La température à travers les Etats-Unis avait drastiquement baissé, notamment à Klamath Falls, cette petite ville américaine typique et discrète de l'Oregon.
Les fenêtres de l'appartement de Jules avaient en réalité commencé il y a de ça quelques jours à se recouvrir de buée et... s'il n'avait toujours pas rangé ses bermudas d'été par feignantise, il se pourrait bien que la fraîcheur d'automne lisible sur les arbres et les parebrises des voitures, pousse très bientôt le brun à faire du rangement dans ses placards. Tomber malade était probablement la dernière chose dont il avait envie, il ne pouvait pas se permettre de manquer le moindre cours à l'université ni la moindre journée de travail à la ferme de son beau-père. Il avait besoin de son diplôme et d'argent pour payer son loyer...

ㅡ Sérieux... avait-il soupiré, écroulé dans son lit mais tout bonnement incapable de fermer l'œil. Il maudissait ces gorgées de café qu'il s'était autorisé à boire au dîner. Pire idée.

Les pieds posés sur le vieux parquet de son logement, Jules s'était redressé après s'être étiré le dos et était allé récupérer un pull ainsi qu'une paire de chaussettes à la volée.
La nuit était noire dehors, mais les lampadaires éclairaient encore les petites rues de Pelican City alors il ne craignait pas de sortir. Marcher lui faisait généralement du bien, suffisamment pour lui vider la tête en tout cas. Il n'avait pas arrêté de courir à droite et à gauche dernièrement... pas une minute pour lui, pour souffler.
Le bonnet fixé sur son crâne pour dissimuler sa crinière d'ébène en bataille, il avait rangé ses clés dans l'une des poches de son jogging et était descendu par les escaliers pour éviter que la voix nasillarde provenant de l'ascenseur ne réveille ses voisins.
Trajet habituel en tête, il s'était apprêté à quitter le hall d'entrée de l'immeuble mais une silhouette... familière, ancrée en bas des marches, l'avait arrêté dans son élan. Lui.

t'en fais des trucs idiots. particulièrement idiots; surtout la nuit. surtout quad tu n'arrives pas à dormir et que les cauchemars s'invitent quand tu arrives à fermer les yeux plus de cinq petites minutes. soupir sur les lèvres, tu t'enfonces dans les rues de pelican city, sans doute trop peu vêtu pour la saison. un pull, une veste pas assez chaude pour les températures nocturnes. tu t'en fiches, c'est toujours mieux que de finir au fond d'un de ses clubs, n'est-ce pas ? tu secoues la tête, délicatement, de gauche à droite.
tu ne réfléchis pas à l'endroit ou tu te rends. c'est instinctif, quasiment. c'est ancré au fond des veines, dans tes pensées. ça tourne et ça tourne. c'est toujours la même chose, les sentiments qui ne changent pas, jamais. et tu te retrouves sans même le vouloir face à ce petit bâtiment, chemin que tu connais par cœur, les yeux fermés. tu déglutis tout doucement, tu ne sais pas quoi faire, pas quoi dire. tu te retiens de sortir ton téléphone de la poche de ta veste. ce serait bête, tellement bête. il ne veut sans doute plus te parler, après tout ce temps. tu soupires un peu, tu glisses une main fatiguée contre ton visage marqué. par le manque de sommeil, par la drogue aussi, sans doute.

c'est le froid ambiant qui te pousse à rentrer dans le hall du petit immeuble, à venir t'enfoncer sur les marches de l'escalier sans même savoir quelle heure il est. espoir idiot au fond des veines. tu donnerais tout pour qu'il puisse te pardonner, pour qu'il puisse te prendre dans ses bras encore une fois. juste une fois de plus, mais pitié, pas la dernière. un soupir t'échappe, bien malgré toi. souffle qui se répercute dans les murs. tu ne sais pas si tu veux rester seul, ou non.
il y a les bruits de pas dans l'escalier, et tu te redresses un peu, il y a l'envie première de partir, ne pas te retourner. ne pas passer pour quelqu'un d'un peu trop creep, ou pour quelqu'un qui squatte, tout simplement. et pourtant, la curiosité est trop forte. c'est lui. ㅡ jules je ... peux expliquer. tu murmures faiblement, et pourtant tu as déjà l'impression de crier. ㅡ laisse ... laisse tomber, je ferais mieux de partir. tu ajoutes, fixant tes pieds de longues secondes, misérable.

