The beauty & the beast - Dana

The beauty & the beast

Lente ascension qui mène jusqu’à l’étage où vit mon frère, non pas que je sois essoufflée pour quelques étages à monter mais le week-end a été fatigant. Le vol que j’ai pris l’a été tout autant et puis si je suis censée être en vacances j’en ai quand même profité pour travailler un peu. Certains diront que j’ai du mal à l’arrêter, je leur réponds que je n'aime tout simplement pas perdre mon temps, il est précieux alors autant le rentabiliser. Bon, certes, j’aurais pu en profiter pour dormir un peu, j’aurais rentabilisé mon énergie et j’aurais peut-être été moins crevant en arrivant à Klamath Falls. Peu importe, ça ne m’empêchera pas d’aller rendre visite à mon frère chéri, j’aurais bien voulu le voir plus tôt dans le week-end mais nos emplois du temps étaient bien chargés. Je ne parlerais pas du fait qu’il était bien trop souvent accompagné de notre cher paternel, un vrai répulsif suffisant pour ne pas que j’ai envie d’aller passer du temps avec Deagan dans les paddocks. Enfin, inutile de penser à ça maintenant, c’est les vacances, je vais avoir tout plein de temps pour aller embêter mon frère préféré. D’ailleurs, je ne perds pas de temps pour toquer à la porte, attendant presque impatiemment qu’il vienne m’ouvrir. Peut-être trop. “Deaaaaa…”, alors que j’avais comme projet de lui sauter dessus, je me retrouve plutôt bras en l’air face à quelqu’un qui ne ressemble pas du tout à mon frère, qui est bien plus joli que lui et surtout plus féminin. “Vous êtes qui vous ?”, je suis prise de cours, complètement surprise qu’une autre personne que Deagan ouvre cette porte, qui plus est une femme ! Est-ce que l’une de ses conquêtes ? A cette heure-ci de la journée ? Déjà depuis quand il a le temps d’avoir des plans cul ? “J’arrive pas à y croire ! Il a recommencé !!! Alors même qu’on a entamé une thérapie de couple ! Six mois de mission à l’étranger et voilà il s’en trouve une autre ! ENCORE !”, j’essaye de conserver au maximum mon sérieux face à mon acting qui mériterait tout sauf un Oscar. Pourquoi faire ça ? Faire fuir sa conquête ? Oui. J’avais envie de faire la surprise à mon frère, passer du temps avec lui, mes plans ne seront pas contrecarrés par une fan de plus qui réalise son rêve. “Azra, enchantée.”, je lui tends poliment la main, comme si de rien n’était. Au moins, si elle n’a pas cru à mon jeu d’acteur pourri, elle pourra sans doute croire que je suis complètement allumée.

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Bon c’est sûr, je suis peut-être un peu trop impatiente de voir mon frère parce que c’est pas dans les paddocks qu'on a souvent l’occasion de se croiser. Ce serait plus simple si Frans ne se baladait pas toujours avec lui mais il semble collé à lui comme un véritable garde du corps, prêt à faire fuir toute distraction qui pourrait venir se présenter à Deagan. C’est sûrement pour ça que là, je me lâche en faisant une entrée surprise chez lui, ne pouvant pas retenir mon impatience de venir lui sauter au cou parce que je sais qu’il adore ça (non). Mais à la place, je tombe sur cette jeune femme, couteau à la main, occupée à… cuisiner ? Je ne savais pas qu’on faisait ça lorsqu’on se tapait un mec, d’habitude on part plutôt discrètement au petit matin pour éviter le moment gênant où on se dit au revoir. Enfin, qu'en sais-je ? Après tout, je n'ai jamais entretenu ce genre de relation en réalité. Pas grave, il y a toujours moyen de lui foutre la frousse à celle-là et de vite la faire déguerpir, histoire de lui faire comprendre qu’on ne prend pas ses aises comme ça chez un plan cul. Une idée me traverse l’esprit et je plonge à pieds joints dedans, ne lui laissant qu’à peine le temps d’en placer une. Pourtant, il y a bien un mot qui me résonne dans les oreilles, “mon petit-ami”, impossible, Deagan m’aurait parlé de ça, en tout cas c’est ce que je me tue à croire, c’est souvent ce qui se passe quand on place les gens sur des piédestaux, on a tendance à les voir comme des personnes parfaites.

