I already have you but I wanna know you again w/ drew

Si Oliver s’est levé de bonne heure ce matin, ce n’est pas pour entreprendre la tournée quotidienne qu’il fait à travers quelques quartiers de la ville pour distribuer le courrier aux habitants, mais bien parce que ses pensées l’ont empêché de finir sa nuit correctement. Aujourd’hui est un jour qui sort de l’ordinaire, à ses yeux, parce qu’il n’avait pas prévu ou pensé que les choses se dérouleraient de cette manière. Parce qu’il ne s’attendait tout simplement pas à retrouver une Andie se pendant à son cou de joie de le retrouver en ville. Il s’en était fait, bien des scénarios, mais pas celui-là. Et quand elle lui a envoyé un message pour lui transmettre son numéro, il a attendu presque une journée complète avant d’être capable de lui répondre. Il a écrit plusieurs fois, tourné les phrases dans plusieurs sens, mais les a toutes effacées jusqu’à la dernière. ‘Lance-toi, elle ne va pas te manger !’ lui avait fait remarquer Sirius, et ce n’était pas faux. Si bien qu’il ne lui a pas fallu de longs échanges avant de proposer au pompier de l’accompagner lors de son prochain jour de garde pour l’aider à lever le pied. À l’instar d’un gamin, il était resté accroché à son téléphone, attendant la réponse de la brune, comme si sa santé mentale en dépendait. C’est de cette manière, tout simplement, qu’elle l’a invité à manger chez elle. Il rit encore à cette idée et a vraiment hâte de voir si les talents de l’Abernaty se sont améliorés car dans ses souvenirs, la cuisine était plutôt de son domaine, de peur que tout ne finisse carbonisé ou mal assaisonné. La suite de la conversation a été de plus en plus aisée et lui a permis de se détendre face aux appréhensions qu’il avait vis-à-vis de Drew. Mais désormais que le dit jour est arrivé, le trac remonte à la surface. Elle a été importante pendant longtemps, Drew. Il l’a aimée pendant longtemps et ça a été difficile pour lui de se détacher de certaines habitudes, de penser à un avenir auquel elle ne faisait plus partie. Il n’est pas resté accroché telle une moule à son rocher, loin de là, il a avancé, évolué, et la vie a suivi son court, mais c’était tout simplement plus facile en ne la sachant pas à portée de bras. Il a énormément de respect pour cette femme, Oliver, et c’est bien pour cette raison qu’il n’a pas de rancœur envers elle. Et il le sait, qu’il est tout à fait capable de devenir son ami, de prendre de ses nouvelles régulièrement et de se montrer tout aussi soutenant qu’il a pu l’être par le passé tout en conservant sa place. Mais ce serait mentir que de dire que de croiser son regard à nouveau ne lui a pas fait un pincement au cœur. Pourtant, il est tout à la fois impatient de pouvoir partager cette soirée en sa compagnie, d’apprendre d’elle ce qu’il a manqué dans les étapes de sa vie, où elle en est, ce qui l’anime et la fait vibrer actuellement, d’échanger, tout simplement, sans forcément avoir besoin de ressasser leur passé commun. C’est donc avec une boule légère à l’estomac qu’il déambule à travers les étalages du caviste à la recherche du vin qui conviendrait à Drew. C’est sur un blanc de la vallée de Napa que son choix s’arrête pour accompagner le repas du soir. Avant de s’en aller, il attrape également une bouteille de rouge qu’ils ne seront pas obligés de déboucher mais qu’elle pourra conserver dans sa réserve pour une prochaine occasion. Les deux bouteilles dans les bras, l’enfant de l’Oregon sonne au bas de l’immeuble de l’Aberaty. « Salut, c’est moi. » s’annonce-t-il naturellement à travers l’interphone. Le temps d’une seconde, il se dit qu’il devrait peut-être préciser le ‘moi’ mais la porte lui est déjà ouverte et l’étage indiqué. Il en a presque les mains moites en arrivant devant la porte de son ex, mais c’est un grand sourire qui s’affiche sur ses lèvres lorsqu’il l’aperçoit dans l’encadrement de la porte d’entrée de son appartement. « Bonsoir, comment tu vas ? Tu es magnifique, Andie. » ne peut-il s’empêcher de remarquer, complimentant la jeune femme sans retenue. Il vient déposer un baiser sur sa joue avant d’être invité à le suivre et pénétrer dans son antre. Curieux mais discret, l’homme détaille les lieux en lançant des regards ci et là sur la déco du couloir jusqu’à arriver vers la pièce principale. « Tu n’as pas encore fait exploser la cuisine à ce que je vois. » ne peut-il s’empêcher de la taquiner avec légèreté avant de se souvenir qu’il tient deux bouteilles de vin sous son bras. « Tu avais parlé d’une ou deux bouteilles… Le blanc est pour ce soir. » sourit-il en lui tendant les présents.

