Bienvenue sur wicked little town, forum city simple et sans prétentions qui se déroule dans la petite mais mouvementée ville de Klamath Falls (Oregon, USA). Lieu de détente où vous verrez s'affronter les différentes classes sociales, venez interpréter des personnages issus de tous horizons. Pour citer une célèbre marque : venez comme vous êtes ! Mais attention, Scandale n’est jamais bien loin pour dévoiler les secrets que vous cachez.
Sûrement était-ce un rêve. Impossible que Jonas en soit là où il était à ce moment, impossible qu’il ait eu cette chance, qu’il allait l’avoir jusqu’à ce que la mort les sépare. Son tour du Royaume-Uni avait pris une tournure… Intéressante. Si Jonas avait déjà eu des aventures avec plusieurs personnes rencontrées sur le chemin, jamais ô grand jamais n’avait-ce était si fort, si passionnel, si complémentaire. Et jamais, nulle part, n’aurait-il pensé avoir le droit de vivre ça un jour. De ressentir de tels sentiments, de se sentir… Heureux. Tout le temps. Bon, ok, presque tout le temps. Elle avait son caractère, ils s’embrouillaient souvent sur des petits riens, s’étaient déjà engueulés plus ou moins forts, mais il y avait cette voix dans sa tête qui lui disait, dès qu’il la voyait, qu’il ne voulait pas vivre sans elle. Quand il avait annoncé à sa mère qu’il s’était fiancé, elle ne l’avait tout d’abord pas cru. Depuis des années déjà, Jonas répétait à qui voulait l’entendre que, le mariage, c’était pas pour lui. Parce que ça impliquait trop de trucs. Ca impliquait de choisir une bague, qui représenterait le reste de sa vie. Choisir une ville, une maison où ils finiraient le reste de leur vie, des poêles et une machine à laver qu’il faudrait remplacer tous les 4 ans. Choisir des prénoms pour les enfants, une école, choisir si oui ou non on acceptait le copain toxico que la petite dernière s’était trouvée, choisir de plus avoir le temps de rien, de plus pouvoir se retrouver, de plus avoir le courage de s’aimer. Non, le mariage, c’était vraiment sans façon. Et pourtant, et pourtant il lui avait filé la bague au doigt, et dans un mois, dans un putain de mois, Jonas, il serait marié.
Mais Aphrodite elle lui avait vraiment tapé dans l’oeil. Elle avait cette envie de liberté, comme lui. Elle le suivait dans toutes les vacances qu’il lui proposait, que ce soit deux jours dans une cabane, une semaine à Rome, deux aux Caraïbes… Elle le suivait, elle gravissait les montagnes qu’il lui demandait de gravir, et franchissait les rivières qu’il lui demandait de franchir. Elle était faite pour lui, alors il avait pas pu résister. Il l’avait pas prévu. Il s’était juste dit, un jour, qu’il se verrait bien finir sa vie avec. Puis sans y avoir repensé, il le lui avait demandé. « Epouse moi. » Qu’il avait dit, alors qu’ils étaient en train de cueillir des fraises. Elle s’y était pas attendue, lui non plus. Elle venait juste de sortir une blague, et ce fut sa seule réponse. « J’veux qu’tu sois ma femme. » Et elle avait dit oui. Ils sortaient ensemble depuis quelques mois, il sortait sa demande d’absolument nulle part, et elle avait dit oui. Et Jonas, Jonas, bordel, Jonas, il s’était jamais senti aussi heureux. Elle avait directement mis ses sbires sur le coup, Aphrodite. Elle préparait le mariage avec des assistantes, parfois des professionnelles. Il la laissait faire. Il s’était surtout chargé d’aller lui offrir une bague la semaine qui avait suivi, voulant être sûr de choisir la plus belle, et ensuite, ensuite il disait amen à tous ses choix. Parce que si ça devait être leur moment, il voulait surtout que ce soit le jour de ses rêves, à sa tendre fiancée. Il voulait presque la voir pleurer de bonheur.
