Fin de la guerre | Darcy & Misha

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{ Fin de la guerre }
♛ w/ @Darcy Kane

Déjà plusieurs jours qu’elle est partie. Sans vraiment de raisons valables aux yeux de Misha, d’ailleurs. En plus, elle est chez elle, aux dernières nouvelles. Si il l’agaçait autant qu’elle semble vouloir le faire croire, c’était peut-être plutôt lui qu’elle aurait du mettre dehors. Le tout en jetant ses sous-vêtements par la fenêtre. Ca ne serait pas la première à le faire, et encore moins avec lui. Probablement pas la dernière, non plus. Mais a lieu de ça, elle a déserté. Le laissant seul dans cet appartement, ou presque.  

Allongé sur le lit, sur le ventre, il grimace, alors que le bleu de ses yeux semblent fixer intensément quelque chose, ou quelqu’un. Le furet. Budy, body, il ne sais même plus quel est le nom de la bestiole. Tout ce qu’il sait, c’est que l’animal a encore pissé sur ses chaussures, et que ça commence à sérieusement le gonfler. Il a semer ses crottes un peu partout dans l’appartement, et Darcy n’étant pas présente pour les ramasser, le sol de son logement ressemble à un champ de mine. Il aurait pu le faire le ménage Misha, mais ça l’a agacé toute cette histoire. Alors comme pour se venger, comme un gros bébé, il a décidé de ne rien ranger, ni même soulever une simple éponge.  

_ “ Vas-t-en ! “

Qu’il grogne les dents serrées, à l’intention du furet qui le regarde, recroquevillé sur lui même. Comme s’il sentait tout ce manque d’amour que dégage le grand brun, à son égard. Et à l’égard de tout le monde, soyons francs. Il finit par capituler, le petit. Il se redresse, puis se faufile sous le lit pour traverser la chambre, prendre la porte, et s’enfuir à toute vitesse vers le salon. Espérons le, dans sa cage, mais Misha en doutait. Depuis des mois, les bestiole circule librement dans l’appartement, et il en aura certainement bien trop pris l’habitude.  

_ “ P’tit merdeux. “

Qu’il grogne encore, alors qu’il se relève, en caleçon, pour fermer la porte de la chambre. Il prend bien soin de la claquer la porte, pour que le furet comprenne qu’il n’est plus le bienvenue par ici. Il marmonne dans sa barbe, ou tout du moins, sa mâchoire mal rasée, depuis bien trop longtemps d’ailleurs. Puis il plaque sa main fatiguée sur l’interrupteur, pour éteindre la lumière. Il est déjà tard, il a eu une grosse journée. En plus de cette embrouille qui dure, avec Darcy. Dans le noir total, il s’étale sur le lit, en étoile, et se met à fixer le plafond de la chambre, difficilement identifiable dans la pénombre.

Avec Darcy, ça risque de durer longtemps, les emmerdes. Parce qu’elle veut de lui, quelque chose qu’il ne peut pas vraiment lui offrir. Il pourrait, peut-être. Mais il ne le veut pas, finalement. Parce qu’il est paumé, plus encore qu’il ne l’a jamais été. Darcy est là, à ses côtés, plus fidèle encore qu’une none. Alors que dans le fond, peut-être qu’il espérait qu’elle ne le soit pas, ce serait tellement plus facile. Ouai, il est avec elle, mais pas totalement. Comme s’il fuyait le réel engagement. La raison, il l’a connait. Il vous dira que c’est juste qu’il est un foutu électron libre. Qu’on ne l’enfermera jamais dans une quelconque étiquette. Mais la vérité, elle se résume en quelques lettres : Juliet. Juliet qui est revenue, Juliet qui lui fout la tête à l’envers. Juliet qui le torture. Il ferme ses yeux, il se tourne dans le lit, sur le côté, fixant le mur en face de la porte. Finalement Misha, il ne s’est jamais senti aussi seul que ce soir.  

