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Le regard plongé dans l'un de mes nombreux dossiers en cours, j'essaie de remplir ce formulaire qui me prends bien la tête, avec l'espoir de ne pas partir trop tard du district, bien que ma soirée ne s’annonce pas passionnante. J’entends vaguement deux coups contre l'encadrement de ma porte, ne prenant même pas la peine de lever la tête. « Capitaine. » Une voix que je ne reconnais que trop bien, étant devenue familière de son propriétaire. Familière d’une manière que je n'aurai jamais cru possible. Je continue de griffonner, le nez toujours en direction de ce rapport qui se remplit bien trop lentement à mon goût. “Oui Becker ?” Une interrogation que je lui lance à l’aveugle, stoppant soudainement mon geste lorsque j’entends ma porte se fermer. Un besoin de tranquillité qui me fait froncer les sourcils, et rater un battement de cœur face à une incompréhension grandissante, car après tout notre enquête est terminée et rien ne mérite une telle tranquillité. « Je passe te récupérer tout à l’heure. »
Un stylo que je pose, relevant enfin la tête vers le brun qui arbore un sourire on ne peut plus fière. Mon incompréhension grandit, ne comprenant pas un traître mot de ce qu'il raconte.  « Le temps que tu prépares des affaires pour le week-end. » Mes bras se croisent sur ma poitrine, trouvant le confort du fond de mon siège, le regard quelque peu perdu, mais ne voulant pas le montrer tel ce petit jeu de fierté qui s’est installé entre nous depuis le début. “Je te demande pardon ? Je ne suis pas sûre d’avoir bien compris…” Je me redresse, m’accordant au bureau, léger sourire aux lèvres avant de reprendre la parole, cette fois amusé par cette proposition qui semble tombée du ciel. “Et si j’ai quelque chose de prévu pour ce week-end je suis supposée l'annuler pour tes beaux yeux ?” Ce sourire narquois présent sur ses lèvres m’agace et il le sait. Mon regard se veut défiant, titillé par ce jeu que nous avons mis en place bien malgré nous et qui me plaît plus que je n’ose l’admettre. Je mime une fausse réflexion tandis que mon esprit me hurle de ne pas accepter, mais que ce sourire en coin qui se pose sur mes lippes trahit déjà cette réponse que je vais lui donner. “Soit, je devrais pouvoir me libérer, l'idée de gâcher ton jour de l’an par ma présence est bien trop tentante … 19h devant chez moi, ça te va ?” Commissures qui s'étirent davantage, alors qu’une partie de mon cerveau est clairement en train de taper sur l'autre, tel un dessin animé. Une faiblesse pas totalement assumée qu'une partie de moi regrette tandis que l'autre est fière d’y plonger la tête la première. Un je ne sais quoi qui à poussé mon esprit à oublier toute raison, une fois de plus. Une raison qui se fait de moins en moins présente en sa compagnie, nous laissant jouer un jeu dangereux qui devient presque omniprésent. Mais une raison qui cherche soudainement à me rassurer, car après tout ce n’est pas parce que l’on va passer le week-end ensemble qu’il se passera forcément quelque chose …. N’est ce pas ?

