cause I tend to contradict a lot

Des échanges sans arrêt, qui n'avaient pas de sens. Un temps perdu à faire des enfantillages avec son ex patron. Misha Kane. Ce nom beaucoup trop connu à Klamath Falls et l'égo qui allait avec, sans aucun doute. Eleonor avait été aux premières loges des vagues qu'il causait pendant un temps, comme elle avait décroché un job et que le brun était débarqué comme nouveau propriétaire, roi des lieux, le Pikey était devenu comme son QG et Ellie avait été témoin de toutes les histoires aussi inusitées les unes que les autres. La brune elle avait besoin de ce boulot, mais jusqu'à un certain point. Un bar c'était pas le lieu où on s'attendait à trouver Ellie, de base. Ce n'était pas son genre d'endroit et pour cause, elle a fini par se décider et quitter cet endroit sans dessus dessous depuis l'arrivée de Misha. C'était assez clair que l'endroit il le voulait plutôt pour s'amuser que pour le gérer. La britannique elle avait pris l'habitude de passer derrière lui pour régler certains trucs, des clients un peu trop provocateurs, elle les remettait à leur place, même si Misha s'en mêlait quand ça le dérangeait.

Misha, elle avait jamais vraiment réussi à le cerner. Son humeur changeait sans prévenir et une autre opportunité s'est présentée alors Ellie elle avait décidé d'en profiter. Mais évidemment, dans le chaos de sa propre vie, le départ de Lucas, elle avait été précipitée et elle avait oubliée de prendre toutes ses affaires. Le bar était sans doute une métaphore de sa vie en quelque sorte. Et maintenant, elle tournait la page. Elle n'avait pas le choix. Avec du recul elle avait l'impression d'avoir traversé une tempête et de tout juste reprendre son souffle. Eleonor se remettait en question, plus qu'à l'habitude du moins. Mais son sourire ne défaillait pas et elle continuait d'avancer. Elle ne parlerait pas de ce qui la tracasse. De toute manière, il n'y avait plus moyen de revenir en arrière. Ce qui est fait est fait, même si ça n'avait pas été son choix. Elle se concentrait sur son boulot au café, ses cours à donner à l'université et son nouveau chez soi. Jamais elle n'arrêtait. Mais à force de défaire ses boîtes, elle en était venue aux faits que le reste de ses affaires étaient au Pikey et qu'elle devait y passer.

Vers 20h00, elle sortit de l'université, deux cours donnés, et le peu d'énergie qui lui restait allait se diriger vers un repas fast-food et de la lecture pour le lendemain après avoir récupérer ses affaires. Elle avait l'impression qu'il était tard mais en entrant au Pikey en ce jour de semaine, elle découvrit le bar quasiment vide. Un regard aux horizons mais personne sur le plancher. Eleonor prit son téléphone pour envoyer un message à Misha mais elle abandonne le projet et décide de se diriger vers l'arrière vers le bureau. Rien n'avait vraiment changé depuis son départ, ça aurait été étonnant. Ellie remet son sac sur son épaule et se fait discrète jusqu'à son arrivée à l'arrière, un peu plus sombre mais la lumière du bureau qui donne un signe de présence. Eleonor s'approche de la porte entre ouverte et cogne juste assez fort pour qu'il l'entende. « Tu voulais une présidentielle. Me voilà. » déclare Ellie, sans lui donner réellement ce qu'il veut. « Tu sais que t'as personne en avant là. » Elle ajoute en guise de salutation, observatrice. C'était plus son problème maintenant, déformation professionnelle.  

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♛  w/ @Eleonor Bukater
tw : Tous s'qu'on peut attendre de Misha. Alcool.

Il ne savait pas vraiment de quelles affaires elle parlait, quand elle le harcelait de messages, pour savoir si c’était lui qui les avait. Mais faut reconnaitre que ça l’avait amusé. Ça ressemblait plutôt à un prétexte pour maintenir le contact, surtout que ce n’était pas difficile sinon, de juste s’arrêter un matin au bar pour vérifier. Au lieu de ça, elle a eu besoin de textos constants pendant des semaines. Ho il y était habitué maintenant, à quelques filles qui tentent à un pas en avant, puis un pas en arrière. Parce qu’il est attirant le taulard, mais dangereux. Elles savent toutes qu’il faut le partager, ça fait reculer. Pourtant, elles ne peuvent pas s’empêcher de s’imaginer, être l’exception. Des exceptions y’en a pas beaucoup. Y’a eu que Juliet. Et à force, Misha, il va croire qu’il n’y avait qu’elle capable de faire de lui, un homme bon. Fidèle. Meilleur.  