Cela fait plusieurs années qu’Oliver enchaine les conquêtes sans qu’aucune des histoires qu’il entreprend ne dure plus de quelques mois. Trop vite las, il a surtout énormément de mal à trouver à ces femmes une accroche suffisante, ce petit quelque chose qui fait toute la différence. Il sait que ça n’arrive pas toujours dès le départ, que le coup de foudre est rare, que parfois il faut laisser le temps au temps et que ça finira par venir, mais ce n’est tout simplement pas venu. Alors par respect, il a préféré mettre un terme à ses relations plutôt que de laisser espérer un avenir ensemble ou que l’accroche soit encore plus présente. Il espère ne jamais leur avoir manqué de respect, mais il faut l’avouer, auprès des ses amis et collègues à Seattle, il s’est fait une réputation : celle de l’insatisfait, de l’homme qui ne s’attache pas et ne tombe pas amoureux. Et dire qu’il n’est capable que ça serait mentir, c’est juste que, quand on sait à quoi ça ressemble vraiment –l’amour, c’est difficile de se contenter de moins, de ne pas avoir les papillons dans le ventre et le visage qui s’éclaire à chaque évocation de la personne, de ne pas penser à elle jour et nuit , de ne pas avoir envie de lui envoyer un message à chaque seconde qui passe, de ne pas avoir envie d’un avenir ensemble. En somme, tout ce qu’il ressentait aux côtés d’Andrea. Et si ça n’avait pas été facile d’oublier cela au début, c’est devenu de plus en plus facile à mesure que le sablier du temps s’écoulait. Cette relation ancrée en lui comme un repère, une jauge plutôt précise lui permettant de distinguer ce qui aurait pu en valoir la peine. Et surtout, si Oliver ne tire pas ses relations en longueur, c’est parce qu’il sait ô combien il est douloureux, après plusieurs années, de se rendre compte que l’un et l’autre ne sont pas sur la même longueur d’onde. Et cela, il l’a également appris de l’Abernaty. Des leçons qu’il a tirées de cette histoire qui à ses yeux reste la plus belle qu’il ait vécu. Alors puisque la rancune ne s’est jamais mise entre eux, il ne se sent pas à côté de la plaque lorsqu’il sonne à sa porte pour signaler sa présence. C’est nerveusement qu’il gravit les étages jusqu’à l’appartement de la brune mais toute trace d’énervement s’estompe lorsque la jeune femme lui ouvre la porte de chez elle. « Entre, viens… J'ai presque fini de tout préparer. » Naturellement, après les compliments, l’humour fait son apparition. Il faut dire qu’il ne se serait pas attendu à la voir un jour lui ouvrir la porte de chez elle, une cuillère en bois dans la main. Le grand brun se laisse guider à travers l’appartement jusque’à arriver dans la cuisine, au coeur de l’action. « Tu saura qu'en dix ans j'ai appris un ou deux trucs ! J'fais plus tout brûler et j'ai appris à utiliser le poivre correctement. » lui indique-t-elle, défendant sa place et son honneur, à l’instar d’un adolescent qui a fini par évoluer sur bien des points en quittant le nid de ses parents. « Il me tarde de goûter à cela. » déclare-t-il avant de lui présenter les bouteilles qui font office de présents. Il l’observe silencieusement s’éloigner de quelques mètres pour ranger la bouteille de rouge avec ses semblables avant de repasser près de lui pour déposer le blanc au frais. Chaque passage soulève une sensation en lui qu’il ne saurait décrire mais qui n’est pas désagréable du tout. « On ouvrira ta bouteille au moment de manger. » Le sourire du facteur s’illumine d’un sourire et il acquiesce d’un signe de tête lorsqu’elle lui propose de lui servir un verre d’une bouteille déjà entamée. Il la remercie alors que Drew lui tend son verre. « ... à faire à paix avec le passé. » propose-t-elle de trinquer, alors il surenchérit « À ces retrouvailles. » venant faire tinter leurs verres avec délicatesse, ne lâchant pas son regard. Il boit une gorgée du nectar clair avant de laisser son attention glisser vers les casseroles. « Qu’est-ce que tu nous prépares de bon ? » demande-t-il, curieux. « Je peux t’aider à finir quelque chose ? » propose-t-il alors, prêt à retrousser les manches, et surtout parce qu’il déteste rester planté là à attendre en regardant l’hôte s’affairer. Il suivra ses indications sur le bout des doigts sans ajouter son grain de sel, il se le promet. Le Maverick se délecte d’une seconde gorgée de vin avant de laisser sa langue se délier un peu plus. « Ça fait longtemps que tu habites ici ? C’est décoré avec beaucoup de goût. » reconnait-il. À vrai dire, du temps où ils habitaient ensemble, la décoration était un poste qu’elle occupait déjà, ayant carte blanche. Il croit d’ailleurs reconnaitre quelques éléments qu’ils avaient chez eux mais n’ose pas s’avancer.