you are my signal fire (misha)

In the confusion and the aftermath
there you are standing right in front of me

Les yeux posés sur la porte d'entrée du commissariat, Drew était perdue dans ses pensées; ses longs doits délicats ornés d'une manucure défraichie étaient crispés sur le volant de la voiture dans laquelle elle était. Il n'y avait qu'une seule personne qui la mettait dans cet état, qu'une seule personne pour qui elle ferait des pieds et des mains sans même réfléchir, pour qui elle laisserait tout tomber pour l'aider au moindre soucis. Misha Kane. Y'avait que lui pour rendre Drew complètement folle, incapable de réfléchir correctement. Misha, qui était dans le bâtiment de brique en ce moment même, derrière les barreaux, parce qu'on l'accusait de quelque chose qu'il n'avait pas fait. Et comme toujours, fidèle au poste, elle était là pour l'aider. Elle s'en voulait à elle même d'être faible à ce point quand il était question de lui.

Elle lui avait dit pourtant; elle l'avait averti que la seule chose qui pourrait la mettre réellement en colère, c'était d'avoir à le sortir de prison. La seule chose qui lui sauvait les fesses à Misha dans le moment, c'était qu'il était clairement faussement accusé de quelque chose. Mais Drew, elle avait l'impression au fond d'elle qu'il y avait anguille sous roche. Parce que même si les policiers de Klamath ils aimaient pas Misha, et que ce dernier avait un abonnement au poste de police, ils l'auraient pas mis derrière les barreaux pour rien. La brune, elle, avait espoir que ce soit simplement qu'un malentendu. Un vœu pieux, en fait.

**

Le sang de Drew, il bouillait dans ses veines, et elle n'arrivait pas à croire ce que la policière au comptoir d'accueil venait de lui dire sur l'arrestation de Misha. C'est sur qu'elle ment, Drew, que la brune se disait mentalement. Mais elle savait très bien que la flic disait la vérité. Au fond d'elle, elle le savait.

- Il a quoi? qu'elle avait répété, simplement pour être certaine.

"Il a essayé de fuir, Madame." qu'on lui avait répété. Sa main s'était resserrée sur le reçu de paiement qu'on lui avait remis plus tôt. Par chance pour Misha qu'elle avait complété toutes les transactions nécessaires avec le commissariat avant d'appendre qu'il avait essayé de fuir, parce qu'il serait resté en taule vachement plus longtemps le salopard. Elle aurait eu envie de frapper le comptoir, puis le mur. En ce moment, elle haïssait Misha Kane plus que tout au monde; elle était complètement enragée, et ne voyait plus rien clairement.

- FUCK! qu'elle avait grogné avant de sortir du commissariat en claquant la porte.

Elle avait envie de leur demander de la rembourser, de leur dire qu'elle ne voulait plus payer sa caution. Parce qu'après avoir fait des pieds et des mains pour l'aider et le sortir de taule, il lui avait menti. Encore. Elle était insultée, et honteuse de s'être encore fait prendre au jeu. Bon sang qu'elle était stupide d'avoir succombé aux beaux yeux de Misha Kane. Encore. Il ne méritait rien de ce que Drew lui avait offert aujourd'hui. Son amitié, son aide. Il n'en méritait pas une seule goutte. En se dirigeant à sa voiture, elle s'était dit qu'elle allait partir de là et de le laisser se démerder pour le reste de toute cette histoire. Il avait qu'à trouver par lui même le moyen de se sortir de cette putain de situation. Il avait qu'à appeler sa femme. Ou sa Juliet. Ou n'importe quelle autre des connasses qui étaient couchées à ses pieds. Elle avait mis ses clés dans le contact après avoir claqué la porte avec violence, ses intentions sincères étant de partir et de ne jamais se retourner.

**

Trente-cinq minutes plus tard, Drew était toujours dans le stationnement. Assise contre le capot avant de sa voiture, elle se maudissait d'être faible. De ne pas être partie. La rage, elle non plus, n'était pas partie. Elle en avait les mains qui tremblaient, la belle brune. Elle avait déjà les yeux posés sur la porte quand elle la vit s'ouvrir; les épaules larges de Misha passèrent la porte. Elle fronce les sourcils, parce qu'il a le pas léger. Elle l'avait fixé de son regard noir jusqu'à ce qu'il s'approche de la voiture.

- T'es fier de toi? qu'elle lui avait dit, exaspérée.

Elle s'était relevée du capot avant d'attendre sa réponse et s'était dirigée vers le côté conducteur. Elle ne voulait pas qu'il s'approche trop d'elle, parce que s'il s'approchait trop d'elle, la belle Drew, elle perdrait le peu de forces qu'elle a encore et elle retournerait au point de départ. Encore. Elle avait encore les mains crispées autour de son porte clé, qui commençait à lui creuser la main.

- Entre dans la voiture, qu'elle lui ordonne durement.

Elle essaie d'ouvrir sa portière, mais sa main tremble tellement sous l'énervement qu'elle essaie de contenir qu'elle doit s'y reprendre à trois reprises avant d'y arriver.

- Fuck! qu'elle jure avec colère en donnant un coup sur la portière avec sa paume.