En parlant de Juliet. Y’a Ellie qui passe la porte de son bureau, alors qu’il était dans ses pensées, le regard vide rivés sur le mur d’en face. Ellie, elle lui a toujours rappelé Juliet. Au-delà de leur ressemblance physique flagrante, elle a tendance à avoir quelques points de caractère en commun. Hormis le fait que Juliet est toujours si douce avec lui, à prendre soin de lui, jusqu’à le ramasser dans le fossé quand il est ivre mort sur le bas-côté de la route. Ellie elle est plus terre à terre, et plus forte. Plus de répondant. Moins naïve aussi, peut-être. Mais ça n’empêche que ce regard, si semblable à celui de Juliet, l’a toujours dépourvu. Et le sien, il quitte le mur, pour croiser Eleonor. Il croise alors les bras, s’enfonçant dans le fond de son fauteuil, un sourire mesquin se dessinant au coin de ses lèvres. Il savait qu’elle finirait par venir. “ Tu voulais une présidentielle. Me voilà. “ Comme si c’était lui qui le voulait à tout prix ? Il ne fait que tirer sur la corde qu’elle ne cesse de balancer, avant de revenir en arrière. Il ne dit rien, mais son sourire s’étire un peu plus, alors qu’il la toise du regard. “ Tu sais que t'as personne en avant là. “ Ouai, il le sait. Les clients arrivent toujours plus tard au Pikey. C’est après 19h qu’il a du monde. Avant, ils sont tous dans les cafés, et finissent souvent en beauté dans le bar du taulard. Là ou l’animation est toujours un peu trop débordante, voir même trop bruyante pour les habitants des environs. Mais ça, Misha, il s’en fiche pas mal.  

_ “ Y’a moi, l’équipe du soir va pas tarder. “

Et il recule son fauteuil en pressant ses mains contre le bureau, afin de sortir de là. Bien décidé à se jouer de la brunette, il passe devant elle en ne lui adressant qu’un bref et malin regard, puis il rejoint l’avant du bar. Il retrousse les manches de sa chemise, puis se faufile derrière le comptoir, pour préparer des bouteilles, et des verres, pour les premiers clients qui ne tarderont probablement pas à arriver.  

_ “ Regarde dans l’arrière boutique, pour tes affaires. Mais y’a rien qui soit à toi, ici. “

Ouai, il aurait pu lui dire plus tôt, mais ça aurait été moins amusant. Les yeux tombés sur son travail, il remplit deux verres d’un bon Whiskey, puis repose la bouteille. Il se retourne alors vers Ellie, et lui tend l’un des deux verres ambrés.  

_ “ T’aurais pu mieux trouver comme excuse, pour me voir. “

Qu’il la nargue, enjôleur, alors qu’il laisse le verre en ses mains, et s’empare de l’autre pour lui-même. Il en avale une gorgée, après avoir trinqué son verre contre celui d’Ellie, sans même qu’elle ne bouge. Puis il vient coller son derrière au comptoir de travail, derrière lui, reposant son verre à côté.  

_ “ J’t’ai beaucoup manqué. “

Et c’est même pas une question.  

Le bar n'avait pas changé depuis qu'Eleonor avait rendu son cabaret de serveuse au Pikey. C'était toujours aussi sombre, un peu intrigant comme n'importe quel bar sans doute, mais il n'avaient pas tous Misha Kane à leur tête. C'était peut-être, sans doute, à leur avantage. Ellie, elle n'était pas dupe. Elle savait bien que Misha s'amusait et faisait tout en son pouvoir pour que l'attention reste sur lui et l'enquiquiner comme le font les gamins. Il était un adulte avec la maturité d'un enfant de cinq ans. Mais bon, elle lui laissait tout de même le bénéfice du doute avec sa fille. Parce qu'elle était comme ça Eleonor. À toujours voir, croire, qu'il y a un bon côté chez les gens. Et le brun il n'y faisait pas exception même s'il avait le don de lui taper extrêmement sur les nerfs. Encore, malgré son départ du Pikey. Et c'était peut-être pour ça qu'il semblait toujours vouloir venir la chercher autant. Parce qu'autrement, Ellie serait tout simplement disparu du décor. La brunette n'était pas stupide, elle le connaît, et Misha ne faisait jamais rien sans avoir un intérêt quelconque.