TW : Consommation d'alcool

Bière qui se retrouve sous mon nez, l’amusement est omniprésent dans mon regard, voyant l'enquêteur surpris pas mon choix pour la dernière soirée de l’année 2023. « Je sais bien que Bandon ce n’est pas grand, mais des bars de la ville, j’aurais jamais pensé que tu choisirais celui-ci. » Un rire émane de mes lèvres, un rire franc, bien différent de ce que j’ai déjà pu laisser transparaître auprès du brun. “Je te l’ai dis Becker, il y à encore bien des choses que tu ignores chez moi … A commencer par le fait que la country et moi c’est une grande histoire d’amour !” Révélation que je sais quelque peu choquante pour lui, qui m’imagine telle une statue de glace, anormalement froide et droite comme si j’avais un balais coincé dans l’arrière train. « Peut-être et j'insiste sur le peut-être, que tu as un tout petit peu de fun en toi. » Lippes qui s’étirent encore plus devant sa remarque, laissant presque une crampe s’emparer de ma joue droite. Ma main porte ma bière à mes lèvres, sentant la froideur du verre sur ma peau, sans pour autant en consommer une gorgée. “Je t’avais prévenue …” Commissures qui s’élargissent encore, tandis que je me décide enfin à prendre une lampée de boisson, refusant de quitter l’enquêteur du regard. Une provocation que je saisis et qui m’amuse plus que de raison, laissant une atmosphère pleine de légèreté dans l’air et me laissant glisser doucement vers un amusement que j’ai longtemps laissé de côté.  « Alors dis moi, comment est-ce que tu comptes gâcher mon jour de l’an ? » J’esquisse une expression faussement triste, ou ma main se porte à mon cœur comme si ça remarque me faisait souffrir. “Quoi ? Ma présence ne te suffit pas ? … Me voilà presque déçu.“ Je laisse la taquinerie prendre le dessus, faisant pleinement entendre mon rire.“Je dois t’avouer que je  n’y ai pas encore réfléchi, mais ne t'en fais pas je trouverai facilement.” Une dernière partie de phrase que je prononce en chuchotant presque, ma main se déposant sur son avant bras tandis qu’un clin d'œil glisse en sa direction. Un côté tactile qui ne me ressemble pas, ou tout du moins qui ne me ressemble plus, mais qui semble surgir de plus en plus en sa présence, probablement dû à ce couvert que nous avons remis. Même si mon corps fait tout pour tenter de devenir plus raisonnable. “Ceci dit j’avoue que je ne te voyais pas traîner dans ce genre d’endroit non plus … Et pourtant tu sembles connaître presque tout le monde … Tu viens souvent ?” Une question qui se trouve accompagnée de mes yeux flirtant avec une salle ou le bourdonnement des voix étrangères se fait entendre, mais où l'ambiance générale n’en demeure pas moins timidement calme. Un quelque chose probablement dû à cette heure encore peu avancée de la soirée, à moins que ce ne soit plutôt à cause de la timidité des habitants ayant peur d’être jugés par leur voisin. Finalement, mes iris se posent sur un objet qui devient très vite celui de ma convoitise. Un jukebox magnifiquement entretenue et illuminé, signifiant que la musique qui s’échappe des enceintes provient de cet engin. Mes commissures s’étirent tandis que je me tourne vers le brun, la taquinerie plein les yeux avant de finalement plonger mes iris dans les siens. “Finalement j’ai peut être trouvé comment gâcher ton jour de l’an Becker… Mais je vais avoir besoin d’un partenaire … de danse.” Mon sourcil droit se lève, défiante, mais connaissant déjà la réponse de l’enquêteur qui ne semble finalement pas aussi joueur que moi. Je ramène cette bière à mes lèvres, retrouvant un fourmillement familier dans tout mon être. Une sensation que j’ai pourtant perdu depuis des années, mais qui semble ressurgir ce soir tandis que mon verre s’incline me permettant d’en terminer les dernières gouttes. D’un bon, je retrouve le contact du sol, jetant un dernier coup d'œil au brun qui ne semble absolument pas comprendre le fond de ma pensée. Je ne sais pas si c’est l’alcool me monte déjà anormalement à la tête, s’il s’agit de cet endroit et de ce qu’il s’en dégage ou si ce sont les provocation du brun qui font effet, mais je me sens soudainement pousser des ailes. Un aspect imprévisible de ma personnalité qui semble refaire surface alors qu'il s'était éteint depuis bien des années. Une non peur du ridicule qui me gagne, voulant donner un coup de peps à ce lieu, voulant m'amuser un peu tandis que mon regard analyse avec minutie la liste des vinyles présents dans ce jukebox avant de finalement y trouver mon bonheur. Un titre attire alors mon regard. Un titre datant de plusieurs années que j’avais étudié en cours de country. Une chorégraphie assez simple qui, étrangement, se trouve être limpide dans mon esprit, comme pour me signifier que l'ancienne moi n’est finalement pas morte, malgré mes tentatives de la faire taire. Un bouton que je presse, laissant un léger silence s’installer dans le bar. Mes pas me mènent vers le milieu de la salle ou je me retrouve comme seule au monde. Un index qui se dresse vers Emil, le bougeant en un signe qui à pour but de l’encourager à me suivre, malgré le ridicule qui m’attends très probablement. Mais après tout le ridicule ne tue pas et ce soir je n’en ai que faire du ridicule seul l'amusement compte, seule la véritable Madison compte.