Jules savait pertinemment que Loan n'avait pas lâché prise depuis qu'il avait mis un terme à leur relation - trois longues années auparavant. Entre les appels à des heures pouvant défier le raisonnable, les messages aux contenus inopinés ou les « likes » sporadiques sur ses photos ou story Instagram... Il n'y avait pas de place pour le moindre doute.
Cela était douloureux de vivre ainsi mais l'Appleby tenait bon. En dépit de son amour inconditionnel pour le Goldsberry : il ne devait pas céder. Jules ne pouvait pas se permettre de sombrer... Sa famille comptait sur lui et ses études, dont la stabilité laissait de plus en plus à désirer, étaient bientôt terminées. Il devait tenir bon, coûte que coûte.
Cela n'était pas faute d'avoir essayé à maintes reprises de tirer Loan hors de l'eau... Jules avait tout tenté, à même s'en éreinter la santé physique et mentale mais... rien n'avait marché ; pas même la rupture - vaine tentative pour réveiller son petit ami enrobé par ses obscures pensées et l'image de sa petite sœur désormais d'un autre monde.

ㅡ Lo... avait-il lancé d'une voix faible après avoir reconnu le jeune homme. Qu'est-ce qu'il faisait ici ? Jules avait déjà sa petite idée alors lui demander n'avait pas été du tout un réflexe. Non, attends. C'était ce qu'il lui avait répondu avant qu'il ne se décide à prendre la fuite.

Un pas après l'autre, le brun s'était avancé jusqu'à son ex pour l'examiner de la tête aux pieds. Il avait... une sale mine. Les traits de son visage étaient tirés et il semblait complètement absent - aucune lueur dans son regard, juste le néant et une tristesse profonde. L'Appleby en eut un pincement au cœur.  

ㅡ Je.. Je sortais me balader un peu, je n'arrive pas à dormir. Est-ce que tu veux marcher avec moi ? Une demande sans engagement, d'une personne en peine nocturne à une autre en détresse existentielle. Jules ne se voyait tout simplement pas tourner les talons ou passer à sa hauteur en l'ignorant bêtement. Tu n'as pas froid comme ça ? s'était-il tout de même autorisé à dire après avoir remarqué sa tenue un peu trop légère pour la fraîcheur qui les attendait derrière la porte de son immeuble.

tu aimerais parfois pouvoir remonter le temps. ne pas rentrer dans l'immeuble, ne pas te retrouver face à jules. parce que tu es ridicule, à cet instant précis, n'est-ce pas ? qu'est-ce qu'il doit penser de toi, après tout ? après ce genre d'instants. misérable, incapable de passer au-delà cette rupture. tu crèves pour lui, tu crèves face à ce que tu ressens. tu soupires tout doucement. ㅡ lo... tu fronces les sourcils, essayes de te justifier sans être réellement capable de le faire. tu ferais mieux de partir, après tout. tu n'as rien à faire ici. ce n'est pas ta place, ce n'est plus ta place. plus depuis que vous n'êtes pas ensembles. ㅡ non, attends... tu fronces un peu les sourcils en observant jules. tu te pinces brièvement les lèvres, quand il arrive à ta hauteur, et tu fronces un peu les sourcils, fuyant son regard plus qu'autre chose. tu fixes tes pieds de longues secondes. tu enfonces tes mains au fond de tes poches.