Elle le regarde après être entrée dans son bureau, un fouillis sans nom, en attendant une réponse de sa part. "Y'a moi." Voilà qui est rassurant, pensa Ellie avant de le voir se lever et qu'elle le suive, inévitablement en avant. Au moins il se bougeait un peu. Au passage, elle arrête un instant pour regarder si les affaires qui lui manquent sont sur son ancien lieu de travail, mais rapidement elle réalise qu'en vain, elle ne trouverait pas grand chose et que Misha devait le savoir depuis le début. « Misha, t'es pas sérieux? » évidemment que oui. Et si Eleonor ne veut pas lui donner la satisfaction de l'exaspérer, c'est difficilement qu'elle garde son agacement envers son ex patron. « C'est pas une excuse il me manque des trucs importants‒ » Eleonor s'arrête quand elle arrive à la hauteur du bar. Misha il doit bien s'en foutre de savoir ce qu'elle peut bien réellement chercher. Il joue avec sa patience, rien de plus, rien de nouveau. « C'est pas une excuse si je voulais te voir j'aurais qu'à arrêter au poste. » lui lance Ellie, sans jugement, juste des faits, en référence au fait qu'elle avait dû être en charge parfois quand Misha se retrouvait pris avec Adán.

Elle prend le verre qu'il lui offre et le regarde incrédule. Ils avaient rarement, jamais, bus ensemble, rien que comme ça. Sans prétexte. Eleonor, elle buvait rarement, même si ça lui avait donné plus de pourboire sans doute. Être barista dans un café, ça lui ressemblait plus. Malgré tout, elle trinque avec le brun et prend un peu de la liqueur qui vient enflammée ses sens alors qu'elle touche ses lèvres. « J'crois plutôt que c'est à toi que j'ai manqué. Sinon tu m'auras dit bien avant que mes affaires sont pas ici. » Eleonor le regarde, un peu joueuse. C'était pas par paresse, car il savait que ses affaires n'étaient pas là, donc il avait regardé. Il aurait très bien pu la prévenir et non éterniser leurs textos jusqu'à ce qu'elle accepte de venir. Alors qui avait manqué à l'autre? Les paris sont ouverts.

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Une réaction un peu naïve dans le fond. Lui demander à lui, Misha Kane, s’il était sérieux ? Il en hausse simplement les épaules, pour se moquer un peu plus, mine simplement désintéressée. Y’avait même pas de sous-entendus dans ses actes ou ses sms. Elle l’avait juste bien cherché, à le “harceler” autant de message, alors qu’il lui suffisait de passer voir par elle même. Et si elle ne voulait pas le voir, comme elle l’affirmait, elle n’avait qu’à passer quand il n’est pas là. En journée par exemple. Lui, il surveille plutôt le bizness de soirée. Puis il n'est pas du matin, le réveille avant le soleil, très peu pour lui. En fait, elle avait un comportement foutrement étrange, que Misha avait bien du mal à cerner. C’était quand même elle qui revenait sans arrêt par message. Même quand il y coupait court. Et bien malgré le fait qu’elle semble sous-entendre, ne pas vouloir le croiser, elle cherche à venir quand il est là ? Y’avait tellement de contradictions dans les dires et les agissements de cette nana. Alors quand elle semble lui reprocher la perte de ses cartons, il avale sa gorgée d’alcool, repose son verre, puis pointe son regard dans le sien, avec une certaine insistance.

_ “ Et alors ? S’pas de ma faute si tu sais pas ou tu range tes affaires, non ? “

Léger agacement dans sa voix. Le brun il peut bien reconnaître qu’il est chiant, et qu’il en a fait des mauvais coups, aux filles. Mais là, ces cartons-là, il y était pas pour grand-chose. S’ils avaient réellement été déposés là, c’était pas lui qui y avait touché. “ C'est pas une excuse si je voulais te voir j'aurais qu'à arrêter au poste. “ Le verre remontée à sa bouche, il échappe un rictus ironique, embuant légèrement le verre. Et il boit une nouvelle gorgée, hochant légèrement la tête après coup, quand le verre retrouve le bois du bar. Ses doigts eux, restent autour du récipient.