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{fin de la guerre}
crédit/ vesna ✰ w/@Misha Kane

Jamais elle n’aurait imaginé claquer la porte de son appartement, laisser tout derrière. La colère avait été plus forte que la raison. Avant de partir, Darcy avait pensé — rapidement — à prendre le minimum d’affaire. Pour être honnête avec elle-même, la jeune femme n’avait pas l’intention de rentrer chez elle ce soir. Ni même pour les prochains jours. Elle ne dit pas qu’elle sera en fugue pendant des mois, juste le temps de voir plus clair. Darcy, elle a plus la forme physique de sauter dans voiture aussi agilement. Ayant peur de le croiser et qu’il l’empêche de partir, elle rate plusieurs fois la poignée de la portière côté conducteur.

— Putain, tu vas finir par t’ouvrir? dit-elle d’un air désespérée. Elle donne même un coup de poing dans la carrosserie qui ne bouge pas d’un poil. Seul le soldat de l’hiver aurait ce don. Une série de grandes inspirations plus tard, Darcy arrive à rentrer dans le véhicule avec son sac à côté d’elle. Elle ne sait même pas où elle va aller, est-ce qu’elle va finir par passer la nuit à l’hôpital dans la chambre de garde ? Sûrement, puis, elle se sentirait bien plus utile là-bas. Ne parlons pas de la reconnaissance. Enfin, ce n’est pas le moment de se polluer l’esprit avec ce genre de pensées, ou sinon elle ne serait pas en train de démarrer littéralement en trombe. Le moteur qui gronde et les pneus qui grincent. Une scène de série B, la femme infidèle, bafouée qui prends le large. A contrario de ses femmes, Darcy elle avait ce pincement qui venait lui tirailler le cœur. Est-ce qu’il irait jusqu’à la chercher pour lui prouver qu’il tiens un minimum à elle? Allez savoir.

Finalement, elle atterrit à la caserne de Klammath Falls à la recherche d’Alexei, l’homme qui est devenu un ami proche et qu’elle avait rencontré dans un groupe de parole. Elle avait réussi à se confier, lui raconter le pourquoi du comment, elle était venue à être accro à la drogue. Elle ne nie pas cette facette de son passée, ce n’est pas son genre. Elle préfère largement affronter les obstacles afin de les surmonter et ne plus replonger. La seule règle qu’elle avait violé dans son règlement, c’était de plus retomber amoureuse. Elle avait eu beau se le répéter, par forcément tous les jours, devant le miroir le matin, Darcy avait plongé la tête la première. Pourtant Misha était loin d’être comme les autres. Pour lui l’idéal du rendez-vous amoureux, c’était de vous emmener au McDo et de grogner à la moindre réflexion. Ce qu’elle avait envie de lui faire bouffer ses frites par le nez, mais de l’embrasser juste après. Avec la chance qu’elle avait, Alexei n’est pas là. Avant de repartir, elle visite les toilettes de la caserne, histoire de baptiser le bâtiment. Si elle n’avait pas été enceinte à ce moment présent, Darcy se serait bien jeté sur la légendaire barre pour descendre plus rapidement à l’étage inférieur. Une prochaine fois, ce n’est que partie remise, genre l’année prochaine, en 2022.

La belle a du mal à accepter l’invitation à rester chez lui le temps de se détendre, de penser un peu à elle. Lui, il a sa vie, son métier et surtout sa copine avec qui elle avait eu l’occasion de travailler un peu à l’hôpital. Elle n’avait pas le choix au moins, elle n’était pas avec des inconnus. Son ami la tire du canapé pour l’emmener à la plage à l’écart de la ville. Elle ne va pas se mentir, même avec l’excédent de bagage qu’elle se traîne, Darcy se sent libre et plus légère dès qu’elle nage dans l’eau. Malheureusement, toute bonne chose a une fin. Après plusieurs jours, Darcy décide de rentrer à l’appartement, avec le repas made in fast food, ça devrait lui faire plaisir. Elle pose le sac sur le comptoir de la cuisine avant de mettre sa main devant son nez pour bloquer l’odeur. Ça sentait un mélange d’homme et de furet, ce n’est pas un parfum qui va faire beaucoup de ventes pendant la prochaine saison.