ㅡ je... je sortais me balader un peu, je n'arrive pas à dormir. est-ce que tu veux marcher avec moi ? tu fronces les sourcils, tu ne t'attendais pas à ça. pas venant de jules, alors que tu as tant de mal à communiquer à ses côtés. ㅡ t'es pas obligé de faire ça. tu réponds simplement, un soupir sur les lèvres face au brun. ça te fait tellement mal, d'être face à lui ; sans pouvoir le toucher. sans pouvoir t'approcher et le prendre dans tes bras. tu secoues un peu la tête. ㅡ tu n'as pas froid comme ça ? qu'il demande ensuite, fronçant un peu les sourcils. tu hausses les épaules. tu glisses une main dans ta nuque. ㅡ j'ai laissé ma veste à la maison. tu réponds simplement. tu es gelé, mais tu t'en fiches bien. moyen comme un autre d'anesthésier la douleur au fond de tes veines. ㅡ c'est pas important. tu murmures. ㅡ tu veux sans doute pas vraiment marcher avec moi, de toute façon... tu ajoutes avec un petit reniflement, retenant tes larmes.

Cela serait un mensonge d'admettre le fait que Jules n'éprouvait plus rien pour Loan. Trois ans pouvait sembler long et suffisant pour se remettre d'une rupture comme la leur mais, les circonstances de leur séparation n'étaient pas totalement banales. Il n'y avait pas eu de tromperie, ni de flamme éteinte. Jules avait laissé Loan en étant toujours amoureux - pour lui ouvrir vainement les yeux.

ㅡ C'est juste une marche Lo. avait-il répondu, se mordillant nerveusement l'intérieur des joues suite à sa réponse et à sa mine fatiguée. L'Appleby ne se sentait pas réellement obligé ; tant qu'à faire... autant se balader à deux, non ? Je vois. avait-il également soufflé, les mains enfoncées dans les poches de son épais pull d'hiver. Il hésitait. Est-ce que tout cela était une bonne idée ? Lui qui s'était donné autant de mal pour l'éviter et tourner la page... Prends mon bonnet. s'était-il finalement exclamé après quelques secondes de silence, l'habit ôté du sommet de sa tête pour le lui caler dans les doigts. À choisir, je préférais éviter que tu tombes malade. Là avaient été les dernières paroles du brun avant qu'il n'aille rejoindre la porte d'entrée pour la pousser et s'engouffrer dans l'obscurité de la petite rue où était planté son appartement. Jules n'aurait pas supporté de le voir pleurer - le petit reniflement de sa part avait été la sonnette d'alarme pour faire avancer le chapitre, ils allaient se balader ensemble un point c'est tout.

Cela dit, il faisait encore plus froid que ce que l'Appleby ne se l'était imaginé, le vent lui sciait presque les cuisses.

ㅡ Oh, 'chier. avait-il fulminé entre deux bourrasques glacées, la mâchoire serrée et les yeux plissés. Tu me suis ? s'était-il finalement exclamé après avoir tourné les talons pour vérifier s'il lui avait emboîté le pas ou non.
Jules ne comptait pas faire le tour de la ville, surtout pas avec un temps pareil dehors mais il ne souhaitait pas non plus rester en plein courant d'air. Je te raccompagne chez toi. C'était la seule idée d'itinéraire qu'il avait eu - résolvant à la fois la légère tenue du Goldsberry ainsi que son envie de s'aérer l'esprit. Il connaissait d'ailleurs le chemin par cœur alors, impossible pour lui de se tromper.

tu aimerais que tout soit plus simple, entre jules et toi. tu n'as jamais cessé de l'aimer, ces trois dernières années. et tu crèves à petit feu, loin de sa présence. ㅡ c'est juste une marche lo. tu hausses simplement les épaules, soupir sur les lèvres face au jeune homme. tu fermes les yeux quelques secondes. ㅡ tu ne voulais plus entendre parler de moi et maintenant tu me proposes une marche ; t'es pas obligé de te forcer. tu te contentes de répondre. réalité qui fait mal au cœur, tu ne sais pas comment votre relation à pu être si fusionnelle et maintenant ... si compliquée. tu déglutis doucement. tu gardes tes mains au fond de tes poches. tu n'as pas très chaud, en réalité.