Elle l’avait dégagé de la maison, ce jour-là. « Casse toi, je dois faire des retouches sur ma robe. » Et évidemment, il avait pas le droit de la voir avant le jour J, sa robe, elle voulait lui faire la surprise. Alors il avait pris le chemin vers le centre ville, s’était installé sur la terrasse d’un pub, et traînait sur son téléphone, une bière sur la table, fouillant ses statistiques tik tok et instagram, attendant qu’Aphrodite lui dise qu’elle avait fini et que la voie était libre pour enfin rentrer.
Aphrodite Santonas allait se marier. Le goût amer qui lui restait en travers de la gorge avait très certainement une signification, mais Nathaniel ne voulait pas y faire face. Il surveillait sans scrupules les agissements de la blonde, persuadé qu’elle en faisait de même pour lui. En général, on ne lui ramenait qu’une liste de contacts, possibles contrats, et il s’agissait tout simplement de décider s’il allait s’interposer ou non. Mais cette fois-ci, lorsque la petite brune qui lui servait actuellement d’espionne lui annonça qu’Aphrodite allait convoler, il avait poliment raccroché avant violemment vider son bureau, envoyant papiers et ordinateur valser contre le mur.
Nathaniel n’était pas violent, ni impatient. Au contraire, il avait la patience d’un prédateur tapi dans l’ombre. Il observait, prenait notes des faiblesses et des ouvertures. Mais là, c’en était trop. Il avait perdu la notion des jours et son vieil ami le décanteur lui faisait de l’œil, sur le coin de sa bibliothèque. Cela faisait cinq ans qu’il n’avait pas ressenti cet appel avec autant de violence. Il buvait eau, thé, café, même smoothies, mais rien n’étanchait sa soif. Rien ne réparait le trou béant qu’il avait à la poitrine. Seul le liquide ambré, sagement posé à sa portée, semblait pouvoir lui offrir un peu de réconfort. Alors, après une semaine à lorgner dessus, il éclata la bouteille contre le même mur et sortit sans regarder derrière. Quelques coups de fil, un mail au patriarche, et il était à bord d’un jet en direction de Londres.
Pourquoi?
La question lui tourna dans la tête tout au long du trajet. La Santonas n’allait certainement pas l’accueillir à bras ouverts, peu importait son euphorie passagère. Il n’allait même pas essayer de l’approcher. Non, son attention était tournée vers l’heureux élu. Jonas Rosenthal. Fut-il été tout autre, Nate aurait sans doute laissé passer, se contentant d’observer de loin le couple heureux, attendant son heure pour ravir l’épouse. Mais il s’agissait de Jonas, un proche de sa soeur, dont il avait maintes fois entendu les aventures et les inclinations. Ce n’était pas son rôle d’informer la belle du caractère de son futur époux, mais en tant que tourmenteur attitré, il fallait bien qu’il s’assure que sa position restait unique.
C’est pourquoi il déambulait maintenant dans les rues de la ville brumeuse. Il remerciait Jonas d’être aussi fervent des médias sociaux, car il ne lui fallut pas longtemps pour traquer le fiancé. Perdu dans son téléphone, le dit fiancé avait un sourire niais au visage et Nate serra la mâchoire. Il se força à déplier ses sourcils, à relâcher un peu de la tension qui lui serrait les épaules. Il afficha même un sourire affable, usant des mêmes techniques que lorsqu’il avait à faire avec des clients qu’il n’appréciait pas. Reprenant sa marche d’un air plus détendu, ses lunettes de soleil sur les yeux, il ne s’arrêta que lorsqu’il semblait naturel de croiser le brun.
« Jonas? » interpella-t-il en mimant la surprise. « Woah! Je ne m’attendais pas à te voir ici! »
Sans attendre d’invitation, il s’approchât, toujours aussi souriant, toujours aussi chaleureux, jusqu’à être trop proche de la table pour ne pas se faire offrir un siège.
