Emmitouflée dans ta veste d’hiver, t’aimes pourtant cette période de l’année. Toujours l’envie d’aller te perdre en Laponie à chaque fin ou début d’année, il y a pourtant toujours de quoi te retenir sur le sol américain. Cette année, t’as une bonne raison. Encore que rien ne t’empêcherait de vraiment t’y rendre, si ce n’est l’inconfort de l’avion, le froid, et le fait que tu serais restreinte en activités. Autant économiser pour la venue de ce petit garçon qui pointera son nez fin avril. Tu le sais, que Billy te ferait les gros yeux si tu venais à lui annoncer ta nouvelle lubie de vouloir aller te refroidir au-delà du cercle polaire. Un jour tu t’y rendras, quand ton petit garçon serait un peu plus âgé et qu’il pourra lui aussi se faire de chouettes souvenirs. Tu veux qu’il ait tout ce dont il a besoin, qu’il grandisse dans un mode de vie simple, certes, mais en ne manquant de rien. Billy et toi devez toujours discuter à comment vous allez organiser son éducation. Vous essayez de mettre vos histoires de côté pour lui offrir un équilibre parentale avec des co-parents qui arrivent à discuter et à s’entendre. Il t’a fallu du temps, pourtant, mais petit à petit t’arrive à faire une place dans ta vie pour le père de ton bébé sans vous disputer, sans remettre vos différends sur le tapis. Lui, il t’a aidé à comprendre que l’homme dont t’es toujours amoureuse n’est pas lui et toi, t’as réussi à comprendre qu’il peut néanmoins avoir sa place dans ta vie, alors que t’es capable de faire la différence. Tu veux que votre bébé se sente bien, aimé, avec des parents aimants et sur la même longueur d’ondes. T’as entendu les inquiétudes du quarantenaire, tu les as gardé en tête et petit à petit, t’essaies de les apaiser en le laissant s’impliquer, prendre sa place de futur papa de ce bébé pourtant déjà si attendu.

Dehors le froid est bien présent, adieu le soleil et la douceur de l’automne. Vous êtes aux portes de l’hiver et alors que tu t’avances vers ta voiture, le froid vient agresser ton visage. T’abandonnes l’appartement de Misha et tu prends le chemin de la belle demeure de ton grand-père dans laquelle tu dois y retrouver Zaria. Tu lui as promis de passé après qu’elle te l’ai demandé. Toi tu t’attends plutôt à ce qu’elle parle de leur mariage, ou qu’elle te demande ton avis sur quelque chose, comme elle l’a fait avec ses croquis de robe de mariée. Tu n’y connais rien, en mariage, donc autant dire que tu peux être totalement objective, peut-être même un peu trop. Probablement que Jude sera la mieux placée en tant que wedding planner pour l’aider dans l’organisation de son mariage. Cependant, tu ne dis rien et t’acceptes de te rendre chez ton grand-père.

Devant la grande demeure, t’abandonnes ton véhicule et fourre tes mains dans les poches de ta veste en t’approchant de la porte d’entrée. Tu presses le bouton de la sonnette pour annoncer ton arrivée, et cache un peu plus ton visage dans ton écharpe pour te protéger du froid. Zaria ne met pas longtemps avant de venir t’ouvrir et de t’inviter à entrer. A l’intérieur, il y fait bon et chaud, mais surtout l’odeur de pâtisserie flotte dans l’air « t’es encore occupée à tes fourneaux ? » demandes-tu avec le sourire aux lèvres. Toi, t’évites de passer trop de temps en cuisine. C’est loin d’être une activité que tu affectionnes et pourtant, tu t’es vachement améliorée après t’être forcée à avoir pris des cours. Quand la motivation est là, tu t’étonnes presque de t’appliquer à essayer de nouvelles recettes et à les réussir, mais autant dire que ce genre de motivation se fait plutôt rare.

« je vais bien. » si on t’enlève tous tes questionnements, tes inquiétudes évidemment « et toi, comment tu vas ? T’es toute seule ? » parce que si ton grand-père se trouve dans les parages, t’irais l’embrasser évidemment. « la fatigue, ça dépend. Ca va mieux maintenant que j’ai un pied à terre plus stable » parce que les aller-retour entre Klamath Falls et Londres t’ont vraiment fatiguée et il t’a fallu plusieurs semaines pour t’en remettre. Aujourd’hui, tu crèches dans un appartement qui n’est pas le tien, mais dans lequel tu te sens bien malgré tout. Et ce, même s’il s’agit celui de Misha Kane. Tu observes Zaria sortir des cupcakes du four, puis t’en tendre un également. « Merci, mais rassure-moi, tu ne m’as pas proposé de venir pour me faire prendre 10 kg ? » dis-tu en souriant. T’es pas la fille la plus gourmande qu’il existe, t’es pas celle qui se jette sur la nourriture si facilement. « Comment tu trouves l’énergie pour faire tout ça ? »