ㅡ prends mon bonnet. tu fronces les sourcils, quand tu te retrouves avec le tissu entre les doigts. ㅡ à choisir, je préférerais éviter que tu tombes malade. tu frottes doucement tes yeux avec une main, sans savoir quoi dire à l'instant, quand jules s'éloigne vers la porte d'entrée. tu restes planté quelques secondes là, tout seul, le bonnet de jules toujours entre les doigts. tu as besoin de ces quelques secondes.
ㅡ oh, 'chier. tu peux sentir d'ici le froid qui s'infiltre. ㅡ tu me suis ? tu tournes un peu la tête et tu te diriges vers la porte d'entrée, tu viens glisser le bonnet sur ton crâne. tu sais que ce serait inutile de vouloir le rendre au brun. ㅡ j'tombe pas malade. tu souffles doucement en haussant les épaules. ㅡ j'suis trop foutu pour ça. tu ajoutes, un peu plus bas. tu déglutis tout doucement et tu sors simplement, à la suite de jules. tes mains retrouvent leurs places dans les poches de ta veste.

tu n'as pas le courage de te battre, pas le courage de dire quoi que ce soit face à jules. tu te sens misérable, tout d'un coup. ㅡ je te raccompagne chez toi. tu hoches faiblement la tête. ㅡ je connais la route, t'es pas obligé. tu souffles simplement avec un soupir. tu glisses tes doigts dans ta nuque. il n'a certainement plus envie de passer du temps avec toi. ㅡ tu peux ... vaquer à tes occupations ... tu souffles avec un soupir. il n'est pas obligé de se forcer à rester avec toi.

Jules ne lui avait pas réellement laissé le choix, il avait ancré son bonnet dans ses mains et s'était dépêché de filer en bas des marches de l'immeuble avant de l'entendre éventuellement protester ou pire encore, pleurer.
Oui, il lui avait annoncé de vive voix ne plus vouloir entendre parler de lui quelques années auparavant, mais cela avait été lancé sur le coup de la colère et du désespoir. L'Impuissance pouvait faire de sacrés dégâts...

ㅡ Je ne me force pas. Cela était néanmoins tout ce qu'il s'était autorisé à lui dire avant de jurer à cause du froid hivernal qu'il s'était pris en pleine poire. Ah, tu ne tombes pas malade ? Il n'avait pas pu s'empêcher de rouler des yeux avec l'envie amère de le contredire et de même lui spécifier être encore plus vulnérable que les autres face au rhume, à la grippe ou à la crève. Raison de plus. Il avait soupiré, le coup enfoncé dans les rebords de son pull, la capuche fixée sur le sommet de son crâne. Moi aussi j'connais la route, et j'allais par là de toute façon alors, allons-y ensemble. Mensonge ; mais Jules serait prêt à dire n'importe quoi pour faire plaisir - et qu'il se mette à marcher avant qu'ils ne se mettent à se geler sur place. Tu veux que j'ai quoi comme occupation à une heure pareille Loan ? Je te raccompagne chez toi et puis c'est tout. Il avait sifflé, agacé.

L'Appleby ne voulait pas utiliser la carte du chantage ; ni celle du "ok, salut, je rentre chez moi alors". Ils allaient faire le trajet ensemble, peu importe leurs différents.