— J’ai ramené à manger qu’elle crie à travers l’appartement. Il n’y a pas grand monde qui se pointe, hormis le furet qui fait des vas et viens dans le salon. Darcy le prend dans ses bras pour l’accueillir T’inquiètes pas, on va te laver après, tu sentiras meilleur que le monsieur qui fait la gueule. Elle le pose à proximité de sa cage et ne lésine pas sur la quantité de nourriture. Elle sait très bien que Misha n’y a pas prêté attention. Elle fouille toutes les pièces du logement, y compris les toilettes. Ça ne l’étonnerait pas de le voir là. Elle finit par la chambre à coucher, et pousse la porte lentement. Darcy, elle reste un moment à le regarder comme ça, rien que pour la beauté et pour profiter de l’instant présent. La suite ne risque pas d’être aussi calme. Elle ne sait même pas ce qu’ils pourraient se dire à part se reprocher telle et telle chose, lui que Darcy était trop chiante et elle que Misha était un peu trop nonchalant à son gout vis-à-vis d’eux. Elle s’assoit sur le bord du lit et retire d’un coup sec le drap.

— Misha, j’ai ramené ton poulet. C’est dans la cuisine. et ce n’était pas celui à moustache. Elle n’ose même pas le regarder droit dans les yeux. Elle tourne la tête tout en posant son regard ailleurs Je suis désolée d’être partie comme ça….

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{ Fin de la guerre }
♛ w/ @Darcy Kane

Misha n’a jamais été du genre romantique. Sauf peut-être avec Juliet, et encore, c’était à sa façon. C’est à dire, un pissenlit à la main. Pour sa défense, il est persuadé depuis toujours que c’est la fleur préférée de Juliet. Et comme elle n’a jamais nié, pour ne pas le froisser, c’est resté sa fleur favorite. Jusqu’à ce qu’elle se trouve un autre homme à qui elle pourra dire toute la vérité, rien que la vérité. Il y repense un peu trop le taulard, alors qu’il cherche à trouver le sommeil, même s’il n’est pas si tard que ça. Il a busé des jeux vidéos en pleine nuit, toute la semaine. Il a profité de l’absence de Darcy pour jouer en ligne jusqu’à pas d’heure, au lieu de la chercher à travers la ville. Faut dire qu’elle l’a bien énervé aussi, il allait pas se ruer à ses pieds. Il est pas comme ça lui. Puis au fond, on ne va pas se mentir. Il sait qu’elle va revenir. La seule interrogation, c’est de savoir si elle a couché avec ce pompier, ou non. Parce qu’il n’a peut-être pas bougé son cul de l’appartement, mais il a stalké instagram. Et il a retenu un nom : Alexei Perason.  

“ J’ai ramené à manger. “ Est-ce une blague de mauvais gout ? Elle disparait pendant des jours, puis elle revient comme une fleur, l’achetant avec du kfc ? Il le devine rien qu’au parfum du poulet qui vient chatouiller ses narines. Pour un homme qui sort de dix ans de taule, les petits plaisirs de la vie se résument souvent à l’alcool, le sexe, et les fast-food. La clope, n’oublions pas la clope.  

Il tire sur la couette, pour se cacher dessous et faire semblant de dormir. Il l’entend qui traverse l’appartement, qui cherche le furet, qui le cajole (alors qu’il ne le mérite certainement pas) puis qui finalement, ouvre la porte de la chambre. Elle se fait plus discrète, plus silencieuse, mais pas l’odeur du poulet. Dieu que ça sent bon, mais il ne bouge pas. Elle ne l’achètera pas avec du poulet. Quand bien même il porterait une moustache.  