Dans ta cuisine, tu fais le minimum toi. De quoi te nourrir autrement qu’avec des conserves ou encore des plats surgelés, à emporter. C’est loin d’être une activité qui te plait, c’est même plutôt le genre d’activité qui demande de la patience et de la sérénité. Tout ce dont tu manques cruellement. T’es une boule de nerfs et tes activités à toi demandent bien plus d’énergie que la cuisine. La danse, la pôle dance, le sport, tout ça c’est ce qui te permet de te vider la tête. La peinture aussi, probablement la seule activité plus calme, certes, mais qui te permet de t’extérioriser grâce à ta créativité. T’es admirative lorsque tu vois Zaria s’affairer en cuisine. Attendre que les minutes passent, vérifier, recommencer, gouter, ajuster, mettre au four, sans parler du bordel monstre que ça fait. Et pourtant, t’as l’impression qu’à chaque fois que tu mets un pied dans cette maison, tu retrouves la fiancée de ton père dans cette pièce. « Crois-moi, t’as pas envie de m’avoir comme élève en cuisine » dis-tu en laissant un rire s’échapper de tes lèvres. Toi, tu prends un livre de recette, tu suis exactement ce qu’il est indiqué dedans et une fois la recette terminée, tu passes à autre chose. Tu ne ferais pas de la pâtisserie pour le plaisir, n’étant pas toi-même une fervente admiratrice de pâtisserie. « Pourquoi t’as fait du stylisme si la cuisine est ta passion ? » demandes-tu avec une réelle curiosité. Difficile pour toi de concevoir que l’on travail dans une discipline pour laquelle on n’est pas passionné. Pourtant, beaucoup le font, mais Zaria comme toi avez eu la chance de pouvoir faire des études. Toi t’aimes l’art, elle la cuisine, alors pourquoi le stylisme ?

Tu souris, parce qu’il est vrai que Zaria et Emma partagent les mêmes activités de stylisme. En plus du Pikey pour ta cousine, tu te demandes d’ailleurs bien comment elle tient encore debout. Travailler au Pikey ne doit pas être une partie de plaisir tous les jours et ajoutant à cela les études et la boutique de Zaria, tu comprends mieux pourquoi Emma te dit souvent qu’elle court un peu. Tu grimaces légèrement lorsque Zaria te parle de ses projets de vêtement pour femme enceinte. « Je veux bien jouer les mannequins quand j’aurais perdu mes kilos en trop, mais là comme ça je me sens plus baleine qu’autre chose. C’est de la torture que tu me proposes là » dis-tu avec un léger sourire en coin. T’es loin d’être le genre de femme enceinte fière de sa grossesse, de son corps sous prétexte qu’elle va donner la vie. Alors tu n’aurais certainement pas le cran d’aller t’exhiber, ne serait-ce que devant un miroir pour essayer des tenues de femmes enceintes. T’es le genre de fille sûre de toi, oui. Quand t’es svelte avec ta plastique d’avant ta grossesse que tu prenais soin. « oui, mais je préfère quand même éviter que ce soit 10 +15 » rétorques-tu en souriant. Vraiment, cette histoire de prise de poids la tracasse bien plus qu’on ne peut l’imaginer « On en a trouvé une oui. Billy est venu en visiter plusieurs avec moi et il y en a une qui nous plaisait beaucoup. Enfin, qui me plaisait beaucoup » parce que Billy et toi n’êtes plus ensemble, pourtant son avis compte puisque son fils grandira dans cette maison. « La suite, s’est faite toute seule. Mon Grand-père et mon père ont tout géré » dis-tu en ponctuant d’un sourire. Les deux réels hommes de ta vie sur qui tu ne cesseras jamais de compter qui sont encore là pour faire tes volontés, bien que pour cette fois, t’avais rien demandé.

Zaria te raconte ses années d’université, et tu te rends compte que vous êtes diamétralement opposées. Parce que toi, malgré que t’as réussi tes études et que tu ne les as jamais mises de côté, tu n’as jamais mise ta vie sociale de côté non plus. Ton père est déjà venu vous rechercher plus d’une fois à la soirée d’une boite de nuit, tout comme tu rentrais bien souvent en ayant trop bu le vendredi soir, ou samedi matin. « Donc toi t’étais une studieuse qui ne sortait jamais ? Jamais en boite, jamais boire un verre avec tes amis, jamais rien ? Comment tu fais pour garder une vie sociale si tu ne vois jamais les gens ? » demandes-tu avec une réelle envie de savoir la réponse qu’elle te donnera. Pour toi, c’est impossible, mais peut-être qu’elle connait des astuces. Bien que pour toi, rien n’est mieux que le direct. Tu la suis là où elle t’emmène et prends le paquet cadeau qu’elle te tend et tu fronces les sourcils, bien que gênée de recevoir un cadeau « Zaria, faut pas. Mais c’est super gentil » que tu lui dis en lui souriant et en commençant à déballer. Tu remarques qu’il s’agit d’un kit de grossesse et à nouveau tu souris. T’es pas très expressive, mais ça te fait vraiment plaisir. Tu t’approches d’elle pour lui faire la bise et la remercier « C’est super chou, merci beaucoup. » Tu jettes un œil un peu plus approfondi sur le kit en question, puis tu relèves à nouveau la tête vers Zaria « Pour être honnête, on n’a encore rien décidé pour la chambre, mais je suis sûre que ça matchera à merveille ! »