Bienvenue sur wicked little town, forum city simple et sans prétentions qui se déroule dans la petite mais mouvementée ville de Klamath Falls (Oregon, USA). Lieu de détente où vous verrez s'affronter les différentes classes sociales, venez interpréter des personnages issus de tous horizons. Pour citer une célèbre marque : venez comme vous êtes ! Mais attention, Scandale n’est jamais bien loin pour dévoiler les secrets que vous cachez.
Il y a des jours, où dès le saut du lit, on sait qu'on va passer une journée de merde, comme si ça puait dans l'air qu'on avait un sale karma. C'était un de ces jours-là pour moi, aujourd'hui... Pour commencer, ma cafetière avait cramé. Enfin, presque. En réalité, elle avait refusé de fonctionner ce matin et, de nerfs, je l'avais envoyée valser contre le mur. Donc forcément après, elle fonctionnait encore moins. Bref, pas de café ce matin. J'avais donc été en chercher un au coffee shop, en ruminant le décès de ma cafetière, fauchée dans la fleur de l'âge. Je ne pouvais pas en acheter une autre, je n'avais pas assez d'argent. Tant pis, j'irais en voler une plus tard au supermarché avec l'aide d'Angel. En sortant du coffee shop, mon gobelet à la main, je pris une gorgée de mon breuvage vital avant de grimacer et de recracher le liquide. Putain !J'avais demandé un café, juste un café, bordel de merde ! Mais j'avais eu une saloperie de moka latte trucmuche avec ce qui semblait être un substitut de lait, genre végétal, amande ou soja, un machin dégueulasse du style. Ils avaient dû s'emmêler les pinceaux et confondre deux commandes. Les tocards... Aucune envie de revenir sur mes pas, je me contenterais d'une cigarette ce matin. Je sortis mon paquet de ma poche et réalisai qu'il était vide. Je penchai la tête en arrière en soufflant lourdement. Bon sang ! Je ne pouvais me passer de café ET de cigarettes. Je fouillai dans ma poche et trouvai à peine de quoi me payer un paquet. J'entrai dans l'épicerie la plus proche et m'avançai vers la caisse. À peine avais-je demandé ce que je voulais au caissier, qu'une voix stridente et nasillarde s'éleva tout près de moi. - J'étais là avant vous, jeune freluquet ! Je me tournai vers la voix désagréable et aperçus une vieille dame, toute petite et vachement fripée, juste à côté de moi. Ses lunettes à doubles foyers laissaient à peine deviner ses petits yeux plissés derrière les verres. Elle s'accrochait de toutes ses forces à sa canne, la main tremblante en me fixant d'un air de fouine. - Frelu-quoi ? demandai-je en regardant le caissier qui haussa les épaules. - Vous êtes passé devant moi, malpoli ! Je la toisais du haut de mon mètre quatre-vingt avant de lever les yeux au ciel. - N'importe quoi, j'étais là le premier... - J'vais pas m'laisser emmerder par une espèce d'alien de l'espace ! s'agaça t-elle en brandissant sa canne dans ma direction. - Alien de l'espace ? répétai-je après elle, sans comprendre ce que racontait la vieille folle. - Vous avez les cheveux verts ! C'est ridicule ! L'échange aussi stérile qu'absurde se poursuivit durant cinq bonnes minutes avant que je ne me décide à lâcher l'affaire. Honnêtement, j'avais décidé de laisser tomber parce que la mamie m'avait foutu un coup de canne dans les côtes. Et comme je ne pouvais pas cogner une vieille, j'étais parti, sous le regard moqueur du caissier. Avec tout ça, je n'avais même pas eu mes clopes... J'étais au summum de la rage, exaspéré par cette saloperie de journée qui venait à peine de commencer. Bon, il était déjà onze heures passées, mais pour moi qui venais à peine de me lever, c'était le début de la journée. Je passais devant la salle de sport où je m'entrainais de temps en temps à la boxe avec Antho. Parfait ! Il valait mieux que j'aille passer mes nerfs ici plutôt que de rentrer ruminer chez moi et de m'en prendre à nouveau à mon petit électroménager. J'entrai dans la salle, les mains dans les poches, un air passablement agacé non dissimulé. Je fus soulagé de voir qu'Anthony était là. Je m'approchai de lui alors qu'il semblait faire du rangement dans le matos. - Salut... grognai-je entre mes dents. T'es dispo, là ? J'ai besoin d'évacuer. Genre maintenant.