@Misha Kane :heeart:

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{ IN THE CONFUSION AND THE AFTERMATH }
crédit/ tumblr ✰ w/@Drew Abernathy

Misha, il était quand même retenu là-dedans simplement pour délit fasciés. Les flics en ont après lui, et ils ont besoin du coupable parfait. Le peuple a besoin d’un coupable, histoire de se rassurer. Et pour ça, on pioche tout le temps parmi les déchets de la société, c’est mieux que de s’apercevoir que le vrai con de l’histoire, c’est un grand nom. Il en a bien conscience de tout ça, le ténébreux, alors il en fait qu’à sa tête. Il répond, il monte sur ses grands chevaux. C’est pas un ou deux flics qui vont l’impressionner, surtout pas après ce qu’il a vécu. Dix ans d’incarcération, de coups démérités et d’injustices. Les petits agents de la campagne ne sont rien à côté de ça... Surtout qu’ils le connaissent maintenant. Presque dix mois qu’il occupe la cellule de dégrisement tous les samedis soir. Tous, ils savent que Misha Kane est capable de bien des choses, mais pas de faire du mal à une gosse. Il n’est qu’un anti-héros. Une sorte de Deadpool de la campagne.

Lui il campe sur ses positions, les flics aussi. Alors deux semaines après son arrestation mouvementée, il est encore là, derrière les barreaux, à fixer le garde de service jusqu’à ce que ce dernier demande à être remplacé, mal à l’aise. C’est à ça qu’il passe ses journées, faire chier les flics, attendant que Gimenez vienne lui tenir compagnie, en vain. C’est l’ombre de Keller qui approche, ouvrant la porte de sa cellule, alors que Misha est avachi sur la banquette, le dos contre le mur froid de la prison de Klamath Falls. Ses yeux clairs se relève vers l’agent de police, qui lui fait signe de le suivre.

_ “ Tu peux sortir Kane. “
_ “ … Vous avez retrouvé la blonde de mon alibi ? “
_ “ J’ai dit que tu pouvais sortir, pas que t’étais sorti d’affaire. “

Il lève les yeux au plafond Misha, avant de se relever, doucement. Il prend son temps, histoire de continuer son petit jeu. Il chope sa veste qu’il enfile, puis il traîne des pieds, avant de passer devant Keller. Il s’arrête à sa hauteur, le toisant de haut, dédaigneux, et blasé de cette situation emplit d’injustices.

_ “ Alors à samedi soir. “

Qu’il crache avant de détourner les yeux, pour se diriger vers les bureaux. On lui fait signer pas mal de paperasse, lui précisant qu’il ne devait pas quitter la ville avant la fin de toute cette affaire. De toute façon, avec le prochain accouchement de Darcy, il ne comptait pas vraiment se prendre des vacances au soleil. Il plaque le stylo brusquement sur la table, quand sa dernière signature est posée, puis il prend la porte. Ayant récupéré ses effets personnels, la première chose qu’il fait, une fois dehors, c’est de s’allumer une clope. Il tire dessus, puis la coince entre ses doigts, pour scruter le parking, du haut de ses escaliers. Il sait qui l’a fait sortir, c’est Drew. Elle a rassemblé le fric en deux semaines. 20 000 dollars, rien que ça. Ça en fait de l’argent qu’il va devoir rembourser, alors que sa gosse va lui en demander le double, ou le triple... Darcy est sûrement furax, mais ça, ça ne change pas de d’habitude. Enfin, ses yeux croisent ceux de Mayday. Elle est sur le capo de sa caisse. Il descend alors rapidement les marches du commissariat, pour la rejoindre. “ T'es fier de toi ? “ Qu’elle râle alors qu’il n’a que posé sa main sur la portière. Il se penche vers elle, ou vers le capot, fronçant les sourcils devant le manque de compassion de sa soi-disant, meilleure amie.

_ “ Tu plaisante là ?! J’viens d’me torcher deux semaines de taule sans raison, et tu vas m’accuser à tort toi aussi ?! “

Les deux semaines passées viennent déjà de lui faire monter la moutarde au nez, mais c’est là, la cerise sur le gâteau. Elle contourne la voiture, comme pour s’en servir de bouclier. “ Entre dans la voiture, “ Ton froid et sec. Il s’attendait à tous sauf à ça. Des accolades, de la compréhension, mais non, elle joue les mal lunée, comme le reste de la ville.

_ “ J’vais peut-être rentrer à pied, plutôt ! “

Qu’il grogne, relâchant la portière et sa clope, alors que Drew elle, elle frappe l’autre. Agacé par toute cette situation, il rejoint la jeune femme de l’autre côté, d’un pas assuré et fâché, furieusement. Il plaque sa main sur la portière de Drew, alors qu’il lui fait face. L’empêchant définitivement de l’ouvrir. Ses yeux s’encrent dans ceux de la brune, ses sourcils se froncent.

_ “ Tu me fais quoi là ?! Tu crois que ça m’amuse ?! J’suis accusé de conneries d’enlèvement, et tu vas te ranger de leur côté ?! Toi ? Mais putain, si y’a bien une personne dans cette putain de ville, qui peut savoir que j’ai rien fait, c’est toi ! “

Il donne un léger coup à la portière avant de retirer sa main. Sa respiration est étrangement rapide, sous la colère. Il serre les dents, les poings aussi, sans détacher ses yeux, rivés sur Drew.

