à nos actes manqués (misha)

Aujourd’hui, Callie rentrait de plusieurs semaines de déplacement dans les plus gros cabinets de la firme. Le but avait été de récolter tous les chiffres de l’année passée, ressortir les évènements qui avaient pu impacter l’entreprise financièrement mais également de faire un point sur les entrées de nouveaux clients. Globalement, Callie était plutôt satisfaite du résultat, neuf chiffres s’affichaient sur le bénéfice de la firme, ce qui voulait dire qu’elle empocherait une grosse prime. Ses pupilles se dilataient à l’idée de la somme qu’elle allait pouvoir encaisser, elle se rapprochait de plus en plus des plus grosses fortunes du pays, une fierté pour elle qui avait démarré de presque rien quinze ans auparavant. Il n’y avait rien de plus important que l’argent aux yeux de la blonde, c’était même devenu une addiction, une drogue dont elle ne pourrait jamais se passer. Mais sa réussite n’aurait pu être celle-ci si elle n'avait pas eu l’aide d’autres substances, licites ou non. Des heures d’insomnie à travailler sans relâche alliant l’alcool, la caféine, la nicotine et la cocaïne, qui avaient tous été ses meilleurs amis depuis le début. Un doux cocktail qu’il fallait savoir doser à la perfection. Aucun regret, elle s’aimait comme ça et ne comptait pour rien au monde changer d’attitude. Même si elle avait voulu tout arrêter, elle en serait incapable, la dépendance s’était déjà diluée dans ses veines.

Enfin de retour dans la ville qui l’avait vu naître, Callie passa rapidement chez elle déposer ses valises, se changea pour une tenue plus formelle et repartie aussitôt. La journée était loin d’être terminée, un repas avec l’un de ses plus gros portefeuilles avait été programmé au Country Club de Klamath Falls. Officiellement, une histoire de rachat de fonds de commerce avait été décidé. Officieusement, Callie devait planifier une évasion fiscale dans l’optique de présenter un bilan au bénéfice peu élevé et réduire les montants des impositions. Un projet qu’elle avait l’habitude de faire, néanmoins le risque ne devait pas être prit à la légère. Elle avait donc réservé une table à son nom, en demandant spécifiquement être à l’écart des autres, il fallait qu’ils puissent parler librement. Le trajet effectué assez rapidement, Callie descendit de voiture, en prenant soin d’attraper son sac et laissa ses clés au premier venu qui avait la tête à travailler ici. Callie ne connaissait pas vraiment les employés d'Harbor Links, elle ne venait pas assez souvent pour s’en souvenir, et surtout elle n’en avait réellement rien à faire de ce bas monde. Elle regarda du coin de l’œil sa voiture s’envoler et avança vers l’entrée d’un pas assuré, faisant claquer ses talons pour annoncer son arrivée. Elle était comme ça Calliopée, l’important était dans l’attitude qu’elle renvoyait aux autres : assurance et dédain étaient ses maîtres-mots dans la vie, aucun autre sentiment ne devait ressortir. Une fois à l’intérieur du bâtiment, en avance sur l’heure du rendez-vous, l’américaine s’octroya une pause avant de parler de chiffres pendant de longues heures, elle se le devait bien. Alors elle s’approcha du bar et d’un simple signe de la main, appela la serveuse. « Un whisky sec. » Callie aimait traîner par ici quand elle en avait le temps, elle se sentait telle une reine entre ses murs, les employés à son service, toutes les demandes portées sur un plateau d’argent. Un endroit prestigieux qui valait bien son pesant d’or et qui la faisait se sentir chez elle. Recevant assez rapidement son verre, elle ne perdit pas de temps pour vider ce dernier d’une traite et un simple regard avait suffi pour être resservie. Un premier shot était suffisant pour Callie qui jouait dorénavant à faire tourner ses doigts sur le rebord du verre, la tête ailleurs.

Puis, au milieu du bruit de vaisselle, la blonde entendit des pas retentir, pensant être l’homme d’affaire qu’elle attendait, elle se retourna aussitôt, verre à la main. Mais non. Elle mit néanmoins quelques secondes à reconnaître la personne qui s’approchait. Elle n’avait même jamais réussi à oublier le mec qui lui avait foutu son premier vent, et ce souvenir était loin d’être positif. « Je vois que les exigences d’embauche ont été revues à la baisse. » dit-elle d’un ton désinvolte, dévisageant le brun de la tête au pied. Elle devait malgré tout l’admettre, elle n’était pas aussi mécontente de le revoir que son ton laissait paraître, même après onze ans.