la journée avait été lente. 8 heures, il était au boulot, à se préparer pour une nouvelle journée banale dans la salle de sport. premier client, un type qui faisait deux fois sa taille, cinq fois sa carrure et lui demandait quand même son avis sur comment gagner en masse. ça le faisait toujours rire, ça. les mecs baraqués demandant au gringalet qu'il était comment bien soulever les altères, quel settings mettre sur le tapis de marche. il les aidait, leur donnait tous les conseils qu'il avait en tête mais ça le faisait rire. il discutait avec eux, leur disait quand s'arrêter pour boire les boissons énergisantes dégoûtantes. il aimait son job, malgré qu'il n'ait pas la carrure pour. il cache ses biceps et ses abdos sous des sweatshirts avec le logo de la salle. seules ses jambes le trahissent, sous son short gris. premier frigo parti, il voit le second, attendant patiemment qu'il finisse de dire au revoir. un futur bodybuilder qui veut être aussi sec que le désert. une demie heure de cardio avant de passer aux jambes et aux bras. vous faite"s la conversation rapidement. comment va-t-il ? mange-t-il bien ? quelle est sa diet. il s'arrête pour boire un smoothie verdâtre qui suscite le dégoût. il en propose à son coach, qui refuse, tout aussi dégoûté. la séance touche à sa fin et anthony commence à nettoyer les machines, un chiffon à la main. il se dirige ensuite vers les vestiaires pour s'assurer que personne n'a rien oublié. range les gants de boxes par taille quand une énergumène arrive. visiblement énervé, à cran peut-être même. il regarde vinnie des pieds à la tête, le jauge, jusqu'à ce que les mots dépassent ses lèvres. euh... ouais, laisse moi finir de ranger et j'suis tout à toi, vinnie. il se dépêche de mettre les gants en rang, séparant bien ceux des enfants et ceux des adultes. il regarde son travail, bien fait, avant de se tourner vers le petit gobelin qu'était vinnie. bah alors, comment ça se fait que t'es là ? journée de merde ou je te manquais trop ? il commence déjà à prendre deux paires de gants et en enfiler une. jette l'autre aux pieds de l'énergumène. tu veux en parler à tonton antho ?
J'avais toujours le chic pour débarquer quand Antho était occupé, mais il était cool, et en général il ne m'envoyait pas balader. Sauf peut-être quand je devenais trop envahissant, ce que j'essayais d'éviter. J'étais collant, avec tout le monde, et je savais qu'il fallait que je travaille là-dessus. À la moindre petite contrariété, j'avais besoin de quelqu'un pour m'aider à évacuer, je ne savais pas gérer les situations difficiles tout seul. Et quand j'avais besoin de cogner sur quelque chose, je passais voir Anthony. Il me coachait, je tapais dans le tas, et après je me sentais mieux. Et si ce n'était pas le cas, de toute façon je cognais jusqu'à en être épuisé, et je rentrais chez moi vidé de toute énergie et de toute colère. Ça marchait aussi. Je trépignais d'un pied sur l'autre, agacé, tandis que j'observais Antho qui finissait son rangement. J'étais impatient, énervé, et je voulais qu'on commence rapidement pour que je puisse évacuer cette journée de merde ! Mais je ne voulais pas le bousculer, sinon il ne me laisserait pas revenir. Le but n'était pas de lui casser les couilles, et puis je l'aimais bien, je n'avais pas envie de lui transmettre mon énergie négative. Je soufflai lourdement à sa question, lui laissant deviner pourquoi j'étais là. - Les gens me saoulent, Antho ! J'en ai plein le cul des cons ! grognai-je pour laisser sortir un peu de ma frustration. J'te jure, si l'autre pétasse n'avait pas été une vieille bigote, je lui aurais défoncé la gueule ! Mais je frappe pas les nanas... Encore moins les vieilles momies... J'avais quelques principes malgré tout. J'étais incapable de faire du mal à une femme, même si j'aurais été ravi de voir la mamie à la canne déraper et se casser la gueule sur le trottoir ! Antho enfila une paire de gants et m'en jeta une autre. Je les enfilai, non sans mal, trop tremblant de nerfs pour parvenir à faire ça calmement. Je lâchai un grognement, avant de finalement parvenir à enfiler les gants. - Non, j'veux pas en parler... J'veux me défouler. Inutile d'en parler, il ne s'était rien passé de bien dramatique, c'était simplement moi qui ne savais pas relativiser. Tout était toujours grave à m'écouter, mais je manquais de discernement. De toute façon, même quand je disais que je ne voulais pas en parler, je finissais par vider mon sac. - Tout c'que j'voulais c'était un putain de café ! m'agaçai-je tout seul. Ça et une clope ! Mais faut croire que c'est trop demandé ! Ou alors j'ai un karma de merde et c'est une punition divine, j'sais pas ! Avec les emmerdes que je faisais aux autres, peut-être bien que c'était le karma. Je ne croyais pas en Dieu, pourtant je me sentais souvent victime d'une conspiration, comme si le destin lui-même m'en voulait et s'acharnait à me faire vivre un enfer ! J'étais une éternelle victime, à m'écouter. - Et toi ? T'as eu ton lot de glandus de l'espace aujourd'hui ? Je me doutais que pour Anthony, ce n'était pas rose tous les jours non plus. Et en plus il devait se coltiner des casse-couilles dans mon genre qui venaient pour se plaindre. Je frappai mes poings gantés l'un contre l'autre et commençai à sautiller sur place, ayant besoin de me vider de cette énergie néfaste de toute urgence. - Bon alors, on s'y met ou on s'regarde dans le blanc des yeux ?!