Des notes se font enfin entendre, alors que je prends une profonde inspiration, fermant les yeux pour me concentrer sur des pas que je commence à réaliser. Dans un premier temps seul mes talons résonnent dans la pièce qui devient presque silencieuse, mais bien vite j’entends des mouvements de chaise parvenir à mes oreilles et avant que je ne réalise pleinement, plusieurs personnes se joignent à moi provoquant un sourire amusé sur mon visage. Une chorégraphie que certains semblent connaître et que d'autres découvrent essayant de se greffer à nos pas. Des rires se font entendre et la bonne humeur s’installe dans chaque recoin du bar. Finalement la majorité du bar nous à rejoint tandis que je sens un tapotement contre mon épaule. Je fini par me stopper, jetant un regard en arrière avant de voir le barman se rapprocher de mon oreilles pour me chuchoter un petit quelque chose. Une idée encore plus folle visant à accentuer cette ambiance festive présente sur les lieux. Un rire qui émane de moi, puis un haussement d’épaule avec un hochement de tête alors que je lui emboite le pas, tandis que la musique continue à résonner et que les gens continuent leur chorégraphie improvisée. Main dans la sienne, j’accepte son aide et me retrouve sur le bar, prenant de la hauteur pour regarder un spectacle que je n’aurai pas cru possible il y à encore quelques heures. Mes joues me font mal de trop sourire, mais pourtant je ne peux m’en empêcher. Une danse que je reprends, récupérant au passage le chapeau de cowboy du barman pour le placer sur ma tête, devenant la parfaite danseuse de country, me faisant ainsi revenir bien des années en arrière. Mes bottes claquent contre le bois du comptoir, mes mains tapent tantôt mes talons, tantôt mes cuisses, tantôt la pointe de mes pieds alors de finalement retourner à ma ceinture le temps de quelques pas sur le côté. Un dernier tour et la musique prend finalement fin sous les rires et les applaudissements des danseurs, mais aussi des spectateurs. Une scène presque surréaliste, mais qui faisait partie de mon quotidien lorsque j'étais plus jeune, un quotidien qui m’a plus manqué que je ne l’aurai cru. Accroupi sur le comptoir, je pose mes fesses sur ce dernier, tandis que la galanterie du barman se fait sentir lorsque ce dernier m’aide à descendre, me remerciant pour l’ambiance qui à enfin pris alors que les buveurs du jour de l’an se sont remis à danser sur la chanson suivante. Rire et sourire mélangé, je retourne finalement à ma table retrouvant l’enquêteur toujours assis. “J’espère que le spectacle t’a plue … par contre je suis déçu Becker … Je te pensais bien plus fun que ça !” Je prends une moue faussement boudeuse avant de pouffer de rire, lui lançant un clin d'œil taquin. Rapidement je me décide à usurper son verre afin de lui voler une gorgée de boisson visant à soulager cette gorge bien trop sèche d’avoir danser après tant d'années sans m’amuser. Profitant pleinement d’une soirée qui ne vient que de commencer.