_ “ Tu veux que j’te dise quoi ?! Pardon d’être pris pour un con ?! Si t’es pas capable de lire en moi comme j’le croyais Andrea, qu’est-ce que tu fous ici ?! "

Scène de ménage sur le parking du commissariat. Et vraie scène de ménage... Pas comme les engueulades avec Darcy, ou plus elle cri fort et plus ça l’amuse, non Là, il a le cœur serré, et s’il n’était pas si en colère, il en aurait probablement les larmes aux yeux. Ça le peine que sa meilleure amie ne soit pas là pour lui, en fait. Il s’attendait à son soutient, total. Mais au lieu de ça, il se rend compte que personne, absolument personne, ne le croit totalement innocent. Ni Juliet, ni personne n’a bougé son cul en deux semaines. Même pas Darcy, mais elle a une bonne excuse, elle. Contrairement aux autres Drew a bougé oui, mais pour visiblement, ne pas croire plus en lui...

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L'attitude que Drew avait offerte à Misha, ça l'avait visiblement ébranlé. Il ne s'attendait probablement pas à ce qu'elle soit aussi froide et directe, mais disons que les dernières semaines n'avaient pas été de tout repos pour elle non plus. Trouver l'argent, rassurer les gens autour d'eux, en plus d'apprendre que Juliet était la même Juliet qu'au bar, et que cette dernière savait maintenant tout sur ses émotions complexes par rapport à Misha, combiné à tout ce que Drew essayait d'enfouir en elle depuis longtemps... elle n'en pouvait plus. « J’viens d’me torcher deux semaines de taule sans raison, et tu vas m’accuser à tort toi aussi?! » Elle aurait du avoir plus de compassion, Drew. Elle le savait. Et pourtant, quand il lui avait dit qu'il allait rentrer à pied, elle n'avait pas été capable de faire autrement que de lui redire d'entrer dans la voiture, avec considérablement plus de force dans la voix. Et ça, il ne l'avait pas pris. Il avait contourné la voiture avec intention, pour venir se poser devant elle, mettant la main sur la portière de la voiture en l'empêchant d'entrer. Il lui demande à quoi ça rime, son jeu. « Mais putain, si y’a bien une personne dans cette putain de ville, qui peut savoir que j’ai rien fait, c’est toi! » La respiration de Misha s'était accélérée, sous l'émotion. Il était visiblement aussi furieux qu'elle.

- Je sais très bien que t’a rie… qu'elle avait essayé de dire.

Mais il lui avait coupé la parole en frappant sur la portière de la voiture, emportépar sapropre détresse. Elle avait à peine sursauté, mais avait été surprise de sa réaction. Croyait-il vraiment que c’était parce qu’elle le pensait réellement coupable qu’elle était en colère contre lui? Ne voyait-il pas que ça allait bien plus profondément que ça? En même temps, elle non plus ne savait pas à quel point sa colère était plus grande que juste leur situation présente. « Si t’es pas capable de lire en moi comme j’le croyais Andrea, qu’est-ce que tu fous ici? » Et elle avait vu rouge.

Il n’y a eut qu’un battement entre les derniers mots de Misha et la paume de Drew sur la mâchoire dure de ce dernier. Aucune hésitation. Drew n’avait même pas eu le temps de réfléchir; la claque était partie toute seule, comme si la main de la brune avait eu son propre esprit. Drew, elle sentait son corps en entier trembler de rage; elle n’arrivait pas à comprendre comment ils en étaient arrivés là, elle et lui. Il avait beau lui taper sur les nerfs, le beau Misha, jamais elle n’aurait pensé être en colère après lui à ce point. Au point de le giffler.

- Ce que je fais ici? T’oses me demander ce que je fais ici? Putain Misha! qu’elle avait dit avec une rage qu’il ne lui avait jamais connu avant. J’sais très bien que t’es innocent! J’en ai jamais douté une seule seconde. Jamais!

Sa main picotait encore de douleur et lui chauffait, malgré la froideur du vent typique du début de décembre qui s’était levé autour d’eux. Elle sentait l'effet des petites fourmis dans sa paume. Elle aurait du immédiatement s'excuser de l'avoir gifflé, mais les effets de la colère étaient trop grands. Comment osait-il lui dire qu'elle ne le connaissait pas, alors que si quelqu'un sur cette foutue terre pouvait lire en Misha comme un livre, c'était bien elle!

- Ce que j’suis pas capable d’accepter c’est que tu m’ailles menti! Encore! Sa voix rauque était quelque part entre un cri et une plainte, qui craquait sous l’émotion.

Elle était encore surprise de sa propre réaction. Drew, bien qu'elle aille un tempérament de feu, n'était pas du genre à exploser complètement de cette façon. Surtout pas en public, alors que des gens pouvaient les voir. Mais à cet instant, Misha l'avait tellement mise en furie qu'elle s'en foutait royalement. Il était bon pour faire ça, cet imbécile, la mettre en colère, la chambouler jusqu'au plus profond des os au point d'en faire une scène de ménage au milieu d'un stationnement, à la vue de tous. Elle avait pointé le doigt sur lui, en faisant un pas de plus en sa direction.

- J’viens de passer deux putains de semaine à essayer de récolter vingt-milles balles pour te sortir de taule. qu'elle avait continué, sentant les larmes lui monter un peu aux yeux. Et en échange, y’a une heure, j’apprends de l’agent au bureau d'accueil que t’a essayé de te sauver! Chose que t'a, comme par hasard, oublié de me mentionner!