ㅡ Pourquoi est-ce que tu es venu si c'est pour me dire ça ? Tu voulais regarder la couleur des murs de mon immeuble ? s'était-il finalement exclamé après avoir commencé à marcher instinctivement jusqu'au logement de son ex, sans réfléchir plus que ça. Laisses moi te raccompagner, d'accord ? Sans engagement, sans arrière pensée.

tu ne sais pas quoi lui dire. tu ne sais pas pourquoi il insiste. il ne devrait plus vouloir t'avoir dans sa vie. c'est tellement ... mal, après tout. tout ce que tu fais. ㅡ je ne me force pas. tu te mords l'intérieur de la joue, trop fort sans doute, petit soupir sur les lèvres. s'il le dit ... tu ne veux pas insister, tu ne veux pas te brouiller un peu plus encore avec jules. ce serait trop douloureux. et demain tu crieras sans doute dans l'oreiller pour étouffer la douleur qui s'enroule autour de tes épaules. ça fait tellement, tellement de mal de ne pas pouvoir le prendre dans tes bras. ㅡ ah, tu ne tombes pas malade ? tu te contentes d'un haussement d'épaules. ㅡ nah. tu marmonnes comme un gamin qui a tord - et qui le sait.
ㅡ raison de plus. qu'il ajoute, et tu fronces un peu les sourcils. ㅡ moi aussi j'connais la route, et j'allais par là de toute façon, allons-y ensemble. tu veux que j'ai quoi comme occupation à une heure pareille loan ? je te raccompagne chez toi et puis c'est tout. tu baisses un peu la tête, fixant le sol en marchant non loin du brun, sans pour autant oser marcher réellement à sa haute. tu te pinces les lèvres, tu serres ta veste fine contre toi, soupir sur les lèvres.

ㅡ pourquoi est-ce que tu es venu si c'est pour me dire ça ? tu voulais regarder la couleur des murs de mon immeuble ? tu déglutis lentement. ㅡ laisse moi te raccompagner, d'accord ? tu te contentes de hocher la tête, continuant de marcher un peu. ㅡ t'étais ... pas censé savoir que j'étais là. tu souffles finalement, un soupir sur les lèvres. tu viens glisser tes doigts dans ta nuque, la frottant tout doucement. ㅡ t'étais pas censé descendre au même moment. et encore moins avec les escaliers. tu ajoutes, une moue sur les lèvres. tu soupires un peu. ㅡ tu dois penser que j'suis pathétique... tu murmures simplement.

L'Appleby doutait très sincèrement que le Goldsberry ne soit pas le genre à tomber malade. Il ne s'y connaissait pas forcément très bien en drogues, ni les effets, ni les conséquences, mais il était perplexe quant aux biens-faits sur le long terme de ceux-ci. Thérapeutiques ? Mon cul. Il avait l'air fragile, frêle, fatigué, livide.

ㅡ J'étais pas censé ? il avait répété, un sourcil arqué. Jules s'était arrêté un instant pour l'écouter et assimiler ses paroles. Ca ne le choquait pas en réalité, et dire le contraire serait mentir. C'est fou comme le destin fait bien les choses, hein ?

Quelles étaient les chances pour qu'il soit incapable de s'endormir cette nuit-là ? Quelles étaient les chances pour qu'il se décide de sortir, par un tel temps, pour aller se balader un peu ?

ㅡ Pourquoi est-ce que tu serais pathétique ? s'était-il empressé de retorquer, le cou un peu plus enfoncé dans son vêtement pour tenter de se protéger des nouvelles bourrasques qui étaient entrain de les frapper. Je ne trouve pas ça pathétique. Il avait haussé des épaules. À choisir entre le voir se droguer ou devant chez lui... il n'y avait pas photo. Je te trouve juste idiot d'avoir oublié de quoi mieux t'habiller. avait-il soupiré avant de se remettre à marcher et de tourner à droite, dernier angle avant d'arriver dans sa rue.

Il ne restait plus que quelques mètres à parcourir avant d'atteindre le porche de son logement.