Puis, fidèle à elle-même, avec tout le romantisme qui les défini, elle tire sur la couette, elle découvre brutalement son mari, qui en caleçon, se voit infliger la fraicheur de la chambre. Il râle, de sa voix rauque, il grogne, comme un chien. Parce qu’il ne sait faire que ça, grogner. “ Misha, j’ai ramené ton poulet. C’est dans la cuisine. “

_ “ J’ai pas faim ! “

Il se redresse juste le temps de récupérer un bout de la couette, pour tirer dessus et le ramener sur son corps refroidie. Il s’emmitoufle dessous, le dos tourné vers Darcy. Il boude, elle y est habitué, mais là, c’était bien de sa faute. Enfin il le supposait. Il ne savait même plus pourquoi ils s’étaient tant disputés. Ils s’entre-tuent tout le temps, à force, il en oublie les détails et les raisons. A part s’envoyer en l’air et se hurler dessus, ils ne savent pas faire grand-chose. Mais ils s’en accommodent. Sinon elle l’aurait foutu dehors. Et lui, il aurait déserté, en laissant les papiers du divorce sur la table. Ils ne le font pas, et on se demande bien pourquoi. Surtout venant d’elle, qui doit subir les nombreuses maîtresses d’un mari insatisfait et insatiable. “ Je suis désolée d’être partie comme ça… “ Revirement de situation ? Intrigué par la soudaine petite voix de son épouse, il se retourne, légèrement, il l’observe dans la pénombre. Il n’y a que la lumière du couloir, derrière la porte, qui permet d’y voir un peu. Il y a là un petit silence, il ne sait pas trop quoi dire Misha. Les réconciliations c’est pas son truc. La douceur, encore moins.  

_ “ Y’a de la sauce ketchup ? “

Il ne répond rien de plus. Il soulève la couette, puis il s’extirpe du lit, pour suivre la douce odeur du KFC. Il s’arrête face à la cage du furet, qui bouffe comme s’il n’avait rien avalé depuis une semaine. A bien y réfléchir, c’était peut-être le cas. Il hausse les sourcils, puis reprend son chemin pour défaire le sachet du fast-food. Il plonge ses doigts à l’intérieur pour en sortir un morceau de poulet, qu’il enfourne aussi affamé que le furet. Il en a oublié qu’il est en caleçon, et qu’il fait frais depuis quelques jours. Il évite la discussion, il évite la réconciliation. Il ne sait même pas s’il veut se réconcilier au fond. Il lui en veut un peu de s’être barré sans trop de raison, ou parce qu’il les a oublié la raison. Peut-être aussi qu’il a peur d’affronter la discussion que Darcy espère avoir. Ce truc qu’elle lui a dit par sms et qu’elle attend surement de lui, alors qu’il peut pas. Parce qu’il y a Juliet, y’a toujours Juliet. Y’aura toujours Juliet. Enfin il le pense, loin de s’imaginer que quelques semaines plus tard, Juliet, elle viendra piétiner son cœur brutalement.  

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crédit/ vesna ✰ w/@Misha Kane

Elle vient délicatement poser sa main sur la couette qui reposait sur son corps. Darcy n’avait pas la force de se battre éternellement pour ça, elle sait qu’elle finirait par abandonner. Depuis qu’elle l’avait avec elle, la couverture de lit était devenue accessoire, un pur élément de décoration. Elle préférait largement se coller à lui pour rechercher un peu de chaleur humaine. Il grognait souvent, un peu trop, mais c’était amplement justifié quand elle venait coller ses pieds glacés sur sa peau. Une occasion d’avoir un peu d’affection, un moment rien qu’avec lui et personne autour.

— Si t’as froid, je peux aller mettre du chauffage.

Seule explication qu’elle avait trouvé à son comportement. Darcy avait du mal à comprendre pourquoi il n’osait pas la regarder, se tourner pour lui faire, lui montrer rien qu’une once de sentiment, que cette situation ne lui était pas indifférent. Elle passe une main en dessous de sa longue chevelure pour la soulever délicatement, voilà qu’une vague de fraicheur l’aide à recommencer à réfléchir.

— Je… Oui, j’en ai pris. Je sais que t’aimes ça.