Parce qu'au fond, c'était ça, la goutte qui avait fait déborder le vase. Qu'il ne lui ai pas dit cette simple chose, qui faisait selon elle toute la différence. Parce que Drew, pas une seule seconde elle avait douté de son innoncence. Elle clamait haut et fort qu'il était innocent. Mais il ne l'était pas. Pas complètement. Et encore une fois, elle se sentait comme une belle poire. La dinde de service qui faisait toujours tout pour Misha Kane sans jamais demander rien en retour. Comme un tapis sur lequel il pouvait marcher.

- J'en ai marre de tout ça! qu'elle avait crié, les larmes menaçant de se libérer d'un instant à l'autre.

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Misha il n’a pas envie de lui laisser la parole, parce que là, il a vraiment la sensation que personne ne l’écoute. Il est arrêté et accusé à tort. Mais aucun de ses proches n’est capables de le voir, de l’entendre, de le soutenir. Il le sait bien quand il mérite une sanction. Ses dix ans de taule par exemple, il n’a jamais été contre ça. Il a joué, il a perdu. Mais là, depuis deux semaines, il prend pour un truc qu’il n’a pas fait. Et que même Drew ne soit pas capable de le comprendre, ça le rend presque fou. S’il ne l’est pas déjà. Alors il se décharge sur la portière, qui prend un coup de paume, comme si cela allait l’apaiser. Mais ça n’a aucun effet, la colère est toujours là. De toute façon, ça fait 40 ans qu’elle est là.

Puis c’est le silence, l’arrêt sur image. La main de Drew s’est abattue sur sa mâchoire, sans prévenir. Tous les deux, ils ne sont pas du genre à se disputer à ce point-là. Bien sûr qu’ils se chamaillent, comme des gosses, comme un frère et sa sœur. Comme des amis. Des meilleurs amis. Mais jamais comme ça... Pas comme un couple au bord de la rupture, parce qu’après tout, c’était presque ça.

Silence. La bouche de Misha reste entrouverte, il est immobile, tant le geste l’a surpris. Machinalement, il pose sa main à l’endroit exacte de l’impact, comme pour s’assurer qu’il n’a pas imaginé tout ça. Sa peau est chaude, sûrement rougit, tant Drew n’a rien retenu de sa colère. Colère qui grimpe chez lui, de plus en plus. Touché dans son orgueil. Vexé. Il la toise, alors que son torse se contracte de plus en plus, sous sa respiration rapide et saccadée. “ Ce que je fais ici ? T’ose-me demander ce que je fais ici ? Putain Misha! J’sais très bien que t’es innocent ! J’en ai jamais douté une seule seconde. Jamais! Ce que j’suis pas capable d’accepter c’est que tu m’ailles menti ! Encore ! “ Menti ? Il n’avait pas le souvenir de lui avoir menti, dans cette affaire. Alors la main sur sa mâchoire, il fronce les sourcils face à sa propre incompréhension, et la colère inexpliquée de sa moitié. Moitié qui le pointe du doigt, marchant vers lui. Il lui tient tête, sous son irritation. Et l’index de la jeune femme, s’arrête à quelques millimètres de son torse. Il n’y prête pas une grande importance, lui, il reste rivé sur les yeux de Drew, aussi révolvers que les siens. “J’viens de passer deux putains de semaine à essayer de récolter vingt-milles balles pour te sortir de taule. Et en échange, y’a une heure, j’apprends de l’agent au bureau d'accueil que t’a essayé de te sauver ! Chose que t'a, comme par hasard, oublié de me mentionner ! “ ... Oh. Le passage de Yaël l’électrocutant au taser lui revenait soudainement en tête. Elle était en train de lui faire une scène, pour ça ? Parce qu’il a voulu revendiquer son innocence ? Il fronce un peu plus les sourcils, penchant légèrement la tête. Drew elle, semble à bout, et d’après lui, elle s’est vraiment montée la tête pour rien.

_ “ T’es vraiment en train... De me gueuler dessus, parce que j’ai voulu faire savoir que j’avais rien fait ? “

Qu’il marmonne, étrangement calmement, mais les dents si serrées, qu’elle qui le connait bien, ne peut que comprendre qu’il n’a rien d’apaisé au fond. Il est surtout déçu, qu’elle ne comprenne pas son point de vue.

_ “ T’étais même pas là, tu sais même pas s’qui s’est passé. “

Qu’il continue sur le même ton, reculant légèrement, d’un pas, puis deux. Il a pas besoin de mot avec elle, pour lui faire comprendre ses pensées. Rien que cette distance, ce fossé qu’il creuse, suffira.

_ “ J’étais sensé me laisser faire ?! Suivre cette sal*pe de flic de mon plein grès, comme si toutes les merdes qui tombe sur ce puta*n de bled étaient de la faute de Misha Kane ?! “

Son ton remonte, de plus en plus à chaque phrase. Il lève les bras sur ses dernières notes, et quand il en a fini, ils retombent le long de son corps, inerte. Il fixe Mayday, alors qu’il a l’impression que ses yeux le picotent. Parce qu’il le voit dans son regard à elle, qu’elle est persuadée de ce qu’elle dit. Qu’elle ne le comprend pas. Et c’est bien la première fois, que sa Drew, son unique moitié, cette partie de lui-même, n’est pas sur la même longueur d’onde...