« Qu’est-ce que tu deviens? T’as l’air en forme! »
Il retira ses lunettes, ses iris bleues toisant la silhouette de l’homme. Qu’avait-il de plus que lui?
Le nuage sur lequel Jonas se trouvait était douillet, si douillet qu’il en oubliait presque tout ce qu’il y avait autour de lui. Ses investigations sur son propre instagram, sur la moindre statistique de ses photos, s’était transformée en recherches sur ses suggestions de photos. Quasiment que des clichés de décorations de mariage, parfois de manucures… Un petit cadeau qu’Aphrodite avait laissé derrière elle, puisqu’elle prenait parfois son téléphone pour faire ses recherches. L’algorithme étant l’algorithme, ses suggestions étaient pour le moins… Très féminines. Mais en voyant ces décorations de table, Jonas, il avait un fin sourire sur les lèvres, un sourire qui disait « c’est pour bientôt » « moi aussi je vais avoir ça », alors que jamais, jamais auparavant aurait-il pensé demander la main de qui que ce soit.
Il était tellement absorbé qu’il avait pas vu cette silhouette approcher, releva simplement la tête en entendant son prénom résonner dans ses oreilles. Puis il fit directement face à Nathaniel, et ses sourcils se haussèrent de surprise. Parmi tous les lieux, parmi toutes les heures, comment se retrouvaient-ils là tous les deux ? « Nate ? » Il en croyait pas ses yeux, tant que ses sourcils s’étaient légèrement froncés avant qu’il ne lui propose de s’asseoir. « Mais viens là mon pote, assied toi ! » Mais en même temps, Nate était bien plus en Angleterre qu’à Klamath Falls, donc ça devrait pas tant le surprendre que ça. Nate, c’était pas forcément son pote. Enfin, si, si quelqu’un demandait à Jonas s’il connaissait Nathaniel, alors il aurait répondu « Ouais, c’est mon pote ». Mais Nathaniel, c’était avant tout le petit frère d’Heather, qui elle, pour le coup, était vraiment une amie proche du garçon. Et si Nathaniel était son pote, c’était parce qu’il était un Neals. Tout comme Jonas aurait dit que Ripley Sweeney était une amie, juste parce qu’il était proche de sa sœur. Sûrement parce qu’il considérait un peu trop les relations entre frangins, lui, le fils unique, celui à qui il manquait une moitié.
« Ca va super, mec ! » Qu’il répondit directement à sa question, alors que son sourire s’agrandit un peu plus sur son visage. La question même lui rappelait le bonheur dans lequel il nageait, pourtant il n’en dit rien de plus malgré la pointe d’excitation qui montait en lui rien qu’à l’idée de partageait ses joies. Pouvait-il dire comme ça à Nathaniel qu’il allait se marier, alors qu’Heather n’était pas au courant ? Jonas avait gardé toute cette histoire de mariage secret, parce que pour une fois dans sa vie, lui qui partageait sa vie entière sur les réseaux sociaux, voulait garder cette petite chose pour lui. Son jardin secret, un lieu sain et sauf dans lequel il pourrait se réfugier. Son petit truc à lui. Aphrodite, sa femme. Ca semblait tellement contradictoire, pour lui, de ne pas se vanter de cette grande réussite, de ne pas l’afficher la bague au doigt pour prouver au monde qu’il la faisait sienne. Mais il avait besoin de ce changement dans sa vie.
« T’as l’air bien aussi, dis ! » Il le frappa légèrement sur l’épaule, la serrant doucement entre ses doigts avant de la lâcher. Il était tellement bien, Jonas, en réalité, qu’il n’aurait su voir aucun mal sur personne. Il était trop occupé par ses propres sentiments pour ça. Et de toute manière, il était pas sûr d’avoir déjà vu Nathaniel mal. En colère, peut-être, il l’avait souvent vu les sourcils froncés, mais jamais rien de grave. « J’te prends un verre, tu veux un truc ? C’est ma tournée, j’suis de bonne humeur, alors profite. »
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