question à peine posée que vinnie commence déjà à vomir tout un tas de mots à leurs pieds. déblatérer sur le fait que les gens le gonflent, il se retient de sourire tout en l'écoutant. clairement, il avait mal commencé la journée. s'était sûrement levé du pied gauche et marché directement dans une crotte ou une connerie du genre. il m'écoute, cependant, parce qu'il apprécie vinnie et sa compagnie, même quand tout ce qu'il cherche à faire c'est se défouler et ne plus réfléchir. il sait quel est son rôle ici, antho. il aide les gens à sortir ce qu'ils ont en eux. colère, haine, tristesse, un trop plein d'énergie, un besoin de frapper, peu importe. il sait ce que c'est, lui aussi, il a des émotions qui demandent juste la destruction et l'explosion, des fois. il hoche la tête et fait de petits "mmhmm" de temps en temps pour montrer à vinnie qu'il est bien écouté. il regarde ses gants de boxe et se dépêche de les enfiler. il regarde l'autre enfiler les siens et l'entend dire qu'il veut pas parler, juste se défouler et là, impossible de retenir le petit rire qui sort de sa bouche. "t'inquiètes pas vinnie, c'est pour ça que t'es là." tu croises les bras et le regarde un moment avant qu'il recommence à cracher des mots. pour quelqu'un qui n'avait pas envie de parler, il avait beaucoup de choses à dire. "tu sais qu'on a une machine à café ici... et nan j'ai pas eu de cons, aujourd'hui. juste des grands costauds qui font le double de mon poids juste en muscle." en voyant qu'ils n'avaient toujours pas commencé, vinnie se plaind. "j'attendais que tu le dises. suis moi." anthony lève les yeux au ciel, un demi sourire plaqué sur le visage, avant de marcher vers le mannequin de frappe, plus loin, près du ring. ils y feront un tour plus tard, histoire de bien fatiguer vinnie. mais pour l'instant, il allait frapper dans une poupée en mousse dure. il montre le mannequin et lui donne un petit coup dans la partie visage. ce qu'il le trouve moche, ce truc... "tu me fais quelques direct du bras avant, suivi d'uppercuts ok ? une fois que c'est fini, bras arrière et crochets. compris ?"