_ “ Qu’est-ce que tu me fais, Mayday... ? “

Qu’il finit par murmurer, la voix cassée par l’émotion, et les yeux de plus en plus humides. La colère laisse place à une étrange sensation de nœud dans la poitrine. Poitrine qui se serre, qui tambourine. C’est ça qu’un être humain appellerait, un cœur brisé. Mais Misha, il ne sait même pas mettre de mot là-dessus. Il sait juste qu’il souffre. Comme quand Juliet l’a largué, exactement pareil. Alors il lève les yeux, il détourne ses yeux de l’objet de sa douleur. Il laisse planer un long silence, alors que les traits de son visage se durcissent. Il renifle, il ne veut pas craquer devant elle, certainement pas. Alors finalement, il baisse la tête, enfourne ses mains dans les poches de sa veste, puis il recule, encore.

_ “ Te fais pas chier avec moi alors, j’rentre à pied. “

Qu’il finit par dire, d’un ton tout aussi bas. Il se retourne, puis il prend la direction de la sortie du parking. Seul, à pied, se pinçant fortement la lèvre, pour ne pas laisser ses émotions l’envahir. Là, il a besoin d’aller picoler au Pikey. De casser une gueule aussi. Oui, il va sûrement faire ça.

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La série d'émotions qu'elle avait lu sur le visage de Misha après qu'elle l'aille giflé, ça l'avait un peu déstabilisée. C'était pas dans ses habitudes de gifler les gens. En fait, Drew, elle n'était pas vraiment violente du tout. Jamais elle élevait la voix, Drew. Pas de cette façon. Même avec Misha, quand il l'énervait au plus haut point et qu'elle pourrait lui dévisser la tête tellement il lui tombe sur les nerfs. Jamais elle n'aurait cru possible de lui parler sur ce ton. « T’es vraiment en train... De me gueuler dessus, parce que j’ai voulu faire savoir que j’avais rien fait ? »  Elle aurait encore moins imaginé qu'il lui parle sur le même ton en retour. Et pourtant, ils étaient là, tous les deux à se crier dessus au milieu du stationnement du commissariat de police.

Si quelqu'un les avait observé au loin, on aurait pu facilement croire que c'était les engueulades d'un couple en plein divorce; et tout en étant très loin d'être la situation dans la quelle se trouvaient Drew et Misha, c'était étrangement pas trop loin de la réalité. « T’étais même pas là, tu sais même pas s’qui s’est passé. » qu'il avait continué avant de reculer de quelques pas, créant une distance entre eux. Une rupture, presque. Et instantanément, elle se sentit vide, Drew. C'était un geste volontaire de la part de Misha, elle le savait. Et ça lui faisait encore plus mal. « J’étais sensé me laisser faire ?! Suivre cette salope de flic de mon plein grès, comme si toutes les merdes qui tombe sur ce putain de bled étaient de la faute de Misha Kane ?! » Il élevait la voix autant qu'elle, sinon plus. Elle avait clairement dépassé les bornes, et lui aussi. Plus rien n'allait. Elle sentait la terre trembler sous ses pieds.

- C'est pas ce que j'ai dit...

« Qu’est-ce que tu me fais, Mayday... ? » qu'il a finit par lui demander, la voix cassante. Il avait l'air tellement peiné. Blessé profondément. Elle sentait les larmes monter au même rythme qu'elle voyait la mâchoire de Misha se serrer et ses yeux s'embuer un peu.

- J'pourrais te demander la même chose... qu'elle murmure, presque inaudiblement.

La brune, elle ne savait pas ce qui se passait entre eux. Autant elle avait été certaine par le passé que tout serait toujours simple entre eux, qu'ils auraient jamais d'engueulades, jamais de réels conflits, maintenant, elle n'était plus certaine de rien. Alors elle avait juré, sortant les derniers bribes de sa colère de son corps. « Te fais pas chier avec moi alors, j’rentre à pied. » qu'il avait dit tout bas avant de se retourner et de se mettre à marcher, s'éloignant d'elle. Drew, elle était là, debout, la bouche entrouverte, complètement sonnée. Elle n'était pas certaine d'avoir bien enregistré ce qui venait de se produire. Misha venait de lui tourner le dos. Il ne pouvait pas lui tourner le dos. Pas son Misha.

Elle se mit à avancer vers lui; d'un pas régulier, au début, mais le son des talons de ses bottes sur le pavé uni du stationnement glacé se faisait entendre de plus en plus rapidement. Puis, elle se mit presque à courir, poussée uniquement par l'adrénaline de son désespoir, le bas de son parka ouvert volant au vent derrière elle

- Misha... qu'elle dit en lui attrapant le bras.

Elle le contourne pour venir se placer face à lui, et quand elle voit son visage, visiblement affecté par la situation, et qu'elle réalise qu'il retiens ses larmes, Drew, elle sent le sol s'ouvrir sous ses pieds. Parce que ce qu'elle voyait, c'était de sa faute. Elle aurait du le supporter, et tout ce qu'elle avait fait, c'était lui crier après. Totalement le contraire de ce qu'il avait eu besoin. Elle sent ses propres larmes remonter à la surface. Elle pose ses grands yeux verts et humides dans les siens, et elle prend le pan du manteau de Misha dans sa main libre, serrant fortement pour se stabiliser.

- C'est pas nous, ça, qu'elle laisse sortir un peu malgré elle, sa voix craquant sous l'émotion, avant de baisser les yeux, presque gênée.

Elle savait qu'elle n'avait pas besoin de préciser qu'elle parlait de ce qui venait de se produire, il savait que que "ça" voulait dire. Elle savait qu'elle devait s'excuser, mais c'était pas quelque chose qu'elle avait l'habitude de faire, mais là, elle ne pouvait pas être la cause du malheur de Misha. C'était pas ça son rôle.