Elle a du mal à le suivre quand il se lève et se met à partir en direction de la cuisine. Darcy a tellement peur qu’il lui claque une porte à la figure qu’elle piètine, a du mal à caler sa respiration et est même soulagée quand ils arrivent enfin sur place. La jeune femme place ses mains sur le plan de travail, bien à plat pour se caler. A ce moment présent, il ne pense qu’à son repas, comme un animal sauvage qui profite de la première proie venue pour contenter son appétit.

— Ché… Misha ?

Elle tente d’attirer son attention et se dit qu’elle aurait mieux fait de ne pas ramener de quoi manger et simplement revenir. Va-t-elle devoir glisser un nugget dans son décollé pour qu’il ne daigne la regarder. Certes ce n’était pas le point de vue idéal pour se concentrer mais c’était mieux que rien. Elle l’observe sous toutes les coutures, et se pince les lèvres. Lui, il n’avait pas l’air d’être celui qui commencera la conversation. Ou s’il le fait, il oubliera délibérément le sujet principal.

— Le repas ne va pas partir en courant, tu peux le laisser deux minutes, le temps qu’on parle. Ça te coûte quoi franchement ?

Tout, il faut croire. Cela sera loin de faire plaisir, mais c’était nécessaire pour bien avancer. Darcy, même si elle avait beau se retenir, elle mettait toujours les pieds dans le plat. Sans filtre, rien du tout. Rien que ses propres pensées. Elle fait le tour de l’îlot de la cuisine pour se retrouver à côté de lui. Darcy prend l’initiative de fermer le paquet et de le mettre sur le côté.

— MISHA. Comment tu veux qu’on arrive à gérer ce bébé si on n’arrive même pas à se parler correctement ?

Sa voix se fait plus forte au début pour retomber après avoir prononcé son prénom. Ce n’était pas compliqué à la fin. Elle ne lui demandait pas beaucoup de temps, mais assez pour que les deux parties se sentent plus légères.

— Pourquoi tu m’accuses de mentir quand je te dis que je t’aime ? Je sais que je ne suis pas la seule dans ta tête, peut-être que je n’y suis même pas. Mais pourquoi, tu veux contrôler ? Tu ne peux pas putain. Je n’arrive pas à oublier mes sentiments pour toi. Même si j’étais partie, tout ce dont j’avais envie c’est de revenir prêt de toi. Est-ce que t’en as seulement envie ?

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♛ w/ @Darcy Kane

" Si t’as froid, je peux aller mettre du chauffage. “ Est-ce qu’elle le faisait exprès, de ne pas capter qu’il boudait ? Qu’il faisait la gueule ? Il aimerait crier ses revendications, mais qu’il n’est absolument pas doué pour les grands discours ? Ou qu’il est juste buté et préfère bouder, que causer. Il le démontre assez bien d’ailleurs, se faufilant en caleçon vers la cuisine. Là où l’attend son repas. De la mal bouffe, comme il l’aime tant. Il serait capable de grimacer devant un repas gastronomique, mais ses yeux pétillent dès qu’ils voient du poulet, des frites, un burger, ou même une pizza. A l’évidence, les obèses doivent le détester. Ça fait beaucoup de manifestations à ses fesses, si l’on compte les féministes, les écologistes, les anti-drogue, les anti-alcool, les anti-cigarettes, sans oublier la protection animalière. Parce que le furet a quand même passé 24 ou 48h dans la machine à laver (Elle tournait pas rassurez-vous, mais il en avait marre de le voir crotter partout. On passera sur l’état du tambour de la machine maintenant.)

Avalant sa pâté comme un goinfre, il ignore Darcy, ou plutôt, il ne l’entend plus, terriblement affamé. Il n’a rien avalé depuis plus de deux heures, comprenez-le. Cette imposante carrure, elle demande d’être nourrit souvent, trop souvent. “ Le repas ne va pas partir en courant, tu peux le laisser deux minutes, le temps qu’on parle. Ça te coûte quoi franchement ? “

_ “ Ca va refroidir ! “

Qu’il lâche le plus simplement possible, avant de se lécher les doigts. Le sel et la sauce qu’il reste dessus, c’est le meilleur. Puis c’est vrai, ça refroidie vite quand ça vient de l’extérieur. Ramener un McDo chez vous, il n’aura jamais la même saveur que de le manger sur place. Il a eu le temps de ramollir. Et ne comptez pas sur le micro-ondes pour sauver votre repas, il en abîme toutes les saveurs et la texture. C’est pourquoi ça se mange aussitôt ramené, sans perdre une seconde. Le mieux c’est même de le savourer en conduisant, mais faut s’assurer que Gimenez n’est pas en service.