_ “ J’partage pas ma cellule. “

Sourire tout autant ironique. Et ses yeux tombent sur le verre qu’elle ose enfin toucher. Il n’a pas l’habitude de la voir boire. Sauf les cafés, elle arrivait souvent pour embaucher, avec de la caféine. Ou du thé. Un truc bien britannique ça, d'ailleurs. “ J'crois plutôt que c'est à toi que j'ai manqué. Sinon tu m'auras dit bien avant que mes affaires sont pas ici. “ Il aurait pu, mais avec le nombre de rendez-vous qu’il avait ces derniers temps, il n’aurait même pas su ou la caser, non ? La vérité, parce que du temps pour une jolie fille, il en trouve toujours, c’était surtout qu’il aimait faire chier le monde. Encore plus quand la fille en question le poursuit plus que lui ne le fait. Il n’a pas même eu besoin de relancer leurs conversations, ou de revenir à sa charge, elle le faisait d’elle-même. Pourquoi se serait-il coupé l’herbe sous le pied, alors qu’il a cruellement un ticket. Qu’elle n’assume pas, ça va de soi. Elle fait sa forte tête, sa sainte-ni-touche, mais ses pensées sont bien différentes de son attitude. Il n’est pas psychologue Misha, mais les filles, il commence à les capter. Il est beaucoup de choses, mais pas naïf.

_ “ C’est pas à moi de courir après tes boites. “

Qu’il répond tout simplement, en haussant une nouvelle fois les épaules. Il termine alors son verre, d’une traite, puis le repose un peu brusquement, grimaçant alors que l’alcool traverse sa gorge. La chaleur passée, il lâche le gobelet, puis voyant le barman passer la porte du Pikey, il contourne à nouveau le comptoir. Il croise le gamin qui a un pas pressé, étant en retard. Sa main à Misha, s’abat légèrement à l’arrière de sa tête de l'employé, pour le lui reprocher silencieusement. Le gamin échappe un léger rictus, pourtant gêné, et disparait dans l’arrière-boutique, pour en ressortir sans ses affaires. Il prend aussitôt son poste derrière le bar, et Misha se retourne vers la brunette, encore devant.

_ “ Pour qu’une meuf me manque, faut qu’je sache si c’est un bon coup. “

Qu’il lui répond finalement, sourire en coin des lèvres. Puis il revient s’assoir sur un tabouret, à côté d’elle, penchant légèrement son visage vers son épaule pour l’étudier ouvertement du regard. Jolie fille, sans nul doute. Trop de ressemblances avec Juliet, un poil perturbant. Quoi qu’excitant. Le seul problème de cette fille là, c’est qu’elle est coincée. Trop sérieuse. Elle se déride pas. Une vie d’adulte, mûre et responsable, qui la noie un peu trop, selon Misha.

_ “ J’suis pas sûre que t’en soi un. “

Il fait mine de réfléchir, les sourcils très légèrement froncés.

_ “ T’es dans la retenue. “

Trop dans la retenue, allant jusqu’à ne même pas assumer le pourquoi, elle tenait à venir ici. Ca l’amuse un peu plus, le sourire se dessine en coin de ses lèvres, comme s’il prenait tout à coup, un petit jeu enjôleur. Oh c’était pourtant pas le but de sa soirée. Il avait après tout, déjà trop de rendez-vous à honorer, ces derniers temps. Faut dire que depuis Stefan, il avait tirer à bout portant sur Tinder, comme pour se rassurer de ne pas être de l’autre bord.

Misha était définitivement de cette catégorie d'êtres qui étaient impossibles à suivre. Eleonor était capable de cerner le personnage, ça oui. L'image qu'il montrait au monde, l'extérieur, ça c'est facile à simuler. On en fait ce qu'on veut. Pour une raison ou une autre. Chaque personne à ses motifs. Ce n'était pas hors du commun. Mais Misha il s'entête à garder cette image et dire qu'il n'y a rien d'autre. C'est ça que la petite brune n'avait jamais vraiment cru. Mais elle le laissait faire. S'il voulait absolument donner cette image et se convaincre que c'est qui il est, Eleonor ne pouvait pas s'obstiner éternellement. Surtout qu'il semblait se faire un plaisir d'agir en cohérence avec son discours. Mais peu importe. « J'vais m'abstenir de visiter les cellules. J'crois même que tu dois en avoir une gravée à ton nom. » Eleonor lui dit en le taquinant. Elle ne juge pas sa réputation, ou ce qu'il a fait ou non. C'est difficile de démêler le vrai du faux, de toute façon. Ils avaient chacun leurs démons. Et même si le brun pouvait être un véritable imbécile par moment, il n'était pas vraiment méchant au fond. Il y avait ça de gagné.