ㅡ Tes parents savent que tu es dehors ?

tu te mords l'intérieur de la joue un instant, tu marmonnes pour toi même plus qu'autre chose. il n'aurait pas du être là, ce soir. il n'aurait pas du te trouver sur l'escalier, là, misérable. tu fronces un peu les sourcils, petit soupir sur les lèvres. ㅡ j'étais pas censé ? tu te mords l'intérieur de la joue un instant et tu relèves un peu la tête vers jules. ㅡ c'est fou comme le destin fait bien les choses, hein ? tu te pinces les lèvres un instant, soupir sur les lèvres. tu glisses une main dans tes cheveux pour les éloigner un peu de ton front.
ㅡ on peut dire ça comme ça. tu souffles dans un soupir. pitoyable, pathétique. il n'y a rien de plus pour te décrire, surtout dans cet état. tu secoues la tête de gauche à droite. tu te crispes un peu quand une bourrasque de vent s'engouffre sous ton pull trop fin. tu soupires un peu. ㅡ pourquoi est-ce que tu serais pathétique ? tu hausses un peu les épaules. ㅡ je ne trouve pas ça pathétique. je te trouve juste idiot d'avoir oublié de quoi mieux t'habiller. tu renifles un peu, ne sachant pas quoi dire de plus. tu serres tes vêtements contre toi, soupirant un peu. ㅡ et bien tu devrais. tu te contentes de répondre avec une moue sur les lèvres. tu te grattes la joue du bout des doigts. il devrait te trouver totalement minable. à attendre désespérément en bas de l'immeuble, parce que tu n'as rien de mieux à faire.

tu relèves la tête en observant la maison qui se dessine au loin. tu te pinces les lèvres, tu t'en veux, tu t'en veux tellement. ㅡ tes parents savent que tu es dehors ? tu tournes la tête vers jules, tu fronces un peu les sourcils. tu as l'impression d'être un gamin en train d'être sermonner. ㅡ j'crois. je sais plus. tu hausses un peu les épaules. tu te mords l'intérieur de la joue un instant. ㅡ sans doute. toute façon ils se rendent bien compte que j'suis pas à la maison. tu lèves les yeux au ciel, soupirant un peu.

Jules ne savait pas tout à fait comment s'adresser à Loan, son sarcasme pouvait donc s'apparenter à un genre... d'instinct de survie ? Après tout, rares avaient été les fois où ils s'étaient échangés quelques paroles orales durant ces trois dernières années.

ㅡ Heureusement que le froid et l'obscurité ne m'effraient pas. avait-il soupiré. Il n'aurait pas quitté son logement si cela avait été le contraire, alors oui, l'Appleby se permettait de remettre le tout sur le dos du destin. Et toi tu devrais faire plus attention. avait-il rétorqué, faisant référence à son manteau oublié et au claquement de ses dents que tu pouvais presque entendre d'ici. Ah. Il ne savait plus... Ce n'était pas très intelligent de quitter la maison à une heure pareille sans prévenir ou laisser un petit mot. Jules se serait fait engueuler par sa mère s'il avait été à sa place - majeur et vacciné ou non. Klamath Falls avait beau être une petite ville d'apparence tranquille, on ne pouvait jamais rien trop prédire... Cela restait un petit patelin des Etats-Unis et ce pays n'était pas réputé pour sa sécurité grandiloquente. J'suis pas là pour te faire la morale donc je ne vais rien te dire même si je n'en pense pas moins. Il avait finalement haussé des épaules, s'arrêtant après quelques pas supplémentaires, face à l'entrée du logement qui s'était éclairée à cause du détecteur de mouvements. Bon eh bah... on y est. avait-il finalement annoncé, les mains enfoncées dans ses poches. Vas te mettre au chaud, prends un bain et vas dormir, t'as l'air gelé et claqué. Jules décrivait tout bonnement le tableau qui se dressait sous son nez. En tout cas, c'était ce que lui allait faire en rentrant car... même si cela ne faisait qu'une poignée de minutes, il savait que s'immerger dans de l'eau chaude allait lui faire le plus grand bien - à condition de ne pas s'endormir dedans bien sûr.

