It takes two, it's up to me and you, to prove it ~ misha

“ Putain, j’suis en retard ! “  

Qu’il grogne alors qu’il cherche ses fringues, étalés partout dans la chambre de Darcy. Il a voulu se la jouer bon mari, revenir avec des fleurs, le dîner, et tout ce qu’il voit à la télévision. Mais ils ont quand même trouvé le temps de s’engueuler, parce que ce n’est jamais assez aux yeux de sa femme, ou que c’est trop demandé pour lui. Puis ça fini quand même sur l’oreiller, histoire de passer la frustration, la colère. Et au petit matin, ça va mieux. En règle générale. Parce que là, ça lui a couté une presque nuit blanche qui va le mettre en retard chez son boss. Et s’il a bien compris une chose en un mois au country club, c’est qu’Adrian déteste les retards. Alors un costume rapidement enfilé, il sautille sur une jambe pour mettre ses chaussures. Cinq minutes plus tard, il dépose un baiser sur les lèvres de Darcy, et il s’enfuit vers sa nouvelle voiture à 300000 dollars. Il ne cessera jamais de se répéter le prix de son nouveau joujou, dans sa tête. Installé à la place conducteur, il caresse le volant en cuir, avec une tendresse qu’il ne sait même pas donner aux femmes. Puis enfin, il fait ronronner le moteur.  

Il arrive chez le boss, juste à temps. Ni en retard, ni à l’heure. Enfin, pas assez en avance aux yeux d’Adrian, qui entre dans la voiture de mauvaise humeur. Passant ses yeux au-dessus de ses lunettes de soleil de Men In Black, il observe le brésilien à l’arrière. “ Demain j’ai une réunion à 09h, si tu n’es pas à l’heure t’es viré ! “ Levé du pied gauche le patron. Mais il se retient bien de le dire. Ils ne se connaissent pas depuis longtemps, un mois pour être exacte, mais Misha a bien compris que le métisse a ses humeurs, et qu’il faut faire avec. Alors quand il est fermé comme ça, il reste silencieux, bien malgré lui. Car dieu seul sait à quel point des commentaires, il aurait à en faire. Surtout à chaque petit lot qui traverse la route sur le passage piéton, ou sur la blondinette dans sa Porsch cayenne, à côté d’eux au feu. Il se contente de les toiser, attendant le feu vert. Et rapidement, ils arrivent au club. “ Gares-toi et viens, j’ai un truc à te demander. Merci Misha ! “ Faut pas le nier, le Misha, il préfère ça. La tension est retombée, les idées d’Adrian ont vogué vers autre chose. Il se sent tendu le brun, quand son boss est à la limite de lui casser les dents. Il hoche donc la tête, puis part garer son joujou sur le parking.  

Ce boulot il l’aime bien le Misha. C’est pas très contraignant, il sert de chauffeur, au bord d’un bijoux pareil. Il est un peu candide le brun, s’imaginant qu’il n’a été engagé que pour ça, alors que tout au long de son entretient, Adrian s’est intéressé bien plus à son parcoure de dealer et de taulard, qu’à son cv, ma fois, relativement vide.  

Ejecté de sa voiture, il s’avance dans les allées du country club, comme s’il était chez lui. Démarche assurée, presque dansante, relaxe, saluant les employés qui ont bien finit par reconnaître le bonhomme, entre mille.

_ “ Edgar, t’as la peau qui flotte. “  

(cf = réplique du film Men In Black) Balance-t-il à l’un des jardiniers, levant son briquet sous les yeux du pauvre homme comme s’il allait lui faire perdre la mémoire avec un joujou technologique d’un autre temps, à la Men In Black. Pour sa défense, le vieux ne s’appelle peut-être pas Edgar, mais il a vraiment la peau qui flotte, là, juste en dessous du menton.  