- J'suis désolée, qu'elle finit par lui dire, alors qu'une simple larme glisse de son œil.

Elle aurait voulu prendre Misha dans ses bras, Drew, et de l'embrasser, de panser ses blessures. Il n'y avait pas assez de mots pour exprimer au brun à quel point elle était désolée. Les larmes se mirent à couler sur ses joue, mais d'une main, elle les essuie avant de poser à nouveau ses yeux sur Misha.

- Explique moi ce qui s'est passé. OK? Parles moi, bordel, qu'elle lui dit, le ton plus calme, mais encore agrippée à son manteau. Au lieu de te renfermer sur toi même, et de tout garder. T'es pas comme ça. Pas avec moi. Avec les autres j'men fous, mais avec moi, on joue cartes sur table. Toujours.

Elle fait un autre pas pour se rapprocher un peu plus de lui, ses billes vertes toujours posées dans celles de Misha, comme si elle essayait d'y trouver n'importe quel signe qu'elle n'avait pas tout bousillé avec lui. Que la situation était réversible.

- Est-ce qu'on peut recommencer cette journée à zéro? qu'elle lui demande, presque suppliante.

@Misha Kane :heeart:

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“ J'pourrais te demander la même chose... “ Ca résonne dans sa tête, parce que c’est pas eux ça. Misha et Drew, ils se comprennent d’un simple regard. Ils n’ont même pas besoin de mot, pour lire en l’autre. Des moitiés, comme il le dit si souvent. Alors la question de Drew, elle le brise de l’intérieur. Ses yeux s’humidifient, il relève la tête, le regard, pour finalement, tourner les talons. S’il reste là, avec elle, il va craquer. Et c’est bien la dernière des choses qu’il accepterait. La seule qui l’a vu au plus bas, c’est Juliet. Juliet, elle l’a ramassé à la petite cuillère, plus d’une fois. Shooté, ivre mort, à se complaindre de ses conneries, de l’avoir perdu. Les larmes inondant ses joues. C’est pas ça qu’il veut montrer à Drew, jamais.

Il fuit. Il sait faire que ça Misha, quand ça va plus. Il fuit son chez lui, quand Darcy elle parle de sentiments. Il a fui la maison familiale, quand ça n'allait plus avec son père. Il a fui Drew aussi, quand Noah est arrivé dans l’équation. Dès qu’il y a anguille sous roche, il n’affronte pas la réalité. Il s’éloigne des problèmes, pensant qu’au bout d’un moment, ils s’oublieront tout seul.

“ Misha ! “ Ça se brouille dans sa tête et ses tympans. Ça tambourine, ça l’assourdit. Ce sont les battements de son cœur, qui frappent si fort sa cage thoracique. Alors Drew il ne l’entend plus. Il n’y a qu’en sentant sa main contre son bras, qu’il s’arrête. Elle apparaît devant lui, et comme il ne veut pas en démordre, aussi douloureux que ce soit, il l’affronte de son regard azuré. Droit dans les yeux, peu aimable, mâchoire serrée. Il attend, il ne dit rien, parce qu’au final, dans cette situation, y’a plus rien à dire. Elle ne croit pas en lui, c’est tout. S’il y avait une personne qui se devait de croire en lui pourtant, c’était elle, uniquement elle. Y’a qu’elle qui le comprend, jusqu’au bout des ongles. Y’a qu’elle qui le ramasse quand il a besoin d’un toit. Ou quand Darcy le fout à la porte. Y’a qu’elle qui ne le juge pas. Sauf ce soir.

“ C'est pas nous, ça, “ qu’elle murmure, la voix déraillante, et ses doigts s’accrochant à la veste du taulard. Toujours immobile. Y’a que ses yeux qui changent d’expression. Non pas qu’ils s’apaisent, mais sa colère y devient de la frustration, de la déception. Il l’observe de ses grands yeux bleus, aussi humides que les siens. “ J'suis désolée, “ Gifle intérieure. Son cœur s’emballe un peu plus, alors que cette fois, son regard se remplit d’incompréhension. C’était pas le genre de Drew, de s’excuser. Ça le met presque mal à l’aise. Il l’observe, sans rien comprendre, paumé. Tandis que dans tout son être, ça s’affole. Il en a oublié de fuir. Ses yeux sont accrochés au visage de la jeune femme. “ Explique moi ce qui s'est passé. OK ? Parle-moi, bordel, au lieu de te renfermer sur toi même, et de tout garder. T'es pas comme ça. Pas avec moi. Avec les autres j'men fous, mais avec moi, on joue cartes sur table. Toujours. “ Sauf que quand il a tenté de le faire, elle s’est braquée elle aussi. Plantée dans sa façon de voir les choses.