Journée de merde. Petits tracas et grosses contrariétés aujourd'hui. Il m'en fallait peu pour m'énerver de bon matin. Certains avaient de vrais problèmes, et moi je m’apitoyais sur mon sort dés que la moindre petite chose allait de travers. Il fallait que j'évacue mon manque de nicotine et de caféine, quoi de mieux que d'aller retrouver Anthony pour ce faire ? Je n'étais pas un athlète, et je manquais de rigueur et d'assiduité pour me mettre au sport. Mais une fois de temps en temps, quand je débordais d'énergie, durant mes phases maniaques notamment, ou quand j'avais les nerfs comme aujourd'hui, je passais voir Anthony pour me libérer de ma rage. C'était toujours mieux que de traîner dehors pour aller chercher des noises au premier venu. Je n'étais pas taillé pour la bagarre, et je tombais souvent sur plus enragé que moi. La plupart du temps, ça finissait mal, et c'est moi qui me retrouvais la gueule par terre. Ça aurait dû me dissuader, depuis le temps, d'aller chercher l'embrouille à n'importe qui. Mais non. Je persistais à provoquer des bagarres quand j'avais les nerfs à vif. Mais depuis que je connaissais Anthony, j'arrivais à me montrer plus raisonnable. Et quand l'envie de brutaliser quelqu'un me prenait, j'allais le voir. Il m'avait écouté vider mon sac, et rien que ça, ça faisait déjà du bien. Il avait l'habitude de m'entendre geindre et râler pour trois fois rien, mais il m'écoutait toujours. Quand il évoqua la présence d'une machine à café ici-même, je soupirai en laissant retomber mes épaules. Ben merde... Si j'avais su. - Sérieux ? Après m'être défoulé, je comptais bien m'envoyer un café avant de partir. Ce serait toujours ça. Nous allions enfin commencer. Je suivis le coach qui me conduisit jusqu'au mannequin que j'allais me faire un plaisir de tabasser, au moins je ne ferai de mal à personne. Il me donna quelques instructions et je hochai la tête avant de commencer à cogner aussitôt l'individu inanimé. Je frappai le visage en mousse, encore et encore, oubliant rapidement les consignes d'Anthony, je laissais mon instinct me guider à la place, usant de coups pas forcément réglementaires, ni très maîtrisés. Je frappais même le mannequin de quelques coups de coude sur le nez, cherchant simplement à me défouler sans me focaliser sur la technique. Quand j'avais les nerfs, je ne savais pas faire les choses correctement, et je laissais ma colère s'exprimer comme elle venait. Nul doute que je ne deviendrai jamais boxeur professionnel... Je m'interrompis une seconde, pour regarder Anthony en souriant. Je me fichais bien de ne pas faire comme il fallait, je me sentais déjà un peu soulagé d'avoir chahuté le mannequin en mousse. - T'as vu c'que j'lui ai mis, à cette saloperie ? m'enthousiasmai-je avant de m'y remettre.
tu rigoles en voyant le visage de vinnie s'illuminer à la simple mention d'un café. évidemment qu'il y avait une machine à café ici, il pensait vraiment que les employés survivraient sans ? certes, c'était une salle de sport et la plupart était sûrement accro aux boissons énergisantes et autres protéines mais fallait pas déconner. tu l'emmènes vers le mannequin, lui donne quelques indications avant qu'il puisse commencer. et évidemment, tu perds la face en le voyant faire ce qu'il veut. bon... c'était bien parti. tu te passes une main sur le visage, reprends contenance. il était vraiment là juste pour se défouler, bien. tu savais quoi faire maintenant, au moins. tu le regardes frapper plus intensément et souvent le visage de ce pauvre bonhomme en mousse. t'es bien heureux d'avoir commencé là plutôt que de l'avoir échauffé contre toi sur le ring, même si tu te doutes bien qu'il n'aurait jamais fait la même chose face à un être humain. t'espères en tout cas. peut-être que le mannequin est mieux pour lui, dans ce cas-là. t'es sûr qu'il n'y aura aucun blessé au moins. quoi que. vinnie, il serait sûrement capable de se blesser en frappant trop fort. ou en déviant et frappant la base en fer. ou se faire une fracture du petit doigt malgré les gants. t'es secrètement sûr qu'il en serait capable. il s'arrête enfin dans sa frénésie et se tourne vers toi, rayonnant. ça te fait sourire, il est attendrissant ce gamin quand même, tu dois l'avouer. "ouais, j'ai vu ça. il se serait pas relevé, crois moi. on passe au sac ou tu veux dégommer freddy encore un peu ?" tu donnes un petit coup de poing dans la joue du mannequin, le faisant pencher avant qu'il se remette en place. t'as décidé de lui donner un nom pour la séance. peut-être que ça aiderait vinnie que son adversaire ait un nom, un début d'identité. pouvoir se défouler contre tous ses maux, ces choses qui l'importunent. après un laps de temps, tu ramènes le sac de boxe vers vous et le présente à l'énergumène que tu entraînes. tout rouge, plus dense que le mannequin, un peu moins dur. tu donnes un coup du bras droit, deux du gauche avant de laisser la place. "tu veux l'appeler comment, celui-là ? il t'a fait quoi, comme connerie, pour que tu veuilles le dégommer ?" que tu lui demandes avec un sourire. t'es sûr que ça lui fait du bien, d'imaginer tous les cons de l'univers dans ce qu'il s'apprête à frapper. sûrement que ça doit être thérapeutique. sûrement que là maintenant, t'es un peu comme un psy, la paie en moins. une nouvelle idée germe dans ta tête et tu la balances dans le tas pour motiver vinnie. "bon. si tu fais ce que je te dis, on fait une toute petite pause et je t'offre ton café, ok ?" t'attends pas de réponse, tu sais déjà qu'il va adhérer à la proposition. tu commences à t'éloigner, mettre de la distance entre le champ de bataille et toi. pas trop envie de te recevoir un coup mal envoyé. tu commences à donner des ordres après avoir attendu son feu vert. ça consiste seulement à crier gauche ou droite, crochet ou uppercut. mais ça semble être assez simple à suivre, assez rapide aussi. ça permet de défouler, de se préparer à mettre toute sa force dans son poing. t'es sûr qu'il y arrivera. t'espères...