tu as froid. tu as vraiment froid, en réalité. mais tu as encore trop de fierté pour le dire. lèvres pincées quelques secondes en marchant aux côtés de jules dans un silence angoissant. et tes quelques paroles ne sont pas vraiment réconfortantes. ㅡ heureusement que le froid et l'obscurité ne m'effraient pas. tu l'écoutes et tu sens une boule de nervosité se glisser au fond de ta orge, sans savoir pourquoi. soupir sur les lèvres. ㅡ et toi tu devrais faire plus attention. qu'il souffle, et tu enfonces ton cou dans tes épaules, soupir sur les lèvres. tu ne sais pas quoi faire en réalité, tu ne sais pas quoi réellement lui dire de plus. tu ne comprends toujours pas pourquoi il est encore à tes côtés. ㅡ si tu l'dis ... tu souffles, distraitement, pas très attention à cette discussion. tu as trop froid, c'est trop douloureux, trop compliqué.

ㅡ j'suis pas là pour te faire la morale donc je ne vais rien te dire même si je n'en pense pas moins. tu lèves les yeux au ciel. t'as pas quatre ans, t'es pas un gamin. tu sors si tu as envie de sortir, après tout. tu es majeur, et vacciné. depuis quelques années maintenant. ㅡ j'suis pas un gamin hein. tu souffles en haussant les épaules, l'air de rien.
souffle tremblant sur les lèvres, tu crèves de froid. la maison n'est plus très loin. ㅡ bon eh bah... on y est. vas te mettre au chaud, prends un bain et vas dormir, t'as l'air gelé et claqué. tu fronces un peu les sourcils en l'observant, tu ne sais pas quoi lui répondre. tu as envie de rester avec lui et en même temps non, parce que c'est trop étrange et ça fait trop mal. tu soupires un peu, tu secoues la tête de gauche à droite. ㅡ j'ai pas froid. tu continues, une moue sur les lèvres. tu sais bien que c'est un mensonge. et il le sait sans doute aussi. ㅡ bonne nuit, jules. tu murmures faiblement sans trouver rien de constructif à lui dire. tu lui tournes finalement le dos, quand tu te diriges vers la maison, une main tremblante sur tes clés pour entrer.

Le bruit régulier de ses soupirs et de ses reniflements ne laissaient pas réellement place au doute. Loan n'était pas un gamin certes, mais il se comportait un peu comme tel... - ou du moins, du point de vue de Jules. Est-ce que cela était gamin que de prévenir ses proches qu'on s'absente à une certaine heure ? L'Appleby trouvait que non, il pensait que c'était la moindre des choses. Est-ce que cela était aussi mature que de sortir dehors en oubliant sa veste pour se protéger du froid ? Non, c'était digne d'un enfant que l'on doit gronder pour qu'il évite de repointer le bout de son nez dehors sans les habits adéquats.

ㅡ Il fait peut-être nuit mais je vois bien que ton nez est rouge et je suis prêt à mettre ma main à couper que t'as choppé une crève ou un rhume. avait-il soupiré, s'écartant d'un pas pour le laisser monter les marches jusqu'à la porte de son domicile. Bonne nuit Loan. avait-il finalement répondu en retour, le regard perdu un instant sur ses mains tremblotantes ainsi que le bonnet qu'il lui avait prêté... sans ne rien ajouter de plus. Jules n'allait pas enfoncer le clou ni chipoter pour un vêtement qu'il possédait en quintuple dans son placard - il pouvait le garder. Un léger rictus amusé collé sur son visage, il avait finalement tourné les talons pour effectuer le trajet inverse et finir la tête sous l'eau chaude ; ultime étape avant de rejoindre son lit et le pays des songes pour de bon.