Darcy elle n’est pas du même avis – elle n’a probablement aucun palet. Elle fait le tour de l’ilot, puis referme brusquement son carton de poulet. Manquant de lui en pincer les doigts. Frustré, il pousse un grognement, alors que ses yeux bleu – mais révolver - se braquent sur la jeune future mère. “ MISHA. Comment tu veux qu’on arrive à gérer ce bébé si on n’arrive même pas à se parler correctement ? “

_ “ Mais putain, pas pendant qu’je bouffe ! La prochaine fois, j’te mords bébé, comme un Bulldog, j’suis sérieux ! “

Il serait probablement capable d’aboyer si quelqu’un essayait de lui voler son poulet. Et les traits de son visage, tendus, prouvent sa franchise. Il tend le bras, récupère le carton, puis tire dessus pour le ramener vers lui. “ Pourquoi tu m’accuses de mentir quand je te dis que je t’aime ? Je sais que je ne suis pas la seule dans ta tête, peut-être que je n’y suis même pas. Mais pourquoi, tu veux contrôler ? Tu ne peux pas putain. Je n’arrive pas à oublier mes sentiments pour toi. Même si j’étais partie, tout ce dont j’avais envie c’est de revenir prêt de toi. Est-ce que t’en as seulement envie ? “ Les filles, dès qu’elles parlent de sentiment, ça lui coupe l’appétit. Et ces derniers temps, elles sont nombreuses à lui sortir le grand jeu. Trop nombreuses, il perd le contrôle de la situation, ça, c’est clair. Ses petits jeux de l’homme marié aux nombreuses maîtresses, c’est comme jouer avec des braises devenues soudainement un feu de joie. Il referme le carton, tout en se pinçant les lèvres et baissant son regard vers cette bouffe, qui semble lui crier, le supplier, de la bouffer. Comme toutes ses blondes qu’il ramasse trop facilement au Pikey, et qui écartent les jambes sans même qu’il n’ait rien demandé. Sauf que là, il le sent bien que s’il ouvre la bouche pour y engouffrer un seul morceau, c’est Darcy qui va le mordre.

_ “ Merde, tu fais chier. “

Il pousse brutalement le carton devant lui, puis s’accoudant au comptoir, il baisse la tête pour passer ses doigts dans ses cheveux, tirant nerveusement dessus. Des doigts pas très propres en passant, mais ça, il ne s’en soucie plus vraiment. Ça l’angoisse, quand Darcy elle parle de sentiments. Parce qu’il ignore totalement ce qu’il ressent réellement pour elle. Il aime Juliet, ça, il le sait. Mais Darcy, elle est importante aussi, et ça, il ne sait pas mettre de mot dessus.

_ “ J’ai pas envie de parler de ça. “

Qu’il marmonne, avant de relever la tête, en fixant le mur d’en face. Il se frotte la mâchoire, toujours aussi mal rasée, avant de laisser retomber ses mains sur l’îlot, tout en s’avachissant un peu plus contre lui.

_ “ Me casse pas les couilles, d’accord ?! Si t’as envie de partir, tu te casse, si t’as envie de rester, tu restes, et point barre. “

C’est plus fort que lui, il a beau mal le prendre quand elle se casse, ou qu’elle le menace d’aller en voir un autre, il ne peut pas accepter, ne serait-ce qu’un peu, de tendresse à lui rendre. Buté, voilà ce qu’il est. Un orgueil trop démesuré. Et un cœur, ou un cerveau, incapable de comprendre les sentiments, les siens comme ceux d’autrui. Il ne gère rien en la matière, et quand il ne comprend pas, il panique.