C’est un mur de glace devant lequel je me retrouve, ma supercherie ne semble pas l’impressionner, ni même l’amuser. Il faut dire que ce n’est pas très marrant maintenant que je réalise la hauteur de la bourde que je viens de faire parce que cette fille là, elle semble vraiment convaincue par ses dires et surtout très bien connaitre mon grand frère. Je choisis de changer de tactique en allant me présenter, sourire aux lèvres parce que j’aime me présenter de manière joviale auprès des gens. Ça n’a pas l’air d’être son cas vu le regard qu’elle me lance et j’avoue que ça me déstabilise un peu, me faisant presque me sentir comme une inconnue dans cet appartement que j’ai pourtant l’habitude de fréquenter. “Heu…”, je hoche la tête vivement quand elle me demande qui je suis pour Deagan. “Oui, c’est moi.”, je me mords l'intérieur de la joue en replaçant une mèche de cheveux derrière mon oreille. Drôle de première impression que je lui donne mais elle ne m’en donne pas une meilleure de son côté avec ses remarques railleuses. “Aucun complexe oedipien, d’ailleurs on n’appelle pas ça ainsi mais simplement un complexe fraternel pour les gens qui se trouvent dans cette situation… ce qui est loin d’être mon cas.”, je reprends ma main en serrant un peu la mâchoire, elle est pas vraiment sympathique cette fille, ça ne m’étonne guère de la part de Deagan. “Je pensais simplement que vous étiez une conquête d’une nuit mais manifestement non, au contraire vous semblez très à l’aise.”, je hoche vivement la tête en lui affichant le plus beau sourire hypocrite que je puisse lui sortir car, l'hypocrisie n’a jamais été mon fort. “Où est mon frère ?”, je m’aventure un peu plus dans la pièce à vivre pour observer un peu les lieux. Tout me semble familier et en même temps si différent, d’autant plus lorsque mon pied bute dans un jouet pour enfant. “Mais qu’est-ce que c’est ça ?”, je pointe l’objet du doigt en me redressant avec étonnement. “Ok, il se passe quelque chose de bizarre ici.”, tu m’étonnes, je ne suis pas au bout de mes peines, loin de là et c’est exactement ce que je me dis en voyant une petite fille arriver en courant. “Mais…”, je regarde cette Dana avec de gros yeux surpris. “Je… j’hallucine ou bien ?”,  non je n’hallucine pas et je le sais, c’est bien pour cette raison que je commence déjà à me rendre vers la sortie. C’est pas chez Deagan ici, c’est impossible, je refuse de le croire.

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Mon cerveau ne semble plus vouloir tourner de manière correcte tandis que je me retrouve devant l’image d’une gamine, accrochée aux jambes de sa… mère ? Qu’est-ce que j’en sais, il y a deux minutes je ne connaissais même pas encore Dana, ladite petite-amie de mon frère. Mes yeux ne peuvent pas se décrocher de la petite fille malgré le fait que mes pieds me guident tout droit vers la sortie, me forçant même à marcher à reculons au bout de quelques mètres. Seule la main de Dana pointée en l’air dans ma direction me décide à m’arrêter, ne sachant même pas pourquoi parce qu’au fond de moi, j’ai toujours autant de fuir cette baraque étouffante. Je reste figée sur place tandis qu’elle me présente donc Rose, sa petite sœur, au moins cette information a le don de détendre un peu même si je suis loin d’avoir retrouvé une once de calme. “Au cinéma… avec Christopher… ok !”, je lève un peu les mains en l’air avant de me forcer à sourire. J’ai l’impression d’être au beau milieu d’une mauvaise série télévisée, le genre sitcom avec des rires ajoutés au montage pour donner l’illusion que c’est drôle. Je regarde la gamine s’approcher lentement de moi, mon regard se baissant automatiquement pour la regarder me tendre ses lèvres. “Oh heu…”, mes jambes crispées se baissent pour m’agenouiller aux côtés de la petite fille qui vient coller sa bouche baveuse contre ma joue. “Bonjour Rose, je suis Azra… la sœur de Deagan, c’est ça.”, je lâche un petit rire gêné et qui laisse transparaître toute la panique et le choc que je peux ressentir. Alors je fais ce que je sais faire de mieux, essayer de rassembler les faits en un quelque chose de rationnel. Deagan vit avec quelqu’un, une femme qui a deux enfants à sa charge et il ne m’en a jamais parlé. Mon cœur se serre à cette pensée, suis-je une petite soeur aussi affreuse pour qu’il n’ait pas pris le temps de me prévenir ? Son père est-il au courant ? Est-ce lui qui a lui a dit de ne rien me dire ? J’ai tellement de questions que j’en ai le tournis et Dana semble s’en rendre compte. “Déroutant ? Deagan vit avec une femme et deux enfants, qu’est-ce qui est déroutant là-dedans ?”, mon ton est plus dur que je ne l’aurais voulu et quand elle s’éloigne vers la cuisine, je la suis à la hâte mais veille à rester à l’entrée de la cuisine. “Attendez attendez… ne vous donnez pas cette peine ! J’ai déjà dépassé mon taux de caféine pour la journée.”, je secoue légèrement la tête et hausse les épaules. “Puis j’ai pas de question, les faits parlent suffisamment d’eux-mêmes.”, une nouvelle fois cette sensation d’étouffement me prend à la gorge tandis que je sens des larmes remonter mes glandes lacrymales, larmes que je ravale immédiatement parce qu’il est hors de question que cette inconnue qui a mis le grappin sur mon frère me voit pleurer. “Je suis vraiment désolée de vous avoir dérangée ! Faites comme si… j’existais pas hein ! C’est mieux.”, je souris, plus de façade que d’honnêteté et prends une nouvelle fois le chemin de la sortie.