore aujourd'hui. Une carapace que je m'étais construite. Me jurant de ne jamais me laisser de nouveau déstabiliser par lui et pourtant me voilà ici, après plusieurs heures de discussion avec Craig. Après avoir récupéré ma bague de fiançailles qu'il à gardé durant toutes ses années. Un cœur qui réagit bien trop depuis cette fin d'après-midi. Une fragilité trop présente que je tente de masquer par mon verre que je fini cul-sec. Une multitude de souvenirs me noient alors que je m'implore d'oublier sans y parvenir. Un postérieur qui finit par quitter le moelleux de ce siège afin de rejoindre le bar, pour remplir mon verre une énième fois espérant faire taire ses flash. Une main tremblante qui saisit la bouteille avant de se stopper, sentant une larme, cette larme que je réprime depuis des heures, se déverser sur ma peau. Comme une explosion de rage, un cris s'échappe de ma gorge à m’en faire mal, agrippant ce verre encore vide avant de le fracasser contre le mur en face de moi, laissant une pluie d'étincelles se déverser sur le sol. Une rage qui explose enfin. La rage de cette prise au dépourvu. La rage de le revoir. La rage de me sentir ainsi faible. La rage de ses sentiments que je sens encore présent au fond de moi malgré des années de souffrance. Une rage omniprésente qui fait couler de plus en plus de larmes. Qui me fait user des mes cordes vocales bien trop fortement avant d’envoyer cette bouteille rejoindre sa copine au sol, laissant une flaque ambrée se créer, sans même prêter attention à cette porte s’ouvrant à la volée, continuant d’envoyer valser tout ce qui se trouve sur mon passage..

TW : mention de tromperie, violence (vaisselle cassée)

Une rage incommensurable m’envahit, laissant ma main lancer cette bouteille contre le mur. Un état second, qui me transporte loin dans mes pensées, ne faisant pas attention à ce bruit de porte qui s'ouvre, ni à cet individu pourtant plus que familier qui pénètre ma demeure. Il pourrait s’agir d’un cambrioleur, du père noël ou de n’importe qui, que mes yeux ne verrais rien, bien trop aveugler par cette rancœur. Par cette tristesse. Par le retour fracassant d’un ex fiancé infâme dans ma vie. Un prénom. Mon prénom qui résonne soudainement dans la pièce, tandis que je n’entends rien d’autre que la circulation de mon sang dans mes oreilles.  Des pas qui s'avance, une silhouette que je discerne enfin sans en comprendre la présence, tandis que mon prénom résonne une nouvelle fois, reconnaissant enfin cette voix, malgré la brume dans laquelle je me trouve. Les mains d’Emil se glissent sur mes bras, exerçant une légère pression pour m’attirer contre lui. Une pression à laquelle j’essaie de m'échapper, me débattant. Essayant de fuir son étreinte, alors qu’il semble la resserrer. “Lâche moi !” Ma voix se veut ferme tel un ordre que je suis capable de lui donner en tant que capitaine. Néanmoins une légère cassure se fait entendre, alors que ses bras m’entourent et que mes poings sont serrés contre son torse, donnant de léger coup cherchant une dernière échappatoire sans grand espoir. « Mads, je suis là. » Sa voix se veut douce, trop douce, laissant une larme s'échapper sur ma joue alors que je me refuse cet instant de faiblesse.
“Tu n'as rien à faire ici. Va t’en Emil ! Barre toi ! J’ai l’habitude d'être abandonnée de toute façon…” une fin de phrase étouffée, alors que je plonge ma tête contre lui, laissant aller mes nerfs, laissant mes larmes s’exprimer tout comme ces mots que je me tairais bien de dire d’ordinaire. Le temps passe dans un silence seulement rompu par mes sanglots. Des secondes, des minutes, des heures peut-être. Une notion du temps que j’ai perdu, profitant de cette étreinte rassurante. Serrant son t-shirt entre mes phalanges blanchit de trop se serrer. Un retour à la réalité qui se fait peu à peu. Des larmes qui cessent de couler tandis que je relève légèrement ma tête, laissant ce spectacle désolant de verre brisé se dévoiler sous mes yeux. Je fini de me redresser, réalisant enfin la présence du Becker, tandis que je reprend contenance, raclant ma gorge tout en prenant soigneusement soin d'éviter son regard. “Désolée je … Je ne sais pas ce qu’il m’a pris.” ma phrase se bloque dans ma gorge ne sachant pas quoi répondre à un tel excès d’hystérie, même si j’en connais exactement l’origine. “Écoute, je ne sais pas ce que tu fais là, mais tu peux… Enfin, tu devrais… Partir … ça va aller.” Presque honteuse, je réponds à ce que je pense être l’une de ses questions tout en regardant le sol en y voyant des bouts de verres, que je me décide d’enlever à main nu, tel un moyen d'échapper à une explication que je ne veux pas donner. Une volonté de le chasser sans doute  vouée à l'échec, mais que je tente tout de même, avant d'avoir un sursaut et de sentir une douleur fulgurante dans le creux de ma paume. “Merde…” une hâte trop présente pour des mains tremblantes, laissant le champ libre à ce morceau de verre de taillader ma peau, laissant un liquide rouge qui me fascine presque s'échapper, couler sur le carrelage et venir se mélanger à l’alcool qui jonche déjà le sol.