« Ce sont des trucs importants, je dois les retrouver. » Ajoute Ellie en prenant une bonne gorgée du liquide qui vient la brûler au contact de ses lèvres. Autant dire qu'elle préfère ça de loin que de gérer la boîte en question. Ce déménagement ne prendrait jamais fin, elle se démenait sans arrêt pour enfin tourner la page sur son ancienne vie. Elle commençait réellement à en avoir assez de cette situation. D'habitude optimiste, ces derniers temps elle était plutôt sur les nerfs et à fleur de peau. Le commentaire de Misha ne surprend pas la britannique. Comme si c'était la première fois qu'elle entendait quelque chose comme ça lui sortir de la bouche. Elle avait vu une tonne de filles débarquées lorsqu'elle travaillait encore au Pikey. C'était typique de Misha. « Évidemment. » souffle Eleonor en le regardant du coin de l'oeil. « Pour bien investir ton temps. » C'était quand elle se retrouvait confrontée à ce genre de situation qu'Eleonor se sentait sur ses gardes. Parce que pour Misha c'était une sorte de jeu. Sans savoir ce que ça pouvait être pour les autres. Et Ellie avait ce réflexe de figer.

« Qu'est-ce que ça peut bien te faire que je sois un "bon coup" ou pas? » Elle le regarde sérieusement. « Tu as un fan club de toute manière. » Elle replace une mèche de cheveux derrière son épaule. Elle est énervée et fâchée Ellie, bien qu'elle tente de garder son calme. Elle s'en veut à elle, parce qu'elle est incapable de se détacher des piques de Misha et que ses paroles viennent la chercher. Mais pas pour les raisons qu'il pourrait croire. « La retenue? » Elle lui dit comme si de rien était avant de plonger son regard dans le sien. « J'crois pas que t'as envie de me voir sans filtre Misha Kane. » C'est un fait. Elle n'était pas de tout repos ces temps-ci. « Et puis qu'est-ce qui te fait pas penser que ça te plairait? » C'était véritablement un jeu pour lui et rien d'autre. Rien qu'il ne prenait au sérieux. Eleonor finit son verre d'un trait et le dépose sur le comptoir. La brune se dirige vers l'arrière du bar et passe Misha, prenant des shooters et les déposant à côté du brun. « Tu veux savoir quoi? » Ellie regarde Misha comme pour le défier de suivre. Le jeu le plus vieux de l'histoire, mais il n'y avait plus de retour en arrière. Les apparences, c'en était assez.

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“ J'vais m'abstenir de visiter les cellules. J'crois même que tu dois en avoir une gravée à ton nom. “ Petit sourire en coin, alors que pourtant, ce n’est même pas le cas. A chaque fois qu’il part pour la taule, il a une cellule différente, parce que la sienne est reprise dès qu’il sort. Faut pas croire qu’en Oregon, y’a pas de délinquance et que les centres d’incarcération ont de la place. C’est aussi plein qu’ailleurs. Ils les amènent de partout les taulards, quand y’a plus de place dans les autres taules du pays. Cependant, y’avait bien des murs et des meubles avec les initiales de Misha un peu partout. Ça lui passe le temps, quand il met la main sur un canif. Et peut-être aussi qu’il ne peut pas s’empêcher d’abîmer les choses. “ Ce sont des trucs importants, je dois les retrouver. “ Pas plus bavard que ça, il se contente d’hausser les épaules, considérant que ce problème n’était pas le sien. C’était pas à lui de faire attention aux affaires des autres, alors qu’il doit déjà gérer et penser à retrouver ou il a couché sa gosse, à chaque fois qu’il la laisse quelque part. Une fois il l’a bien oublié au bord d’une caisse dans un supermarché. “ Pour bien investir ton temps. “ Son sourire semble satisfait, presque hautain, ou mesquin. Il est plutôt fier de sa connerie, faut le reconnaître. Mais encore une fois, il se contente de ça, sans un mot. On ne peut pas dire que Misha soit en manque de discussion. Quand il a une connerie à sortir, elle est débitée avec une utilisation excessive de mots inutiles. Mais quand l’alcool manque dans ses veines, et qu’il est peut-être un peu plus lui-même, il est beaucoup plus dans l’observation, la constatation, que la conversation. De toute façon, ça n’a jamais été un art dans lequel il a brillé.