_ “ J’ai essayé, tu veux rien entendre... Putain... “

Qu’il râle, le dernier mot étant presque éteint, et murmuré pour lui-même. Il relève enfin le regard vers le ciel, et laissant ses bras retomber le long de son corps. Il aurait bien fait quelques pas en arrière, mais la main de Drew est accrochée à son manteau. Tellement, qu’elle fait elle-même un pas en avant, pour se rapprocher de lui et capter son attention, à nouveau. Ses yeux retombent dans les siens, nouvelle douleur dans la poitrine. “ Est-ce qu'on peut recommencer cette journée à zéro ? “ Blanc. Il inspire, il détourne la tête, l’azure de ses yeux reflétant maintenant le commissariat, quelques mètres plus loin. Bien sûr qu’il veut tout ça, il peut pas vivre sans Drew. Elle est son pilier. Ça fait un bout de temps qu’il l’a pigé ça. Noah, Darcy, et même Juliet, ils peuvent partir, loin, il s’en remettrait. Mais Drew, elle le sort de toutes les situations, même les pires. Elle sait trouver les mots quand il est au plus bas. Elle sait le faire sourire quand il est au bord de la crise de nerfs. Elle est même plus, elle est son calmant. Une drogue, une putain de drogue. Il s’en pince la lèvre rien que d’y penser, parce que ça le tue lui, de devoir reconnaître qu’il est dépendant de quelqu’un. Lui si solitaire et indépendant. Volage parce que finalement, inarrêtable. Fauché en plein élan par une fille de nulle part. Elle est si différente de ses cibles Drew. Brune, indépendante, forte, franche, et plus âgée aussi. Le seul point commun qu’on lui trouve avec les autres, c’est qu’elle est canon. Ça va sans dire. Pourquoi elle ? Il prend le temps Misha, il impose à Drew, un long et lourd silence. Avant de finalement, reporter son attention sur elle. Visage impassible. Il se contente d’avancer d’un pas. Tout en l’observant. Puis sans trop savoir pourquoi, geste incontrôlé, il se penche vers elle pour briser la fine distance qui restait entre eux. Ce fossé insupportable. Il se jette sur ses lèvres. Il plaque les siennes contre celle de Drew. Juste le temps d’inspirer, puis ses lèvres s’ouvrent, pour se fermer sur celles de la brune, et venir chercher un vrai baiser. Un baiser rassurant, celui ou les lèvres valsent entre elles, en rythme. Celui qui l’empêche de respirer, celui qui affole tout dans sa personne. Et il se rapproche, encore, son corps venant se coller au sien. Sa main se pose sur le menton de la belle, pour que sa paume finisse par entourer son cou, qu’il retient totalement prisonnier, l’empêchant de fuir à son étreinte, à son besoin de tendresse. Il l’embrasse comme peut-être, il ne l’a jamais embrassé. Y’a quelque chose d’étrangement tendre, d’étrangement... Suppliant. Un pardon, qu’il n’a pas besoin de dire à haute voix. Un truc pour lui faire comprendre à quel point il a besoin d’elle, sans avoir à faucher son orgueil pour user de mot et le reconnaître ouvertement. Et Drew, il ne relâche ses lèvres qu’une fois en manque d’oxygène. Son front reste contre le sien, son nez aussi. Il respire, puis ses lèvres reviennent vers les siennes, pour cette fois, simplement les frôler. Il garde ses yeux fermés, puis sa main glisse, elle quitte le cou de la sauveteuse, elle caresse son chandail, son bras, et elle vient chercher sa main. Ses doigts entourent les siens, alors qu’il reprend doucement son souffle.

_ “ J’aime pas... Quand tu me cris dessus. “

Qu’il murmure, de sa voix rauque, ses lèvres presque contre les siennes.

_ “ Tu sais que si demande pas ça... J’vais aller me prendre une cuite, et finir dans le caniveau. J’vais ensuite tambouriner devant ta porte à 4h du mat’. En hurlant que sans toi j’suis plus rien. J’réveillerais tout ton voisinage, et là t’auras une bonne raison pour hurler. “

Qu’il ajoute, avant de pincer ses lèvres en un court baiser, qu’il relâche aussitôt. Et il redresse son visage, rouvre ses paupières, pour croiser les yeux de Drew. Un léger sourire se dessine sur ses lèvres, cassant cette fausse impassibilité qu’il avait enfilé. Puis il lâche complètement la jeune femme, commençant à reculer, vers le commissariat. En marche arrière, il s’éloigne de Drew. Tandis que son sourire devient de plus en plus malicieux. Il raval sa peine, en reniflant.

_ “ Si on reprend à zéro, faut que je me refasse coffrer ? “

In the confusion and the aftermath
there you are standing right in front of me

Elle lui avait demandé s'il voulait recommencer la journée à zéro. De faire comme si ils ne s'étaient jamais criés dessus, comme si tout était normal entre eux. Comme s'ils ne venaient pas de passer à deux doigts que tout se termine entre eux à jamais. Sauf que, entre Drew et Misha, ce ne serait jamais fini. La dure réalisation à laquelle elle devait faire face, c'est que Misha, il était son feu de détresse; le baril de goudron qu'elle faisait bruler quand son bateau menaçait de chavirer, la fusée qu'elle envoie dans les airs quand elle est perdue dans la forêt dense de la vie. Toujours là pour elle, sans poser de questions, sans réfléchir avant de venir l'aider. Il était pour elle synonyme de sécurité, et le brun, il avait probablement été la chose la plus stable dans sa vie dans la dernière année. Alors, elle voulait effacer, et recommencer. Parce que c’était massacrant d’imaginer qu’ils ne soient autre chose que ce qu’ils sont normalement. Il avait été silencieux longtemps, Misha; l’attente était insupportable, parce qu’elle ne savait pas, Drew, ce qui se passait dans la tête de l’homme. De son homme. Celui qu’elle n’avait pas choisi, pas réellement. L’homme qu’elle n’arrivait pas à se sortir de la peau. De la tête. Et si elle était sincère avec elle-même, de son cœur, aussi. Il est la moitié de mon âme, comme disent les poètes.