@misha kane  :heeart:

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{ à nos actes manqués }
♛  w/ @Callie Kingsnorth

Misha, ce qu’il préférait dans son travail au Country Club, c’était la partie chauffeur. Attitré du directeur du club, ça lui permettait d’aller un peu partout en ville, un vrai pass droit. Puis il passait ainsi son temps dehors, à traîner dans Klamath Falls, entre les rdvs du boss. Entre deux courses, il avait même le temps d’aller visiter l’une de ses – trop – nombreuses femmes, et cet abruti se complaisait parfaitement dans cette vie de fénéantise et de décadence. Le truc, c’est que depuis que Dahlia l’a congédié - parce que son mari ne semblait pas vraiment d’accord que sa femme se tape son voiturier – le boss lui-même a ralenti les missions extérieures du Misha, l’obligeant à jouer les gros bras au sein même du club. Un boulot ennuyeux, pendant lequel il ne peut pas sortir d’ici pour prendre du bon temps. Il ne fait que monter la garde dans les salles de jeux, ou le restaurant. Il ne se passe rien, que dalle. Il peut avoir un jour chanceux, sur cinquante, ou il aura un client un peu trop ivre à foutre dehors. Pour une fois que c’est pas lui qui se fait jeter vers la sortie, pour cause d’alcoolisme. L’hôpital qui se fout de la charité, dans toute sa splendeur.  

Et aujourd’hui ne déroge pas à la règle. Il ne se passe rien. Les clients sont hautains, impolis et sont incapables de soulever par eux même, leur verre de champagne. Ça rigole, ça se moque des gens d’en bas, sans même se soucier des portiers, serveurs et vigiles les entourant, qui sont de cette pauvre catégorie de personne. Il s’ennuie le taulard. A tel point qu’il passe son temps près du bar, toute la journée, pour tourner autour de la barmaid, Angy. Elle n’est pas dupe la brune, elle le connait le ténébreux. Elle joue avec lui, sans jamais flancher. Il ne perd pas espoir lui, mais visiblement, il pédale dans le vide avec elle.  

Puis la soirée s’avance. Misha s’en va faire quelques rondes près des jardins, puis des sports d’intérieurs. Il n’y a pas grand monde en pleine semaine, dans les activités sportives, alors il en revient vite au restaurant. Il s’est pas mal remplit lui. Les gens viennent parler affaire, dans ce trou de discrétion assuré. Qu’ils croient. Parce que les gens comme Misha ont les oreilles grandes ouvertes, et sont de vraies commères. Lui par exemple, il passe son temps à envoyer des mails à Scandale, crachant sur tout le monde. Actes inutiles visiblement, puisqu’à chaque fois, la blogueuse s’en prend à lui avant les autres.  

Démarche assurée, il fait le beau dans les allées, entre les tables, jusqu’à atteindre à nouveau le bar. Angy n’est plus, elle a été relevée. Mais ses yeux bleus sont de toute façon, attirés par une tignasse blonde. Une connaissance, de longue date. Bien avant la taule et ses conneries. Ça remonte au moins au lycée tout ça. Callie. Une fille qu’il avait venté au détriment d’une autre, à l’époque. Une fille qu’il a revue des années plus tard, pour subvenir à ses besoins en drogue. Alors que Juliet occupait toute sa vie, empêchant la pauvre Callie de retenter sa chance. Et si l’adage dit que la troisième fois est la bonne, la pauvre, devra rivaliser avec une femme, et de trop nombreuses maîtresses, officielles comme officieuses. Quoi que le mot rivaliser sonne assez mal, quand on parle de Misha Kane. Il suffit qu’une fille batte des paupières devant lui, pour qu’il oublie tous les autres derrières. “ Je vois que les exigences d’embauche ont été revues à la baisse. “ Leurs regards se croisent. Juste un court instant. Parce qu’elle en est déjà à le juger, de haut en bas. Petit sourire en coin des lèvres, chez le taulard. Et voilà qu’il s’avance un peu plus. Ses yeux pétillent la connerie. Voilà sa distraction du soir. Il s’accoude au bar, juste à côté d’elle. Il prend le temps de l’imiter, passant ses yeux sur la silhouette entière de la jeune femme. Le tout en se pinçant les lèvres, pour ne pas cacher que la vue lui plait.  

_ “ Comme ta répartie. “

Il marque une légère pause, le temps de laisser l’azure de ses yeux, vagabonder sur le joli minois qui lui fait face.  

_ “ C’est les billets verts que tu file au barman, mon salaire. Alors quelque part, ce sont tes exigences, patronne. “

Qu’il ajoute, haussant légèrement une épaule et minaudant une seconde, pour se moquer. Ses traits malicieux reviennent bien vite à la charge, et son regard se renfonce dans celui de la croqueuse de diamant.  

_ “ T’as du prendre au moins deux rides, depuis la dernière fois... “

Ton rauque et bas, il cherche à l’emmerder, rien de plus. Elle n’a pas vraiment été attaqué par le temps en réalité. Lui peut-être un peu plus, entre l’alcool, la drogue et la taule.  

_ “ T’es venu dépouiller un bon pigeon ? “

Par bon pigeon, bon client, qu’il entend. Il se retourne même légèrement pour chercher à qui elle pouvait bien avoir à faire ce soir, mais n’y voyant personne, il repose son attention sur elle, d’un faux air surpris.  

_ “ Il t’a posé un lapin ? “

Il en jubilerait.