“ Qu'est-ce que ça peut bien te faire que je sois un "bon coup" ou pas ? “ Léger haussement d’épaule. Ça pouvait être sans importance, mais le fait qu’elle ressemble un peu trop à Juliet lui faisait se poser la question. Ou le simple fait qu’elle soit jolie n’y est pas pour rien non plus. Quand une fille est à son gout, automatiquement, l’idée lui traverse l’esprit. Mais Eleonor elle a un petit quelque chose de fille sage. Trop sage. Pour qu’il puisse s’imaginer une éclate totale au lit. Elle est sûrement sur la défense, un peu dans la retenue. Trop sérieuse. Trop responsable. “ Tu as un fan club de toute manière. “ La réplique étire un peu plus son sourire au taulard, et ses yeux bleus s’arrêtent sur le visage de la jeune femme. Tout à coup, c’était comme si les mots de la barmaid devenaient plus intéressants.

_ “ T’es jalouse on dirait. “

Qu’il la nargue, amusé. Nul besoin de poser la question, c’est une constatation assurée. Elle semble s’agacer, elle qui reste toujours dans son coin, et qui encaisse en gardant le sourire. Là, elle est piquée au vif, ça se sent. Et lui, plus il parvient à faire sortir les gens de leurs baskets, et plus ça l’amuse. “ La retenue? “ Il hoche la tête de haut en bas, pour confirmer. Sourire bien trop mesquin et joueur aux lèvres. Qui n’arrangeait probablement rien à l’agacement qui commençait à ronger la brunette de l’intérieur. “ J'crois pas que t'as envie de me voir sans filtre Misha Kane. “ C’était pas à lui qu’il fallait dire ça. Lui qui s’amuse des pires situations, et qui aime tant mettre les autres à bout. Nouveau haussement d’épaule, innocent, faussement détaché.

_ “ Essaie pour voir. “

Qu’il marmonne d’un ton presque suave, qui se veut terriblement moqueur, ça va de soi. Pourtant, ses yeux sont eux, fortement rivés sur elle. Elle a finalement capté son intérêt, pile au moment où l’énervement pourrait la faire partir en furie. Ce qui ne l’inquiétait guère lui. Il se doutait que si elle prenait la porte tel quel, elle reviendrait par texto sous peu. Elle semble avoir une légère addiction à sa messagerie. “ Et puis qu'est-ce qui te fait pas penser que ça te plairait ? “ Il arque un sourcil, avant de l’observer bouger. Elle le rejoint de l’autre côté, se servant elle-même. Deux shooters qu’elle pose brusquement sur le bar, avant de croiser à nouveau ses yeux.

_ “ Que ça me plairait, ou que ça me plairait pas ? Elle est pas précise ta question. “

Qu’il se moque, sachant pourtant pertinemment qu’elle doit être tout simplement trop agacée, pour user des bons termes, ou des bons mots dans le bon sens, ici en l’occurrence. De plus en plus satisfait de la tournure des évènements, il se redresse, puis s’empare d’une bouteille de vodka. Il s’avance, se poste à côté d’elle, assez pour que son bras frôle sa silhouette, alors qu’il commence à remplir les deux petits verres du liquide incolore.

_ “ La vraie question c’est pas s’que j’veux savoir bébé. “

Il repose la bouteille, puis fait glisser l’un des deux petits verres vers Eleonor. Tandis que l’autre, il s’en empare et le relève légèrement.

_ “ C’est s’que toi t’as à dire. “

Et il vient noyer son mauvais sourire dans son verre, qu’il avale d’une traite. Elle a du courage de s’attaquer à Misha Kane à ce jeu-là, parce qu’alcoolique comme pas deux, il aura bien plus l’avantage. Elle en sera déjà par terre, qu’il n’aura l’impression d’être qu’à l’apéritif. Son verre retrouve le comptoir, bruyamment, et il reprend la bouteille pour une seconde tournée.

_ “ Viens pas te plaindre demain, si t’as pas su résister à Misha Kane. L’alcool n’est pas une excuse valable. ”

Et à nouveau, son petit verre vient planquer son sourire. Verre qu’il vide aussi vite que le premier.