Le brun avait fini par faire un pas vers elle, son regard complètement illisible; elle sentit son souffle la quitter. Elle n'aurait pas été surprise qu'il s'approche pour mieux qui lui dire partir, de ne plus jamais lui adresser la parole. Elle l'aurait mérité, de toute façon. Au lieu de ça, il avait plaqué ses lèvres contre celles de la brune, la prenant par surprise. Elle s'attendait à tout sauf ça. Et pourtant, elle s'était aussitôt fondue à lui, presque désespérément. Elle avait entrouvert les lèvres, pour qu'il prenne enfin possession de sa bouche complètement. Sauf que là, c’était différent. Elle le savait; elle saurait pas l’expliquer, mais au fond d’elle-même, elle savait que ce baiser était plus grand qu’un simple échange basé sur leurs hormones. Jamais ils n’avaient échangés ce genre de baiser, Misha et Drew. Tendre. Comme s’ils s’imploraient un pardon silencieux l’un et l’autre. Quand Misha avait posé sa main doucement contre sa mâchoire, dans son cou, comme s’il voulait s’assurer qu’elle ne s’enfuit pas, Drew avait l’impression qu’il n’y avait plus qu’elle et lui sur la terre, personne d’autre. C’était étrangement intime. Fragile. Leurs lèvres finissent par se quitter, mais Misha, il ne s’éloigne pas. Ses lèvres gonflées, frôlées à nouveau par celles de l’homme, qui en voudraient encore plus. Leurs visages encore l’uns contre l’autre, ils reprennent leur souffle. La main de Misha, elle glisse contre son corps pour aller rejoindre la sienne, et Drew, elle ne peut pas s’empêcher d’y lacer ses doigts. Un autre geste doux. Intime. Comme si elle se rattachait à lui.

Le front contre le sien, elle avait les yeux fermés. Ce petit moment de silence entre eux, presque paisible. Le calme après la tempête. Pourtant son cœur battait encore la chamade dans sa poitrine, tellement qu'elle avait l'impression que Misha pourrait l'entendre, le sentir contre sa propre poitrine. « J’aime pas... Quand tu me cris dessus. » qu'il lui avait murmuré avec sa voix encore perturbée par l'émotion. Ça sonnait presque comme une confession; comme s'il essayait d'en dire le plus possible avec le moins de mots possible.

- J'aime pas ça non plus, qu'elle confesse à son tour en un murmure.

« J’vais ensuite tambouriner devant ta porte à 4h du mat’. En hurlant que sans toi j’suis plus rien. » Les mots résonnaient dans sa tête. Que sans toi j’suis plus rien. S’il savait à quel point c’était la même chose pour elle. Que sans Misha dans sa vie, elle n’aurait plus rien. Plus de repères, plus de sécurité, plus rien. La différence, c’est que Misha, il pouvait dire ça à toutes les michetonneuses de Klamath, et elle n’en saurait jamais rien. « J’réveillerais tout ton voisinage, et là t’auras une bonne raison pour hurler. » S’il avait eu les yeux ouverts, Misha, il aurait vu que Drew essayait de retenir un petit sourire qui menaçait d’apparaître au coin de ses lèvres. C’était un des pouvoirs magiques de Misha, ça; la faire sourire avec ses conneries. Que même quand elle est énervée après lui, il réussit quand même à lui arracher un sourire. Et puis, de toute façon, elle n'avait plus envie de crier, Drew. Surtout, elle n'avait plus envie de crier après lui. Ça lui faisait mal à la gorge, à la tête, au cœur, et ça lui faisait tout étrange en dedans quand elle criait après Misha.

Un nouveau petit baiser, et il se détachait d'elle. Ça lui fit un vide quasi instantané. Elle le regardait s'éloigner; il avait ce petit sourire aux lèvres, celui qui la faisait tant craquer. Comme une groupie incapable de se retenir, elle lui retourne un sourire. Un de ces sourires qui n’existe que pour lui. Elle fait quelques pas en sa direction, lentement. Comme si elle gaugeait la situation. « Si on reprend à zéro, faut que je me refasse coffrer ? » Et juste comme ça, Drew, elle ne peut pas retenir un éclat de rire. Franc, la tête qui penche vers l'arrière, le vent froid contre ses joues rougies. Une vague qui lui passe dans le corps; un soulagement. Une délivrance? Comme si la colère était remplacée par cette émotion qu’elle n’arrivait pas à comprendre, mais qui la remplissait complètement quand elle était avec Misha.

- Misha Kane, qu'elle commence sur un ton accusateur, c’est la première et dernière fois que j’te sors de taule, t’a compris? Si t’en fais une habitude, ça tombe du ressort de ta femme.

Et puis, la réalité revient la frapper en plein visage. Le froid, quelques secondes auparavant presque exaltant, maintenant cruel. Misha, elle ne l’avait que quelques moments à la fois. Elle ne l’aurait jamais complètement. Il serait toujours l’homme de quelqu’un d’autre. De Darcy, de Juliet, de toutes ces autres femmes dont elle préfère ne pas savoir le nom, au risque de les croiser, de les connaître. Alors, Drew, elle remet son masque habituel, et elle renifle pour camoufler ce qui se passe en elle et éviter que les larmes reprennent à nouveau, puis, elle se met à avancer vers Misha, se plaquant un sourire au coin des lèvres.

- Alors, qu’elle dit d’un ton trop léger. T’a envie de faire quoi maintenant q’t’es un homme libre?

@Misha Kane :heeart: