Soirée Karaoke ft. Levi

Levi aime bien vivre chez Felicia, c’est d’ailleurs l’un de ses endroits préférés où aller dormir, alors il ne s’en prive pas. Parce qu’ici, il y a une vraie chambre, dans une vraie maison, pas comme ces bouts de canapé qu’il squatte ici et là. Ici, c’est chaleureux, c’est vivant, et même si Levi n’aime pas le reconnaître, c’est précisément ce dont il a besoin, un foyer chaleureux et vivant. Mais, depuis quelques semaines, il n’est pas au mieux de sa forme. Depuis sa conversation avec Kyle, peut-être, ou ses récents démêlés avec la police du coin. La plupart du temps, il est un jeune homme joyeux et enthousiaste, toujours prompt à se lancer dans les plans les plus foireux de l’existence, sans oublier d’entraîner sa bande de potes avec lui. Mais avec lui, tout est toujours intense, les émotions positives comme négatives, alors il a aussi la fâcheuse tendance à partir en vrille un peu trop facilement, comme cette fois-ci où il a décidé de passer quelques jours chez Felicia, parce qu’il se dit qu’ici au moins, il arriverait peut-être à se calmer, à retrouver sa bonne humeur. Résultat, quand il ne va pas bosser, il se retrouve avachi sur le canapé comme un cachalot échoué, sa position favorite. Il est donc allongé dessus, les yeux rivés sur l’écran de télévision au son coupé, quand l’une de ses meilleures amies entre en hâte dans la maison. Il a l’impression qu’elle l’observe pendant quelques instants, parce qu’elle ne dit rien, jusqu’à ce qu’elle se plante devant lui en croisant les bras… pour lui parler d’un ton sec qui frise l’engueulade. « Quoi ? Mais j’ai rien fait de mal, là ! Excuse-moi de pas sourire à tout bout de champ et de pas célébrer la vie comme un putain de hippie » sa tentative d’explication est vaine, de toute évidence, puisque la jeune femme décide tout simplement de le sortir de là et de l’emmener… quelque part.

Elle l’attrape par le bras pour le traîner jusqu’à la voiture et il grommelle sans opposer de résistance, parce qu'il sait qu'il n'est pas de taille à lutter face à une femme en colère, et puis sortir prendre l'air, ça lui fera peut-être du bien. « Heureusement que j’étais pas en caleçon, hein » il a eu la présence d’esprit d’enfiler un pantalon et une chemise avant l’arrivée de Felicia, et en cet instant, il trouve que c’est la meilleure idée qu’il ait eu de toute la journée. Il n'est pas forcément habillé pour sortir... mais au moins, il est habillé, c'est déjà ça. « Mais… On est où, là ? Qu’est-ce qu’on fait ici ? » demande-t-il, les yeux plissés, avec toujours la mine ahurie de celui qui vient de sortir du lit. Il ne comprend pas où se trouve, d’autant plus qu’elle n’a pas eu envie de lui fournir la moindre explication au passage, alors il ne peut que s’interroger.

Un karaoké. Bordel, parmi tous les lieux qui existent à Klamath Falls, il a fallu qu’elle choisisse un karaoké. Levi ne sait pas s’il doit rire ou pleurer, il n’a jamais trop aimé cela sauf quand il a beaucoup trop picolé, ce qui arrive bien sûr un peu trop souvent. Non pas qu’il soit timide ou qu’il n’ait pas une jolie voix, bien au contraire, même s’il sait qu’il ne va pas devenir le prochain chanteur à la mode. Ce n’est juste pas trop son truc, mais c’est apparemment celui de son amie. « J’crois qu’on a pas la même définition de ce qu’est un truc trop bien, mais… » mais il la suit à l’intérieur sans opposer de résistance, parce qu’il est tout de même un peu curieux de voir ce qu’elle va lui proposer. « T’es même pote avec la meuf de l’accueil… ? » qu’il demande, abasourdi, en désignant la fille qui vient de l’appeler par son prénom. Décidément, Felicia l’étonnera toujours. Ils se retrouvent ensuite dans une petite pièce munie de fauteuils et d’une table basse mais, surtout, de deux micros et d’un écran au fond de la pièce. Bon, au moins, il n’y a pas erreur sur la marchandise, ils sont bel et bien là pour chanter. « Ouais, j’crois que j’ai bien besoin d’un verre avant ça, parce que tu me prends de court. Ou même toute une bouteille, en fait » il envisage d’abord de commencer par une bière, mais il sait d’avance que ça ne sera pas assez fort, alors il opte plutôt pour un cocktail fortement alcoolisé au rhum. Rien de tel pour se mettre dans l’ambiance. En attendant les boissons, il attrape une poignée de cacahuètes dans un bol et se lance dans la recherche d’une chanson qui pourrait lui plaire. « Mmh, franchement, j’en ai aucune idée, lance un truc aléatoire, ça me va. Evite juste les trucs du style la chanson de Titanic, j’ai pas assez bu pour ça » il s’enfonce un peu plus dans le fauteuil, puis il reprend « T’es sûre que tu veux pas commencer ? T’as l’air à fond » beaucoup plus que lui, ça, c’est certain, mais il ne veut pas faire pâle figure à côté d’elle, d’autant plus qu’il n’a pas encore tout à fait réaliser qu’elle l’a sorti de la maison pour le traîner jusqu’ici.

« Ouais, voilà, pour plus tard ou pour jamais. J’ai vraiment une gueule à chanter du Céline Dion ? » grommelle Levi, qui n’en perd pas une pour râler même quand il n’en a pas besoin, parce qu’il est comme ça, et on ne le changera sûrement pas. Néanmoins, avec beaucoup d’alcool dans le sang, nul doute qu’il changera d’avis, après quelques pintes ou cocktails. Dans ces cas-là, il devient un charmant partenaire de soirée, même s’il a ensuite la fâcheuse tendance à s’endormir n’importe où, n’importe quand, parfois même au beau milieu d’une phrase. Mais sans doute vaut-il mieux cela que d’avoir l’alcool triste, ou violent… ce qui lui arrive aussi, parfois, parce qu’il est multifonctions. Et puis, dès que les premières notes de la chanson choisie par Felicia résonnent, Levi ne peut s’empêcher d’éclater de rire, ce qui le déride immédiatement. « Pourquoi ça m’étonne pas de toi ? J’aurais dû m’en douter » elle n’a peut-être pas tort, finalement, peut-être que cette soirée va vraiment lui permettre de se changer les idées, même s’il était persuadé de l’inverse avant de venir. De toute évidence, Felicia est beaucoup plus emballée que lui, se lançant à corps perdu dans la chanson, alors que Levi essaie tant bien que mal de suivre le rythme. Plus mal que bien, d’ailleurs, à en croire les petits coups que lui donnent son amie si elle a le sentiment qu’il n’est pas asse concerné par le truc. Même s’il n’est pas un grand fan de la chanson, ni du film de manière générale, il fait bonne figure. Qui sait ce que la blonde serait capable de lui faire, sinon ? Il faut croire qu’il la craint un peu.

A la fin de la chanson, alors qu’il reste debout en se demanda tout en se demandant quoi faire, Felicia se laisse tomber sur le canapé au moment où une jeune femme leur apporte leurs boissons. Levi salue la providence pour se précipiter vers son cocktail. « J’vois ça. On dirait que t’as fait ça toute ta vie » il ne peut s’empêcher de sourire en s’installant aux côtés de la jeune femme, bien content de savourer ce court de repos pour faire ce qu’il préfère, c’est-à-dire chiller sur le canapé. « Alors c’est que tu fais » résume-t-il en attrapant la paille de son verre pour boire une gorgée rafraîchissante. « Quand tu te sens pas bien, tu chantes » c’est sans doute une bonne activité, bien meilleure que la tactique de Levi qui consiste à faire l’autruche et à boire un peu trop pour oublier ses mésaventures, même si c’est sûrement plus facile.  

Levi sait combien il a de la chance d’avoir Felicia dans sa vie. Il la connaît depuis longtemps, si longtemps qu’il a oublié les prémisses de leur rencontre, mais il sait qu’il a de la chance. Elle est toujours joyeuse ou presque, elle ne le jugera jamais, ne l’empêchera jamais de squatter sa chambre d’amis, et fera toujours tout pour lui redonner le sourire. Bon, pour ça, il a fallu qu’elle l’engueule un peu en l’entraînant sans discuter à cette soirée karaoké… mais c’est un mal pour un bien, finalement. Si elle ne l’avait pas fait, il serait toujours sur son canapé à se morfondre devant un programme débile à la télévision, et ça n’aurait fait de bien à personne. « Pour camper ? La dernière fois que j’suis parti camper, ça a été le déluge pendant deux jours et j’ai dû creuser des tranchées à la petite cuillère autour de la tente pour qu’elle ne soit pas inondée. A chaque fois, c’est un carnage » plaisante-t-il en se remémorant de vieux souvenirs. Il aime la nature, lui aussi. Il aime partir en randonnée, il aime marcher, même s’il ne le fait pas souvent. « C’est ça, t’as raison » réplique-t-il en éclatant de rire. « J’suis sûr que t’aurais peur de tout, même d’un lapin adulte » mais ça lui fait du bien de rire, ça fait une éternité et il retrouve un peu de ses couleurs, même si ça ne durera pas, il le sait. Et même si c’est éphémère, quelle importance ? Il se contente de ça.

« Ouais. Ça m’arrive » approuve-t-il quand elle lui demande s’il dessine toujours. Il est plutôt doué dans ce domaine, quand il s’applique, quand il se concentre. Mais ce n’est pas un talent qu’il aime mettre en avant, parce qu’il le sait, ça ne sert à rien. C’était ce que lui répétait son père, avant. Ce n’était pas cela qui ferait rentrer l’argent dans les caisses, disait-il. D’autant plus que ça ne lui servait qu’à ne pas écouter en cours, puisqu’il griffonnait sans cesse, et donc à récolter des mauvaises notes. Alors Levi, à force, a fini par se dire que c’était davantage une malédiction qu’un don. Et par reléguer cet intérêt pour le dessin au fin fond d’un tiroir. Son regard se perd un instant dans le contenu de son verre, il boit une longue gorgée en silence avant de relever les yeux vers son amie. « Ecoute… T’as pas à te donner tout ce mal pour moi, tu sais. J’vais bien. Vraiment. Alors t’as pas à t’en faire, je gère » il lui sourit, c’est qu’il pourrait presque être crédible, Levi. Il croit sincèrement à ses paroles, même s’il ne gère rien du tout, il n’a pas envie qu’elle s’inquiète pour lui, ce serait un aveu de faiblesse et c’est bien la dernière chose dont il a envie. « On retourne chanter ? » propose-t-il en désignant les deux micros. Il préfère ça plutôt que de courir le risque d’aborder des sujets fâcheux, et puis, il aime bien l’entendre chanter aussi.  

 

Spoiler:

Entre Felicia et Levi, ça a toujours été un peu comme ça. Un amour vache, des chamailleries en tout genre, mais Levi la considère toujours comme l’une de ses plus proches amies et il ne voit pas son univers sans elle, comme il ne voit pas son univers sans le scooby-gang. Il a survécu à son départ de sa famille biologique, il a survécu à bien des choses, mais il sait qu’il ne survivrait pas à la perte de ses meilleurs amis. Chassant cette pensée de son esprit tourmenté, il repose les yeux sur Felicia avant de secouer la tête, hilare. « J’suis pas un expert, mais le meurtre parfait n’existe pas, il y a toujours un moment ou un autre où ça foire » à dire vrai, il n’en sait rien. Il ne s’est jamais posé la question, même s’il lui est déjà arrivé de regarder avec fascination le même genre de reportages sordides sur les tueurs en série que la jeune femme. « Mais je note ça. T’sais que t’es flippante, hein ? Charmante, mais vraiment flippante » mais c’est comme ça que tout le monde l’aime, Felicia. D’ailleurs, elle enchaîne rapidement sur les dessins, l’une des passions de Levi qui n’aime guère montrer ses œuvres, alors il se referme un peu, restant vague sur la question. Felicia lui demande prudemment si elle pourrait les voir un jour et il finit par hocher la tête. « Ouais. Bien sûr » pas sûr que ça serve à quelque chose, mais il lui doit bien ça, après tout ce qu’elle a fait pour lui. Il est lucide sur la question, il sait qu’il lui doit beaucoup.

Il boit une longue, longue gorgée de son verre avant de sauter sur ses pieds, ravi de fuir une conversation qu’il juge dangereuse pour enchaîner avec une nouvelle chanson en duo. Il n’est pas encore ivre, et c’est ce qu’il attend à tout prix, Levi. Il sait bien que ce n’est pas la solution, mais cette ivresse-là, il la cherche pour oublier tout ce qui ne va pas, tout ce qui aurait pu être. Il se prend au jeu, il aime beaucoup cette chanson, il aime Queen de manière générale. « Ouais, c’est ma tournée » approuve-t-il en descendant son verre d’un trait. Voilà qu’il commence peu à peu à glisser vers une euphorie qui ne restera pas, il le sait bien, il connaît toutes les étapes par-cœur. Il connaît aussi ses limites, ce qui ne l’empêche pas de les dépasser allègrement. « Quoi ? Je m’ennuie jamais quand j’suis avec toi, tu devrais le savoir. C’est… c’est parfait. Vraiment » il éclate de rire. Il attend que leurs prochaines commandes arrivent enfin pour en boire une nouvelle gorgée, avant de lancer au hasard une troisième chanson sur l’écran. Et puis une quatrième, et ainsi de suite, jusqu’à perdre le fil. Il a arrêté de compter les chansons ou les verres, il a perdu la notion du temps. Mais il est un compagnon agréable de soirée, ça ne fait aucun doute, et il passe un bon moment. Jusqu’à ce qu’il se laisse tomber sur le canapé en poussant un long soupir. Il n’a plus de voix, il commence à avoir mal à la gorge. Et puis, pris d’un doute soudain, il relève les yeux vers elle. « A ton avis, c’est quoi mon problème ? » évidemment, elle ne doit pas comprendre pourquoi il lui pose cette question qui sort de nulle part. Nouveau soupir. « J’veux dire… Je me suis embrouillé avec Kyle, l’autre jour. Alors j’aimerais bien savoir pourquoi j’ai un problème » il est pas psy, Levi, et elle non plus. Mais elle est sûrement plus lucide que lui sur bien des sujets.    

Levi sait que, s’il y a bien une personne à qui il peut se confier, c’est Felicia. Pourtant, il hésite à évoquer cette dispute avec Kyle, ils passent un bon moment, il a réussi à se changer les idées et elle semble rayonner littéralement, après toutes ces chansons. Elle a l’air d’être comme un poisson dans l’eau, à cette soirée karaoké, qu’il culpabilise un peu de casser l’ambiance. Mais il n’a plus le choix, il a commencé et il ne voit pas vraiment comment se sortir de cette conversation sans lâcher un peu plus d’infos. « Oh, ça, ouais… J’suis doué pour les cacher, je crois bien » assure-t-il en haussant les épaules. La preuve, il s’en est toujours sorti plutôt facilement, il a toujours su dissimuler ses émotions pour passer facilement pour le type chill qui se fout de tout, tout le temps. C’est typiquement le genre de comportement que Levi est capable d’adopter en toute circonstance. Il soupire. « Il s’est pas passé grand-chose, en plus, c’est lui qui a pété un plomb pour rien… » voilà qu’il recommence à rejeter la faute sur les autres plutôt que d’admettre que c’est la sienne, plutôt que de dire ouais, ok, j’ai merdé et je suis désolé, parce que c’est toujours plus facile de trouver un coupable qui n’est pas soi. C’est toujours moins douloureux. « J’avais passé une sale semaine, j’ai un peu trop picolé, j’crois bien, et j’avais éteint mon téléphone en plus de ça, alors je répondais pas à ses appels… et quand il m’a retrouvé, il s’est énervé en me disant qu’il était temps que je fasse quelque chose de ma vie, un truc comme ça. Je t’avoue que je me souviens plus bien, j’étais pas franchement en forme »

Il esquisse une grimace. C’est un euphémisme pour dire qu’il avait une foutue gueule de bois, et Kyle qui continuait de lui gueuler dessus. « Bref, tu vois, c’était rien, mais il en a fait une montagne. Alors… j’crois qu’il vaudrait mieux que je sois discret dans les semaines à venir, genre que j’évite de squatter chez lui, sinon on va se retrouver en première page du journal local. T’imagines le titre ? Il tue son meilleur pote à cause d’une mauvaise cuite » il sourit malgré lui en imaginant la scène. Kyle n’est pas un sanguin, pourtant, c’est sûrement pour cette raison que Levi a été si perturbé par ce qui s’est passé. Peut-être parce qu’il n’aurait jamais pu imaginer son meilleur ami s’emballer de cette manière, même s’il sait qu’il est parfaitement responsable. Il relève les yeux vers Felicia et conclut « Mais ça va mieux maintenant. J’imagine que ça va lui passer, ça passe toujours, pas vrai ? » ils font toujours ça, ils s’embrouillent violemment comme si l’embrouille serait la dernière, puis ils se réconcilient autour d’une bière, parce qu’ils sont comme ça, Levi et Kyle. Mais quand même, cette engueulade-là, elle a un goût différent des autres.  

Rien d’autre que cette idée de karaoké n’aurait pu permettre à Levi de passer une meilleure soirée, finalement. Il était sceptique au début, il se sent maintenant un peu mieux. Il éclate de rire quand Felicia assure qu’elle s’occuperait du cas de Kyle si celui-ci avait dans l’idée d’assassiner son meilleur ami. Evidemment, Kyle serait plus sournois que ça, il ne se laisserait pas attraper facilement. Ou il ne tuerait pas Levi, ce serait trop rapide et pas assez jubilatoire. Levi part loin, peut-être à cause de l’alcool qui embrume un peu son cerveau, mais la jeune femme le ramène sur terre en lui promettant que ça passera à Kyle. Ils se réconcilieront, ils ont même déjà un peu commencé, même si c’est encore tendu parce que Levi se rappelle de la colère de son meilleur pote et comme il l’a rarement vu dans un tel état, ça lui reste en mémoire. Il n’a pas envie que ça recommence, clairement pas, alors il est bien décidé à être discret le temps que ça s’apaise. Il finit par sourire devant la remarque de son amie. « Oh, vous m’perdrez jamais, tu peux en être sûre ! J’ai pas fini de m’accrocher à vous comme un crustacé, vous seriez trop tristes sans ma rayonnante présence » il en fait des caisses, comme à son habitude, il préfère en rire plutôt que montrer qu’il est touché par ses paroles. Mais il a raison, il n’a pas l’intention de les lâcher. Parce que Felicia, Kyle, lui et les autres, ils forment une sacrée bande et ça, ça ne changera jamais, Levi s’en est fait la promesse il y a bien longtemps. Même si tout autour d’eux, le monde évolue, même si eux-mêmes évoluent, grandissent, Levi voudrait que tout reste toujours comme ça.
« Quelle bonne idée, on va s’réconcilier en gueulant sur du Céline Dion, ce sera chouette » ironise-t-il, parce qu’il n’a pas perdu de vue l’idée de chanter la célèbre chanson de Titanic. Il ne sait pas pourquoi il fait une fixation là-dessus, d’ailleurs, mais bon. Peut-être parce qu’il a toujours trouvé que cette chanson était particulièrement niaise, il n’en sait rien. En tout cas, il voit mal ramener Kyle ici, mais il apprécie la sollicitude de son amie. « Ouais… Ouais, t’inquiète pas pour ça, ça va aller » il retrouve son optimisme, Levi, comme s’il ne l’a jamais perdu. Ce n’est qu’une mauvaise passe, une de plus, mais il a un tempérament jovial la plupart du temps, mais il est intense et comme il vit les choses à fond, il a tendance à s’emballer plus vite que son ombre. « Bon allez, t’as assez chanté pour ce soir ? Parce qu’à force, j’vais plus avoir de voix et j’suis crevé, alors si t’as rien contre, je préfère autant qu’on se ramène chez toi, ton canapé me manque » plaisante-t-il. Il a promis à demi-mot d’être plus joyeux et d’arrêter de faire la gueule, il compte bien honorer sa promesse. Le plus longtemps possible, au moins.