Comment je n'y avais pas pensé ? Évidemment qu'il y avait une machine à café en ces lieux. Je me sentais stupide d'avoir tant lutté depuis ce matin pour m'en trouver un, alors qu'il m'aurait suffit de débarquer ici. Dans tous les cas, j'avais bien fait de passer. Rien de tel que de taper dans de la mousse un peu dure pour évacuer la colère. Ça fonctionnait sur la plupart des gens. Ça marchait sur moi aussi, la plupart du temps. Et si toutefois il pouvait arriver que ce ne soit pas le cas, de toute façon je cognais jusqu'à l'épuisement. Et une fois bien fatigué, je n'avais plus la force ni l'énergie d'être en colère. Il fallait tout de même qu'Anthony me supervise, parce que je n'étais pas très respectueux des règles, et parce que je n'avais pas beaucoup de technique, et quelques fois je cognais bêtement sans faire attention. Si quelqu'un était capable de se faire mal bêtement en tapant sur un mannequin en mousse avec une paire de gants, c'était bien moi. Et Anthony le savait. Je frappai le mannequin, sans relâche, déversant sur lui toute ma rage. Je m'interrompis une fois calmé pour exprimer ma fierté. Anthony semblait amusé de mon enthousiasme. Je savais que je n'étais pas un bon combattant, et il le savait aussi. Mais il était assez bienveillant pour m'encourager, malgré mon manque de rigueur. - On passe au sac ! J'vais l'dézinguer aussi ! m'exaltai-je, plein d'entrain. Anthony avait surnommé le mannequin, Freddy. Je ris en entendant ce nom. Mais c'était une bonne idée, d'humaniser ce morceau de mousse inanimé. Ça me donnait encore plus envie de le cogner. - Freddy a eu sa raclée, mais j'lui referai le portrait une deuxième fois avant de partir. Anthony savait quoi faire pour me booster. Il me demanda sur qui j'avais besoin de passer mes nerfs, et ça contribua à booster mon énergie. - On va l'appeler Jin, celui-là. J'aime bien Jin, il est cool des fois, mais il m'a déjà frappé, alors j'lui en dois une ! Venir ici pour taper sur des trucs en étant coaché par Anthony, c'était très thérapeutique, presque comme une catharsis. Je trouvais plus de réconfort dans ces moments que je passais ici que dans le bureau de mon psy, que je n'étais pas allé voir depuis des mois, d'ailleurs... Comme souvent, j'avais interrompu mon traitement pour mes troubles bipolaires. Alors je n'étais pas repassé le voir pour faire renouveler mon ordonnance. Je trouvais que je ne m'en portais que mieux, jusqu'au jour où je serais à nouveau dans une phase dépressive. Mais je m'en relèverais. Je m'en relevais toujours. Mon coach me proposa de suivre ses consignes et d'obtenir un café en guise de récompense. Je sautillai sur place et hochai la tête pour lui confirmer que le deal me convenait. Il recula pour me laisser de la place, et probablement éviter de se prendre un coup perdu. Je suivis ses consignes à la lettre, cognant comme il me le demandait, le sac de frappe. Rien de très compliqué, Anthony savait que pour ne pas me perdre, il fallait rester sur des gestes simples. Le but de la manœuvre, étant simplement que je me défoule. Je frappais, encore et encore, au rythme des consignes, et ce, pendant plusieurs minutes avant de faire une pause. J'avais un coup de chaud, mais je me sentais déjà un peu mieux. Pas assez, mais la pression commençait à redescendre lentement. - Putain, ça fait trop du bien, expirai-je de soulagement. Allez, on continue !
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