Tout reconstruire. // Robert

Stevie avait l’impression que quelqu’un rénovait son cerveau. Elle posa sa main sur son front, ses yeux toujours fermés. Faisait-il jour ? Déjà ? Difficile de dire. Elle bougea légèrement et entendit des bruits de verres. Elle était allongée sur plusieurs morceaux. “Stevie ?” Une voix au loin. Elle tenta d’ouvrir ses yeux et papillonna le temps que ses yeux se fassent à la lumière. “Oh mon Dieu ! Stevie ! Qu’est-ce qui s’est passé ?” Exactement. Que s'était-il passé. Sa vision trouble se posa sur l’état catastrophique de son magasin. “Ne bouge surtout pas, j’appelle la police et les secours.” Une voix familière. “Clara ? - Oui, oui ne t’en fais pas, je ne te laisse pas.”

Cette habituée passait presque tous les matins prendre un thé avec elle en allant à son travail. Stevie avait la chance d’avoir une clientèle fidèle qui faisait - non seulement marcher son fonds de commerce - mais également son plus grand bonheur. Elle aimait être au contact des gens, des autres. Elle aimait pouvoir aider son prochain en n’hésitant pas à mettre de sa personne. Une oreille attentive qui ne demandait rien en retour. Elle voulait juste aider les âmes en peine, qu’elles soient humaines ou animales. Ce qui lui fit penser :

“Mon Ranch… Mes animaux… Quelqu’un …? - Ne t’en fais pas, je m’occupe de ça aussi. Tu as le numéro de tes bénévoles derrière le comptoir non ?” Elle hocha mollement la tête et tenta de se relever. “Stevie, ne bouge pas, je t’ai dit.” Elle souffla longuement et abdiqua en entendant le ton tranchant de Clara qui s’activait autour d’elle. La propriétaire des lieux pouvait entendre les pas pressés de sa cliente et sa voix nasillarde appeler tout le monde. Était-ce nécessaire ? Elle baissa ses yeux pour regarder ses bras couverts de coupures et de bleu.

Quelques détails de ce qui s'était passés lui revenaient doucement, mais sûrement. Elle avait décidé de fermer plus tard sa boutique hier soir : attendant une livraison qui n'est jamais venue. Stevie comptait fermer quand des adolescents ivres sont rentrés et ont commencé à la chahuter, à se moquer et puis à tout saccager. Le temps qu'elle s'interpose et elle fut brutalement attaqué. Prises de frissons d'effrois, elle referma ses yeux pour tenter de se calmer.

Des ronchonnements se firent entendre, suivirent d’injures. “Bon. L’ambulance ne viendra pas, j’ai dit que tu étais consciente. Je vais t’emmener aux urgences si mon travail me le permet. - Ne t’en fais pas… Je vais bien.” Non. Le fait que tout bouge autour d’elle et que sa vision ne soit pas nette était un signe que malheureusement ce n’était pas le cas.

Une autre voix rentra dans la danse sans que Stevie ne soit en mesure de la reconnaître tout de suite. “Robert…?” Dit-elle finalement. Ou bien inventait-elle la voix de son voisin ? Depuis qu’elle avait retrouvé ses ânes, elle tentait de se rapprocher de lui. De passer à son ranch. Étant donné que son ânesse à mis bas suite à la visite de son âne : ils avaient eu l’occasion de parler et d’être plus en contact. Quelque chose de rafraîchissant dans sa vie intense qui pouvait parfois être solitaire.