_ “ Mais si tu te casse encore, j’vais sérieusement dérailler ! “

Qu’il rajoute en se tournant vers elle, et ramenant sa main vers sa tempe, pour ensuite l’éloigner de lui, mimant ainsi une explosion, même avec sa bouche.

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{fin de la guerre}
crédit/ vesna ✰ w/@Misha Kane

Peut-être qu’elle aurait dû tout simplement glisser un mot dans le paquet de nourriture et le laisser le découvrir. Là, les mots n’avaient plus d’effet, comme si elle parlait dans le vide. Parler pour rien, dans le vent, cela la fatiguait de plus en plus, comme si se faire des nœuds au cerveau était bénéfique pour eux.

— On s’en fiche que ça refroidisse ou non. Il y a pas mort d’hommes, tu pourras le mettre au micro-ondes plus tard.

Une solution à un problème qui n’en était pas vraiment un pour elle, mais une affaire d’Etat pour son mari. Ce n’était que du poulet après tout, de la nourriture. Une ressource qui n’est pas rare dans la partie du monde où ils se trouvent.

— Mais ça, ça peut pas attendre. Et on ne peut pas le mettre de côté à notre convenance.

Elle renchérit encore et encore en pointant son ventre rond du doigt. Une nouvelle couche pour lui faire comprendre que dans quelques mois, ils auront une petite fille qui traînera dans leurs pattes. Darcy, elle veut que ce petit être qui n’a rien demandé à personne, vive dans le meilleur des mondes possibles. Ils sont loin d’être dans la norme des familles modèles, mais cela ne voulait pas dire qu’elle ne pourrait pas avoir toutes ses chances.

— Je veux ce qui est le mieux pour elle pour pas qu’elle grandisse dans une famille désunies.

Comme elle l’avait prédit, il est loin d’avoir envie de parler.  Est-ce qu’elle va devoir prendre les décisions seules, se considérer comme une mère célibataire ? Pourtant, elle le veut à ses côtés, d’une façon ou d’une autre.

— Si t’as pas envie, c’est pas mon problème. Je n’ai pas encore le don de lire dans tes pensées.

Cela ne lui déplairait pas, mais en même temps, elle n’est pas sûre d’aimer ce qu’elle verrait. Elle serait perdue au milieu de ses maitresses.

— Je veux bien te sortir les vers du nez, mais je suis pas sûre d’en avoir la force éternellement. Je suis fatiguée, à bout de souffle.

Misha semble résumer la situation simplement, un peu trop à son gout, comme s’il minimisait son importance. La vie c’est loin d’être aussi simple qu’on le pense. C’est un chemin linéaire mais remplit de virages, plus abrupte les uns que les autres.

— Mais putain réponds à mes questions. Je parle pas dans le vent, merde.

Ses nerfs lâchent complètement, son cerveau disjoncte. Les mots sortent un peu hasard, sans qu’elle ne veuille. Puis, les larmes viennent envahir ses orbites claires. Au fond d’elle, Darcy espérait qu’il était fier de la mettre dans cet état. Elle finit par aller s’asseoir, ses jambes tremblantes avaient du mal à supporter son poids. Et puis, le temps du trajet, la jeune femme profite de lui tourner le dos pour venir essuyer ses larmes en toute tranquillité. Elle soupire puis le regarde faire ce geste et le pointe du doigt.

— Non, tu fais plus jamais ça ! Tu m’entends. Ou sinon, je te jure que je réponds plus de moi. Tu vas dérailler comment ? Et puis, si j’étais plus là, tu aurais toute ta liberté.

Elle hausse les épaules, un peu par dépit. Ils faillaient qu’ils se rendent à l’évidence, un jour ou l’autre.

— Je veux juste savoir ce que tu veux réellement parce que là, j’ai l’impression de parler toute seule. Je n’ai pas envie de l’être Misha. Ça me terrifie. J’ai peur de mal faire les choses avec elle. De lui faire du mal et j’aimerais qu’au moins, un de nous deux assurent avec elle. Et je suis pas sûre que ça soit moi.