Il finit par atteindre le bâtiment, il le traverse puis vient toquer à la porte du bureau d’Adrian. Il entre un peu plus calmement, parce que bon, le patron lui fait rentrer sa queue entre les pattes un peu. Il ôte ses lunettes Will Smith et les fourre dans la poche intérieur de sa nouvelle veste Hugo Boss. Puis il pose un regard sur le siège que lui montre le patron. “ Le jour où tu trouves un autre patron qui te fait le café, tu me le fais savoir ! “ Le petit clin d’œil lui fait étirer les lèvres au Misha, bien que là, il a l’impression de se retrouver dans une entourloupe. Depuis quand le patron lui fait un café ? Et surtout, depuis quand lui, il boit un café ? Il s’assoie, un peu sur la défensive. Il prend la tasse, ne sachant même pas comment on boit un café dans la haute société. Son reflexe est donc de lever son petit doigt, à l’anglaise. Il porte la tasse à ses lèvres, mais c’est un peu trop chaud pour lui. Il grimace, et repose la tasse, alors qu’Adrian s’approche, une enveloppe en main. Ça fait très film de mafia, si bien que Misha se retourne, pour vérifier qu’il n’y avait pas d’autres hommes en noirs autour. Mais rien. Un brin rassuré, il lève ses yeux clairs vers le boss. “ On sait tous les deux pourquoi tu as été engagé, pourquoi tu ne peux travailler que pour moi au country club. J’ai besoin d’un service… “ Ça met du temps à se relier dans son cerveau. Mais quand il avait parlé à Miguel, son fournisseur de drogue, de son nouveau job, la première réaction de celui-ci avait été de lui rappeler que ça commençait toujours comme ça dans la mafia. Il n’en n’avait rien écouté le taulard, mais soudainement, il le regrettait. Parce que le Miguel, il n'avait probablement pas tort. Si Adrian est venu le chercher lui, et expressément lui, avec son casier judiciaire, c’est qu’à l’évidence il attend autre chose de sa petite personne. Ça fait presque prise d’otage dit comme ça. Pour ne pas paraître plus bête qu’il ne l’est déjà, Misha hoche la tête positivement, comme s’il était d’accord avec ces termes du contrat. Si ça se trouve, c’est ce qu’il a fait à l’entretient, et c’est ce qui l’a entraîné jusqu’ici. La prochaine fois, il écoutera vraiment les gens parler. “ J’ai une réunion demain matin avec un potentiel client. Sa femme s’est inscrite au country club, lui veut user du lieu pour des rencontres professionnelles. Encore des nouveaux riches dans notre belle ville… “ Problèmes de riches quand même. Le patron lui tend une enveloppe. Il la prend. Il l’ouvre, curieux. Il y trouve des documents, photos. Des adresses, des numéros... Et une liasse de billets verts. Les yeux de Misha manquent de sortir de leurs orbites, alors qu’il lève brusquement les yeux vers Adrian.  

_ “ Boss, qu’est-ce que... ? “

“ J’aimerai que tu me trouves les activités précises de cet homme, ces relations professionnelles et si, par le plus grand du hasard… Si monsieur a une relation extraconjugale… J’ai entendu des bruits de couloir là-dessus, tu saurais vérifier si c’est vrai ? Je double la somme si tu m’apportes tout ça avant 10 jours. “ Il double la somme ? Attendez, mais y’a combien d’argent rien que dans ce paquet ? Misha fait riper les billets dans sa main, se demandant même ce qu’il pourrait bien offrir à Juliet ou Darcy avec tout ça. Un diamant ? Un vrai pour Juliet, pour commencer. Ah non, qu’il est con, il la bloqué, ils ne se parlent plus. Un nouveau furet à Darcy ? Histoire d’en avoir un d’avance pour quand il aura perdu le premier ? Et doubler, attendez... Doubler ça veut dire fois deux ? Deux grosses liasses de billets épaisses comme ça ? Il a la tête qui tourne, et pourtant, il est clean ce matin. Il n’a rien eu le temps de fumer, ni même de snifer.  

_ “ Quand vous dites doubler... C’est.. Deux comme ça ? “

Il lève la liasse de billets pour s’assurer qu’il a bien compris le deal. Non parce qu’en plus de pouvoir gâter ses petites femmes avec tout ça, il va pouvoir s’acheter de la meilleure weed, et de la meilleure coke. Probablement.  

_ “ Et si je l’attache à une chaise et j’le frappe jusqu’à ce qu’il avoue son infidélité, ça passe ? “

Dans les films ils font comme ça, ça doit sûrement être ce qu’il attend de lui. Il plisse légèrement des yeux quand même, alors que son regard retombe sur les billets de banque. Est-ce qu’Adrian file tous les infidèles qui fréquentent le club ? Non parce que lui, il a une alliance au doigt, mais beaucoup d’autres copines autour quand même. Va peut-être falloir qu’il serre les fesses un peu.  

_ “ Je prendrais quelques photos avant. Je crois que ça va être un jeu d’enfant. “

Peut-être bien parce qu’il est lui-même ce genre de mec, et qu’il en connait les combines. Puis bon, ça fait beaucoup d’argent au bout. Les billets verts se reflètent dans ses prunelles pétillantes. Il range tout le contenu de l’enveloppe à l’intérieur, sauf les billets qu’il fourre dans la poche de sa veste, avec ses lunettes. Il passera à la bijouterie en sortant du travail. L’enveloppe retombe sur ses cuisses, et ses yeux, sur Adrian.  

_ “ Vous... En avez souvent des services, comme ça ? “

Il demande d’une voix quelque peu inquiète. Ou curieuse. Parce que c’est de l’argent facile, faut le reconnaître. Mais jusqu’où il peut aller le Adrian ? Il ne va pas lui demander de cacher un cadavre non plus ? On n’est pas dans Riverdale ? N’est-ce pas ?